Une aspiration communautaire portée par le numérique

# Un nouveau monde : l’ère numérique

Le monde change très rapidement. On est en train de passer d’un monde caractérisé par un engagement physique de l’homme à un monde numérique.  La génération Y est une expression de ce nouveau monde. De plus en plus, tout se fait sur le web : les achats, les opérations financières, le travail, … Cela commence à apparaître. Par exemple, moins de gens vont à la banque.

Par ailleurs, chaque objet devient de plus en plus connecté et se développe de plus en plus. Les voitures commencent à être connectées à leur environnement.  Dans la maison, le thermostat est connecté à notre téléphone pour le réglage du chauffage à  distance. Dans la santé, le médecin va bénéficier d’un suivi des informations concernant notre état physique depuis chez soi.

Le monde se numérise davantage.  Nous sommes impactés par ce changement . Cette transformation va beaucoup plus vite que nous le pensons. Certes, il faut veiller à prévenir une « fracture numérique », c’est à dire une incapacité de populations âgées ou défavorisées à entrer dans ce mouvement. En France, il y a souvent des résistances au départ, mais ensuite le changement va très vite. Par exemple, le téléphone portable est entré dans les mœurs en 5/6 ans après. La connexion des objets va s’accélérer dans les prochaines années. Elle sera omniprésente dans 4/5 ans. Récemment, je me suis rendu à un salon de start up. J’ai été très impressionné par la vitesse du changement. Quand j’ai vu cela, j’ai compris ce qui était en train de se passer. En France, il y a deux mondes : celui d’aujourd’hui et celui de demain.  Le monde de demain entre dans le monde d’aujourd’hui.

#Un développement de la vie relationnelle.

 #Si , dans un premier temps, les nouvelles pratiques se prêtent à l’individualisme, les gens ressentent les inconvénients de l’isolement physique.  Et des aspirations relationnelles se développent et se réalisent dans de nouvelles pratiques, dans de nouveaux comportements. L’économie collaborative a aujourd’hui un rôle moteur . C’est l’auto partage. (bla bla car, Uber). C’est un logement chez l’habitant lorsqu’on voyage (Couchsurfing, Airbnb). C’est la location d’outils. Ces pratiques sont source de revenus modiques. Elles développent la sociabilité. Dans tous les domaines, des réseaux se créent. Il  y a aussi un progrès de la personnalisation. On cherche à répondre aux besoins spécifiques d’un individu. Tout se fait pour des personnes . A la fin, j’aurai un objet qui sera unique. Le processus est accéléré par une innovation à très grande portée :  l’expansion de l’imprimante 3D . Par exemple dans ma banque, on me proposera une carte bancaire personnalisée sur place. Ce mouvement généralisé se traduit par le développement des réseaux, des communautés. La vie relationnelle se développe à  grande vitesse.

 #Discerner l’œuvre de Dieu.

#Certains perçoivent cette mutation avec crainte . Et effectivement, on peut mesurer les dérives et les dangers. Mais, nous devons nous rappeler que l’Esprit de Dieu est créateur et que Dieu continue à agir dans sa création.  Dans cette perspective, nous voyons l’œuvre de Dieu dans les découvertes des chercheurs. Lorsque deux synapses se connectent , du nouveau apparaît. C’est Dieu qui inspire les chercheurs et révèle à  travers eux des mystères qu’on ne connaissait pas. Dans ce mouvement, nous découvrons l’avenir de Dieu qui se manifeste à  nous.

 #De nouvelles communautés chrétiennes

 #La transformation numérique a donc un impact considérable sur le mode de vie.  Ce changement du mode de vie intervient dans tous les domaines. Et très naturellement, il implique de profonds changements dans la manière d’être et de faire église. Le besoin de relations vraies va en croissant. Aujourd’hui, plus qu’avant, nous ressentons le besoin de ne pas être seul . Mais il y a en même temps une attitude plus autonome, une exigence de respect. Internet est un moyen remarquable de communication qui permet de susciter de nouvelles opportunités et des nouveaux lieux de rencontre. C’est donc une voie ouverte qui permet l’apparition de nouveaux groupes de partage, de communautés nouvelles dans une perspective de réseau. Le monde change. Dieu nous appelle à l’écoute.

#Propos recueillis auprès de Faubert Pélage

Ingénieur dans les nouvelles technologies

#Sur ce blog, voir aussi :

« L’ère numérique. Gilles Babinet, un guide pour entrer dans ce nouveau monde » : https://vivreetesperer.com/?p=1812

« Une révolution en éducation. L’impact d’internet pour un nouveau paradigme en éducation » : https://vivreetesperer.com/?p=1565

« Une nouvelle manière d’être et de connaître. « Petite Poucette » de Michel Serres : https://vivreetesperer.com/?p=820

D’une religion enfermante à la vie

#

Propos recueillis auprès de Philippe M.

 #

 #

Je travaille dans le génie climatique. J’interviens dans l’étude et la réalisation de la partie électricité et automatisme, la régulation du chauffage/climatisation et dans la recherche de solutions techniques pour répondre aux exigences des nouvelles réglementations thermiques. J’habite en Alsace et je travaille essentiellement dans la construction de plateformes logistiques dans toute la France. Je circule beaucoup et je rencontre des gens très différents : des ouvriers du bâtiment de différentes nationalités, des techniciens, des ingénieurs qui contrôlent mon travail, des responsables d’entreprise.

#

​Le milieu du bâtiment aujourd’hui est très tendu. Il y a de plus grandes exigences au niveau technique et délai d’exécution. Cela m’amène à pénétrer dans des univers où le stress est palpable. Dans ce contexte, j’apprends beaucoup sur le fonctionnement de l’être humain. De ce fait, j’apprends beaucoup sur moi. C’est un milieu où il y a de la souffrance physique liée à la pénibilité du travail et des souffrances psychiques liées à l’éloignement de la famille à travers de nombreux déplacements professionnels. Progressivement, dans ce contexte, j’ai appris à me rapprocher des autres. Au début, j’ai souvent été étonné de voir une personne d’apparence fermée s’ouvrir facilement dès que je lui posais des questions plus personnelles.

 #

​Le sujet de la religion revient souvent. Je vois que dans l’esprit de la plupart des gens, il y a beaucoup de préjugés et de fausses idées sur le christianisme . Par exemple, pour certains, le christianisme est synonyme de non liberté, de formatage, de conflits entre les différentes églises. Le personnage de Jésus est vu comme un deuxième Moïse qui apporte des lois et des commandements. Il y a aussi la peur très prononcée des phénomènes sectaires.

L’évangélisation, souvent à juste titre, est perçue comme une imposition d’idées reçues, et, en même temps, paradoxalement, le chrétien prétendrait indiquer un chemin de liberté. Je constate une grande défiance vis à vis de tous les pouvoirs en général, et notamment vis à vis du pouvoir religieux qui touche à un côté sensible de la personne parce qu’on y développe des idées (toutes faites / impersonnelles) sur l’amour, l’âme, l’esprit, l’être, Dieu. On a plus de mal à confier sa personne au milieu religieux. Les gens sont très méfiants. J’ai découvert aussi des personnes se disant athées, mais, en creusant, on découvre qu’elles sont athées en opposition à un Dieu représenté sous une certaine forme par la religion : « Dieu pour moi, ce n’est pas ça ». C’est surprenant car ils décrivent ensuite un Dieu idéal, un Dieu proche, un Dieu ouvert, un Dieu qui ne soutient pas un clan, qui ne suscite pas une exclusion. Malheureusement, à cause de la religion, ils ont abandonné l’idée de trouver ce Dieu là.

 #

​Je découvre dans les gens que je rencontre, au-delà d’une façade d’auto-défense, de réflexes d’autoritarisme, de colères exprimées, d’expressions grivoises, des perles précieuses qui jaillissent, comme la générosité, la bonté, l’authenticité, le partage… Je me sens naturellement en relation avec eux en voyant en eux l’image de Dieu. Ce que je remarque aussi, c’est une grande recherche de sens dans ce que l’on fait. Une fois, une personne me disait : « J’ai une belle maison, une belle voiture, une belle famille ; J’apprécie tout cela, mais j’ai envie de passer à autre chose : donner un sens à ma vie, être tourné vers les autres ». Un autre désir revient souvent : faire les choses avec joie, avec plaisir. La défiance vis-à-vis des autorités engendre une réflexion personnelle sur ce que ces autorités demandent et imposent. J’observe une plus grande autonomie et la volonté d’agir si cela résonne intérieurement. Un esprit critique se développe. Ce qui fédère aujourd’hui, c’est le produit d’une attirance par opposition aux impératifs du devoir. Je ne fais plus une bonne action par devoir. J’agis parce que cela résonne profondément en moi. Je me laisse attirer. Cela me rappelle les lois qui régissent notre univers : le mouvement des électrons autour du noyau, le mouvement des planètes suscitées par leur attirance mutuelle. C’est un mouvement synonyme de vie et l’être humain se sent vivant quand il se laisse naturellement attirer sans manipulation, sans contrainte. Peut-être, ce besoin d’exister en allant vers l’autre sans contrainte rappelle ce lien qu’on a découvert dans la science quantique.

 #

​A l’âge de cinq ans, j’ai été touché par un amour profond et je peux dire que j’ai goûté à l’amour de Dieu. Pour moi, c’était très simple d’être chrétien. Cela s’est compliqué par la suite. En grandissant dans mon milieu d’église, j’ai été conditionné par des représentations légalistes et autoritaires de Dieu, de ce qu’est « un bon chrétien ». Des évènements dans ma vie m’ont permis de prendre du recul face à une religion enfermante.. J’ai toujours été convaincu de l’amour immense que Dieu avait pour les hommes. Quand je lis les évangiles, je vois Jésus-Christ très proche des gens non religieux. Je l’imagine passer la plupart de son temps avec les gens « païens ». Jésus attirait les foules jusqu’au point où il n’arrivait plus à entrer dans une ville. Il la contournait. Les foules sortaient des villes pour le rejoindre, attirées par sa personne. Je pense que les gens se sentaient reconnus tels qu’ils étaient. Ils se sentaient vivre dans ce mouvement. Ils ressentaient un esprit de liberté omniprésent.

#

​On m’a appris à être « religieux » et maintenant j’apprends à sortir de ce comportement. Plus j’apprends à me connaître, moins j’ai la crainte d’aller vers mon prochain et alors mon prochain s’ouvre. Cette ouverture se fait naturellement, sans effort. Les personnes que je rencontre ne savent absolument pas que je suis chrétien et me parle spontanément de Dieu, de la religion. A cette occasion, j’aime leur communiquer mon image personnelle de Jésus-Christ. Une personne merveilleuse ouvrant les yeux sur les magnifiques perles précieuses se trouvant dans les profondeurs de l’âme de chaque femme, chaque homme, chaque enfant. Voilà où se trouve aujourd’hui, le sermon, la  prédication, la bible que je reçois. J’apprends énormément dans la relation avec l’autre, je chemine d’émerveillement en émerveillement. Est-ce que l’homme a besoin d’entendre que certaines de ses actions sont mauvaises, pas si sûr. Un jour, alors, que je travaillais sur mon échelle dans un faux plafond, un homme s’approche de moi et me raconte son parcours chaotique: « A peine marié, pendant mon voyage de noce, j’ai trompé ma femme et avons aussitôt divorcé, depuis je vais de femme en femme… » Je n’avais jamais discuté avec lui. Je prenais juste le temps de le saluer.  Est-ce que la femme prostituée dans les évangiles avait besoin d’entendre que ses actions étaient mauvaises ? Ce qui permet un regard plus juste sur nous même, que ce soit des perles précieuses en nous ou un état d’esclavage, c’est l’amour. Jean-Baptiste exprimait cette voix venant du désert et s’adressant à l’extérieur de l’être:  » repentez-vous, vos actions son mauvaise ! ». Jean-Baptiste symbolise la clôture d’une très très longue période où la crainte est omniprésente parce que l’homme a rejeté l’amour. Jésus a ouvert à toutes les femmes, à tous les hommes, à tous les enfants une nouvelle période:  » Le royaume des cieux ! « .  Jésus n’a-t-il pas dit ? : « Je vous le dis, c’est la vérité: il n’y a jamais eu un homme plus important que Jean-Baptiste. Pourtant, celui qui est le plus petit dans le Royaume des cieux est plus important que lui… » Matthieu 11:11

 #

Je pense que notre société n’a jamais été aussi prête à recevoir le royaume des cieux. Je découvre que j’ai juste à libérer ce royaume en étant naturellement moi-même, construit maintenant sur le chemin de l’amour.

#

Philippe

 #

Sur ce blog, voir aussi :

« Un chantier peut-il être convivial ? »

https://vivreetesperer.com/?p=133

 

Un enseignement de la programmation informatique ouvert à tous

#Un projet collaboratif, convivial et créatif : Simplon.co

 #On leur disait : c’est impossible ! Ils l’ont fait.

 #A une époque où la révolution numérique (1) ouvre de nouveaux emplois, comment permettre à des minorités défavorisées d’y accéder ? Peut-on aujourd’hui enseigner la programmation informatique, le nouvel alphabet du XXIè siècle, le code, au delà des filières classiques ?

Dans un exposé enthousiasmant, Erwan Kezzar nous dit comment il a créé une école de programmation qui, durant la première année, a formé 30 personnes issues de milieux accédant jusqu’ici difficilement à cette profession : des jeunes des quartiers populaires, des moins jeunes, des femmes, des personnes en situation de handicap, des porteurs de projet ayant besoin de compétences pour les réaliser. Ce projet : Simplon.co, en voie de démultiplication en 2014-2015, figure parmi les cinq projets promus cette année par « L’échappée volée », plateforme collaborative qui se propose d’encourager le passage du partage de la parole au partage de l’action.

Mais comment ce mouvement associatif s’est-il développé et de quelles valeurs témoignent-ils ?

#TED

  #Cette initiative s’inscrit dans une dynamique internationale. Au départ, il y a eu en effet la conférence américaine TED qui, depuis 25 ans, « rassemble des esprits brillants dans leurs domaines pour partager leurs idées avec le monde. C’est un événement annuel où les plus grands talents sont invités à partager leurs passions. TED : « Technology, Entertainment, Design » s’intéresse à trois grands ensembles qui façonnent notre avenir. Mais l’événement ne s’arrête pas là et présente des idées quelque soient les disciplines. Des créateurs, des scientifiques, des philanthropes viennent s’y exprimer. Ces dernières années, TED a souhaité s’ouvrir et propose une conférence internationale TED global ainsi que plusieurs initiatives médiatiques » (2). Ainsi aujourd’hui, des milliers de courtes interventions relatant des expériences signifiantes ou des recherches majeures sont diffusées sur le web en vidéos par TED talks (3).

#TED x

 #Cette expression partagée dans une forme dynamique se répand aujourd’hui dans le monde. Le x ajouté à TED dans TED x signifie  qu’il s’agit d’évènements qui sont largement indépendants tout en respectant un certain nombre de critères définis par Ted. « Et, en France, Ted x a été fondé par Michel Lévy-Provencal dès 2009. Ted x Paris a été la première conférence TED x européenne . Elle fait partie des trois premières conférences TED x mondiales à avoir été créées » (4). Depuis 5 ans, TED x Paris présente des utopistes en action. « Nous diffusons systématiquement leurs idées pour distiller en France et ailleurs, une voix positive et optimiste. Cette voix semble porter, chaque semaine, nous recevons des messages de personnes nous demandant comment s’investir concrètement dans ces initiatives… Ainsi n’en déplaise aux pessimistes et aux sceptiques, le désir d’engagement et la quête de sens n’ont pas disparu de notre société. Notre conviction, c’est que nous sommes entrés dans le temps de l’action, individuelle, locale, simple, efficace, responsable, importante, contagieuse et virale. Et si des idées peuvent changer le monde, elles ne sont rien sans l’énergie et l’engagement de ceux qui les mettent en œuvre ».

 #L’échappée volée

#« L’échappée volée » est un accélérateur qui se caractérise par l’action et l’engagement (5). C’est une expérimentation citoyenne, une initiative qui invite tout un chacun à passer à l’action en s’engageant efficacement dans des projets d’éducation, de santé, de solidarité, l’émancipation par les arts et la culture, et le développement durable. Chacun est ainsi invité à soutenir ces projets en apportant son énergie, ses idées, son temps et ses contacts. Notre souhait est de soutenir ceux qui s’engagent pour faire bouger les lignes, changer les paradigmes et obtenir des transformations positives et concrètes dans nos sociétés ».

Et c’est ainsi que cette année, le site de « l’échappée volée » présente cinq projets qui se caractérisent par la conjugaison d’un idéal de solidarité et de fraternité et une dynamique sociale créative.

Ce sont :

° Djantoli. Un téléphone et une balance. Djantoli met l’innovation sociale au service de la santé des enfants en Afrique.

° Kialotok. Kialotok utilise la gastronomie comme un moyen de restauration professionnelle et de dialogue interculturel .

° Bergers urbains. Des moutons et des hommes

Les bergers urbains font paître leurs troupeaux remettant l’agriculture locale au cœur des villes.

° Sentinelle. Des femmes et des chercheurs. Les sentinelles créent un réseau de volontaires pour faire avancer la recherche sur le cancer.

° Simplon.co. Un ordinateur et une nouvelle langue.

Les entrepreneurs de Simplon.co forment au code pour un impact réel et social.

#

#

Formation au code et convivialité sociale. Comment Erwan Kezzar et ses associés ouvrent à tous la formation au code : Simplon.co 

Dans son témoignage enregistré sur vidéo (6), Erwan Kezzar nous dit comment il s’est engagé avec deux associés dans la création d’un enseignement du code, « cet alphabet du XXIè siècle selon certains ». il y a aujourd’hui une demande énorme dans le champ de la programmation. On manque de codeurs. Et, bien sûr, il y a là une nouvelle source d’emplois. Mais peut-on former au code des gens qui n’ont pas effectué au préalable des études pour devenir ingénieurs ou mathématiciens? Et peut-on donner accès à cette formation dans des cycles courts à des gens qui n’ont pas les dispositions, les moyens pour s’engager dans des études longues ?

Erwan Kezzar et ses a ssociés ont pensé plus particulièrement aux « talents qui ont envie de s’en sortir, à des profils à forte motivation même si ce sont des profils atypiques ». A la fin de l’année 2011, ils ont eu écho d’une expérience américaine où des formations courtes étaient mises en oeuvre avec succès.

Et alors, malgré le scepticisme qu’ils ont rencontré, Erwan Kezzar et ses associés se sont lancés dans la création d’une formation. Ils ont trouvé un local dans une ancienne usine à Montreuil. Ils l’ont aménagée et, à la rentrée 2013, ils ont commencé une formation en 6 mois qui vient de s’achever avec succès. Ils ont choisi des étudiants motivés et créatifs, mais dans des milieux qui, jusque-là, accédaient très peu à la programmation informatique. Ils ont recruté des jeunes de quartiers populaires, des moins jeunes, des femmes(jusqu’ici peu représentées dans ce secteur), des personnes en situation de handicap, des porteurs de projet ayant besoin de la programmation informatique pour les réaliser. 30 personnes ont participé à la première promotion qui a expérimenté cette formation avec succès. Au début de cet enseignement, 75% étaient des débutants complets. Et la répartition des origines est éloquente : des niveaux scolaires de Bac-2 à Bac+4, des âges de 19 à 52 ans, 30% de femmes, 14 nationalités.

Quelques parcours témoignent de cette diversité. Aladin expérimente un nouveau mode de communication avec l’office HLM de son quartier. Audrey construit un site permettant à des personnes en situation de handicap de partager leurs expériences pour améliorer leur condition de vie. Roxane va répliquer la formation de Simplon.co à Cluj en Roumanie. Rodolphe a prouvé qu’il était possible de former des jeunes dans un quartier difficile à Villeneuve-la-Garenne et il va poursuivre l’année prochaine. En effet, en 2014-2015, Simplon va essaimer : Montreuil, mais aussi Villeneuve-la-Garenne, une région rurale dans le Perche, Cluj en Roumanie et Bamako au Mali.

Le dynamisme de cette entreprise trouve sa source dans l’enthousiasme de son fondateur tel qu’il s’exprime dans cette vidéo. Il en résulte un mouvement collaboratif. A plusieurs reprises, il évoque le scepticisme qu’il a rencontré. « On ne pouvait pas le faire. C’est ce qu’on nous a dit. Et bien, ce qui est sur pour nous, c’est qu’on ne pouvait pas ne pas le faire ! »

Dans ce monde en mutation (7), nous vivons dans un temps de crise où le vieux monde se défait et un autre commence à se construire. Apprenons à discerner les émergences positives pour en encourager le développement. Sachant les menaces qui doivent être affrontées, plutôt que de sombrer dans le pessimisme, prenons le parti de l’espérance et regardons en avant. Alors nous verrons mieux les initiatives et les innovations qui s’inscrivent dans un état d’esprit nouveau en train d’apparaître à l’échelle internationale. Sur ce blog, nous avons mis l’accent sur le développement de l’économie collaborative (8). Aujourd’hui, avec TED, TED x et l’échappée volée, nous assistons au développement d’une expression partagée et participative qui se veut motrice de changement. Nous voyons là des signes traduisant l’apparition d’une nouvelle culture à l’échelle internationale (9) dans l’inspiration de valeurs mettant l’accent sur la collaboration, la convivialité, la solidarité, la créativité. Nous voyons là aussi l’émergence d’une nouvelle sensibilité spirituelle (10). Et, pour nous, cette émergence est éclairée par une inspiration (11).

Simplon.co témoigne bien de la conjugaison  entre sociabilité conviviale et créativité. En entendant Erwan Kezzar et en observant la dynamique de cette action et les fruits qu’elle porte, on participe à son enthousiasme et on ressent quelque part de l’émerveillement.

J H

#

(1)            Sur ce blog : « L’ère numérique. Gilles Babinet : un guide pour entrer dans ce nouveau monde » https://vivreetesperer.com/?p=1812

(2)            Le site de TED : Ted. Ideas worth spreading : http://www.ted.com/   Histoire et dynamique de Ted sur Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/TED_(conference)       La précédente description est empruntée au site de Ted x Paris.

(3)            Ted talks : http://www.ted.com/talks/browse

(4)            TED x Paris : http://www.tedxparis.com/about/  . il existe aussi une conférence Ted x à Lyon : http://www.tedxlyon.com/

(5)            L’échappée volée : http://www.lechappeevolee.com/a-propos-2/

(6)            Présentation en vidéo du projet par Erwan Kezzar : http://www.lechappeevolee.com/simplonco/

(7)            Les mutations actuelles en perspective : sur ce blog : « Un  chemin de guérison pour l’humanité. La fin d’un monde. L’aube d’une renaissance (Frédéric Lenoir) : https://vivreetesperer.com/?p=1048                             « Quel avenir pour le monde et pour la France ? (Jean-Claude Guillebaud. Une autre vie est possible) : https://vivreetesperer.com/?p=937  « Une nouvelle manière d’être et de connaître » (« Petite Poucette » de Michel Serres) : https://vivreetesperer.com/?p=820

(8)            Sur ce blog,  à propos de l’économie collaborative : « Une révolution de « l’être ensemble » (« Vive la co-révolution !Pour une société collaborative ») : https://vivreetesperer.com/?p=1394                                « Un mouvement émergent pour le partage, la collaboration et l’ouverture : Ouishare, communauté leader dans le champ de l’économie collaborative » https://vivreetesperer.com/?p=1866                                         « Pour une société collaborative. Un avenir pour l’humanité dans l’inspiration de l’Esprit » : https://vivreetesperer.com/?p=1534

(9)            Une nouvelle culture à l’échelle internationale : « Vers une civilisation de l’empathie.  A propos du livre de Jérémie Rifkin .. » : http://www.temoins.com/recherche-et-innovation/etudes/816-vers-une-civilisation-de-lempathie-a-propos-du-livre-de-jeremie-rifkinapports-questionnements-et-enjeux.html  « Emergence d’espaces conviviaus et aspirations contemporaines. Troisième lieu (« Third place » et nouveaux modes de vie » : http://www.temoins.com/recherche-et-innovation/etudes/1012–emergence-despaces-conviviaux-et-aspirations-contemporaines-troisieme-lieu-l-third-place-r-et-nouveaux-modes-de-vie.html

(10)      Sur le site de Témoins : Emergence d’une nouvelle sensibilité spirituelle : « Emergence d’une nouvelle sensibilité spirituelle et religieuse. En regard du livre de Frédéric Lenoir : « La guérison du monde » : http://www.temoins.com/recherche-et-innovation/etudes/953-emergence-dune-nouvelle-sensibilite-spirituelle-et-religieuse-en-regard-du-livre-de-frederic-lenoir-l-la-guerison-du-monde-r.html « Emergence d’une vision d’un monde évolutionnaire.  Un changement de culture au Club de Budapest » : http://www.temoins.com/recherche-et-innovation/etudes/1029-emergence-dune-vision-du-monde-l-evolutionnaire-r-un-changement-de-culture-au-club-de-budapest.html

(11)      Sur ce blog,  dans la culture qui est la nôtre, nous reconnaissons dans ce mouvement, la vision exprimée par le théologien Jürgen Moltmann : « L’essence de la création dans l’Esprit est « la collaboration » et les structures manifestent la présence de l’Esprit dans la mesure où elles font reconnaître l’ « accord général ». « Au commencement était la relation » (Martin Buber) p 25 dans : Moltmann (Jürgen). Dieu dans la création.  Traité écologique de la création. Cerf,1988.                Sur ce blog : « Dieu suscite la communion »  https://vivreetesperer.com/?p=564                              Voir le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : http://www.lespritquidonnelavie.com/                                        Une parole de Pierre Teilhard de Chardin remonte à notre esprit : « Tout ce qui monte, converge ».

« Laissez venir » plutôt que de « lâcher prise »…

#

Dans notre vie, nous sommes souvent confrontés à beaucoup de stress, de responsabilités, de contrariétés en tous genres. Dans notre société contemporaine,  nous rencontrons souvent la solution du « lâcher prise »… notion qui implique une souplesse de notre part, l’acceptation de ne pas tout contrôler, mais reste par sa tournure quelque chose d’énigmatique.   En effet à y réfléchir, que devons nous vraiment lâcher? Une part de nos réflexes conditionnés, de nos soucis peut-être…mais cet action psychique verticale ne résout pas toujours notre interaction au monde et  ses complications éventuelles.

#

De par mon expérience, j’ai rencontré une personne qui emploie plus souvent la tournure « laissez venir », ce qui reste pour moi bien différent du « lâcher prise ».  En adoptant une attitude plus vigilante et ouverte aux choses et événements environnants, nous pouvons nous positionner avec recul, calme et confiance par rapport à ce qui nous entoure. C’est un état moral et intérieur bénéfique parce qu’il nous encourage à prendre conscience de la  synergie positive autour de nous, entre les événements, les personnes que nous rencontrons pour avancer dans la vie. De par cette logique, il est étonnant de voir, comme les choses se mettent en place d’elles mêmes, et les personnes qui entretiennent cette manière d’être voient comment tout se passe finalement au mieux….

#

Il est plus facile de vivre et espérer dans le « laissez venir », attitude d’ouverture et de confiance, plutôt que dans le « lâcher prise »  qui, pour moi, reste une notion bien indéfinie.

#

Hélène

Et si nous éduquions nos enfants à la joie ? Pour un printemps de l’éducation !

#

 

 Le témoignage d’Antonella Verdiani

#

En ce temps de crise, un monde se défait et un autre commence à naître. Nous percevons et nous ressentons les menaces et les pertes, mais nous avons besoin de voir ce qui est en train de germer, la promesse du renouveau. Car c’est ainsi que nous pourrons quitter l’ordre ancien et reconnaître l’avenir auquel nous sommes appelés.

A cet égard, l’éducation est un champ privilégié.

Pour notre part, au long des années, ayant participé à un courant de pensée et d’action militant pour des formes nouvelles d’éducation permettant aux enfants et aux jeunes de grandir dans le respect de leur personnalité et le développement de leur créativité (1), nous pouvons constater les pesanteurs qui font obstacles à la transformation des pratiques éducatives (2). Et pourtant, aujourd’hui, celles-ci sont appelées à changer en fonction de la poussée d’internet (3) et de nouvelles conceptions pédagogiques (4). Une pression accrue s’exerce en faveur du changement en se manifestant dans des aspirations nouvelles.

A cet égard, l’appel d’Antonella Verdiani (5) en faveur d’un « printemps de l’éducation » et le mouvement qui se développe en ce sens, nous paraît un signe prometteur. Mais cet appel prend aussi la forme d’un témoignage émouvant. Antonella Verdiani nous raconte une expérience vécue dans son enfance où elle s’est sentie rejetée par la contrainte des normes culturelles et elle nous rapporte sa recherche sur le sens de l’éducation. « Et si nous éduquions nos enfants à la joie ! ». Voici une interpellation qui nous touche et nous mobilise. Cette interview (6) a été réalisée dans le cadre d’une conférence locale de « Ted » (7).

#

#

Antonella Verdiani nous présente un épisode qui a marqué sa vie d’enfant. « J’ai dix ans. C’est le jour de l’examen pour entrer à l’école de la Scala de Milan ». Elle nous décrit les lieux : un grand escalier, puis une énorme salle où deux dames, « au sourire assez figé », accueillent une vingtaine de fillettes. Le piano démarre une musique de Chopin. « Vous pouvez danser à votre façon », leur dit-on. Antonella s’élance dans la danse. Elle se sent portée par la musique.  Elle s’exprime avec la passion qui lui est coutumière et dont son professeur de danse l’avait félicité. « Toi, tu as la passion ! ». Et puis, il faut passer une inspection devant les deux dames. L’une d’entre elle regarde ses pieds avec insistance. Elle appelle sa collègue. « Mes pieds sont vraiment bizarres… Je dois être vraiment quelqu’un de bizarre » se dit la petite fille. On passe ensuite dans une salle de classe. Les enfants sont appelées un à un à s’asseoir à gauche ou à droite. Et puis vient la décision. « A droite, les élèves que nous avons sélectionnées. A gauche, celles que nous n’avons pas retenues ». « J’étais à gauche », raconte Antonella qui éclate en sanglots. « Maman, on m’a refusé ! », dit-elle à sa mère. « Le monde magnifique d’une petite fille vouée à la danse s’écroule ». Pendant des années après cet épisode, elle a vécu comme si elle avait perdu le droit d’être heureuse.

Et pourtant, sa joie de vivre n’a pu être brisée. « Un jour, je me suis senti libre du sortilège de l’échec ». « Il n’est pas question d’étaler ma vie », nous dit Antonella. Un incident comme celui là, cela arrive. « C’est normal. C’est banal ». C’est arrivé à moi. Cela peut arriver à vous ou peut-être à vos enfants. Et bien, non, ce n’est pas normal ! « Cet épisode est la manifestation d’une cruauté ordinaire que notre monde, notre système éducatif continue d’infliger aux enfants en tuant leur capacité de rêver. Et moi, je ne veux pas être complice de cela ».

Antonella  a repris des cours de danse, puis elle est entrée à l’université où elle a soutenu une thèse en sciences de l’éducation : « Eduquer à la joie ». Et, dans cette interview, elle nous rapporte sa découverte. En étymologie, le mot joie dérive d’un mot sanscrit : yuj qui signifie : lien, connexion, reliance. Les enfants, quand ils sont en train d’apprendre librement et passionnément, sont dans cet état d’âme. Ils apprennent sans fatigue. Etre reliée, Antonella en a l’expérience. « Pour moi, cette reliance me ramène à ce que j’ai vécu lorsque j’ai dansé sans fatigue. C’était être en contact avec le monde, avec le ciel et la terre, avec les animaux, avec les fleurs, avec les gens, avec vous… ». Et si on commençait à éduquer à partir des dons de chacun ! En « permaculture, une pratique écologique, on cultive à partir de ce que est déjà fertile. « Si on pouvait apprendre à partir de notre richesse, de notre trésor, ce serait révolutionner l’éducation, changer la face du monde ».

Antonella Verdiani nous parle des pionniers qui ont lutté pour changer l’éducation : Maria Montessori, Steiner, Freinet… Leur influence s’est heurtée à bien des obstacles. « La bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui de plus en plus d’enseignants, d’éducateurs et de parents inventent de nouvelles pratiques éducatives fondées sur la liberté, le respect des rythmes de l’enfant, la capacité de rêver ». « Ma joie, c’est de connecter… Aussi, avec un groupe de personnes qui savent encore rêver, j’ai fondé une alliance pour le renouveau éducatif. Parce que tout est déjà là… Il faut simplement relier. C’est éduquer à la joie ». C’est le « printemps de l’éducation ». Ce mouvement prend de l’essor à travers un site internet et connecte de nombreuses initiatives (8). Cet appel s’achève sur une ouverture : une parole de Maria Montessori : « La joie d’apprendre est autant indispensable à l’intelligence que la respiration au coureur… » « et au danseur ! », ajoute Antonella.

#

Ce témoignage émouvant nous invite à espérer et à agir. Une nouvelle vague de renouveau éducatif apparaît aujourd’hui. Et elle s’inscrit dans une dynamique de connexion. Lien, connexion, reliance, ce sont là des termes que nous avons déjà rencontrés dans la recherche de Rebecca Nye sur la spiritualité des enfants : « Dans l’enfance, la spiritualité porte particulièrement sur le fait d’être en relation, de répondre à un appel, de se relier à plus que moi seul, c’est à dire aux autres, à Dieu, à la création ou à un profond sens de l’être intérieur (inner sense of self) » (9). Dans ce contexte, ce mouvement pour une éducation nouvelle nous apparaît comme un signe d’une évolution profonde dans les esprits en cours actuellement. Et oui, nous pouvons recevoir l’appel : « Et si nous éduquions nos enfants à la joie ? » comme une ouverture vers l’avenir et comme une promesse.

#

J H

#

(1)            Une revue en perspective. Education et développement ? Textes présentés par Louis Raillon et Jean Hassenforder. L’Harmattan, 1998. Inspiration de l’éducation nouvelle et nouvelles approches  pédagogiques.

(2)            Comment le système scolaire français engendre un manque de confiance : Une analyse dans le livre : Algan (Yann), Cahuc (René), Zylbergerg (André). La fabrique de la défiance. Grasset, 2012. Sur ce blog : « Promouvoir la confiance dans une société de défiance. Transformer les mentalités et les institutions. Réformer le système scolaire. Les pistes ouvertes par Yann Algan » : https://vivreetesperer.com/?p=1306

(3)            Sur ce blog : « Une nouvelle manière d’être et de connaître. « Petite poucette » » de Michel Serres » : https://vivreetesperer.com/?p=820

« Une révolution en éducation. L’impact d’internet pour un nouveau paradigme en éducation » : https://vivreetesperer.com/?p=1565

(4)            « Laissez-les lire ! Une dynamique relationnelle et éducative » (Présentation du livre de Geneviève Patte : « Laissez-les lire ») : https://vivreetesperer.com/?p=523 « Une nouvelle manière d’enseigner : Participer ensemble à une recherche de sens : L’approche pédagogique de Britt Mari Barth » : https://vivreetesperer.com/?p=1169

On doit également mettre l’accent sur une découverte récente : En proposant un ordinateur à des enfants de bidonville, le chercheur indien, Sugata Mitra, a montré comment ces enfants étaient capables d’apprendre des savoirs très complexes en s’entraidant sans assistance extérieure. C’est dire le potentiel d’apprentissage qui réside en chaque enfant. C’est un paradigme révolutionnaire en matière d’éducation. Voir sur Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Sugata_Mitra et http://fr.wikipedia.org/wiki/Sugata_Mitra Expérimentations et recherches récentes sont présentées sur Ted par Sugata Mitra : « Construire une école dans le Cloud » : https://www.ted.com/talks/sugata_mitra_build_a_school_in_the_cloud?language=fr

(5)            Docteur en Sciences de l’Education, Antonella Verdiani a travaillé plus de 18 ans à l’Unesco où elle était responsable de questions d’éducation. En 2014, elle a publié un livre : « Ces écoles qui rendent les enfants heureux. Expériences et méthodes pour éduquer à la joie » (Actes Sud). Actuellement consultante et formatrice, elle est la fondatrice du collectif : « Le printemps de l’éducation », constitué de représentants de la société civile en France et à l’étranger et qui a pour objectif l’organisation de rencontres entre les acteurs du changement en matière d’éducation. Un article d’Antonella Verdiani sur le site du Huffingtonpost : « Si on éduquait à la joie ? » : http://www.huffingtonpost.fr/antonella-verdiani/eduquer-enfants-joie_b_3643196.html Parcours et vision d’Antonella Verdiani dans une interview sur Moodstep : https://www.youtube.com/watch?v=dAvYhjQSkPI

(6)            Témoignage d’Antonella Verdiani : « Et si nous éduquions nos enfants à la joie ? »

Sur le site : Printemps de l’éducation : http://www.printemps-   education.org/slide/et-si-nous-eduquions-nos-enfants-a-la-joie/

(7)            TED x Vaugirard Road : organisation et contenu des rencontres locales patronnées par TED Vidéos de témoignages  et d’exposés souvent éclairants http://www.tedxvaugirardroad.com/

(8)            Le printemps de l’éducation. Un mouvement pour le renouveau de l’éducation : vision, participants, gouvernance et activités… http://www.printemps-education.org/

Pendant longtemps, en regard des adultes, le statut de l’enfant a été négligeable. Les paroles de Jésus dans les évangiles sur la valeur primordiale des enfants ont été largement méconnues. Au XXè siècle, Maria Montessori joue un rôle de pionnière en mettant en évidence le potentiel du petit enfant. Elle parle de celui-ci en terme d’« embryon spirituel ». Aujourd’hui où le concept de spiritualité est désormais reconnu, la recherche réalisée par Rébecca Nye et David Hay auprès d’enfants britanniques de 6 à 10 ans met en évidence leurs aptitudes spirituelles en terme de « conscience relationnelle » : Voir : Rebecca Nye. Children’s spirituality. What it is and why it matters. Church House Publishing, 2009. Voir sur ce blog : « L’enfant, un être spirituel » : https://vivreetesperer.com/?p=340 Nous percevons un lien entre renouveau de l’éducation et approche spirituelle si bien que nous pouvons en parler en terme de : « signe des temps ».

Un mouvement émergent pour le partage, la collaboration et l’ouverture : OuiShare

communauté leader dans le champ de l’économie collaborative

En considérant le monde d’aujourd’hui, les préoccupations ne manquent pas. Les menaces abondent. Et, en France même, on  perçoit crainte et désarroi. Les récentes élections européennes ont manifesté une poussée de crispations identitaires. Mais l’orientation de notre réflexion dépend beaucoup de notre regard. Si nous sommes inspirés par une espérance qui va au delà des turbulences et des orages marquant notre immédiat, alors nous pourrons être attentifs aux émergences qui préparent un avenir meilleur. Nous prêterons attention aux tendances positives. Le développement de l’économie collaborative en France paraît ainsi exprimer un changement prometteur dans les représentations et les comportements. À cet égard, l’apparition, puis la croissance rapide de la communauté « OuiShare » est un phénomène particulièrement significatif.

En 2012, Anne-Sophie Novel et Stéphane Riot publient un livre qui, à partir de l’apparition de nouveaux comportements, exprime la vision d’une société collaborative : « Vive la Co-révolution. Pour une société collaborative » (1). Ils mettent en évidence l’éclosion de nombreuses entreprises qui développent des pratiques de partage. Cette révolution tranquille traduit la montée d’une manière nouvelle d’envisager la vie. Ainsi, avons- nous présenté ce livre dans ce blog sous le titre : « Une révolution de l’être ensemble » (2), expression elle-même empruntée à cet ouvrage innovant et visionnaire. En 2013, Anne-Sophie Novel publie un second livre : « Le vie share. Mode d’emploi » (3). Elle définit son livre comme « un espace d’exploration et de discussions sur les alternatives qui s’offrent à nous pour vivre autrement et s’adapter aux crises ». « Cet ouvrage prolonge et complète sous un angle pratique le premier livre : « Vive la Co-révolution ». Et elle note que ce travail est soutenu par « OuiShare », la communauté internationale de l’économie collaborative. Effectivement, le groupe « OuiShare », créé en janvier 2012, a grandi rapidement. Anne-Sophie Novel continue à analyser et à commenter le développement de l’économie collaborative sur un blog qui s’inscrit dans l’espace du journal « Le Monde » : « Même pas mal ! Partage d’alternatives pour mode de vie en temps de crise » (4).

Ouishare : une communauté émergente qui prend forme

Oui au partage. Oui, nous partageons. Cette affirmation se traduit sous le terme franco-anglais : Ouishare. À l’automne 2011, un petit groupe se réunit chaque mois. Ce sont « des amis qui se sont rencontrés à travers Antonin qui a lancé le premier blog français sur l’économie collaborative ». Et, en janvier 2012, la communauté « OuiShare » est créé à Paris. La croissance va être extrêmement rapide, puisqu’en deux ans, OuiShare est devenue « un leader international dans le champ de l’économie collaborative qui a rapidement évolué, passant d’une poignée de personnes enthousiastes, à un mouvement global dans 25 pays en Europe, Amérique Latine et Moyen Orient avec un réseau des 50 experts connecteurs engagés avec 2000 membres et contributeurs à travers le monde » (5).

         Comment la communauté OuiShare se présente-t-elle aujourd’hui ?

         « OuiShare a pour mission d’apporter aux citoyens, aux institutions publiques et aux entreprises la capacité de développer une économie collaborative fondée sur le partage, la collaboration et l’ouverture en s’appuyant sur des communautés et des réseaux horizontaux. Nous croyons que cette économie peut résoudre une bonne part des défis complexes auxquels le monde fait face et permettre à chacun d’accéder aux ressources et aux opportunités dont il a besoin pour vivre.

         Comme communauté globale, non tournée vers la recherche du profit, les activités de OuiShare consistent à construire une communauté, produire de la connaissance, discuter de projets en rapport avec la communauté et avec l’économie collaborative, offrir un soutien aux individus et aux organisations à travers une formation et des services professionnels ».

         OuiShare trouve son identité dans un ensemble de valeurs qui inspirent comportements et orientations.

« Voici les principes qui nous unissent. Ces principes ne sont pas apparus en un jour, mais ils sont le produit d’un long processus qui a commencé au second  sommet de OuiShare à Rome en novembre 2012. Cette liste exprime un mouvement et elle continuera à évoluer. Ces valeurs se déclinent autour des termes suivants :

° Transparence

° Ouverture : organisation non hiérarchique à laquelle chacun peut se joindre et participer. Un processus qui est fondé sur le gouvernement des pairs

° Rencontre avec les gens de la vie réelle : l’internet ne peut remplacer le contact avec la vie réelle

° Inventivité « Permanent Beta » : Ouishare est une expérience avec une approche de start up. Avec curiosité et ouverture, nous nous efforçons d’entreprendre continuellement des choses nouvelles

° Inclusion : Ouishare bénéficie de contributions très variées

° Indépendance : refus de toute dépendance ; pas de partenariats exclusifs

° Action : agir sans attendre

° Jeu : le travail ne doit pas être ennuyeux

° Feedback : contribue à la participation

° Impact : accélérer le mouvement vers une économie plus participative

Cette liste exprime bien un accent sur le partage, l’ouverture et la créativité.

On peut observer dans OuiShare une dynamique d’association et de participation. Cette dynamique est facilitée par l’engagement  de membres plus engagés dans un travail d’animation et de mise en contact : une cinquantaine de « connecteurs ». Le terme : connection est lui-même significatif. Cette communauté se développe dans une connection en réseau. Mais le processus ne repose pas seulement sur internet. Les organisateurs insistent sur l’importance des rencontres et ils organisent des évènements qui permettent aux membres de faire connaissance et de partager leurs expériences et leurs projets.

#

Fête 2014 de OuiShare : l’âge des communautés

Et c’est ainsi que, du 5 au 7 mai 2014, à Paris, au Cabaret Sauvage, a eu lieu la fête 2014 de OuiShare : « L’âge des communautés ». Venant de 50 pays, 1000 participants s’y sont retrouvés. Un moment très dense avec 120 sessions et 140 contributeurs, mais aussi des espaces où la convivialité et la créativité ont pu s’exprimer en témoignant de la vitalité d’une jeune génération (6). On pourra accéder à cette réflexion commune à travers une remarquable politique de communication associant différents apports : vidéos, e books, mais aussi graphismes sur des registres différents où l’expression personnelle est bien présente (7). OuiShare publie également un magazine. La créativité se déploie.

Dans la reconfiguration actuelle du rapport entre individus et entités sociales, on assiste aujourd’hui à la montée d’aspirations nouvelles comme un désir de convivialité et une recherche de sens (8). Le développement de la communauté OuiShare témoigne d’un changement en profondeur dans les représentations et les comportements. Cette émergence se réalise à travers la convergence d’acteurs agissant dans des champs différents. OuiShare est une communauté connectée qui favorise et suscite la créativité et l’esprit d’initiative chez les participants. On pourra interpréter ce phénomène sur différents registres (9). Et le processus à l’œuvre dans cette communauté peut faire école dans d’autres champs. Dans le climat français actuel, où morosité et manque de confiance se font sentir, l’émergence de OuiShare est une bonne nouvelle.

J H

#

(1)            Novel (Anne-Sophie), Riot (Stéphane). Vive la CO-révolution. Pour une société collaborative. Alternatives, 2012 (Manifestô)

(2)            Sur ce blog : Présentation du livre : Vive la Co-révolution » « Une révolution de « l’être ensemble » : https://vivreetesperer.com/?p=1394

Egalement sur ce blog, une interview de Pippa Soundy à propos du livre : « Vive la Co-révolution » : « Pour une société collaborative. Un avenir pour l’humanité dans l’inspiration de l’Esprit » : https://vivreetesperer.com/?p=1534

(3)            Novel (Anne-Sophie). La vie share. Mode d’emploi. Consommation, partage et modes de vie collaboratifs. Alternatives, 2013 (Manifestô)

(4)            Blog de Anne-Sophie Novel (M blog) : « Même pas mal ! Partage d’alternatives pour mode de vie en temps de crise » : http://alternatives.blog.lemonde.fr/

(5)            Site de Ouishare : http://ouishare.net/en

(6)            Présentation du festival 2014 de OuiShare dans sa dynamique et sa diversité sur le site : We demain (Une revue. Un site. Une communauté) : http://www.wedemain.fr/La-generation-co-prepare-l-avenir-au-OuiShare-Fest_a512.html

La revue : We Demain promeut l’économie collaborative, les recherches innovantes et les causes écologiques.

(7)            Une politique de communication pour transmettre tout l’apport du festival : http://magazine.ouishare.net/2014/05/ouishare-fest-collaborative-economy/

(8)            « Emergence d’espaces conviviaux et aspirations contemporaines », sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/parcourir-le-site/recherche-et-innovation/etudes/1012–emergence-despaces-conviviaux-et-aspirations-contemporaines-troisieme-lieu-l-third-place-r-et-nouveaux-modes-de-vie.html

(9)            Sur ce blog, nous trouvons inspiration dans la pensée théologique de Jürgen Moltmann. Dans le livre : « Dieu dans la création » (Cerf, 1988), Moltmann reconnaît l’Esprit de Dieu à l’œuvre dans la création, dans le monde et dans l’humanité. Il écrit : « Tout existe, vit et se meut dans l’autre, l’un dans l’autre, l’un avec l’autre, l’un pour l’autre, dans les structures cosmiques de l’Esprit divin… L’« essence » de la création dans l’Esprit est par conséquent la « collaboration », et les structures manifestent la présence de l’Esprit, dans la mesure où elles font reconnaître l’« accord général ». « Au commencement était la relation » (M Buber) (p 25). C’est dire l’importance de tout mouvement qui tend vers la collaboration et le partage.