Voir, dire et recevoir le bien

Face aux pensées négatives, Dieu nous visite et nous libère.

Méditation de Cécile de Broissia à propos du Cantique de Zacharie (1)

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         Cécile de Broissia nous introduit dans un univers relationnel porteur d’une vie pleine et abondante. Rejoignant d’autres contributions publiées sur ce blog (2), elle nous appelle à entrer dans la confiance et dans la bienveillance en voyant le bien, disant le bien, recevant le bien : « La première parole que Zacharie prononce s’adresse à Dieu pour le bénir, dire du bien de Lui. N’est-ce pas le propre de tout croyant de dire du bien ? Croire en soi et dire du bien de soi, croire en les autres et croire qu’ils nous veulent du bien et enfin croire en Dieu qui ne nous veut que du bien puisqu’il n’est qu’amour ». Dieu est à notre côté dans notre combat contre les pensées négatives qui font obstacle et viennent ternir notre vie. « Il attend que nous lui ouvrions la porte de notre cœur, que nous lui demandions se nous aider et par la brèche ouverte, avec la force de son bras, il vient nous visiter et nous arracher aux mains de nos ennemis ».  Voilà une méditation qui vient à notre rencontre dans le concret de notre existence, une parole qui sonne juste et qui nous encourage.

J H

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Cantique de Zacharie (Luc 1, 67-79)

Zacharie, son père, fut rempli de l’Esprit Saint et prononça ces paroles prophétiques :

« Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, parce qu’il a visité son peuple pour accomplir sa libération.

Dans la maison de David, son serviteur, il a fait se lever une force qui nous sauve.

C’est ce qu’il avait annoncé autrefois par la bouche de ses saints prophètes :

Le salut qui nous délivre de nos adversaires, des mains de tous nos ennemis.

Il a montré sa miséricorde envers nos pères, il s’est rappelé son Alliance sainte :

Il avait juré à notre père Abraham qu’il nous arracherait aux mains de nos ennemis,

Et nous donnerait de célébrer sans crainte notre culte devant lui,

 Dans la piété et la justice, tout au long de nos jours.

Et toi, petit enfant, on t’appellera prophète du Très-haut,

Car tu marcheras devant le Seigneur pour lui préparer le chemin,

Pour révéler à son peuple qu’il est sauvé, que ses péchés sont pardonnés.

Telle est la tendresse du cœur de notre Dieu.

Grâce à elle, du haut des cieux, un astre est venu nous visiter ;

Il est apparu à ceux qui demeuraient dans les ténèbres et l’ombre de la mort,

Pour guider nos pas sur le chemin de la paix. »

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         Zacharie vient de faire l’expérience du doute et de l’incroyance qui l’ont rendu muet. Quand il retrouve la parole, il partage aux autres ce qu’il a longuement contemplé dans le silence et sa parole jaillit en un chant de bénédiction et d’action de grâce.

La première parole que Zacharie prononce s’adresse à Dieu pour le bénir, dire du bien de Lui.  N’est ce pas le propre de tout croyant de dire du bien ? Croire en soi et dire du bien de soi, croire en les autres et croire qu’ils nous veulent du bien et enfin croire en Dieu qui ne nous veut que du bien puisqu’il n’est qu’amour.

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         Nous passons tous par des moments de doute, d’incroyance, de méfiance, de jalousie, de peur, de soupçon dans nos relations avec nous-mêmes, les autres et Dieu. Ces pensées négatives nous empêchent de vivre et nous font du mal, ce sont là nos ennemis intérieurs et nos adversaires qu’il nous faut combattre. Dieu est à notre côté dans notre combat. Il attend que nous lui ouvrions la porte de notre cœur, que nous lui demandions de nous aider et par la brèche ouverte, avec la force de son bras, il vient nous visiter et nous arracher aux mains de nos ennemis.

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         Zacharie annonce un Dieu proche, incarné, qui s’intéresse à nous et vient nous visiter aujourd’hui comme il a visité autrefois son peuple. Tout à coup, il lui est donné de comprendre ce qui lui arrive et de relier son histoire personnelle à celle de son peuple. Comme Dieu a libéré son peuple de l’esclavage et conduit en terre promise, Dieu a libéré Zacharie de son incroyance et de son mutisme. Zacharie nous invite à relire notre histoire et à faire mémoire de toutes les fois où nous sommes visités. Dieu nous fait signe par un évènement, une rencontre, une joie, une épreuve…

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         Zacharie bénit encore le Seigneur : Il a montré sa miséricorde envers nos pères, il s’est rappelé son Alliance Sainte. Oui, Dieu est un Dieu bon et fidèle. Il est le seul en qui nous pouvons avoir totalement confiance car il ne nous oubliera jamais et nous relèvera même si nous l’oublions. Il nous l’a promis : « Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 20). Il nous a promis  de nous donner de célébrer sans crainte notre culte devant lui dans la piété et la justice tout au long de nos jours. Tout simplement vivre notre vie dans le réel de son existence en n’ayant pas peur, puisant notre force, notre courage de vivre, dans la certitude  que le Seigneur nous accompagne. Et pour avoir cette certitude de la présence de Dieu à nos côtés, il nous est bon de prendre un moment dans la journée pour nous relier à Dieu : prendre conscience et le remercier pour les bienfaits reçus des autres et aussi pour tout le bien qu’il nous a permis de faire. Accepter notre vie telle qu’elle est avec le bon et le moins bon, surtout avoir confiance en la bonté de Dieu pour nous tels que nous sommes et demander de l’aide pour être tout au long de nos jours plus humain,  plus vivant, plus aimant, plus juste avec nous-mêmes, les autres et Dieu.

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         Imaginons ensuite Zacharie, ce prêtre âgé, s’adressant à son enfant avec tendresse et le prenant dans ses bras. Et toi, petit enfant, on t’appellera prophète du Très-Haut.

Devenir tout petit pour laisser à Dieu toute sa place. Ne pas se prendre pour Dieu mais marcher devant le Seigneur pour lui préparer le chemin, pour révéler à son peuple qu’il est sauvé, que ses péchés sont pardonnés. Se  montrer tendre et bienveillant envers nous-mêmes, les autres et Dieu afin que chacun croie en lui-même, en les autres et en Dieu.

Croire et témoigner de la tendresse de Dieu qui ne nous abandonne pas à nos ténèbres et à nos chemins de mort et se laisser guider par Jésus, lumière intérieure, vers un chemin de paix.

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Cécile de Broissia

Le samedi 26 avril 2014, invitée sur le blog : « Au bonheur de Dieu », animée par Michèle Jeunet, Sœur Michèle au Cénacle de Versailles.

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(1)            Méditation du Cantique de Zacharie, sur le blog « aubonheurdedieu-soeurmichele » : http://aubonheurdedieu-soeurmichele.over-blog.com/article-invite-es-cecile-de-broissia-11-cantique-de-zacharie-123445316.html

(2)            Voir aussi sur le blog : Vivre et espérer : « Bienveillance humaine. Bienveillance divine. Une harmonie qui se répand. Lytta Basset : Oser la bienveillance » : https://vivreetesperer.com/?p=1842      

               « Développer la bonté en nous, un habitus de bonté » : https://vivreetesperer.com/?p=1838                 

               « Quelle est notre image de Dieu ? » : https://vivreetesperer.com/?p=1509                                                

               « Comme les petits enfants » : https://vivreetesperer.com/?p=1640                                                 

               « Entrer dans la bénédiction » : https://vivreetesperer.com/?p=1420                                                      

               « La beauté de l’écoute » : https://vivreetesperer.com/?p=1219

 

Voir aussi une autre méditation de Cécile de Broissia présentée sur le site de Témoins : « Une invitation à la confiance. Annonce à Zacharie » : http://www.temoins.com/ressourcement/une-invitation-a-la-confiance-annonce-a-zacharie

 

Développer la bonté en nous, un « habitus de bonté »

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Du bon grain et de l’ivraie.

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Quel est notre regard sur nous-même tel qu’il est influencé par notre parcours psychologique et notre héritage religieux (1) ? Comment recevons nous la parabole du bon  grain et de l’ivraie rapportée par l’évangile de Matthieu ? Le commentaire de Michèle Jeunet, Sœur Michèle au Cénacle de Versailles (2) nous invite à choisir la bonté : « bonté du grain, bonté de la terre, bonté du monde, bonté de l’homme qui sème, bonté de Dieu ».

         « Nous sommes dans le fondamental de la création. « Dieu vit que cela était bon » (Genèse 1). Et nous sommes dans le fondamental d’une création en histoire. Non pas un monde tout fait, statique, immobile. Ce qui est semé est pour une croissance, une création  continuée        Croire en ce qui est bon en nous, croire que ce qui a été semé par Dieu en nous est bon et le développer au maximum, en y mettant toute notre énergie, notre créativité. « C’est le développement de la bonté en nous, un « habitus » de bonté qui fera se  dessécher l’ivraie ».

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J H

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Évangile de Matthieu au chapitre 13 verset 24 à 30

Il en va du Royaume des Cieux comme d’un homme qui a semé du bon grain dans son champ.

Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi est venu, il a semé à son tour de l’ivraie, au beau milieu du blé, et il s’en est allé.

Quand le blé est monté en herbe, puis en épis, alors l’ivraie est apparue aussi.

S’approchant, les serviteurs du propriétaire lui dirent :

« Maître, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il s’y trouve de l’ivraie ? »

Il leur dit :

« C’est quelque ennemi qui a fait cela ».

Les serviteurs lui disent :

« Veux-tu donc que nous allions la ramasser ?

Non, dit-il, vous risqueriez, en ramassant l’ivraie, d’arracher en même temps le blé.

Laissez l’un et l’autre croître ensemble jusqu’à la moisson ; et au moment de la moisson je dirai aux moissonneurs : Ramassez d’abord l’ivraie et liez-la en bottes que l’on fera brûler ; quant au blé, recueillez-le dans mon grenier. »

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Développer la bonté en nous

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« Il est des titres qui sont trompeurs. Est-ce vraiment la parabole de l’ivraie ?

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         Cette parabole est d’abord en continuité de celle du semeur. Le semeur a semé du bon grain dans un terrain qui est bon. S’il sème ce qui est bon, c’est que lui-même est bon. Une sainte,  Thérèse Couderc,  disait de lui : « il est bon, il est plus que bon, il est la bonté ». Bonté du grain, bonté de la terre, bonté du monde, bonté de l’homme qui sème, bonté de Dieu. Nous sommes dans le fondamental de la création : « Dieu vit que cela était bon » Gn 1. Et nous sommes dans le fondamental d’une création en histoire. Non pas un monde créé tout fait, statique, immobile. Ce qui est semé est pour une croissance, une création continuée : grain puis épi, puis blé. Entre semailles et moisson, il y a le temps de l’histoire, le temps de la liberté de veiller à la croissance de ce qui est bon. Responsabilité qui est nôtre. Etre veilleur pour que la vie semée par Dieu vienne à maturité. Ce n’est pas du tout fait de toute éternité, immobile mais c’est une semence riche d’avenir, un don à faire qui périrait s’il ne peut s’épanouir grâce à la bonne terre de nos vies, de nos réponses humaines, don et accueil qui vont ensemble porter à maturité la nouveauté de l’épi.

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         Ce titre trompeur est en cohérence avec la réaction des serviteurs qui se focalisent sur l’ivraie, leur question sur son origine et surtout leur doute : « N’est-ce pas du bon grain que tu as semé ? ». Leur doute qui frise le soupçon.  Mais leur question n’est-elle pas la nôtre ? Leur doute et leur soupçon ne sont-ils pas les nôtres ? Cette question du mal qui nous taraude tous, qui est souvent un obstacle à la foi. La réponse du propriétaire est la même que celle de la Genèse. C’est un ennemi qui a semé de l’ivraie. La Genèse parle d’un serpent qui insinue le doute sur le don qui est fait, qui insinue le doute sur la bonté du donateur.

Que faut-il donc faire ? Arracher au risque de détruire la bonté des épis de blé ? Ce serait faire le jeu de l’ennemi.

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         Le propriétaire fait une autre option. Celle de la confiance dans le blé semé et dans la terre qui participe à la nouveauté de l’épi. Confiance dans l’épi assez fort pour ne pas se laisser étouffer par l’ivraie. Dans nos vies, il y a du bon grain et de l’ivraie. N’est-ce pas une erreur de se focaliser sur l’ivraie ? L’homme de cette parabole nous conseille un autre chemin. Croire en ce qui est bon en nous, croire que ce qui a été semé en nous par Dieu est bon et le développer au maximum, en y mettant toute notre énergie, notre créativité. C’est le développement de la bonté en nous, un « habitus » de bonté qui fera se dessécher l’ivraie. Et non un arrachage volontariste qui risque de dessécher la vie en nous.

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Michèle Jeunet

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(1)            Nos représentations sont influencées encore aujourd’hui par notre héritage religieux qui, pour une part, laisse des traces de peur par rapport à Dieu et de condamnation par rapport aux hommes. C’est le contraire de la bonne nouvelle de l’Evangile. Dans un livre récent : « Oser la bienveillance » (Albin Michel, 2014), la théologienne Lytta Basset met en évidence les effets négatifs de la conception du péché originel. Elle décrit « la généalogie et l’impact de cette notion profondément nocive qui remonte à Saint Augustin et qui  contredit les premiers Pères de l’Eglise. Elle montre comment ce pessimisme radical est totalement étranger à l’Evangile. Tout au contraire, les gestes et paroles de Jésus nous appelle à développer un autre regard sur l’être humain, fondé sur la certitude que nous sommes bénis dès le départ et le resterons toujours. Appuyé sur le socle de cette Bienveillance originelle, chacun de nous peut oser la bienveillance, envers lui-même et envers autrui et passer ainsi de la culpabilité à la responsabilité » (texte en couverture). On pourra lire aussi sur ce blog une mise en perspective d’un livre de Jacques Lecomte : La bonté humaine, altruisme, empathie, générosité. Odile Jacob, 2012 https://vivreetesperer.com/?p=674

(2)            Homélie de Sœur Michèle : le bon grain et l’ivraie (9 décembre 2013).  Sur le blog : aubonheurdedieu-soeurmichele : http://aubonheurdedieu-soeurmichele.over-blog.com/article-homelie-de-soeur-michele-le-bon-grain-et-l-ivraie-mt-13-24-30-121518838.html

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Voir aussi sur ce blog : « geste d’amour » (Odile Hassenforder) : https://vivreetesperer.com/?p=1204

Dans le livre d’Odile Hassenforder : « Sa présence dans ma vie », on pourra lire un chapitre : La bonté de Dieu (p 87-91)

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Sur ce blog, deux autres contributions de Michèle Jeunet :

Quelle est notre image de Dieu ? https://vivreetesperer.com/?p=1509

Se sentir aimé de Dieu https://vivreetesperer.com/?p=1752

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De bonnes ressources dans le recueil de textes rassemblés par Michèle Jeunet dans un livre récemment paru : Michèle Jeunet. Méditer une Parole de liberté. Catéchèses bibliques et lectio divina. Editions Croix du Salut, 2013. « Il s’agit pour moi d’aider les gens à ouvrir la Bible pour qu’elle soit vraiment un lieu de méditation qui éclaire leur vie et leur fasse découvrir un Dieu Ami de leur vie, présent au cœur de leur existence ».

 

La vie est une magnifique expérience.

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 Propos d’Odile Hassenforder

dans le livre : « Sa présence dans ma vie ».

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         Quel regard portons-nous sur la vie ? Un regard las, amer, craintif, ou bien, malgré les épreuves, un regard persévérant dans la confiance et nourri par l’appréciation de tout ce que nous vivons de bon et de beau.

         Malgré les épreuves, Odile Hassenforder a vécu une dynamique positive dans une inspiration de foi :

« Dire que je suis chrétienne, c’est dire mon orientation de vie.

C’est dire que le Christ est toute ma vie, non pas un modèle que je m’efforce d’imiter, mais une relation constante à Dieu par Christ ressuscité : Il est la vie, puissance de vie en moi quand je l’accueille par l’Esprit pour me conduire selon la justesse des lois de vie.

 C’est dire que les projets de Dieu pour moi, pour l’humanité, pour l’univers sont « des projets de bonheur et non de malheur » (Jérémie 29.11) (1a).

         Cette inspiration, qui allie confiance, reconnaissance et émerveillement, est présente tout au long de son livre : « Sa présence dans ma vie » (1). Le texte présenté ici a été écrit d’une seule traite (1b). Face au découragement, il nous exhorte à vivre. « La vie est un cadeau ».

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J H

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La vie est une magnifique expérience.

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         « Malgré les peines et les difficultés, la vie reste une magnifique expérience ! ». Joie profonde en recevant cet encouragement, la réponse d’un soignant en réponse à mes vœux.

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         Cette phrase retentit d’autant plus en moi, car elle fait écho à ce que je vis et je découvre.

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         Je dirais bien plus. Au fond de mon lit, en pleine aplasie due à une chimio trop forte, j’ai reçu la joie de l’existence, un cadeau gratuit donné à tout humain par Dieu.

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         En réalisant cela, je découvre le jaillissement de l’Etre divin qui nous partage ce qu’Il est puisque nous sommes créés à son image pour évoluer à sa ressemblance. Comme le bébé qui reçoit la nature de ses parents, leur culture, etc., pour devenir lui-même.

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         Alors, nous pouvons vivre. Utilisons l’énergie du développement pour grandir, mûrir (sagesse) en découvrant le monde.

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         C’est aussi une joie de communication, davantage de communion.

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         En une phrase :

Un mouvement de vie.

Un encouragement d’expérience au delà des mots.

Quelle merveille !

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Odile Hassenforder

Ecrit personnel

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(1)            Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Empreinte temps présent, 2011

1a  « Ce que je crois » p 141-142

1b  Ce texte, écrit d’une seule traite, est publié conjointement à un autre sous le titre : « La grâce d’exister » p171-172

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Sur ce blog, d’autres textes d’Odile Hassenforder :

https://vivreetesperer.com/?tag=odile-hassenforder

Femmes et hommes. Monde nouveau. Alliance nouvelle

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Une conférence de Thomas d’Ansembourg

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         Psychothérapeute dans un parcours où il traite des problèmes de relation et de communication dans des contextes très variés, des problèmes individuels jusqu’aux questions de société, Thomas d’Ansembourg nous apporte un éclairage original qui nous aide à vivre plus heureusement et plus intelligemment . Sur ce blog, nous avons déjà présenté une de ses interventions (1) . Aujourd’hui, nous vous invitons à écouter une conférence de Thomas d’Ansembourg, enregistrée en vidéo, sur le thème : « Femmes et hommes. Monde nouveau. Alliance Nouvelle « (2).

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Cette fois, l’intervention se déroule en une longue séquence, près d’une heure et demie, mais le talent pédagogique du conférencier, en terme d’interrelation, d’illustration par des exemples concrets, d’échappées en forme d’éclairages globaux, d’implication personnelle et de beaucoup d’humour rend cette conférence passionnante. Elle est d’autant plus passionnante qu’elle aborde un thème majeur : la vie en couple dans une perspective qui va bien au delà d’une analyse de la relation, puisqu’elle nous appelle à envisager celle-ci dans le cadre d’une société en mutation et en rapport avec la quête spirituelle qui se répand aujourd’hui. Voici quelques étapes de cette conférence où l’on pourra trouver de précieux éclairages.

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Les bases de l’humain.

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         Cette conférence commence par une question de Thomas d’Ansembourg auprès de son public : Combien de couples heureux connaissez-vous ? Mais si ce nombre n’est pas élevé, n’est-ce pas parce qu’il n’y a pas de formation à la relation ? Ce qui manque, c’est bien souvent un dialogue en profondeur sur ce qu’on veut vivre ensemble . Ainsi appelle-t-il les participants à parler ensemble un à un de leurs aspirations. Et puis, il leur demande les mots qui, à leurs yeux,  caractérisent une relation heureuse : « Qu’est ce que vous souhaitez vivre dans la relation ? ».  Et voici les mots qui apparaissent : liberté, complicité, confiance, partage, ouverture, échange, authenticité, plaisir, sensualité, créativité, joie, émerveillement, évolution, transformation, amour…

         Ainsi des lignes de force surgissent de cette consultation. Et comme le dit, avec humour, Thomas d’Ansembourg, « Il ne faut pas être un grand psy ou un grand philosophe pour dégager ainsi les bases de l’humain ». « Ce que nous cherchons à vivre, c’est un profond contentement de tout notre être » dans la relation à soi, à l’autre, et à la vie, à la grâce ou à Dieu selon notre expression.

         Alors Thomas d’Ansembourg trace sur le tableau où il a écrit tous les mots qui ont été évoqués, une ligne qui monte, un « fil rouge ». Au départ, nous dit-il, l’enfant vit ce profond contentement. Il chevauche son élan de vie. Et puis, des adultes autour de lui lui imposent peu à peu de vivre selon leur schéma : c’est l’heure ; il est temps. On fait les choses comme ceci et non comme cela ; Il faut. Ces schémas correspondent à un certain genre de société, un certain type de culture.

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Un monde nouveau.

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         A plusieurs reprises dans son exposé,Thomas d’Ansembourg montre qu’actuellement la société et la culture sont en train de vaciller et de se fissurer. Un monde nouveau est en train d’apparaître. Car aujourd’hui,  les fondements de l’économie sont de plus en plus critiqués.  « Nous assistons à l’écroulement du mythe de la croissance économique exponentielle et à une fracture croissante entre ceux qui ont de plus en plus et ceux qui ont de moins en moins ». L’exploitation désordonnée des ressources naturelles devient intolérable. Face à ces dysfonctionnements, « une conscience nouvelle semble s’activer ».  Des premiers signes de changement apparaissent dans les pratiques. Parallèlement, une quête de sens apparaît. « De plus en plus d’individus réalisent que la division dans ce monde correspond à une division dans nos cœurs.  Ils ont l’impression d’une déchirure ». « Ce que je vis n’est pas ce que je veux vivre ». Cette quête de sens est donc une caractéristique de notre époque. C’est une démarche pour trouver « un sens personnel et vivant à notre existence »

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Vers la fin du système patriarcal

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         Thomas d’Ansembourg remet également en cause le système patriarcal qui, lui aussi, est en train de se fissurer, mais qui perturbe encore grandement la relation entre les hommes et les femmes. Ainsi nous décrit-il l’apparition de ce système. L’homme devenu agriculteur, enclot son champ. La société se fonde sur la propriété. Une hiérarchie s’instaure. Des divergences d’intérêt débouchent sur des conflits armés. Et de même, la femme est désormais soumise à l’homme. Elle entre dans sa propriété. Mais aujourd’hui, à cet égard, ce système s’effondre. Avec la contraception, la femme peut avoir des enfants comme elle veut et avec qui elle veut.

         Thomas d’Ansembourg nous montre combien la culture patriarcale a faussé les relations . Dans son aspect guerrier, elle développe une culture du sacrifice et du malheur. Dans son accent sur la propriété et l’enrichissement, la possession prévaut : « L’humain est chosifié ». La vie est devenue une sorte d’objet. Clôture et enfermement vont de pair. Dans les mentalités,on peut repérer des comportements qui correspondent à cette culture patriarcale. Et, par exemple, est-ce que le volontarisme correspondant ne provoque pas chez nous un interdit  vis-à-vis de l’accès au bonheur ? Clairement,le rapport de force accompagnant le système patriarcal est contraire à la manifestation de la tendresse et de la douceur.

         Face à cet encodage séculaire,Thomas d’Ansembourg nous invite à « revisiter nos systèmes de pensée, nos systèmes de croyances ». Le travail n’est pas simple. Comme l’ écrit Einstein, « Il faut plus d’énergie pour faire sauter une croyance ou un préjugé qu’un atome ». Mais ce travail est nécessaire pour « sortir de nos enfermements ». Et le mot enfermement évoque le terme d’enfer. Pour ce faire, nous avons besoin « de courage et d’humilité ».

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Pistes de changement

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         Thomas d’Ansembourg ne nous permet pas seulement de repérer nos préjugés et nos enfermements.Très concrètement, il propose des pistes pour une vie en couple plus heureuse en évitant un ensemble de pièges comme la méconnaissance de la tendresse et de la douceur, le rapport de force, une fusion romantique dans laquelle l’autre est « une moitié », ce qui empêche la croissance de chacun et la reconnaissance de l’altérité, l’amour conditionnel, la prétention d’avoir toujours raison, la crainte de montrer nos vulnérabilités. Cette analyse est accompagnée d’exemples vécus qui sont extrêmement évocateurs.

         Le dernier chapitre de cette conférence nous conduit dans une voie de pacification. Thomas d’Ansembourg met l’accent sur la nécessité « d’un temps de présence et d’échange pour une écoute empathique ».  C’est une leçon qu’il a du lui-même apprendre : « J’étais quelqu’un qui courait tout le temps. J’ai du apprendre à ralentir et à pacifier le temps ». Cette disponibilité permettra aussi « d’écouter l’autre au bon endroit ». En voici un bel exemple. A une mère de famille qui impose à ses enfants sa manière de concevoir l’ordre dans la maison, Thomas d’Ansembourg pose des questions successives sur le pourquoi de son attitude. Recherche d’harmonie, de paix, répond-elle. Et puis soudain, elle se rend compte que l’important, c’est le vivant. Et, à quarante-cinq ans, il lui revient une injonction de sa mère : « Plus tard, tu ne sauras jamais tenir ta maison ». Autre discernement : il y a des couples où chacun dit faire son travail. Mais insidieusement, une séparation peut s’installer. Il n’y a plus d’expression de gratitude pour le travail de l’autre. La division prévaut. L’enchantement disparaît.

         L’expression de la reconnaissance, de la gratitude est une démarche indispensable dans la vie humaine. Apprendre à ne pas considérer les choses comme allant de soi. Considérer en quoi notre existence dépend de la collaboration de tant d’êtres humains . Goûter, célébrer ! Bref, y a-t-il « assez d’enchantement, assez d’écoute, assez de solidarité » ? Thomas d’Ansembourg compare le couple à une sorte de creuset où peut se réaliser un processus de transformation. C’est le passage d’une souffrance à la paix intérieure, du morcellement et de la division à l’unité, de l’action réaction à la création, du vide et du manque à la plénitude. C’est passer de l’égo,  qui joue petit, qui a peur de perdre, qui calcule, à la dimension de l’être qui est souffle et inspiration. Allons à l’essentiel plutôt que de nous attacher à des formes provisoires. Nous sommes en route.

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         Dans cette vidéo, Thomas d’Ansembourg déploie des qualités d’acteur au service de sa pédagogie.  Son enthousiasme communicatif nous aide dans notre prise de conscience. Cette conférence nous entraîne  dans de multiples facettes et de nombreuses découvertes . On peut parfois relativiser ce qui est exprimé, mais quel chemin  nous parcourons ainsi avec le conférencier ! C’est un chemin de vie.

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J H

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(1)            Sur ce blog : « Vivant dans un monde vivant. Changer intérieurement pour vivre en collaboration. Aparté avec Thomas d’Ansembourg recueilli par Michel de Kemmeter » https://vivreetesperer.com/?p=1371

(2)            Conférence du 30 janvier 2014 de Thomas d’Ansembourg sur le thème : « Femmes et hommes. Monde nouveau. Alliance nouvelle » : http://www.youtube.com/watch?v=SGVqvLkTcT8 (Alpescproduction. Mis en ligne le 3 février)

        

Une jeunesse engagée pour une société plus humaine et plus durable

Interview de Myriam Bertrand, volontaire du service civique à Initiatives et Changement (septembre 2013- mars 2014)

Myriam Bertrand vient de terminer un master 2 en communication. Pour cette formation, elle a accompli son stage de fin d’étude dans l’association « Colibris », Mouvement pour la Terre et l’Humanisme. Et comme volontaire du service civique, à la rentrée 2013, pour une période de six mois, elle s’engage dans l’association « Initiatives et Changement » pour y travailler dans le domaine de la communication et du financement de l’association. Selon Myriam, ces deux associations ont « en commun de vouloir aider les acteurs du changement de la société ». La démarche de Myriam témoigne aussi d’un projet de vie. Elle répond ici à quelques questions sur sa motivation, sur son parcours, sur ses intentions.

J H

Myriam présentation

Myriam, quel a été ton parcours universitaire ? Pourquoi t‘es –tu engagé dans une formation en communication ? Qu’est-ce qui te semble important dans ce que tu as appris ?

Tout d’abord, merci d’être venu me trouver pour réaliser cette interview. Je suis heureuse de pouvoir montrer que tout comme moi, des jeunes sont motivés pour faire évoluer la société. J’ajouterais que nous sommes tous acteurs du changement, par nos actes, jeunes, adultes, enfants. C’est pourquoi, il m’a de suite semblé important de me poser ces questions : quelle société je souhaite ? Quelles actions puis-je réaliser pour participer à faire évoluer la société ?

Primo : travailler sur moi. Il n’y a ni noir ni blanc que des nuances de gris. Ce qui est important, je pense, c’est savoir s’écouter et avancer à son rythme. La vie, c’est être en constante évolution, avancer pas à pas.

Secondo : exercer un métier pour lequel je pense avoir certaines compétences et l’appliquer pour des projets qui participent à rendre la société plus humaine, plus durable.
Il s’est avéré que ce métier est dans le domaine de la communication. Cette dernière est présente partout. Elle est un fabuleux outil que je souhaite mettre à disposition des acteurs du changement. En plus de mon Master 2 en communication, j’ai une licence Administration Economique et Social, parcours commerce et affaires internationales qui m’a permis de développer mon ouverture au monde et ma polyvalence en étudiant diverses disciplines : droit, économie, sociologie, gestion, informatique, etc.

Le voyage est également un élément important dans ma formation : celle de la vie. Aller à la rencontre des différentes cultures, voir ce qui se passe autre part, pour s’inspirer, s’informer, grandir, apprendre sur soi et les autres.

Quelle est la motivation profonde qui t’a amené à choisir comme première expérience professionnelle, deux associations qui veulent aider « les acteurs du changement de la société » : Colibris, puis

Auparavant, j’ai travaillé au sein de l’entreprise EDF au service communication et à la mission environnement. Le milieu de l’entreprise m’a permis de développer des compétences professionnelles certaines. Seulement, certaines choses manquaient à mon épanouissement, notamment la cohérence et le sens porté à mon travail et de ne pouvoir constater l’impact de mes actions. C’est pourquoi, j’ai choisi de faire mon stage de fin d’étude à Colibris puis de réaliser un service civique à Initiatives et Changement France afin d’agir directement pour une société humaine et durable et aider les acteurs du changement.
Au-delà de mes vœux – subjectifs – de changement de société, il y a ce qu’il est possible de faire aujourd’hui, dans le contexte que l’on connait. C’est pourquoi, il est intéressant et important pour moi d’expérimenter le travail dans différentes organisations et contextes. Je souhaite être la plus efficace possible et ne pas me fermer sur mes seules convictions. Il est, selon moi, plus productif de travailler avec les personnes que contre

Comment as-tu connu Initiatives et changement ? En quoi cette association correspond-elle à tes aspirations ? Comment envisages-tu ton engagement dans le travail de cette association ?

A dire vrai, je ne connaissais pas Initiatives et Changement. Une personne de mon entourage m’en a parlé. Je suis allée sur leur site internet (http://www.fr.iofc.org/home). Les programmes dans les domaines de l’éducation, du dialogue interculturel et de la paix véhiculent des messages forts et m’ont interpellé. Mais alors, pourquoi n’en avais-je jamais entendu parlé ? J’ai eu envie de contribuer à leur visibilité. J’ai donc pris contact avec la responsable de communication pour prendre un peu plus connaissance de leurs objectifs et de leurs activités. Notre échange m’a plu et convaincu. Et quelque temps plus tard me voilà à travailler avec toute l’équipe !

Le temps passe vite. Mon contrat arrive déjà à son terme. Je remercie toute l’équipe : salariés, bénévoles, administrateurs de leur accueil. Il y a encore beaucoup à faire pour porter les actions réalisées par les 3 programmes ! Je suis heureuse d’avoir pu y participer.

Comment perçois-tu l’évolution de la société aujourd’hui ? A côté des aspects négatifs, quelle sont les mouvements positifs ? Comment penses-tu y participer ?

#Les médias traditionnels nous le répètent sans cesse : nous sommes en « crise ». Je préfère ne pas me pencher sur les aspects « négatifs ». Comme tout le monde, j’écoute les informations, mais je préfère mettre mon énergie à construire du « positif ». Aujourd’hui, de nombreux acteurs participent à rendre la société plus humaine et plus durable. A mettre plus de coopération et moins de compétition ; à partager et réinvestir la valeur ajoutée ; etc. Même si aujourd’hui tout ne peut pas être mis en œuvre, des évolutions sont possibles et se produisent. Le défi : faire évoluer intelligemment et pacifiquement la société en prenant en compte, au mieux, toutes les parties prenantes. Il y a beaucoup à (ré)inventer !
En ce qui me concerne, je souhaite mettre en lien les acteurs du changement pour en retirer le meilleur et être moi-même actrice de changement et, quoi qu’il arrive, poursuivre mes rêves.

#Jeune toi-même, tu connais bien la jeunesse actuelle. Dans cette société, cette jeunesse rencontre des difficultés, mais elle est aussi innovante. Comment perçois-tu cette situation ? Pour toi, quelles sont les tendances positives dans la jeunesse d’aujourd’hui ?

#Il m’est difficile de répondre à cette question. La jeunesse est multiple. Elle évolue dans un contexte que l’on appelle « crise ». On nous dit que les emplois diminuent, que les postes stables sont rares. On peut réagir de différentes manières face à ces problématiques, par rapport à ses moyens et ses convictions. Pour ma part, j’ai choisi d’être en accord avec moi-même et de réaliser des projets novateurs et humains tout en prenant en compte le modèle économique actuelle.

#En annonçant sur facebook ton entrée à « Initiatives et changement », tu as communiqué un message qui est au cœur de cette association : « Changer soi-même pour que le monde change ». Pratiquement, qu’est ce que cela veut dire pour toi ? Comment cela se vit-il ?

#Selon moi, il est important d’être en accord entre ce que l’on dit et ce que l’on fait. Je n’ai pas assez d’une vie pour accomplir tout ce que je dis, mais je compte bien y tendre comme je peux. Et surtout être patiente et tolérante avec moi-même.

#Comment envisages-tu l’avenir ? Quels sont tes souhaits et tes projets ?

#Pleine d’aventures, de voyages, de rencontres, d’imprévus, de remises en question, d’apprentissage, tomber pour mieux me relever : la vie !
J’ai toujours eu en tête de construire mon propre projet, selon mon expérience, mes découvertes, mes compétences, pour apporter une pierre parmi tant d’autres à l’édifice du monde.

#Interview de Myriam Bertrand