Quelle est notre image de Dieu ?

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« A la recherche du désir de Dieu au plus profond et au plus vivant de mon désir ».

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         Aujourd’hui, les croyances, qui prédominaient jusqu’ici,  ne  sont plus fondées sur une évidence sociale. Les uns et les autres nous sommes appelés à nous interroger personnellement sur le sens de notre existence. Et, en réponse à cette recherche, si la foi chrétienne garde toute sa pertinence, les formes dans lesquelles elle s’exprime, sont à réexaminer, car elles sont parfois marquées par des représentations perturbantes issues d’un héritage social et culturel, elles-mêmes en décalage ou en contradiction par rapport à la dynamique originelle de cette foi. 

         Ainsi, une analyse de nos représentations s’impose. « Notre vie spirituelle, notre mode de relation avec Dieu, dépendent pour une part de nos représentations, et, évidemment, en premier lieu de notre représentation de Dieu. Et à cet égard, un discernement s’impose… Selon les milieux, selon les époques,  des représentations collectives circulent. Elles viennent parfois d’un passé lointain et sont issues de la culture correspondante. Elles sont codées, reproduites, diffusées à travers des systèmes de pensées. Les historiens peuvent nous dire que certaines de ces croyances ont eu pour effet la peur, la domination, et, en retour, par opposition, des réactions parfois excessives jusqu’à l’incrédulité et à l’athéisme » (1a). Sur ce blog,  nous cherchons à répondre aux questions correspondantes en ayant recours à différentes ressources, comme la pensée théologique de Jürgen Moltmann (1).

         Nous avons découvert dans le blog : « Au bonheur de Dieu »  réalisé par Sœur Michèle (2), une prise en compte analogue de l’importance des représentations dans la vie spirituelle et une recherche pour développer des représentations à même d’engendrer la joie et la paix, les bons fruits à travers lesquels on reconnaît le bon arbre.  Dans un article publié sur son blog (3), Sœur Michèle nous rapporte une rencontre organisée au Centre Spirituel du Cénacle qui  met en évidence combien il est indispensable de développer une bonne image de Dieu. Nos inconscients sont souvent imprégnés à leur insu par des représentations négatives issues du passé et qui s’expriment jusque dans notre interprétation des textes bibliques. Ainsi, les propos de Sœur Michèle sont particulièrement bienvenus et ils touchent notre cœur parce qu’ils répondent à nos aspirations profondes dans lesquelles l’Esprit de Dieu se manifeste.

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J.H.

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Soirée avec Thierry Bizot.

( aubonheurdedieu-soeurmichele. Jeudi 16 févier 2012)

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         Vendredi dernier, au Centre Spirituel du Cénacle de Versailles, nous avons proposé une soirée pour des étudiants et des jeunes pro, pour écouter le témoignage de Thierry Bizot. Il est l’auteur du livre : « Catholique anonyme » d’où a été tiré le film : « Qui a envie d’être aimé ? » (4)

         Ce fut une superbe soirée. J’ai été particulièrement intéressée par une de ses réflexions, car elle rejoint ma propre expérience. Thierry Bizot pose la question suivante : le succès du livre et du film montre bien que beaucoup sont travaillé-es par la question de Dieu. Pourquoi si peu font-ils le pas de la conversion ? A cette question, il répond : « Parce que les gens ont peur de Dieu. ». Peur d’un Dieu qui demanderait forcément des choses à l’opposé de leurs désirs. Donc, on reste à distance pour ne pas entrer dans cette opposition.

         Thyerry Bizot répond que cette image est fausse. Dieu est au contraire celui qui nous aide à découvrir et à réaliser nos vrais désirs. Je signe mille fois cette réponse.

C’est cela que j’ai découvert en faisant les Exercices spirituels de St Ignace de Loyola. Cette expérience m’a permis de libérer mon désir profond. Ensuite, je n’ai pas cessé d’aider les gens que j’accompagne dans des retraites ou dans la vie, à découvrir cela.

         Cela rejoint la question de la fausse compréhension de la volonté de Dieu. Elle n’est pas à rechercher en dehors de soi. Comme si Dieu aurait écrit dans un grand livre ce que je dois faire. C’est terrible cette image, car comment découvrir ce qui y serait écrit ? Mais aussi quelle image de Dieu cela véhicule !: Un tyran qui décide à notre place.

         Non, l’expérience de Dieu m’aide à aller au plus profond de moi pour découvrir ce qui me fera le plus vivre à plein, libère les désirs les plus profonds, les plus humains, les plus vivants qui vont me permettre de bâtir ma vie.

Ce n’est donc pas un conflit entre mon désir et le désir de Dieu, mais la recherche du désir de Dieu au  plus profond, au plus fort et au plus vivant de mon désir.

Un épisode de l’Evangile le montre très bien. C’est en Marc au chapitre 1 verset 40 à 45. Un lépreux vient vers Jésus et lui dit : « Si tu le veux, tu peux me guérir » et Jésus répond : « Je le veux, sois guéri ». Le désir de Jésus est le même que le désir de cet homme.

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Sœur Michèle

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(1)            Un blog permettant d’accéder à la pensée théologique de Jürgen Moltmann : L’Esprit qui donne la vie http://www.lespritquidonnelavie.com/  . La citation est empruntée à la présentation de ce blog : http://www.lespritquidonnelavie.com/?page_id=641   Dans le même sens, nous faisons également appel au témoignage et à la réflexion d’Odile Hassenforder dans son livre : « Sa présence dans ma vie » (Empreinte, 2011. Voir sur ce blog : « Confiance ! Le message est passé » : https://vivreetesperer.com/?p=1246

(2)            aubonheurdedieu-soeurmichele http://aubonheurdedieu-soeurmichele.over-blog.com/ En présentant des pistes de lecture et des commentaires à propos de textes évangélique, souvent utilisés pour une animation de retraites, ce blog nous apparaît comme un lieu de ressourcement dans une dynamique de Vie. Ainsi, commentant la parole de Marthe à Jésus, Sœur Michèle écrit : « L’écouter, le regarder pour qu’il nous soit donné de quitter nos fausses images de nous-même et de Dieu et pouvoir confesser que Dieu est Seigneur de vie et de liberté »

         (3)            sur le blog aubonheurdedieu-soeurmichele : jeudi 16 février 2012

Le Journal 7. Soirée avec Thierry Bizot

 

La vision mobilisatrice de Martin Luther King : « I have a dream »

Un parcours : 1963-2013

Des figures, des évènements issus du passé, éclairent encore notre présent. Des noms comme ceux de Gandhi ou de Martin Luther King sont associés à de grands mouvements de libération pacifique et s’inscrivent dans la mémoire des hommes épris de justice.

Ainsi, la proclamation : « I have a dream », « Je fais un rêve », point d’orgue du discours de Martin Luther King dans la grande manifestation qui rassembla à Washington en 1963 des centaines de milliers d’américains en lutte pour les droits civiques des noirs (1) , est aujourd’hui encore un appel qui résonne dans les consciences.

Cet événement vient d’être commémoré le 28 août 2013, cinquante ans après. On peut se remémorer aujourd’hui cet événement fondateur. Une foule immense, des noirs, mais aussi des blancs, est rassemblée dans cette lutte pour l’égalité raciale. Au pied du monument commémorant le grand président américain, Abraham Lincoln, qui, cent ans plus tôt, avait libéré les noirs de l’esclavage, Martin Luther King commence son discours au moment où s’achève le chant qui magnifie la lutte non violente et persévérante de tout un peuple : « We shall overcome ». Ainsi, tous ceux pour qui les « negro sprirituals » expriment la communion d’un peuple, la foi en l’action divine et une espérance irrépressible, se reconnaissent dans cette manifestation et dans ce discours qui se termine par les paroles d’un chant bien connu : « Free at last » : « Enfin libres ! Enfin libres ! Dieu tout puissant, merci, nous sommes enfin libres ! ».

Le plaidoyer de Martin Luther King s’enracine dans une histoire. C’est bien sûr la mémoire de la lutte du peuple afro-américain, mais c’est aussi le grande tradition de liberté des Etats-Unis. Car cette nation s’est construite dans un mouvement d’affirmation des droits fondamentaux face aux oppressions religieuses ou monarchiques du vieux continent. Et, au  XVIIIè siècle, elle a formalisé cette affirmation dans une Déclaration d’Indépendance et une Constitution. C’est à cette aspiration, à ce rêve américain que Martin Luther King fait appel lorsqu’il déclare : « Quand les architectes de notre république écrivirent les textes magnifiques de la Constitution et de la Déclaration d’Indépendance, ils signèrent un billet à l’ordre de chaque américain. C’était la promesse que chacun, oui les noirs autant que les blancs, serait assuré de son droit inaliénable à la vie, à la liberté, à la recherche du bonheur ».

Ici, cette proclamation, qui précède celle qui va émerger lors de la Révolution Française sous la forme des droits de l’homme et du citoyen, rejoint  l’ inspiration prophétique, celle qui, dans la Bible, appelle et entraîne le peuple juif à sortir de l’oppression, des grands empires tyranniques et du mal qui le ronge de l’intérieur. « Let my people go ! » comme le proclame un negro spiritual ! Cette marche est éclairée par une espérance mobilisatrice, par la vision d’un monde nouveau fondé sur la justice.  Ainsi Martin Luther King reprend la dynamique du prophète Esaïe (Esaïe 40/4-5) lorsque celui-ci proclame : « Je fais le rêve qu’un jour chaque vallée soit glorifiée, que chaque colline et chaque montagne soit aplanie, que les endroits rudes soient transformés en plaines, que les endroits tortueux soient redressés, que la gloire du Seigneur soit révélée et que tous les vivants le voient tous ensemble ».

Ici donc, on ne se résigne pas à « la vallée de larmes ». On ne se berce pas dans une échappée des âmes. On regarde en avant à l’appel d’un Dieu qui suscite et inscrit dans l’histoire des images mobilisatrices à réaliser dans un processus de libération et de construction. Tout est mouvement. Et le mouvement se prouve en marchant. De moment en moment, jusqu’à la victoire finale où apparaîtra « un nouveau ciel et une nouvelle terre » (Apocalypse 21/1), Dieu appelle les êtres humains à entrer dans sa justice, à se laisser conduire en conscience  dans l’édification d’une société plus humaine à l’aune d’un homme créé à l’image de Dieu et exprimé, à la perfection, par Jésus dans sa communion avec le Père Céleste, une préfiguration de ce qu’Il réalisera à la fin des temps.

Lorsque Martin Luther King achève son discours par sa grande invocation, « Je fais un rêve », cette invocation nous rejoint, nous émeut aujourd’hui encore. Le combat de Martin Luther King n’a pas été vain. Au cours des dernières décennies, les afro-américains ont conquis leur droit de cité aux Etats-Unis. A cet égard, l’élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis a manifesté un grand changement (2). Avec d’autres personnalités engagées, Barack Obama est intervenu dans la commémoration du 28 août 2013 (3). Il a rappelé la portée incomparable de l’intervention de Martin Luther King qui « a offert le salut aux opprimés comme aux oppresseurs ». Parce ce qu’un grand nombre de gens ont participé à ce mouvement, il y a eu de grands progrès : « Parce qu’ils ont marché, des conseils municipaux ont changé, des parlements des états ont changé, le Congrès a changé, et, enfin de compte, la Maison Blanche a changé ». Mais il reste des pesanteurs. La transformation des mentalités s’opère lentement.  Il y a encore des injustices à combattre. Barack Obama a donc appelé à la vigilance : « Que ce soit pour lutter contre ceux qui érigent de nouvelles barrières au vote ou faire en sorte que la justice fonctionne de manière équitable pour tout le monde et ne soit pas simplement un tunnel entre écoles sous-financées et prisons surpeuplées, il faut de la vigilance ». Aujourd’hui, d’autres causes se font entendre et peuvent s’appuyer sur une inspiration analogue à celle qui a mis en mouvement Martin Luther King, un homme qui, s’inscrit aujourd’hui dans le « patrimoine de l’humanité » et, pour les chrétiens, fait partie de la « nuée de témoins » dont nous parle le Nouveau Testament (Hébreux 12/1). Sa voix s’adresse aujourd’hui encore à chacun de nous.

J.H.

(1)            Sur le site de Témoins (Novembre 2008) : « Réflexion sur le rêve américain de Martin Luther King » http://www.temoins.com/societe/reflexion-sur-le-r-ve-americain-de-martin-luther-king.html . Ecrit à la demande de l’association Agapé, la rédaction de ce texte avait été éclairée par la vidéo de la manifestation qui, à l’époque, était disponible sur le Web. Elle a pu s’appuyer sur une excellente étude disponible sur Wikipedia anglophone : « I have a dream » http://en.wikipedia.org/wiki/I_Have_a_Dream

(2)            Sur ce blog : « Obama,un homme de bonne volonté » https://vivreetesperer.com/?p=1000  et, sur le site de Témoins :« Le phénomène Obama : Un signe des temps » http://www.temoins.com/societe/le-phenomene-obama.-un-signe-des-temps/toutes-les-pages.html

(3)            Sur le site : Le monde : « L’hommage d’Obama à Martin Luther King (texte accompagné de vidéos) http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/08/28/cinquante-ans-apres-la-marche-sur-washington-obama-sur-les-traces-de-martin-luther-king_3467545_3222.html

La beauté de l’écoute

Comment, dans un climat d’écoute, la vie divine peut être reconnue, se manifester et s’exprimer dans l’amour et dans la paix.

 

Le message de Frère Roger à Taizé .

 

Nos itinéraires spirituels sont divers. Les étapes et les lieux varient selon chacun. Mais, dans l’inspiration de l’Esprit de Dieu, nous sommes en marche. Aujourd’hui, à la suite d’un échange sur internet, nous avons découvert quelques vidéos qui nous communiquent de brefs, mais lumineux messages de Frère Roger. Roger Schutz, né en Suisse en 1915, a été, dans les années 40, le fondateur de la communauté de Taizé. Et, ensuite, pendant des années, devenu Frère Roger, il en a été l’inspirateur et le responsable jusqu’à sa mort, assassiné le 12 mai 2005 (1).

 

En regardant les deux vidéos que nous présentons ici, nous avons été ému et touché par la bonté et l’amour émanant de cet homme,  une foi simple, humble et bienfaisante.

Les vidéos retenues ici : « Ce que nous ne savions pas » et « La beauté de l’écoute » se rejoignent  pour nous dire que l’écoute et la compréhension dans la confiance qu’elle engendre, ouvre la voie à l’expression et la libération d’un potentiel spirituel : «Que se libère en nous et en tout être humain dans cette écoute, cette compréhension qui est amour, que se découvre peu à peu ce que nous ne savions pas : c’est que nous prions ». L’Esprit de Dieu est déjà là. Un processus se met en route dans lequel un vécu nouveau apparaît : prière, libération de la culpabilité, foi.  « La foi est une réalité très humble qui ne demande pas des efforts surhumains, non, pas du tout ! Mais beaucoup plus une attitude de simplicité pour comprendre ce que Dieu a déposé en nous ». Et, dans cette émergence, nous nous rendons compte alors « qu’il y a un   don, un cadeau, comme une offrande de Dieu qui est la paix, la paix intérieure, la paix du cœur ». L’écoute permet à ce qui est le plus profond en nous de s’exprimer. Ainsi, à travers un climat d’écoute, la vie divine peut être reconnue, se manifester et s’exprimer dans l’amour et dans la paix.

 

Ce que nous ne savions pas

 

« Qu’est ce que nous souhaitons le plus pour ceux qui viennent ici à Taizé ?

Nous souhaitons qu’ils soient écoutés, qu’ils soient entendus. Non pas qu’ils viennent recevoir des conseils, des directives… Rien de tout cela ! Mais qu’ils soient entendus . Et puis que se libère en nous et en tout être humain  dans cette écoute, dans cette compréhension qui est amour, que se découvre peu à peu ce que nous ne savions pas. C’est que nous prions. Même quand nos lèvres sont fermées, le Christ prie en nous.

Ce que nous ne savions pas, alors que nous avons tendance à être souvent sévères envers nous-mêmes, jamais Dieu ne vient comme peser sur l’être. C’est la Parole du Christ en Saint Jean : « Quand ton cœur te condamne, Dieu est plus grand que ton cœur » (2). Et il sait tout. Il connaît tout…Une grande découverte, cette réalité d’évangile…

Ce que nous souhaitons ! Dans cette première démarche dans une semaine à Taizé : peu à peu, se rendre compte qu’il y a un don, un cadeau, comme une offrande de Dieu à nous tous qui est la paix,la paix intérieure, la paix du cœur ».

 

Frère Roger : La beauté de l’écoute from Taize on Vimeo.

 

La beauté de l’écoute.

 

« La beauté de cette vocation qui est d’écouter l’autre. Elle est peut-être rendue possible parce qu’on a eu soi-même le besoin d’être écouté. On a compris ce que cela signifiait de ne pas être écouté.

Il y a plus ou moins le don d’écoute chez une multitude. Beaucoup d’hommes et de femmes en vieillissant saisissent ce qui leur est confié : être proche de l’autre ; le libérer ; le décharger du poids qui repose sur ses épaules, lui enlever ces mille kilos qu’il ne peut pas soulever, qu’il ne pourra jamais soulever.

Et cela passe surtout par l’écoute qui ouvre le chemin de la confiance, de l’humble confiance : la foi. Le chemin de la foi, ce n’est pas une autre voie que celle qu’on a peu à peu saisie, que la foi est une réalité très humble qui ne demande pas des efforts surhumains. Non, pas du tout. Mais beaucoup plus une attitude intérieure de simplicité pour comprendre ce que Dieu a déposé en nous ».

 

J H

 

(1)            Frère Roger et la communauté de Taizé : une étude dans Wikipedia  http://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Schutz

(2)            Première épître de Jean 3.20

Changer ! Oui, mais comment ?

De prescriptions à suivre à l’ouverture du cœur dans la relation.

 

Philippe nous parle de son évolution personnelle. Lorsqu’il considère son parcours depuis ses années de jeunesse, il se rend compte qu’il a beaucoup changé intérieurement. « Le changement, c’est une progression, c’est un chemin ». Mais comment changer ?  A partir d’une éducation dans un environnement chrétien évangélique, Philippe observe que pour changer, bien souvent, les gens essaient de se soumettre à des prescriptions extérieures, celles qui sont formulées dans des « recommandations » de différents ordres. Mais pour Philippe, un changement profond s’est réalisé lorsqu’il est venu d’une transformation qui partait de l’intérieur.

 

« Dans ma jeunesse, j’avais tendance à prendre la Bible comme un livre qui me dictait ma ligne de conduite. Aujourd’hui, avec du recul, je réalise que finalement, à chaque étape où j’ai pu changer profondément, cela ne s’est pas produit en appliquant une prescription ou une recommandation, mais en vivant une relation profonde avec une personne. Le début de mon cheminement en profondeur a commencé dans une rencontre avec un ami chrétien où j’ai senti un climat de liberté, un climat de confiance et de respect. Je me suis senti reconnu comme un être unique. Ce climat de confiance m’a permis d’ouvrir mon cœur. A ce moment-là, le Saint Esprit a pu se manifester en profondeur. Cette rencontre m’a permis de comprendre que le changement se produisait à travers une relation simple et authentique .

 

Cela me rappelle un évènement qu’a vécu le prophète Elie lorsqu’il était poursuivi et menacé de mort par un empire puissant de l’époque (I Rois 19).

Elie s’est réfugié dans une grotte . Là, il rumine sur ses épreuves, sur ses frustrations. La grotte symbolise pour moi une coquille dans laquelle l’être intérieur est enfermé. Elie se considère avant tout comme prophète. C’est son identité. Et sa grande frustration, c’est qu’il ne peut plus exercer son rôle de prophète. Cet état d’esprit l’empêche de communiquer en profondeur avec son Créateur. En se réfugiant dans cette grotte, il pourvoit à se sécurité et se coupe de son Créateur et même de son prochain. Et là, Dieu lui parle. Il lui pose une question : « Qu’est ce qui t’arrive ? » . Elie exprime ses états d’âme en restant replié sur lui-même. Il y a ensuite un fort tremblement de terre qui ébranle la grotte et il est amené à sortir de la grotte.

Cet évènement évoque pour moi une situation personnelle. A l’époque de la rencontre qui a été pour moi le point de départ d’un changement intérieur, mon couple était menacé. Mon épouse souffrait de mon repli sur moi-même, de ma non communication. J’ai ressenti cet échec comme un véritable tremblement de terre. Cela m’a aidé à sortir de ma coquille.

Après le tremblement de terre, Elie perçoit d’une façon nouvelle la présence de Dieu. Il est précisé dans la Bible que Dieu ne s’exprime pas dans la puissance des évènements naturels, mais dans une voix douce qui est perçue par Elie. Dieu lui repose la question : « Qu’est ce qui t’arrive ? Elie lui redit ses soucis, mais cette fois non plus en tant que prophète, mais en tant que fils aimé de son Créateur. Et là un changement profond s’opère en lui. Une nouvelle forme de relation et de communication apparaît. C’est le début d’un changement profond dans la vie d’Elie. A partir de là, ses interventions vont produire beaucoup plus de fruit.

 

J’ai vécu dans ma vie d’autres étapes dans lesquelles, à travers des rencontres, j’ai pu ouvrir mon cœur et vivre  d’autres changements profonds. Ainsi, avec mon épouse,en cherchant la communication, en m’ouvrant, j’ai appris à me connaître et à connaître ma femme. J’ai acquis ainsi beaucoup plus de liberté dans ma relation avec les autres.

J’apprécie beaucoup la manière dont Jésus s’exprime dans les Béatitudes et dans de nombreuses paraboles, des modes d’expression qui font résonner l’être intérieur et qui nous détournent de vouloir imiter les personnes religieuses qui se concentrent sur une application de préceptes. Dans mon enfance et mon adolescence, je suis tombé dans le piège de vouloir  réaliser une image religieuse.  Je vivais dans un milieu où dominaient des prescriptions issues des épîtres du Nouveau Testament : « Je veux que.. Il faut que ». Il y avait un accent très fort sur la morale : « C’est bien. C’est mal ». Et c’est à partir de là qu’on interprétait les Evangiles. Plus je me suis détaché de ce regard sur moi-même : bien ou mal, plus le changement intérieur a pu s’opérer. Jésus a dit qu’il est venu accomplir la loi. Pour moi, je ne me réfère plus à une loi du bien et du mal, mais à une loi régénérée basée sur l’amour où l’être trouve sa place. Quand nous ouvrons notre cœur à notre Créateur, nous ne nous évaluons plus en terme de bien ou de mal, mais nous vivons comme un être aimé, unique et respecté. Si nous heurtons notre Dieu par notre comportement, ce n’est pas plus la loi du bien ou du mal qui nous reprend, mais l’amour qui nous ouvre les yeux.

 

Contribution de Philippe

Années de jeunesse

 

Une piste spirituelle.

 

En dehors de tout circuit institutionnel, durant ses années de jeunesse, de l’adolescence à la vie étudiante et à l’âge de jeune professionnelle, Sara, à partir d’une enfance vécue avec des parents croyants, a suivi une piste spirituelle.  Pour manifester cet enracinement,  elle a récemment demandé à être baptisée dans une église réformée. Ce cheminement témoigne d’un fil conducteur.

 

Sara nous parle de ses parents. « J’ai grandi avec des parents protestants où la foi était très présente au quotidien : prière avant le déjeuner, prière familiale avant de se coucher, présence obligatoire à l’église le dimanche matin. J’ai fréquenté des églises protestantes différentes et, à travers mes grands-parents, j’ai connu la religion catholique. Donc, j’ai vécu une grande ouverture et tolérance par rapport aux différentes confessions chrétiennes. Ainsi, j’ai participé à la catéchèse catholique quand j’étais enfant, tout en participant à des groupes de jeunes protestants. Selon la doctrine protestante, mes frères et moi, nous n’avons pas été baptisés enfant afin que nous puissions faire par la suite notre propre choix. Au moment de l’adolescence, j’ai commencé à prendre un peu de distance par rapport à l’église. Ainsi, à partir de la classe de quatrième, j’ai commencé à ne plus fréquenter régulièrement le culte du dimanche. J’ai commencé mon propre cheminement personnel, notamment à travers la prière ».

 

Comment cette évolution a-t-elle continué quand Sara est devenue étudiante ? « J’ai poursuivi mon parcours personnel. J’ai cessé d’aller à l’église,  mais j’ai toujours trouvé très réconfortant de savoir que Dieu était là et nous accompagnait tous les jours au quotidien . Cela me donnait de la force pour affronter les difficultés , les aléas de la vie que l’on rencontre quand on est jeune adulte. Je priais pour moi, mais aussi pour mes frères dans leurs difficultés et également pour celui qui est devenu mon fiancé. Dans mon itinéraire étudiant, j’ai beaucoup voyagé et j’ai donc poursuivi un chemin individuel ».

 

Sara ayant terminé ses études a éprouvé le besoin de se situer. « Au cours de ce parcours, j’ai assumé le fait que j’étais croyante en n’hésitant pas à le dire dans des conversations. A la fin de mes études, cela m’a paru naturel de me faire baptiser afin d’affirmer mon identité. C’était aussi une façon pour moi de remercier Dieu pour toutes les façons dont il m’a béni au cours de ma vie. C’est vrai que j’ai fait très souvent appel à Lui à travers la prière et je trouvais juste de lui exprimer ma reconnaissance. J’ai donc été baptisée dans une église réformée ».

 

Aujourd’hui, Sara prépare son mariage avec Pierre. « Ce sera un mariage œcuménique avec un pasteur et un  prêtre qui fera honneur à nos deux confessions. Dans le  cadre de la préparation au mariage, on est amené à se poser des questions sur la foi, et sur la foi dans le couple. Sur quelles valeurs voulons-nous bâtir notre couple ? C’est pour moi un cheminement nouveau puisque jusqu’ici j’avais une attitude dans laquelle je vivais ma foi de façon intime et personnelle ».

 

Ainsi Sara a suivi discrètement une piste spirituelle et celle-ci apparaît aujourd’hui au grand jour : « Mon cheminement avec Pierre m’amènera, j’espère, vers de belles rencontres et découvertes avec d’autres croyants ».

 

Contribution de Sara