Espérer, c’est voir l’amour divin à l’œuvre

Dans un temps où l’on a souvent du mal à trouver des raisons d’espérer, ceux qui mettent leur confiance dans le Dieu de la Bible ont plus que jamais le devoir de « justifier leur espérance devant ceux qui (leur) en demande compte » (1 Pierre 3,15). A eux de saisir ce que l’espérance de la foi contient de spécifique, pour pouvoir en vivre.

 

Or, même si, par définition, l’espérance vise l’avenir, pour la Bible elle s’enracine dans l’aujourd’hui de Dieu. Dans la Lettre 2003, frère Roger le rappelle : « (La source de l’espérance) est en Dieu qui ne peut qu’aimer et qui nous cherche inlassablement » (1)

 

Dans les Ecritures hébraïques, cette Source mystérieuse de la vie que nous appelons Dieu se fait connaître parce qu’il appelle les humains à entrer dans une relation avec lui : il établit une alliance avec eux. La Bible définit les caractéristiques du Dieu de l’alliance par deux mots hébreux : hased et emet (par ex : Exode 34,6 ; Psaume 25,10 ; 40, 11-12 ; 85, 11). En général, on les traduit par « amour » et « fidélité ». Ils nous disent, d’abord, que Dieu est bonté et bienveillance débordantes pour prendre soin des siens et, en deuxième lieu, que Dieu  n’abandonnera jamais ceux qu’il a appelés à entrer dans sa communion.

 

Voilà la source de l’espérance biblique. Si Dieu est bon et s’il ne change jamais son attitude ni ne nous délaisse jamais, alors, quelles que soient les difficultés –si le monde tel que nous le voyons est tellement loin de la justice, de la paix, de la solidarité et de la compassion- pour les croyants, ce n’est pas une situation définitive ; dans leur foi en Dieu, les croyants puisent l’attente d’un monde selon la volonté de Dieu ou, autrement dit, selon son amour.

 

Dans la Bible, cette espérance est souvent exprimée par la notion de promesse. Quand Dieu entre en rapport avec les humains, cela va de pair en général avec la promesse d’une vie plus grande. Cela commence déjà avec l’histoire d’Abraham : « Je te bénirai, dit Dieu à Abraham. Et par toi se béniront toutes les familles de la terre » (Genèse 12, 2-3).

 

Une promesse est une réalité dynamique qui ouvre des possibilités nouvelles dans la vie humaine. Cette promesse regarde vers l’avenir, mais elle s’enracine dans une relation avec Dieu qui me parle ici et maintenant, qui m’appelle à faire des choix concrets dans ma vie. Les semences de l’avenir se trouvent dans une relation présente avec  Dieu.

 

Cet  enracinement dans le présent devient encore plus fort avec la venue de Jésus le Christ. En lui, dit Saint Paul, toutes les promesses de Dieu sont déjà une réalité (2 Corinthiens 1,20).  Bien sûr, cela ne se réfère pas uniquement à un homme qui a vécu en Palestine il y a deux mille ans. Pour les chrétiens, Jésus est le Ressuscité qui est avec nous dans notre aujourd’hui . « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin de l’âge » (Matthieu 28.20.

 

 

Un autre texte de saint Paul est encore plus clair.

« L’espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné » (Romains 5, 5). Loin d’être un simple souhait pour l’avenir sans garantie de réalisation, l’espérance chrétienne est la présence de l’amour divin en personne, l’Esprit Saint courant de vie qui nous porte vers l’océan d’une communion en plénitude.

 

Texte publié sur le site de Taizé

 

(1)            Cette réflexion sur l’espérance chrétienne est la première partie d’un texte sur l’espérance publié sur le site de Taizé : http://www.taize.fr/fr_article1080.html  .  Nous avons pensé la comuniquer sur ce blog, car elle est formulé en termes très accessibles, et nous y trouvons une consonance avec certains accents de la théologie de l’espérance qui est proposée par Jürgen Moltmann et appréciée dans ce blog . Les accentuations en gras ont été ajoutées par l’animateur de ce blog.

Vivre en harmonie avec la nature

Écologie, théologie et spiritualité

 

Face aux menaces qui pèsent aujourd’hui sur la nature, une conscience écologique est apparue et se développe aujourd’hui. Ce mouvement appelle et comporte une dimension spirituelle. Car la crise que connaît la nature est liée aux comportements humains et donc aux représentations qui en sont l’origine.

 

Dans un entretien entre le Dalaï Lama et Stéphane Hessel récemment publié sous le titre : « Déclarons la paix ! Pour un progrès de l’esprit. » (1), le problème est abordé d’emblée. Stéphane Hessel exprime le malaise occidental dans une interprétation du facteur religieux : « Dans la foi chrétienne et juive, Dieu a donné pour mission aux êtres humains de nommer les objets de la nature, de dire : ceci est une forêt, cela est un arbre… Je ne crois pas que ce soit la bonne approche. L’homme n’est pas le maître de la nature. Il en est seulement une composante. Et, à  partir de là, on peut penser que l’esprit qui prévaut dans le monde n’est pas seulement l’esprit de l’homme. L’homme peut le capter en partie, mais l’esprit ne lui appartient pas à lui seul » (p 11).

Ce questionnement nous amène à nous interroger sur la manière dont les textes bibliques ont été interprétés à travers le temps et quelle est leur véritable signification. C’est la tâche qui a été entreprise depuis plusieurs décennies par le théologien Jürgen Moltmann (2) qui a trouvé en France un « passeur » et un médiateur, en la personne d’un écologiste chrétien, Jean Bastaire, à travers la publication d’une anthologie de textes intitulée : « Le rire de l’Univers. Traité de christianisme écologique » (3).

Comment vivre en harmonie avec la nature ? Dans un livre récent : « Ethik der Hoffnung » (2010), traduit et publié en anglais en 2012 sous le titre : « Ethics of hope » (4) (Éthique de l’Espérance), Jürgen Moltmann nous présente une réflexion éthique dans la vision de l’Espérance chrétienne. Ce livre consacre trois grandes sections à l’éthique de la vie, à l’éthique de la terre et à l’éthique de la paix.

Dans son approche des rapports de l’homme et de la nature, il nous appelle à passer « de la domination à la communauté » (p 66-69).

 

Sortir de la domination.

        

         « La crise que nous vivons n’est pas seulement une crise écologique. Elle ne peut être résolue seulement par la technologie. Une inversion dans nos convictions et nos valeurs fondamentales est nécessaire tout comme une inversion dans notre manière de vivre ».

Il importe d’examiner et de corriger les déviations qui sont intervenues dans nos représentations religieuses en provoquant des effets néfastes sur nos manières de vivre et sur nos comportements.

En effet, « En Europe occidentale, depuis la Renaissance, Dieu a été envisagé de plus en plus à sens unique comme le « Tout puissant ». L’omnipotence est devenue un attribut prééminent de la Divinité. Dieu est le Seigneur et maître, le monde est sa propriété et Dieu peut y faire tout ce qu’il lui plait. Dans la tradition occidentale, Dieu est entré de plus en plus dans la sphère de la transcendance et le monde a alors été perçu comme purement immanent et terrestre. Le monde a perdu le mystère qui entoure la création divine… Cette révolution a entraîné la sécularisation du monde et de la nature ».

Ce changement dans la représentation dominante de Dieu a engendré une transformation de la représentation de l’homme dans son rapport avec la nature : « Comme image de Dieu sur la terre, l’être humain a été amené à se voir lui-même en correspondance comme maître et seigneur, à s’élever au dessus du monde devenu un objet passif et à le subjuguer ».

Or, de fait, l’humanité fait partie de la création. Le monde humain s’inscrit dans une dimension cosmique plus large dont la vie sur la terre dépend et dans l’évolution de tous les êtres vivants » (p 139).

Notre appréciation des rapports entre l’humanité et la nature dépend ainsi pour une large part de la représentation que nous avons de Dieu.

 

Entrer dans une communauté.

 

Jürgen Moltmann nous appelle à entrer dans une représentation de Dieu « trois en un » (« triune ». « Ce Dieu là n’est pas un Dieu solitaire et dominateur qui assujettit toute chose. C’est un Dieu relationnel et capable d’entrer en relation, un Dieu en communion (« fellowship God »). Comme dit la Parole : « Dieu est amour ». L’ancienne doctrine de la Trinité était une interprétation de cette expérience

Dans cette perspective, les comportements humains vont changer en conséquence : « Les êtres humains vont également entrer en communion (« fellowship »). L’image de Dieu sur terre n’est plus un individu solitaire, mais une vraie communauté humaine. Ce ne sont plus des éléments de la création pris individuellement qui reflètent la sagesse et la beauté de Dieu. C’est la communauté de la création dans son ensemble ».

Dans son livre : « L’Esprit qui donne la vie » (5), Jürgen Moltmann a montré l’œuvre créatrice accomplie par l’Esprit de Dieu. « La perception de l’Esprit divin en toutes choses engendre une vision nouvelle du monde. Si l’Esprit de Dieu est engagé dans toute la création, alors l’Esprit divin oeuvre en faveur de l’unité et de la communauté de toutes  les créatures entre elle et avec Dieu. La vie est communauté. La trame des relations mutuelles est suscitée par l’Esprit divin qui, à cet égard, peut aussi être appelé l’ « Esprit cosmique ».

Nous voici devant une compréhension renouvelée de la nature, une compréhension écologique. « C’est un paradigme nouveau de la communauté, de la culture et de la nature dans une communication caractérisée par la réciprocité ». « Dans l’eschatologie chrétienne, telle que nous la trouvons dans l’épître aux Éphésiens et l’épître aux Corinthiens, l’œuvre de Dieu en Christ, la christologie unit ensemble le destin de l’humanité avec le destin du cosmos dans la vision de la nouvelle création ».

 

Ainsi, tel que Jürgen Moltmann l’expose dans le chapitre 9 de « Ethics of hope », consacré à la dimension écologique, nos combats actuels pour la protection de la nature (6) et pour le développement de l’écologie s’inscrivent dans une grande perspective et dans une grande vision. Apprenons à vivre en harmonie avec la nature.

J H

 

(1)            Dalaï-Lama,  Stéphane Hessel. Déclarons la pais ! Pour un progrès de l’Esprit. Indigène éditions, avril 2012.

(2)            On trouvera une présentation de la vie et de la pensée de Jürgen Moltmann, ainsi que des textes introduisant à certains aspects de cette pensée sur le site : « L’Esprit qui donne la vie » http://www.lespritquidonnelavie.com/

(3)            Moltmann (Jürgen). Le rire de l’univers. Traité de christianisme écologique. Anthologie réalisée et présentée par Jean Bastaire. Cerf, 2004. Les textes sont issus de grandes œuvres de Moltmann parues au Cerf : Dieu dans la création ; Trinité et Royaume de Dieu ; Jésus, le Messie de Dieu ; La venue de Dieu.  Voir sur le site : l’Esprit qui donne la vie, une présentation de la pensée de Moltmann sur la création : « Dieu dans la création » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=766

(4)            Moltmann (Jürgen). Ethics of hope. Fortress Press, 2012

(5)            Moltmann (Jürgen). L’Esprit qui donne la vie. Cerf, 1999 « La possibilité de reconnaître l’œuvre de Dieu en toutes choses et toutes choses en Dieu a pour fondement théologique la compréhension de l’Esprit de Dieu comme puissance de création et comme source de vie. « C’est le souffle de Dieu qui m’a fait, l’inspiration du Puissant qui me fait vivre » dit Job (Job 33.4). (p 60)

Sur le blog : Vivre et espérer : « Pour une conscience écologique. Une expérience de terrain » https://vivreetesperer.com/?p=694

Bonté et beauté en partage

http://www.helenexley.fr/home/wp-content/uploads/2016/12/Messages-damour-Un-cadeau-%C3%A0-colorier_9782873889036.-450x450.jpgLes petits livres Exley (1)

Oui, dans ce monde troublé où le mal se fait beaucoup voir, nous avons besoin d’entendre des voix positives, celles qui nous parlent de bonté, de beauté et de vérité. Lorsque l’ombre se propage, nous avons besoin de regarder vers la lumière et d’y trouver réconfort pour notre cœur et encouragement pour notre conduite. Dans tout ce qui peut paraître chaotique, nous avons besoin de points de repère qui nous rappellent les va         leurs fondamentales. En s’adressant jadis aux chrétiens de Philippes (Epître aux Philippiens 4/8), Paul leur écrivait : « Que tout ce qu’il y a de vrai, de noble, d’honorable, ce qui a une réelle valeur et ce qui est juste, pur et digne d’être aimé, occupe vos esprits. Tendez vers tout ce qui s’appelle vertu et mérite louange ». Ces paroles peuvent être entendues par tous ceux qui, aujourd’hui, savent ou pressentent que la voix de la conscience est aussi le chemin du bonheur.

 

Les livres cadeaux Exley

Les livres cadeaux, signés Helen Exley, répondent à ces aspirations. Car ils apportent des paroles de sagesse capables d’inspirer un genre de vie. Et ils sont là pour être partagés, échangés dans des gestes d’amitié. « Vos pensées, si pleinement chargées de sens, si émouvantes dans les mots et dans les sentiments, sont un secret de bonheur et de paix » écrit ainsi une lectrice. « Nous ne finirons jamais de les méditer et de les approfondir. Ce sont d’infinis trésors d’amour et de sagesse. Elles nous permettent de nous relever, de rouvrir les yeux sur un nouvel horizon, de sortir de nos découragements, de nos peurs, de nos révoltes, de garder grandeur et dignité et de nous attacher à rechercher les valeurs essentielles de la vie ». (Emmanuelle Z).

Ecoutons ce que nous dit Helen Exley sur la manière dont elle crée les livres paraissant dans ses collections. « Je pense à toutes celles et à tous ceux qui liront les citations que je rassemble. La radio joue en sourdine. Je m’assieds de façon à pouvoir regarder les arbres et le jardin. Ce sont les arbres, surtout, qui me donnent le sens de la beauté, la certitude d’appartenir au monde. Les citations m’interpellent à titre personnel. Je les dispose en fonction de mes émotions et de mes sentiments. Je les lis toutes pour choisir le plus exactement l’idée voulue. Je ne choisis pas une citation en fonction de son auteur. Je choisis celle qui traduit le mieux une émotion ».

Effectivement, les citations proviennent d’auteurs très variés quant à l’époque, la nationalité, l’activité, la sensibilité religieuse ou philosophique.

Reportons-nous par exemple au petit livre : « Parlez-moi de joie ». En voici quelques citations.

« Comme c’est merveilleux, absolument merveilleux, je le redis, vraiment merveilleux ; ensuite vient l’allégresse muette » (William Shakespeare 1564-1616).

« La joie est le fruit naturel d’un cœur brûlant d’amour » (Mère Thérésa 1910-1997).

« Etre capable de trouver sa joie dans la joie de l’autre : voilà le secret du bonheur » (Georges Bernanos 1888-1948).

« Ce que je vis fut l’allégresse générale : chaque chose semblait renvoyer le même sourire au monde » (Dante 1265-1321).

« Lorsque tu atteindras le cœur de la vie, tu trouveras la beauté en toute chose » (Kahlil Gibran 1883-1931).

« Le soleil ne luit pas pour deux ou trois arbres, mais pour la joie du monde entier » (HenryWard Beecher).

« Les justes jubilent devant la face de Dieu. Ils exultent et dansent de joie » (Psaume 68).

« Avant tout, n’oublions pas qu’un acte de bonté est en lui-même un acte de bonheur. C’est la fleur d’une longue vie intérieure de joie et de contentement » (Maurice Maeterlinck 1862-1949).

 

Des collections porteuses de valeurs.

A travers ces extraits, nous voyons combien la recherche de sens est première. Et, comme l’éventail des collections en témoigne, cette recherche de sens porte des valeurs.

En effet, certains thèmes sont privilégiés. Ce sont les sentiments d’affection qui s’expriment dans toute la gamme des relations familiales : époux, parents, enfants, grands parents…et aussi des événements familiaux : mariages, naissances, anniversaires. Quelques titres : Ma fille, ma joie. Un bébé, quel bonheur ! Mères et filles. Les grands mères. A mon cher papa. Et, sur un registre comparable, l’amitié est exaltée dans de nombreuses parutions. Bref, la relation est au premier plan.

Une grande attention est portée également aux qualités de l’être, aux vertus, à la profondeur de l’existence : les valeurs : lumière de la vie. Sagesse pour notre temps. Parlez-moi de bonté, de beauté, de simplicité, de compassion, de courage, d’espoir, de joie…

Plus généralement, il y a ici la proposition et la recherche d’un genre de vie s’exprimant dans la profondeur et l’harmonie : La grâce du moment présent. Prendre le temps de vivre. Suivre son chemin. Le bonheur existe.

Dans ces collections, on parle aussi de diverses occupations, source de bien être : les sports, les animaux domestiques…

Quelle agréable diversité ! Quelle fraîcheur aussi dans l’expression ou l’humour est bien présent !

Ces livres se caractérisent également par la qualité de leur présentation. Chaque citation est accompagnée par une photo, un dessin, une aquarelle, une reproduction d’œuvre d’art. Il y a vraiment une recherche de la beauté des formes dans des styles qui se diversifient actuellement en fonction de l’évolution des sensibilités. L’éditeur a acquis un savoir faire qui permet l’expression de la pensée dans un écrin ou se conjuguent la beauté de l’illustration et une ingéniosité technique particulièrement à l’œuvre dans certaines collections comme les tout-petits-livres.

 

L’inspiration biblique et la sagesse des nations.

Au départ de cette présentation, nous avons évoqué une parole de Paul dans l’épître aux Philippiens (Phil 4/8). Paul adopte et met en valeur le positif de son environnement culturel.

Dans une introduction à la lecture de la Bible (2), un grand bibliste britannique, N.T.Wright, montre comment le Nouveau Testament se développe dans une relation de dialogue avec la culture de l’époque. Si un tri est à opérer, les valeurs positives sont retenues et mises en valeur. Dans l’épître aux Romains, « Paul peut reconnaître un lien profond entre les perceptions du bien et du mal qui existe dans le monde et celles auxquelles l’Eglise chrétienne peut adhérer » (4).

La même réalité est observable dans l’Ancien Testament.

Pasteur baptiste, engagé dans la Société Biblique britannique, David Spriggs a publié un article remarquable sur cette question (5).

Il y montre l’importance des textes de sagesse dans l’Ancien Testament : Proverbes, Job, Ecclésiaste, mais aussi : Psaumes, Ruth, l’histoire de Joseph… « A travers la tradition biblique, il est juste de considérer la sagesse comme une des voies principales dans laquelle Israël reconnaissait ses liens avec les cultures environnantes et essayait d’en explorer les implications…  La sagesse hébraïque n’est pas une création isolée en Israël. Au contraire, elle s’inscrit dans une grande tradition intellectuelle qui a été élaborée pendant des siècles à travers les pays du Croissant Fertile ».

Il se trouve qu’au XIXè siècle, nous dit David Spriggs, l’importance de la sagesse dans l’Ancien Testament a été de plus en plus méconnue. A cette époque, dans l’environnement du positivisme, on s’est éloignée d’une théologie de la création. L’accent a été mis sur l’histoire. On s’est attaché à ce qui était unique dans la foi d’Israël, et finalement, cette particularité est devenue le principal indicateur de la Révélation. L’approche de la sagesse a ainsi été marginalisée. Et, dans le même temps, on a surévalué tout ce qui différenciait la religion chrétienne par rapport à ce qui est fondamentalement humain à l’intérieur d’une bonne société.

David Spriggs nous rappelle que, pour Israël, le fondement de la sagesse réside dans la création. Dieu a créé le monde entier et tous les peuples du monde. Le monde lui appartient et ainsi « les structures profondes qui sous-tendent une vie réussie, tant sur le plan personnel et familial que sur le plan communautaire et international, sont inscrites par Dieu dans le monde… Bien qu’il y ait là une réalité mystérieuse, ces structures (la manière dont les choses marchent le mieux) sont plus ou moins accessibles à celui qui est à leur recherche. Ceux qui connaissent Dieu à travers une Révélation spéciale (c’est à dire dans l’Ancien Testament, les Israélites) seront en principe davantage capables de percevoir avec clarté les marques de Dieu dans les structures de la vie ordinaire. D’où la pensée que la révérence pour Dieu est le commencement de la sagesse. Dans cette perspective, la sagesse devient un pont entre le peuple particulier d’Israël marchant dans son alliance avec Dieu et les autres peuples ».

Cette analyse éclaire la situation d’aujourd’hui. La perte de la dimension biblique de la sagesse  a des conséquences sensibles. Elle va de pair avec une surestimation des différences entre l’Eglise et la société environnante et, en conséquence, une séparation croissante entre ces deux univers. Dans cette perspective, certaines communautés chrétiennes s’enferment dans un univers religieux plutôt que de s’engager dans la société en réponse à l’appel d’en être le sel et la lumière. La sagesse présente dans la Bible est là pour nous aider à nous engager dans la vie humaine ordinaire. Elle donne la capacité de trouver et de suivre la voie de Dieu dans un monde difficile et aussi d’aider les autres à découvrir cette voie.

 

Les petits livres Exley . Un apport spirituel.

Cette réflexion biblique nous dit combien la sagesse est précieuse.

Les choix des collections Helen Exley ne sont évidemment pas la conséquence d’une orthodoxie religieuse. Mais des chrétiens peuvent y reconnaître des valeurs avec lesquelles ils sont en affinité. Ces livres nous parlent de sagesse dans une vie humaine ordinaire. On peut y voir une action de l’Esprit en train de construire des ponts et de susciter l’émergence d’une sagesse, à partir de différentes cultures et d’un vaste ensemble de pensées issues d’une littérature internationale.

Jésus nous donne un critère de discernement : juger l’arbre à ses fruits. Manifestement, ces livres contribuent à une élévation de la pensée. Ils encouragent. Ils réconfortent. Ils incitent à aimer. Bien sûr, il appartient au lecteur d’évaluer, pour lui–même,  les paroles reçues, d’exercer un discernement. Mais il y a dans ces collections un éclairage à ne pas ignorer. Voilà des ressources qui correspondent aux aspirations de personnes engagées dans une quête spirituelle. Et elles sont disponibles pour exprimer un geste d’amitié. Quel cadeau !

J H

(1)            Site internet : www.helenexley.fr  Voilà plus de trente ans que, depuis l’Angleterre, Helen Exley crée de « beaux-petits-livres-cadeaux » : recueils de citations, de petits textes courts de paroles de sagesse ou livres d’humour. Depuis vingt ans, en collaboration avec Helen Exley, ces livres sont adaptés en langue française, enrichis par des textes francophones et diffusés par une maison d’édition belge. Une partie du catalogue accessible sur le site.

(2)             N.T.Wright. Scripture and the authority of God. SPCK. 2005.

« The New Testament stands in dialogical relation with all human culture ». (p.43-44).

(3)            David Spriggs. The Bible as wisdom today : a key to cultural engagement ? The Bible in Transmission, summer 2004, p.13-15.

Un chemin de bonheur. Les écrits de Marcelle Auclair

Le bonheur, est-ce bien pour nous ? Et si nous étions happés dans la spirale de nos maux intérieurs, nos agressivités retournées contre nous-mêmes qui donnent de la voix ? Et si les grands massacres qui hantent l’histoire étaient le dernier mot, une mémoire interminable, irrémédiable ? (1) Mais alors, nous livrons à la mort la clé de nos vies. En regard, il existe bien un autre horizon. Dans une perspective chrétienne, Dieu intervient pour nous proposer une dynamique de vie. Cela implique un choix : « J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité » (Deutéronome 30.19). Et Dieu nous invite à entrer dans des projets de bonheur et non de malheur (Jérémie 29.11).

Alors, dans quel état d’esprit sommes-nous lorsque nous considérons la vie dans laquelle nous sommes engagés ? Les découvertes de la psychologie nous ont appris que nos représentations influaient sur nos comportements et toute notre personnalité (2). De même, nous sommes influencés par l’environnement dans lequel nous évoluons et avec lequel nous vivons en interaction.  Quel va être notre regard ?

 

Une approche pionnière.

Il y déjà plusieurs décennies, la journaliste Marcelle Auclair a ouvert pour nous la voie nouvelle d’un savoir-être et d’un savoir-faire qui reste aujourd’hui étonnamment actuelle et pertinente. Elle a su allier une inspiration spirituelle chrétienne et une attitude innovante dans un contexte où commençait à émerger un nouveau genre de vie qu’elle était bien placée pour apprécier puisqu’à « Marie Claire », elle a été une pionnière du journalisme féminin. C’est une place de choix pour observer et pour parler. Ainsi va-t-elle écrire deux livres : « Le bonheur est en vous » et « La pratique du bonheur » qui sont aujourd’hui rassemblés dans un ouvrage publié au Seuil : « Le livre du bonheur ».

Ce sont des écrits qui anticipent la dimension holistique avec laquelle nous sommes aujourd’hui plus familiers. Ce sont des textes qui prennent appui sur des exemples concrets pour énoncer des principes de vie et proposer leur mise en oeuvre à travers des attitudes pratiques. Et, déjà, nous sommes en présence d’une approche spirituelle qui n’impose pas une doctrine religieuse et respecte les cheminements de chacun.

 

Bien penser pour bien vivre.

Voici donc quelques aperçus empruntés aux premiers chapitres. On pourra ensuite poursuivre la réflexion  à travers la lecture de l’ouvrage.

 

En premier, Marcelle Auclair met l’accent sur « une loi essentielle : la pensée crée. La parole crée »… « La pensée, la parole, la lumière de même que le son forment des vibrations toutes puissantes » (p. 11). Nos habitudes de pensées ou de paroles positives ou négatives ont donc des conséquences. « Branchez-vous sur les ondes du bonheur », nous dit Marcelle Auclair.

 

Et si la pensée crée, elle a aussi un pouvoir d’attraction : « Qu’est-ce que la loi d’attraction ? C’est la loi d’amour… Les vibrations identiques s’attirent, s’unissent et se renforcent mutuellement ». Ce n’est pas un vain mot de dire d’un idéal, d’un sentiment qu’ils sont « élevés » ou qu’ils sont « bas ». Le langage traduit exactement la vérité : une pensée d’espoir, d’amour dégagée de tout égoïsme… crée en nous des vibrations hautes qui se joignent à toutes les vibrations analogues et forment avec elles une émission puissante… Eprouvons-nous une « dépression ». Nos vibrations s’abaissent et rien d’heureux, d’harmonieux ne se trouve plus dans notre champ d’attraction. »

 

« Les croyants ont une façon souveraine de hausser les vibrations défaillantes : la prière, l’appel à un Dieu de bonté, l’abandon à sa volonté qui est joie et abondance… » (p.15)

Non seulement, la parole a des conséquences et en quelque sorte « crée », mais il existe également une « force créatrice à notre usage ». Ne nous épuisons donc pas dans une œuvre purement volontaire. Apprenons à recevoir (p.39). L’auteure nous parle du « guide intérieur » évoqué par Marc Aurèle, un empereur romain philosophe, mais non croyant. C’est une belle expression, qui, pour les chrétiens,  évoque le Saint Esprit.  « Prier, ce n’est pas émouvoir une divinité plus ou moins hautaine ou sévère… C’est nous disposer, nous, à recevoir ce qui nous revient du flot inépuisable de l’abondance suprême. Il n’y a rien de surnaturel, c’est la loi. » (p.30) (3)

 

Avec Marcelle Auclair, nous entrons dans un état d’esprit. Partageons ensemble nos questions et nos expériences à ce sujet.

 

JH

 

(1)               Sur cette question, Jürgen Moltmann nous apporte un éclairage libérateur ; Voir : « Délivre-nous du mal » sur le site : www.lespritquidonnelavie.com

(2)               L’influence de l’esprit humain sur le corps est remarquablement mise en évidence par Thierry Janssen dans un livre particulièrement innovant puisqu’à partir d’un bilan de la recherche, incluant l’apport des grandes civilisations de l’Asie, il présente les bases d’une nouvelle médecine du corps et de l’esprit. Nous reviendrons sur cette nouvelle approche, celle notamment de la médecine de terrain trop méconnue en France. Le livre (Janssen (Thierry) La solution intérieure. Fayard, 2006) est présenté dans un article paru sur le site de Témoins : « Vers une nouvelle médecine du corps et de l’esprit » http://www.temoins.com/developpement-personnel/vers-une-nouvelle-medecine-du-corps-et-de-l-esprit.guerir-autrement.html

« Méditer avec Marcelle Auclair ». Site de Témoins (Ressourcement) http://www.temoins.com/ressourcement/mediter-avec-marcelle-auclair-le-bonheur-cest-possible.html

Guérison, libération. La vie d’Odile Hassenforder a changé

Une expérience fondatrice dans  la mouvance de l’Esprit.

 

Dans le désarroi existentiel, une parole de l’Evangile vient à notre rencontre pour nous permettre de trouver ou de retrouver, à travers les mots de Pierre, la relation avec Jésus qui donne sens et paix : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6.68). Et lorsque nous sommes pressé par la maladie, les paroles et les actes de Jésus dans l’Evangile ouvrent pour nous une espérance mobilisatrice. Dans son livre : « Sa présence dans ma vie », Odile raconte une expérience qui a changé sa vie et dans laquelle guérison et libération sont étroitement associées. A travers la vision spirituelle qui en est résultée, cette expérience fondatrice a accompagné toute sa vie (1). Odile a écrit plusieurs récits de cette expérience vécue en 1973. Nous présentons ici l’un d’entre eux, publié en 1985 dans le bulletin : Témoins. Ce texte nous communique le vécu et le ressenti de cette expérience, mais, en même temps, il nous apporte des paroles bibliques en échos et en éclairage. L’annonce qui lui a ouvert les portes de la vie a été pour elle source de liberté en lui offrant un choix. « Pourquoi ne la transmettrais-je pas aux autres ? Du reste, annoncer, informer, proposer, ce n’est pas imposer ; c’est vraiment au fond de lui-même (le cœur dont parle la Bible) que chacun décide » (Evangile de Marc 4.1-9) ;

 

Recoller les morceaux. 

            Je continue à dire aujourd’hui que j’ai beaucoup de chance d’avoir découvert Dieu agissant dans ma vie. Ce jeudi d’octobre 1973, j’ai reçu au plus profond de mon être la vie en Jésus-Christ qui m’a sauvée, guérie, baptisée en son Esprit Saint (Evangile de Matthieu 3.11) ;

 

A cette époque, je sentais ma personnalité m’échapper, se dissocier au point où je n’arrivais plus à rédiger un chèque ou à compter ma monnaie. Ecrire un rapport devenait un supplice car, à certains moments, je ne contrôlais plus ma pensée Je sombrais de plus en plus malgré la psychanalyse, divers traitements et même l’aide fraternelle.

 

Me rappelant une phrase de l’Evangile, j’ai hurlé à Jésus : « Si vraiment tu es la vie, donne-moi le goût à la vie (Jean 14.6). Et en moi a jailli une source de vie, d’énergie, d’amour, de joie. (Jean 4.4 ; Galates 5.22).

 

Cette réponse n’a pas été immédiate car, je l’ai compris depuis, il ne suffit pas de demander, il faut saisir la promesse de Jésus (Jean 7.37).

 

Un chrétien rencontré en vacances, m’a dit que Jésus guérissait aujourd’hui comme en Palestine durant sa vie terrestre : invisible mais réel pour ceux qui croient. J’ai posé un tas de questions, j’avais du mal à le croire, mais je ne l’ai pas oublié. Trois mois plus tard, j’ai failli provoquer un accident : je voyais le feu rouge sans pouvoir réagir à ce signal et une voiture a coupé ma route à vive allure puisque le feu était vert pour elle ! Ce jour-là, j’ai réfléchi : je peux continuer à essayer de m’en sortir tout en sachant que je risquais fort de glisser davantage dans le gouffre et la folie. Par ailleurs, je sais maintenant que Jésus guérit. J’ai donc le choix entre deux chemins. Depuis des années, je lutte désespérément pour mon fils, mon mari et puis… j’ai envie de vivre tout simplement. Alors j’ai choisi la vie (Deutéronome 30.15) et j’ai téléphoné à la seule personne convaincue et expérimentée que je connaissais.

 

Il n’était plus question de discuter. J’ai demandé la prière. Je l’ai même demandé cinq fois durant cette semaine, car je retombais dans une dépression profonde après avoir reçu une énergie peu commune (Jean 6.27 ; Luc 11.13). J’avais vraiment décidé de vivre et je m’accrochais. Je remettais toute ma vie concrète à Jésus pour qu’il la transforme positivement.En sortant d’une réunion de prière, où j’ai eu la conviction intérieure que j’allais guérir, j’ai réalisé, au moment de m’endormir, que mon être éclaté reprenait son unité. Chaque morceau prenait sa place comme un puzzle terminé. Je me trouvais totalement dans la réalité et je découvrais en même temps, un univers inconnu de moi auparavant (Job 42.5) dans lequel, en harmonie avec moi-même et avec mon environnement, je prenais naissance dans la joie et dans la paix (Jean 3.3 ; 2 Corinthiens 5.17). Je rentrais dans le royaume de Dieu (Romains 14.17) et l’Eglise  spirituelle de Jésus-Christ (Jean 1. 13 ; Matthieu 16.17).

 

Je me suis mise à lire la Bible, le Nouveau Testament d’abord. Je devrais dire « dévorer », car toutes ces paroles résonnaient en moi d’évidence et je disais : c’est bien ça, c’est vrai, c’est ce qui m’arrive ! (Jean 16.13). Simultanément, je débordais d’amour même pour des collègues qui m’avaient fait des « crasses » dans mon travail. Cette bonne nouvelle  de Jésus ressuscité, je la racontais à qui voulait l’entendre. Cette annonce a été pour moi source de liberté en m’offrant un choix. Pourquoi ne la transmettrais-je pas aux autres ? Du reste, annoncer, informer, proposer, ce n’est pas imposer. C’est vraiment au fond de lui-même (le cœur dont parle la Bible) que chacun décide (Marc 4.1-9).

 

Je suis profondément reconnaissante au Seigneur car « sa bonté et sa grâce m’accompagnent tous les jours de ma vie », sa perfection se manifeste dans sa miséricorde (Matthieu 5.48 ; Luc 6.36), lui qui fait briller son soleil sur tous les hommes qu’Il aime sans distinction (Matthieu 5.45).

 

Odile Hassenforder

 

(1)   Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte, 2011 . Odile y relate sa guérison avec plus d’ampleur et de recul, dans un  chapitre : « Ma vision de Dieu a changé » (p 27-43) Présentation du livre sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html

Les malheurs de l’histoire. Mort et résurrection

Des fleurs tapissent un coin de la vieille tranchée

La charge des coquelicots monte sur la colline

Des corbeaux noirs croassent sur les champs dépeuplés.

 

Souvenirs du passé, force d’un renouveau

Le vent de la forêt berce le cimetière

Et des enfants s’en vont sur les chemins boisés.

 

Pourquoi étions-nous jeunes au temps de la grande guerre.

Nous sommes née trop tôt et avons tout perdu

Dans le brouillard sombre et le bruit des obus.

Fêtes de la victoire, discours éparpillés un jour par année

Ne nous rendrons jamais les beaux draps blancs que nous avons quittés.

La vue d’un peuplier qui miroite au printemps

L’amour d’une femme, le sourire d’un  enfant.

 

Comme l’orage qui vient est sillonné d’éclairs

Comme la tempête arrache pièce à pièce notre vieille toiture,

Comme le flot débordant emporte la bonne terre

Et comme le tonnerre qui toujours retentit

Porteur de la grêle et de son clapotis,

O guerres maudites, vous parsemez l’histoire

Et quand la guerre finit

Voilà comme une vague du fond de l’océan

La sombre épidémie et ses halètements.

Pourquoi étions-nous jeunes au temps de la variole ?

Nous sommes nés trop tôt au vent du choléra.

 

Pensez à nos chemins, hommes des temps modernes,

Notre passé vaut bien vos lendemains.

Vous tenez votre vie de nos frêles amours

Les tours des cathédrales dominent encore vos cours.

Pourtant étions démunis de ce qui aujourd’hui affranchit votre vie.

 

O temps de l’avenir, brillante cité terrestre,

A quoi servirait-il que nous te construisions

Si nos yeux devaient à jamais mourir

Et dans les cimetières nos corps pourrir

Comme tous ceux-là qui sont morts avant nous ?

 

La foule immense désarmée, massacré par le temps

Défile devant nos yeux comme l’avenir de nos plans

Et même si demain ils se réalisaient

Alors ne pourrions oublier vos souffrances et vos plaies.

 

A quoi serviraient-ils les lendemains qui chantent

Si tous vos cimetières recouvraient la terre ?

A quoi servirait donc la roue de la technique

Si pour toujours vos cris étaient des cris

Et vos pleurs des pleurs ?

 

Dans le désert d’un infini et dans le poids du temps

Planète d’entre milliers au sein du firmament

Le murmure de la vie s’est fait appel.

A quoi bon le festin et à quoi bon la fête

Si demain est la mort et la mort demain ?

 

Présence salutaire, vivante Eternité,

A nos cœurs douloureux envoie un Messager

Un murmure secret a réveillé nos cœurs,

Partie d’un coin de terre est venue l’Espérance

Comme une onde, atteint les plus lointains rivages,

A travers les siècles, à travers le temps, sans cesse se propage.

 

C’est la bonne nouvelle, la seule décisive

Résurrection du Christ, résurrection des morts

Et puisqu’en attendant, il faut que l’homme vive

Et que tombent les écailles de nos déchirements

Présence de l’Esprit, renouveau de la terre, résurrection des vivants.

 

J H

 

Ce poème, en forme de cri, a été écrit, il y a des années. C’est une question lancinante qui est toujours là. En regard, un théologien, Jûrgen Moltmann, qui a vécu l’enfer du bombardement de Hambourg en 1943, a trouvé le chemin pour nous dévoiler la puissance infinie de Dieu à l’œuvre pour libérer les vivants et les morts, pour nous délivrer du mal.

 

Délivre-nous du mal !

Jürgen Moltmann entend et se fait le porte parole de tous ceux qui ont souffert de la violence et de l’injustice. Il y a dans ce monde, un grand cri, une grande demande de justice. « S’il n’y avait pas de Dieu, qu’arriverait-il à ceux qui ont faim et soif de justice dans ce monde ? » (p.61).

Ainsi,  les différentes séquences de la Bible nous montre comment Dieu vient à notre secours, apporte la justice, nous rend juste.

A travers la résurrection de Jésus-Christ, l’histoire change de visage. A la croix, Jésus devient le compagnon de tous ceux qui se sentent abandonnés de Dieu. Il libère les hommes du péché et de la culpabilité. « A travers la puissance de vie de sa résurrection, Il entraîne à la fois les victimes et les persécuteurs dans une relation juste avec  Dieu et les uns avec les autres. Dans cette loi de vie nouvelle, ils peuvent vivre, car elle s’étend à la fois aux vivants et aux morts et met fin aux revendications du mal » (p.76). Nous voici engagés dans un immense processus. « La création nouvelle de Dieu apparaît déjà aujourd’hui au milieu d’un monde encore marqué par la mort. Elle sera accomplie quand, en Christ, « le Royaume sera remis à Dieu » et qu’ainsi le but sera atteint et que Dieu sera tout en tous » (1 Cor 15.28).

 

J H

 

Source : Les malheurs de l’histoire. Délivre-nous du mal. Présentation de la pensée de Jürgen Moltmann sur le site : l’Esprit qui donne la vie http://www.lespritquidonnelavie.com/? p=702

« Délivre-nous du mal. La justice de Dieu et la renaissance de la vie », p 71-98. In : Jürgen Moltmann. De commencements en recommencements. Une dynamique d’espérance. Empreinte, 2012.

Plus largement, « L’espérance des chrétiens n’est pas une espérance exclusive ou particulariste, mais une espérance inclusive et universelle en la vie qui surmonte la mort ». Voir : « La vie par delà la mort » sur le site : « L’Esprit qui donne la vie ». http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=822