Une éducation au Cameroun

Je suis née à Yaoundé, au Cameroun, où j’ai grandi au sein d’une famille polygamique. Mon père avait trois épouses et je suis la benjamine d’une fratrie nombreuse. J’ai grandi dans un foyer où régnaient le respect, le partage et le pardon. Ces valeurs étaient profondément ancrées dans la foi chrétienne de mon père, qui a fréquenté différentes églises.

Très jeune, mes parents m’ont transmis le sens du devoir et des responsabilités. Chaque grande vacance, je retournais dans mon village où je cultivais une parcelle de terre que mes parents m’avaient confiée. En récompense de mon travail, mon père m’offrait les frais de scolarité. Cette expérience m’a appris que rien n’est acquis sans effort, et que la réussite est toujours une question de mérite.

Étant la plus jeune, on me sollicitait souvent pour rendre service. J’y prenais plaisir, et c’est ainsi que, dès l’enfance, j’ai ressenti le désir d’aider les autres.

 

Le début de ma vie adulte

Après avoir obtenu un baccalauréat littéraire, j’ai travaillé comme secrétaire dans plusieurs services à Yaoundé. Plus tard, je suis venue en France pour rendre visite à ma sœur, aide-soignante elle-même. Ses conseils, nourris par son expérience, m’ont poussée à rester en France et à envisager une reconversion professionnelle.

Mon intégration n’a pas été immédiate, mais au fil du temps, j’ai suivi diverses formations, dont celle d’aide-soignante, qui m’a permis de me reconnecter à mes valeurs fondamentales.

 

Devenir aide-soignante

J’ai choisi le métier d’aide-soignante car il incarne les principes qui me tiennent à cœur : l’empathie, le partage et l’entraide. Les valeurs professionnelles associées à ce métier – le respect, la responsabilité, la bienveillance – ont renforcé ma motivation.

Lors de ma formation, les périodes de stage ont été décisives. J’y ai découvert les réalités du terrain : la dépendance, le handicap, la fin de vie. Ces expériences m’ont permis de comprendre la profondeur et la complexité de ce métier.

 

Mon parcours professionnel

Depuis l’obtention de mon diplôme, je travaille dans un EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes), où je suis en poste depuis plusieurs années.

Ce parcours m’a permis de développer un grand nombre de compétences :

  • La bientraitance
  • La méthode Humanitude
  • Les règles d’hygiène et de sécurité
  • L’ergonomie
  • Le respect de l’autonomie, de la dignité, des croyances et des valeurs
  • L’accompagnement dans les gestes de la vie quotidienne

Chaque résident est unique. Je m’adapte à chacun, car le soin doit être personnalisé.

Bien sûr, des difficultés existent : les urgences vitales, le manque d’effectif parfois, le stress… Mais grâce au soutien de ma hiérarchie et à l’esprit d’équipe de mes collègues, ces obstacles sont surmontables.

L’un des aspects les plus délicats reste le décès des résidents. Malgré la distance professionnelle, nous nous attachons aux personnes que nous accompagnons. Dans ces moments, le soutien d’une psychologue nous est proposé

Mais ce métier m’apporte aussi de nombreuses joies. Voir un sourire après un soin, entendre un remerciement sincère, ou simplement sentir qu’on a pu soulager quelqu’un, me procure une immense satisfaction. Il m’arrive même de chanter spontanément pendant les soins, tant je ressens parfois une joie profonde dans l’acte de soigner.

 

Vers la profession d’infirmière

Aujourd’hui, je poursuis mon évolution professionnelle en entamant des études d’infirmière, avec le soutien de mon établissement. Forte de mon expérience concrète auprès des patients, je souhaite élargir mes compétences, tant sur le plan relationnel que paramédical.

Je suis convaincue que la qualité de la relation entre soignant et soigné a un impact direct sur le moral, et donc sur la santé.

 

Un fil conducteur

En regardant mon parcours, je réalise combien mon éducation a façonné ma vocation. En tant que benjamine, j’ai appris à écouter, à observer, à suivre les conseils de mes aînés. J’ai grandi dans le respect des autres, le sens du partage, l’amour du prochain et l’entraide.

Toutes ces valeurs ont facilité mon intégration dans le métier d’aide-soignante.

Aujourd’hui encore, l’amour  des autres reste ma plus grande motivation.

Lucie

 

 

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