Etre proche les uns des autres, c’est être attentif à ce que vit autrui jusque dans son ressenti.. C’est la vertu de l’empathie.
Qu’est ce que l’empathie ? Le mot est construit de em (dedans) et pathie (en grec, ce qu’on éprouve). Le mot vient de l’anglais où il est apparu en 1904 pour traduire le terme allemand : einfuhlung. Selon le dictionnaire Robert, l’empathie est « un terme didactique de philosophie et de psychologie qui désigne la capacité de s’identifier à autrui, de ressentir ce qu’il ressent ». Nous savons par expérience combien il est bon de se savoir accueilli, reconnu, rejoint affectivement. Nous savons aussi que cette écoute empathique n’est pas communément répandue. Dans certaines situations, on en ressent le manque.Alors, c’est une bonne nouvelle d’apprendre que l’empathie devient aujourd’hui un centre d’intérêt majeur.
Un livre de Jérémie Rifkin vient de paraître à ce sujet : « Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie » (1). L’empathie nous dit-il, facilite la sociabilité. « Pour qu’il y ait une société, il faut être sociable, il faut être empathique ». Expert en sciences sociales et en prospective, Jérémie Rifkin nous montre une reconnaissance croissante des vertus de l’empathie au cours des dernières décennies. Il a fallu pour cela franchir des obstacles comme une représentation négative de la nature humaine, l’individualisme matérialiste incarné par Sigmund Freud, la méconnaissance de l’importance de la vie relationnelle chez le petit enfant. Aujourd’hui, la mise en évidence de « neurones miroirs » chez l’homme et certains animaux est une découverte majeure. Ces neurones permettent d’appréhender l’esprit des autres, « comme si » leurs pensées et leurs comportement étaient les nôtres. Ainsi « nous sommes équipés pour l’empathie . C’est notre nature et c’est ce qui fait de nous des êtres sociaux » (p. 83).
Mais si cette capacité figure dans le potentiel humain, son, exercice requiert un milieu social favorable. Dans une fresque historique, Jérémie Rifkin retrace les obstacles opposés à l’empathie et il nous assure que l’environnement culturel est aujourd’hui globalement de plus en plus favorable à la manifestation de l’empathie. Et c’est heureux parce que dans la trame de la vie quotidienne, l’empathie soutient l’expérience humaine. Mais c’est aussi une nécessité majeure, car pour réaliser une économie en phase avec les requêtes de l’écologie, il faut inventer un nouveau genre de vie beaucoup plus convivial.
Cette annonce d’un progrès de l’empathie nous renvoie également à la lecture des évangiles où cette disposition est constamment présente chez Jésus. Elle est aussi donnée en exemple comme c’est le cas dans la parabole du « bon samaritain » où l’homme secourable est ému de compassion (Luc 10/ 25-37).
Et nous, dans la diversité de nos itinéraires et de nos conditions de vie, comment vivons nous une expérience empathique ?
JH
Rifkin (Jérémie). Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie. Les liens qui libèrent, 2011.Sur le site de Témoins : Vers une civilisation de l’empathie. A propos du livre de Jérémie Rifkin.Apports, questionnements, enjeux