Une aspiration communautaire portée par le numérique

# Un nouveau monde : l’ère numérique

Le monde change très rapidement. On est en train de passer d’un monde caractérisé par un engagement physique de l’homme à un monde numérique.  La génération Y est une expression de ce nouveau monde. De plus en plus, tout se fait sur le web : les achats, les opérations financières, le travail, … Cela commence à apparaître. Par exemple, moins de gens vont à la banque.

Par ailleurs, chaque objet devient de plus en plus connecté et se développe de plus en plus. Les voitures commencent à être connectées à leur environnement.  Dans la maison, le thermostat est connecté à notre téléphone pour le réglage du chauffage à  distance. Dans la santé, le médecin va bénéficier d’un suivi des informations concernant notre état physique depuis chez soi.

Le monde se numérise davantage.  Nous sommes impactés par ce changement . Cette transformation va beaucoup plus vite que nous le pensons. Certes, il faut veiller à prévenir une « fracture numérique », c’est à dire une incapacité de populations âgées ou défavorisées à entrer dans ce mouvement. En France, il y a souvent des résistances au départ, mais ensuite le changement va très vite. Par exemple, le téléphone portable est entré dans les mœurs en 5/6 ans après. La connexion des objets va s’accélérer dans les prochaines années. Elle sera omniprésente dans 4/5 ans. Récemment, je me suis rendu à un salon de start up. J’ai été très impressionné par la vitesse du changement. Quand j’ai vu cela, j’ai compris ce qui était en train de se passer. En France, il y a deux mondes : celui d’aujourd’hui et celui de demain.  Le monde de demain entre dans le monde d’aujourd’hui.

#Un développement de la vie relationnelle.

 #Si , dans un premier temps, les nouvelles pratiques se prêtent à l’individualisme, les gens ressentent les inconvénients de l’isolement physique.  Et des aspirations relationnelles se développent et se réalisent dans de nouvelles pratiques, dans de nouveaux comportements. L’économie collaborative a aujourd’hui un rôle moteur . C’est l’auto partage. (bla bla car, Uber). C’est un logement chez l’habitant lorsqu’on voyage (Couchsurfing, Airbnb). C’est la location d’outils. Ces pratiques sont source de revenus modiques. Elles développent la sociabilité. Dans tous les domaines, des réseaux se créent. Il  y a aussi un progrès de la personnalisation. On cherche à répondre aux besoins spécifiques d’un individu. Tout se fait pour des personnes . A la fin, j’aurai un objet qui sera unique. Le processus est accéléré par une innovation à très grande portée :  l’expansion de l’imprimante 3D . Par exemple dans ma banque, on me proposera une carte bancaire personnalisée sur place. Ce mouvement généralisé se traduit par le développement des réseaux, des communautés. La vie relationnelle se développe à  grande vitesse.

 #Discerner l’œuvre de Dieu.

#Certains perçoivent cette mutation avec crainte . Et effectivement, on peut mesurer les dérives et les dangers. Mais, nous devons nous rappeler que l’Esprit de Dieu est créateur et que Dieu continue à agir dans sa création.  Dans cette perspective, nous voyons l’œuvre de Dieu dans les découvertes des chercheurs. Lorsque deux synapses se connectent , du nouveau apparaît. C’est Dieu qui inspire les chercheurs et révèle à  travers eux des mystères qu’on ne connaissait pas. Dans ce mouvement, nous découvrons l’avenir de Dieu qui se manifeste à  nous.

 #De nouvelles communautés chrétiennes

 #La transformation numérique a donc un impact considérable sur le mode de vie.  Ce changement du mode de vie intervient dans tous les domaines. Et très naturellement, il implique de profonds changements dans la manière d’être et de faire église. Le besoin de relations vraies va en croissant. Aujourd’hui, plus qu’avant, nous ressentons le besoin de ne pas être seul . Mais il y a en même temps une attitude plus autonome, une exigence de respect. Internet est un moyen remarquable de communication qui permet de susciter de nouvelles opportunités et des nouveaux lieux de rencontre. C’est donc une voie ouverte qui permet l’apparition de nouveaux groupes de partage, de communautés nouvelles dans une perspective de réseau. Le monde change. Dieu nous appelle à l’écoute.

#Propos recueillis auprès de Faubert Pélage

Ingénieur dans les nouvelles technologies

#Sur ce blog, voir aussi :

« L’ère numérique. Gilles Babinet, un guide pour entrer dans ce nouveau monde » : https://vivreetesperer.com/?p=1812

« Une révolution en éducation. L’impact d’internet pour un nouveau paradigme en éducation » : https://vivreetesperer.com/?p=1565

« Une nouvelle manière d’être et de connaître. « Petite Poucette » de Michel Serres : https://vivreetesperer.com/?p=820

Dedans … Dehors ! … Un chemin de liberté

 

Témoignage et réflexion de Philippe Molla en dialogue avec le texte précédent : « Dedans…dehors ! Face à l’exclusion, vivre une commune humanité ».

 

 

Merci à Jean pour ce travail personnel si précieux pour moi !

 

Encore un texte qui respire la liberté !

Ces mots résonnent tellement en moi que j’éprouve le besoin d’écrire

quelques pensées personnelles :

 

C’est pour moi un appel à sortir de mes conceptions humaines de qui je

crois être, ce regard souvent faussé qui m’empêche d’aller vers

l’autre. Mon prochain que je catalogue si facilement par ce qui

« frappe l’oeil « . Ne suis-je  pas le prochain de mon prochain ?

 

J’ai tellement à apprendre de l’autre, d’une rencontre. Souvent l’homme se

plaint de ne pas trouver Dieu, peut-être par ce qu’il ne sort pas de

son enclos. Qui est notre maître, la crainte ou l’Amour ?

Qu’apprenons-nous dans notre milieu où nous nous construisons ?

Les différences de l’autre sont-elles une menace pour nous ? Ce  » qui

sommes nous ? » que nous avons construit, si fragile, faut-il  par tous

les moyens le protéger ? Pourquoi ?

 

À l’âge de 18 ans, je me sentais fort, bien construit. J’avais mes

réponses sur beaucoup de sujets. Cela me donnait beaucoup d’assurance

et une paix intérieur. Mes petites réponses toutes faites sur la vie,

la religion, sur Dieu, me faisaient croire que je détenais la vérité !

(et oui ! J’avais l’esprit bien étroit ! Comme si je pouvais détenir

Dieu, la vérité !)

 

Mais cette construction m’a inconsciemment isolé. Si l’autre avait

une conception de la vie très différente de la mienne, j’avais

tendance à le cataloguer et le classer par catégorie. J’avais appris

dans ma religion que l’autre était dehors et moi dedans. J’avais

appris à inviter mon prochain dans mon enclos, mon système de pensée

humain, ce que j’appelle « La pensée unique ».

Dans cette démarche aucune connexion profonde avec l’autre n’était

possible. Pourtant, cette connexion est si précieuse, elle n’exige

rien de l’autre, elle n’attend rien de l’autre. Cette connexion où

Dieu peut enfin se révéler parce qu’il est synonyme d’AMOUR!

 

 

Alors comment ai-je trouvé le chemin de la liberté, de l’amour, de la

guérison intérieur ?

A travers de vraies rencontres !

 

Ma rencontre avec ma femme Martine a progressivement révélé mon état

d’homme préfabriqué par la  société, par la religion. Notre amour et

sa patience m’ont beaucoup aidé.

 

A travers, d’autres rencontres aussi. En particulier, une rencontre

profonde avec un homme, qui m’a fait entrevoir ce qu’est un partage où

il n’y a pas de place pour le jugement, les préjugés… Et ensuite, il

n’y en eu beaucoup d’autres.

 

Dieu a permis que je passe par des tempêtes intérieurs, des problèmes

professionnels, la maladie… Ces épreuves m’ont fragilisé. Mais c’est

dans cet état de fragilité que de véritables rencontres ont surgies.

Où l’amour de Jésus-Christ s’est manifesté, apportant guérison,

changement de mentalité et reconstruction de l’être.

 

J’ai découvert que Dieu se cache dans notre prochain ! Nous Le

trouvons quand nous acceptons notre fragilité, notre vulnérabilité.

 

Jésus-Christ n’est pas venu en super héros, mais Il a choisi de

s’exposer. Il a accepté de se rendre vulnérable, fragile, dans le seul

but d’atteindre le coeur de celui qui se sent en manque de tout,

rejeté,  exclu, pauvre, pêcheur, malade, seul dans sa souffrance,

esclave de ses vices, prisonnier de sa religion, prisonnier de son

clan familial, prisonnier de sa société…

 

 

Quand j’ai lu le titre « Dedans…Dehors », j’ai tout de suite pensé à la

parabole du Bon Berger.

Cette invitation à la liberté.

Et aussi au mot église.

 

Ce mot église est très peu utilisé dans les évangiles. Donc, j’imagine

que Jésus l’a très peux prononcé.  Peut être pour éviter qu’il soit

mal utilisé, mal interprété en créant des divisions entre tous les

hommes, des clans. Tous ces hommes à qui Jésus-Christ a donné sa vie

sur la croix, cette croix si douloureuse. Cette croix, où, bras

ouverts, il dit: «Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils

font.» L’Amour personnifié, ne laissant aucune place pour le jugement !

Cette Amour qui unit tous les hommes !

 

Ce mot église,  « ekklesia » en grec, composé de ek et dérivé de kaleo.

Ek: hors de

Kaleo: donner un nom, appeler.

 

On pourrait traduire église par  » les appelés par leur nom (dans le

sens unique, relation personnelle et intime avec le créateur) à sortir

hors de »

 

Pour comprendre la parabole du Bon  Berger, il faut connaître comment

procédait un berger à l’époque de Jésus. Le berger avait un associé

qui gardait les moutons dans la bergerie, le gardien. Quand le berger

se rapprochait de la bergerie, il commençait à appeler ses brebis par

leur nom. (Cette notion de donner un nom unique à chaque brebis,

montre que le berger connaissait bien ses brebis, il passait beaucoup

de temps avec elles) Alors le gardien ouvrait la porte et les brebis

couraient avec excitation rejoindre leur berger. Le berger faisait

demi-tour et marchait en direction des verts pâturages.

Les brebis reconnaissent très bien la voix et les sons . Je connais

bien ce sujet. J’ai passé beaucoup de temps dans ma jeunesse avec une

brebis et son agneau:

Une brebis a soif de liberté, elle recherche à atteindre toujours

l’herbe fraîche qui se trouve de l’autre coté de la clôture.

il faut beaucoup de patience  pour approcher une brebis.

Elle est vite dominée par la crainte, ce qui la pousse à mettre sa vie

en danger, ainsi que la vie de son agneau…

 

Je finirai par ces passages:

 

Jean 10:4

 

Quand IL les a tous fait sortir, il marche devant eux. Et ses moutons

le suivent, parce qu’ils connaissent sa voix.Ils ne suivront jamais

quelqu’un d’autre. Au contraire, ils fuiront loin de lui, parce qu’ils

ne connaissent pas la voix des autres personnes.»

 

Il n’y a pas de crainte dans l’amour, mais l’amour accompli chasse la

crainte; car la crainte suppose le châtiment, et celui qui craint

n’est pas accompli dans l’amour. (1 Jean. 4.18)

 

Alors sortons découvrir ce que Dieu a caché comme trésors merveilleux !

Ces trésors préparés spécialement pour nous, être unique, aimé de

son créateur !!

 

Psaumes 65:

Quand TU passes, les richesses débordent. Les terres sèches sont

couvertes de récoltes, les collines sont entourées de joie. Les

pâturages portent les moutons et les chèvres, les vallées sont

couvertes de blé. Toute la campagne chante et danse de joie.

 

Alors qu’est ce qui nous empêche de faire de véritables rencontres où

la VIE circule

 

Philippe Molla

 

Voir sur ce blog (7 octobre 2011) un autre texte de Philippe : 

« Un chantier peut-il être convivial ? »

Redressez-vous et relevez la tête !

 

Dans un monde où les menaces abondent, et, à notre échelle personnelle, une circulation de nouvelles qui nous rappellent la fragilité de notre existence terrestre, nous sommes aujourd’hui comme en d’autres temps bien plus sombres, confrontés à l’adversité. Et pourtant, ce n’est qu’une part de la réalité. Car nous sommes portés par un mouvement de vie et nous sommes à même de pouvoir ressentir constamment des expressions de générosité, de bonté et de beauté. Pour faire route dans cet univers contrasté, pour adopter un regard juste, pour porter de bons fruits, nous avons besoin d’éclairages qui suscitent en nous des dispositions positives. Anne Faisandier nous appelle ainsi à l’accompagner dans une méditation à partir d’un texte d’évangile (Luc 21. 25-33) qui, en décrivant des évènements catastrophiques, nous appellent à la vigilance. A vrai dire, ce texte peut donner lieu à bien des interprétations selon les pulsions et les humeurs. Ainsi, au long des années, on a entendu à propos de ce texte des propos nébuleux et, pire, des commentaires engendrant la peur et la culpabilité. Au contraire, à partir de ce texte, Anne Faisandier apporte un discernement, appelle à une vigilance positive et ouvre à l’espérance : « « Redressez-vous et relevez la tête ». Nous avons relevé les paroles de Anne Faisandier dans une vidéo (1) de la série « Pasteur du dimanche » (2) et nous en soulignons certains passages.

 

« L’apocalypse, cela nous fait toujours peur parce que cela met sous nos yeux la réalité terrifiante d’un monde en train de se déconstruire, un univers ébranlé et des catastrophes naturelles, et aussi la violence, l’homme contre l’homme et le règne de la mort. Si ce texte fait cela, ce n’est pas pour nous menacer de quelque chose qui pourrait nous arriver demain, C’est, je crois, au contraire pour prendre tout à fait au sérieux ce qui nous arrive aujourd’hui, parce que c’est notre réalité aujourd’hui que de devoir traverser ces angoisses, ces frayeurs, cette déconstruction du monde.

Mais le mot : apocalypse ne veut pas dire : catastrophe. Non, il veut dire : révélation. Et je crois que s’il nous met cette réalité là sous les yeux, c’est pour nous révéler trois choses.

La première, c’est qu’il ne faut pas être dans le déni. Parce que le déni de cette réalité difficile, compliquée, terrifiante est pire que de la regarder en face et de prendre en compte la réalité.

La deuxième chose, c’est que, si nous sommes dans le déni, alors il y a de fortes chances que nous soyons soumis à ces forces du mal qui sont à l’œuvre et qui déconstruisent le monde, ces forces qui sèment la terreur, qui profèrent la haine, qui prônent le repli sur soi, qui érigent l’injustice en loi, l’égoïsme en principe de base au risque de détruire l’univers qui est autour ce nous.

La troisième chose que fait ce texte, c’est qu’il nous indique une espérance : « Redressez-vous et relevez la tête quand vous verrez cela arriver », nous dit le texte. Redressez-vous et relevez la tête, parce que c’est dans cette réalité-là, dans ce monde-là que vous verrez celui qui vient vers vous en Jésus-Christ. C’est là que Dieu a choisi d’établir son royaume pour vous, avec vous, pour le monde entier. Le monde de l’apocalypse est le même que celui où vient s’établir le royaume de Dieu.

 

Alors ce texte nous indique que nous avons devant nous un choix, le choix de voir la réalité en face ou de la refuser, le choix de nous engager ou de baisser  la tête comme si de rien n’était. Et il nous dit clairement que le choix de la vie, c’est le choix du veilleur, de celui qui relève la tête, de celui qui s’engage et qui choisit la vie… ».

 

Dans un  monde qui « souffre les douleurs de l’enfantement » (Romains 8.23), nous croyons qu’en Christ ressuscité, une nouvelle création est en route. Ce processus est déjà opérant. Et c’est donc bien dans la réalité actuelle que « Nous voyons Celui qui vient vers nous en Jésus-Christ » et que « Dieu a choisi d’établir son Royaume pour nous, avec nous et pour le monde entier ». Alors nous pouvons regarder en avant et nous appuyer sur des signes positifs comme nous y invite le théologien de l’espérance, Jürgen Moltmann (3) : « L’attente de l’avenir du Christ situe le présent dans la lumière de ce qui vient, et fait faire l’expérience de la vie corporelle dans la force de la résurrection. C’est ainsi qu’elle devient une vie « la tête haute » (Luc 21. 28) et « une marche debout » (Ernst Bloch)…. Vivre dans l’espérance, c’est vivre dans l’anticipation de ce qui vient, dans « une attente créatrice »… C’est à une telle vie vécue dans l’anticipation qu’avait appelé l’Assemblée du conseil œcuménique des Eglises à Upsal en 1968 : « Assurés de la puissance de Dieu, nous vous adressons cet appel : prenez part à l’anticipation du royaume de Dieu et rendez visible dès maintenant quelque chose de la création nouvelle que le Christ accomplira lors de son jour » (4).

 

 

Ainsi, dans ce monde où nous rencontrons menaces et souffrances, « Faisons le choix du veilleur, de  celui qui relève la tête, de celui qui s’engage et qui choisit la vie ».

 

J H

 

(1)            Anne Faisandier. L’apocalypse aujourd’hui : vidéo sur You Tube : https://www.youtube.com/watch?v=NBjo9KTXpB4

(2)            Site de « Pasteur du dimanche » : http://www.pasteurdudimanche.fr

(3)            Introduction à la pensée théologique de Jürgen Moltmann sur le blog : L’Esprit qui donne la vie : http://www.lespritquidonnelavie.com

(4)             P. 462-463, in : Jürgen Moltmann. Jésus. Le Messie de Dieu (Cerf, 1993)

 

Sur ce blog, voir aussi : « Face à la détresse du monde » : https://vivreetesperer.com/?p=1643

« Les malheurs de l’histoire. Mort et résurrection » : https://vivreetesperer.com/?p=744

« En eau profonde » : https://vivreetesperer.com/?p=409

« Une vie intérieure qui croit et que rien ne peut détruire » : https://vivreetesperer.com/?p=888

« L’avenir inachevé de Dieu. Pourquoi c’est important pour nous ! » https://vivreetesperer.com/?p=1884

« Confiance ! Le message est passé » https://vivreetesperer.com/?p=1246

Expériences de plénitude

Lorsque la réalité spirituelle sort de l’ordinaire

 

         Il arrive que soudain une personne ressente la conscience d’une réalité belle et bonne qui la dépasse, une présence qui suscite en elle une impression inégalée de plénitude. Ce sont là des expériences qui sortent de l’ordinaire, mais qui néanmoins adviennent à certains comme une recherche récente le montre à partir d’une enquête menée en Grande-Bretagne. Ces expériences ne sont pas réservées aux croyants. En grande majorité, elle sont ressenties comme positives. Elles apparaissent comme étant en quelque sorte données comme la révélation d’une réalité supérieure.

Dans le cadre d’une « Unité de recherche sur l ‘expérience religieuse » fondée dans le cadre de l’Université du Pays de Galles, un chercheur britannique, Alister Hardy, au départ un zoologiste éminent, a constitué une banque de données rassemblant des récits d’expérience à partir desquelles il a été ensuite possible d’analyser la nature  et la fonction de ces expériences. Il s’est inspiré d’une méthodologie qui lui était familière, celle des sciences naturelles : recueillir des échantillons et les classer. A partir de publicités diffusées dans la presse, il a donc demandé à un vaste public de participer à une enquête. Sous différentes variantes, la question était la suivante : « Vous est-il arrivé d’avoir conscience d’une présence ou d’une puissance (ou d’être influencée par elle » que vous l’appeliez Dieu ou non et qui est différente de votre perception habituelle ? ». En réponse, Hardy a rassemblé plusieurs milliers de descriptions personnelles en provenance de gens ordinaires. Ces données ne sont qu’une des sources dans lesquelles puisent David Hay, un autre chercheur britannique qui publie un livre sur la réalité de la vie spirituelle dans la société d’aujourd’hui. « Il y a bien quelque chose », tel est le titre donné à cet ouvrage : « Something there » (1). David Hay présente dans ce livre des extraits de récits d’expériences. A titre d’exemple, en voici quelques descriptions.

 

Descriptions d’expériences

.

« J’étais dans une habitation à la campagne. Une nuit, à environ une heure du matin, je me suis lentement éveillé à un sentiment de sécurité et de bonheur absolu. C’est comme si tout ce qui existait dans le monde autour de moi se mettait à chanter : « Tout est bien ». Après quelques minutes presque incroyables, je me levais et allais voir à la fenêtre. Je vis alors la vallée remplie de l’amour de Dieu, coulant et débordant de la route et des quelques maisons du village. C’était comme si une grande source de lumière, d’amour et de bonté était là dans la vallée. Je sortis et la lumière et l’assurance étaient là. Je regardais et regardais. Et, pour être honnête, je n’étais pas reconnaissant comme j’aurais du l’être, mais je cherchais à enregistrer la conscience de cette joie et de cette sécurité de telle manière que je ne puisse pas l’oublier » .

Voici une autre expérience, celle-là d’une veuve dans la détresse : « J’avais perdu mon mari, six mois avant, et mon courage en même temps. Je sentais que la vie n’aurait plus de sens si la peur s’installait pour me dominer. Un soir, sans aucune préparation, j’ai su que j’étais dans la présence de Dieu, qu’il ne me laisserait jamais et qu’Il m’aimait d’un amour au-delà de toute imagination… ».

Et maintenant un souvenir d’enfance : « Mon père avait l’habitude d’emmener toute la famille en promenade, le dimanche soir. Nous marchions sur un chemin étroit à travers un champ de blé. J’étais en arrière et me trouvais seule. Soudain, je fus enveloppée dans une lumière dorée. J’ai eu conscience d’une présence si douce, si aimante, si brillante, si consolante, existant en dehors de moi, mais si proche. Je n’entendis pas de bruit. Mais quelques mots parvinrent à moi très distinctement : « Tout est bien. Tout est très bien ».

Ces expériences ont un grand impact qur la personnalité de ceux qui les reçoivent. Ajoutons ici un exemple rapporté dans un autre livre : « Du cerveau à Dieu . Plaidoyer d’un neuroscientifique pour l’existence de l’âme » (2). L’auteur, Mario Beauregard, y consacre un chapitre aux expériences religieuses, spirituelles ou mystiques. Et lui-même témoigne d’une expérience qui a influé sur sa vie. « L’une de ces expériences est survenue, il y a une vingtaine d’années alors que j’étais allongé dans mon lit. J’étais alors particulièrement faible et je souffrais d’une forme sévère de ce qu’on appelle aujourd’hui le syndrome de fatigue chronique. L’expérience a commencé par une sensation de chaleur et de picotement dans la colonne vertébrale et la poitrine. Tout à coup, j’ai fusionné avec l’intelligence cosmique (ou l’ultime réalité), source d’amour infini et je me suis retrouvé uni à tout ce qui existe dans le cosmos. Cet état d’être…s’accompagnait d’une intense félicité et extase… Cette expérience m’a transformé psychologiquement et spirituellement et m’a donné la force nécessaire pour surmonter ma maladie et guérir… » (p.388).

 

Les expériences religieuses et spirituelles.

Portée et évolution du phénomène.

 

Comme on vient de le voir, ces expériences sont très variées et elles sont rapportées différemment. Ainsi le langage est différent selon que la personne a une culture religieuse ou non. En effet, ces expériences adviennent à des gens de toutes conditions, croyants ou non. Bien sûr, elles suscitent une recherche concernant le sens qui peut leur être attribuée. Ces expériences sont également soudaines. Elles sont sans commune mesure avec l’imagination. Ainsi bouleverse-t-elle souvent la personne au point que celle-ci s’interroge et hésite à en faire part, gardant cette mémoire dans l’intimité. Au total, il apparaît maintenant que ces expériences sont  beaucoup plus nombreuses qu’on aurait pu l’imaginer.

De fait, on découvre aujourd’hui qu’il y a là un phénomène important, jusque là passé sous silence et méconnu. En effet, dans une acception large, David Hay a pu inscrire une question relative à ce phénomène dans deux enquêtes effectuées en Grande-Bretagne, en 1987 et 2000. Les résultats sont surprenants. En effet, en 1987, 48% des personnes participant à un échantillon national déclarent qu’ils ont connu ce genre d’expérience dans leur vie. En 2000, ce pourcentage a considérablement augmenté et s’élève à 76%. Près des trois quarts de la population britannique est ainsi concerné.

L’augmentation considérable de ce pourcentage, dans une courte période : treize ans, a beaucoup surpris David Hay. Celui-ci interprète cette situation dans les termes de l’abaissement d’une censure socioculturelle qui, jusque-là, empêchait les gens de s’exprimer librement à ce sujet.

 

         Toutes ces descriptions, recueillies dans le cadre d’une recherche méthodique nous interpellent. Elles nous incitent à penser qu’il y a bien une réalité supérieure au delà de notre appréhension immédiate. Les personnes qui ont vécu des expériences de ce genre se posent évidemment des questions sur le sens qui peut leur être attribuées.  Ainsi, à 16 ans, un jeune allemand vécut une expérience de ce genre en pleine rue. A l’époque, il n’était pas croyant et cette expérience suscita en lui une recherche de sens. Quelques années plus tard, il découvrit la foi chrétienne et il devint plus tard le grand théologien, Wolfhart Pannenberg (3).

 

Rappelons la question initiale posée en vue de la collecte des descriptions de ces expériences : « Vous est-il arrivé d’avoir conscience d’une présence ou d’une puissance (ou d’être influencé par elle) que vous l’appeliez Dieu ou non, et qui est différente de votre perception habituelle ? ». Y a-t-il pas dans votre vie des souvenirs d’expérience que vous aimeriez partager ?

 

JH


1)   Hay (David). Something there. The biology of the human spirit. Darton, Longman, Todd, 2006. Présentation sur le site de Témoins (rubrique : études) : « La vie spirituelle comme une « conscience relationnelle » . Une recherche de David Hay sur la spiritualité d’aujourd’hui ». http://www.temoins.com/etudes/la-vie-spirituelle-comme-une-conscience-relationnelle-.-une-recherche-de-david-hay-sur-la-spiritualite-aujourd-hui./toutes-les-pages.html

2)   Beauregard (Mario), O Leary (Denise). Du cerveau à Dieu. Plaidoyer d’un neuroscientifique pour l’existence de l’âme. Tredaniel, 2008. Ce livre comporte un chapitre sur les expériences religieuses et spirituelles. Présentation du livre sur le site de Témoins : L’esprit, le cerveau et les neurosciences (culture). http://www.temoins.com/culture/l-esprit-le-cerveau-et-les-neurosciences.html

3)   Cf : textes biographiques. Cette expérience fondatrice est mentionnée sur Wikipedia. Pannenberg fait partie des théologiens qui reconnaissent dans l’homme un sens spirituel à l’image de Dieu.

 

Comme les oiseaux du ciel


Généreusement ouverte en « creative commons », la galerie de Siddarth Sharma (1), nous présente, entre autres, des images harmonieuses de petits oiseaux voletant parmi des plantes fleuries. « Les colibris », nous dit-on sur le dictionnaire Larousse, « fascinent par leur taille minuscule. Ils passent de fleur en fleur pour trouver le nectar qui constitue l’essentiel de leur alimentation » (2). Ces photos expriment une harmonie colorée entre les oiseaux et les fleurs, et on trouve matière à contemplation dans ces instants où le temps semble suspendu dans la paisible beauté qui s’offre à nous.

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Pierre Rabhi, bien connu de tous ceux qui militent pour une pratique de vie écologique, nous raconte une légende amérindienne (3). Au cours d’un immense incendie qui semble échapper à tout contrôle et à tout remède, un colibri s’active quand même en petit pompier. Les autres animaux sont atterrés, mais, à ses détracteurs qui lui disent : « Ce n’est pas avec ses gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu », il répond : « Je le sais, mais je fais ma part ». La vie, qui refuse la mort, se manifeste ainsi dans la persévérance et dans l’humilité. Et, sur ces photos, dans une apparence de fragilité, ces petits oiseaux s’inscrivent dans une harmonie qui les porte.

Dans l’Evangile de Matthieu (Mat 6. 15-34), Jésus évoque les oiseaux du ciel : « Regardez les oiseaux du ciel.  Ils ne sèment, ni ne moissonnent. Ils n’amassent rien dans les greniers, mais votre Père céleste les nourrit… ». Et, de même, Jésus évoque la beauté des fleurs : « Considérez comment croissent les lis des champs : ils ne travaillent, ni ne filent. Cependant, je vous dis que Salomon, même dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux ». Dans son enseignement connu sous le titre de « Sermon sur la montagne », Jésus nous appelle à sortir de notre égocentrisme et à vivre en harmonie avec Dieu et avec les hommes : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ». Dans la confiance qui inspire et accompagne cette démarche, nous recevrons, en même temps, une réponse à nos besoins.

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Le contexte est bien l’interconnexion entre Dieu, les hommes et la nature. Dans un commentaire (4), un théologien grec nous rappelle d’autres textes bibliques qui mettent en évidence la générosité de Dieu dans la création. Ainsi le psaume 104 est entièrement dédié à cette présence créatrice dans une évocation souvent très poétique : « Il conduit les sources dans des torrents qui coulent entre les montagnes. Elles abreuvent tous les animaux des champs. Les ânes sauvages y étanchent leur soif. Les oiseaux du ciel habitent sur leurs bords et font résonner leur voix parmi les rameaux ». Et, dans la veine prophétique, en Esaïe 65, une nouvelle terre est annoncée dans laquelle on trouvera paix et abondance. Ainsi, sommes nous également invités à regarder en avant dans la vision d’une nouvelle création (5) dont nous pouvons voir des signes d’anticipation.

Lorsqu’elle évoque les oiseaux du ciel et les fleurs des champs, la parole de Jésus, nous appelle à un regard ouvert au mouvement de la bonté et de la générosité de Dieu qui s’illustre aussi dans la beauté de sa création. Les photos d’oiseaux que nous présente Saddarth Sharma dans sa galerie témoignent de cette beauté et nous ouvrent à la contemplation.

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J H

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(1)            Galerie de Siddarth Sharma sur Flickr. http://www.flickr.com/photos/33587234@N04/with/6223883919/ Parmi les photos, certaines nous présentent une faune et une  flore évoquant des pays tropicaux, mais elles proviennent du parcours dans un marais en Floride et en Géorgie aux Etats-Unis. La licence : « creative commons » permet la reproduction de ces photos, mais évidemment en précisant que notre commentaire n’engage pas l’auteur de celles-ci.

(2)            Les colibris, d’après l’encyclopédie Larousse en ligne : http://www.larousse.fr/encyclopedie/vie-sauvage/colibri/184040

(3)            Sur le site : agir pour l’environnement : présentation de « Colibris. Mouvement pour la terre et l’humanisme ». http://www.agirpourlenvironnement.org/partenaires/colibris

(4)            Ekarerini G Tsalampouni. Like the birds of the sky and the lilies of the fields. An orthodox eco-exegetical reading of Matthew 6. 25-34 in an age of anxiety. Une approche écologique dans la lecture exégétique du texte de Matthieu https://www.academia.edu/1483642

(5)            Comme en d’autres articles sur ce blog, nous trouvons un éclairage dans la pensée théologique de Jürgen Moltmann qui prend en compte, entre autres la dimension écologique : Voir : « Dieu dans la création » sur le blog : « l’Esprit qui donne la vie » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=766  Et, sur ce blog : « Vivre en harmonie avec la nature. Ecologie, théologie et spiritualité » : https://vivreetesperer.com/?p=757

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Voir aussi sur ce blog : « Voir Dieu dans la nature » : https://vivreetesperer.com/?p=152