L’enfant : un être spirituel

 

 

 

 

 

 

Souvenir personnel et sans doute souvenir de beaucoup d’autres : lorsqu’il vient au monde, le petit enfant engendre une dynamique d’amour chez ceux qui l’accueillent. Quelle merveille !

Tout récemment, dans une enquête, en réponse à la question : « Quel événement à venir pourrait susciter un émerveillement de votre part ? », la naissance arrive en tête (38%), suivie d’assez près par la joie d’un  enfant (33%) (1).

Cependant, d’après le travail des historiens, on sait que l’attention et le respect portés à l’enfant n’allaient pas de soi autrefois. Loin de là. Cette attention et ce respect se sont développées à partir du moment où les sociétés sont peu à peu sorties de l’oppression engendrée par la mortalité infantile, la sous nutrition, une violence latente…Pendant longtemps, en regard des adultes, le statut des enfants a été négligeable. Au début du XXè siècle encore, les mentalités ne sont pas prêtes à reconnaître le potentiel du petit enfant. A travers une œuvre pionnière, la doctoresse italienne, Maria Montessori, met en valeur ce potentiel, et, dans un livre rayonnant : « L’enfant » (2), elle parle de celui-ci en terme d’ « embryon spirituel ». Aujourd’hui où le concept de spiritualité est désormais reconnu et jouit d’une large audience, des recherches récentes viennent de mettre en évidence les dispositions spirituelles présentes chez l’enfant. Une recherche, réalisée par Rebecca Nye et David Hay, auprès d’enfants britanniques de 6 à 10 ans, a mis en évidence leurs aptitudes spirituelles en terme de « conscience relationnelle » (3).

Rebecca Nye nous décrit ainsi la spiritualité des enfants (4).

« La spiritualité des enfants est une capacité initialement naturelle pour une conscience de ce qui est sacré dans les expériences de vie. Cette conscience peut être ressentie ou pas, mais dans les deux cas, elle influe sur les actions, les sentiments et les pensées. Dans l’enfance, la spiritualité porte particulièrement sur le fait d’être en relation, de répondre à un appel, de se relier à plus que moi seul, c’est à dire aux autres, à Dieu, à la création ou à un profond sens de l’être intérieur (inner sense of self). Cette rencontre avec la transcendance peut advenir dans des expériences ou des moments spécifiques aussi bien qu’à travers une activité imaginative ou réflexive » (p.6).

Beaucoup d’expériences quotidiennes dans la vie de l’enfant se prêtent à un vécu spirituel. Aussi comprendre l’enfance est fondamental pour une compréhension plus générale de la spiritualité. Comprendre l’enfance, c’est percevoir entre autres, les réalités suivantes :

« ° Les enfants ont une façon plus holistique de voir les choses. Ils ne les analysent pas autant si bien que leur perception a un caractère plus mystique.

° Les enfants sont particulièrement ouverts et curieux. Aussi ont-ils une capacité naturelle d’émerveillement.

° La vie émotionnelle des enfants est au moins aussi forte que leur vie intellectuelle. Aussi savent-ils ce que c’est de s’abandonner à des forces qui transcendent leur contrôle.

° Les enfants manquent de connaissances sur beaucoup de choses. Pour eux, le mystère est une réalité profonde, généralement non menaçante, amicale et ils y répondent par un respect et une recherche de sens dans tous leurs jeux quotidiens.

° Les enfants acceptent que leurs mots ne suffisent pas à décrire pensées et sentiments. Aussi savent-ils que la valeur et l’importance réelle dépassent ce qui peut être dit. Ils se sentent à l’aise dans l’ineffable, l’indicible » (p.8)

« La découverte majeure de toutes ces études est que la spiritualité est une caractéristique commune naturelle, chez la plupart des enfants, probablement tous. Certainement aucune étude ne fait apparaître un type d’enfant qui ne possède pas des aptitudes spirituelles actives. D’un point de vue chrétien, cela fait sens, puisqu’on comprendrait difficilement pourquoi certaines personnes seraient créées sans une capacité instinctive de répondre à notre Créateur » (p.9). Les études sur la spiritualité des enfants éclairent notre compréhension de la spiritualité des adultes . « Un nombre surprenant d’adultes citent un souvenir d’enfance comme leur expérience spirituelle la plus importante… ». Au total, on constate que « la spiritualité des enfants est plus naturelle qu’apprise, que peut-être le terrain le plus fertile pour la spiritualité se situe dans l’enfance , que la spiritualité de l’enfance se répercute sur l’âge adulte, et que la spiritualité est profondément relationnelle » (p.11).

 Ces recherches viennent apporter une confirmation de ce que nous ressentions plus ou moins clairement. Oui, l’enfant est un être spirituel. Pendant des siècles, cette réalité a été largement méconnue. Ainsi les paroles de Jésus concernant les enfants étaient à contre courant. Aujourd’hui, elles retentissent avec une force inégalée. Maintenant, elle inspire les théologiens (5) et, pour nous, elles éclairent notre cœur et notre entendement. Jésus dit : « Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le Royaume des Cieux est pour ceux qui leur ressemblent » (Matthieu 19.14). « Quiconque reçoit en mon nom un de ces petits enfants me reçoit moi-même…( Marc 9. 37) ». Le commentaire de Rebecca Nye est éclairant : l’approche de Jésus vis à vis des enfants paraît appuyer l’idée que leur spiritualité reflète un état d’être quotidien. Les enfants sont accueillis et bénis et c’est au hasard que Jésus met un enfant en évidence. Cette réflexion nous éclaire sur la portée des recherches sur la spiritualité des enfants. De la même façon, Jésus s’est référé aux enfants (sans spécifier leur âge) comme « ceux dont les anges dans le ciel voient constamment la face de mon Père dans les cieux » (Matthieu 18.10). Cela suggère que les enfants jouissent d’une perception toute particulière.

C’est une forte invitation à penser que les adultes ont des choses à apprendre de la manière des enfants d’être simplement eux-mêmes et sur la relation pouvoir autorité entre les adultes et les enfants.

La découverte actuelle de la spiritualité des enfants s’inscrit dans le tournant culturel et religieux en cours durant les vingt dernières années (6). Mais, en même temps, ce phénomène est l’aboutissement de tendances à plus long terme. Ainsi le courant de l’éducation nouvelle se manifeste tout au long du XXè siècle. De même, le thème de la spiritualité a pris une importance croissante dans les dernières décennies.

La prise de conscience de la dimension spirituelle des enfants marque également une rupture avec les séquelles d’idées et de représentations installées en Occident pendant des siècles. Ainsi l’enfant était perçu comme entachée par une corruption issue du péché originel avec toute la représentation négative qui en résultait. On frémit à la manière dont certains envisageaient le sort des enfants décédés sans avoir été baptisés. Et par ailleurs, en mettant l’accent sur la petitesse et l’humilité des enfants et non sur leur potentiel de vie, la perception traditionnelle était aussi empreinte de négatif. Mais, en même temps, la reconnaissance croissante de la spiritualité des enfants s’affirme aujourd’hui à l’encontre d’une idéologie scientiste, rationaliste qui a occupé une place importante dans le paysage culturel du siècle dernier. Bien sûr, on doit également se garder d’une idéalisation excessive de l’enfant. Celui-ci participe à notre humanité avec ses travers et ses dérives, mais une vision nouvelle est apparue.

Aujourd’hui, nous assistons au développement d’une représentation nouvelle de la vie humaine. « Bénir, signifie littéralement : appeler le bien à se manifester », nous dit Rebecca Nye. Ainsi avons-nous besoin de reconnaître le bien là où il est pour l’encourager à s’épanouir. Voilà une approche souhaitable dans notre représentation de l’homme bien au delà de l’enfance.

L’enfant : un être spirituel. C’est un regard nouveau. Nous découvrons ce que nous pressentions. Quelle merveille !

 

JH

 

(1)            Sur ce blog : Ce qui nous émerveille. Sur le site de Témoins : « Reconnaître le fait spirituel : un sondage sur l’émerveillement » http://www.temoins.com/enqu-tes/reconnaitre-le-fait-spirituel.-un-sondage-sur-l-emerveillement.html

(2)            Montessori (Maria). L’enfant. Desclée de Brouwer (édition originale : 1936)

(3)            Hay (David). Something there. The biology of human spirit. Darton, Longman and Todd, 2006. Sur le site de Témoins : La vie spirituelle comme « conscience relationnelle ». http://www.temoins.com/etudes/la-vie-spirituelle-comme-une-conscience-relationnelle.html

(4)            Nye (Rebecca). Children’s spirituality. What it is and why it matters. Church House Publishing, 2009

(5)            Sur le site de Témoins : « Découvrir la spiritualité des enfants. Un signe des temps ». Un chapitre sur la théologie de l’enfant. http://www.temoins.com/etudes/decouvrir-la-spiritualite-des-enfants.-un-signe-des-temps/toutes-les-pages.html

(6)             Sur le site : expérience et théologie : Ursula Tissot. Comment le Dieu qui s’est fait enfant rejoint notre enfant intérieur. http://www.experience-theologie.ch/reflexions/ressourcement/comment-ce-dieu-qui-s’est-fait-enfant-rejoint-notre-enfant-interieur/

Face à la crise : un avenir pour l’économie

La troisième révolution industrielle

 

Une crise économique et financière, inégalée depuis des décennies, atteint aujourd’hui beaucoup de gens et se fait entendre à travers des débats ininterrompus dans les médias ou sur la scène publique. Sur les causes comme sur les remèdes, s’expriment des analyses et des opinions variées, souvent contradictoires. Pour échapper à l’anxiété qui peut en résulter, on a besoin d’un éclairage à la hauteur de la dimension du phénomène dans l’espace et dans le temps. Au delà de la conjoncture où on peut voir l’inconscience ou la malveillance de certains acteurs, la compréhension de cette crise n’appelle-t-elle pas une analyse et une prise en compte d’un changement profond dans les conditions de la production et de la consommation, les modes de communication et les comportements correspondants ?

Au long des dernières années, nous avons cherché des réponses à ces questions. Nous venons de trouver un  éclairage pertinent dans un livre qui vient de paraître : « La Troisième Révolution Industrielle » (1). L’auteur, Jérémie Rifkin, est un économiste américain, engagé depuis trente ans dans une réflexion prospective et expert consulté par des gouvernants et des personnalités politiques dans de nombreux pays. En ce début du XXIè siècle, Jérémie Rifkin  a travaillé tout particulièrement en Europe en inspirant notamment une déclaration du Parlement européen prenant position en faveur d’une troisième révolution industrielle (p 105). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages de synthèse et de prospective comme : « Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie » (2). Quelles réponses Jérémie Rifkin apporte-t-il à quelques unes de nos interrogations majeures ?

 

Les origines de la crise économique et financière.

 

Tout d’abord, par delà les causes immédiates, la crise économique et financière actuelle a-t-elle une origine plus profonde ? De fait, elle apparaît comme la conséquence de la fin de la deuxième révolution industrielle fondée sur l’utilisation du pétrole et des autres énergies fossiles. Cette civilisation industrielle est aujourd’hui à bout de souffle. Et, à cet égard, l’évolution de l’économie américaine est instructive. Dans la seconde moitié du XXè siècle, « la conjonction de l’électricité centralisée, de l’ère du pétrole,de l’automobile et de la construction de banlieues pavillonnaires a d’abord suscité un grand essor économique qui a pris fin dans les années 80 » (p 40). Pour maintenir la progression, on s’est alors appuyé sur l’épargne accumulée dans les décennies prospères et sur des pratique de crédit facile. Cette ressource s’est épuisée. La bulle de l’immobilier a éclaté en 2007 et une grande récession a alors commencé. « La bulle du crédit et la crise financière ne se sont pas produites sous vide. Elles sont issues de la décélération de la deuxième révolution industrielle. C’est le mariage du pétrole abondant, bon marché et de l’automobile qui a conduit l’Amérique au sommet de l’économie mondiale dans les années 80… » (p 40). Cette richesse a été ensuite dilapidée pour continuer à faire tourner artificiellement le moteur économique à plein régime. La consommation exacerbée a entraîné une hausse du prix du pétrole.  « Celui-ci a atteint le cours record de 147 dollars en juillet 2008. Soixante jours plus tard, la communauté bancaire asphyxiée par les prêts non remboursés a fermé le robinet du crédit. La Bourse s’est effondrée et la mondialisation s’est arrêtée » (p 40).

Il faut ajouter à ce diagnostic, une vision à plus long terme. Il y a une autre dette, beaucoup plus lourde et difficile à rembourser. « La facture entropique des première et deuxième révolutions industrielles arrive à échéance » (p 42). Les conséquences de la quantité de dioxyde de carbone envoyé dans l’atmosphère terrestre se font maintenant sentir et il en résulte une grave menace de changement climatique.

 

Une nouvelle orientation économique : la troisième révolution industrielle.

 

Le diagnostic étant posé, un changement de cap radical s’impose. Or il y a bien un avenir nouveau qui peut se dessiner à partir du potentiel technologique actuel . Ici Jérémie Rifkin commence à nous ouvrir un nouvel horizon. Et il nous dit comment il a découvert progressivement cette voie nouvelle : « Au cours de mes investigations, j’ai fini par comprendre que les grandes évolutions économiques de l’histoire se produisent quand de nouvelles technologies de communication convergent avec de nouveaux systèmes d’énergie » (p 12) Or cette conjonction est en cours aujourd’hui : « La technologie d’internet et les énergies renouvelables sont en voie de fusionner pour créer une puissante infrastructure nouvelle, celle d’une troisième révolution industrielle qui va changer le monde ».

Quels sont les éléments constitutifs de cette révolution ? Elle repose sur cinq « piliers » en interrelation :

1 « le passage aux énergies renouvelables.

2 La transformation du parc immobilier de tous les continents en un ensemble de microcentrales énergétiques qui collectent sur site des énergies renouvelables.

3 Le déploiement de la technologie de l’hydrogène et d’autres techniques de stockage dans chaque immeuble et dans l’ensemble de l’infrastructure pour stocker les énergies intermittentes.

4 L’utilisation de la technologie d’internet pour transformer le réseau électrique de tous les continents en interréseaux de partage de l’énergie fonctionnant exactement comme internet.

5 Le changement des moyens de transport par passage aux véhicules électriques branchables ou à pile à combustible capables d’acheter et de vendre de l’électricité sur un réseau électrique continental intelligent » (p 58).

 A économie nouvelle, nouvelle organisation sociale.

 

Une transformation aussi profonde dans les modes de production, de consommation  et de communication va s’accompagner d’un changement majeur dans nos comportements et du développement d’une nouvelle organisation sociale et politique. Comme les deux précédentes, la troisième révolution industrielle « va changer radicalement tous les aspects de notre façon de travailler et de vivre ». « L’organisation verticale traditionnelle, typique d’une si large part de la vie économique, sociale et politique des révolutions industrielles fondées sur l’énergie fossile, est en train de céder la place à des relations distribués et coopératives dans l’ère industrielle verte émergente. Le changement profond de l’organisation même de la société est en cours. Nous nous éloignons du pouvoir hiérarchique et nous nous rapprochons du pouvoir latéral » (p 16). C’est un nouvel horizon qui s’ouvre devant nous. « La troisième révolution industrielle va poser les bases d’une ère coopérative émergente. La mise en place de son infrastructure va créer pendant quarante ans des centaines de milliers d’entreprises nouvelles et des centaines de millions d’emplois nouveaux. Ce sera une ère nouvelle caractérisée par le comportement coopératif, les réseaux sociaux et les petites unités de main d’œuvre technique et spécialisée (p 16). « Traditionnellement, le pouvoir s’organise verticalement. C’est une pyramide. Mais aujourd’hui, l’énergie coopérative libérée par la conjonction de la technologie d’internet et des énergies renouvelables restructure fondamentalement les relations humaines. Elles ne vont plus de haut en bas, mais côte à côte et les conséquences sont immenses pour l’avenir de la société » (p 17).

 

L’évolution de l’emploi. Un avenir pour la société civile.

 

Dans les décennies qui viennent, la mise en œuvre de cette nouvelle organisation économique va être source d’emploi, alors que les gains de productivité (et pas seulement la délocalisation !) amenaient peu à peu un développement du chômage dans la période qui vient de s’écouler. Cependant, quand nous nous approcherons du milieu du siècle, l’activité économique sera de plus en plus supervisée par des substituts technologiques intelligents ce qui permettra à une grande partie de l’humanité libérée de ces tâches, de créer du capital social dans une société civile à but non lucratif qui deviendra le secteur dominant dans la seconde moitié du XXIè siècle » (p 17).

C’est dans cette perspective que se pose à long terme le problème de l’emploi. « Aujourd’hui, les quatre grands secteurs économiques : l’agriculture, l’industrie, les services et le domaine des soins et de l’expérientiel remplacent tous leur main-d’œuvre salariée par de petites équipes extrêmement qualifiées et de technologies intelligentes de plus en plus raffinées et agiles. Donc que va-t-il se passer pour les millions de salariés des mains-d’œuvre de masse de l’ère industrielle quand le monde aura dépassé le stade infrastructurel de la troisième révolution industrielle pour entrer dans l’ère coopérative pleinement distribuée… Dans ces conditions, le problème n’est plus de chercher comment recycler la main- d’œuvre, mais de définir ce que l’on entend par travail.. (p 374).

Il reste quatre secteurs où l’on peut trouver du travail : le marché, l’Etat, l’économie informelle et la société civile. Jérémie Rifkin définit la société civile comme le lieu «où les humains créent du capital social, et elle est constituée d’un large éventail de centres d’intérêt : les organisations religieuses et culturelles, l’éducation,la recherche, la santé, les services sociaux, les sport, les associations de protection de l’environnement, les activités de loisir et les multiples association de soutien dont l’objectif est de créer du lien social » (p 374). De fait, dès maintenant, le secteur « à but non lucratif » est une réalité sociale et économique. Et on constate qu’il attire de plus en plus de jeunes. « On voit bien pourquoi : distribué et coopératif par nature, ce secteur est une option plus attrayante pour une génération qui a grandi sous internet et est engagée dans les réseaux sociaux, eux aussi distribués et coopératifs ».

 

Ainsi la pensée de Jérémie Rifkin nous ouvre un horizon : « Si dans le prochain demi-siècle, nous réussissons à satisfaire les besoins physiques de notre espèce –un grand si- les préoccupations transcendantes deviendront probablement une force motrice toujours plus importante de la période suivante de l’histoire de l’humanité »  (p 17).  Dans ce temps de crise, voici une réflexion qui va alimenter notre réflexion et nourrir le dialogue.

 

JH

 

(1)            Rifkin (Jérémie). La Troisième Révolution Industrielle. Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde. LLL Les liens qui libèrent, 2012. Edition originale : The third industrial revolution, 2011

Rifkin (Jérémie). Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie. LLL Les liens  qui libèrent, 2011. Commentaire sur ce blog : la force de l’empathie 26 octobre 2011. Mise en perspective sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/etudes/vers-une-civilisation-de-l-empathie.-a-propos-du-livre-de-jeremie-rifkin.apports-questionnements-et-enjeux.html

Solidaires à l’échelle du monde

Le microcrédit à la portée de tous : Babyloan

 

Aujourd’hui en Europe, nous sommes entré dans un temps de crise économique et financière qui affecte les conditions d’existence de beaucoup de gens et suscite en conséquence des craintes et des agressivités. Le monde change. Des économies émergentes apparaissent et modifient le paysage international. Cependant, si la pauvreté qui régnait autrefois dans la majorité des pays du monde a régressé, elle est toujours là et pèse encore sur une multitude d’existences. La lutte pour une vie meilleure continue et un grand nombre d’organisations non gouvernementales sont mobilisées à cette fin. Cependant on perçoit de plus en plus l’implication des « pauvres » eux-mêmes dans les efforts engagés pour améliorer leurs conditions de vie. Une des formes de cet engagement est la multiplication des initiatives soutenues par le microcrédit. Tout récemment, un « appel de Paris pour une microfinance responsable » témoigne du caractère international de ce mouvement dont l’initiateur, Mohammad Yunus a reçu en 2006 le prix Nobel de la paix.

 

Aujourd’hui, grâce à internet, nous sommes tous concernés. Notre « prochain » n’est plus seulement celui qui vit dans notre environnement immédiat. À travers le web, nous rejoignons les hommes et les femmes de la terre entière. Connaissez-vous le site : « Sept milliards d’autres » ? http://www.6milliardsdautres.org/index.php

C’est un site particulièrement impressionnant, car, à travers 6 000 portraits vidéos, nous y rencontrons l’humanité dans toute sa diversité, du pêcheur brésilien à l’avocate australienne, de l’artiste allemand à l’agriculteur afghan, et pouvons y entendre les préoccupations, les aspirations, les questionnements des êtres humains en réponses à des questions simples comme : « Qu’avez vous appris de vos parents ? Que souhaitez-vous transmettre à vos enfants ? Quelles épreuves avez-vous traversé ? Que représente pour vous l’amour ?… ».

 

Aujourd’hui, on le sait, l’attention à l’autre peut s’exercer de bien des manières. C’est le cas dans les sites qui nous permettent de connaître les conditions d’existence et les besoins de beaucoup de gens qui font appel au microcrédit et à qui on peut apporter ainsi « un coup de main ». Comment ne pas nous rendre compte que, dans nos sociétés occidentales, nous sommes, malgré tout, relativement privilégiés et ne pas participer à un moyen très simple et accessible à tous : « Parce que notre prêt solidaire permet à un micro entrepreneur de développer ses activités, prêtez ! ».

J’ai découvert les sites de microcrédit : Babyloan et Microworld http://www.microworld.org/fr (1) en écoutant la radio, en l’occurrence BFM, et c’est vraiment une satisfaction de participer à cette activité.

 

Quelques mots sur le site : Babyloan qui met l’accent dans son fonctionnement sur la convivialité : http://www.babyloan.org/fr/

Toute une équipe est à l’œuvre. Fondateur et président de Babyloan, Arnaud Poissonnier, témoigne d’un itinéraire qui caractérise bien ce mouvement. De banquier de gestion de fortune, il est devenu le responsable d’une « entreprise sociale ». Babyloan n’est pas une association, mais une des premières entreprises sociales françaises, créée en février 2008. L’entreprise sociale a une caractéristique commune avec les autres entreprises : elle doit atteindre l’équilibre économique. Mais elle s’en distingue en se consacrant à la résolution d’un problème, par exemple l’amélioration du sort de plus démunis, et ne cherchant pas le profit pour ses actionnaires.

Entrons donc dans le site deBabyloan. Nous y découvrons une grande diversité de projets qui font appel au microcrédit. Ces projets sont présentés dans le contexte humain de ceux qui font appel à nous : leur existence familiale, leurs conditions de vie, leurs motivations. On entre ainsi en contact virtuel avec  des personnes et on peut devenir leur « prochain », celui qui va à la rencontre de l’autre dans un  mouvement de sympathie.

Et ensuite le processus est très simple : « Je choisis un  projet. Je fais un  prêt solidaire à partir de 20 euros qui participe au financement du microcrédit de l’entrepreneur choisi. Celui-ci développe son activité et me rembourse sans intérêt »… C’est un acte de solidarité : « En proposant de prêter et non de donner, Babyloan représente une nouvelle forme de solidarité respectueuse de la dignité du bénéficiaire et qui rompt avec la logique le l’assistanat ».

Babyloan est devenu leader européen dans ce secteur. Aujourd’hui, plus de 13 000 personnes participent à son activité : « En 2011, vous avez prêté 1 500 000 euros à plus de 3 500 projets. Vous avez soutenu ainsi 20 000 personnes ».

 

Et voici, comme exemples, quelques projets auxquels nous nous intéressons :

« Les uniformes de Carmen » à Lima. Pérou

Sanchez Carmen, âgée de 62 ans, mère de 6 enfants, passionnée de couture, fait appel au microcrédit pour développer un atelier de confection qui fabrique des uniformes et des tenues de sport pour plusieurs écoles.

http://www.babyloan.org/fr/projects/carmen-sanchez-erazo-de-espinoza/les-uniformes-de-carmen/6107

« Les agrumes d’Amani ». Gaza

Amani, 31 ans, mère de 5 enfants, cultive une parcelle de terre et vend ses oranges pour gagner sa vie ; elle fait appel au microcrédit pour louer une autre terre et y installer une serre pour cultiver des légumes. http://www.babyloan.org/fr/projects/amani-hamduna/les-agrumes-damani/8558

« Les canards d’Essi ». Togo

Essi, agée de 53 ans, mère de 3 enfants, participe à un petit groupe de quatre femmes solidaires. Elle fait appel au microcrédit pour développer un élevage de canards ;

http://www.babyloan.org/fr/projects/essi-novissi-kitikpo/groupe-les-canards-dessi/8385

« Têtê. Elevage de poules ». Togo 

Marié et père de 2 enfants, 30 ans, Tété élève des poules pondeuses et vend les œufs. Il sollicite un  prêt pour acheter 300 poussins et de la nourriture pour ses poules. http://www.babyloan.org/fr/projects/tete-mensah/tete-elevage-de-poules/8207

« Les cacaoyers et le maïs d’Agustina ». Equateur

Agustina, 72 ans, travaille avec passion dans ses plantations de cacaoyers et de maïs. Elle vit avec son époux dans une modeste maison. Elle fait appel au microcrédit pour un achat d’engrais et de graines. http://www.babyloan.org/fr/projects/agustina-de-la-cruz-mora-mendoza-/les-cacaoyers-et-le-mais-dagustina/8528

 

La solidarité dans la convivialité ! Participer ainsi au microcrédit, c’est un  bonheur !

 

JH

 

(1) Microworld , autre site de microcrédit, est un projet du groupe Planet Finance, organisation de grande envergure dont la compétence et l’efficacité sont signifiées notamment par la personnalité de son président Jacques Attali.

Entrepreneuriat social et foi chrétienne

J’ai découvert SIFE (Students In Free Entreprise) il y a 3 ans, alors que des étudiants de 4ème année lançaient SIFE Sciences Po Lille. L’objectif est, pour les étudiants, de s’investir dans des projets d’entreprenariat au service de la société. En prenant en compte le contexte économique, environnemental et social, il s’agit de « renforcer les capacités des personnes dans le besoin afin d’améliorer leurs qualités et leur niveau de vie ».

 

SIFE est une aventure humaine extraordinaire. En équipe nous nous montons des projets contribuant à rendre le monde un peu meilleur, un peu plus juste. On apprend énormément les uns des autres et aussi de tous les acteurs que nous rencontrons pour mener nos projets : associations, entreprises, personnes âgées, jeunes défavorisés, militants… Faire partie de SIFE, c’est également rentrer dans une communauté. En France plus de 25 équipes SIFE d’environs 20 personnes sont actives et mènent des projets locaux et internationaux. Cette année l’équipe SIFE Sciences Po Lille, composée de 30 membres s’investit dans 5 projets: atelier de théâtre avec des jeunes roms et non roms, ateliers culturels intergénérationnel, commercialisation de soieries et de thés produits par des laotiens issus des minorités, renforcement de l’agriculture dans un village béninois.

Dans le monde ce sont plus de 15 000 étudiants qui se mobilisent pour changer des situations révoltantes et proposer un autre modèle

 

L’entrepreneuriat social se distingue de l’assistanat en ce qu’il donne une place, un rôle et des responsabilités aux bénéficiaires. L’entrepreneuriat social met en œuvre des solutions innovantes pour répondre à des besoins sociétaux et se veut pérenne de par son modèle économique (ne dépendant pas de subventions). L’argent est un moyen pour résoudre des défis sociaux, mais non pas une fin en soi.

 

Pour moi SIFE fut l’opportunité de m’investir en tant qu’étudiante pour mettre ma foi et mes valeurs en action. Ayant soif d’alternatives, je trouve dans SIFE, un moyen concret de me mettre au service des autres et de transformer un petit peu ce qui ne va pas autour de moi. Loin des grands débats et grandes rhétoriques sur ce qui pourrait être fait différemment, je suis heureuse de contribuer avec tant d’autres personnes à un changement ancré dans la réalité .

 

Anneline

En marche

 

 

Fatalité. Résignation. Immobilité. Enfermement. Peur. Tristesse. Mort. Fuite. Ailleurs. « Sans vision, le peuple périt » (Prov. 29.18).

 

Bourgeonnement. Engendrement. Emergence. « Douleurs de l’enfantement » (Rom. 8.22). Projet. Anticipation. Nouveauté. Avenir. Espérance.

 

« Espérer : considérer ce qu’on désire comme devant se réaliser » (Petit Robert). Je m’attends à toi. J’ai confiance.

 

Souffrance. Angoisse. Déprime. Malgré tout. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous » (Rom. 8.31)). « J’ai mis devant toi la vie et la mort. Choisis la vie » (Deut. 30.19).

 

Amour. Communion. Sur la terre comme au ciel.  « Dieu fait pour nous des projets de bonheur et non de malheur »  (Jér. 29.11).

 

Promesse. « Dieu qui donne la vie aux morts et qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient » (Rom. 4.7)). Christ ressuscité. Vie . Puissance de Vie.  « Il souffla sur eux et leur dit : Recevez le Saint Esprit » (Jean 20.22). Souffle du Dieu Vivant.

 

« Il est au milieu de vous et dans le monde entier. Il porte des fruits et Il va grandissant » (Colossiens 1.6). Nouvelle création. « Dieu tout en tous » (1 Cor.15.26). « Voici, je fais toutes choses nouvelles » (Ap. 21.5).

 

En marche. « Abonder en espérance par la puissance du Saint Esprit » (Rom.15.13).

 

JH

Un nouvel an, ensemble, en route…

Nouvel An. Un commencement… Comment est ce que nous considérons l’avenir ? On sait que les représentations de l’avenir varient selon les religions, les civilisations. Notre représentation de l’histoire est inspirée, implicitement ou explicitement par le message que nous avons reçu à travers la Bible, une foi en la promesse de Dieu qui nous met en mouvement à l’exemple d’Abraham ou du peuple juif sortant d’Egypte pour une nouvelle destinée. Et pour les chrétiens, entendre que Christ est ressuscité d’entre les morts et que la puissance de Dieu est à l’œuvre, dès maintenant, pour accomplir la résurrection des morts et la libération de l’humanité et de la nature, nous parle « dans un même mouvement du fondement de l’avenir et de la pratique de la libération des hommes et de la rédemption du monde » (Jürgen Moltmann, Jésus, le Messie de Dieu (Cerf), p. 328). C’est le fondement d’une théologie de l’espérance. C’est une inspiration pour notre société en ce temps de crise où les menaces abondent, et aussi, pour nous personnellement dans un chemin où se mêlent les joies et les épreuves et où parfois on ne voit plus clair.

 

A un moment où on prend de plus en plus conscience des interrelations entre l’humanité et la nature dans laquelle elle s’inscrit, un exemple issu du monde animal vient nous apporter un éclairage qui fonctionne comme une parabole.

Le magnifique film sorti en 2001 : « Le peuple migrateur » est présent dans nos mémoires … et aujourd’hui accessible sur internet :

http://www.youtube.com/watch?v=ks_nLiTSvb4

Et, sur le site Flickr, on trouve des photos parfois impressionnantes d’oiseaux en migration. En voyant les images des oies sauvages en vol pour échapper au froid de l’Arctique et gagner les pays du soleil, comment ne pas admirer l’instinct qui les conduit. On est saisi par la beauté de ces créatures. Et lorsqu’on sait qu’un vol d’oies sauvages est aussi une expérience collective où une solidarité se manifeste, n’est-ce pas pour nous une source d’inspiration, la métaphore d’un mouvement où la foi s’exercerait dans la communion. Ainsi, en ce Nouvel an, une superbe photo de ces oies en vol nous interpelle :

http://www.flickr.com/photos/warmphoto/6320042255/lightbox/

Elle nous suggère foi, courage, solidarité. N’aspirons-nous pas aussi à faire route les uns avec les autres comme beaucoup d’hommes déjà engagés sur ce chemin ?

 

JH