par jean | Déc 27, 2011 | ARTICLES, Beauté et émerveillement, Expérience de vie et relation, Société et culture en mouvement |

Un collectif : « Playing for change » sillonne le monde pour recueillir les voix des musiciens des rues et des chorales amateurs et les réunir en un seul enregistrement. Lorsqu’une même musique, un même chant parcourt le monde et surgit à travers le visage de musiciens aussi divers, on est saisi par une émotion toute particulière : une communion à travers la musique qui se propage à travers notre planète.
Des gens différents, des contextes différents, mais une voix commune. Les chants eux-mêmes entonnés par ces musiciens des rues ont déjà parcouru le monde. Ecoutons : « Stand by me » http://www.playingforchange.com/episodes/2/Stand_By_Me ou « One love » http://www.playingforchange.com/episodes/3/One_Love .
Ce dernier : un hymne à l’unité, débute sur une devise mise en exergue sur le site internet : « It’s time for the world to unite as a human race » (Il est temps pour le monde de s’unir comme étant la race humaine ». Le site internet : « Playing for change » nous introduit dans ce mouvement et nous en présente les réalisations.
Quelle est l’origine de cette superbe manifestation et comment s’est-elle développée ?
« Playing for change » est un mouvement multimédia créé pour apporter une inspiration, connecter les hommes entre eux, répandre la paix dans le monde à travers la musique. Ce projet est né d’une foi commune : celle que la musique avait le pouvoir d’abattre les barrières et de surmonter la distance entre les gens. Peu importe d’où les gens viennent, de contextes géographiques, politiques, économiques, religieux et idéologiques différents, la musique a le pouvoir universel de nous transcender et de nous unir come appartenant tous à la race humaine. Avec cette vérité en tête : nous sommes là pour le partager dans le monde ».La devise du site internet témoigne de cet esprit : « Connecting the world through music » (Connecter le monde à travers la musique ».
« Ce mouvement a donc créé un studio d’enregistrement mobile pour pouvoir recueillir les expressions musicales à travers le monde. Et ce travail s’est réalisé dans un esprit de convivialité et de respect. « Nous nous sommes engagés à susciter des environnements dans lesquels les musiciens pourraient créer librement et dans lesquels il n’y aurait pas de barrière entre eux et ceux qui écouteraient et ressentiraient leur musique. Au cours des dernières années, une petite équipe a voyagé à travers le monde des rues et banlieues des grandes villes jusqu’aux villages africains et aux contreforts de l’Himalaya. A travers ce voyage, nous avons connecté le monde à travers la musique. L’album est une œuvre collective de plus de cent musiciens répandus sur les cinq continents ». Une carte témoigne de la variété des lieux. Ces chants, dans leur déroulé pluriel, à travers des environnements aussi variés, témoignent d’un esprit d’unité. Et, de plus, « playing for change » œuvre aujourd’hui dans le monde en faveur de l’expression musicale de ceux qui n’y avaient pas accès.
Nous savons bien que l’unification du monde ne va pas sans déchirements et sans conflits. Il est d’autant plus important de reconnaître les mouvements qui sont à l’œuvre pour répandre un esprit d’unité à partir des aspirations et des initiatives qui surgissent actuellement chez tous le gens du monde qui veulent bien se donner la main. (Voir sur le site de Témoins : « Playing for change. Un hymne à l’unité » http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/playing-for-change-un-hymne-a-l-unite.html )
Dans ce mouvement qui monte des profondeurs de l’humanité, nous pouvons reconnaître l’Esprit de Dieu.
« L’Esprit saint suscite une communauté de la création dans laquelle toutes les créatures communiquent chacune à sa manière entre elles et avec Dieu ». A l’encontre des forces contraires, le projet de Dieu est l’harmonie entre les êtres : « L’essence de la création dans l’Esprit est, par conséquent, la « collaboration » et les structures manifestent la présence de l’Esprit dans la mesure où elles font connaître « l’accord général »… Etre vivant signifie exister en relation avec les autres. Vivre, c’est la communication dans la communion » (Jürgen Moltmann. Dieu dans la création. Voir sur ce blog : « Vivre en harmonie »).
« Poussez vers l’Eternel des cris de joie, vous tous, habitants de la terre !
Faites éclater votre allégresse et chantez..
Que le monde et ceux qui l’habitent éclatent d’allégresse « (Psaume 98). Car l’œuvre de Dieu est en voie de s’accomplir dans son amour et sa justice.
JH
par jean | Oct 27, 2011 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Société et culture en mouvement |
Un changement de perspective.
Il y a un va-et-vient entre la réalité sociale et les représentations que nous nous en faisons. Selon l’orientation de notre pensée, nous nous attachons plus particulièrement à tel ou tel aspect de cette réalité. Les angles de vue varient. Nos représentations à leur tour influent sur la situation. De la même façon que notre regard sur nous même oriente notre comportement, la manière dont nous percevons le monde et l’humanité exerce une grande influence sur nos attitudes et nos modes d’action dans la société et la culture.
Economiquement, socialement, politiquement, nous nous sentons confrontés aujourd’hui à de nombreuses menaces, mais face aux défis auquel actuellement fait face l’humanité, on observe dans la durée une multiplication des initiatives. Et parallèlement une conscience collective apparaît.
Ainsi, en février 2011, le magazine : Sciences Humaines, a consacré un dossier au : « Retour de la solidarité : empathie, altruisme, entraide… » (1).
Que se passe-t-il ? Dans la crise économique et financière actuelle, il y a des mouvements d’indignation, mais à plus long terme, en regard des fléaux sociaux, qu’ils soient installés de longue date ou prenant une forme récente, il y a également de plus en plus de gens engagés dans des actions d’entraide et de solidarité. « Sur une planète mondialisée, l’altruisme s’étend à tous les malheureux de la terre en bas de notre immeuble ou à des milliers de kilomètres ». Et, parallèlement, les chercheurs, les philosophes transcrivent dans le domaine de la pensée cette attention pour ceux qui souffrent en mettant en évidence les mouvements qui cherchent à porter remède au mal social, mais aussi en fondant cette action en terme de valeurs. Quelles sont les exigences qui viennent à la conscience ? Quelles sont les motivations qui orientent les comportements ? On connaît par exemple le courant de pratique et de recherche qui s’est développé en France autour du « Care », mouvement et notion d’origine anglophone qui met en valeur le fait de prendre soin d’autrui.
La coordinatrice du dossier paru dans Sciences Humaines, Martine Fournier, nous présente cette évolution comme un rejet de « l’idéologie de « l’homo oeconomicus » à la recherche de son intérêt égoïste, des vertus de la société libérale et de la compétition ». « Ce que montrent les travaux récents, qu’ils viennent des sociologues, ou des psychologues, des tenants du culturalisme ou de la psychologie évolutionniste, c’est que les émotions ont une grande part dans les conduites humaines. La multiplicité des formes de solidarité apparaît comme une preuve que « l’homo oeconomicus » ne saurait suffire à définir l’être humain dans sa totalité ». Une nouvelle forme de lien social est en train de se tisser. La participation à une communauté humanitaire contribue également à fortifier l’estime de soi. Mais, s’il en est ainsi, à notre sens, c’est bien parce qu’il y a un changement profond dans les aspirations profondes de l’homme.
Cette évolution nous interpelle d’autant plus qu’elle s’étend dans un regard qui, au delà de l’humain, se tourne également vers la nature. Ainsi, écrit Martine Fournier, « L’empathie et la solidarité seraient-elles devenues un paradigme dominant qui traverse les représentations collectives ? De l’individualisme et du libéralisme triomphant passerait-on à une vision portant sur l’attention aux autres. Ce basculement s’observe effectivement aussi bien dans le domaine des sciences humaines et sociales qu’à celles de la nature (p 34). En fait, dans ce domaine comme dans tout autre, tout dépend de notre regard. Pour une part, les découvertes dépendent des questions posées. Ainsi, « alors que la théorie de l’évolution était massivement ancrée dans un paradigme darwinien « individualiste » centré sur la notion de compétition et de gène égoïste, depuis quelques années, un nouveau visage de la nature s’impose. La prise en compte des phénomènes de mutualisme, symbiose et coévolution entre organismes tendent à montrer que l’entraide et la coopération seraient des conditions favorables de survie et d’évolution des espèces vivantes, à toutes les étapes de la vie » (p 34).
Si nous vivons aujourd’hui dans la menace d’une crise économique et financière de grande ampleur et s’il faut chercher des voies pour y faire face, nous devons également considérer le changement culturel à plus long terme. A notre sens, la transformation en cours de la vision de l’homme, de l’humanité, de la nature, s’inscrit dans l’émergence d’une conscience spirituelle qui nous paraît à la fois un signe des temps et un appel à une avancée de la pensée théologique, notamment dans une prise en compte de l’œuvre de l’Esprit (2).
Comment participons-nous à ce nouveau regard ?
JH
(1) Le retour de la solidarité. Dossier animé par Martine Fournier, p. 32-51, in : Sciences Humaines, N° 223, février 2011. Après une mise en perspective de Martine Fournier, ce dossier présente des articles portant sur diverses facettes de la question et une bibliographie des livres récents. www.scienceshumaines.com
(2) Voir le site : www.lespritquidonnelavie.com