Couleurs d’automne

 

Un coin de forêt lumineux et paisible dans la beauté de ces coloris nuancés
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Sur le site flickr de Julie Falk, des photos à goûter sur les couleurs d’automne : « Color Tour 2014 »

https://www.flickr.com/photos/piper/albums/72157646497733273/with/15320762189/

Nous avons présenté le site de Julie Falk sur ce blog : « Effets de lumière dans une campagne bocagère »

https://vivreetesperer.com/?p=2129

Geste d’amour

Dans son livre : « Sa présence dans ma vie ». Odile Hassenforder exprime la bonté et l’amour de Dieu.

 

En nous faisant part de son parcours spirituel tout au long de sa vie, d’une expérience fondatrice dans laquelle elle a reçu à la fois guérison et ressenti de l’amour de Dieu jusqu’aux dernières années où confrontée à une grave maladie, elle a trouvé en Dieu force et soutien, en passant par deux décennies où elle a vécu vie familiale et engagement chrétien en étant à l’écoute de tous ceux qui étaient en difficulté ou en recherche, Odile Hassenforder nous exprime, dans son livre (1) l’essentiel de sa foi . « Qui est Dieu ? » Un  Dieu de Bonté et d’amour, nous répond-elle dans les différents textes qui composent ce chapitre, et, entre autres, celui-ci : « Geste d’amour ».

 

Geste d’amour.

 

Il est encore trop petit, mais il a très envie d’être grand. Alors, il emprunte le vélo du grand frère. Maman le lui a interdit pourtant. Ce qui devait arriver, arriva : il est tombé et s’est fait très mal. Quelle maman, ou quel papa, digne de ce nom, va-t-il le gronder ? A la vue du petit blessé, le geste d’amour spontané n’est-il pas de se précipiter pour consoler son enfant, le prendre dans ses bras et le soigner ? La leçon viendra plus tard. De cette expérience malheureuse, l’enfant retiendra d’abord et surtout cette tendresse qu’il a reçue. De même, cet adolescent, après un conflit avec son père, se réjouira de la réconciliation au cours de laquelle il s’est senti compris et aimé.

 

Nous sommes créés à l’image de Dieu, ce Dieu d’amour qui a pris nature humaine pour communiquer avec nous. Jésus est venu nous révéler la bonté infinie de son Père. Il nous en parle en racontant l’histoire de cet homme qui accueille sans reproche son fils, celui qui a dilapidé son héritage. Il  le voit de loin, et, saisi d’une grande compassion, il court à sa rencontre et l’embrasse (Luc 15).

 

De même, j’ai été très émue le jour où j’ai lu le chapitre 11 du livre d’Osée . L’Eternel considère le peuple d’Israël comme son enfant. « Quand Israël était enfant, je l’ai aimé. J’ai appelé mon fils à sortir d’Egypte… C’est moi qui ai guidé les premiers pas d’Ephraïm (diminutif d’Israël) et qui l’ai porté dans mes bras. Mais il n’a pas voulu savoir que, moi, je prenais soin de Lui. Je le dirigeais avec ménagement, lié à lui par des liens d’amour. J’étais pour lui comme un père qui porte son petit enfant tout contre sa joue… ». Quelle sollicitude ! Quelle tendresse quasi maternelle !

 

Dieu nous a aimé le premier. Il fait des projets de bonheur pour chacun de nous, rappelle le prophète Jérémie (29/11 ). Il vient au devant de nous. Son pardon nous est acquis d’avance (I Jean 1/9).

Quand Jésus bénit les petits enfants et les donne en modèle à ses disciples, ne veut-il pas leur faire comprendre la nécessité d’accueillir avec confiance la bonté de son Père ?

 

« Le Seigneur est bienveillant et compatissant,

Patient et d’une immense bonté.

Le Seigneur est bon pour tous.

Son amour s’étend à tous ceux qu’Il a créés » (Psaume 145/8).

 

Odile Hassenforder

 

(1)            Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte, 2011.  Geste d’amour, p 109-110 . Ce texte avait été auparavant mis en ligne en 2008 sur le site de Témoins. Présentation du livre par Françoise Rontard sur ce même site : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html . Sur ce blog: Vivre et espérer, de nombreuses références à la vie et la pensée d’Odile : https://vivreetesperer.com/?tag=odile-hassenforder

Confiance ! Le message est passé …

Une lectrice nous dit comment elle a rencontré le livre : « Sa présence dans ma vie »

 

Il venait de passer une consultation chez un médecin, lorsque de retour auprès de l’assistante, celle-ci l’interrogea en évoquant le livre de Madame Hassenforder. Et, à sa grande surprise et à son grand bonheur, elle lui dit combien ce livre l’avait touchée (1). Une brève conversation en résulta. « Grande lectrice », et même dans le passé, engagée dans des travaux d’édition, elle avait découvert « Sa présence dans ma vie » à la librairie « La Procure », en regardant les ouvrages présentés au public.

A la lecture de ce livre, elle a été touchée par la « sincérité » de son auteure : Odile Hassenforder. Ce livre l’a impressionnée parce qu’il invitait le lecteur à entrer dans « une autre dimension ». Il y a un chapitre dans cet ouvrage : « Dame confiance » qui apporte un témoignage concernant la confiance (2). Mais cet état d’esprit est présent dans la dynamique qui se manifeste dans la plupart des textes. Aussi, c’est bien ce terme que la lectrice a « mémorisé ». « J’ai compris qu’il suffisait d’un mot pour que la situation change de plan ».

Aujourd’hui, nous dit-elle, maintenant, j’hésite à dire « courage » aux gens. Mais aux personnes en difficulté, je dis : « bonne confiance ». Et « j’utilise cette expression au moment de la nouvelle année » et aussi aux anniversaires. Je souhaite « bonne confiance » dans les situations où il y a un mouvement de « bascule ». « Les personnes y sont extrêmement sensibles. Je sais que j’ai touché à quelque chose de beaucoup plus profond. Cette expression aide à prendre de la hauteur par rapport à la situation ». La confiance nous permet d’entrer dans une double dimension : « Se sentir en lien, et aussi pouvoir relire la situation avec un autre regard ».

Ainsi, ce livre, découvert sur un présentoir de librairie, a produit du fruit. « Je ne crois pas au hasard. Je crois aux rencontres. J’ai mémorisé ce livre. J’en ai extrait l’essentiel » . Et voyant combien j’étais concerné par ce livre, elle me dit une parole qui m’est allée droit au cœur : « Le message est passé ».

J H

(1) Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte, 2011 Présentation sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html
(2) « Dame confiance », p 161-163. Sur ce blog : « Dame confiance » https://vivreetesperer.com/?p=677

Apprendre Ă  accompagner les malades

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Une Ă©cole de vie

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Depuis quelques années, pasteur de l’Eglise réformée de Suisse romande, Jean-Claude Schwab participe à la formation d’aumôniers d’hôpitaux en République démocratique du Congo. Jean-Claude est également engagé dans le réseau « Expérience et théologie » et anime le site de cette association (1). Au cours d’un entretien, Jean-Claude Schwab a répondu à quelques-unes de nos questions sur l’accompagnement des malades.

J H

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Qu’est-ce qui t’a amené à participer à cette formation d’aumôniers d’hôpitaux en Afrique ? Comment se déroule cette formation ? Avec quels effets ? Qu’est-ce que tu as appris pour toi-même ?

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         Le responsable des aumôneries du Congo s’est adressé à l’aumônerie du Centre hospitalier universitaire de Lausanne (CHUV) pour demander une aide de compétence. J’étais moi-même formateur et, en 2008, l’association de supervision pastorale m’a mandaté pour cette mission. Moi-même, j’avais été aumônier de l’Université de Kinshasa dans les années 1970.

         Cette formation d’aumôniers se fait sous forme de cours en interne dans un hôpital, avec une partie de pratique d’entretiens, de visites, de rencontres avec des malades et des membres du personnel soignant. Ensuite, on retravaille sur ces entretiens (verbatim). Une autre partie, c’est la connaissance de soi-même et de « soi-même en relation », non seulement à partir de l’analyse des visites, mais également à partir des relations dans le groupe.

         Quels sont les effets de cette formation ? Les pasteurs qui suivent cette formation  sont bouleversĂ©s par l’implication personnelle que cela reprĂ©sente. Ils voient ce qu’ils font. C’est très souvent la première fois qu’ils ont un regard extĂ©rieur, compĂ©tent et bienveillant sur eux-mĂŞmes; en effet, ils sont eux-mĂŞmes accompagnĂ©s par des formateurs et dĂ©couvrent avec reconnaissance, par l’expĂ©rience, un type d’accompagnement qu’ils ne connaissaient pas. Ils peuvent se percevoir en vĂ©ritĂ©, dans un climat de pleine acceptation;  ce qui les rĂ©gĂ©nère et leur ouvrent une nouvelle potentialitĂ©. L’effet, c’est une ouverture Ă  leurs propres ressources. Ils se dĂ©couvrent comme ayant plus de possibilitĂ©s qu’ils ne pensaient. C’est justement ce qu’ils vont pouvoir offrir aux malades: cet accès Ă  leurs propres ressources et Ă  celles que Dieu leur donne.

         J’ai appris moi-mĂŞme Ă  dĂ©couvrir et recevoir des ressources inattendues.  J’ai pu me mettre Ă  l’Ă©cole des personnes d’autres cultures et d’horizons diffĂ©rents. J’ai aussi observĂ© et expĂ©rimentĂ© les capacitĂ©s de guĂ©rison qu’il y a dans une Ă©coute authentique. Lorsqu’une personne se sent dans une relation de confiance, elle peut accĂ©der Ă  ses propres douleurs et questionnements, cela la libère pour s’ouvrir Ă  d’autres possibilitĂ©s d’Ă©volution et d’espĂ©rance.

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A partir de cette expérience, comment perçois-tu, dans leur ensemble, les besoins des personnes malades ?

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         Les besoins réels ne sont pas en général ceux qui apparaissent en premier, les plus visibles. Il faut aider les malades à accéder à la conscience de leurs besoins les plus profonds. Ce besoin le plus réel, c’est peut-être de rencontrer quelqu’un qui atteste par son attitude, par sa présence, qu’ils ne sont pas abandonnés, quelqu’un qui entre dans la compréhension de ce qu’ils vivent douloureusement, sans désespérer, ni banaliser. J’évoque ici des besoins qui sont de type relationnel, ceux auxquels on peut répondre par sa qualité de présence. C’est dans ce contexte que l’accompagnement trouve son sens, sa place.

         Comment cet accompagnement peut-il se réaliser ? La base, c’est la sollicitude qui est une des capacités essentielles de chaque humain. Et cela entre dans les pratiques qui sont communément inscrites sous le vocable récent de « care ». La sollicitude, c’est la chaleur humaine qui permet de se relier, d’être reconnu et de répondre à des besoins existentiels.

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Comment les chrétiens participent-ils à cette approche ?

 

         Les chrétiens peuvent accompagner comme tous les êtres humains. Ils ont les mêmes capacités que les autres et rencontrent les mêmes risques, ce qui implique qu’ils se forment au moins autant que les autres à cette pratique. Ceci dit, ils sont appelés à transcrire dans la relation et de façon créative l’amour et l’espérance qui les habitent. Mais, en plus de transcrire, ils sont appelés à voir l’amour et l’espérance surgir au cœur de la relation.

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Jésus nous dit : « J’étais malade et  vous avez pris soin de moi » (Matthieu 25.36).  Comment entends-tu cette parole et sa mise en œuvre ?

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         Cette parole oriente l’accompagnant vers une quête. Elle lui donne le statut d’un chercheur qui s’attend à reconnaître le visage du Christ. Je suis dans une relation fraternelle et pas dans une relation d’aide hiérarchisée. Cela m’ouvre à une attitude de serviteur plutôt que de bienfaiteur. Cette perspective que l’autre est porteur du visage du Christ, nourrit ma relation avec lui. Ainsi, je m’approche des malades comme d’un mystère précieux, saint. La parole de Jésus, au sujet de cette pratique : « Toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25.40), nourrit la motivation du visiteur croyant lorsqu’il visite des malades. Cette perspective nous ouvre l’accès à voir quiconque comme lieu de révélation (« le sacrement de l’autre »).

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Dans l’Evangile, Jésus guérit des malades. L’œuvre de guérison divine se poursuit aujourd’hui. Comment l’accompagnement chrétien participe-t-il à cette œuvre ?

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         Le visiteur chrétien se reconnaît comme un parmi d’autres de ceux qui contribuent à la guérison. Tout progrès vers la guérison peut être perçu comme une action de Dieu. Ceci dit, sa confiance en Dieu le soutient dans son approche du malade et peut fortifier celui-ci et lui permettre de développer sa propre confiance. Il est ouvert au surgissement de vie au cours de l’accompagnement. Par ailleurs, la guérison s’inscrit dans un processus qui trouve sa pleine réalisation dans la résurrection.

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Jésus veut nous communiquer la paix. Comment l’accompagnement y contribue-t-il ?

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         Lorsque JĂ©sus parle de paix, il Ă©voque le « shalom » qui est un terme hĂ©breu beaucoup plus large, beaucoup plus inclusif que le mot : paix. Le « shalom », c’est l’accomplissement du projet divin de restauration de toutes choses. Toute bĂ©nĂ©diction non seulement proclame quelque chose, mais aussi communique quelque chose de ce shalom. Un geste de paix, une parole, par exemple, sont porteurs de cette rĂ©alitĂ©. On peut en observer des effets, que ce soit au niveau immĂ©diat d’un ressenti ou une influence plus diffuse ou Ă  long terme : un apaisement, un soulagement, une rĂ©conciliation ou une guĂ©rison physique.

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Quel message face au poids des souffrances et des limites ?

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         Pour moi, je ne mets pas l’accent sur le message, mais sur l’attitude qui, elle-même, devient message. Cela me libère de la préoccupation de savoir quoi dire ! Le message ne peut être que spécifique à la situation présente, il surgit au cœur de la rencontre.

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Comment l’accompagnement intervient-il face à la menace de la mort ?

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         C’est ici que le besoin d’expérience et de formation se fait le plus sentir. Les mourants sont nos maîtres parce qu’ils nous précèdent dans l’expérience et c’est d’eux que nous avons à apprendre. Une telle formation implique que nous soyons nous-mêmes confrontés à nos propres limites et à notre mortalité afin qu’on puisse entrer avec l’autre dans sa condition, sans désespérer. Accepter sa propre impuissance qui nous permet de communier avec l’autre, redécouvrir la face d’une simple présence à l’autre qui reflète la présence du Christ : nous sommes nous-même soutenus dans ce processus par notre perspective de la résurrection.

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Dans quelle mesure les accompagnants ont-ils besoin de formation ?

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         Les accompagnants ont besoin d’être eux-mĂŞmes Ă©coutĂ©s et accompagnĂ©s pour dĂ©couvrir de l’intĂ©rieur le secret d’un tel parcours, se dĂ©couvrir eux-mĂŞmes et leurs potentialitĂ©s. Ils acquièrent non seulement des compĂ©tences positives, mais dĂ©couvrent aussi tous les travers dans lesquels ils peuvent tomber et comment ceux-ci peuvent ĂŞtre transformĂ©s en ressources.

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Dans quelle mesure l’expérience vécue par des accompagnants professionnalisés peut-elle se manifester dans la vie de tous les jours ?

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Une enquête faite auprès  des stagiaires congolais, une année après cette formation, a mis en évidence chez eux un émerveillement. Ils affirment que ce qu’ils ont appris dans leurs relations avec des malades s’applique dans tous les domaines de leur vie : relation avec leur conjoint, leur famille, leurs paroissiens. Leur nouvelle capacité d’écoute a transformé leurs relations. Ils ont maintenant également davantage conscience de leurs potentialités et de celles des autres. Plutôt que de se tourner vers les manques, ils s’appuient sur leurs possibilités.

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Contribution de Jean-Claude Schwab

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(1)            Jean-Claude Schwab est pasteur. Il participe activement au réseau : « expérience et théologie » et à la responsabilité du site correspondant : http://www.experience-theologie.ch/accueil/

(2)            On pourra lire sur ce blog deux autres contributions de Jean-Claude Schwab :                                                              « Accéder au fondement de son existence » : https://vivreetesperer.com/?p=1295 . « Entrer dans la bénédiction » : https://vivreetesperer.com/?p=1420 .On peut aussi découvrir sur son blog, le témoignage de son activité au Congo:  http://cpt-congo-projet.blogspot.ch/                                                                                                

                                                   

Femmes et hommes. Monde nouveau. Alliance nouvelle

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Une conférence de Thomas d’Ansembourg

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         Psychothérapeute dans un parcours où il traite des problèmes de relation et de communication dans des contextes très variés, des problèmes individuels jusqu’aux questions de société, Thomas d’Ansembourg nous apporte un éclairage original qui nous aide à vivre plus heureusement et plus intelligemment . Sur ce blog, nous avons déjà présenté une de ses interventions (1) . Aujourd’hui, nous vous invitons à écouter une conférence de Thomas d’Ansembourg, enregistrée en vidéo, sur le thème : « Femmes et hommes. Monde nouveau. Alliance Nouvelle « (2).

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Cette fois, l’intervention se déroule en une longue séquence, près d’une heure et demie, mais le talent pédagogique du conférencier, en terme d’interrelation, d’illustration par des exemples concrets, d’échappées en forme d’éclairages globaux, d’implication personnelle et de beaucoup d’humour rend cette conférence passionnante. Elle est d’autant plus passionnante qu’elle aborde un thème majeur : la vie en couple dans une perspective qui va bien au delà d’une analyse de la relation, puisqu’elle nous appelle à envisager celle-ci dans le cadre d’une société en mutation et en rapport avec la quête spirituelle qui se répand aujourd’hui. Voici quelques étapes de cette conférence où l’on pourra trouver de précieux éclairages.

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Les bases de l’humain.

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         Cette conférence commence par une question de Thomas d’Ansembourg auprès de son public : Combien de couples heureux connaissez-vous ? Mais si ce nombre n’est pas élevé, n’est-ce pas parce qu’il n’y a pas de formation à la relation ? Ce qui manque, c’est bien souvent un dialogue en profondeur sur ce qu’on veut vivre ensemble . Ainsi appelle-t-il les participants à parler ensemble un à un de leurs aspirations. Et puis, il leur demande les mots qui, à leurs yeux,  caractérisent une relation heureuse : « Qu’est ce que vous souhaitez vivre dans la relation ? ».  Et voici les mots qui apparaissent : liberté, complicité, confiance, partage, ouverture, échange, authenticité, plaisir, sensualité, créativité, joie, émerveillement, évolution, transformation, amour…

         Ainsi des lignes de force surgissent de cette consultation. Et comme le dit, avec humour, Thomas d’Ansembourg, « Il ne faut pas être un grand psy ou un grand philosophe pour dégager ainsi les bases de l’humain ». « Ce que nous cherchons à vivre, c’est un profond contentement de tout notre être » dans la relation à soi, à l’autre, et à la vie, à la grâce ou à Dieu selon notre expression.

         Alors Thomas d’Ansembourg trace sur le tableau où il a écrit tous les mots qui ont été évoqués, une ligne qui monte, un « fil rouge ». Au départ, nous dit-il, l’enfant vit ce profond contentement. Il chevauche son élan de vie. Et puis, des adultes autour de lui lui imposent peu à peu de vivre selon leur schéma : c’est l’heure ; il est temps. On fait les choses comme ceci et non comme cela ; Il faut. Ces schémas correspondent à un certain genre de société, un certain type de culture.

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Un monde nouveau.

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         A plusieurs reprises dans son exposé,Thomas d’Ansembourg montre qu’actuellement la société et la culture sont en train de vaciller et de se fissurer. Un monde nouveau est en train d’apparaître. Car aujourd’hui,  les fondements de l’économie sont de plus en plus critiqués.  « Nous assistons à l’écroulement du mythe de la croissance économique exponentielle et à une fracture croissante entre ceux qui ont de plus en plus et ceux qui ont de moins en moins ». L’exploitation désordonnée des ressources naturelles devient intolérable. Face à ces dysfonctionnements, « une conscience nouvelle semble s’activer ».  Des premiers signes de changement apparaissent dans les pratiques. Parallèlement, une quête de sens apparaît. « De plus en plus d’individus réalisent que la division dans ce monde correspond à une division dans nos cœurs.  Ils ont l’impression d’une déchirure ». « Ce que je vis n’est pas ce que je veux vivre ». Cette quête de sens est donc une caractéristique de notre époque. C’est une démarche pour trouver « un sens personnel et vivant à notre existence »

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Vers la fin du système patriarcal

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         Thomas d’Ansembourg remet également en cause le système patriarcal qui, lui aussi, est en train de se fissurer, mais qui perturbe encore grandement la relation entre les hommes et les femmes. Ainsi nous décrit-il l’apparition de ce système. L’homme devenu agriculteur, enclot son champ. La société se fonde sur la propriété. Une hiérarchie s’instaure. Des divergences d’intérêt débouchent sur des conflits armés. Et de même, la femme est désormais soumise à l’homme. Elle entre dans sa propriété. Mais aujourd’hui, à cet égard, ce système s’effondre. Avec la contraception, la femme peut avoir des enfants comme elle veut et avec qui elle veut.

         Thomas d’Ansembourg nous montre combien la culture patriarcale a faussé les relations . Dans son aspect guerrier, elle développe une culture du sacrifice et du malheur. Dans son accent sur la propriété et l’enrichissement, la possession prévaut : « L’humain est chosifié ». La vie est devenue une sorte d’objet. Clôture et enfermement vont de pair. Dans les mentalités,on peut repérer des comportements qui correspondent à cette culture patriarcale. Et, par exemple, est-ce que le volontarisme correspondant ne provoque pas chez nous un interdit  vis-à-vis de l’accès au bonheur ? Clairement,le rapport de force accompagnant le système patriarcal est contraire à la manifestation de la tendresse et de la douceur.

         Face à cet encodage séculaire,Thomas d’Ansembourg nous invite à « revisiter nos systèmes de pensée, nos systèmes de croyances ». Le travail n’est pas simple. Comme l’ écrit Einstein, « Il faut plus d’énergie pour faire sauter une croyance ou un préjugé qu’un atome ». Mais ce travail est nécessaire pour « sortir de nos enfermements ». Et le mot enfermement évoque le terme d’enfer. Pour ce faire, nous avons besoin « de courage et d’humilité ».

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Pistes de changement

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         Thomas d’Ansembourg ne nous permet pas seulement de repérer nos préjugés et nos enfermements.Très concrètement, il propose des pistes pour une vie en couple plus heureuse en évitant un ensemble de pièges comme la méconnaissance de la tendresse et de la douceur, le rapport de force, une fusion romantique dans laquelle l’autre est « une moitié », ce qui empêche la croissance de chacun et la reconnaissance de l’altérité, l’amour conditionnel, la prétention d’avoir toujours raison, la crainte de montrer nos vulnérabilités. Cette analyse est accompagnée d’exemples vécus qui sont extrêmement évocateurs.

         Le dernier chapitre de cette conférence nous conduit dans une voie de pacification. Thomas d’Ansembourg met l’accent sur la nécessité « d’un temps de présence et d’échange pour une écoute empathique ».  C’est une leçon qu’il a du lui-même apprendre : « J’étais quelqu’un qui courait tout le temps. J’ai du apprendre à ralentir et à pacifier le temps ». Cette disponibilité permettra aussi « d’écouter l’autre au bon endroit ». En voici un bel exemple. A une mère de famille qui impose à ses enfants sa manière de concevoir l’ordre dans la maison, Thomas d’Ansembourg pose des questions successives sur le pourquoi de son attitude. Recherche d’harmonie, de paix, répond-elle. Et puis soudain, elle se rend compte que l’important, c’est le vivant. Et, à quarante-cinq ans, il lui revient une injonction de sa mère : « Plus tard, tu ne sauras jamais tenir ta maison ». Autre discernement : il y a des couples où chacun dit faire son travail. Mais insidieusement, une séparation peut s’installer. Il n’y a plus d’expression de gratitude pour le travail de l’autre. La division prévaut. L’enchantement disparaît.

         L’expression de la reconnaissance, de la gratitude est une démarche indispensable dans la vie humaine. Apprendre à ne pas considérer les choses comme allant de soi. Considérer en quoi notre existence dépend de la collaboration de tant d’êtres humains . Goûter, célébrer ! Bref, y a-t-il « assez d’enchantement, assez d’écoute, assez de solidarité » ? Thomas d’Ansembourg compare le couple à une sorte de creuset où peut se réaliser un processus de transformation. C’est le passage d’une souffrance à la paix intérieure, du morcellement et de la division à l’unité, de l’action réaction à la création, du vide et du manque à la plénitude. C’est passer de l’égo,  qui joue petit, qui a peur de perdre, qui calcule, à la dimension de l’être qui est souffle et inspiration. Allons à l’essentiel plutôt que de nous attacher à des formes provisoires. Nous sommes en route.

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         Dans cette vidéo, Thomas d’Ansembourg déploie des qualités d’acteur au service de sa pédagogie.  Son enthousiasme communicatif nous aide dans notre prise de conscience. Cette conférence nous entraîne  dans de multiples facettes et de nombreuses découvertes . On peut parfois relativiser ce qui est exprimé, mais quel chemin  nous parcourons ainsi avec le conférencier ! C’est un chemin de vie.

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J H

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(1)            Sur ce blog : « Vivant dans un monde vivant. Changer intérieurement pour vivre en collaboration. Aparté avec Thomas d’Ansembourg recueilli par Michel de Kemmeter » https://vivreetesperer.com/?p=1371

(2)            Conférence du 30 janvier 2014 de Thomas d’Ansembourg sur le thème : « Femmes et hommes. Monde nouveau. Alliance nouvelle » : http://www.youtube.com/watch?v=SGVqvLkTcT8 (Alpescproduction. Mis en ligne le 3 février)

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