par jean | Déc 27, 2011 | ARTICLES, Beauté et émerveillement, Vision et sens |
La mutation de notre culture induit des changements de mentalité. En positif, on pressent l’émergence d’une nouvelle sensibilité spirituelle. Par delà les catégories religieuses traditionnelles et les dédales de la société de consommation, une recherche de sens se met en route. A cet égard, un sondage CSA réalisé pour le compte de La Croix (1) et interrogeant les français sur leur capacité d’émerveillement est particulièrement bienvenu.
L’émerveillement chez les français
En effet, à la question : « Avez-vous le sentiment d’être émerveillé ? », les 2/3 des français (66%) répondent positivement en terme de souvent ou de temps en temps. Pour le quart d’entre eux, c’est un sentiment fréquent (25%) qui n’est rejeté que par 10% de la population (Jamais). De plus, au delà de l’expérience personnelle, le sentiment d’émerveillement est apprécié favorablement par une immense majorité des français. 94% adhèrent à la proposition : « Savoir s’émerveiller rend heureux », et encore 94% estiment qu’il est important de garder toujours une capacité d’émerveillement.
Il se trouve par ailleurs qu’il n’y a pas de grandes variations selon les catégories sociologiques habituelles. Quant au sentiment d’être émerveillé, on peut noter simplement un pourcentage un peu plus élevé chez les catholiques pratiquants réguliers (75%).
Ce sondage nous permet d’aller encore plus loin en nous donnant des taux de réponses positives au regard de différents sujets d’émerveillement. La question est ainsi formulée : « Quel événement à venir pourrait susciter un émerveillement de votre part ? ».
Pour l’ensemble des français, les résultats sont les suivants : une naissance (38%) ; un phénomène naturel, (la neige, un beau paysage) (37%) ; la joie d’un enfant (33%), un sentiment amoureux (17%) ; une œuvre d’art (16%) ; la beauté d’une personne (7%) ; le moment d’une prière ou d’un office religieux (6%) ; autre (7%) ; ne se prononcent pas (2%).
L’émerveillement : quelle signification ?
Manifestement, en terme de signification, le mot émerveillement exprime une expérience sensible en force et en profondeur en rejoignant d’autres synonymes comme : étonnement, admiration, ravissement, exaltation… Et une exploration sur internet des citations correspondantes fait apparaître des pensées fortes : « La sagesse commence dans l’émerveillement, a dit Socrate. « Fais Seigneur, fais que le temps de son enfance ressuscite dans son cœur, ouvre lui de nouveau le monde des merveilles de ses premières années pleines de pressentiments » (Rainer Maria Rilke). « L’émerveillement est à la base de l’adoration » (Thomas Carlyle) ». Le livre récent du philosophe Bertrand Vergely : « Retour à l’émerveillement » (2) nous apporte, sur ce thème, inspiration et connaissance.
Ainsi, en dépassant les exclusivismes religieux, nous sommes à même de reconnaître le potentiel spirituel que cette enquête fait apparaître. En germe, il y a là tout un avenir.
Répétons les deux questions posées dans le sondage réalisé pour le compte de « La Croix » :
« Avez-vous le sentiment d’être émerveillé ? »
« Quel événement pourrait susciter un émerveillement de votre part ? »
Partageons ensemble nos expériences d’émerveillement..
JH
(1) La Croix, 25 décembre 2010. Sur le site de Témoins : « Reconnaître le fait spirituel. Un sondage sur l’émerveillement ». http://www.temoins.com/enqu-tes/reconnaitre-le-fait-spirituel.-un-sondage-sur-l-emerveillement.html
(2) Vergely (Bertrand). Retour à l’émerveillement. Albin Michel, 2010. Voir sur ce blog le texte sur l’émerveillement.
par jean | Oct 27, 2011 | ARTICLES, Beauté et émerveillement, Vision et sens |
Lorsque je suis sensible à la beauté de la nature, j’entre dans un état d’esprit où je perçois en elle une réalité qui me dépasse, un mouvement qui m’inspire. A ce moment, je ne suis plus un observateur détaché. Je reconnais un mouvement de vie dans les êtres qui m’entourent. Je participe à un mystère. On peut citer Einstein : « Il y a deux manière de vivre la vie : l’une, c’est comme si il n’y avait de miracle nulle part. L’autre, c’est comme si tout était miracle ». Sans doute, les positions sont moins tranchées . Il y a place pour des registres de regard différents, mais pas incompatibles entre eux. Mais la pensée d’Einstein nous invite à aller plus loin : « La plus belle émotion que nous puissions éprouver, c’est le sentiment du mystère. C’est une émotion fondamentale qui est au berceau de tout art , de toute science véritables ». Dans mon évolution personnelle, j’ai pris de plus en plus conscience que l’on pouvait percevoir Dieu à l’œuvre dans la nature.
Dieu dans la création
Jürgen Moltmann m’a aidé dans cette prise de conscience (Dieu dans la création (Cerf 1988). « Le Dieu trinitaire inspire sans cesse la création. Tout ce qui est, existe et vit grâce à l’affluence permanente des énergies… Ainsi il nous faut comprendre toute réalité créée de façon énergétique, comme possibilité réalisée de l’Esprit divin. Grâce aux possibilités et énergies de l’Esprit, le Créateur lui-même est présent dans sa création. Il ne s’oppose pas seulement à elle par sa transcendance, mais entre en elle et lui demeure en même temps immanent » (p 23).
« Tu ouvres ton souffle, ils sont créés. Tu renouvelles la face de la terre » (Psaume 104/29-30).
« L’Esprit saint est « répandu » sur toutes les créatures. La source de vie est présente dans tout ce qui existe et qui est vivant. Tout ce qui existe et vit, manifeste la présence de cette source de vie divine » (p 24).
Dieu à l’œuvre. Un regard concret et émerveillé
Comment notre regard peut-il alors s’exercer. Scientifique, philosophe et théologien, Roy Abraham Varghese nous aide à voir ce monde comme une merveille et à percevoir Dieu à travers cette merveille. (The wonder of the world. Fountain Hills, 2003).
« Nous pouvons reconnaître l’existence de Dieu et en devenir conscient simplement en percevant les choses autour de nous. C’est l’acte de voir les choses comme créées, comme nécessitant l’existence de Dieu pour expliquer leur existence, comme dépendant de lui et finalement comme manifestant l’infini ici et maintenant. Juste comme nous voyons un poème comme un poème, et pas comme des signes imprimés, et ne pouvons le voir comme autre chose qu’un poème, de la même façon, nous ne pouvons voir les choses autour de nous seulement comme un ensemble d’atomes. mais comme des réalités qui manifestent et reflètent Dieu ». (p 62) ;
« Les senteurs et les couleurs d’une belle rose nous viennent de Dieu, manifestant sa divine présence. Naturellement, la rose n’est pas Dieu ou une partie de Dieu. Mais la rose, dans sa totalité, non seulement reflète la gloire de Dieu comme une magnifique œuvre littéraire manifeste l’esprit de son auteur, mais aussi elle nous rend Dieu présent comme une manifestation immédiate et constante de :
– la puissance divine qui la tient en existence et soutient ses activités
– L’infinie intelligence qui l’a conçue.
– La beauté ineffable à partir de laquelle ses couleurs et ses senteurs rayonnent…
Voir une rose, c’est voir une manifestation immédiate et concrète de la créativité, de l’intelligence et de l’énergie infinie. C’est voir Dieu ici et maintenant » (p 64-65)
Alors en présentant quelques photos de fleurs, non seulement nous suscitons un émerveillement, mais nous pouvons en même temps nous ouvrir à une méditation en y percevant la présence de Dieu à travers sa création.
Partageons ensemble notre regard sur la nature, la manière dont nous y percevons la présence de Dieu.
JH
plus de photos de Catpiper et Ecstaticist sur flickr
par jean | Sep 30, 2011 | ARTICLES, Beauté et émerveillement |
Dans son livre : « Retour à l’émerveillement » (1), Bertrand Vergely, philosophe et chrétien, ouvre notre regard et nous invite à le suivre dans sa méditation sur le sens de l’émerveillement
« Qui s’émerveille n’est pas indifférent. Il est ouvert au monde, à l’humanité, à l’existence. Il rend possible un lien à ceux-ci… » (p.9)
Pour nous accompagner dans l’émerveillement, Bertrand Vergely nous engage à reconnaître la beauté du monde : « Tout part de la beauté. Le monde est beau. L’humanité qui fait effort pour vivre avec courage et dignité est belle. Le fond de l’existence qui nous habite est beau » (p.10).
Il sait trouver les mots et les images pour nous parler de la beauté de l’univers. « Le monde est très matériel et pourtant il est très spirituel. Une montagne, l’hiver, a beau être un tas de cailloux avec de la neige comme le dit un matérialiste ordinaire, ce n’est pas un tas de cailloux avec de la neige, c’est de la beauté. On fait un avec le monde quand on vit cette beauté. On expérimente le réel comme le Tout vivant. On se sent vivre et l’on s’émerveille de vivre … » (p.10).
Mais les êtres humains sont également capables de susciter notre émerveillement, y compris les plus fragiles qui « ayant un handicap, le surmontent en pratiquant un bricolage génial de la vie » (p.11).
« Beauté des êtres humains témoignage d’une beauté autre : quelque chose nous tient en vie. Une force de vie. Personne ne vivrait si cette force n’existait pas. Cela donne du sens à Dieu, source ineffable de vie. S’y référer n’est pas neutre… Le monde entier se remplit de paix et de beauté. On se sent accueilli par une vie infinie. On a envie d’accueillir infiniment cette vie » (p.11).
Dans son intensité, cet écrit nous donne sans doute envie de lire le texte de Bertrand Vergely. Mais aujourd’hui, déjà, quel ressenti cette méditation évoque-t-elle en nous ? Parlons-en…
JH
(1) Vergely (Bertrand). Retour à l’émerveillement. Albin Michel, 2010 Voir aussi: sur le site de Témoins: Reconnaître le fait spirituel. Un sondage sur l’émerveillement