Un ancrage face à la peur

 

Dans bien des circonstances de notre vie, face aux menaces qui surgissent et font irruption dans notre existence, nous ressentons désarroi, peur, angoisse. C’est le moment de nous rappeler que nous ne sommes pas seul. Le croyant peut se confier à Celui qui est présence d’amour et puissance de vie.

A travers les médias, nous sommes confrontés aux souffrances et aux inquiétudes répandues dans le monde. Là aussi, nous avons besoin d’une inspiration qui puisse nous éclairer. Et combien cette inspiration est-elle nécessaire pour les dirigeants engagés dans la conduite des affaires du monde ! C’est là que le témoignage de Barack Obama comme président des Etats-Unis, est particulièrement précieux. Confronté à des situations parfois redoutables, il s’est récemment exprimé sur sa pratique de la prière, dans le cadre du « National Prayer Breakfast » (1). Il a ouvert son intervention en citant un verset biblique (2 Timothée 7), puis en le commentant à partir de son expérience personnelle : « Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de peur, mais un esprit de puissance, d’amour et de sagesse » (« For God has not given us a spirit of fear, but of power and of love and of a sound mind ».

 

« La peur peut nous entrainer à tomber dans le désespoir, la paralysie ou le cynisme »

 

« Nous vivons à une époque extraordinaire », nous dit Barack Obama. C’est une période où « le changement est extraordinaire » et il en mesure les avantages, mais aussi les menaces et les dangers. « Il y a un écart  qui donne le vertige entre les gens dans le besoin et ceux dans l’abondance. Nous pouvons craindre la possibilité non seulement que le progrès soit en perte de vitesse, mais que, peut-être, nous ayons davantage à perdre. Et la peur produit des choses étranges. La peur peut nous pousser à nous en prendre à ceux qui sont différents… Elle peut nous entrainer à tomber dans le désespoir, la paralysie ou le cynisme. La peur peut nourrir nos penchants les plus égoïstes et éroder les solidarités communautaires ». Et « la peur est une émotion primitive dont chacun de nous fait l’expérience. Elle peut être contagieuse, en se répandant à travers les sociétés et les nations. Et si nous nous laissons entrainer, les conséquences de cette peur peuvent être pires que toute menace extérieure ». Voici un diagnostic qui fait écho aux menaces que nous percevons aujourd’hui dans certaines attitudes politiques. Et cela vaut aussi pour les extrémismes religieux.

 

« Pour moi, la foi est un grand remède à la peur »

 

Sur ce blog, à travers la présentation d’un dialogue ente Barack Obama et le Pape François, nous avons pu dégager de grandes orientations communes qui s’inspirent des valeurs de l’Evangile (2). Aujourd’hui, Barack Obama nous fait part de la force intérieure qu’il trouve dans la prière et qui lui permet d’assumer des responsabilités considérables. C’est un homme authentique qui ose parler, non seulement de ses convictions, mais de ses émotions personnelles.

« Pour moi, la foi est le grand remède à la peur. Jésus est un bon remède à la peur. Dieu donne aux croyants la puissance, l’amour et la sagesse requises pour vaincre la peur… N’est-ce pas dans cette époque changeante et tumultueuse que nous avons besoin de sentir Jésus se tenir à coté de nous, affermissant nos esprits, purifiant nos cœurs et nous montrant ce qui importe vraiment… Son amour nous donne le pouvoir de résister à la tentation de la peur. Il nous donne le courage pour rejoindre les autres par delà ce qui divise plutôt que de les rejeter. Il nous donne le courage d’aller à l’encontre des conventions pour défendre ce qui est juste, même quand ce n’est pas populaire, le courage de résister non seulement à nos ennemis, mais parfois à nos amis. Il nous donne la force de nous sacrifier pour une cause qui nous dépasse… ou pour prendre des décisions ardues en sachant que nous pouvons seulement faire de notre mieux. Moins de moi, plus de Dieu. Et ensuite, d’avoir le courage d’admettre nos échecs et nos péchés tout en nous engageant à apprendre de nos fautes et en essayant de faire mieux… Certainement, durant le temps de cet immense privilège pour moi de servir comme président des Etats-Unis, c’est ce que la foi m’a apporté. Elle m’aide à faire face aux craintes quotidiennes que nous partageons tous ». Et le président de mentionner avec humour les inquiétudes liées au départ des grands enfants du foyer familial.

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(discours d’Obama à partir d’1h48)

 

« La foi m’aide à traiter des affaires qui sont propres à ma fonction »

 

« Chaque jour, nous craignons de ne plus avoir une vue claire du dessein de Dieu. Nous cherchons à voir comment nous nous inscrivons dans son projet. Et puis la foi m’aide à traiter des affaires qui sont propres à ma fonction. Comme Nelson Mandela l’a une fois déclaré : « J’ai appris que le courage n’était pas l’absence de la peur, mais la victoire par rapport à celle-ci. L’homme brave n’est pas celui qui n’éprouve pas la peur, mais celui qui la surmonte ». Et certainement, il y a des moments où je dois me répéter cela dans l’exercice de mes fonctions ».

Barack Obama évoque quelques défis qu’il a du affronter. « Comme chaque président, comme chaque dirigeant, comme chaque personne, j’ai connu la peur. Mais ma foi me dit que je n’ai pas à craindre la mort, que l’acceptation du Christ me promet la vie éternelle et le pardon des péchés. Si l’Ecriture m’enseigne à « porter la pleine armure de Dieu » pour que je sois capable de résister lorsque vient la tourmente, alors certainement je peux faire face à des aléas temporaires, certainement je puis combattre les doutes, je puis me mettre en action ».

 

« Ce que j’ai vu chez tant d’entre vous, ce Dieu que je vois en vous, cela me rend confiant dans l’avenir »

 

Mais la foi de Barack Obama n’est pas une foi solitaire. Elle s’inscrit dans une communion. « Et si ma foi vacille, si je perd mon chemin, je puise ma force, non seulement chez ma remarquable épouse, non seulement chez des amis et des collègues exceptionnels, mais aussi de tous ceux dont je suis témoin et qui, à travers ce pays et à travers le monde, de bonnes gens de toutes  confessions, réalisent chaque jour le travail du Seigneur en s’appuyant sur sa puissance, son amour et sa sagesse pour nourrir ceux qui ont faim, guérir les malades, enseigner nos enfants et accueillir l’étranger ». Barack Obama évoque des exemples d’action humanitaire entreprises  par des croyants à travers le monde, cette « marche d’espérance vivante » (« This march of living hope », ainsi dénommées par le Pape François.

Et puis, « il y a encore davantage : l’effort moins spectaculaire, plus tranquille des communautés croyantes simplement pour aider les gens. Voir Dieu dans les autres. Et nous sommes poussés à faire cela parce que nous croyons à  ce que tant de nos confessions de foi nous enseignent : Je suis le gardien de mon frère, je suis le gardien de ma sœur. Comme chrétiens, nous sommes poussés par l’Evangile de Jésus : le commandement d’aimer Dieu et de nous aimer les uns les autres ». Ainsi, « oui, comme chacun d’entre nous, il y a des moments où j’ai peur. Mais, ma foi, et encore plus ce que j’ai vu chez tant d’entre vous, ce Dieu que je vois en vous, cela me rend confiant dans l’avenir. J’ai vu tant de gens qui savent que Dieu ne nous a pas donné un esprit de peur. Il nous a donné puissance, amour et sagesse ».

 

Deux histoires qui nous parlent de foi, d’amour et de courage

 

Barack Obama achève son exhortation en racontant deux histoires qui nous parlent de foi, d’amour et de courage.

Il évoque ainsi un sergent fait prisonnier par l’armée allemande, avec d’autres soldats américains, pendant la dernière guerre mondiale. Les allemands voulaient identifier les soldats juifs. Au lieu de désigner ses camarades juifs, le sergent réunit tous les soldats et, malgré la menace de mort d’un officier nazi, il répéta : « Nous sommes tous juifs ». « Ainsi, à travers cette lumière morale, à travers un acte de foi, le sergent Edmonds a sauvé tous ses frères d’arme juifs ».

La seconde histoire est celle d’un musulman américain rencontré par Barack Obama lors de sa récente visite à la mosquée de Baltimore. Rami Nashashibi est travailleur social à Chicago où il collabore avec différentes communautés et églises. Il a raconté à Obama comment, se promenant dans un parc avec ses enfants, après la tuerie de San Bernardino commise par des terroristes islamistes, il avait hésité à prier publiquement selon le rite musulman des cinq prières quotidiennes. Sa fille lui avait demandé pourquoi il ne priait pas comme il le faisait habituellement. Alors, il s’était souvenu des nombreuses fois où il avait raconté à ses enfants la marche pour les droits humains et la justice, effectuée dans ce parc, par Martin Luther King et le rabbin Robert Marx. « Et alors, à ce moment, puisant du courage dans le souvenir de l’action de ces hommes de différentes religions, Rami a refuser d’enseigner la peur à ses enfants ». Il a déployé son tapis de prière et il a prié.

« Ces deux histoires », rapporte Barack Obama, « me donnent du courage et de l’espoir. Et elles m’édifient dans ma propre foi chrétienne ».

 

Ainsi, la prière de Barack Obama se déploie en communion avec tous ceux qui recherchent la paix, la justice, la bonté. C’est un état d’esprit qui fait écho à la parole d’une épitre : « Portez votre attention sur ce qui est bon et digne de louange, sur tout ce qui est vrai, respectable, juste, pur, agréable et honorable » (Philippiens 4.8). C’est une prière qui  fortifie et qui porte une dynamique de vie. « Je prie pour que nos dirigeants agissent toujours avec humilité et générosité. Je prie pour que mes défaillances soient pardonnées. Je prie pour que nous remplissions notre devoir d’être de  bons serviteurs de la création de Dieu, cette belle planète. Je prie pour que nous voyons chaque enfant comme si c’était le nôtre, chacun digne d’amour et de compassion. Et je prie pour que nous répondions à l’appel de l’Ecriture à aider les gens  vulnérables à se relever, à tenir bon en faveur de la justice et à agir pour que chaque être humain vive dans la dignité ».

 

J H

 

(1)            Sur YouTube : President Obama speaks at the National Prayer Breakfast (intervention à la fin de cette rencontre) : https://www.youtube.com/watch?v=ifvN7JDpkXw

Texte de l’intervention : The White House. Remarks by the President at the National Prayer Breakfast : https://www.whitehouse.gov/the-press-office/2016/02/04/remarks-president-national-prayer-breakfast-0 Pour faciliter l’accessibilité de ce texte aux francophones, nous proposons ici des extraits adaptés en français

(2)            Sur ce blog : « La rencontre entre le Président Obama et le Pape François » : https://vivreetesperer.com/?p=2192

 

Voir aussi :

«  Charleston : face aux fanatismes, un message qui s’adresse au monde entier » : https://vivreetesperer.com/?p=2117

« De Martin Luther King à Obama » : https://vivreetesperer.com/?p=2065

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