Vivants et morts, ensemble en Christ ressuscité.

 

En ce début de novembre où le souvenir des morts est évoqué, et tout au long de l’année où le mot  de « disparition » de tel ou tel résonne dans les médias, il est vital de trouver une réponse qui n’accepte pas un sort qui réduirait l’homme au néant, en annihilant ainsi toute espérance personnelle ou collective, ou se satisferait d’une échappée vers un au delà qui serait radicalement séparé.

 

En quelques mots, à partir de textes bibliques, Jürgen Moltmann nous apporte un éclairage dynamique (1).

 

« C’est pour être Seigneur des morts et des vivants que Christ est mort et qu’il a repris vie » (Romains 4.9). Le sens de la foi qui justifie « est la Seigneurie salvatrice du Christ sur les morts et les vivants. Dans la communauté avec lui, ceux qui sont séparés par la mort retrouvent la communauté qui existait entre eux. Le Christ passé par la mort est devenu le frère des morts. Le Christ ressuscité rassemble les vivants et les morts dans sa communauté d’amour, parce qu’il représente la communauté dans l’espérance commune. Il est la tête de l’humanité nouvelle et l’avenir de ce qui est présent et de ce qui est passé ».

 

« Mais il faut que le Christ règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds ; le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort… pour que Dieu soit tout en tous » (1 Cor 15. 25, 26, 28). La communauté du Christ avec les morts et les vivants n’est pas une fin en elle-même, mais c’est une communauté en chemin vers la résurrection de tous les morts pour la vie éternelle et vers la destruction de la mort dans la création nouvelle de toutes choses. C’est alors seulement que seront « essuyées toutes les larmes » et que la joie parfaite unira toutes les créatures avec Dieu et entre elles. C’est pourquoi, si le sens de la foi qui justifie est la communauté des morts et des vivants avec le Christ, le sens de cette communauté est la création nouvelle dans laquelle la mort ne sera plus » (2).

 

Ainsi, nous nous inscrivons dans un mouvement. « Ce n’est pas la mort qui a le dernier mot dans l’histoire, mais la justice de Dieu. « Voici, je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21.5) . Si cela est vrai eschatologiquement, rien n’est perdu historiquement et tout est « rétabli ». Sous cet horizon d’attente, « l’histoire comme souvenir » conduit elle-même à une sorte de « ré-éveil des morts ». Tout le passé se tient dans la lumière de l’avenir qui réveille les morts … La rétrospective historique doit donner à reconnaître et à actualiser les perspectives passées. C’est alors seulement qu’il est possible d’articuler ensemble les espérances brisées, omises ou étouffées de ceux du passé et les espérances de ceux du présent et de les inclure  dans le projet d’avenir présent ».

 

Cette vision des rapports entre histoire et résurrection est éclairante parce qu’elle nous permet, individuellement et collectivement, de nous situer dans un processus et de mieux reconnaître la présence de Dieu à l’œuvre dans le cours du temps. Ce discernement s’applique à nos vies personnelles en pensant à notre histoire familiale, et en nous percevant comme des êtres engagés dans des projets et portés par eux. Cet éclairage nous permet de regarder différemment notre environnement social et de percevoir l’œuvre de l’Esprit de génération en génération. En Christ ressuscité, dans l’Esprit, nous sommes en marche.

 

J H

 

(1)            Le blog : « L’Esprit qui donne le vie » présente une introduction à la pensée théologique de Jürgen Moltmann : http://www.lespritquidonnelavie.com. La vision de Moltmann, notamment sur le thème de la vie après la mort, est présentée, en termes aisément accessibles dans le livre livre : « De commencements en recommencements » : sur ce blog :  « Une dynamique de vie et d’espérance » : https://vivreetesperer.com/?p=572 Les textes cités dans cet article sont extraits du livre : Jürgen Moltmann. Jésus, le messie de Dieu, Cerf, 1993 : p 258 et p 332

(2)            Sur ce thème, voir aussi sur ce blog : « Sur la terre comme au ciel » : https://vivreetesperer.com/?p=338  « Une vie qui ne disparaît pas » : https://vivreetesperer.com/?p=336   En Christ ressuscité, par delà la séparation, une communion demeure avec les êtres chers qui sont partis.

(3)            « En marche » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=848

Par delà la séparation

 

Un témoignage de Jürgen Moltmann

 

Parce que nous croyons que le principe de la vie, c’est l’amour comme le cœur de ce que nous vivons et de ce à quoi nous sommes appelés, tel que Jésus l’exprime en une parole magistrale (Mat 22.37-40), nous entrons pleinement dans une conception d’un univers prédisposé à la relation, un univers où tout se tient, où tout se relie et interagit, un univers où nous sommes appelé à rejeter tout ce qui sépare : les exclusions, les égocentrismes, la dissolution des liens. Oui, la spiritualité est bien « une conscience relationnelle » (1). Nous croyons que cette relation ne s’arrête pas au monde présent, mais qu’en Dieu, communion d’amour,  les êtres humains ne « disparaissent » pas corps et bien. Comme l’écrit Jürgen Moltmann, on peut évoquer « une communion des vivants et des morts » (2) qui s’inscrit dans le mouvement où Dieu prépare en Christ ressuscité une nouvelle création, un monde dans lequel Il sera « tout en tous » (1 Corinthiens 15.28) .

 

Dans une autobiographie qui relate les étapes de son oeuvre théologique (3), Jürgen Moltmann a écrit une page émouvante qui décrit la nouvelle forme de la relation avec son père après la mort de celui-ci. Cette expérience, vécue dans une profonde humanité, et éclairée par la foi, est, pour nous, une lumière qui peut nous éclairer dans des passages de deuil. C’est pourquoi, nous en partageons ici quelques extraits (4). En 1982, âgé de 85 ans, le père de Jürgen est mort brusquement d’une crise cardiaque. Jürgen Moltmann nous rapporte ce qu’il a écrit dans les semaines qui ont suivi ce départ :

« Père, où es-tu ? Jusqu’ici, cela allait de soi. Je savais que tu étais à Hambourg assis à ton bureau… Je savais que tu devenais plus âgé, plus faible. Mais tu étais toujours là, fiable et toujours attentif : mon père.  Maintenant, je ne peux plus te trouver, mais tu ne t’es pas évanoui. Tu n’as pas disparu. Tu es plus présent que jamais pour moi. Tu as échappé aux limitations de l’espace et du temps. Quand je pense à toi, je ne te vois pas seulement comme tu as été dans ta vieillesse, mais aussi comme tu étais au sommet de ta force, comme tu étais quand j’étais un petit enfant et que, juché sur tes épaules, je cachais mes yeux avec mes mains, et aussi, quand tu étais jeune homme et qu’à l’âge de 17 ans, tu es parti à la guerre en 1914… Je t’entends, je te vois, je sens ta proximité. Es-tu parti ainsi pour que tu puisses venir à moi de cette manière. Tu est mort corporellement pour être présent à nous dans l’esprit »…. « C’est le miracle de la transformation des morts que j’ai expérimenté après la mort de mon père avec toute cette intensité ». Moltmann poursuit ensuite sa méditation dans une réflexion théologique : « Les morts ne sont pas « morts », très loin de nous, dépourvus de sens pour nous si bien que nous puissions les oublier rapidement. Ils sont à côté de nous et en nous, et notre vie est en dialogue continuel avec eux. Nous vivons dans leur passé qui est maintenant présent et ils existent dans notre présent. Nous vivons avec ce que les morts nous doivent et ce que nous leur devons… ». Jürgen nous parle aussi de sa mère : « Dans le cas de ma mère, je n’ai pas eu de problème avec sa mort :  Comme si c’était une évidence, elle était et elle est présente à moi dans tout ce que fais et que j’expérimente dans le registre d’une confiance fondamentale ».

 

Bien sûr, les ressentis personnels sont différents selon chacun. C’est là une expérience intime et toute personnelle. Elle peut être interprétée dans le contexte de la pensée théologique de Moltmann. Ainsi a-t-il beaucoup écrit à ce sujet. On pourra accéder facilement à son approche à travers le livre : « De commencements en recommencements » (2). « Plus nous nous approchons du Christ, plus les morts nous sont proches. Dans les cultes qui se tiennent dans les communautés ecclésiales en Amérique latine, on appelle souvent le nom des « disparus », de ceux qui ont été assassinés par la dictature militaire, et la communauté répond : « Présent » Ils n’ont pas disparu. Ils ne sont pas morts. Ils sont présents en Christ et parmi nous ». (p 164).

 

Bien entendu, au moment de leur départ, les personnes décédées peuvent éveiller des sentiments divers. Jürgen Moltmann exprime là avec émotion, une affection paisible, qui, dans le contexte  de sa pensée théologique, permet d’aller au delà.

Voici une précieuse ressource pour ceux qui s’interrogent sur le sens de l’existence.

 

J H

 

(1)            « La vie spirituelle comme une « conscience relationnelle ». Une recherche de David Hay sur la spiritualité » : http://www.temoins.com/etudes/recherche-et-innovation/etudes/la-vie-spirituelle-comme-une-l-conscience-relationnelle-r/all-pages.html

(2)            Moltmann  (Jürgen). De commencements en recommencements. Une dynamique d’espérance. Empreinte Temps présent, 2012  (Chapitre : la communion des vivants et des morts : p 159-167). Sur ce blog : présentation de l’ouvrage : « Une dynamique de vie et d’espérance » : https://vivreetesperer.com/?p=572

(3)            Moltmann (Jürgen). A broad place. An autobiography. SCM Press, 2007. Mise en perspective sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : « Une théologie pour notre temps » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=695

(4)            Les extraits concernant l’expérience de Jürgen Moltmann dans la poursuite de la relation avec son père, sont empruntés au chapitre : « My parents die » (p 321-323)

 

Sur ce blog, voir aussi :

« Sur la terre comme au ciel » : https://vivreetesperer.com/?p=338

« Une vie qui ne disparaît pas » :

https://vivreetesperer.com/?p=336

« Une théologie pour la vie » :

Une théologie pour la vie

A l’écoute d’une voix bienfaisante

 

« Dieu appelle » : des paroles inspirantes.

 

Notre vie s’inscrit dans un tissu de relations. J’éprouve ce désir de relation : partager ce qui est bon et beau, reconnaissance mutuelle, bienfait de la présence, accompagnement dans les épreuves. Nous faisons partie d’un tout. Tout se tient. Dans cette interrelation, n’y aurait-il pas plus particulièrement une présence qui entre en relation avec nous en nous manifestant un amour attentif et en nous communiquant une inspiration vivifiante. Nous ne sommes pas seuls dans l’univers. Il y a bien une voix qui cherche à se faire entendre. C’est bien ce que nous dit le récit biblique. Dieu, communion d’amour, s’est révélé dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Il a ouvert une relation qui se poursuit aujourd’hui dans l’Esprit. Cette relation s’exerce dans des formes différentes, entre autres, dans la fréquentation de la Parole Biblique et dans la prière, et elle a besoin de se nourrir de représentations. Qui est Dieu ? Comment lui parler ? Comment le message qui nous est destiné s’inscrit-il dans ce que Dieu nous a déjà communiqué ? Les moments varient. Ce peut être le ressenti d’ « une vie bonne » qui nous invite à exprimer une louange et à participer davantage à la générosité de Dieu. Ce peut être aussi un temps d’épreuve où on est pressé de toute part et où l’horizon paraît bouché. Alors oui, quelle grâce d’entendre une voix qui encourage, qui communique force et confiance !

Parmi les livres qui peuvent nous aider dans cette recherche spirituelle, il y a un recueil de messages inspirés : « Dieu appelle » (1). Ce livre a été publié en Angleterre durant l’entre deux guerres, puis traduit en français par un pasteur qui a joué un rôle important de médiateur culturel. Cet ouvrage a été vendu à un grand nombre d’exemplaires au long des années et il rencontre encore aujourd’hui une réception favorable. Il traverse les frontières confessionnelles. Cette diffusion est un véritable phénomène sur lequel nous reviendrons.

 

« Dieu appelle » : quel contexte ?

 

Mais comment ce livre a-t-il été écrit ? C’est ce que nous rapporte le pasteur Géofranc, lui-même traducteur de cet ouvrage dans l’édition française.

« Ce livre n’est pas un livre ordinaire. Le contenu a été reçu par deux humbles femmes qui ont tenu à conserver l’anonymat, plus particulièrement par l’une d’entres elles, d’ailleurs. Elles avaient été amenées à s’unir étroitement pour rechercher quotidiennement les directions d’en haut par l’Esprit, afin d’y conformer ensemble leur vie. Ce livre est donc comme la réponse même de Dieu à leur volonté d’entière et courageuse consécration ».

Géofranc nous éclaire sur le contexte de cette écriture en dissipant les objections qui pourraient être émises à l’égard de cette entreprise. « C’est en invoquant la présence du Christ glorifié, l’Eternel vivant qui a dit à ses disciples : « Je suis avec  vous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matth 28.20) que ces pages ont été reçues. Mais il ne s’agit aucunement de messages « dictés » ou d’écriture automatique. Il s’agit de ce que le Christ, actuellement vivant et agissant par l’Esprit, peut communiquer d’inspiration pratique, de vive lumière, de directions et d’éclaircissements précis, parfois même d’un enseignement d’une valeur exceptionnelle à des âmes humblement disponibles et qui s’efforcent de l’écouter, en faisant taire devant Lui toutes les voix humaines. On ne cherchera pas dans ces pages une inspiration littérale, ou l’expression infaillible d’une sorte de révélation complémentaire, adaptée à des besoins particuliers. On y cherchera bien plutôt une libre parole de Dieu s’adressant aux âmes sincères. »

 

Des thèmes privilégiés.

 

Nous recevons ces paroles dans notre être profond. Elles répondent à telle ou telle aspiration, à tel ou tel besoin. Mais, à tous, elles communiquent un état d’esprit, une manière d’être, un regard. Des thèmes privilégiés reviennent au fil des pages. En voici quelques uns.

C’est un appel à la communion. « Ces haltes avec moi ne sont pas tant des moments où vous devez demander d’être éclairés et conduits que des moments où vous devez vous placer devant moi afin de prendre effectivement conscience de ma présence. Le sarment demande-t-il constamment au cep de lui fournir la sève et de lui montrer dans quelle direction il doit s’orienter. Non, n’est-ce pas ? Cela résulte tout naturellement du fait qu’il est uni au cep… et vous êtes les sarments (Cf Jean 15.1-5)… Ainsi, mes enfants, une seule chose importe vraiment pour vous. C’est d’être unis à Moi. Tout le reste suit d’une façon si naturelle ! Et il suffit souvent, pour que cette union soit réalisée, que vous deveniez conscients de ma Présence » (p 114-115).

C’est un appel à la confiance. « Vous ne sauriez périr mes enfants, car la vie qui vous anime est la Vie de la vie. C’est la Vie, qui, à travers les siècles, a soutenu et gardé mes serviteurs dans le péril, dans l’adversité, dans l’affliction. Une fois que vous êtes nés de l’Esprit (Cf Jean 3.5-6), l’Esprit devient votre souffle de Vie. Vous ne devez donc jamais vous abandonner au doute ou aux soucis, mais avancer pas à pas dans le chemin de la liberté. Ayez soin seulement d’y marcher avec moi » (p116).

C’est un appel à l’amour. « Appelez souvent la bénédiction de Dieu sur les autres, sur ceux en particulier qui vous contredisent et s’opposent à vous ou sur ceux que vous désirez aider. Faites le de tout votre cœur, désireux vraiment de voir se répandre à flot sur eux la bénédiction, la joie et le succès… Quant à leur nécessaire redressement ou formation… remettez-vous à Moi pour les assurer… Ah, si mes enfants voulaient bien ne pas se mêler de mes affaires et s’en tenir à ce que je leur demande ! Aimez donc. Je le répète, aimez encore, aimez toujours. L’amour vous fera surmonter toutes vos difficultés

Dieu, en qui le mal perd toute réalité, Dieu, en qui le bien, au contraire trouve sa réalité, Dieu est amour. Quand vous vous aimez les uns les autres, vous laissez Dieu agir dans votre vie. Or laisser Dieu agir dans sa vie, c’est permettre à cette vie de répandre tout ce que l’homme peut manifester d’harmonie, de beauté, de joie et de bonheur « p 117-118).

C’est un appel à la prière. « La prière modifie tout. Elle recrée. Elle agit irrésistiblement. Ainsi donc, priez ! Priez sans cesse (I Thess 5-7). Priez jusqu’à ne presque plus formuler de prière parce que vous serez établis sur le roc de la foi absolue… Priez surtout et toujours jusqu’à ce que votre prière culmine en louange. C’est la seule note sur laquelle devrait se terminer la vraie prière. Quand on se tourne vers l’homme : amour fraternel et rire confiant. Quand on se tourne vers Dieu, prière de louange » (p 138).

Ces messages invitent à la joie, à la paix, au calme intérieur. « Toute agitation contrarie le bien. Le calme, par contre, le favorise et prive le mal de ses atouts… Commencez par vous tenir tranquille et sachez que je suis Dieu. Efforcez-vous ensuite de n’agir que sous ma direction. En Dieu, l’on demeure toujours calme. Le calme est la confiance en action. Seule la confiance, une absolue confiance peut assurer le calme… » (p 131-132).

« Soyez remplis de joie. La joie est salutaire. La joie guérit. Réjouissez-vous du moindre rayon de soleil, du moindre sourire, du moindre acte de bonté ou d’amour, du moindre service rendu… Refusez d’être abattu… Aimez et sachez rire. Je suis avec vous . Je porte vos fardeaux… » (p 14-15).

Il y a dans ces messages beaucoup de sagesse : « Ne vous croyez pas tenus de porter les péchés et les souffrances du monde. Pour le faire et vivre, il faut être le Christ. Attachez-vous plutôt à découvrir autour de vous ceux qui font preuve d’amour, de sincérité, de bonté et de courage » (p 180). Ces messages encouragent et orientent vers le positif. « Tout est bien », répète souvent cette voix pour nous rassurer et nous réconforter (cf index).

Parfois, un éclairage original vient corriger des représentations qui ont pu être marquées par des images contraignantes :

« Ce que l’on entend par la « conversion » n’est souvent que la découverte du « Grand Ami ».

Ce que l’on entend par la « religion » est la connaissance du « Grand Ami »

Ce que l’on entend par la « sainteté » est l’imitation du « Grand ami » ou la conformité de nos deux vies.

La « perfection », cette perfection à laquelle j’appelle tous les hommes : « Soyez parfait comme votre Père Céleste est parfait » (Matth 5.48) consiste en somme à être comme votre Grand Ami, afin de devenir à votre tour, un ami semblable pour les autres…

Je suis votre Ami… Songez un peu à tout ce que signifie les termes d’Ami et de Sauveur. Un ami est toujours disposé à venir en aide… Il prévient vos besoins… Sa voix est celle de la tendresse qui trouve les mots pour détendre les nerfs fatigués et pour rassurer l’âme agitée et envahie par la peur… Tachez de vous représenter ce que doit être l’Ami parfait, celui que rien ne décourage, qui se donne sans réserve, qui a triomphé de tout et qui peut tout. Je suis pour vous cet Ami… » (p 180-181).

Quel chemin à parcourir ! Mais, ces paroles ne suscitent pas la culpabilisation ou le découragement, car il nous est simplement demandé d’entrer dans une relation qui porte la Vie. Jésus nous dit que l’arbre se juge à ses fruits. Ici, ce sont les fruits de l’Esprit : « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté… » (Epitre aux Galates 5.22).

Ces écrits sont présentés en terme de méditations quotidiennes. Nous les recevons dans le contexte de nos sensibilités. On peut attendre de ces paroles une transformation progressive de notre mentalité.

 

Pendant plusieurs dizaines d’années après sa parution, ce livre a été réédité plusieurs fois et continue aujourd’hui son œuvre bienfaisante.

Et son parcours, qui traverse les frontières confessionnelles, est impressionnant. Ce recueil a été publié en Grande-Bretagne. Il a été reconnu et traduit en français par un pasteur, Georges F Grosjean (2). Celui-ci, originaire du Jura suisse, a effectué ses études au Canada, puis a exercé un ministère pastoral en France. Il a fait connaître dans notre pays les fruits d’un renouveau spirituel advenu en Grande-Bretagne dès l’entre-deux guerres. Aujourd’hui, les textes de ce recueil sont présentés sur un site catholique au titre de ce que l’Eglise catholique appelle une « révélation privée » (3).

Cette reconnaissance, par tant de canaux et par tant de lecteurs, est, pour nous, une œuvre de discernement. En recevant ce livre, nous recevons une inspiration, mais nous pouvons également la partager. Des amis proches ont beaucoup reçu de ce livre. Alors, partageons et exprimons aujourd’hui notre reconnaissance. « Silencieusement, le travail de l’Esprit s’accomplit » (p 64).

 

(1)            Dieu appelle. Traduit de l’anglais par Géofranc (Pasteur Georges F Grosjean). A la Baconnière. La publication de ce livre a été suivie par celle d’un deuxième recueil : « Vivre par l’Esprit ». Avec quelques autres, ce livre a été présenté dans un article mis en ligne sur le site de Témoins : « Entrons avec confiance dans la relation avec Dieu » : http://www.temoins.com/ressourcement/vie-et-spiritualite/ressourcement/entrons-avec-confiance-dans-la-relation-avec-dieu

(2)            Parcours de vie de Georges F Grosjean (pseudonyme : Geofranc) : « Georges François Grosjean (1891-1981) » : http://sitepasteurs.free.fr/bios/grosjean.htm

(3)            Site catholique : « Prière d’église » : http://home.nordnet.fr/caparisot/html/dieuapdeux.html

 

Des ami(e)s nous ont dit l’apport de ce livre pour eux. Voici à ce sujet le  témoignage de Nadine :

« J’apprécie l’esprit des deux livres de méditations quotidiennes : « Dieu appelle » et « Vivre par l’Esprit ». Le matin, je commence ma journée par la lecture de la Bible et par ces méditations. Cette parole pour chaque jour m’encourage dans ma vie chrétienne, elle me donne une ligne directrice pour la journée qui m’aide à demeurer dans le calme et la tranquillité quoiqu’il arrive.

Bien souvent, cette méditation me rejoint dans mon vécu en me préparant aux évènements, en me confirmant une intuition ou en m’éclairant sur un point d’incertitude. Bien souvent aussi, je la reçois, comme la parole même du Seigneur à ce moment là. Deux choses que j’admire chez leurs auteures : leur proximité avec l’Esprit de Dieu et leur choix de ne pas divulguer leur identité. Ces deux livres sont une référence pour moi et m’accompagnent jour après jour ».

 

De Martin Luther King à Obama

Un mouvement de libération qui se poursuit et s’universalise.

Il y a cinquante ans, à Selma, une petite ville de l’Alabama, animés par la vision de Martin Luther King, des afro-américains s’engageaient dans des luttes pour les droits civiques. Le 7 mars 1965, quelques six cent manifestants qui défilaient pacifiquement, étaient pris à partie par les forces de l’ordre dans une brutale répression policière. Pourtant ces marches non violentes se sont poursuivies. Deux semaines plus tard, plusieurs milliers de personnes emmenées par le pasteur Martin Luther King quittaient Selma pour rejoindre la capitale de l’Alabama, Montgomery, à prés de 90 kilomètres. L’opinion publique était touchée par ce mouvement pacifique. Et la victoire était remportée au plus haut niveau politique. Désormais les afro-américains pourraient voter sans entraves. La ségrégation allait également disparaître. Aujourd’hui, si les inégalités sociales et économiques demeurent très prégnantes et si le racisme n’a pas disparu, une nouvelle donne est intervenue.  Les afro-américains ont une place dans la société, et, pour la première fois dans l’histoire, le président des Etats-Unis, Barack Obama, participe à cette culture. Aujourd’hui, cinquante ans après les évènements de Selma, c’est le temps de la commémoration et, pourrait-on dire plutôt, un moment de célébration. Une cinéaste vient de réaliser un film à ce sujet. Et, le 7 mars 2015, le président des Etats-Unis, Barack Obama, accompagnée de son épouse, Michèle, et de ses deux enfants, s’est rendu à Selma et y a prononcé un discours dont l’inspiration a été reconnue bien au delà de son milieu politique.

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En entendant cette parole, en lisant le texte de ce discours (1), nous ressentons une émotion, nous percevons un grand souffle, nous recevons une vision. Barack Obama évoque le courage et la foi de tous ceux qui ont participé à cette première marche  et ont été confrontés, de plein fouet, à la violence policière. Un cantique les accompagnait : « Quelques soit l’épreuve, Dieu prendra soin de vous » (What may be test, God will take care of you »). Et puis, à partir de là, il met en évidence la signification de ce combat en inscrivant cette lutte pour l’égalité et la justice dans l’histoire américaine, et, au delà,  dans le monde d’aujourd’hui. « Combien ces hommes et ces femmes ont fait preuve d’une grande foi. Foi en Dieu, mais aussi foi en l’Amérique… Ils ont prouvé qu’un changement non violent est possible, que l’amour et l’espérance peuvent vaincre la haine… ». Ils ont lutté pour affirmer la vraie signification de l’Amérique : « L’idée d’une Amérique juste,d’une Amérique équitable, d’une Amérique inclusive, d’une Amérique généreuse a finalement triomphé… ». C’est la victoire de la solidarité. « Le mot le plus puissant dans notre démocratie, c’est le mot «  nous » (« we »). « We shall overcome.. .Yes, we can … ». ( « Nous l’emporterons.. Oui, nous pouvons…). Il y a là un élan qui traverse les frontières. Dans sa vision d’une Amérique inclusive et généreuse, Barack Obama salue les diverses immigrations de tous ceux qui sont venus aux Etats-Unis parce qu’ils cherchaient la liberté politique ou  la possibilité de sortir de la misère pour gagner une vie décente. Il égrène les mouvements qui ont permis aux minorités de conquérir le respect et de voir leurs droits reconnus. Et, au delà encore, Barack Obama proclame combien cet esprit inspire les luttes pour la démocratie qui se déroulent dans le monde entier. C’est un discours qui manifeste dynamisme et espérance.  Ainsi reprend-il une parole du prophète Esaïe : « Ceux qui espèrent dans le Seigneur renouvellent leur force… Ils marchent et ne fatiguent point » ( Esaïe 40.31).

La figure de Martin Luther King inspire ce grand mouvement pour la justice et les droits civique. une jeune réalisatrice américaine, Ava DuVernay vient de réaliser un film sur cette grande personnalité en situant son action et sa présence dans le contexte des évènements de Selma. Tel que nous le décrit Jean-Luc Gadreau sur son blog (2), ce film rend bien compte de la dimension épique et charismatique de cette présence et de cet événement et de la puissante émotion qui s’y manifeste.

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Dans son discours, Barack Obama inscrit ce mouvement dans le courant démocratique jalonné par de grandes personnalités comme Abraham Lincoln et F D  Roosevelt. Cette pensée généreuse, à laquelle nous avons personnellement  goûté et qui été pour nous un point de repère, associe une spiritualité d’inspiration biblique à l’action politique. Hélas, il y a aussi dans l’histoire américaine d’autres moments ou conservatisme et impérialisme vont de pair avec l’influence exercée par  de groupes religieux fondamentalistes. Dans son discours, Barack Obama exprime une dynamique de justice dans un processus de libération qui prend toute sa dimension dans une perspective universaliste. Dans un monde tourmenté, il y a là comme un rayon de lumière d’autant plus appréciable qu’il se manifeste dans une des plus grandes nations du monde. Ce discours peut s’appuyer sur la victoire remportée Martin Luther King dans sa lutte pour les droits civiques (3). Et, si son action peut être contestée sur certains points, nous percevons en Barack Obama (4) un homme de bonne volonté, un dirigeant intelligent et responsable qui contribue à rendre ce monde un peu moins dangereux. La vision positive qui s’exprime dans ce discours, vient à l’appui d’une théologie de l’espérance (5).

Dans un monde où les replis identitaires se manifestent, où des extrémismes religieux menacent la paix et débouchent sur la violence et le terrorisme, il est bon d’entendre qu’une spiritualité chrétienne peut inspirer une action politique qui se manifeste dans un processus de libération et la promotion de la justice et de la liberté. « Sans vision, le peuple meurt ». Cette parole biblique (Proverbes 29.18) rejoint notre expérience humaine. Nous avons besoin d’entrevoir un chemin. Nous avons besoin de motivation et de confiance. Puissent des chrétiens témoigner d’un Evangile libérateur ! Puissent-ils, en regard du désarroi et de ce qu’il engendre, témoigner d’une espérance, source de confiance et réponse à la recherche de sens !

J H

 

(1)            Sur le site du Huffington post, vidéo du discours d’Obama et transcription en anglais de ce discours : http://www.huffingtonpost.com/2015/03/07/obama-selma-bloody-sunday-transcript_n_6823642.html                         Présentation de l’événement en français : « Le discours d’Obama sur les droits civiques à Selma salué comme le plus important de son mandat » : http://www.huffingtonpost.fr/2015/03/08/discours-barack-obama-selma-droits-civiques-mandat_n_6825764.html

(2)            Sur le blog : ArtSpi’in : « Selma, pour se mettre en marche ». Commentaire sur le film et bande annonce en français : http://artspiin.eklablog.com/selma-pour-se-mettre-en-marche-a114847768

(3)            Sur ce blog : « la vision mobilisatrice de Martin Muther King  « I have a dream » : https://vivreetesperer.com/?p=1493

(4)            Sur ce blog : « Obama : un homme de bonne volonté » : https://vivreetesperer.com/?p=1000  Et, sur le site de Témoins : « Le phénomène Obama : un signe des temps ? » : http://www.temoins.com/societe/culture-et-societe/societe/jean-hassenforder-le-phenomene-obama-un-signe-des-temps/all-pages.html

(5)            Dans les années 60, le théologien Jürgen Moltmann publie son premier livre : la théologie de l’espérance. Dans sa version anglophone : Theology of hope, ce livre exerce une grande influence jusque à être présenté en première page du New York Times.  Une présentation de la vie et de la pensée de Moltmann sur le blog : « l’Esprit qui donne la vie » : « une théologie pour notre temps » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=695

Ressembler à Jésus ?

Accueillir l’œuvre de Christ en nous

 

En relisant le cahier dans lequel Odile Hassenforder écrivait ses réflexions et ses méditations, on trouve un ensemble de trois textes au sujet de la ressemblance à Jésus, à Christ, écrits en début novembre 2006. Le premier d’entre eux a été publié dans un chapitre du livre : « Sa présence dans ma vie » (1) sous le titre : « Accueillir l’œuvre de Christ en nous » (p 121) : « Jésus n’est pas extérieur à nous comme un modèle à suivre, mais il demeure en nous. C’est l’œuvre de Dieu dans un mouvement de vie ». Nous poursuivons ici cette réflexion à travers des extraits des deux textes suivants, inédits.

 

 1 Il s’agit de se laisser transformer.

 

Accueil de la bonté de Dieu : Parce que je la reçois, je me sens habitée. Alors, je peux et désire en vivre davantage.

 

Romains 12. 2 A cause de la bonté que Dieu vous a témoigné,

« Ne suivez pas les coutumes du monde où vous vivez

Mais,

laissez Dieu vous transformer

en vous donnant une intelligence nouvelle

Ainsi, vous pourrez savoir :

ce qu’il veut

ce qui est bon

ce qui lui plait

ce qui est parfait »

 

Offrir sa vie : consacrer son être tout entier : que notre corps, nos forces, nos facultés soient à sa disposition pour le renouvellement de notre mentalité.

 

Adopter une attitude intérieure différente. Donner à nos pensées une nouvelle orientation

Inspiration de nos pensées renouvelée. Coeur transformé. Attitude mentale et spirituelle changée.

Ephésiens 4.23 :

« Comprenez les choses

d’une façon nouvelle

selon l’Esprit de Dieu

Devenez une personne nouvelle

créée comme Dieu veut.

La vérité la rend juste et sainte ».

C’est à dire :

Ne mentez plus : dire la vérité à son prochain

Ne commettez plus de péché : votre colère cesse avant la nuit

Ne plus voler : travailler honnêtement

Pas de paroles mauvaises : paroles utiles qui aident les autres, qui font du bien

Ne pas garder de rancunes

Ne pas s’énerver ; pas de cris, d’insultes…

 

Cherchez les mots qui aident et encouragent

Que chaque parole contribue au progrès spirituel.

Dite à propos, cette parole sera le moyen par lequel

Dieu bénira celui qui vient, entend.

 

Faites disparaître toute mauvaise humeur : aigreurs, rancune, esprit de revendication, explosion de colère, raillerie, paroles blessantes.

 

Soyez aimables

Compréhensifs les uns pour les autres

Aidez vous les uns les autres

Toujours prêts à pardonner

 

Marcher dans l’amour de Christ.

 

2 Recevoir une force de vie

 

Jésus n’a pas apporté un enseignement extérieur.

Ses paroles sont force de vie.

pénètrent, transforment le cœur

Provoquent de l’enthousiasme parce qu’elles éveillent un désir profond

Alors, il s’agit de s’ouvrir à la force de vie, de résurrection-renouveau en Christ.

 

Touché au fond du cœur, c’est dans la joie et l’enthousiasme

que nous désirons changer

devenir++

en sachant que c’est possible

que l’Esprit agit en nous

 

Il ne s’agit plus d’observer une loi

mais de s’ouvrir à l’Esprit de Jésus

de se laisser conduire par Lui

en s’engageant dans la voie de l’amour.

 

Cela dépasse nos forces morales

Alors devenons lumière : bonté, justice, vérité.

 

Une telle expérience suscite en nous la louange (Ephésiens 5.18-20)

 

Odile Hassenforder

 

(1)            Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Empreinte temps présent. 2011. Sur ce blog, des textes issus de ce livre ou inédits : https://vivreetesperer.com/?tag=odile-hassenforder