par jean | Oct 27, 2011 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Société et culture en mouvement |
Un changement de perspective.
Il y a un va-et-vient entre la réalité sociale et les représentations que nous nous en faisons. Selon l’orientation de notre pensée, nous nous attachons plus particulièrement à tel ou tel aspect de cette réalité. Les angles de vue varient. Nos représentations à leur tour influent sur la situation. De la même façon que notre regard sur nous même oriente notre comportement, la manière dont nous percevons le monde et l’humanité exerce une grande influence sur nos attitudes et nos modes d’action dans la société et la culture.
Economiquement, socialement, politiquement, nous nous sentons confrontés aujourd’hui à de nombreuses menaces, mais face aux défis auquel actuellement fait face l’humanité, on observe dans la durée une multiplication des initiatives. Et parallèlement une conscience collective apparaît.
Ainsi, en février 2011, le magazine : Sciences Humaines, a consacré un dossier au : « Retour de la solidarité : empathie, altruisme, entraide… » (1).
Que se passe-t-il ? Dans la crise économique et financière actuelle, il y a des mouvements d’indignation, mais à plus long terme, en regard des fléaux sociaux, qu’ils soient installés de longue date ou prenant une forme récente, il y a également de plus en plus de gens engagés dans des actions d’entraide et de solidarité. « Sur une planète mondialisée, l’altruisme s’étend à tous les malheureux de la terre en bas de notre immeuble ou à des milliers de kilomètres ». Et, parallèlement, les chercheurs, les philosophes transcrivent dans le domaine de la pensée cette attention pour ceux qui souffrent en mettant en évidence les mouvements qui cherchent à porter remède au mal social, mais aussi en fondant cette action en terme de valeurs. Quelles sont les exigences qui viennent à la conscience ? Quelles sont les motivations qui orientent les comportements ? On connaît par exemple le courant de pratique et de recherche qui s’est développé en France autour du « Care », mouvement et notion d’origine anglophone qui met en valeur le fait de prendre soin d’autrui.
La coordinatrice du dossier paru dans Sciences Humaines, Martine Fournier, nous présente cette évolution comme un rejet de « l’idéologie de « l’homo oeconomicus » à la recherche de son intérêt égoïste, des vertus de la société libérale et de la compétition ». « Ce que montrent les travaux récents, qu’ils viennent des sociologues, ou des psychologues, des tenants du culturalisme ou de la psychologie évolutionniste, c’est que les émotions ont une grande part dans les conduites humaines. La multiplicité des formes de solidarité apparaît comme une preuve que « l’homo oeconomicus » ne saurait suffire à définir l’être humain dans sa totalité ». Une nouvelle forme de lien social est en train de se tisser. La participation à une communauté humanitaire contribue également à fortifier l’estime de soi. Mais, s’il en est ainsi, à notre sens, c’est bien parce qu’il y a un changement profond dans les aspirations profondes de l’homme.
Cette évolution nous interpelle d’autant plus qu’elle s’étend dans un regard qui, au delà de l’humain, se tourne également vers la nature. Ainsi, écrit Martine Fournier, « L’empathie et la solidarité seraient-elles devenues un paradigme dominant qui traverse les représentations collectives ? De l’individualisme et du libéralisme triomphant passerait-on à une vision portant sur l’attention aux autres. Ce basculement s’observe effectivement aussi bien dans le domaine des sciences humaines et sociales qu’à celles de la nature (p 34). En fait, dans ce domaine comme dans tout autre, tout dépend de notre regard. Pour une part, les découvertes dépendent des questions posées. Ainsi, « alors que la théorie de l’évolution était massivement ancrée dans un paradigme darwinien « individualiste » centré sur la notion de compétition et de gène égoïste, depuis quelques années, un nouveau visage de la nature s’impose. La prise en compte des phénomènes de mutualisme, symbiose et coévolution entre organismes tendent à montrer que l’entraide et la coopération seraient des conditions favorables de survie et d’évolution des espèces vivantes, à toutes les étapes de la vie » (p 34).
Si nous vivons aujourd’hui dans la menace d’une crise économique et financière de grande ampleur et s’il faut chercher des voies pour y faire face, nous devons également considérer le changement culturel à plus long terme. A notre sens, la transformation en cours de la vision de l’homme, de l’humanité, de la nature, s’inscrit dans l’émergence d’une conscience spirituelle qui nous paraît à la fois un signe des temps et un appel à une avancée de la pensée théologique, notamment dans une prise en compte de l’œuvre de l’Esprit (2).
Comment participons-nous à ce nouveau regard ?
JH
(1) Le retour de la solidarité. Dossier animé par Martine Fournier, p. 32-51, in : Sciences Humaines, N° 223, février 2011. Après une mise en perspective de Martine Fournier, ce dossier présente des articles portant sur diverses facettes de la question et une bibliographie des livres récents. www.scienceshumaines.com
(2) Voir le site : www.lespritquidonnelavie.com
par jean | Oct 26, 2011 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Société et culture en mouvement |
Etre proche les uns des autres, c’est être attentif à ce que vit autrui jusque dans son ressenti.. C’est la vertu de l’empathie.
Qu’est ce que l’empathie ? Le mot est construit de em (dedans) et pathie (en grec, ce qu’on éprouve). Le mot vient de l’anglais où il est apparu en 1904 pour traduire le terme allemand : einfuhlung. Selon le dictionnaire Robert, l’empathie est « un terme didactique de philosophie et de psychologie qui désigne la capacité de s’identifier à autrui, de ressentir ce qu’il ressent ». Nous savons par expérience combien il est bon de se savoir accueilli, reconnu, rejoint affectivement. Nous savons aussi que cette écoute empathique n’est pas communément répandue. Dans certaines situations, on en ressent le manque.Alors, c’est une bonne nouvelle d’apprendre que l’empathie devient aujourd’hui un centre d’intérêt majeur.
Un livre de Jérémie Rifkin vient de paraître à ce sujet : « Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie » (1). L’empathie nous dit-il, facilite la sociabilité. « Pour qu’il y ait une société, il faut être sociable, il faut être empathique ». Expert en sciences sociales et en prospective, Jérémie Rifkin nous montre une reconnaissance croissante des vertus de l’empathie au cours des dernières décennies. Il a fallu pour cela franchir des obstacles comme une représentation négative de la nature humaine, l’individualisme matérialiste incarné par Sigmund Freud, la méconnaissance de l’importance de la vie relationnelle chez le petit enfant. Aujourd’hui, la mise en évidence de « neurones miroirs » chez l’homme et certains animaux est une découverte majeure. Ces neurones permettent d’appréhender l’esprit des autres, « comme si » leurs pensées et leurs comportement étaient les nôtres. Ainsi « nous sommes équipés pour l’empathie . C’est notre nature et c’est ce qui fait de nous des êtres sociaux » (p. 83).
Mais si cette capacité figure dans le potentiel humain, son, exercice requiert un milieu social favorable. Dans une fresque historique, Jérémie Rifkin retrace les obstacles opposés à l’empathie et il nous assure que l’environnement culturel est aujourd’hui globalement de plus en plus favorable à la manifestation de l’empathie. Et c’est heureux parce que dans la trame de la vie quotidienne, l’empathie soutient l’expérience humaine. Mais c’est aussi une nécessité majeure, car pour réaliser une économie en phase avec les requêtes de l’écologie, il faut inventer un nouveau genre de vie beaucoup plus convivial.
Cette annonce d’un progrès de l’empathie nous renvoie également à la lecture des évangiles où cette disposition est constamment présente chez Jésus. Elle est aussi donnée en exemple comme c’est le cas dans la parabole du « bon samaritain » où l’homme secourable est ému de compassion (Luc 10/ 25-37).
Et nous, dans la diversité de nos itinéraires et de nos conditions de vie, comment vivons nous une expérience empathique ?
JH
Rifkin (Jérémie). Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie. Les liens qui libèrent, 2011.Sur le site de Témoins : Vers une civilisation de l’empathie. A propos du livre de Jérémie Rifkin.Apports, questionnements, enjeux
par jean | Sep 30, 2011 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Société et culture en mouvement, Vision et sens |
Par sa configuration même, le cyberespace induit de nouveaux comportements. Tout espace a une forme et il invite à des réponses spécifiques.. Chercheuse à Edimbourg, Lavinia Byrne ouvre pour nous un horizon particulièrement stimulant : « Maître, où demeures-tu ? » ont demandé deux disciples à Jésus (Jean 1.38). Dieu suscite et guide notre quête dans le nouvel espace qui s’offre à nous.
Dans le passé, dans des catégories mentales marquées par les connaissances de l’époque et progressivement remises en question par le développement de la science, on pouvait se demander où Dieu résidait, s’interroge Lavinia Byrne. Aujourd’hui, l’inadaptation des vieux modèles ne porte plus à conséquence, car une nouvelle dimension apparaît. A côté du monde matériel, un univers parallèle se développe en offrant un nouvel imaginaire. « La réalité virtuelle nous fournit une puissante métaphore dans laquelle le monde digital est associée à la réalité spirituelle ».
C’est une réalité où prévaut l’interrelation, l’interconnection. Dieu n’est pas éloigné et distant. Il est présent. Il y a maintenant un espace où nous pouvons aller à la recherche de Dieu. « Le web nous offre une métaphore nouvelle pour comprendre Dieu en train de prendre soin de notre monde et de le tenir en existence dans un tissu de communication » (1). L’Esprit de Dieu s’exprime à travers des hommes. Nous pouvons aller à sa rencontre sur le web. Partageons nos expériences.
JH
(1) Conférence de Lavinia Byrne dans le cadre d’un projet : « media et théologie » à Edimbourg. Voir sur le site de Témoins : www.temoins.com: Les chrétiens et internet: une nouvelle dimension
par jean | Sep 30, 2011 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Société et culture en mouvement, Vision et sens |
Lorsque nous nous approchons les uns des autres dans l’amitié et le respect, nous participons à un courant de vie, nous nous sentons heureux. C’est un bonheur qui nous élève et nous invite à regarder en avant.
Nous connaissons plus ou moins la personne de Jésus. Parfois notre connaissance est uniquement par oui-dire et exposée à des préjugés. Mais souvent, nous sommes déjà entrés d’une façon ou d’une autre en relation avec lui. Et nous pouvons déjà entendre avec notre cœur ce qui a été dit de lui en ces termes : « Vous savez comment Dieu a répandu la puissance du Saint Esprit sur Jésus de Nazareth. Vous savez aussi comment Jésus a parcouru le pays en faisant le bien, en guérissant tous ceux qui étaient sous le pouvoir du mal. Car Dieu était avec lui… Ils l’ont fait mourir sur une croix. Mais Dieu l’a ressuscité… Nous avons mangé et bu avec lui après que Dieu l’ait ramené à la vie. Il nous a demandé d’annoncer cette bonne nouvelle… (D’après Actes 10.38-42). Si ces paroles ne sont jamais parvenues jusqu’à nous, nous savons que le message de Jésus, c’est l’amour. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé » (Jean 5.13). Nous pouvons bien ressentir qu’une parole divine s’exprime ainsi.
Jésus a dit également : « Là où deux ou trois se rencontrent en mon nom, je suis au milieu d’eux (Mat 18 :20). Dans toute rencontre en amitié, il y a une puissance de vie.
Les chrétiens se rencontrent au nom de Jésus dans des églises, mais aussi aujourd’hui dans des formes de plus en plus variées. Certains ressentent parfois un manque d’authenticité et de créativité dans les célébrations et les rites traditionnels parce que la culture d’aujourd’hui est bien différente de celle d’hier. L’évangile nous dit que ce n’est pas la forme qui est importante, mais le cœur : le désir de se rencontrer en vérité dans l’esprit de Jésus. Et cette rencontre est puissance de vie puisqu’elle porte une réponse de Dieu. Il nous est dit que, dans ce contexte, notre Père céleste répond à la prière.
Nous rencontrer deux ou trois dans l’esprit de Jésus : cela peut prendre des formes très différentes : la rencontre dans un petit groupe, mais aussi une relation d’amitié. Cela peut également être plus ou moins explicite. On peut se le dire immédiatement ou le ressentir ensemble progressivement.
Autrefois l’Eglise a parfois pu être perçue comme exclusive, totalitaire et même porteuse de peur et de mort spirituelle. Nous avons conscience aujourd’hui de ces déviations. Mais la « bonne » Eglise a été et est toujours une communauté où l’on découvre progressivement le message de vie que Dieu, communion d’amour, désire nous transmettre. Cette Eglise prend aujourd’hui des formes bien différentes selon les mentalités. Ce qui est important pour découvrir la puissance de vie divine, c’est de pouvoir partager, et comme on dit aujourd’hui, faire église (1). Se rencontrer à quelques-uns dans l’esprit de Jésus ressuscité, c’est, par rapport au passé, faire église autrement. Aujourd’hui, l’Esprit de Dieu se manifeste dans les aspirations humaines. Il suscite questionnements et découvertes jusqu’à un acquiescement à la vie divine dans une adhésion vivante à Jésus ressuscité, à Dieu, communion d’amour.
Ce processus se manifeste et s’exprime à travers tous ces partages où deux ou trois se rencontrent. C’est une grande tapisserie où les fils s’entrecroisent. C’est une grande prairie parsemée de fleurs aux multiples coloris. Cette réalité grandira si nous la partageons. Alors exprimons-nous sur ce site simplement en disant quelques mots de ce que nous vivons dans ces rencontres, là où deux ou trois, quelques uns, davantage parfois cheminent et font équipe dans l’Esprit, en chemin avec Jésus, Christ ressuscité. Et, ensemble partageons nos expériences dans un réseau où cette vie pourra ainsi grandir et se répandre.
JH
(1) Ce désir de faire église autrement s’exprime notamment dans le courant de l’Eglise émergente . Pour en savoir plus, la rubrique : recherche et innovation du site de Témoins : www.temoins.com