Partager une communion spirituelle en petit groupe Skype : un nouveau moyen de communication

Partager une communion spirituelle en petit groupe Skype Aujourd’hui, la recherche spirituelle s’accompagne d’un besoin de partager parce qu’on a besoin d’admirer et de s’émerveiller avec d’autres, de mettre en commun nos découvertes,  et de vérifier la pertinence de notre orientation.  En analysant la manière dont la quête spirituelle s’exerce dans la société d’aujourd’hui, la sociologue Danièle Hervieu-Léger met en évidence l’importance des échanges : « Pour construire un récit, les gens ont besoin de rencontrer des personnes qui leur disent : « Cela fait sens pour toi. Cela fait sens aussi pour moi ». Ils ont besoin d’une relation de reconnaissance. D’ailleurs, n’est ce pas à travers la reconnaissance que l’on peut se construire comme être humain ? » (1).

Dans le partage de la bonne nouvelle de l’Evangile, le Nouveau Testament nous apprend le rôle majeur de petites communautés. Et, par exemple, la rencontre d’Emmaüs ne peut-elle pas être envisagée dans ce même processus de recherche et de reconnaissance partagée, décrite par Danièle Hervieu-Léger. Clairement, Jésus met en valeur les petits groupes lorsqu’il déclare : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Matthieu  18.20).

On peut entendre que, dans les petits groupes, les effets de pouvoir sont plus réduits et que la confiance peut s’établir dans une relation interpersonnelle.  Dans son livre : « the divine dance », Richard Rohr nous introduit dans la vie du Dieu Trinitaire qui est communion. Lorsque trois s’entendent,  il en résulte une vraie communauté. « Il faut une personne pour être un individu. Il faut deux personnes pour faire un couple. il faut au moins trois personnes pour faire une communauté. Trois (« trey ») crée la possibilité pour les gens d’aller au delà de leur intérêt personnel. C’est le commencement d’un bien commun, d’un projet commun au delà de ce qui correspond aux intérêts personnels. Parce que la réalité ultime de l’univers révélée dans la Trinité est une communauté de personnes en relation les unes avec les autres, nous savons que trois (« trey ») est la seule possibilité pour les gens de se relier les uns aux autre avec l’individualité de chacun, la réciprocité de deux,  la stabilité, objectivité et subjectivité de trois » (2).

Il y a vingt ans déjà, la sociologue Danièle Hervieu-Léger évoquait la crise des grandes institutions religieuses : « Les grandes églises ne sont (plus) en mesure de fournir des canaux, des dispositifs d’organisation des croyances…. Fondamentalement, ce qui est jugé important, c’est l’engagement personnel du croyant, c’est la manière dont il met en œuvre une quête de sens spirituel… » (1). En 2016, une journée d’étude organisée par Témoins a porté sur « les parcours de foi en marge des cadres institutionnels » (3).

Cette crise des institutions religieuses engendre un recours croissant à de nouvelles formes de vie spirituelle.  Ce peut être des rassemblements épisodiques dans des lieux hospitaliers  (4). Aujourd’hui, Taizé en est sans doute la meilleure illustration. C’est aussi, et depuis longtemps un tissu de petits groupes. En voici un témoignage personnel qui date des années 1970, mais reste significatif. Dans ces années là, certains commençaient à ne plus se reconnaître dans ce qui était perçu au niveau des paroisses comme des formes imposées, répétitives et impersonnelles. Déjà, les réunions en petit groupe était le mode de rencontre privilégié dans les mouvements. A l’époque, quelques amis ont donc décidé de se réunir chaque mois pour partager leurs joies, leurs problèmes et leurs questions  en s’appuyant sur une lecture biblique et sur la prière. Ils trouvèrent un lieu hospitalier auprès d’une petite communauté religieuse dans la Beauce. Diversifié dans ses origines, ce petit groupe découvrit de nouvelles sources de vie spirituelle, en l’occurrence différents courants charismatiques. Ce fut la source d’une grande bénédiction qui est rapportée dans le livre d’Odile Hassenforder : « Sa présence dans ma vie », très présente sur ce blog (5). Et, par ailleurs, ce petit groupe garda son indépendance et déboucha sur un groupe de prière chrétien et interconfessionnel. Ce fut ensuite la rencontre avec un autre petit groupe chrétien né dans un lycée : le Comité d’Action Chrétienne qui aboutit à la création de l’association : Témoins.

Ce n’est là qu’une histoire parmi beaucoup d’autres.  Parce qu’elle entretient l’entraide fraternelle et un partage authentique, la rencontre en petit groupe est une forme spirituelle privilégiée qui apparaît dans des cadres très divers depuis les groupes de maison organisés par certaines églises jusqu’à des formes très informelles. C’est là que la recherche spirituelle se déploie et qu’une recomposition chrétienne peut s’esquisser.

Aujourd’hui, le changement spectaculaire introduit par internet dans la communication permet une extension des rencontres en petits groupes, leur développement dans un tissu interconnecté en réseau.  Bornons-nous ici à évoquer le potentiel de skype qui permet une rencontre visuelle des personnes à travers l’écran

Nous pouvons rapporter ici deux expériences récentes.

La première nous est racontée par Hélène dans un article sur le site de Témoins : « L’apport de la culture numérique à un parcours de foi en marge des cadres institutionnels » (6).  Avec de chers amis, Hélène, « à partir de l’automne 2014, a initié un rendez-vous hebdomadaire qui perdure encore aujourd’hui. Chaque mercredi, Timothée depuis Londres, Emilie et Clément depuis Toulouse, et moi depuis Lyon, nous nous retrouvons sur skype. Nous partageons nos joies, nos peines, nos questionnements, nous prions, nous louons Dieu ensemble. Il n’y pas de schéma établi, de contenu décidé à l’avance….. Il faudrait un article dédié pour raconter tout ce que nous avons découvert, vécu et expérimenté ensemble et avec Dieu au cours de ces quatre dernières années …».

Tout récemment, Michel, nous a raconté la vie d’un petit groupe de prière qui se réunit sur skype. « Aujourd’hui, on se réunit tous les lundi soir à 20h 30 par l’intermédiaire de skype et aussi du téléphone. Nous sommes quatre couples et une célibataire ayant en commun une relation familiale. Les participants se connaissent bien. C’est une réunion de prière-intercession. A tour de rôle, on donne des sujets de reconnaissance et de prière. Puis on prie et on termine par un chant commun. Ce groupe a été créé à l’initiative des participants en octobre 2017. C’est un groupe de maison qui permet d’avoir un suivi. Comme on se connaît bien en même temps, appartenant à une grande famille (parents et enfants), nous pouvons partager ensemble des sujets très personnels. Nous sommes reconnaissants pour les exaucements. Il se trouve que nous avons également la possibilité un autre jour de regarder un culte sur internet. La nouveauté de skype : être rassemblés malgré la distance : Antony, La Ferrière aux champs, La Rochelle, Thann, et, en même temps, très présents les uns avec les autres ».

Nous savons bien combien les formes du passé, et notamment, des rassemblements imposés  et répétitifs s’effritent aujourd’hui. Nous savons combien l’individualisme peut engendrer l’isolement et l’égocentrisme.  En regard, il est important d’entrevoir les voies nouvelles qui s’esquissent aujourd’hui et les potentialités qui les favorisent.  Les petits groupes sont aujourd’hui un mode de rencontre privilégié.  Un outil nouveau est à leur disposition : la communication par internet, et entre autres, par skype. C’est une opportunité pour la vie spirituelle, un bienfait pour la vie chrétienne.

 

J H

  1. « L’autonomie croyante. Questions pour les Eglises » : http://www.temoins.com/jean-hassenforder-lautonomie-croyante-questions-pour-les-eglises/
  2. Reconnaître et vivre la présence d’un Dieu relationnel. Extraits du livre de Richard Rohr : The divine dance : https://vivreetesperer.com/reconnaitre-et-vivre-la-presence-dun-dieu-relationnel/
  3. http://www.temoins.com/26-novembre-2016-rencontre-temoins-theme-parcours-de-foi-aux-marges-cadres-institutionnels/
  4. Danièle Hervieu-Léger. Mutations de la société catholique en France. Etudes, février 2019, p 67-78
  5. Odile Hassenforder : « Sa présence dans ma vie ». Un témoignage vivant : https://vivreetesperer.com/odile-hassenforder-sa-presence-dans-ma-vie-un-temoignage-vivant/
  6. Témoignage. L’apport de la culture numérique en marge des cadres institutionnels : http://www.temoins.com/lapport-de-la-culture-numerique-a-un-parcours-de-foi-en-marge-des-cadres-instituptionnels/

 

Voir aussi

« Partager le bon et le beau » : https://vivreetesperer.com/partager-le-bon-et-le-beau/

 

Méditer avec Moltmann

Une vision d’espérance mise à la disposition de tous.

Au fil des années, nous avons pu constater combien la théologie de Jürgen Moltmann répondait aux aspirations et aux questionnements d’un vaste public. Ce recueil : Méditer avec Moltmann (1) s’inscrit dans cette approche. Par son accessibilité, il met la théologie de Moltmann à la portée de tous. Et pour quoi donc? L’avertissement en quatrième de couverture nous le dit :

« Dans l’histoire dont nous faisons l’expérience, il nous est plus facile de désigner le négatif dont nous voulons nous libérer que d’exprimer le positif en vue duquel nous espérons devenir libre. Mais c’est l’expérience d’un avenir plus grand qui nous mène vers des expériences  toujours nouvelles ».

Le secret de la force mobilisatrice de la pensée de Moltmann se trouve dans la profondeur des réflexions existentielles qu’il nous propose. Mais, pour que cette force nous rejoigne et nous transforme à notre tour, elle doit être méditée, digérée, expérimentée, confrontée aux joie et aux peines de notre existence. L’incarnation de l’espérance s’inscrira alors dans notre parcours de vie ».

Les textes rassemblés ici (2) proviennent du blog : « L’Esprit qui donne la vie », créé en 2011, pour communiquer la pensée de Moltmann à tous ceux qui sont à la recherche d’un Dieu, communion d’amour et puissance de vie. Il n’est pas anodin que l’éditeur ait, de lui-même choisi comme titre : « Le sourire de Dieu ».

Ce livre nous ouvre à une nouveauté de vie. Dans son adresse aux étudiants de Prétoria, qui introduit le recueil, Jürgen Moltmann déclare : « Celui qui croit au « Dieu vivant », voit le monde non seulement selon la réalité… mais aussi selon les possibilités. « Tout est possible à celui qui croit », parce que « tout est possible avec Dieu » . Toute la réalité est une possibilité réalisée. La possibilité vient en premier, la réalité vient après » (p 13). Ce livre regarde à la promesse de Dieu et nous ouvre un avenir. Dans le témoignage sur lequel s’achève ce recueil, homme de foi et d’action engagé dans de grandes causes humanitaire, Guy Aurenche nous confie une notation personnelle : « En refermant provisoirement ce livre de méditation, me vient l’appétit d’un commencement caché » ( p 156).

Au fil des années, nous avons pu constater combien la théologie de Jürgen Moltmann était libératrice, féconde et éveillait des échos chez des amis de formations et de cultures très différentes. La théologie de Moltmann est un continent. Chacun vient y chercher une réponse à ses questionnements. C’est un dialogue à partager.

J H

  1. Jean Hassenforder. Méditer avec Moltmann. Le sourire de Dieu. Préface : Discours de Jürgen Moltmann aux étudiants de Pretoria, traduit par David Gonzalez. Postface par Guy Aurenche. Empreinte Temps présent. 2019 (Collection : l’art de méditer dirigé par David Gonzalez).
  2. Issus du blog : « L’Esprit qui donne la vie », les textes sont entrés ensuite dans un processus d’édition, dans lequel, à notre regret, le référencement initial n’a pas été retranscrit. A ce sujet, on se reportera donc au blog originel : https://lire-moltmann.com
Face à la crise écologique, réaliser des transitions justes

Face à la crise écologique, réaliser des transitions justes

Une nouvelle pensée économique selon Eloi Laurent

Pour réaliser les transformations économiques requises urgemment par la crise écologique, nous avons besoin de considérer l’économie sous un jour nouveau. C’est pourquoi Eloi Laurent nous propose un livre intitulé : « Économie pour le XXIe siècle. Manuel des transitions justes » (1). Eloi Laurent est enseignant-chercheur à l’OFCE/Sciences Po et à Ponts Paris Tech et à l’international ; il a enseigné dans les universités Harvard et Stanford. Il est donc bien placé pour constater « la perplexité croissante des étudiants » vis-à-vis de l’enseignement d’une « économie aveugle à l’écologie comme s’il s’agissait de deux mondes parallèles ».

« Économiste engagé dans le débat public, il jette ici un regard critique et constructif sur sa discipline ». « Ce manuel innovant propose une économie pour le XXIe siècle, qui intègre défis écologiques et enjeux sociaux : une économie qui part de la biosphère plutôt que de la traiter comme une variable d’ajustement ; une économie qui place au centre la crise des inégalités sociales plutôt que l’obsession de la croissance ; une économie organique en prise avec le vivant dont nous dépendons ; une économie en dialogue avec les autres disciplines. En somme, une économie mise au service des transitions justes qui ont pour but de préserver notre planète et nos libertés » (page de couverture).

Comme la prise de conscience écologique nous a appelé à étudier sur ce blog des pistes de transformation dans différents domaines, depuis l’économie (2) et la socio-politique (3) ou l’environnementalisme (4) jusqu’à la philosophie (5) et la spiritualité (6), cet ouvrage est particulièrement bienvenu car il nous offre un chemin qui allie la prise en compte des effets mortifères des inégalités et des politiques écologiques pour tracer le chemin de ‘transitions justes’.

Ce livre s’organise en deux grandes parties .« La première partie présente un cadre, une méthode et des outils pour insérer l’économie entre la réalité écologique et les principes de justice. La seconde partie applique cette approche social-écologique à toutes les grandes questions de notre temps : la biodiversité, les écosystèmes, l’énergie, le climat, etc… et donne à voir tous les leviers d’action pour mener à bien des transitions justes : Nations unies, Union européenne, gouvernement français, territoires, entreprises, communautés » (page de couverture). On se reportera à ces différents champs d’étude. Nous introduirons ici le lecteur à la manière dont Eloi Laurent présente les attendus de la nouvelle économie et l’approche sociale-écologique au cœur de cette vision nouvelle

Ce que l’économie savait, ce qu’elle a oublié, ce qu’elle peut encore nous apprendre.

Pour réussir la transition écologique, il serait bon de pouvoir éclairer et guider les changements économiques nécessaires par des savoirs économiques. C’est là que l’auteur met en évidence le manque de pertinence des sciences économiques actuelles. « L’économie standard s’est enfermée au cours des dernières décennies du siècle précédent dans une approche beaucoup trop étroite de la coopération sociale et du développement humain, fixée sur des obsessions abstraites telle que l’efficacité, la rentabilité ou la croissance, qui la rendent trop inopérante aujourd’hui. Ce faisant, elle a méprisé sa propre richesse, ignoré son écodiversité, et négligé de s’interroger sur les conditions de possibilité de l’activité économique » (p 10).

Or, en remontant aux origines, puis dans l’histoire de l’économie politique, on découvre que celle-ci a longtemps tenu grand compte des ressources naturelles et de l’environnement.

« Contrairement aux apparences contemporaines, il apparait que l’analyse économique a développé très tôt une double préoccupation pour la justice et pour la question écologique et même pour l’articulation de ces deux thématiques » (p 15). L’auteur remonte aux origines. L’économie a été inventée en Grèce, il y a 2500 ans par Xénophon, propriétaire administrant un domaine agricole, et par Aristote dans sa ‘Politique’. Chez Aristote, l’économie, c’est « la discipline de la sobriété au service des besoins essentiels. C’est donc une discipline qui concilie les besoins des humains avec les contraintes de leur environnement. Quand l’économie devient ‘économie politique’ à l’époque moderne, les premiers « économistes font de la nature la source de la richesse et l’origine du pouvoir ». (p 15-16). C’est au XVIIIe siècle qu’une pensée économique émerge à nouveau. « Les premiers économistes sont les physiocrates, un groupe de philosophes et de responsables politiques français. Ils ont été les premiers à construire un modèle cohérent de représentation de l’économie où les ressources naturelles jouaient un rôle central. Les physiocrates nous aident à comprendre le lien essentiel entre ressources naturelles, pouvoir politique et justice sociale. Cette analyse se prolonge avec les travaux de l’école classique anglaise » (p 16-19). L’auteur évoque ici David Ricardo et John Stuart Mill. Alors qu’en 1848, la première révolution industrielle atteint son pinacle, John Stuart Mill envisage un ralentissement de la croissance, un ‘état stationnaire’. « Où tendons nous ? A quel but définitif la société marche-t-elle avec son progrès industriel ?… Les économistes n’ont pas manqué de voir plus ou moins distinctement que l’accroissement de la richesse n’est pas illimité ; qu’à la fin de ce qu’on appelle l’état progressif se trouve l’état stationnaire… ». Et, dès cette époque, il pressent et envisage la question écologique : « Si la terre doit perdre une grande partie de l’agrément qu’elle doit aux objets, que détruirait l’accroissement continu de la richesse et de la population… j’espère sincèrement pour la postérité qu’elle se contentera de l’état stationnaire longtemps avant d’y être forcée par la nécessité ». Eloi Laurent commente ainsi : « La nature révolutionnaire du questionnement de John Stuart Mill sur les finalités mêmes de l’économie capitaliste libérale réside dans sa compréhension de l’impact profond que les sociétés humaines ont déjà, de son temps, sur la biosphère ». D’une manière positive, John Stuart Mill précise : « Ce ne sera que quand, avec de bonnes institutions, l’humanité sera guidée par une judicieuse prévoyance, que les conquêtes faites sur les forces de la nature par l’intelligence et l’énergie des explorateurs scientifiques deviendront la propriété commune de l’espèce et un moyen d’améliorer et d’élever le sort de tous » (p 41-42).

Eloi Laurent nous montre ensuite le tournant intervenu dans les sciences économiques au XXe siècle. D’après Dani Rodrik, « l’économie serait différente des autres sciences sociales (et pour tout dire supérieure), du fait de sa maitrise des modèles, autrement dit de représentations simplifiées et opératoires des comportements humains, lesquels permettraient d’identifier des relations causales. L’économie du XXe se serait ainsi progressivement singularisée par l’amélioration de ses techniques quantitatives, prenant appui sur la formalisation mathématique pour développer l’économétrie, la théorie des jeux jusqu’à l’économie computationnelle et le big data d’aujourd’hui. En réalité, la question des instruments apparait secondaire dans l’émancipation de l’économie au XXe siècle. La véritable rupture n’est pas formelle mais substantielle : c’est la rupture avec la philosophie, l’éthique et la justice » (p 42). L’auteur rappelle que les enjeux de répartition et les principes de justice étaient au cœur de l’œuvre des pères fondateurs de ce qu’on a appelé ‘l’économie politique’. Mais force est de constater que ces enjeux ont été marginalisés et finalement presque oblitérés dans les dernières décennies du XXe siècle. Cet aveuglement progressif dans les travaux de l’école néoclassique a été aggravé par la focalisation sur le court terme par l’approche keynésienne.

L’auteur met en évidence « la relégation de l’enjeu de la justice par rapport à celui de l’efficacité » dans les publications en économie à partir de la fin du XIXe siècle. Ce n’est qu’à partir des années 2000 que « l’économie des inégalités a fait un retour remarqué ».

Eloi Laurent nous propose également une histoire du développement de l’économie de l’environnement à partir du milieu du XIXe siècle. Au début des années 1960, une économie écologique émerge comme une réponse au défi de la soutenabilité déjà cristallisé par la publication du rapport Brundtland publié dans le cadre d’une commission des Nations Unies en 1987, qui définit pour la première fois le ‘développement soutenable’ (ou durable) comme « un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes, sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » (p 50).

Cependant, malgré les recherches sur l’économie de l’environnement pendant un siècle et demi, cette discipline est encore négligée dans le domaine de l’économie. « Dans leur grande majorité, les économistes ignorent les questions environnementales, au double sens de l’inculture et de l’indifférence » (p 50). Cette affirmation s’appuie sur un examen de la littérature économique contemporaine. « Ce désintérêt est d’autant plus préjudiciable que la transition écologique est désormais un enjeu de sciences sociales : les sciences dures ont largement œuvré pour révéler l’ampleur et l’urgence des crises écologiques ». Aujourd’hui, « ce sont les sciences sociales, dont l’économie, qui détiennent la clé des problèmes que les sciences dures ont révélés » (p 56).

 

Une approche sociale-écologique

Pour des transitions justes.

Un constat s’impose aujourd’hui : les ravages provoqués par la montée croissante des inégalités. « Nos sociétés sont devenues de plus en plus inégalitaires., fragmentées et polarisées au cours des quarante dernières années tandis que les dégradations environnementales s’accéléraient pour atteindre des niveaux inédits. La crise des inégalités et les crises écologiques marchent du même pas. Les 35 pays considérés comme les plus riches, qui ne représentent que 15% de la population mondiale sont ainsi responsables de75% de la consommation démesurée des ressources naturelles depuis 1970. Et la moitié des émissions de CO2 depuis 1990 est le fait de seulement 10% des humains » (p 8). « Nos systèmes sociaux – à commencer par nos systèmes économiques – sont devenus autodestructeurs et l’avidité d’une partie des humains est devenue préjudiciable à la poursuite de l’avenir de l’humanité. C’est pourquoi nous devons trouver un moyen d’inverser la spirale social-écologique vicieuse dans laquelle nous sommes pris » (p 9).

C’est dans cette perspective qu’Eloi Laurent met en évidence le rapport réciproque entre les inégalités et les effets de la crise écologique.

« ° La non-transition écologique – c’est-à-dire la situation actuelle dans laquelle les crises écologiques s’aggravent sans trouver de réponse adéquate – est génératrice d’inégalités sociales qui touchent d’abord les plus démunis.

° La nécessaire réduction des inégalités sociales peut atténuer les crises écologiques et réciproquement les politiques de transition écologique peuvent réduire les inégalités sociales et améliorer le bien-être des plus démunis.

° On peut concevoir des politiques social-écologiques qui, aujourd’hui, comme dans la durée, réduisent simultanément les inégalités sociales et les dégradations environnementales » (p 100).

Eloi Laurent consacre un chapitre à l’approche social-écologique (p 74-98). Il y aborde en premier les questions relatives à la gestion des communs : « De la tragédie des communs à la gouvernance des communs ». Mal gouvernés, les communs peuvent dégénérer. C’est ainsi qu’en 1968, Garett Hardin évoque ‘la tragédie des communs’. L’image est celle de « bergers épuisant le pâturage qu’ils partagent sans le posséder, faute de s’en répartir équitablement l’usage ». Hardin propose comme remède « soit de privatiser la ressource naturelle, soit d’instituer ‘une coercition réciproque par acceptation mutuelle’, autrement dit de recourir à un autorité centrale qui monopolisera le pouvoir de choisir et qui ressemble fort à un gouvernement dictatorial » (p 75). Pendant les décennies qui suivirent, l’article de Hardin « fut annexé par une pensée néolibérale en plein essor qui en fait l’emblème de sa lutte en faveur de la propriété exclusive comme seul outil rationnel de gestion des ressources » (p 75).

Cependant, si on a décrit deux solutions à la ‘tragédie des communs’ : la centralisation politique ou la privatisation, une troisième option apparait : « une révolution des communs dont Ostrom est le porte-étendard ». « Les travaux d’Ostrom et de ses nombreux coauteurs vont démontrer que les institutions qui permettent la préservation des ressources par la coopération sont engendrées par les communautés humaines elles-mêmes et pas par l’État, ni par le marché. Des centaines de gouvernances décentralisées évitent, partout dans le monde et depuis des millénaires, la tragédie des communs en permettant l’exploitation soutenable de toutes sortes de ressources : eau, forêts, poissons, etc » (p 78). En exemple, le partage de l’eau depuis le début de l’agriculture, il y a 10000 ans… « Ces principes de gouvernement écologique émanent des communautés humaines elles-mêmes, pas d’une autorité extérieure ». Toutes les informations sont ainsi à portée et nourrissent l’action. Quant à elle, la privatisation engendre l’inégalité.

« Dans ce cadre d’analyse, on voit clairement l’importance de la relation – horizontale, mais souvent négligée – entre préservation naturelle et confiance. Ce n’est donc pas un hasard si Ostrom a aussi contribué de manière décisive à la littérature sur la confiance en lien avec la coopération » (p 78). « Selon Ostrom, les individus qui coopèrent sont capables d’apprendre des autres ; Ils se souviennent des comportements de coopération et plus généralement de la fiabilité des personnes auxquelles ils ont affaire ; ils utilisent leur mémoire et d’autres indices… pour évaluer la fiabilité de leurs partenaires dans l’échange, avant de leur accorder leur confiance ; ils s’efforcent de se bâtir une réputation de fiabilité… ils adoptent des horizons temporels qui excèdent le passé immédiat… La coopération est une quête de connaissances partagées » (p 79). Ainsi, « grâce à Ostrom, on sait maintenant que des institutions communes enracinées dans des principes de justice, même réduites à leur plus simple expression, favorisent les comportements coopératifs. La théorie des communs d’Ostrom constitue donc la première matrice de l’approche sociale-écologique » (p 80).

L’approche sociale-écologique considère la relation réciproque entre dynamique sociale et dynamique environnementale en se concentrant sur le caractère imbriquée des deux crises qui caractérisent le début du XXIe siècle. A cet égard, l’approche sociale-écologique fonctionne à double sens : les inégalités sociales alimentent les crises écologiques tandis que les crises écologiques aggravent à leur tour les inégalités sociales » (p 80).

« L‘impact social des crises écologiques n’est pas le même pour les différents individus et groupes compte tenu de leur statut socio-économique » (p 81). L’auteur étudie l’incidence des riches et des pauvres sur l’environnement. « Du côté des riches, le sociologue Thomas Veblen a montré dans sa ‘Théorie de la classe de loisir’ que le désir de la classe moyenne d’imiter les modes de vie des classes les plus favorisées peut conduire à une épidémie culturelle de dégradations environnementales ». C’est l’attrait d’une ‘consommation ostentatoire’. Dans un autre registre, Indira Gandhi faisait remarquer que dans les pays les plus démunis, « la pauvreté conduit à des dégradations environnementales du fait de l’urgence sociale ». La richesse des pays pauvres du monde résidant d’abord dans les ressources naturelles, ils sont contraints à y puiser excessivement. « L’éradication de la pauvreté est donc souhaitable non seulement socialement, mais aussi sur le plan environnemental, à condition qu’elle ne prenne pas la forme d’un rattrapage consumériste, mais s’inscrive dans une redéfinition de la richesse globale » (p 83). « Les inégalités augmentent le besoin d’une croissance économique néfaste pour l’environnement et socialement inutile… Si l’accumulation de richesse dans un pays donné est accaparée par une petite fraction de la population, le reste de la population réclamera une croissance économique supplémentaire pour que son niveau de vie ne stagne pas ». Et, dans l’état actuel des choses, ce surplus de croissance « se traduira par davantage de dégradations environnementales ».

Comment réduire les inégalités ? « Par définition, il existe deux manières de les réduire: du bas vers le haut ou du haut vers le bas. Réduire les niveaux des groupes des plus riches de la population mondiale (les 10% qui émettent un peu moins de la moitié du CO2 mondial, d’après les analyses du GIEC en 2022) via une fiscalité adéquate se traduira logiquement par d’importantes réductions d’émission. De plus, les biens de ‘luxe’ engendrent beaucoup plus d’émissions de carbone que les biens de ‘nécessité’ (p 86).

Dans ce cadre, veiller à une transition juste : « Dans l’Union européenne, alors que les émissions par habitant ont baissé en moyenne de l’ordre de 25% entre 1990 et 2013, les émissions de 1% des plus riches ont augmenté de 7% (principalement sous l’effet du transport aérien et, dans une moindre mesure, terrestre) tandis que celles des 50% des plus pauvres ont baissé de 32%. Nous vivons donc une transition injuste dans le continent le plus avancé dans l’atténuation de la crise climatique » (p 87).

De plus, « Les inégalités augmentent l’irresponsabilité écologique des plus riches à l’intérieur de chaque pays et entre les nations ». On constate ainsi que le dommages environnementaux (activités polluantes, déchets) sont souvent affectés aux zones pauvres. « Les inégalités, qui affectent la santé des individus et des groupes, diminuent la résilience social-écologique des communautés et des sociétés, et affaiblissent leur capacité collective à s’adapter à l’accélération du changement environnemental global ». « Un important corpus de recherches… a confirmé l’impact négatif des inégalités sociales sur la santé physique et mentale aux niveaux local et national (via le stress, la violence, un moindre accès aux soins de santé etc.) » (p 91). Selon Paul Farmer, l’inégalité constitue un « fléau moderne » sur le plan sanitaire aussi redoutable que les agents infectieux. De même, la dynamique des inégalités sociales influe sur la résilience ou au contraire la vulnérabilité des populations exposées à de grands chocs. Et de plus, « Les inégalités entravent l’action collective visant à préserver les ressources naturelles… De nombreuses études ont montré comment l’inégalité nuit à la gestion durable des ressources communes car elle perturbe, démoralise et désorganise le communautés humaines » (p 92). De même, « les inégalités réduisent l’acceptabilité politique des préoccupations environnementales et la possibilité de compenser les effets socialement régressifs potentiels des politiques environnementales » (p 94).

 

Les horizons de la transition juste

« L’approche sociale-écologique, dont on vient de détailler les deux facettes, trouve depuis quelques années une traduction institutionnelle porteuse d’avenir dans l’idée de ‘transition juste’ qui monte en puissance dans le champ académique et dans la sphère politique. Ainsi, lors de la Cop 26 (novembre 2021), plusieurs chefs d‘état et de gouvernement ont co-signé une déclaration sur « la transition internationale juste » (p 96). Eloi Laurent nous rapporte l’évolution de cette notion. « Elle est née au début des années 1990 dans les milieux syndicalistes américains comme un projet social défensif visant à protéger les travailleurs des industries fossiles des conséquences des politiques climatiques sur leurs emplois et leurs retraites ». Ce projet a trouvé par la suite un écho dans d’autres contextes. « Dans cette perspective défensive, ce sont les politiques de transition qu’il s’agit de rendre justes. Or l’amplification des chocs écologiques (inondations, sécheresses, pandémies, etc.), indépendamment des politiques d’atténuation qui seront mises en œuvre pour y faire face, appelle une définition plus large et plus positive de la transition juste. Cet élargissement a été entamé sous l’influence de la Confédération internationale des syndicats, puis de la confédération européenne des syndicats, qui ont fait évoluer la transition juste vers une tentative de conciliation de la lutte contre le dérèglement climatique et la réduction des inégalités sociales, autour du thème des « emplois verts »… Eloi Laurent se réjouit de cette évolution, mais appelle à aller encore plus loin. « Il convient d’élargir encore le projet de transition juste en précisant ses exigences et surtout en s’efforçant de la rendre opératoire de manière démocratique… La transition juste ne doit plus seulement s’entendre comme un accompagnement social ou une compensation financière des politiques d’atténuation des crises écologiques, mais plus largement comme une stratégie de transition social-écologique intégrée » (p 97).

Eloi Laurent formule en conclusion trois exigences:

1) analyser systématiquement les chocs écologiques et les politiques correspondantes, sous l’angle de la justice sociale…

2) accorder la priorité dans les politiques de transition juste au bien-être humain dynamique éclairé par des enjeux de justice en vue de dépasser l’horizon de la croissance économique… Ce dépassement de la croissance économique est en train de devenir un élément de consensus dans la communauté globale environnementale

3) construire ces politiques de transition juste de manière démocratique en veillant à la compréhension, à l’adhésion et à l’engagement des  citoyens… » (p 98).

Eloi Laurent présente ensuite la palette des transitions justes.

En économiste ouvert à un vaste horizon, Eloi Laurent nous apprend beaucoup sur la transition, un leitmotiv de notre époque. C’est ainsi que nous avons découvert son approche dans un podcast du journal Le Monde : « Comment rendre la transition heureuse », une approche qui nous a paru particulièrement ajustée (7). En présentant ce livre : « Manuel des transitions justes », nous n’en rendons compte que d’une petite part, car cet ouvrage aborde toute une gamme de questions relatives à la transition depuis : « la transition vers la préservation du monde vivant », « la transition vers la coopération et le bien-être » jusqu’à la « transition vers la pleine santé ». Il nous apparait ainsi comme une pièce marquante d’un des quelques thèmes que nous abordons sur ce blog. Certes, son propos est dense, mais il est accessible et, manifestement, il aborde la question majeure de la transition écologique sous un angle qui nous parait à la fois éthique et réaliste, cette « transition juste » qui se déploie dans une approche « social-écologique ».

J H

 

(1)  Eloi Laurent. Économie pour le XXIe siècle. Manuel des transitions justes. La Découverte, 2023

(2) Sortir de l’obsession de l’efficience pour entrer dans un nouveau rapport avec la nature : https://vivreetesperer.com/sortir-de-lobsession-de-lefficience-pour-entrer-dans-un-nouveau-rapport-avec-la-nature/ Vers une civilisation écologique : https://vivreetesperer.com/vers-une-civilisation-ecologique/

Vers une économie symbiotique : https://vivreetesperer.com/vers-une-economie-symbiotique/

(3) Face à une accélération et à une chosification de la société : https://vivreetesperer.com/face-a-une-acceleration-et-a-une-chosification-de-la-societe/

Comment la puissance technologique n’engendre pas nécessairement le progrès : https://vivreetesperer.com/comment-la-puissance-technologique-nengendre-pas-necessairement-le-progres/

(4) L’humanité peut-elle faire face au dérèglement des équilibres naturels ? : https://vivreetesperer.com/lhumanite-peut-elle-faire-face-au-dereglement-des-equilibres-naturels/

(5) Les lumières à l’âge du vivant : https://vivreetesperer.com/des-lumieres-a-lage-du-vivant/

(6) Réenchanter notre relation au vivant : https://vivreetesperer.com/reenchanter-notre-relation-au-vivant/ Ecospiritualité : https://vivreetesperer.com/ecospiritualite/

(7) Comment rendre la transition heureuse ? le Monde. Eloi Laurent : https://podcasts.lemonde.fr/chaleur-humaine/202404090500-climat-comment-rendre-la-transition-heureuse

 

Ressembler à Jésus ?

Accueillir l’œuvre de Christ en nous

 

En relisant le cahier dans lequel Odile Hassenforder écrivait ses réflexions et ses méditations, on trouve un ensemble de trois textes au sujet de la ressemblance à Jésus, à Christ, écrits en début novembre 2006. Le premier d’entre eux a été publié dans un chapitre du livre : « Sa présence dans ma vie » (1) sous le titre : « Accueillir l’œuvre de Christ en nous » (p 121) : « Jésus n’est pas extérieur à nous comme un modèle à suivre, mais il demeure en nous. C’est l’œuvre de Dieu dans un mouvement de vie ». Nous poursuivons ici cette réflexion à travers des extraits des deux textes suivants, inédits.

 

 1 Il s’agit de se laisser transformer.

 

Accueil de la bonté de Dieu : Parce que je la reçois, je me sens habitée. Alors, je peux et désire en vivre davantage.

 

Romains 12. 2 A cause de la bonté que Dieu vous a témoigné,

« Ne suivez pas les coutumes du monde où vous vivez

Mais,

laissez Dieu vous transformer

en vous donnant une intelligence nouvelle

Ainsi, vous pourrez savoir :

ce qu’il veut

ce qui est bon

ce qui lui plait

ce qui est parfait »

 

Offrir sa vie : consacrer son être tout entier : que notre corps, nos forces, nos facultés soient à sa disposition pour le renouvellement de notre mentalité.

 

Adopter une attitude intérieure différente. Donner à nos pensées une nouvelle orientation

Inspiration de nos pensées renouvelée. Coeur transformé. Attitude mentale et spirituelle changée.

Ephésiens 4.23 :

« Comprenez les choses

d’une façon nouvelle

selon l’Esprit de Dieu

Devenez une personne nouvelle

créée comme Dieu veut.

La vérité la rend juste et sainte ».

C’est à dire :

Ne mentez plus : dire la vérité à son prochain

Ne commettez plus de péché : votre colère cesse avant la nuit

Ne plus voler : travailler honnêtement

Pas de paroles mauvaises : paroles utiles qui aident les autres, qui font du bien

Ne pas garder de rancunes

Ne pas s’énerver ; pas de cris, d’insultes…

 

Cherchez les mots qui aident et encouragent

Que chaque parole contribue au progrès spirituel.

Dite à propos, cette parole sera le moyen par lequel

Dieu bénira celui qui vient, entend.

 

Faites disparaître toute mauvaise humeur : aigreurs, rancune, esprit de revendication, explosion de colère, raillerie, paroles blessantes.

 

Soyez aimables

Compréhensifs les uns pour les autres

Aidez vous les uns les autres

Toujours prêts à pardonner

 

Marcher dans l’amour de Christ.

 

2 Recevoir une force de vie

 

Jésus n’a pas apporté un enseignement extérieur.

Ses paroles sont force de vie.

pénètrent, transforment le cœur

Provoquent de l’enthousiasme parce qu’elles éveillent un désir profond

Alors, il s’agit de s’ouvrir à la force de vie, de résurrection-renouveau en Christ.

 

Touché au fond du cœur, c’est dans la joie et l’enthousiasme

que nous désirons changer

devenir++

en sachant que c’est possible

que l’Esprit agit en nous

 

Il ne s’agit plus d’observer une loi

mais de s’ouvrir à l’Esprit de Jésus

de se laisser conduire par Lui

en s’engageant dans la voie de l’amour.

 

Cela dépasse nos forces morales

Alors devenons lumière : bonté, justice, vérité.

 

Une telle expérience suscite en nous la louange (Ephésiens 5.18-20)

 

Odile Hassenforder

 

(1)            Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Empreinte temps présent. 2011. Sur ce blog, des textes issus de ce livre ou inédits : https://vivreetesperer.com/?tag=odile-hassenforder

Jésus le guérisseur

Selon Tobie Nathan, ethnopsychiatre

A travers une pratique pionnière, Tobie Nathan est devenue une figure majeure de l’ethnopsychiatrie en France. L’ethnopsychiatrie est psychologie transculturelle qui associe psychologie clinique et anthropologie culturelle. Tobie Nathan a notamment mis en évidence la part des croyances dans la prise en charge des maladies mentales.        En relation avec des personnes venant de tous les continents, Tobie Nathan a été amené par l’une d’entre elles, à reconnaître la pratique de guérison exercée au nom de Jésus. En conséquence, il a donc entrepris une recherche sur Jésus qui a débouché sur l’écriture d’un petit livre : Jésus le guérisseur (1). « Jusqu’à la rencontre avec Gabriela, personne ne m’avait incité à examiner au plus près Jésus, l’homme donc et non la religion qui a découlé de son enseignement » (p 13). « Si l’on examine son parcours, Jésus a essentiellement parlé, réuni et guéri. C’est donc à l’analyse de ce personnage politique et thérapeute que j’ai voulu consacrer ces pages » (p 13).

L’auteur nous dit dans quel esprit, il a entrepris cette recherche.

« Je voudrais d’abord retracer le parcours personnel de Jésus, pour lequel je ressens une sympathie particulièreun personnage omniprésent dans notre monde alors qu’on sait assez peu sur lui…
Jésus imprègne notre vie quotidienne par des paroles, des expressions, des maximes, par une morale aussi, et une certaine vision politique. Il est partout dans les expressions de notre langue, dans nos proverbes, nos habitudes mentales, mais également dans l’art et la musique » (p 17). Jésus apparaît même dans des troubles psychiatriques. « Jésus est un interlocuteur : on l’appelle, on l’invoque, on le prie. Il est le compagnon des laissés-pour-compte, des démunis, des malades. Ici en France, en Europe, mais aussi très loin d’ici en Afrique, en Amérique du sud et de plus en plus en Chine… » (p 18).

Dans sa recherche historique, l’auteur estime que les sources historiques fiables sont peu nombreuses. « Pour élaborer cet exposé, je suis allé puiser dans les ressources historiques, celles qui reconstituent l’époque, l’atmosphère où Jésus a vécu : j’ai eu très peu recours aux exégèses théologiques. Il va de soi que Jésus, c’est aussi le Christ, le

sauveur, à la fois homme et dieu. Je n’aborderai ici que sa part d’histoire et dans une double perspective qui me questionne – et, je l’avoue, me fascine : Jésus le politique et Jésus le guérisseur. J’espère ne froisser personne en ne discutant que sa part d’histoire. Mais l’honnêteté exige que l’on n’outrepasse pas la frontière de ses compétences » (p 19).

 

Jésus, leader politique et guérisseur

Si ce livre, dans son sous-titre, met l’accent sur le rôle de Jésus comme guérisseur, l’ouvrage lui-même traite pour une bonne part d’un autre rôle, cher à l’auteur, celui de leader politique contre l’occupant romain. Tobie Nathan se montre ici connaisseur de la civilisation et de l’histoire juive. Et c’est dans cette connaissance que s’égrainent des chapitres comme : Son nom d’abord, parce que le nom, c’est la personne ; Le contexte, le lieu et les choses ; Les forces politiques ; Des mouvements contre l’occupant ; les actes politiques de Jésus ; le Royaume de Dieu…

« En Jésus, dominent deux dimensions à la source de mes réflexions » affirme l’auteur ». « Il y a d’abord la part politique de Jésus, un révolutionnaire juif, un militant en révolte radicale contre l’occupation romaine de la Judée, « le pays des juifs », poursuivant de sa vindicte les collabos du Temple et ceux du Palais, acclamé par une partie du peuple comme « Roi des juifs » avant d’être crucifié comme la plupart des agitateurs politiques de l’époque » (p23).

L’auteur met ensuite en exergue une autre dimension. « La seconde dimension tient dans son activité clinique… Son œuvre a principalement été de soigner les malades. Il rendait la vue aux aveugles, leurs jambes aux paralytiques ; il nettoyait les lépreux de leurs plaies et débarrassait les agités des démons » (p24). Cette activité suscite l’éloge de l’expert qu’est pour nous Tobie Nathan : « Un thérapeute, et de la plus pure espèce… Et comme tous les thérapeutes, il parlait des « paroles à l’envers », dirait mon collègue yoruba du Bénin, dont chacune a pénétré notre univers. Par là, je veux dire qu’il s’agit de paroles surprenantes exigeant un arrêt, une interprétation, des paroles paradoxales, des admonestations souvent qui fracturent des évidences… Un thérapeute, un vrai ! » (p 24).

Mais quel lien entre ces deux activités ?

«  Si l’on examine le travail du thérapeute, on se demande ce qu’il a à voir avec la politique. » Dans la réponse, Tobie Nathan s’engage : « Mon hypothèse est précisément que les deux dimensions sont imbriquées ou plutôt que Jésus les a nouées ensemble, que c’est précisément là son originalité fondamentale, son « invention » (p 24-25).

En commentaire, pour notre part, la focalisation sur le rôle politique de Jésus témoigne de la diversité des points de vue selon les parcours et les sources, mais, tout en reconnaissant l’importance du contexte politique, elle ne correspond pas à notre interprétation personnelle. Citons, entre autres : « Mon Royaume n’est pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon Royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré… » (Jean 18.36). Notre propos ici est de recevoir l’éclairage que l’auteur apporte sur le rôle de Jésus comme thérapeute et guérisseur.

 

Tobie Nathan : histoire d’une vie

La démarche de Tobie Nathan s’inscrit dans une histoire de vie. Une interview oubliée sur le site du Monde nous en dit beaucoup à cet égard (2).

Né au Caire en 1948, il en est brutalement chassé en 1957 en même temps que 25 000 juifs d’Égypte. Ses parents immigrent en France. Leur vie est difficile. « Dans la cité de Gennevilliers où j’ai grandi au nord-ouest de Paris, la vie à la maison n’est pas très facile. Il y avait une douleur, un poids. D’abord parce qu’on était pauvre. Mais surtout en raison de la séparation avec le reste de la famille ». De plus, Tobie ne se sent pas à l’aise à l’école française. «  Dès l’école communale, j’ai toujours exécré l’école française, à cause de l’uniformisation obligatoire que comporte cette institution ».          Tobie Nathan a donc mal vécu sa condition d’immigré. Le souvenir de cette expérience va l’accompagner et l’aider à comprendre les problème des migrants.

En 1969, étudiant en psychologie et ethnologie, il rencontre pour la première fois le professeur Georges Devereux, le fondateur de l’ethnopsychiatrie en France. C’est avec lui qu’il réalisera sa thèse et, si, par la suite, ils se séparent, il donne son nom au centre qu’il crée en 1993. « Le centre Georges-Devereux s’est ouvert en 1993 dans le cadre de l’Université Paris VIII à Saint-Denis. Ce fut une période extraordinaire. Enfin on allait faire de la vraie psychologie en France. C’est à dire un endroit universitaire où on reçoit des patients, où l’on forme les étudiants en thèse et où l’on enseigne. Personnellement, c’est là que j’ai tout appris. De nos patients, bien sûr. Mais aussi de nos étudiants étrangers qui appartenaient souvent aux mêmes ethnies que les patients que nous recevions ».

Comment Tobie Nathan définit-il l’ethnopsychiatrie ? « Cela consiste à apprendre des autres peuples les connaissances qu’ils ont des troubles psychiques et de leur traitement, à tenir compte de leurs rites ancestraux pour les soigner ».

En 2003, Tobie Nathan abandonne le Centre Devereux pour partir à l’étranger. Il dirige le bureau de l’Agence française pour la francophonie pour l’Afrique des grands lacs au Burundi, puis le service culturel de l’ambassade française en Israël et en Guinée-Conakry. « Ce qui m’a changé, c’est de vivre en Afrique ».

De retour en France, il dirige le Centre d’aide psychologique qu’il a créé. Et il reçoit les jeune gens signalés par leur famille comme étant en danger de radicalisation islamique. « J’ai rencontré des gamins d’un bon niveau qui se posent des questions importantes me rappelant celles que je me posais à leur âge… Cela m’a incité à me questionner sur eux, mais aussi sur moi-même. En France, on ne sait pas penser l’étranger… On va être obligé d’admettre qu’il y a des gens qui ne pensent pas comme nous, qui ont des dieux qui ne sont pas les nôtres et qu’il va falloir négocier avec eux une coexistence ».Tobie Nathan constate que de nombreux jeunes qui se radicalisent comblent un vide engendré par une perte de continuité culturelle. Dans son livre : « Les âmes errantes », il rapporte des histoires révélatrices.

Issu d’une famille rabbinique, Tobie Nathan se déclare juif comme « ayant des ancêtres, de gens auxquels on se réfère comme étant un début de lignée ». Il espère croire en Dieu un jour. « Chez les juifs, croire c’est l’aboutissement d’un travail, ce n’est pas le début. La croyance est un cadeau, et c’est un cadeau que je n’ai pas encore reçu ».

 

Une rencontre révélatrice : Gabriela

Dans sa pratique, Tobie Nathan se trouve constamment en rapport avec un vécu international. C’est une source de connaissance et d’ouverture. Et c’est ainsi que la rencontre avec Gabriela lui a ouvert une nouvelle piste : la guérison au nom de Jésus.

« Je l’appellerai Gabriela. Elle m’a montré des photos d’elle à vingt ans sur une plage brésilienne. A 22 ans, elle a épousé un Guyanais, chercheur d’or de passage au Brésil. Après des revers de fortune et plusieurs émigrations, elle s’était retrouvée dans une cité HLM d’une commune de Seine-Saint-Denis. Voici des années que son mari l’avait quittée, parti chercher de l’or en Angola, la laissant seule avec ses trois garçons… Il y a quelques années, lorsque son ainé a atteint 16 ans, Gabriel a appris par un ami revenu d’Afrique que son mari était mort… ». C’est alors que s’est déclenchée la délinquance des enfants.

Gabriela s’est effondrée.

Après une grave dépression et plusieurs hospitalisations en milieu psychiatrique, elle a trouvé refuge et consolation au sein d’une Eglise évangélique. Peu à peu, elle s’est rapproché du berger, l’a secondé dans son travail auprès des fidèles » (p 11-12). Tobie Nathan commente alors : « Sa facilité à communiquer avec les esprits ou les anges qu’elle tenait peut-être de ses ancêtres, s’est bientôt manifestée dans l’église en de véritables transes. Régulièrement, il lui arrive de « parler en langues ». Quelquefois, lorsqu’elle est dans cet état, elle opère des « délivrances », c’est-à-dire des thérapies de personnes en détresse. Et c’est toujours au nom de « Jésus ». Gabriela dit qu’elle chasse les « mauvaises influences » qu’elle qualifie parfois de démons ou de diables. Elle m’assure que les fidèles s’en portent mieux. Je la crois ». (p 12-13).

Tobie Nathan nous rapporte comment la relation avec elle s’est établie et comment elle a porté du fruit. « Psychologue, je l’ai reçue durant des années. Nous parlions le plus souvent de ses problèmes de famille, puis, au fur à mesure que son état psychologique s’améliorait, de politique, de l’impasse sociale que constituaient les quartiers, mais aussi de Jésus, – de Jésus surtout ! Jésus, la matrice de son « don de guérison », son protecteur, son guide et son modèle » (p 25).

De fait, Tobie Nathan avait déjà entendu parler de la guérison divine. « Bien d’autres avaient attiré mon attention sur la fonction thérapeutique de Jésus, sur la puissance que conférait son être même. J’avais autrefois fait une enquête dans des Eglises évangéliques au Bénin. Par la suite, j’ai découvert celles du Burundi et du Ruanda. Je me suis insurgé contre les abus commis dans celles du Congo. Mais personne ne m’avait comme Gabriela, incité à examiner de plus près Jésus, sa personne… Selon ses adeptes, c’est en l’homme, Jésus, que réside la puissance de guérir » (p 15).

 

Jésus guérit

Le livre de Tobie Nathan débouche ainsi sur une description et une analyse de l’œuvre de Jésus comme thérapeute et guérisseur.

Jésus parlait. Il agit aussi. « La plupart de ses actions – peut-être même la totalité – furent des guérisons… Des guérisons, on en compte 37 dans ce qu’on appelle le Nouveau Testament et 14 dans le seul Evangile de Marc. C’est dire ! » (p 98 ). « Plus encore, et alors même que le débat était à son plus fort au sein de l’Église primitive sur la nature de Jésus – il n’y eut jamais aucune controverse, ni chez ses disciples, ni chez ses détracteurs, quant à ses dons de thaumaturge et d’exorciste. Quelle que fut sa nature, tout le monde lui reconnaissait ce don-là, le don de guérison. Dans les récits, tels qu’ils nous sont rapportés dans les Ecritures, Jésus ne refusait jamais la guérison à qui lui demandait » (p 99). « Et, à chaque fois, Jésus choisissait les démonstrations publiques, bien loin des intimités psychologiques de nos contemporains. Il se risquait aux guérisons les plus difficiles devant une foule rassemblée qu’il prenait à témoin, guérison à chaque fois plus inattendue, plus invraisemblable » (p 100).

Dans ce chapitre, Tobie Nathan va décrire, analyser et chercher la signification de quelques guérisons de Jésus. Et il commente ainsi la guérison du sourd-muet dans une ville de la Décapole. « Il lève le regard vers le ciel et gémit en araméen : ephatah ! – « Ouvre-toi » et voilà que la parole du bègue se délie… ». De fait, « cette parole est chargée… elle désigne le commencement de la prière. Le livre qui introduit à Dieu s’appelle en hébreu le Pata’h, « l’ouverture », que l’on retrouvera dans la première sourate de l’islam Al fati’ha qui signifie aussi : « ouverture ». Une fois encore, Jésus fait et dit. C’est l’un de ses secrets thérapeutiques : faire un acte et dire en même temps la parole qui le désigne. Il faut alors que cette parole colle à l’acte, mais également qu’elle s’envole vers une signification plus profonde, qui engage toute la communauté » (p 101).

La nouvelle des guérisons se répand. « Les malades ne guérissent pas parce qu’ils croient ; ils croient parce qu’ils on été guéris » (p 102). Ces guérisons participent à un mouvement de rassemblement autour de Jésus.

« On a inventorié trois types de malades guéris par Jésus : les aveugles, les sourds-muets et les paralytiques… Tous ont la perception et l’action entravée. C’est ainsi qu’il définit par ses gestes thérapeutiques la nature de la maladie : l’impossibilité de la connaissance de Dieu. Il faut donc voir dans ces malades des éveillés – les plus vaillants de la communauté – des êtres qui ont conscience dans leur corps des entraves au cheminement vers Dieu » (p 103 ).

Tobie Nathan inscrit l’œuvre de guérison de Jésus dans une dimension communautaire. « On doit se rendre à l’évidence : l’action de guérir, que Jésus maitrisait à la perfection, sans effort, en douceur, n’était pas le but ultime. Il voulait agir non sur la négativité qui affligeait un seul, mais sur l’inhibition qui paralysait sa communauté » (p 110). D’un bout à l’autre de son livre, Tobie Nathan met l’accent sur la vocation politique qu’il attribue à Jésus.

 

Une interpellation

 « A cette époque, les thérapeutes, les devins, les magiciens, les sorciers étaient si nombreux… il y en avait tant et plus encore. Ils pullulaient en Judée et en Galilée. Il en existait parmi les grecs… » (p 115 ). Certains étaient renommés. Les techniques de Jésus ressemblaient à celles des guérisseurs de son temps, mais elles différaient par un détail d’importance : Jésus soignait gratuitement et exigeait de ses disciples qu’ils agissent de même » (Matthieu 10.7-10) (p 115-116). Tobie Nathan évoque ensuite une « longue lignée de rebelles politiques cherchant à délivrer Israël de l’oppression romaine » et le passé insurrectionnel à cette époque. Finalement « ce fut l’éradication du Temple et la domination de l’Empire romain ».Tobie Nathan conclut ainsi : « Révolutionnaire et thérapeute, c’est ainsi que j’ai compris Jésus à travers les évènements de la vie » (p 123). Il en apprécie les talents. « Cet homme aurait pu jouir d’une reconnaissance passagère ou disparaître dans les oubliettes de l’histoire comme d’autres dont nous ne savons rien ». Alors, il s’interroge sur la présence de Jésus dans la vie contemporaine et le mystère qu’on peut y voir :

«  Mais son destin fut différent.

Qui en a décidé ainsi ?

Dieu, peut-être ? » (p 124).

Dans le brassage mondial des populations, Tobie Nathan apparaît comme une vigie. Ethnopsychiatre, il observe les phénomènes psychosociaux de notre époque. A ce titre, la réalité de la « guérison divine » ne lui paraît pas extravagante. Son regard croise celui des chrétiens évangéliques qui croient en la guérison au nom de Jésus. Tobie Nathan s’est engagé dans une recherche historique pour mieux connaître ce Jésus pour lequel il éprouve de la sympathie. Dans ce livre, selon sa culture, il nous fait part de son interprétation et de son questionnement. Jésus est bien source de guérison.

J H

 

(1) Tobie Nathan. Jésus le Guérisseur. Flammarion, 2017

(2) Tobie Nathan : la croyance est un cadeau que je n’ai pas encore reçu : https://www.lemonde.fr/la-matinale/article/2017/10/15/tobie-nathan-la-croyance-est-un-cadeau-que-je-n-ai-pas-encore-recu_5201182_4866763.html

(3) Tobie Nathan. Les âmes errantes. L’iconoclaste, 2017 (Livre de Poche) « Dans le secret de son cabinet, le psychologue Tobie Nathan accueille des jeunes en danger de radicalisation. Il écoute. Leurs histoires, leurs mères,  leurs pères perdus. Et tout ce qu’ils ont à nous apprendre sur le monde tel qu’il est. Aucun penseur ne les a connu de si près. Aucun n’a osé dire qu’il leur ressemblait. Se raconter, se mettre à nu pour faire revenir « les âmes errantes » est un pari risqué. Le seul qui semble valoir la peine d’être tenté ».

Tobie Nathan, ethnopsychiatre