Face à la détresse du monde

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Veiller et guetter.

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Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?

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         Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? Dans un conte de Charles Perrault (1), c’est la question désespérée que la femme de Barbe bleue attendant du secours pose à sa sœur Anne alors que son mari s’apprête à l’exécuter. Et cette question figure aujourd’hui dans notre mémoire collective.

         Quel avenir existe-t-il encore pour nous lorsque nous vivons dans la tourmente ? Nous pouvons nous poser cette question à un moment particulièrement difficile de l’histoire, mais c’est aussi une question existentielle pour tous ceux d’entre nous qui se sentent menacés. Peut-on attendre un secours, lequel et quand va-t-il venir ?

         Dans une courte vidéo (2) intitulée : « Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? », Nadine Heller répond à notre attente dans l’esprit des évangiles. Dieu nous appelle à veiller et guetter. Il nous appelle à une espérance active. En phase avec nos sentiments, nos questionnements, nos aspirations, avec une grande justesse de ton et beaucoup de simplicité, Nadine Heller nous invite à regarder au loin « pour voir l’aube qui pointe » et « être des semeurs de vie, des porteurs de vie, pour choisir la vie (3) ».

         Dans ce message, Nadine Heller partage avec nous un passage de l’Apocalypse qui ouvre une dynamique d’espérance et de vie. Nous voyons bien aujourd’hui quelle est la puissance du mal et de la mort. Mais Dieu  nous offre un horizon qui va au delà. Ecoutons les propos de Nadine.

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         « Vous entendez cette rumeur qui enfle. Toutes ces voix que le monde entier court à sa perte, que tout fout le camp, que l’être humain est devenu fou. Oui, bien sûr, nous les entendons ces voix. Et si, dans nos moments de silence, nous entendions tous les cris de détresse qui, de par le monde entier, montent vers le ciel,  nous deviendrions fou.

         Alors que faire ? est-ce qu’il faut nous boucher les oreilles ? Est-ce qu’il faut-il fermer les yeux ? Est-ce qu’il faut-il s’isoler ? Les  évangiles eux nous invitent à tout autre chose. Dieu nous invite à veiller et à guetter. Un peu comme si nous étions appelés à être des sentinelles qui doivent monter sur une tour de guet pour regarder au loin, non pas pour regarder les catastrophes qui vont arriver, mais pour regarder au loin l’aube qui pointe. Un peu comme ce que nous pouvons lire dans le livre de l’Apocalypse au Chapitre 21 : « Oui, voici ce que je vois. Un ciel nouveau, une terre nouvelle. J’entend une voix forte qui vient du siège et qui dit : Maintenant, la maison de Dieu est au milieu des hommes. Il va habiter avec eux. Ils seront ses peuples. Dieu lui-même sera avec eux et Il sera leur Dieu. Il essuiera toutes les larmes de leurs yeux. La mort n’existera plus. Il n’y aura plus ni deuil, ni larmes, ni souffrance ».

         Quelle espérance ! Mais cette espérance ne fait pas de nous des utopistes ou des doux rêveurs. Au contraire, c’est une espérance qui nous invite à être actifs comme des guetteurs qui guetteraient le moindre signe de lumière dans ce monde. Et aussi une espérance active qui nous invite, vous, moi, à être des porteurs de lumière, à être de ceux qui sèment sans compter la paix, l’amour, la justice au nom du Christ…qui les fait vivre, à être des semeurs de vie, à être des porteurs de vie, à choisir la vie, car, vous et moi, nous sommes invités à choisir la vie et à ensemble porter l’espérance ».

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         Dans cette conversation, Nadine Heller a partagé avec nous un passage de l’Apocalypse qui ouvre pour nous un horizon de vie . Nous voyons bien  aujourd’hui quelle est la puissance du mal et de la mort. Mais Dieu nous ouvre un horizon qui va au delà.

         « Puisse le Dieu de l’Espérance vous remplir de toute joie et de toute paix dans la foi de telle manière que, par la puissance du Saint Esprit, vous puissiez abonder en espérance, écrit Paul aux Romains (Romains 15.13). Un grand théologien, Jürgen Moltmann (4),  nous montre combien cet accent est original, unique, parmi les différentes religions. « Nulle part ailleurs dans le monde des religions, Dieu est ainsi associé à un espoir humain pour l’avenir. Le futur est un élément essentiel de la la foi de Pâques. La foi signifie vivre dans la présence de Christ ressuscité et nous nous mouvons dans le Royaume de Dieu qui vient. Notre expérience de la vie quotidienne prend place dans une attente créative de Christ en train de venir. Nous attendons et nous avançons, nous espérons et nous endurons, nous prions et nous observons. Nous sommes à la fois curieux et patients » (5) . 

         Cette approche rejoint celle qui nous est proposée par Nadine Heller, pasteure de l’Eglise protestante Unie de Saint-Chamond, dans le cadre de la chaine : « Pasteur du dimanche » (6). Avec   des mots justes, elle aussi nous invite à vivre  dans une espérance active, une dynamique de vie. Ensemble et chacun de nous, choisissons la Vie.

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J H

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(1)            « Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? », une adjuration célèbre issue d’un conte de Charles Perrault : La Barbe Bleue paru dans « les contes de ma mère l’Oye » en 1697. Voir Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sœur_Anne  Le texte : http://www.alalettre.com/perrault-oeuvres-barbe-bleue.php

(2)            Vidéo de Nadine Heller : « Soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? » dans la chaine : pasteurdudimanche » ( décembre 2013) sur You Tube : http://www.youtube.com/watch?v=mYV_UUujPQ4&feature=youtu.be

(3)            « J’ai mis devant toi la vie et la mort. Choisis la vie afin que tu vives » (Deutéronome 30.19) . Cette parole biblique va droit à l’essentiel pour notre vie. Il y a dans ce monde, y compris l’héritage religieux, tant de déformations qui peuvent nous éloigner de la vie. Aussi, on se  réjouit de voir que l’équipe de « pasteurs du dimanche » ait pris comme devise  : « Choisis la vie ».

(4)            Jürgen Moltmann figure parmi les plus grand théologien de notre temps . En phase avec les grands questionnements de notre époque, il a commencé par écrire une théologie de l’espérance. On trouvera une mise en perspective de son itinéraire et de son œuvre dans une présentation de son autobiographie : « Une théologie pour notre temps » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=695. Un blog : « L’Esprit qui donne la vie », présente sa pensée au public francophone : http://www.lespritquidonnelavie.com/

(5)            Sur ce blog : « Quelle espérance ? Un espoir pour l’avenir humain. Le Royaume de Dieu en train de venir » : https://vivreetesperer.com/?p=890 ? Le passage sur l’espérance ici mentionné est issu du livre : « Jürgen Moltmann. In the end…the beginning. Fortress Press, 2004. Récemment traduit en français : Jürgen Moltmann. De commencements en recommencements. Une dynamique d’espérance. Empreinte temps présent, 2012 (Voir le chapitre : la force vitale de l’espérance). Présentation de  ce livre sur ce blog : « Une dynamique de vie et d’espérance » : https://vivreetesperer.com/?p=572. Bien sûr, en ce temps de Noël, la naissance de Jésus manifeste le début du processus de libération.

(6)            Quelques pasteurs de l’Eglise Protestante Unie ont choisi de s’entendre pour proposer chaque dimanche une courte vidéo (2 à 3 minutes) qui s’adressent à nous dans une parole d’ouverture, de partage et de conviction en alliant une réflexion sur la vie et l’actualité et l’éclairage d’un passage biblique dans son originalité pour aujourd’hui. « L’objectif de « pasteurdudimanche.fr » est de proposer une parole courte sur une actualité et un texte biblique qui invite à aller plus loin ».Il y a là le désir manifeste de s’adresser à un public qui dépasse de loin les seuls pratiquants protestants. La première vidéo a été réalisée par Joël Dahan en octobre 2011. Aujourd’hui, le site : « pasteurdudimanche.fr » renvoie à plus de 90 vidéos !  Naturellement, certains messages nous touchent plus que d’autres, mais un désir de convivialité et d’authenticité se manifeste dans chaque vidéo. Ce site est devenue une ressource importante pour la vie et l’expression chrétienne. http://www.youtube.com/playlist?list=PL6F0WgMatbJUxPNorU-tyfYon2NQBXsRG

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Sur ce blog, d’autres textes sur ce thème :

« Confiance. Le message est passé ! Le livre d’Odile Hassenforder : « Sa présence dans ma vie ». http://www.youtube.com/playlist?list=PL6F0WgMatbJUxPNorU-tyfYon2NQBXsRG

« Espérer, c’est voir l’amour divin à l’oeuvre ». https://vivreetesperer.com/?p=870

« Les malheurs de l’histoire. Mort et résurrection ». https://vivreetesperer.com/?p=744

« En eau profonde ». https://vivreetesperer.com/?p=409

« Sur la terre comme au ciel » http:/www.vivreetesperer.com/p=338

Comme les petits enfants

Accueil, confiance et émerveillement

Odile Hassenforder : Sa présence dans ma vie.

Lieu ordinaire : dans la banlieue sud de la région parisienne, au troisième étage d’un petit immeuble, un angle de vue sur un mélange de végétation et de constructions et un  vaste espace de ciel. Mais, à partir de ce lieu ordinaire, dans une méditation quotidienne, Odile sait s’émerveiller. Elle apprend à recevoir. Elle découvre une harmonie. « Une atmosphère de confiance germe en moi. Je pense à l’enfant qui accueille la vie…Je deviens de plus en plus attentive à la semence intérieure qui germe, à l’écoute de l’intuition spirituelle,  à l’éveil de tout ce qui est bien-beau-bon autour de moi ». (1)

Mon fauteuil de méditation matinale est orienté à l’est.

J’aime admirer le lever de soleil, ces nuages qui s’éclairent, se colorent, passent du gris au rosé, avancent plus ou moins vite selon le vent… La vie est mouvement. La vie est énergie. Elle n’est pas statique comme l’expriment des pessimistes aveugles à ce renouvellement perpétuel.

Pour ma part, de tels spectacles de la nature, de la simple pâquerette au coucher du soleil et au ciel étoilé, m’émerveillent. Je sens mon cœur se dilater. J’appartiens à cet univers visible, mais  aussi invisible…Quelle magnificence. Emerveillement qui suscite l’adoration du Créateur : « L’homme a-t-il tant d’importance pour que tu t’occupes de lui ? » (Psaume 8/5). Et moi, je me sens toute petite, et pourtant je suis une créature merveilleuse (Psaume 139/14).

Un contentement intérieur s’établit peu à peu en moi. Comme les pièces d’un puzzle s’ajustant les uns aux autres, je découvre peu à peu un magnifique tableau. Cette vision et ce ressenti de bien-être m’envahissent. Et ma respiration devient le lieu de mon corps à mon mental s’épanouissant dans cet univers spirituel qui me dépasse. Alors s’éveille en moi une joie paisible, reliée à l’être suprême, mon Dieu, qui m’habite. Problèmes, inquiétudes, angoisses s’éloignent, se rapetissent comme les objets dans l’image d’un appareil de photo lorsque le focus agrandit le champ de vision. Une atmosphère de confiance germe en moi. Je pense à l’enfant qui accueille la Vie. Les paroles de Jésus me reviennent à l’esprit : « Le Royaume de Dieu appartient à ceux qui ressemblent à ces enfants » (Matt 19/14).

En moi, je connais cette conversion progressive de mon attention : de volontaire qui cherche le « bon modèle » chrétien à reproduire, je deviens de plus en plus attentive à la semence intérieure qui germe, à l’écoute de l’intuition spirituelle en moi et aussi à l’éveil à tout ce qui est bien-beau-bon autour de moi.

Odile Hassenforder

Écrit personnel 2007

 

(1) Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte Temps présent. 2011 (p 213-214)

Sur ce blog : autres textes d’Odile  Hassenforder : https://vivreetesperer.com/?tag=odile-hassenforder

Histoires d’enfance

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          France a été infirmière en pédiatrie et ensuite potière. Mariée, elle est mère de quatre fils. Elle a une relation presque « poétique »  avec les enfants. « Les enfants », nous dit-elle, « ont des clefs de connaissance que nous n’avons pas ». Elle nous raconte ici deux histoires.

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         « Un petit garçon de sept ans m’a demandé à faire de la poterie. Un jour, il arrive bouleversé. Sa mère est impossible et méchante. Son père est parti et l’institutrice est peu bienveillante. Il a du mal à lire et à écrire. « On dit que je suis un poète… mais je ne sais pas ce que c’est, un poète » ? Je lui répond : « Un poète, c’est une personne comme toi : la tête dans les étoiles et un cœur grand comme ça ». Lui : « Ah, c’est une bonne définition ! ». Moi : « Sais-tu ce qu’est une définition ? ». Lui : « Oui, c’est quand ce que l’on dit, ça s ‘écrit … ».

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         Dans un service de pédiatrie, un enfant de dix ans, atteint d’une leucémie gravissime, va s’en aller. Il me demande de rester près de lui, cette nuit du 24 au 25 décembre. Le chef de service refusera que je reste. Une psychologue m’a demandé : « Pourquoi voulez-vous rester ? Qu’est ce que la mort de cet enfant peut vous faire ?… » Or, cet enfant avait été complètement abandonné par sa famille. Je suis retourné voir l’enfant pour lui expliquer que je n’avais pas le droit de rester avec lui, mais lui ai-je dit : « Je penserai à toi toute la nuit ». Il m’a répondu : « Je vais aller au Ciel à quatre heures du matin ». « Et il est parti à quatre heures du matin ».

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Histoires émouvantes : une invitation à écouter.

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Contribution de France.

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On pourra lire sur ce blog : « L’enfant : un  être spirituel » : https://vivreetesperer.com/?p=340

L’ami afghan : « L’histoire d’Aman », par Michael Morpurgo

Comment un enfant afghan parvient en Angleterre et est sauvé de l’expulsion par la puissance de l’amitié.

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         Cette histoire commence par le récit de Matt, un jeune garçon anglais. Cet été-là, Matt rejoint son grand-père pour passer ses vacances avec lui. La grand-mère de Matt est décédée, il y a trois ans. Dans une période de sécheresse, le grand-père veut veiller sur l’arbre qui a été planté en pensant à elle. Matt nous raconte le premier soir passé avec son grand-père et le chien Dog. On joue au monopoly. Dans ce moment de vie tout simple, le soir en regardant les étoiles, la profondeur des sentiments émerge. On évoque grand-mère et soudain, Matt se rappelle Aman, son copain de classe, originaire d’Afghanistan et devenu son meilleur ami. Hélas, Aman et sa mère résidant en Angleterre depuis six ans, viennent de se voir refusé le droit d’asile et sont enfermés dans un lieu de détention en attendant leur expulsion. « Et si tu pouvais aller le voir ? », demande Matt à son grand-père.. Celui-ci hésite et se rappelle soudain que grand-mère, comme visiteuse de prison,  allait dans ce lieu : Yarl’s wood, chaque semaine. Alors il décide de rendre visite à Aman.

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« Et ils gardent les enfants là–dedans ? »

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         Grand-père poursuit le récit. Son émotion s’exprime lorsqu’il voit la manière dont on traite les détenus. « Et ils gardent des enfants là-dedans ? ». Peu à peu, grand-père entre en relation avec Aman et avec sa mère. Il joue au monopoly avec l’enfant , montre une photo de famille. La présence de Dog sur cette photo renvoie Aman à la chienne aimée avec laquelle il a partagé des moments difficiles en  Afghanistan : Ombre. Il commence à raconter son histoire à grand-père.

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Rejoindre l’oncle Mir en Angleterre

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         On lira cette histoire au long de plusieurs chapitres. Aman a vécu dans une vallée d’Afghanistan, Bamiyan, déchirée par une guerre intestine. Son père a été assassiné…Il vit dans une grotte avec sa mère et sa grand-mère. Et là, il recueille une chienne abandonnée, affectueuse et intelligente : Ombre. Dans les persécutions qui s’abattent sur cette famille, un seul espoir : rejoindre l’oncle Mir qui habite en Angleterre. Et lorsque la grand-mère d’Aman est, à son tour, assassinée, sa mère et lui s’enfuient vers Kaboul, puis au delà. C’est alors qu’Ombre se révèle avoir été employée par l’armée britannique comme chien renifleur d’explosifs. Elle retrouve son réflexe et sauve une patrouille anglaise. Elle est récupérée par ses anciens maîtres. A travers de grands dangers, Aman et sa mère poursuivent leur périple, et, grâce à l’aide de compatriotes avec lesquels ils ont sympathisé, ils parviennent à rejoindre l’oncle Mir en Angleterre.

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« On veut que tu reviennes ! »

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         De cette rencontre en prison, grand-père, ancien journaliste sort déterminé. Il écrit un article dans le journal où il travaillait. Les lecteurs sont appelés à se solidariser : « On veut que tu reviennes ! ». Matt nous décrit la manifestation qui s’en suit devant la prison. Après un temps d’attente anxieuse, les amis affluent. Et le sergent de l’armée britannique, le maître chien d’Ombre, devenu aveugle à la suite d’une explosion, intervient au secours d’Aman et de sa mère et obtient pour eux l’annulation de l’ordre d’expulsion et leur droit de s’installer en Angleterre.

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Une histoire poignante

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         En quatrième de couverture, le roman de Michael Morpurgo : « L’histoire d’Aman » (1), est décrit en ces termes : « Une histoire poignante, de courage, d’espoir et d’amitié. Une leçon  de vie pour ne jamais se résigner à accepter l’injustice ». C’est effectivement une histoire poignante. En termes  simples, sans excès, comme il a réussi à le faire tant de fois dans des livres qui sont pour nous des chefs- d’œuvre (2), Michael Morpurgo inscrit son histoire dans une sympathie qui se manifeste de multiples façons : l’amitié qui se tisse entre les êtres humains, la relation affectueuse avec les animaux,  une sensibilité au mystère de la vie.

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En regardant les étoiles

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Ainsi cette histoire commence par un moment d’intimité et une contemplation du ciel étoilé. « Nous étions tous deux silencieux depuis un moment, les yeux simplement levés vers les étoiles. Grand-père se mit à fredonner, puis à chanter : « When the stars begin to fall (« Quand les étoiles commencent à tomber ») (3)… « Ça vient d’une chanson que grand-mère adorait. Je sais qu’elle est là, là haut, Matt, et qu’elle nous regarde. Les nuits comme celles-ci, les étoiles semblent si près de nous qu’on pourrait presque tendre les mains et les toucher… « Soudain, cette chanson me rappela quelque chose. C’était presque comme un écho dans ma tête ». « Aman m’en a parlé une fois », commençai-je, « des étoiles qui  sont si proches, je veux dire.. En Afghanistan, les étoiles remplissaient tout le ciel, m’a raconté Aman » (p 11). « Qui est Aman ? », demanda le grand-père. L’histoire commence.

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La sympathie entre les êtres

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         Et c’est une histoire où l’amour s’exprime dans l’intimité qui s’installe entre Matt et son grand-père, dans l’amitié indéfectible entre Matt et Aman, dans la fidélité qui se manifeste entre Aman, sa mère et sa famille, dans tous les épisodes où des gestes d’humanité se révèlent source de salut, et jusque dans la solidarité qui rassemble tant de gens pour manifester leur soutien. L’affection d’Aman pour sa chienne, Ombre rejoint celle de Matt pour Dog, le chien de son grand-père. Toutes ces relations témoignent de la sympathie et de l’amour.

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Des sentiments puissants

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         Le mal est bien là dans la haine et la violence qui engendrent la mort en Afghanistan comme le climat délétère dans la prison dans laquelle Aman  et sa mère sont enfermés en Angleterre. Mais, tout au long du livre, la lumière l’emporte sur l’obscurité, et plus précisément, l’amitié, la bonté, la générosité se manifestent, permettent les rebondissements dans les épreuves, ouvrent des chemins nouveaux et finissent par remporter la victoire.   Ce livre, riche en observations très fines du quotidien de la vie, est aussi empreint de suspense. Mais, s’il se lit d’un trait, c’est aussi parce qu’il suscite constamment une émotion, car l’amitié, la bonté, la générosité toujours exprimées dans une grande simplicité et vérité, éveillent en   nous des sentiments puissants, au point que nous puissions souvent en avoir des larmes aux yeux.

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Un ami et non un  étranger

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         Face aux menaces de la mort et de l’oppression, ce roman manifeste une victoire de la vie. Alors, enfants comme adultes, lisons les livres de Michael Morpurgo (4). Par rapport au cynisme, au pessimisme, à l’agressivité dont les échos nous atteignent parfois, ce récit nous fortifie et nous fait entrer dans une autre dimension.  Et puis,  dans ce livre, il y a bien, n’est ce pas, un écho à l’actualité. Car il nous invite au respect des migrants, non par un prêche idéologique, mais à travers un message d’empathie. Pour les lecteurs de ce livre, Aman, ce jeune garçon afghan, n’est plus un étranger, mais un ami. Les évangiles (5) nous rapporte qu’un jour, un homme posa à Jésus la question : « Qui est mon prochain ? » Michael Morpurgo rapproche, rend proche.

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M morpurgo AFPgetty image AFP/Getty Image

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J H

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(1)            Michael Morpurgo. L’histoire d’Aman. Gallimard Jeunesse, 2013 (folio junior) ;

(2)            Nous pensons à des livres comme : Le royaume de Kensuke, Soldat Peaceful, Cheval de guerre…

(3)            « When the stars begin to fall » : un chant gospel qu’on pourra écouter en plusieurs versions sur You Tube.  Paroles et chant : the Seekers http://www.youtube.com/watch?v=XfsoA_2Mhck

(4)            Dans les livres de Michael Morpurgo, on voit la force de l’amitié et noblesse d’âme. Face au mal, quelque part,une lumière brille. On se réjouit que le grand cinéaste,Steven Spielberg, ait réalisé un film à partir du livre deMichael Morpurgo : « Cheval de guerre ». Présentation du film sur ce blog : https://vivreetesperer.com/?p=720

(5)            Qui est mon prochain ? Evangile de Luc 10.29

Quand un jeune africain construit, à quatorze ans, une éolienne pour apporter l’électricité dans son village

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« The boy who harnessed the wind ».

 

         Dans notre monde où violences, déchirements et souffrances ne sont que trop visibles, il y a aussi un mouvement vers la paix, la liberté, la solidarité qui conforte notre espérance. Et, en regard de tout ce qui porte atteinte à la vie, il y a une multitude de gestes et de comportements qui nous parlent de bonté, de générosité, de créativité.

Les échos qui nous en parviennent touchent notre cœur et suscitent en nous enthousiasme et émerveillement.

         Aujourd’hui, l’information circule à travers le monde et nous découvrons des merveilles sur le web. Et, ainsi, nous pouvons partager aujourd’hui l’histoire de William Kamkwanba, un jeune africain du Malawi, qui, à quatorze ans, dans un environnement particulièrement démuni, a construit par lui-même, une éolienne dans un petit village éloigné.

          Il était une fois…  un jeune garçon qui avait commencé à aller à l’école et qui, à la suite d’une grande sécheresse et famine, qui, en 2002, avait ravagé son village et ruiné sa famille, n’a pu poursuivre des études faute de pouvoir payer les droits de scolarité correspondant. A l’école, William avait commencé à aimer les sciences. Alors, désormais en dehors de toute scolarité, il s’est rendu à la bibliothèque publique d’une ville voisine pour y emprunter des livres de physique, et, tout particulièrement un livre qui va l’accompagner dans sa démarche : « Using energy ».

         A partir de cet ouvrage, mais en devant suppléer aux lacunes de celui-ci quant au comment faire, William va s’engager à 14 ans dans la construction d’une éolienne. Car, nous dit-il, dans la vidéo (1) qui raconte son histoire,  « il y assez de vent au Malawi ».  Tout seul, malgré les incompréhensions et les moqueries, à partir de matériaux issus de rebuts, il parvient à construire une éolienne rudimentaire, mais efficace. Dans ce village démuni, quelque part l’électricité apparaît. Et nous participons à la joie de William lorsqu’il parvient grâce à cette électricité à écouter de la musique reggae en provenance d’une radio du Malawi. Et, pour la ferme, il réalise une seconde éolienne permettant de pomper l’eau.

         Désormais, William n’est plus confronté aux moqueries. Et lorsqu’il va rapporter les livres empruntés à la bibliothèque, il peut répondre à la question du bibliothécaire : « Vous avez construit une éolienne en utilisant le savoir qui est dans ce livre ? Et je répondis : « oui ». L’histoire se répand dans le pays. A la fin de l’année 2006, la presse en parle. En décembre 2007,  ce jeune garçon créatif est invité pendant trois semaines aux Etats-Unis, un pays qui sait encourager les talents dans le monde. En 2009, il est invité au forum Ted. Ce témoignage est présenté sur une autre vidéo (2) et se termine par une expression de confiance : « Dieu bénit.  N’abandonnez pas ! ». William Kamkwanba va pouvoir poursuivre des études. Et grâce à lui, son village aujourd’hui dispose de l’électricité. Voilà qui change la vie de sa famille et de toutes les familles de ce village… En 2013, un livre racontant cette histoire vient d’être publié : « The boy who harnessed the wind » (Le garçon qui a dompté le vent » (3). William se consacre aujourd’hui à la construction d’éoliennes pour mettre l’électricité à la disposition de ses concitoyens, et, par là même aussi l’accès à internet.

         L’exemple de William n’est pas isolé.  On trouve sur le web des vidéos qui témoignent de la créativité d’autres jeunes africains (4). Il y a dans les pays du sud, en phase avec une capacité de communion spirituelle, un élan de vie qui se traduit de multiples façons : dans la manière dont les enfants surmontent les obstacles pour se rendre à l’école (5), dans la lecture partagée des albums et des livres (6), dans un engagement musical (7). Et, aux cotés de ces enfants, de ces jeunes, il y a des adultes qui les accompagnent, car il n’y a pas plus belle tâche.  Bien sûr, nous entendons là un appel universel et là où cela est nécessaire, dépassons les encombrements, les rigidités, les surdités. Aujourd’hui comme hier, il y a une ouverture vers l’avenir. Il était une fois…

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J H

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(1)            La vidéo sur You Tube : African genius : 14 years old self-taught engineer makes electricity for village : http://www.youtube.com/watch?v=rruNxURlWCY

(2)            William Kamkwamba. « How I harnessed the wind » (Ted talks, 2009) : http://www.youtube.com/watch?v=6QkNxt7MpWM

(3)            William Kamkwamba  présente son œuvre sur un site personnel : http://www.williamkamkwamba.com/ On trouvera sur ce site les coordonnées de son livre : The boy who harnessed the wind by William Kamkwamba and Bryan Mealer (2013).

(4)            Agé de 15 ans, un jeune de Sierra Leone, Kelvin Doe, s’est formé par lui même et est devenu un brillant inventeur, fabriquant des batteries, des générateurs et des transmetteurs à partir de rebuts et créant sa propre station de radio. Il a été invité au MIT aux Etats-Unis.. Voir la vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=XOLOLrUBRBY

(5)            Sur ce blog : présentation du film : « Sur le chemin de l’école » : https://vivreetesperer.com/?p=1556

(6)            Sur ce blog,  présentation du livre « Laissez les lire » dans lequel Geneviève Patte présente son itinéraire de bibliothécaire pour enfants, très en phase avec les expériences de lecture dans les pays d’Amérique Latine : https://vivreetesperer.com/?p=1556

(7)             Sur ce blog : « De la décharge publique à la musique » https://vivreetesperer.com/?p=1603

Sur le développement en Afrique, sur le site de Témoins, on pourra lire : Promesses d’avenir pour l’Afrique : un nouveau regard : http://www.temoins.com/societe/promesse-d-avenir-pour-l-afrique.-un-nouveau-regard.html