Témoignage et réflexion de Philippe Molla en dialogue avec le texte précédent : « Dedans…dehors ! Face à l’exclusion, vivre une commune humanité ».
Merci à Jean pour ce travail personnel si précieux pour moi !
Encore un texte qui respire la liberté !
Ces mots résonnent tellement en moi que j’éprouve le besoin d’écrire
quelques pensées personnelles :
C’est pour moi un appel à sortir de mes conceptions humaines de qui je
crois être, ce regard souvent faussé qui m’empêche d’aller vers
l’autre. Mon prochain que je catalogue si facilement par ce qui
« frappe l’oeil « . Ne suis-je pas le prochain de mon prochain ?
J’ai tellement à apprendre de l’autre, d’une rencontre. Souvent l’homme se
plaint de ne pas trouver Dieu, peut-être par ce qu’il ne sort pas de
son enclos. Qui est notre maître, la crainte ou l’Amour ?
Qu’apprenons-nous dans notre milieu où nous nous construisons ?
Les différences de l’autre sont-elles une menace pour nous ? Ce » qui
sommes nous ? » que nous avons construit, si fragile, faut-il par tous
les moyens le protéger ? Pourquoi ?
À l’âge de 18 ans, je me sentais fort, bien construit. J’avais mes
réponses sur beaucoup de sujets. Cela me donnait beaucoup d’assurance
et une paix intérieur. Mes petites réponses toutes faites sur la vie,
la religion, sur Dieu, me faisaient croire que je détenais la vérité !
(et oui ! J’avais l’esprit bien étroit ! Comme si je pouvais détenir
Dieu, la vérité !)
Mais cette construction m’a inconsciemment isolé. Si l’autre avait
une conception de la vie très différente de la mienne, j’avais
tendance à le cataloguer et le classer par catégorie. J’avais appris
dans ma religion que l’autre était dehors et moi dedans. J’avais
appris à inviter mon prochain dans mon enclos, mon système de pensée
humain, ce que j’appelle « La pensée unique ».
Dans cette démarche aucune connexion profonde avec l’autre n’était
possible. Pourtant, cette connexion est si précieuse, elle n’exige
rien de l’autre, elle n’attend rien de l’autre. Cette connexion où
Dieu peut enfin se révéler parce qu’il est synonyme d’AMOUR!
Alors comment ai-je trouvé le chemin de la liberté, de l’amour, de la
guérison intérieur ?
A travers de vraies rencontres !
Ma rencontre avec ma femme Martine a progressivement révélé mon état
d’homme préfabriqué par la société, par la religion. Notre amour et
sa patience m’ont beaucoup aidé.
A travers, d’autres rencontres aussi. En particulier, une rencontre
profonde avec un homme, qui m’a fait entrevoir ce qu’est un partage où
il n’y a pas de place pour le jugement, les préjugés… Et ensuite, il
n’y en eu beaucoup d’autres.
Dieu a permis que je passe par des tempêtes intérieurs, des problèmes
professionnels, la maladie… Ces épreuves m’ont fragilisé. Mais c’est
dans cet état de fragilité que de véritables rencontres ont surgies.
Où l’amour de Jésus-Christ s’est manifesté, apportant guérison,
changement de mentalité et reconstruction de l’être.
J’ai découvert que Dieu se cache dans notre prochain ! Nous Le
trouvons quand nous acceptons notre fragilité, notre vulnérabilité.
Jésus-Christ n’est pas venu en super héros, mais Il a choisi de
s’exposer. Il a accepté de se rendre vulnérable, fragile, dans le seul
but d’atteindre le coeur de celui qui se sent en manque de tout,
rejeté, exclu, pauvre, pêcheur, malade, seul dans sa souffrance,
esclave de ses vices, prisonnier de sa religion, prisonnier de son
clan familial, prisonnier de sa société…
Quand j’ai lu le titre « Dedans…Dehors », j’ai tout de suite pensé à la
parabole du Bon Berger.
Cette invitation à la liberté.
Et aussi au mot église.
Ce mot église est très peu utilisé dans les évangiles. Donc, j’imagine
que Jésus l’a très peux prononcé. Peut être pour éviter qu’il soit
mal utilisé, mal interprété en créant des divisions entre tous les
hommes, des clans. Tous ces hommes à qui Jésus-Christ a donné sa vie
sur la croix, cette croix si douloureuse. Cette croix, où, bras
ouverts, il dit: «Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils
font.» L’Amour personnifié, ne laissant aucune place pour le jugement !
Cette Amour qui unit tous les hommes !
Ce mot église, « ekklesia » en grec, composé de ek et dérivé de kaleo.
Ek: hors de
Kaleo: donner un nom, appeler.
On pourrait traduire église par » les appelés par leur nom (dans le
sens unique, relation personnelle et intime avec le créateur) à sortir
hors de »
Pour comprendre la parabole du Bon Berger, il faut connaître comment
procédait un berger à l’époque de Jésus. Le berger avait un associé
qui gardait les moutons dans la bergerie, le gardien. Quand le berger
se rapprochait de la bergerie, il commençait à appeler ses brebis par
leur nom. (Cette notion de donner un nom unique à chaque brebis,
montre que le berger connaissait bien ses brebis, il passait beaucoup
de temps avec elles) Alors le gardien ouvrait la porte et les brebis
couraient avec excitation rejoindre leur berger. Le berger faisait
demi-tour et marchait en direction des verts pâturages.
Les brebis reconnaissent très bien la voix et les sons . Je connais
bien ce sujet. J’ai passé beaucoup de temps dans ma jeunesse avec une
brebis et son agneau:
Une brebis a soif de liberté, elle recherche à atteindre toujours
l’herbe fraîche qui se trouve de l’autre coté de la clôture.
il faut beaucoup de patience pour approcher une brebis.
Elle est vite dominée par la crainte, ce qui la pousse à mettre sa vie
en danger, ainsi que la vie de son agneau…
Je finirai par ces passages:
Jean 10:4
Quand IL les a tous fait sortir, il marche devant eux. Et ses moutons
le suivent, parce qu’ils connaissent sa voix.Ils ne suivront jamais
quelqu’un d’autre. Au contraire, ils fuiront loin de lui, parce qu’ils
ne connaissent pas la voix des autres personnes.»
Il n’y a pas de crainte dans l’amour, mais l’amour accompli chasse la
crainte; car la crainte suppose le châtiment, et celui qui craint
n’est pas accompli dans l’amour. (1 Jean. 4.18)
Alors sortons découvrir ce que Dieu a caché comme trésors merveilleux !
Ces trésors préparés spécialement pour nous, être unique, aimé de
son créateur !!
Psaumes 65:
Quand TU passes, les richesses débordent. Les terres sèches sont
couvertes de récoltes, les collines sont entourées de joie. Les
pâturages portent les moutons et les chèvres, les vallées sont
couvertes de blé. Toute la campagne chante et danse de joie.
Alors qu’est ce qui nous empêche de faire de véritables rencontres où
la VIE circule
Philippe Molla
Voir sur ce blog (7 octobre 2011) un autre texte de Philippe :
« Un chantier peut-il être convivial ? »