Briser la solitude !

Une expérience internationale.

 

« Ni mon passé familial, ni ma formation professionnelle (avocat), ne m’ouvrait à priori sur les relations internationales »,  nous dit Guy Aurenche, président du CCFD-Terre solidaire. « Je les ai découvertes lorsque les deux fondatrices de l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) sont venues me chercher pour travailler avec elle contre la torture dans le monde. À cette occasion, j’ai découvert la dynamique des droits de l’homme (Déclaration universelle des droits de l’homme. 10 décembre 1948) comme une étape fondamentale dans l’histoire de l’humanité et comme un moyen de mettre la dignité humaine au centre des relations internationales. Je fais la même expérience actuellement face à la question du développement dans le cadre du CCFD-Terre solidaire ».

 

Comment Guy Aurenche vit-il cette expérience ?

« L’expérience fondamentale que j’ai faite dans la pratique des relations internationales à travers la société civile, c’est la découverte que chacun de nous, s’il accepte de s’allier avec d’autres, est un sauveteur en puissance.

Sauveteur, parce que nous devenons capable de briser la solitude des personnes ou des peuples que la vie nous fait rencontrer.

Ce qui est vrai dans des situations de proximité, mais également dans les relations internationales.

L’ACAT m’a fait découvrir notre capacité de briser la solitude du torturé dans sa prison. Le CCFD-Terre solidaire me fait découvrir que nous sommes capables de briser la solitude du plus pauvre face à sa misère.

Sur le plan de la vie chrétienne, je fais le lien entre cette capacité de sauvetage et la proposition de « salut » par Jésus-Christ. Pour moi, Jésus, ne nous dit pas autre chose que  « tu  n’es plus seul. Vous n’êtes plus seul ».  C’est mon expérience pratique. C’est mon expérience spirituelle.

 

Contribution de Guy Aurenche

 

En préparation : « Une vision renouvelée des relations internationales. Interview de Guy Aurenche » sur le site de Témoins.

 

« Guy Aurenche. De l’ACAT au CCFD-Terre solidaire. Le souffle d’une vie » : Présentation du livre de Guy Aurenche : Le souffle d’une vie. Quarante ans de combat pour une terre solidaire. Préface de Stéphane Hessel. Albin Michel, 2011.  Sur le site de Témoins.

http://www.temoins.com/societe/guy-aurenche-de-l-acat-au-ccfd-terre-solidaire.-le-souffle-d-une-vie.html

 

« Tout homme est une histoire sacrée. Les droits humains au secours de la transcendance ». http://www.temoins.com/societe/tout-homme-est-une-histoire-sacree.html

Pour une conscience écologique

Une expérience de terrain

 

J’ai poursuivi mes études universitaires jusqu’au doctorat en écologie. J’ai mené mon travail de thèse dans un laboratoire du CNRS, dans le cadre d’un programme européen de recherche sur la biodiversité des plaines inondables, avec des équipes de recherche d’Umea en Suède, de Cambridge au Royaume-Uni et de Grenoble.

Cette thèse a été un réel voyage initiatique. J’ai été confrontée à l’immense complexité de la nature, à l’impossibilité de l’appréhender dans sa globalité et au constat, que « plus on sait… moins on sait« … car on prend conscience de l’immensité des connaissances qui nous échappent. Chaque question à laquelle on parvient à répondre, même partiellement, ouvre vers un horizon de milliers d’autres…

A cette époque, certains de mes collègues chercheurs participaient à des projets avec des non-chercheurs, notamment des techniciens de collectivités. Ils relataient souvent la difficulté de transmettre les connaissances scientifiques à des gens étrangers au monde de la recherche.

C’est ce qui m’a motivée à entreprendre un DESS en communication scientifique alors que je terminais ma thèse en parallèle. Après avoir obtenu ces deux diplômes, j’ai trouvé un premier poste comme directrice d’une association en charge de la gestion d’un espace naturel en bordure d’un grand fleuve.

 

Préserver la biodiversité.

 

Cette expérience a été difficile, mais très formatrice. J’ai notamment eu l’occasion de m’impliquer dans des projets de développement du territoire, avec les collectivités territoriales locales. Cette découverte a confirmé l’envie de m’orienter vers un travail dans la fonction publique territoriale. Après avoir quitté mon poste de directrice, j’ai donc passé le concours d’ingénieur territorial puis obtenu un poste comme chargée de mission patrimoine naturel dans une importante collectivité. Au sein d’une équipe d’une douzaine de personnes, je suis chargée de mettre en oeuvre la politique décidée par les élus en matière de biodiversité. Je travaille sur de nombreux projets en lien avec la restauration et la protection des milieux naturels, de la faune et de la flore. Mon travail consiste à financer et accompagner le montage des projets menés par différentes types de structures, principalement des associations ou d’autres collectivités (communes, communautés de communes,…).

 

Biodiversité… au bord d’une route ardéchoise

 

J’ai aussi la chance de mener certains projets en direct, notamment ceux qui concernent la trame verte et bleue. Ce terme traduit en fait une nouvelle stratégie qui émerge pour préserver la biodiversité. Jusqu’à il y a quelques années, les actions étaient surtout focalisées sur la protection de milieux naturels dits « remarquables », car constitués d’espèces ou d’habitats naturels rares ou menacés. Mais le constat mondial de l’érosion de la biodiversité, combiné aux avancées des connaissances scientifiques notamment de l’écologie du paysage, ont montré que les causes principales de cette érosion de la biodiversité était la disparition des milieux naturels, et leur fragmentation, résultant des activités humaines (infrastructures toujours plus nombreuses, urbanisation galopante, modification des pratiques agricoles et notamment intensification des cultures,…). Aujourd’hui, on change de stratégie en cherchant à reconnecter les milieux naturels entre eux, ou en préservant les connexions qui subsistent, afin de permettre aux espèces de se déplacer, ce qui leur est nécessaire pour accomplir les différentes phases de leur cycle de vie.

 

L’homme et la nature.

 

Mon travail est passionnant à de nombreux titres. Si l’on y réfléchit bien, il concerne en premier lieu les relations.

 

        Les activités humaines fragmentent les milieux naturels

 

La nature : un milieu interactif

 

Avant d’être un mouvement politique, l’écologie est la science qui étudie les interactions entre les différents compartiments du vivant. La nature qui nous entoure est caractérisé par un grand nombre d’interactions complexes, entre les espèces entre elles, entre les espèces et le monde physique… Beaucoup de choses sont reliées, et perturber ou supprimer un maillon de la chaîne affecte l’ensemble…

Le fonctionnement de la nature est dynamique… une dynamique dans l’espace et dans le temps. Les espèces se déplacent pour s’alimenter, se reproduire, migrer ; sous nos climats, les saisons s’enchaînent et chacune d’entre elles correspond à des processus du vivant particuliers ; les générations d’individus se succèdent à des échelles de temps très différentes selon les espèces (de la bactérie, à l’éléphant !). Bien que l’homme aime comprendre, acquérir de nouvelles connaissances, le fonctionnement de la nature nous reste encore bien mystérieux, et surtout échappe à notre contrôle.

 

       Des plantes carnivores en France… oui, ça existe ! (Drosera rotundifolia)

 

Des limites au contrôle de l’homme.

 

La nature rappelle à l’homme son incapacité à tout contrôler…. ce qu’il a parfois bien du mal à accepter. Nous avons essayé de « domestiquer » la nature. Nous avons canalisé les fleuves, construit des digues, mais les inondations continuent… car elles sont normales, et font partie des processus naturels qui créent la vie en transportant des sédiments, en créant de nouveaux milieux,… Mais nous avons essayé de contrôler ce processus, nous avons construit nos habitations en zones inondables, nous avons créé de nombreux barrages pour créer de l’électricité… Intentions louables et légitimes, mais décisions souvent excessives que nous avons prises sans en mesurer suffisamment les impacts… Par exemple, les nombreux barrages ont perturbé le transport des sédiments qui se trouvent piégés derrière… Comme conséquence, on a constaté des phénomènes d’érosion en aval des barrages, les rivières « s’enfoncent » et les niveaux de nappe phréatique en font de même… du coup, plus de sécheresse, besoin de plus d’irrigation, cercle vicieux…

 

       Les tourbières… des milieux fragiles mais essentiels

 

L’homme contrôle, domine, veut exercer un pouvoir sans limite, et quand le fonctionnement de la nature se rappelle à lui, sous forme catastrophique bien souvent, l’homme considère la nature comme « hostile »…. Il oublie sa responsabilité dans ces phénomènes.

Je trouve que ces constats, que je rapporte ici de manière rapide et caricaturale, peuvent amener des réflexions d’ordre plus spirituel… Soigner les relations, plus que la domination… Quand nous contrôlons les autres, de manière consciente ou inconsciente, nous sommes souvent confrontés à des retours de bâtons parfois violents…

La recherche de l’harmonie, entre humains, ou entre l’homme et la nature, demande un état d’esprit particulier : persévérance, humilité…

 

Au delà de l’immédiat, penser dans la durée.

 

Dans l’exercice de mon métier, je suis parfois découragée en me disant que ce je fais, c’est une goutte d’eau dans l’océan… Il faut déployer tellement d’énergie pour protéger quelques hectares ! On se heurte à tellement d’obstacles, un pas en avant, quatre en arrière… Malgré sa conscience de l’avenir, j’ai parfois l’impression que l’être humain ne se comporte pas plus intelligemment (voire moins) que les animaux. Il « consomme » les ressources à sa disposition, sans se préoccuper ou si peu, de ce qui va se produire lorsque ces ressources deviendront insuffisantes.

 

        Les rivières, une écologie dynamique !

 

Je crois qu’on touche là à une question un peu existentielle… Les processus écologiques se déroulent bien souvent à des échelles de temps qui dépassent la durée d’une vie humaine. Penser à l’avenir de notre planète (donc à celui de l’espèce humaine), c’est intégrer l’idée de sa propre mort et agir en sachant qu’on ne verra sans doute pas le résultat de son action. On touche à l’idée du temps, de l’éternité…

 

Céleste

 

Merci à Céleste, qui, à partir de son expérience, nous fait entrer dans une prise de conscience écologique. Les titres et l’accentuation de certains passages en caractères gras relèvent de la rédaction.

Les photos ont été prises par Céleste.
On peut la joindre à l’adresse mail suivante: despiedsetdesailes@gmail.com

Le plaisir de la communication

L’expérience d’une orthophoniste.

 

Marie a fait des études de lettres, puis une formation spécialisée. Elle exerce depuis six ans la profession d’orthophoniste dans le département de la Réunion.

 

Comment et pourquoi s’est-elle orientée vers cette activité ? « Au départ, je voulais être professeur de français. En étant surveillante en lycée, je me suis rendu compte que la dimension de groupe ne me permettait pas de développer suffisamment une relation approfondie telle que cela est possible dans une communication individualisée. Et j’avais toujours un désir de participer à une activité soignante, par exemple sage-femme. Par ailleurs, les activités que j’avais développées personnellement m’amenaient naturellement à des études d’orthophoniste. J’avais appris la langue des signes telle qu’elle est utilisée dans la communication avec les sourds. Je participais à une chorale. J’étais donc sensible à toutes les formes d’expression et de communication. Je cherchais un travail qui réponde à un véritable besoin et me permette de me sentir ainsi utile ».

 

Marie s’est donc engagée dans des études nouvelles dans une école d’orthophonie. Ses études en lettres avaient duré quatre ans et voici qu’elle se trouvait en situation d’étudier à nouveau pendant quatre ans. A vue humaine, cette perspective d’un engagement aussi long lui paraissait particulièrement lourd. Marie nous dit à ce sujet que « Dieu m’a donné des forces nouvelles par rapport à cette épreuve et il a aplani le chemin ». Très vite, elle a été enthousiasmée par  la découverte de ce champ d’étude. Elle en a apprécié la diversité : « Cela touchait au domaine médical spécialisé comme la neurologie, la voix, mais aussi les apprentissages scolaires comme la lecture, le langage oral. Je découvrais aussi toutes les formes de communication permettant de remédier aux difficultés que rencontrent différents groupes : les sourds, les autistes… Il y avait aussi le rapport avec des groupes d’âge très variés, du nourrisson à la personne âgée ».

 

Marie exerce maintenant la profession d’orthophoniste dans un cabinet libéral. Son public est très diversifié. Une bonne partie de son travail consiste « à valoriser ce qui fonctionne déjà chez les personnes pour pallier aux difficultés qu’elle peut rencontrer. Cette approche va à l’encontre d’une attitude répandue : pointer les manques, mettre l’accent sur ce qui est anormal, sur ce qui ne va pas ». Au contraire, nous dit Marie, « J’ai pris conscience que j’agissais ainsi dans l’esprit que j’ai découvert dans l’Evangile. Lorsque Jésus guérissait les malades, il ne pointait pas leurs handicaps et leurs péchés, mais il s’appuyait sur ce qu’ils avaient : une grande foi. Et, à partir de cette foi, il pouvait faire quelque chose ». Ce n’est pas toujours facile. « Par définition, je prends en charge des gens qui ne sont pas dans la « norme ». Ensuite, c’est à moi de partir de leur potentiel et de développer ce potentiel. Je vois des changements s’opérer, parfois au- delà de ce que je pouvais imaginer.

Par exemple, je pense à un enfant de trois ans qui n ‘avait aucune communication et qui, après six ans de travail en commun avec la maman, est capable aujourd’hui de commencer à lire, de faire des blagues et de prendre du plaisir à parler.

J’ai aussi dans ma « patientèle », un adulte tétraplégique qui ne peut bouger que son visage et pas le reste du corps. Au départ, il n’arrivait pas à se faire comprendre en parlant. Et maintenant, on arrive à avoir une conversation avec lui.

Je travaille aussi avec un jeune garçon qui, en CM2, ne savait pas lire. J’ai fait avec lui un travail très intense en partant de ce qui l’intéressait : des histoires, des personnages,un jeu, et maintenant, il sait lire et il peut se débrouiller dans un magasin.

La plupart du temps, on ne parvient pas à atteindre la « norme » idéale, mais on réalise un objectif tout à fait essentiel : l’évolution personnelle vers le développement du langage et de la communication ».

 

Marie nous parle des exigences de ce travail. Elle évoque un verset du Nouveau Testament auquel elle se reporte constamment : « Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler et lent à se mettre en colère » (Epître de Jacques 1.19). « C’est une activité qui demande de l’écoute, de la patience ». Elle est inspirée également par un autre verset : « C’est dans le calme et la confiance que sera votre force » (Esaïe 30.15) ». «Parfois, on ne voit pas les résultats tout de suite, mais il faut garder confiance en sachant qu’il y a un potentiel chez le patient et que Dieu est à l’œuvre ». Marie est heureuse de voir ainsi « des gens s’épanouir dans la relation à l’autre ».

 

Contribution de Marie Ménigoz.

Parcours professionnel

Parcours professionnel, choix d’orientation et présence de Dieu

 

François a d’abord travaillé comme soignant, puis ensuite comme conseiller d’insertion et de probation au sein de l’administration pénitentiaire. A partir de cette double expérience professionnelle, il occupe aujourd’hui un poste de responsable de la santé des détenus dans le cadre d’une direction des services pénitentiaires. A la fin des années 70, François, déjà croyant, a eu une expérience de rencontre personnelle avec Dieu. A partir de cette étape, sa foi s’est approfondie, et par la suite, il a de plus en plus expérimenté son implication chrétienne dans la vie professionnelle.

Au long des années, François a l’impression d’avoir été accompagné par Dieu dans ses orientations de travail et dans la résolution de nombreux problèmes. A plusieurs reprises, il s’est trouvé dans des tournants professionnels où, dans une attitude de confiance, les portes se sont ouvertes devant lui. A chaque fois, il a réalisé qu’il était parvenu à des choix qui ont pu se réaliser grâce à Dieu.

Ainsi, lorsqu’il est entré dans l’administration pénitentiaire, cela s’est fait à la suite d’une démarche qui avait été mûrie et qui est devenue un choix très clair dans une réflexion éclairée par la foi et par la certitude que Dieu allait pourvoir à cette nouvelle orientation. Il avait l’impression que cette démarche allait se concrétiser. Effectivement, François a été le seul choisi sur ce poste en position de détachement à partir de son corps initial d’infirmier de secteur psychiatrique.

Par la suite, après plusieurs années d’expérience, il a cherché à évoluer dans sa carrière. Pour cela, à deux reprises, il s’est présenté à un concours. Mais il n’avait pas l’assurance correspondante, il ne se sentait pas bien et, au total, il a échoué. Depuis un certain temps, d’autres projets se faisaient jour en lui. A un moment critique, il a appris qu’un poste qui correspondait à ses aspirations se trouvait vacant. Pour lui, cette opportunité l’a en même temps fortifié en lui donnant l’assurance qu’il avait la capacité de remplir cette fonction. Effectivement, il a reçu un très bon accueil et le poste lui a été attribué.  François voit dans cet événement la manifestation du projet de Dieu à son égard.

Et lorsqu’il repense à sa carrière professionnelle, il est convaincu que, dans certaines circonstances, Dieu lui a ouvert les portes et qu’à ce moment là, rien ne pouvait se mettre en travers, et qu’à d’autres moments, Dieu a fermé des portes car ces choix ne correspondaient pas à ce qu’il y avait de meilleur.

« Je me rends compte des difficultés que beaucoup de mes collègues rencontrent parce qu’ils se sentent emprisonnés dans des tâches répétitives qui limitent le développement de leur potentiel, leur niveau d’aspiration et suscitent chez eux découragement et sentiments négatifs. Moi aussi, j’ai vécu difficilement un certain nombre de situations. Nous nous construisons nous-même des limites, mais Dieu nous permet de dépasser ces limites en nous redonnant confiance en nous-même et en nos capacité, et en nous donnant les moyens d’avancer ».

 

Contribution de François.

Dame confiance

Un témoignage présenté dans le livre : « Sa présence dans ma vie »

 

Quand on veut encourager un ami à faire face à un moment difficile, en le quittant, une expression nous vient facilement à l’esprit : « Bon courage ! ». Ainsi veut-on l’aider à faire face à travers une intonation qui cherche à galvaniser son énergie et dans laquelle nous mettons tout notre allant. Mais a-t-il en lui les forces correspondantes ? Cette parole cherche à entraîner un sursaut, mais ensuite tout peut retomber, et parfois plus bas encore.

De fait, nous avons oublié,  peut-être parce que nous sommes troublé, peut-être parce que nous ne le savons pas clairement, que tout ne dépend pas de nous, qu’il y a une force supérieure à laquelle nous pouvons faire appel, dans laquelle nous pouvons puiser. Oui, nous pouvons ensemble entrer dans une dynamique qui nous dépasse. Cette attitude peut engendrer des miracles. « La foi jouit de la force même de Dieu », nous dit Jürgen Moltmann. C’est pourquoi d’elle seule il est dit ce qui est réservé à Dieu : « Tout est possible à celui qui croit » (Mc 9.23). (Jésus, le Messie de Dieu p.163-164). Alors notre parole d’encouragement peut se transformer. Ce n’est plus : « Bon courage ! ». C’est : « Confiance ! ». La confiance s’inscrit dans un mouvement porteur qui nous dépasse.

 

Odile, atteinte d’un cancer, a découvert la puissance de ce mot auprès de celle qu’elle a appelée : « Dame confiance » (1).

« « Mon traitement se termine avant la perfusion de mon amie. En partant, je lui dis un banal « Bon courage ! ». Alors, une voix tonitruante retentit sur un ton péremptoire. « On ne dit pas « Courage ! ». On dit « Confiance ». C’est une dame d’un certain âge, allongée sur un lit un peu plus loin, qui a si vigoureusement réagi. Je l’avais remarqué à son arrivée : une forte personnalité gaie, d’une grande vitalité. Son exclamation m’a fait l’effet d’un courant électrique. J’ai bondi vers elle : « Vous avez raison ! ». Et je l’ai embrassée… Une force intérieure m’animait. Je suis partie, gonflée à bloc ! La joie au cœur d’une espérance de vie. C’est vraiment curieux qu’un message, qu’un simple mot soit porteur d’un message aussi fort… ».

Et, dès lors, la famille, les amis vont s’associer à la demande d’Odile : « Ne me dites pas « Courage », mais « Confiance ». « Le mot de passe est devenu : « Confiance ! », vœu d’une santé meilleure ». C’est l’expression d’une puissance de vie, d’une grâce divine en action. Aujourd’hui encore, cette mémoire porte vie. « Dame confiance a semé une petite graine en devenir d’un grand arbre où le corps fatigué, les âmes dépressives vont pouvoir se reposer et reprendre vie… ». Une simple parole : « Confiance ! ».

 

JH

 

(1)               Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Empreinte, 2011 (Dame confiance p.161-163). Ce livre a été évoqué à plusieurs reprises sur ce blog et il est présenté par Françoise Rontard sur le site de Témoins :

http://www.temoins.com/actualites/evenements-et-actualites/805-sa-presence-dans-ma-vie-odile-hassenforder-temoignages-d-une-vie-et-commentairres-de-lecteurs.html