A l’écoute d’une voix bienfaisante

 

« Dieu appelle » : des paroles inspirantes.

 

Notre vie s’inscrit dans un tissu de relations. J’éprouve ce désir de relation : partager ce qui est bon et beau, reconnaissance mutuelle, bienfait de la présence, accompagnement dans les épreuves. Nous faisons partie d’un tout. Tout se tient. Dans cette interrelation, n’y aurait-il pas plus particulièrement une présence qui entre en relation avec nous en nous manifestant un amour attentif et en nous communiquant une inspiration vivifiante. Nous ne sommes pas seuls dans l’univers. Il y a bien une voix qui cherche à se faire entendre. C’est bien ce que nous dit le récit biblique. Dieu, communion d’amour, s’est révélé dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Il a ouvert une relation qui se poursuit aujourd’hui dans l’Esprit. Cette relation s’exerce dans des formes différentes, entre autres, dans la fréquentation de la Parole Biblique et dans la prière, et elle a besoin de se nourrir de représentations. Qui est Dieu ? Comment lui parler ? Comment le message qui nous est destiné s’inscrit-il dans ce que Dieu nous a déjà communiqué ? Les moments varient. Ce peut être le ressenti d’ « une vie bonne » qui nous invite à exprimer une louange et à participer davantage à la générosité de Dieu. Ce peut être aussi un temps d’épreuve où on est pressé de toute part et où l’horizon paraît bouché. Alors oui, quelle grâce d’entendre une voix qui encourage, qui communique force et confiance !

Parmi les livres qui peuvent nous aider dans cette recherche spirituelle, il y a un recueil de messages inspirés : « Dieu appelle » (1). Ce livre a été publié en Angleterre durant l’entre deux guerres, puis traduit en français par un pasteur qui a joué un rôle important de médiateur culturel. Cet ouvrage a été vendu à un grand nombre d’exemplaires au long des années et il rencontre encore aujourd’hui une réception favorable. Il traverse les frontières confessionnelles. Cette diffusion est un véritable phénomène sur lequel nous reviendrons.

 

« Dieu appelle » : quel contexte ?

 

Mais comment ce livre a-t-il été écrit ? C’est ce que nous rapporte le pasteur Géofranc, lui-même traducteur de cet ouvrage dans l’édition française.

« Ce livre n’est pas un livre ordinaire. Le contenu a été reçu par deux humbles femmes qui ont tenu à conserver l’anonymat, plus particulièrement par l’une d’entres elles, d’ailleurs. Elles avaient été amenées à s’unir étroitement pour rechercher quotidiennement les directions d’en haut par l’Esprit, afin d’y conformer ensemble leur vie. Ce livre est donc comme la réponse même de Dieu à leur volonté d’entière et courageuse consécration ».

Géofranc nous éclaire sur le contexte de cette écriture en dissipant les objections qui pourraient être émises à l’égard de cette entreprise. « C’est en invoquant la présence du Christ glorifié, l’Eternel vivant qui a dit à ses disciples : « Je suis avec  vous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matth 28.20) que ces pages ont été reçues. Mais il ne s’agit aucunement de messages « dictés » ou d’écriture automatique. Il s’agit de ce que le Christ, actuellement vivant et agissant par l’Esprit, peut communiquer d’inspiration pratique, de vive lumière, de directions et d’éclaircissements précis, parfois même d’un enseignement d’une valeur exceptionnelle à des âmes humblement disponibles et qui s’efforcent de l’écouter, en faisant taire devant Lui toutes les voix humaines. On ne cherchera pas dans ces pages une inspiration littérale, ou l’expression infaillible d’une sorte de révélation complémentaire, adaptée à des besoins particuliers. On y cherchera bien plutôt une libre parole de Dieu s’adressant aux âmes sincères. »

 

Des thèmes privilégiés.

 

Nous recevons ces paroles dans notre être profond. Elles répondent à telle ou telle aspiration, à tel ou tel besoin. Mais, à tous, elles communiquent un état d’esprit, une manière d’être, un regard. Des thèmes privilégiés reviennent au fil des pages. En voici quelques uns.

C’est un appel à la communion. « Ces haltes avec moi ne sont pas tant des moments où vous devez demander d’être éclairés et conduits que des moments où vous devez vous placer devant moi afin de prendre effectivement conscience de ma présence. Le sarment demande-t-il constamment au cep de lui fournir la sève et de lui montrer dans quelle direction il doit s’orienter. Non, n’est-ce pas ? Cela résulte tout naturellement du fait qu’il est uni au cep… et vous êtes les sarments (Cf Jean 15.1-5)… Ainsi, mes enfants, une seule chose importe vraiment pour vous. C’est d’être unis à Moi. Tout le reste suit d’une façon si naturelle ! Et il suffit souvent, pour que cette union soit réalisée, que vous deveniez conscients de ma Présence » (p 114-115).

C’est un appel à la confiance. « Vous ne sauriez périr mes enfants, car la vie qui vous anime est la Vie de la vie. C’est la Vie, qui, à travers les siècles, a soutenu et gardé mes serviteurs dans le péril, dans l’adversité, dans l’affliction. Une fois que vous êtes nés de l’Esprit (Cf Jean 3.5-6), l’Esprit devient votre souffle de Vie. Vous ne devez donc jamais vous abandonner au doute ou aux soucis, mais avancer pas à pas dans le chemin de la liberté. Ayez soin seulement d’y marcher avec moi » (p116).

C’est un appel à l’amour. « Appelez souvent la bénédiction de Dieu sur les autres, sur ceux en particulier qui vous contredisent et s’opposent à vous ou sur ceux que vous désirez aider. Faites le de tout votre cœur, désireux vraiment de voir se répandre à flot sur eux la bénédiction, la joie et le succès… Quant à leur nécessaire redressement ou formation… remettez-vous à Moi pour les assurer… Ah, si mes enfants voulaient bien ne pas se mêler de mes affaires et s’en tenir à ce que je leur demande ! Aimez donc. Je le répète, aimez encore, aimez toujours. L’amour vous fera surmonter toutes vos difficultés

Dieu, en qui le mal perd toute réalité, Dieu, en qui le bien, au contraire trouve sa réalité, Dieu est amour. Quand vous vous aimez les uns les autres, vous laissez Dieu agir dans votre vie. Or laisser Dieu agir dans sa vie, c’est permettre à cette vie de répandre tout ce que l’homme peut manifester d’harmonie, de beauté, de joie et de bonheur « p 117-118).

C’est un appel à la prière. « La prière modifie tout. Elle recrée. Elle agit irrésistiblement. Ainsi donc, priez ! Priez sans cesse (I Thess 5-7). Priez jusqu’à ne presque plus formuler de prière parce que vous serez établis sur le roc de la foi absolue… Priez surtout et toujours jusqu’à ce que votre prière culmine en louange. C’est la seule note sur laquelle devrait se terminer la vraie prière. Quand on se tourne vers l’homme : amour fraternel et rire confiant. Quand on se tourne vers Dieu, prière de louange » (p 138).

Ces messages invitent à la joie, à la paix, au calme intérieur. « Toute agitation contrarie le bien. Le calme, par contre, le favorise et prive le mal de ses atouts… Commencez par vous tenir tranquille et sachez que je suis Dieu. Efforcez-vous ensuite de n’agir que sous ma direction. En Dieu, l’on demeure toujours calme. Le calme est la confiance en action. Seule la confiance, une absolue confiance peut assurer le calme… » (p 131-132).

« Soyez remplis de joie. La joie est salutaire. La joie guérit. Réjouissez-vous du moindre rayon de soleil, du moindre sourire, du moindre acte de bonté ou d’amour, du moindre service rendu… Refusez d’être abattu… Aimez et sachez rire. Je suis avec vous . Je porte vos fardeaux… » (p 14-15).

Il y a dans ces messages beaucoup de sagesse : « Ne vous croyez pas tenus de porter les péchés et les souffrances du monde. Pour le faire et vivre, il faut être le Christ. Attachez-vous plutôt à découvrir autour de vous ceux qui font preuve d’amour, de sincérité, de bonté et de courage » (p 180). Ces messages encouragent et orientent vers le positif. « Tout est bien », répète souvent cette voix pour nous rassurer et nous réconforter (cf index).

Parfois, un éclairage original vient corriger des représentations qui ont pu être marquées par des images contraignantes :

« Ce que l’on entend par la « conversion » n’est souvent que la découverte du « Grand Ami ».

Ce que l’on entend par la « religion » est la connaissance du « Grand Ami »

Ce que l’on entend par la « sainteté » est l’imitation du « Grand ami » ou la conformité de nos deux vies.

La « perfection », cette perfection à laquelle j’appelle tous les hommes : « Soyez parfait comme votre Père Céleste est parfait » (Matth 5.48) consiste en somme à être comme votre Grand Ami, afin de devenir à votre tour, un ami semblable pour les autres…

Je suis votre Ami… Songez un peu à tout ce que signifie les termes d’Ami et de Sauveur. Un ami est toujours disposé à venir en aide… Il prévient vos besoins… Sa voix est celle de la tendresse qui trouve les mots pour détendre les nerfs fatigués et pour rassurer l’âme agitée et envahie par la peur… Tachez de vous représenter ce que doit être l’Ami parfait, celui que rien ne décourage, qui se donne sans réserve, qui a triomphé de tout et qui peut tout. Je suis pour vous cet Ami… » (p 180-181).

Quel chemin à parcourir ! Mais, ces paroles ne suscitent pas la culpabilisation ou le découragement, car il nous est simplement demandé d’entrer dans une relation qui porte la Vie. Jésus nous dit que l’arbre se juge à ses fruits. Ici, ce sont les fruits de l’Esprit : « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté… » (Epitre aux Galates 5.22).

Ces écrits sont présentés en terme de méditations quotidiennes. Nous les recevons dans le contexte de nos sensibilités. On peut attendre de ces paroles une transformation progressive de notre mentalité.

 

Pendant plusieurs dizaines d’années après sa parution, ce livre a été réédité plusieurs fois et continue aujourd’hui son œuvre bienfaisante.

Et son parcours, qui traverse les frontières confessionnelles, est impressionnant. Ce recueil a été publié en Grande-Bretagne. Il a été reconnu et traduit en français par un pasteur, Georges F Grosjean (2). Celui-ci, originaire du Jura suisse, a effectué ses études au Canada, puis a exercé un ministère pastoral en France. Il a fait connaître dans notre pays les fruits d’un renouveau spirituel advenu en Grande-Bretagne dès l’entre-deux guerres. Aujourd’hui, les textes de ce recueil sont présentés sur un site catholique au titre de ce que l’Eglise catholique appelle une « révélation privée » (3).

Cette reconnaissance, par tant de canaux et par tant de lecteurs, est, pour nous, une œuvre de discernement. En recevant ce livre, nous recevons une inspiration, mais nous pouvons également la partager. Des amis proches ont beaucoup reçu de ce livre. Alors, partageons et exprimons aujourd’hui notre reconnaissance. « Silencieusement, le travail de l’Esprit s’accomplit » (p 64).

 

(1)            Dieu appelle. Traduit de l’anglais par Géofranc (Pasteur Georges F Grosjean). A la Baconnière. La publication de ce livre a été suivie par celle d’un deuxième recueil : « Vivre par l’Esprit ». Avec quelques autres, ce livre a été présenté dans un article mis en ligne sur le site de Témoins : « Entrons avec confiance dans la relation avec Dieu » : http://www.temoins.com/ressourcement/vie-et-spiritualite/ressourcement/entrons-avec-confiance-dans-la-relation-avec-dieu

(2)            Parcours de vie de Georges F Grosjean (pseudonyme : Geofranc) : « Georges François Grosjean (1891-1981) » : http://sitepasteurs.free.fr/bios/grosjean.htm

(3)            Site catholique : « Prière d’église » : http://home.nordnet.fr/caparisot/html/dieuapdeux.html

 

Des ami(e)s nous ont dit l’apport de ce livre pour eux. Voici à ce sujet le  témoignage de Nadine :

« J’apprécie l’esprit des deux livres de méditations quotidiennes : « Dieu appelle » et « Vivre par l’Esprit ». Le matin, je commence ma journée par la lecture de la Bible et par ces méditations. Cette parole pour chaque jour m’encourage dans ma vie chrétienne, elle me donne une ligne directrice pour la journée qui m’aide à demeurer dans le calme et la tranquillité quoiqu’il arrive.

Bien souvent, cette méditation me rejoint dans mon vécu en me préparant aux évènements, en me confirmant une intuition ou en m’éclairant sur un point d’incertitude. Bien souvent aussi, je la reçois, comme la parole même du Seigneur à ce moment là. Deux choses que j’admire chez leurs auteures : leur proximité avec l’Esprit de Dieu et leur choix de ne pas divulguer leur identité. Ces deux livres sont une référence pour moi et m’accompagnent jour après jour ».

 

Une communauté enfantine fondée sur l’amour

 

 

Comment je suis devenue « maman » de soixante orphelins à Brazzaville

 

Sœur Marie-Thérèse nous raconte comment son amour des enfants l’a conduite à tout quitter pour recueillir des orphelins et enfants des rues à Brazzaville. Au sein de la maison Notre Dame de Nazareth, tous se voient offrir une chance de vivre dans une famille d’adoption régie par l’amour. Sœur Marie-Thérèse nous présente cette grande aventure dans un « talk » diffusée par TEDx Paris (1) : « Comment je suis devenue « maman » de 60 orphelins de Brazzaville ».

 

En effectuant une visite quotidienne en prison, Sœur Marie-Thérèse a rencontré un petit garçon de trois ans, Albert, qui y vivait avec sa maman incarcérée. Bouleversée par cet enfant, elle l’a accueilli et gardé jusqu’à la libération de sa mère. A partir de là, Marie-Thérèse nous rapporte combien elle a été poussée par une forte motivation : « Cette étincelle est devenue en moi un feu dévorant. Ce feu pousse à prendre des décisions déroutantes, voire scandaleuses pour l’entourage, une folie pour les sages. Ce feu est impérieux. Il bannit la peur… Le 5 septembre 1998, pour être plus disponible aux enfants en détresse, j’ai tout quitté. Je suis partie de ma congrégation avec une vingtaine d’enfants. Je n’avais ni maison, ni argent, ni santé. Ma seule richesse était ma confiance en Dieu ».

 

C’est une grande aventure qui commence : « Les enfants et moi, étions au même niveau. Nous sommes toujours au même niveau. Je n’ai pas la fierté, la satisfaction et l’orgueil de celui qui donne. Nous vivons de dons. Ce n’est pas toujours facile, mais qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour donner de la joie aux enfants ! Aujourd’hui, ils sont une soixantaine, filles et garçons. Ils m’appellent maman ».

 

Cette communauté est organisée dans un esprit d’entraide et de soutien mutuel. « Le travail est le pilier de la maison et notre prière quotidienne en est le ciment ». Il y a quatre groupe de travail qui ont pour tâche : le ménage, la cuisine, la vaisselle, le soin porté aux enfants (toilette et sécurité). « A la tête de chaque groupe, il y a un aîné qui supervise le travail et me donne un compte-rendu. Tous les groupes se permutent chaque semaine de telle sorte que les responsabilités soient partagées en tenant compte des capacités de chacun. Ainsi, personne n’est laissé au bord du chemin. Chacun  a sa place et se sent valorisé ».

 

Cette grande famille est fondée sur la confiance mutuelle : « Il n’y a pas de famille s’il n’y a pas de confiance mutuelle les uns envers les autres. Pour cela, il faut que le dialogue ait une place de choix.  Dans le dialogue, la confiance prend racine. La confiance que je leur fais, peut leur permettre d’avoir confiance en eux. Je pense ainsi travailler à l’autonomie. L’entraide est une vertu cardinale de la maison. Les plus grands aident les plus petits. Ils les consolent quand ils ont des chagrins. Les bien portants aident les malades ».

 

 

Cette famille est une aventure fondée sur l’amour. « Comme toutes les familles, la  nôtre n’est pas parfaite. Il y a beaucoup de problèmes et de soucis. Notre famille est fragile, mais elle est fantastique. Elle est soudée et les aînés donnent le meilleur d’eux-mêmes dans l’adversité, dans la joie comme dans le malheur. Notre famille avance. Elle espère. Elle croit en la vie. Elle remercie. Elle dit toute sa reconnaissance à ceux qui l’aide.

Ce que j’apprend aux enfants lors de leur passage dans la famille est de bien faire ce qu’ils ont à faire et ce, jusqu’au bout, coûte que coûte.

L’amour est le socle de tout sans lequel toute entreprise est vide et stérile ».

 

J H

 

(1)            « Comment je suis devenue « maman » de soixante orphelins de Brazzaville » : un talk en vidéo sur le site de TED x Paris : http://www.tedxparis.com/comment-je-suis-devenue-maman-de-60-orphelins-de-brazzaville/

 

Sur ce blog, voir aussi : « De la décharge publique à la musique » : https://vivreetesperer.com/?p=1603

 

« Sur le chemin de l’école » : https://vivreetesperer.com/?p=1556

 

Plus généralement, sur la question de l’éducation :

« Et si nous éduquions nos enfants à la joie ? » : https://vivreetesperer.com/?p=1872

 

 

Une théologie pour la vie

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Jürgen Moltmann en conversation avec un panel de théologiens au Garrett Evangelical Theological Seminary (Evanston USA).

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Nous savons combien nos représentations  influencent nos états d’âme et nos comportements. Ces représentations dépendent de notre vision du monde. Comme réflexion sur Dieu, la théologie inspire cette vision. C’est dire l’importance des orientations théologiques. Comme le dit Jésus, on reconnaît l’arbre à ses fruits.  Nous trouvons, personnellement, une inspiration positive dans la pensée théologique de Jürgen Moltmann, souvent évoquée sur ce blog. Reconnu comme un des plus grands théologiens de notre temps (1), Jürgen Moltmann est souvent invité à s’exprimer dans des facultés de théologie à travers le monde. Ainsi est-il intervenu en 2009 dans une faculté de théologie américaine sur le thème : « Une théologie pour la vie. Une vie pour la théologie » (2). Cette intervention a été effectuée au Garrett Evangelical Theological Seminary (Evanston USA), une faculté en lien avec l’Eglise méthodiste. Après cette première conférence, Jürgen Moltmann a été invité à participer à une conversation où il a répondu aux questions d’un panel de trois théologien(ne)s : Nancy Bedford, Stephen Ray, Anne Joe. Ceux-ci ont été ensuite interrogés personnellement sur cet apport. L’ensemble est communiqué sur le site de la faculté à travers des vidéos (3). Comme dans une précédente note sur ce blog (4), nous présentons ainsi à nouveau une contribution de Jürgen Moltmann en vidéo. Ce n’est pas seulement une rencontre avec sa pensée, c’est aussi une rencontre avec sa personne où on peut apprécier une chaleur communicative empreinte d’une forme de modestie et de respect en terme d’humour. Nous présentons ici la vidéo où Jürgen Moltmann répond aux questions de ses interlocuteurs (5). Et comme cet entretien est en anglais, nous voulons en faciliter l’accès à travers une transposition en français dans des notes prises au cours de cette audition.

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Comment lire la Bible avec discernement ?

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Comme théologien, comment lisez-vous l’Ecriture. Quels sont vos critères herméneutiques ?, lui demande au départ son ancienne étudiante, Nancy Bedford. Question sensible ! Jürgen Moltmann fait écho à la question posée par Philippe au ministre éthiopien qui lisait le prophète Esaïe (Actes 6.30) : « Comprends-tu ce que tu lis ? ». Comprenons-nous ce que nous lisons ? En lisant la Bible, je m’attends à la Parole de Dieu dans des mots et des idées, des témoignages humains, mais ces mots humains sont parfois en contradiction les uns avec les autres. J. M. donne des exemples, tous deux empruntés aux épîtres de Paul, l’un concernant l’attitude vis-à-vis des femmes et l’autre, l’attitude vis-à-vis des juifs. Ainsi rappelle-t-il la grande affirmation universaliste de Paul à la suite du prophète Joël, en Galates 3.26 : « Il n’y a plus ni hommes, ni femmes. Nous sommes tous un en Jésus-Christ ». Mais on trouve aussi dans ces épîtres mention d’une attitude que Jürgen Moltmann exprime en termes humoristiques : « Les femmes devraient la fermer dans les cultes »…Qu’est ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est le plus proche de la vérité du Christ ? Et, reprend-t-il avec humour : Si les femmes avaient été silencieuses tout le temps, elles n’auraient pas annoncé la résurrection de Jésus et nous n’en saurions rien ! Pour interpréter, je ne me réfère pas à un humanisme moderne, qui va de ci, de là, mais je développe une critique interne en recherche de l’essentiel à l’intérieur même de l’Ecriture (« material criticism inside the reading of Scripture – criticizing inside the truth of the Bible »). D’abord, je lis, puis je cherche à comprendre. Qu’est-ce que cette expression cherche à me dire avec plus ou moins de bonheur ? Je cherche ce qui est vrai, ce qui me paraît le plus proche de la vérité du Christ (« What is closer to the truth of Christ »).

Jürgen Moltmann évoque des approches comme celles du « Jésus historique » (historical Jesus ») ou de l’exégèse matérialiste (« Materialistic exegesis »), qui se perd dans l’accessoire, auxquelles il n’adhère pas. Et notamment, peut-on en théologie s’intéresser seulement au « Jésus historique », c’est à dire ne pas prendre en considération l’éclairage de la résurrection ? Le Jésus historique est le Jésus mort  (« The historical Jesus is the dead Jesus »).

Puisque J. Moltmann se réfère à Christ comme critère, son interlocutrice lui pose une seconde question : « Vous prenez Christ comme critère, mais qu’est ce qui arrive quand ce critère est mal utilisé ? Certains comportements et images peuvent contrecarrer une juste représentation du Christ. Jürgen Moltmann répond en prenant l’exemple de la croix. Au début du christianisme, il y a la croix de Golgotha, mais il y a eu très vite une croix imaginée par l’Empire comme signe de puissance et de victoire à commencer par celle de l’empereur Constantin : « Tu vaincras par ce signe ! », une tradition dominatrice qui s’est perpétuée dans la chrétienté.

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Le dialogue œcuménique

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Quelle est la part des théologiens dans le dialogue œcuménique ? Jürgen Moltmann répond à cette question en évoquant une affirmation centrale : la parole de Jésus concernant ses disciples : « Qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jean 17.22). Cette prière a été entendue par le Père. Alors, en Christ, nous sommes déjà un. Mais, si c’est le cas, nous sommes appelés à rendre cette réalité visible. Nous rendons cette réalité visible, non pas d’abord par le dialogue théologique, mais par la fraternité eucharistique. Les églises ne sont pas propriétaires de la pratique eucharistique. Prendre ensemble le repas eucharistique, c’est répondre à l’invitation du Christ. Alors, en premier le repas du Seigneur : manger et boire, et ensuite le dialogue théologique. Ce dialogue en sera facilité, car alors, nous reconnaissons que nous sommes déjà dans la famille de Jésus. Avec humour, Moltmann évoque sa différence sur ce point avec son ancien collègue à l’université de Tübingen, Joseph Ratzinger devenu ensuite le pape Benoit XVI.

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Les gens dans la misère. Quelle espérance ?

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Une théologienne pose à Moltmann cette question : Comment accorde-t-il dans sa réflexion sa théologie de l’espérance et sa vision de « Dieu crucifié » ? Si la passion du Christ s’inscrit dans sa nature d’un Dieu incarné, sa résurrection manifeste la puissance d’un Dieu transcendant. Des théologiens catholiques latino-américains ont évoqué les victimes des régimes despotiques en termes d’hommes et de femmes crucifiés porteurs de rédemption. Dans cette approche,  l’Eglise prolonge le Christ (« Christus prolongatus »), et, en extension, la souffrance des persécutés des personnes crucifiées est censée contribuer à la rédemption. Jürgen Moltmann n’est pas à l’aise avec cette extrapolation. Si vous vivez dans la misère et l’isolement, vous n’avez pas envie qu’on interprète votre souffrance en terme de participation à la rédemption. Vous avez envie de vous en sortir, vous avez envie d’être libéré. Autrement, vous continueriez à souffrir. Et, de même, en ce qui concerne « l’option préférentielle pour les pauvres », il y a danger d’idéaliser la pauvreté. N’interprétons pas la situation des pauvres à leur place…

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Le salut. Nous échapper dans un au delà ou nous tourner vers l’avenir.

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Moltmann est interrogé à propos de son approche eschatologique dans son livre : La venue de Dieu (« Coming of God »). Il y a un débat en cours sur la conception du salut. Notre espérance réside-t-elle dans une séparation de ce monde pour un autre, une éternité intemporelle ou bien sommes-nous invités à regarder vers l’avenir à l’intérieur même du processus de la nouvelle création. Dans la fixation sur l’éternité, il y a une aspiration gnostique. Dans l’espérance chrétienne et juive, on attend un ciel nouveau et une terre nouvelle. C’est bien là la demande exprimée dans la prière du « Notre Père », non pas que nous échappions à la terre, mais que « le règne de Dieu vienne sur la terre comme au ciel ». Ainsi, nous espérons le salut de la terre dans une nouvelle création. Je crois que Dieu le créateur ne laissera pas sa création dégringoler, mais récapitulera toute chose – et sa création- dans sa venue finale (« will recollect his creation in his final coming »). La résurrection des morts s’inscrit bien dans ce processus. Il nous faut développer à nouveau frais une théologie centrée sur la terre (« earth-centered »)

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Une théologie de la terre

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Si l’être humain a été crée par Dieu, la terre dans laquelle les hommes vivent, résulte elle aussi de la création de Dieu. Elle mérite d’être considérée et respectée. En réponse à une question, Moltmann esquisse une théologie de la terre à partir de quelques textes bibliques.

En Genèse 1, la terre est présentée comme étant elle-même créatrice et productrice. En Genèse 9, Dieu instaure une alliance avec l’humanité, les êtres vivants et la terre. Celle-ci est spécifiquement mentionnée au verset 13. Dans les règles ultérieures concernant l’agriculture, la terre est respectée et participe au repos sabbatique. Le Prophète Esaïe associe même la terre à la réalisation du salut. C’est dire combien la terre n’est pas subordonnée à l’homme. Moltmann note que la théologie orthodoxe reconnaît ce rapport entre Dieu et la terre, particulièrement dans son art de l’icône. Aujourd’hui, c’est à côté de la déclaration des droits de l’homme que les Nations Unies ont établi une charte de la nature. Comment combiner les deux ? Une théologie de la terre rejette l’instrumentalisation de celle-ci par les hommes. Nous ne devons pas vivre sur la terre en la dominant. Nous devons vivre en symbiose avec elle et bannir le terme d’environnement dans la mesure où il est conçu uniquement en fonction de l’homme («We live in the earth, not on the earth »). En espérance, nous regardons vers une nouvelle création où la justice habitera.

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L’être humain, une créature vulnérable

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Sensible à l’ouverture de Jürgen Moltmann à la dimension de la compassion, telle qu’elle apparaît dans son livre : « Le Dieu crucifié », une théologienne participant au panel évoque la recherche d’invulnérabilité répandue dans le monde occidental. Quelle place donner à l’affliction et au deuil ? Jürgen Moltmann répond positivement à cette question. Les gens faibles cherchent à être invulnérables. Seuls les gens forts acceptent d’être vulnérables. A travers le deuil, les gens expriment leur amour. La place accordée au deuil dans le monde occidental a été trop réduite. On devrait accorder davantage de temps au processus de deuil.

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La communauté des vivants et des morts

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Jürgen Moltmann raconte qu’en 1961, en visitant un ancien camp de concentration en Pologne, il a eu une forme de vision, percevant soudain les gens assassinés venant à lui et lui demandant : « Pourquoi ? ». Ces gens là n’étaient pas « morts ». Ils étaient présents, très présents. Moltmann évoque ensuite la relation avec les ancêtres en Asie, telle qu’elle se manifeste notamment dans le culte des ancêtres. Il y a une part de vérité dans tout cela. Les morts n’ont pas disparu. Ils sont très présents. Vous pouvez le sentir. Ils veillent sur nous (« They watch over us ») et, si nous sommes assez sensibles, nous veillons avec eux. Dans l’histoire de la Réforme, face à la thèse du sommeil des morts attendant la résurrection, c’est la conviction qui a été exprimée par Jean Calvin. Non, les morts ne dorment pas, ils veillent sur nous (« They are watching over us »). Les uns et les autres, nous vivons dans la perspective de la résurrection commune. Cette résurrection est un avenir pour le passé. Nous sommes dans le même mouvement. Nous sommes dans la même présence et nous regardons en avant dans l’attente du même futur. « We are in the same presence and we are looking forward for the same future »

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Dieu trinitaire. Un chemin de communion

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On demande à Jürgen Moltmann comment il en est venu à accorder une grande importance à une vision trinitaire de Dieu.

De fait, la parution de son livre : « The Trinity and the Kingdom of God » a été précédée par une attention croissante portée à l’Esprit Saint. Qui est l’Esprit Saint ? L’Esprit Saint, c’est la présence créatrice et unifiante de l’Esprit dans le monde. C’est le consolateur, mais aussi la source de vie. Dans la communion avec Christ, Il nous communique une énergie vitale.

En nous racontant son histoire de vie lors de sa conférence initiale, Jürgen Moltmann nous a raconté l’épreuve qu’il a vécu dans sa jeunesse. Dans un camp de prisonniers en Angleterre, il a trouvé dans la Bible une consolation. Jésus est devenu l’ami avec qui il pouvait partager son sort. C’est là aussi une présence guérissante : « A travers ses meurtrissures, nous sommes guéris » (Esaïe 53.5). Jésus nous introduit dans la proximité de Dieu, son Père aimé, « Abba ».

Dès lors, nous dit Jürgen Moltmann, nous pouvons entrer tout simplement dans la communion trinitaire. En union avec Jésus, nous sommes en relation priante avec son Père aimé, Abba. Dieu est présent. Et nous faisons l’expérience de la présence vivifiante de l’Esprit. Ainsi la Trinité, n’est pas un mystère, c’est une réalité toute simple. Nous ne croyons pas en Dieu, nous vivons en un Dieu trinitaire (« You do not believe in God. You live in the trinitarian God »). Nous vivons en relation avec Jésus, Abba, cher Père et  l’Esprit qui donne la vie. « You live between Jesus, Abba, dear Father and the live giving energies of the Spirit ». Depuis le commencement, la foi chrétienne a une forme trinitaire : Jésus, Abba, Esprit. « The christian faith has from the beginning on, a triadic form : Jesus, Abba, Spirit ».

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Une pensée pour la vie

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Cette vidéo et celles qui l’accompagnent nous permettent de mieux comprendre ce que peut être le cheminement d’une réflexion théologique. Et, si nous pouvons douter de la pertinence et de la justesse de certaines constructions théologiques, ici, nous entrons dans une approche qui répond à des questionnements souvent existentiels. En fonction de son histoire de vie, la théologie de Jürgen Moltmann ne se développe pas dans l’abstraction. Elle est « branchée » sur des questions que nous nous posons dans la vie, non seulement sur le plan personnel, mais aussi en rapport avec nos interrogations concernant le monde d’aujourd’hui (6). Que cette théologie pour la vie nous aide à vivre en harmonie et en mouvement !

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J H

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(1)            L’autobiographie de Jürgen Moltmann relatée dans son livre : « A broad place », nous introduit dans le développement de sa pensée et l’évolution de son œuvre : Moltmann (Jürgen). A broad place. an autobiography. SCM Press, 2007. Voir une mise en perspective de ce livre : « Une théologie pour notre temps » sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/etudes/recherche-et-innovation/etudes/une-theologie-pour-notre-temps-lautobiographie-de-juergen-moltmann

Sur le blog : L’Esprit qui donne la vie : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=695.

(2)            Conférence de Jürgen Moltmann, professeur invité au Garrett Evangelical Theological Seminary en 2009 (vidéo) : http://www.garrettmedia.net/video500.php?vid_name=special/moltmann09/convocation

(3)            Sur le site de la faculté, présentation de l’ensemble des vidéos en rapport avec la venue de Jürgen Moltmann : http://www.garrett.edu/news/161-september-2009/282-video-of-jrgen-moltmann-at-garrett-evangelical

(4)            Présentation d’une interview de Jürgen Moltmann en vidéo : « L’avenir inachevé de Dieu. Pourquoi c’est important pour nous ». Sur ce blog : https://vivreetesperer.com/?p=1884

(5)            Vidéo présentée dans cette contribution : A conversation with Jürgen Moltmann : http://www.garrettmedia.net/video500.php?vid_name=special/moltmann09/conversation

(6)            Un essai d’introduction à l’œuvre de Jürgen Moltmann : le blog : L’Esprit qui donne la vie : http://www.lespritquidonnelavie.com/ Plusieurs des thèmes abordés dans cet article sont abordés sur ce blog. On pourra y lire notamment une présentation d’un livre de Moltmann paru en 2010 et récapitulant les grandes orientations de sa pensée : « Sun of rightneousness, arise. God’s future for humanity and the earth » : « Lève-toi, Soleil de justice ! L’avenir de Dieu pour l’humanité et la terre » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=798

Jürgen Moltmann a publié de nombreux livres qui sont des livres de fond, pour une part, traduits en français au Cerf. Un livre récemment traduit en France nous introduit dans les grandes orientations de sa pensée : Jürgen Moltmann. De commencements en recommencements. Une dynamique d’espérance. Empreinte temps présent, 2012  Présentation sur ce blog : « Une dynamique de vie et d’espérance » : https://vivreetesperer.com/?p=572

Sur ce blog, des articles correspondant à certains thèmes de cette conversation, notamment : « Vivre en harmonie avec la nature » : https://vivreetesperer.com/?p=757

Et : « Une vie qui ne disparaît pas » : https://vivreetesperer.com/?p=336  « Sur la terre comme au ciel » : https://vivreetesperer.com/?p=338

La beauté de l’écoute

Comment, dans un climat d’écoute, la vie divine peut être reconnue, se manifester et s’exprimer dans l’amour et dans la paix.

 

Le message de Frère Roger à Taizé .

 

Nos itinéraires spirituels sont divers. Les étapes et les lieux varient selon chacun. Mais, dans l’inspiration de l’Esprit de Dieu, nous sommes en marche. Aujourd’hui, à la suite d’un échange sur internet, nous avons découvert quelques vidéos qui nous communiquent de brefs, mais lumineux messages de Frère Roger. Roger Schutz, né en Suisse en 1915, a été, dans les années 40, le fondateur de la communauté de Taizé. Et, ensuite, pendant des années, devenu Frère Roger, il en a été l’inspirateur et le responsable jusqu’à sa mort, assassiné le 12 mai 2005 (1).

 

En regardant les deux vidéos que nous présentons ici, nous avons été ému et touché par la bonté et l’amour émanant de cet homme,  une foi simple, humble et bienfaisante.

Les vidéos retenues ici : « Ce que nous ne savions pas » et « La beauté de l’écoute » se rejoignent  pour nous dire que l’écoute et la compréhension dans la confiance qu’elle engendre, ouvre la voie à l’expression et la libération d’un potentiel spirituel : «Que se libère en nous et en tout être humain dans cette écoute, cette compréhension qui est amour, que se découvre peu à peu ce que nous ne savions pas : c’est que nous prions ». L’Esprit de Dieu est déjà là. Un processus se met en route dans lequel un vécu nouveau apparaît : prière, libération de la culpabilité, foi.  « La foi est une réalité très humble qui ne demande pas des efforts surhumains, non, pas du tout ! Mais beaucoup plus une attitude de simplicité pour comprendre ce que Dieu a déposé en nous ». Et, dans cette émergence, nous nous rendons compte alors « qu’il y a un   don, un cadeau, comme une offrande de Dieu qui est la paix, la paix intérieure, la paix du cœur ». L’écoute permet à ce qui est le plus profond en nous de s’exprimer. Ainsi, à travers un climat d’écoute, la vie divine peut être reconnue, se manifester et s’exprimer dans l’amour et dans la paix.

 

Ce que nous ne savions pas

 

« Qu’est ce que nous souhaitons le plus pour ceux qui viennent ici à Taizé ?

Nous souhaitons qu’ils soient écoutés, qu’ils soient entendus. Non pas qu’ils viennent recevoir des conseils, des directives… Rien de tout cela ! Mais qu’ils soient entendus . Et puis que se libère en nous et en tout être humain  dans cette écoute, dans cette compréhension qui est amour, que se découvre peu à peu ce que nous ne savions pas. C’est que nous prions. Même quand nos lèvres sont fermées, le Christ prie en nous.

Ce que nous ne savions pas, alors que nous avons tendance à être souvent sévères envers nous-mêmes, jamais Dieu ne vient comme peser sur l’être. C’est la Parole du Christ en Saint Jean : « Quand ton cœur te condamne, Dieu est plus grand que ton cœur » (2). Et il sait tout. Il connaît tout…Une grande découverte, cette réalité d’évangile…

Ce que nous souhaitons ! Dans cette première démarche dans une semaine à Taizé : peu à peu, se rendre compte qu’il y a un don, un cadeau, comme une offrande de Dieu à nous tous qui est la paix,la paix intérieure, la paix du cœur ».

 

Frère Roger : La beauté de l’écoute from Taize on Vimeo.

 

La beauté de l’écoute.

 

« La beauté de cette vocation qui est d’écouter l’autre. Elle est peut-être rendue possible parce qu’on a eu soi-même le besoin d’être écouté. On a compris ce que cela signifiait de ne pas être écouté.

Il y a plus ou moins le don d’écoute chez une multitude. Beaucoup d’hommes et de femmes en vieillissant saisissent ce qui leur est confié : être proche de l’autre ; le libérer ; le décharger du poids qui repose sur ses épaules, lui enlever ces mille kilos qu’il ne peut pas soulever, qu’il ne pourra jamais soulever.

Et cela passe surtout par l’écoute qui ouvre le chemin de la confiance, de l’humble confiance : la foi. Le chemin de la foi, ce n’est pas une autre voie que celle qu’on a peu à peu saisie, que la foi est une réalité très humble qui ne demande pas des efforts surhumains. Non, pas du tout. Mais beaucoup plus une attitude intérieure de simplicité pour comprendre ce que Dieu a déposé en nous ».

 

J H

 

(1)            Frère Roger et la communauté de Taizé : une étude dans Wikipedia  http://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Schutz

(2)            Première épître de Jean 3.20

Années de jeunesse

 

Une piste spirituelle.

 

En dehors de tout circuit institutionnel, durant ses années de jeunesse, de l’adolescence à la vie étudiante et à l’âge de jeune professionnelle, Sara, à partir d’une enfance vécue avec des parents croyants, a suivi une piste spirituelle.  Pour manifester cet enracinement,  elle a récemment demandé à être baptisée dans une église réformée. Ce cheminement témoigne d’un fil conducteur.

 

Sara nous parle de ses parents. « J’ai grandi avec des parents protestants où la foi était très présente au quotidien : prière avant le déjeuner, prière familiale avant de se coucher, présence obligatoire à l’église le dimanche matin. J’ai fréquenté des églises protestantes différentes et, à travers mes grands-parents, j’ai connu la religion catholique. Donc, j’ai vécu une grande ouverture et tolérance par rapport aux différentes confessions chrétiennes. Ainsi, j’ai participé à la catéchèse catholique quand j’étais enfant, tout en participant à des groupes de jeunes protestants. Selon la doctrine protestante, mes frères et moi, nous n’avons pas été baptisés enfant afin que nous puissions faire par la suite notre propre choix. Au moment de l’adolescence, j’ai commencé à prendre un peu de distance par rapport à l’église. Ainsi, à partir de la classe de quatrième, j’ai commencé à ne plus fréquenter régulièrement le culte du dimanche. J’ai commencé mon propre cheminement personnel, notamment à travers la prière ».

 

Comment cette évolution a-t-elle continué quand Sara est devenue étudiante ? « J’ai poursuivi mon parcours personnel. J’ai cessé d’aller à l’église,  mais j’ai toujours trouvé très réconfortant de savoir que Dieu était là et nous accompagnait tous les jours au quotidien . Cela me donnait de la force pour affronter les difficultés , les aléas de la vie que l’on rencontre quand on est jeune adulte. Je priais pour moi, mais aussi pour mes frères dans leurs difficultés et également pour celui qui est devenu mon fiancé. Dans mon itinéraire étudiant, j’ai beaucoup voyagé et j’ai donc poursuivi un chemin individuel ».

 

Sara ayant terminé ses études a éprouvé le besoin de se situer. « Au cours de ce parcours, j’ai assumé le fait que j’étais croyante en n’hésitant pas à le dire dans des conversations. A la fin de mes études, cela m’a paru naturel de me faire baptiser afin d’affirmer mon identité. C’était aussi une façon pour moi de remercier Dieu pour toutes les façons dont il m’a béni au cours de ma vie. C’est vrai que j’ai fait très souvent appel à Lui à travers la prière et je trouvais juste de lui exprimer ma reconnaissance. J’ai donc été baptisée dans une église réformée ».

 

Aujourd’hui, Sara prépare son mariage avec Pierre. « Ce sera un mariage œcuménique avec un pasteur et un  prêtre qui fera honneur à nos deux confessions. Dans le  cadre de la préparation au mariage, on est amené à se poser des questions sur la foi, et sur la foi dans le couple. Sur quelles valeurs voulons-nous bâtir notre couple ? C’est pour moi un cheminement nouveau puisque jusqu’ici j’avais une attitude dans laquelle je vivais ma foi de façon intime et personnelle ».

 

Ainsi Sara a suivi discrètement une piste spirituelle et celle-ci apparaît aujourd’hui au grand jour : « Mon cheminement avec Pierre m’amènera, j’espère, vers de belles rencontres et découvertes avec d’autres croyants ».

 

Contribution de Sara