« Justice sur la terre comme au ciel » : un livre de Guy Aurenche.
Ancien président de l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), aujourd’hui président du CCFD-Terre solidaire, Guy Aurenche est, depuis longtemps, engagé dans une lutte pour la justice dans le monde. Aujourd’hui, dans un nouveau livre : « Justicesur la terre comme au ciel. Entretiens avec Chantal Joly » (Salvator, 2016), Guy Aurenche participe à une conversation, en terme de questions et de réponses, un texte qui lui permet d’exprimer ses convictions dans une forme accessible à tous.
Le livre se déploie en six chapitres : Sur la terre comme au ciel, et réciproquement. La joie de l’Evangile. Au commencement, la parole. « Tiens-toi en enfer et ne désespère pas ». Décalogue et droits de l’homme. Les rendez-vous d’humanité . Le dialogue est ponctué par des méditations autour de paroles de Jésus : Le bon samaritain ; l’enfant prodigue ; l’homme riche qui cherche la vie éternelle ; au pied de la croix). A travers ce témoignage et les convictions qui s’y expriment, se dessine le choix d’une spiritualité chrétienne qui, à l’encontre de formes plus traditionnelles, s’engage pleinement dans la vie d’aujourd’hui et porte une dynamique de joie, de confiance, d’espérance et de libération.
Dieu avec nous
Ainsi Guy Aurenche n’oppose pas le ciel et la terre. « Je ne crois pas en un Dieu désincarné, surplombant, dans l’au-delà. Couper les deux réalités du ciel et de la terre est un contre-sens. Dans les icônes orthodoxes, on voit souvent la main tendue de Dieu et le mort qui se relève….Mon ciel a commencé dès le jour de ma naissance (p 17)…L’éternité, ce n’est pas après. C’est déjà aujourd’hui » (p 20).
Une vie qui se poursuit
Guy Aurenche trouve sa force et sa confiance dans la présence et l’accompagnement de Jésus. « Jésus nous encourage : « Tu peux avancer en eau profonde. J’avance avec toi »…Je peux en déduire que cet accompagnement ne s’arrête pas à ma mort physique… La séparation due à la mort est triste, douloureuse, elle me révolte. En même temps, je sais que ce qui a été vécu ne peut s’arrêter là. Je ne peux pas m’imaginer que cette capacité qu’ont les êtres humains à aimer soit perdue, que cela ne prenne pas place dans un plan amoureux, plus large et plus éternel. Quand je lis le message d’alliance de Dieu, tout s’éclaire autrement » (p 21-22).
Reconnaître ce qui est bon
En réponse à un regard sombre et pessimiste sur l’homme, à une polarisation sur le mal, Guy Aurenche s’engage dans une dynamique de rencontre et de partage qui permet de reconnaître tout ce qui est bon. « Il faudrait recenser… tous ces gestes d’amitié, de bienveillance et de solidarité dont nous même et d’autres avons bénéficié… » (p 23). Et dans de nombreuses situations difficiles qu’il a rencontré, Guy Aurenche a pu s’émerveiller des qualités humaines de personnes démunies. C’est ainsi que nous pouvons aller de l’avant.
Une vie bonne
Ainsi, « les gens ne ressentent pas le pape François comme naïf, ni hypocrite lorsqu’il évoque la joie ou l’espérance. En parler est au contraire fondamental. L’Evangile est une bonne nouvelle. « Ce qui s’annonce est la vie heureuse, l’éveil, le soin, le partage et, pour tous, quitter la voie de la tristesse et de la cruauté, passer sur le chemin de joie et de grâce. Tout ce qui pourra advenir ensuite dans les épreuves et les douleurs ne doit pas rayer ou faire oublier cette aurore ». Pour Guy Aurenche, cette phrase de Maurice Bellet a été « un vrai choc, une expérience spirituelle qui l’a définitivement bouleversé » (p 32).
L’Evangile : une bonne nouvelle
Par rapport à une religion qui, dans certains contextes, a pris une tournure légaliste et culpabilisante, Guy Aurenche rappelle que « l’Evangile signifie : bonne nouvelle. « Comment a-t-on pu l’oublier ? Dans le récit de la Nativité de l’Evangile de Luc, l’ange dit : « Ne craigniez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout le peuple ». Il s’agit d’une joie concrète… La situation des bergers n’est pas sans problèmes… Ce n’est pas pour rien que l’Evangile commence par leur annoncer à eux cette joie. L’appel à un certain bonheur parcourt tout le récit évangélique. De quel bonheur s’agit-il ? Celui de la santé retrouvée, d’un nouveau sens donné à l’existence, de la solitude vaincue. « Tu n’es plus seul ! ». Celui d’un amour proposé tout simplement, celui d’une paix qui permet de vivre… » (p 43). Et pour nous, aujourd’hui, « une joie incarnée, active, agissante, sereine, modifie nos comportements physiques et psychiques. L’expérience spirituelle de la joie peut provoquer en nous des réactions diverses : d’une part, l’allégresse de cœur et l’envie d’aller de l’avant ; et, par ailleurs, notre corps se détend et l’on réapprend à sourire. A travers cette expérience spirituelle de la joie, notre corps et notre esprit s’autorisent à « espérer » (p 41-42).
Un message de confiance et de paix
Au fil des années, au sein de l’Association de chrétiens pour l’abolition de la torture, puis du CCFD-Terre solidaire, Guy Aurenche a vécu une confrontation avec les malheurs qui affligent le monde. Dans cette confrontation, il a été porté « par la contemplation de l’immense capacité d’amour de Dieu »…. « Le message de Dieu est un message d’amour infini, de miséricorde pleine et entière. Il est passionnant de découvrir dans la Bible comment Dieu nous aide à percevoir peu à peu son plan d’amour… » (p 97).
Ainsi le témoignage de Guy se conclut par un message de confiance et de paix : « La bonne nouvelle d’une présence éclaire les nuits de la violence et de la misère. Accepter ce message, c’est oser la confiance qui permet de vivre dans la paix. Cette paix intérieure ne trouve son origine dans aucune théorie, dans aucun système. Je la reçois et je l’accepte comme un cadeau. Elle est une arme efficace contre les peurs. Mais elle ne m’autorise pas à me croire meilleur, ni à juger. En travaillant avec tous les hommes de bonne volonté pour construire la justice sur la terre comme au ciel, je vis pleinement les rendez-vous d’humanité qui sont aussi pleinement les rendez-vous de Dieu » (p 139).
Dans un monde où les maux abondent et où le religieux est parfois enfermant, à partir de son vécu, Guy Aurenche sait nous dire que le message de l’Evangile est une bonne nouvelle, une source de joie et d’espérance. Dans cette brève présentation, nous nous centrés sur quelques points seulement, mais on doit souligner que l’auteur répond à beaucoup de questions existentielles. C’est un livre qui réconforte, qui encourage, qui suscite un mouvement de vie.
#Il y a cinq ans, en 2011, les Editions « Empreinte Temps présent » publient un recueil de textes d’Odile Hassenforder : « Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel » (1). L’éditeur présente ce livre en ces termes :
« Comment Dieu se rend-il présent à nos vies ? Comment garder confiance malgré les épreuves ? Odile Hassenforder nous guide dans cette recherche de plénitude et partage avec nous une expérience qui a changé sa vie, nous offrant ainsi un véritable condensé d’espérance.
Le livre alterne témoignage d’un riche vécu de foi-guérisons, groupes de prière, accompagnement spirituel-et méditations de textes bibliques. L’auteure y transmet avec talent ses compétences psychologiques et son expérience spirituelle. Elle nous convie à une dimension extra-ordinaire, qui donnera une nouvelle saveur à nos existences ».
Un livre qui parle au cœur et à l’esprit
Depuis sa parution, ce livre a fait l’objet de commentaires qui témoignent de la manière dont il parle au cœur et à l’esprit. En voici quelques uns :
Paul. Un ami médecin
« J’ai beaucoup apprécié la présentation de la vie et de la pensée d’Odile.
Oui, Odile a été une vraie témoin de l’amour de Dieu.
A aucun moment de sa maladie qui a été un très long chemin, je ne l’ai jamais sentie en révolte.
Elle puisait la Vie directement dans la Vie éternelle.
Elle reste pour moi un être qui a su vivre sa foi en pleine lumière ».
Anne.Professeur. Expérience charismatique
« Ayant eu le privilège de voir Odile juste avant son voyage vers le Père, moment où la vérité profonde de l’être se fait dense, je trouve que les pages que j’ai lues, donnent à ce moment un sceau d’éternité.
Pour moi, la parole prophétique qu’elle a prononcée en ma présence, se déroule sous mes yeux : « Le Seigneur continue son œuvre » à travers elle en nous la laissant proche de nous, sur notre table de chevet. Quel cadeau ! »
Véronique. Une amie d’une famille amie. Musicienne
« Merci d’avoir ouvert la malle aux trésors !
A la lecture de ces textes, j’ai été profondément touchée. Ils sont pour moi un enseignement précieux. Ils m’éclairent sur le chemin.
Beaucoup sont des témoignages magnifiques qu’Odile nous laisse comme des cadeaux de vie. Ils sont basés sur du concret, sur des faits de vie toujours à la lumière de la Parole de Dieu et débouchant sur une vraie réflexion qui ne cesse de m’interpeller, car je les lis, je les relis tranquillement ; la plupart se lisent facilement, parlant à la fois au cœur et à l’esprit.
Je pense que beaucoup de gens peuvent être touchés à travers ces écrits ».
Henri. Cadre. Institution sociale.
« Très ressourçant. Source de méditation. Un livre qui invite à la louange. Un ouvrage bien présenté, facilement accessible. Superbe. Bien pour des tas de gens ».
Evelyne. Théologienne.
« Ce livre va être mon livre de chevet spi pour le mois à venir.
Je suis vraiment heureuse de partager cela. C’est vraiment bien que cet échange puisse être continué avec d’autres et fécond au delà de la séparation et de la transformation des liens ».
Fred.Animateur
« Ce livre nous permet de prendre conscience de la profondeur de la vie. Une œuvre qui donne à réfléchir, mais aussi qui incite à l’admiration et à la contemplation de la création. Un hymne à l’espoir. Un cri d’amour pour la vie ».
Françoise.Retraitée. Culture philosophique
« C’est avec beaucoup d’empathie, d’admiration et de reconnaissance que j’ai lu ce témoignage.
Ce qui me frappe, c’est l’intelligence de l’écriture ciselée par la vie, ciselée par la foi et comme tissées ensemble ».
Elisabeth. Cadre. Institution sociale
« J’ai lu ce livre à plusieurs reprises et je reprends des passages régulièrement. Ce livre est fascinant et admirablement bien écrit. Les remarques sont profondes et pleines d’éternité. On sent qu’Odile a vraiment vécu les différents passages, car c’est exprimé avec simplicité et vérité. J’y trouve tous les jours des encouragements. Cet ouvrage est pour moi une exhortation quotidienne ».
Un message qui passe à travers des rencontres
Il venait de passer une consultation d’oto-rhino, lorsque de retour auprès de l’assistante, celle-ci l’interrogea en évoquant le livre de Madame Hassenforder. Et, à sa grande surprise et à son grand bonheur, elle lui dit combien ce livre l’avait touchée (2). Une brève conversation en résulta. « Grande lectrice », et même dans le passé, engagée dans des travaux d’édition, elle avait découvert « Sa présence dans ma vie » à la librairie « La Procure », en regardant les ouvrages présentés au public.
A la lecture de ce livre, elle a été touchée par la « sincérité » de son auteure : Odile Hassenforder. Ce livre l’a impressionnée parce qu’il invitait le lecteur à entrer dans « une autre dimension ». Il y a un chapitre dans cet ouvrage : « Dame confiance » qui apporte un témoignage concernant la confiance (3). Mais cet état d’esprit est présent dans la dynamique qui se manifeste dans la plupart des textes. Aussi, c’est bien ce terme que la lectrice a « mémorisé ». « J’ai compris qu’il suffisait d’un mot pour que la situation change de plan ».
Aujourd’hui, nous dit-elle, maintenant, j’hésite à dire « courage » aux gens. Mais aux personnes en difficulté, je dis : « bonne confiance ». Et « j’utilise cette expression au moment de la nouvelle année » et aussi aux anniversaires. Je souhaite « bonne confiance » dans les situations où il y a un mouvement de « bascule ». « Les personnes y sont extrêmement sensibles. Je sais que j’ai touché à quelque chose de beaucoup plus profond. Cette expression aide à prendre de la hauteur par rapport à la situation ». La confiance nous permet d’entrer dans une double dimension : « Se sentir en lien, et aussi pouvoir relire la situation avec un autre regard ».
Ainsi, ce livre, découvert sur un présentoir de librairie, a produit du fruit. « Je ne crois pas au hasard. Je crois aux rencontres. J’ai mémorisé ce livre. J’en ai extrait l’essentiel ». Et voyant combien j’étais concerné par ce livre, elle me dit une parole qui m’est allée droit au cœur : « Le message est passé ».
La vie et la pensée d’Odile Hassenforder
Ce livre nous présente des expériences de vie, des témoignages, des réflexions, des méditations. Mais quel a été le chemin de vie d’Odile Hassenforder. Pourquoi et comment a-t-elle écrit ? Comment ses textes ont-ils été rassemblés et publiés dans la forme de ce livre ? Voici l’introduction du livre qui répond à ces questions.
Odile Hassenforder a quitté la vie terrestre le 11 mars 2009. La célébration qui a suivi a manifesté l’amour et la reconnaissance qui lui étaient portés de toute part. Au long des années, non seulement elle a activement participé à des groupes et associations, mais elle a été en relation avec de nombreuses personnes dans une démarche d’entraide psychologique et spirituelle. Plusieurs d’entre elles ont ainsi témoigné comment Odile leur a permis de sortir d’une impasse, voire d’un gouffre. Cette attention, cet esprit d’entraide étaient fondés sur une expérience spirituelle enracinée de longue date, au cœur même de sa personnalité. Sa conscience de l’amour et de la bonté de Dieu se traduisait dans l’amour et l’attention qu’elle portait à tous ceux qui l’entouraient : sa famille, ses ami(e)s, de nombreuses relations. Son expérience de la grâce de Dieu et de sa puissance de vie lui a également permis de faire face, durant les dernières années, à une atteinte cancéreuse, dans un contexte où elle a bénéficié en retour de l’aide de nombreux amis et soignants. Dans les derniers jours, ils ont été témoins du rayonnement qui se dégageait de sa personnalité. Ses dernières paroles ont été des expressions de foi et d’amour.
Ces quelques observations ont simplement pour but de présenter celle qui vient aujourd’hui s’entretenir avec vous. En effet, dans les dernières années de sa vie, Odile a manifesté à plusieurs reprises son désir de transmettre une expérience et une réflexion qui se sont développées au cours de toute son existence. Ainsi a-t-elle exprimé dans plusieurs écrits un grand désir de communiquer un message d’amour et de vie. Sont repris ici quelques passages de ces textes que vous allez découvrir au fil des pages. «Ce que j’ai la joie de partager aujourd’hui est la découverte des bienfaits de Dieu : manifestation de sa bonté infinie que j’ai pu ressentir, de sa magnificence que j’ai pu reconnaître dans sa création, de sa présence dans l’énergie vitale de tout ce qui existe. (…) Cette joie de reconnaissance explose en moi. J’ai envie de la partager. La vie vaut la peine d’être vécue ! » (« Désir de partage »). Quelques années plus tôt, elle avait déjà exprimé la même intention et elle s’adressait ainsi à nous: « En pensant au lecteur qui parcourra ces lignes, mon souhait le plus profond, c’est qu’à travers cette lecture, il puisse, à son tour, louer Dieu pour les merveilles qu’il découvre en lui et dans sa vie » (« Être reconnaissant »). Ces mots ont été écrits dans les dernières années de la vie d’Odile, au moment où elle faisait face à la menace de la maladie. C’est dire la force de sa conviction. Mais comme on pourra le voir dans ce recueil, le cœur de ce message s’est affirmé très tôt à partir d’une expérience fondatrice et s’est ensuite décliné à travers toute une existence dans des expressions très variées.
Il importe de donner ici quelques points de repère à propos de la vie d’Odile. Début 2008, préparant une session œcuménique d’exercices spirituels ignaciens, Odile a indiqué elle-même quelques jalons de son itinéraire spirituel (« Parcours spirituel »). Elle exprime un événement capital en ces termes : « 1973. Rencontre de notre petit groupe de partage spirituel avec le renouveau charismatique catholique. Au même moment, un pasteur pentecôtiste « spirituel au delà des doctrines » prie avec son église pour ma guérison. Huit jours après ma première démarche, le dernier jeudi d’octobre 1973, à 23 heures, après une réunion de prière dans la crypte de Saint Suplice, je sors d’une seconde à l’autre d’une dissociation de personnalité. Baptême dans l’Esprit… Depuis ce jour, méditation quotidienne de la Bible ». Il y a là une expérience fondatrice qui a suscité une transformation majeure dans la vie d’Odile et qu’elle a décrite dans plusieurs textes publiés dans ce livre (« Expérience fondatrice »). Trente ans plus tard, elle s’y réfère encore dans ces quelques lignes : « Je ne me crois pas meilleure que les autres. Depuis le jour où Dieu s’est révélé à moi à travers une prière exaucée et où j’ai découvert que je recevais de lui une paix et une plénitude, je suis entrée dans un univers spirituel, une nouvelle dimension. Dans la relation avec Dieu, en Jésus-Christ, je suis assurée de sa sollicitude jusque dans l’éternité » (« Libre parole sur la venue du Dalaï Lama »).
A partir de cette expérience fondatrice, la vie d’Odile va prendre un nouveau cours. En effet, elle s’investit dans un groupe de prière interconfessionnel, « le Sénevé » où elle transmet son inspiration. Elle développe une activité de partage autour de la Bible. Elle allie formation psychologique, expérience spirituelle et un sens du dialogue empreint d’amour et de respect pour apporter une aide à des personnes en difficulté. Dans une position de responsabilité, elle participe également à l’animation de « Témoins », association chrétienne interconfessionnelle et à la production de son magazine. Sa vie familiale continue à se dérouler dans l’amour qu’elle porte aux siens. Ses petits-enfants étaient chers à son cœur. Elle poursuit une activité intellectuelle et culturelle dans une vaste gamme de centres d’intérêt comme en témoigne « Mosaïque itinéraire de lecture » qui exprime aussi sa recherche spirituelle. Elle manifeste également un penchant pour l’expression poétique. Durant les années 80 et 90, cette « vie en mouvement » s’exprime dans des textes qui manifestent ces orientations et aussi un approfondissement de sa vie spirituelle.
Dans la dernière décennie, la santé d’Odile fut attaquée sur plusieurs fronts. Face à la remontée de souvenirs traumatisants issus de son enfance et de son adolescence, elle s’engage dans une psychothérapie dont elle percevra les bienfaits. Bénéficiant d’une entraide spirituelle chaleureuse constamment présente et d’un suivi médical personnalisé, entre autres celui d’un médecin ami, jusqu’aux tout derniers mois, elle parvient à mener une vie presque normale malgré les angoisses liées aux poussées cancéreuses et à l’appréhension des examens et des traitements lourds. C’est dans ce contexte qu’Odile tient un journal spirituel et écrit de nombreux textes concernant son expérience et sa vision de la « vie en Christ », de la « vie en Dieu ». C’est à partir de ces écrits personnels, expression de sa pensée en mouvement, sans qu’elle ait pu leur apporter une validation définitive, que de nombreux textes ont été extraits dans les mois qui ont suivi son départ, en l’occurrence par son mari.
Dans ce contexte difficile, « la force et la joie de vivre » qui s’y expriment témoignent à la fois de la profondeur et de la justesse de toute une vie et de la puissance de l’Esprit. Il y a là aussi une expression d’expériences nouvelles qui s’expriment avec une particulière intensité comme la conscience d’exister, vécue comme une grâce. Les proches et les amis qui ont entouré Odile durant ces années sont témoins de cette qualité d’être, inspirée par la vie divine. Plusieurs de ces textes exprimant « une confiance dans l’épreuve » viendront réconforter celles et ceux traversant des difficultés.
Le lecteur de ce livre découvrira par lui-même les accents majeurs de la spiritualité d’Odile. Il pourra suivre le développement de sa pensée, nourrie par les différentes cultures auxquelles elle a participé. Elle se présente d’ailleurs comme « une chrétienne interconfessionnelle quelque soit l’institution à laquelle je me rattache à tel ou tel moment » (« Ce que je crois »). En rapport avec son expérience initiale, un fil conducteur se déroule à travers tous ces textes : une expression, un ressenti de l’amour et de la bonté de Dieu qui se manifestent à notre intention (« Qui est Dieu ? »). Loin du volontarisme, du légalisme, du fondamentalisme, de tout ce qui entraîne culpabilité et agressivité, Odile plaide pour l’accueil de la grâce de Dieu : « Dire que je suis chrétienne, c’est dire que Christ est toute ma vie. Non pas un modèle que je m’efforce d’imiter, mais une relation constante à Dieu, par Christ ressuscité : il est la vie, la puissance de vie en moi quand je l’accueille par l’Esprit pour me conduire selon la justesse des lois de vie… » (« Ce que je crois »). Dans un autre texte, elle précise : « Notre attitude juste est celle de l’accueil de l’œuvre de Jésus en nous, décision qu’elle se fasse en nous par l’Esprit dans l’espérance, dans notre marche vers… » (« Accueillir l’œuvre de Christ en nous »). Cette attitude se nourrit d’une prière confiante et de la méditation de la Parole biblique (« Vivre en Christ. Vivre en Dieu »). Il y a là une dynamique personnelle qui s’inscrit dans un mouvement d’ensemble. «Dans la résurrection, une nouvelle ère est ouverte. Ce plan, que Dieu achèvera à la fin des temps, consiste à réunir tout ce qui est dans les cieux et sur la terre sous un seul chef : le Christ. Ainsi Jésus devient le Christ cosmique. (…) Son œuvre se réalise pour moi quand je la reçois : pardon et guérison pour une vie nouvelle dans la relation au Père et au Fils qui font leur demeure en moi, qui devient le temple de l’Esprit » (« Il est ressuscité! »).
Certaines formulations d’Odile peuvent paraître approximatives pour des théologiens professionnels. Elle n’a pas suivi d’études de théologie, mais sa pensée s’est formée en alliant expérience spirituelle, méditation quotidienne de la Bible et lecture de nombreux livres en rapport avec ses questionnements. Son expérience et sa réflexion sont étroitement reliées. Dans son parcours, elle a trouvé une inspiration féconde chez deux théologiens : Eloi Leclerc, auteur de Le Royaume caché, et, dans les dernières années, Jürgen Moltmann. On pourra voir dans la pensée de ce dernier un fondement théologique à la démarche d’Odile et à certaines de ses expressions.
La spiritualité a pu être définie comme « une conscience relationnelle avec Dieu, avec la nature, avec les êtres humains et avec soi-même ». Odile a toujours vécu en relation avec ceux qui l’entouraient et, plus généralement, elle a été attentive à la dimension sociale. Son amour de la nature et sa capacité d’y percevoir l’animation divine sont présents dans de nombreux textes. A maintes reprises, elle s’émerveille du spectacle de la nature à travers les fenêtres de son appartement, des arbres et du ciel. A la suite d’une visite, elle décrit avec une émotion sensible une grange restaurée et le jardin qui l’environne : «Au fur et à mesure de la visite, je me laissais imprégner par la joie profonde que suscite la reconnaissance pour l’harmonie de la vie perçue par-delà le visible ». Et elle conclut par cette parole qui va droit au cœur : « Bien sûr, il y a bien des malheurs dans le monde, mais il y a toujours des jardins avec des roses. Ces jardins sont une porte vers la vie » (« Quand tout s’agence »).
Elle exprime une vision que l’on peut résumer en ces mots : « Tout se tient. Unité et harmonie en Dieu ». Elle poursuit : « Assez curieusement ma foi en notre Dieu qui est puissance de vie, s’est développée à travers la découverte des nouvelles approches scientifiques qui transforment notre représentation du monde. Dans cette nouvelle perspective, j’ai compris que tout se relie à tout et que chaque chose influence l’ensemble. Tout se tient, tout se relie. Pour moi, l’action de Dieu s’exerce dans ces interrelations ». (« Dieu, puissance de vie »). Ainsi désire-t-elle s’inscrire positivement dans la création : « J’ai été secouée au plus profond de mon être, le jour où j’ai réalisé que Dieu m’appelait à participer à la gérance de sa création, à commencer par ma personnalité. Qui suis-je pour être ainsi « collaboratrice » du créateur ? (Psaume 8). Dieu continue à créer avec chacun de nous et avec moi. « Le Père céleste agit sans cesse », dit Jésus et il m’invite à participer à la nouvelle création mise en route dans sa résurrection… » (« Vers une personnalité unifiée »).
Dans la communion divine qui nous relie, ce livre exprime un chemin de vie.
La construction de cet ouvrage traduit à la fois le mouvement de la vie d’Odile, son itinéraire au long des années, et l’expression de son vécu, de son ressenti, de sa pensée. De fait, ce livre n’est pas un récit en continu. C’est un recueil de textes dont chacun a son originalité et contient un message. Il pourra donc alimenter notre méditation, jour après jour, selon notre besoin ou notre aspiration du moment. A de nombreuses reprises, Odile exprime son amour de la vie. Elle nous dit la source de cette attitude : « toi qui me donnes vie », « imprégnée de ta présence, puissance de vie en moi ». Ainsi ce livre a reçu pour titre : « Sa présence dans ma vie ».
Un témoignage vivant
Odile a quitté la vie terrestre le 11 mars 2009. Aujourd’hui, à travers ce livre, nous l’entendons encore nous parler et nous participons à ce dialogue. La communication, qui se poursuit ainsi, s’inscrit dans le cadre d’une communion qui, sur un autre registre, unit les vivants et les morts en Christ ressuscité. Avec le théologien Jürgen Moltmann (4), nous croyons que Jésus Christ, par sa résurrection, a brisé le pouvoir de la mort. En Christ ressuscité, il n’y a plus de mur de séparation entre les vivants et les morts. Dans la communion en Christ, les morts n’ont pas disparu. Ils ne sont pas « morts ». Ils manifestent une présence. Plus nous nous approchons du Christ, plus nous nous rapprochons aussi de ceux qui ont quitté la vie terrestre (5). Dans cet esprit, dans la communion en Christ ressuscité, dans l’inspiration de l’Esprit qui porte ce livre, Odile nous accompagne. Ce livre est un témoignage vivant.
J H
(1) Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte. Temps présent, 2011. Ce livre est en vente sur Amazon et à la Librairie 7ici. Nous reproduisons ici l’introduction de ce livre : « Odile Hassenforder : sa vie et sa pensée », p 11-17. Sur ce blog : Vivre et espérer, la pensée d’Odile est présente à travers la mise en ligne d’extraits de ce livre et de textes inédits : https://vivreetesperer.com/?s=Odile+hassenforder
(5) Cette courte réflexion est textuellement inspirée par un chapitre de Jürgen Moltmann dans son livre : « In the end… The beginning » (Fortress Press, 2004), aujourd’hui traduit et publié en français : « De commencements en recommencements » (Empreinte Temps présent, 2012) : « The community of the Living and the Dead » p 135 : « When he « descended into hell » (the realm of the dead), as the creed puts it, Christ broke the power of the death and took the dead in his fellowship. So the community of Christ is in him a community of the living with the dead, and of the dead with the living. In the risen Christ, the wall of death has been broken down. So, in this community with Christ, the dead are not « dead » in the modern sense. They « have a presence »… The closer we come in Christ, the closer the dead come to us… ».
Sur ce blog, à plusieurs reprises, nous avons mis en ligne des articles à ce sujet : « Sur la terre comme au ciel » : https://vivreetesperer.com/?p=338
« Pour une approche intégrale de la conscience » : conférence de Mario Beauregard au colloque de l’UIP : « Sciences et connaissances »
Notre existence, la conscience que nous en avons, se fondent sur notre pensée. C’est dire l’importance des questions que nous pouvons nous poser sur les rapports entre nos pensées et notre être corporel. De même, c’est par la pensée que nous participons au monde et pouvons accéder à ce qui nous dépasse. Dans un texte concernant les expériences spirituelles publié sur ce blog (1), nous nous référions au livre d’un chercheur en neurosciences, Mario Beauregard : « Du cerveau à Dieu.Plaidoyer d’un neuroscientifique pour l’existence de l’âme » (2). Par la suite, nous avons découvert un nouveau livre de ce même chercheur : « Brain wars. The scientific battle overtheexistence of the mind and the proof that will change our life » (3). A partir de travaux scientifiques, l’auteur y réfute les thèses matérialistes. Non, la conscience n’est pas le produit du cerveau et destinée à disparaître avec lui. Non elle ne dépend pas entièrement des mécanismes physiologiques, ainsi soumises aux seules lois de la matière. Non, la conscience humaine n’est pas qu’un épiphénomène, une forme passagère juste là en attendant de disparaître. Au contraire, l’esprit humain apparaît comme une réalité spécifique. Des recherches convergentes montrent l’influence de nos pensées sur nous-même et sur le monde extérieur. Nous avons présenté une mise en perspective de cet ouvrage sur le site de Témoins. Aujourd’hui, ce livre a été traduit en français sous le titre : « Les pouvoirs de la conscience. Comment nos pensées influencent la réalité » (4).
En janvier 2016, Mario Beauregard est intervenu dans le cadre du colloque organisé par l’Université interdisciplinaire deParis (5) ayant pour thème « Sciences et connaissances. De la matière à l’esprit ». L’Université interdisciplinaire de Paris vient de mettre en ligne sur YouTube l’ensemble des contributions des intervenants. Dans son intervention, Mario Beauregard nous présente « une approche intégrale de la conscience » (6). Il nous fait part d’abord du plan de son exposé. « Je voudrais parler dans un premier temps de ce qu’on appelle le matérialisme scientifique qui est devenu très influent dans les disciplines scientifiques et qui joue un rôle important dans les neurosciences jusqu’à présent ». Mario Beauregard montre là comment cette idéologie s’est formée et quelles sont ses conséquences. Il nous parle ensuite des recherches qu’il a réalisées à partir d’une série d’études d’imagerie cérébrale. « Ces études montrent que, contrairement à ce que certaines théories matérialistes veulent nous faire croire, l’esprit humain a une grande capacité d’influence au niveau cérébral. L’esprit humain a une grande capacité d’influence au niveau du corps, du cerveau et de tous les systèmes physiologiques qui sont connectés. Il a aussi une influence énorme à l’extérieur des limites du corps. C’est le concept appelé « l’esprit non local ». Je vais vous présenter certaines études à ce sujet. Je vais terminer en vous parlant de ce qui est en train d’émerger, à partir des études qui vous sont présentées, un nouveau paradigme qu’on a appelé un paradigme post matérialiste ». Avant de commencer son exposé, Mario Beauregard donne également quelques définitions préalables que nous retiendrons ici : « Quand je fais référence à l’esprit, c’est la traduction du terme anglais : « mind ». C’est l’ensemble des processus mentaux, qu’ils soient conscients ou non, par exemple la mémoire, la perception, les émotions, la pensée. Lorsque je fais référence à la conscience, c’est la faculté mentale qui permet d’appréhender ce qui se passe soit en relation avec le monde extérieur, soit avec ce qui se passe intérieurement sur le plan mental, par exemple la pensée, les émotions. Cela inclut aussi la conscience de soi ». A la fin de sa conférence, Mario Beauregard donne quelques références sur les évolutions en cours concernant le paradigme post matérialiste, mais pour une approfondissement complémentaire concernant l’ensemble de son exposé, il renvoie aux deux livres que nous avons évoqués. On trouvera donc maintenant une reprise du texte mettant en perspective l’apport de son livre : « Brain wars », déjà publié sur le site de Témoins.
Brain Wars. Face à une idéologie matérialiste, les pouvoirs de la conscience
Dans le livre : « Brain wars », par delà la description du conflit entre des conceptions scientifiques opposées, Mario Beauregard nous apporte des données convergentes qui montrent l’apparition et le développement d’un nouveau paradigme dans lequel l’esprit humain apparaît comme une réalité spécifique : « L’esprit n’a pas de masse, de volume ou de forme et il ne peut être mesuré dans l’espace et dans le temps, mais il est aussi réel que les neurones des neurotransmetteurs et les jonctions synaptiques. Il est aussi très puissant » (p 5).
Mario Beauregard trace une rétrospective des travaux réalisés dans ce champ d’étude. Il critique les postulats méthodologiques de l’approche matérialiste, notamment l’application des principes de la physique classique à ce domaine. Les théories jusque là dominantes ne peuvent expliquer « pourquoi et comment des expériences intérieures subjectives telle que l’amour ou des expériences spirituelles se développent à partir de processus physiques dans le cerveau » (p15). Le livre met en évidence une nouvelle manière de comprendre les rapports entre l’esprit et le corps à partir des données émergentes résultant des recherches menées dans des champs nouvellement explorés comme : l’effet placebo/nocebo, le contrôle cérébral, la neuro plasticité, la connexion psychosomatique, l’hypnose, la télépathie, les expériences aux frontières de la mort, les expériences mystiques. En prenant en compte la vision nouvelle que la mécanique quantique nous propose pour la compréhension de la réalité, Mario Beauregard inscrit les recherches sur les rapports entre le cerveau et l’esprit dans un nouveau paradigme. « Dans l’univers quantique, il n’y a plus de séparation radicale entre le monde mental et le monde physique» (p 207). Désormais, la conscience apparaît comme une réalité motrice. En exergue de son chapitre de conclusion, l’auteur propose une citation du physicien et astronome, James Jeans : « L’univers commence à ressembler davantage à une grande pensée qu’à une grande machine ».
Ce nouveau paradigme ne nous apporte pas seulement une compréhension nouvelle, il a des conséquences pratiques pour notre vie. Désormais, nous pouvons exercer une influence positive sur notre santé et sur nos comportements, mais nous sommes appelés en même temps « à cultiver des valeurs positives comme la compassion, le respect et la paix » (p 214). A travers la description des expériences aux frontières de la mort et des expériences mystiques, nous apprenons aussi l’existence d’une réalité supérieure empreinte d’amour et de paix. Ce regard nouveau appelle une vision spirituelle. Quand le mental et la conscience s’unifient, « nous sommes à nouveau connectés à nous-même, aux autres, à notre planète et à l’univers » (p 214). Cette mise en évidence de la conscience est un phénomène qui va entraîner des transformations profondes dans le monde.
Des champs nouveaux où la conscience émerge.
Les chapitres du livre nous présentent successivement des champs d’étude où la conscience apparaît désormais comme une réalité majeure. En voici quelques exemples.
Placebo/nocebo.
La croyance a le pouvoir de guérir ou de tuer. C’est l’effet placebo/ nocebo. L’auteur nous apporte un exemple particulièrement évocateur : un patient en train de mourir d’un cancer très avancé, apprenant l’apparition d’un nouveau médicament, le réclame et, après l’injection, connaît une guérison spectaculaire. Deux mois après, il apprend, en lisant un journal, que ce médicament a été jugé inefficace. Il rechute. Le médecin adopte un stratagème. En lui affirmant que son information est inexacte, il lui injecte de l’eau distillée. Et, à nouveau, les effets sont étonnants puisque très rapidement, la tumeur disparaît. Hélas, lisant à nouveau dans la presse la confirmation de l’inefficacité de ce médicament, il est réadmis à l’hôpital et meurt au bout de deux jours.
L’auteur ne mentionne pas seulement des cas surprenants, mais bien établis. Il nous fait part également de nombreuses recherches. Des traitements fictifs et même des opérations fictives remportent de grands succès lorsque les patients croient à leur efficacité. Mais on a vu que des croyances négatives ont parallèlement des effets néfastes. Ainsi, « À travers nos croyances, nous détenons une puissance de vie et de mort entre nos mains… La science a démontré, mainte et mainte fois, que ce que nous croyons influence significativement notre expérience de la souffrance, la réussite d’une opération, même l’issue d’une maladie. Nos attentes peuvent inciter nos corps à effectuer un travail de régulation de nos conditions physiques et émotionnelles » (p 40).
Neurofeedback
Plusieurs chapitres très documentés font le point sur l’influence considérable de la pensée sur les processus corporels.
Par exemple, le « neurofeedback » permet aux individus de changer certains aspects de leur fonctionnement physique et d’améliorer leur santé en traitant les informations qui leur sont fournies en temps réels sur les réponses de leur corps (comme le rythme cardiaque ou la tension musculaire). Le « neurofeedback » introduit des changements dans le fonctionnement du cerveau et peut aussi améliorer les fonctions cognitives, réduire l’anxiété et accroître le bien-être émotionnel.
Neuroplasticité
Bien plus, on découvre aujourd’hui les effets d’une pensée méthodiquement conduite et entraînée sur l’organisation et le fonctionnement du cerveau. Cette découverte de la « neuroplasticité » est relativement récente. Elle est apparue au cours des dernières décennies. Auparavant, les neuroscientifiques croyaient que le cerveau était figé dans son état initial parce qu’ils le concevaient comme une machine non évolutive. On sait maintenant qu’il n’en est rien. « La recherche a montré que nous pouvons intentionnellement éduquer notre mental à travers des pratiques méditatives et accroître ainsi l’activité de régions et de circuits de nos cerveaux non seulement dans le domaine de la concentration et de l’attention, mais aussi dans le domaine de l’empathie, de la compassion et du bien être émotionnel. De tels exercices peuvent même modifier la structure physique du cerveau ». A cet égard de nombreuses recherches ont été effectuées sur les effets de la méditation de moines bouddhistes et aussi de religieuses carmélites. Ces recherches mettent en évidence un effet majeur sur le fonctionnement et la structure du cerveau. L’auteur cite le Dalaï Lama : « Le cerveau que nous développons, reflète la vie que nous menons ». Bien évidemment, cette remarque est de portée générale.
Psychosomatique
Dans la même perspective, Mario Beauregard traite de « la connexion entre le corps et l’esprit » qui est le fondement de la médecine psychosomatique. Cette médecine, bien qu’encore trop peu considérée, est aujourd’hui bien connue. Il y a quelques années, Thierry Janssen, dans son livre : « La solution intérieure » (7) mettait à nouveau cette approche en valeur dans une enquête à l’échelle internationale sur la manière d’envisager les rapports entre l’esprit et le corps. L’auteur apporte ici un ensemble de données qui permettent de mieux comprendre les processus correspondants.
Hypnose
Et dans le chapitre suivant, il traite de l’hypnose à partir des recherches qui ont été effectuées sur ce phénomène. Il en explore les effets bénéfiques sur le plan médical. L’auteur voit dans l’hypnose une situation qui permet l’expression d’une force intérieure « En fait, nous ne sommes pas contrôlés par la suggestion hypnotique. Plutôt, l’hypnose peut nous aider à laisser tomber les barrières qui nous empêchent d’utiliser des capacités latentes en nous » (p 132).
Communication extrasensorielle.
Mario Beauregard confirme la réalité des phénomènes psychiques dans lesquels la réalité est appréhendée au delà de l’espace et du temps. Et comme dans la plupart de ses chapitres, il commence son exposé en nous proposant des études de cas. Et ici, il s’agit des performances d’un jeune homme recruté par les services de renseignement américains, qui, à distance, a perçu des situations et fourni des informations dont on a pu vérifier la réalité.
La recherche dans le domaine de la perception extrasensorielle prouve que nous pouvons recevoir de l’information à travers l’espace et le temps sans utiliser nos sens ordinaires. L’Esprit peut également influencer à distance de la matière et des organismes vivants. Ainsi, si aucune théorie ne permet aujourd’hui d’expliquer cette catégorie de phénomènes, il y a désormais un grand nombre de données expérimentales à ce sujet. L’auteur fait appel à la physique quantique pour apporter un début d’éclairage : « La physique classique décrit l’univers comme un ensemble d’éléments isolés les uns des autres.Mais la physique quantique a montré que l’univers est fondamentalement « non local » : les particules et les objets physiques qui paraissent être isolés et séparés sont en fait profondément interconnectés indépendamment de la distance » (p 154). Mais cette explication est insuffisante, car elle ne prend pas en compte les aspects psychologiques. En fait, « les phénomènes psy ont de profondes implications pour notre compréhension du rôle de l’esprit et de la conscience dans l’univers. Ces phénomènes suggèrent que l’esprit joue un rôle fondamental dans la nature et que la psyché et le monde physique ne sont pas radicalement séparés » (p 155).
Expériences aux frontières de la mort.
Le phénomène des « near-death experiences » (NDR), en français désigné sous le terme : « les expériences de mort imminente » (EMI), est aujourd’hui connu par un vaste public, car il a fait l’objet, depuis plusieurs décennies, d’une abondante littérature. Très tôt, avec la parution du livre du psychiatre américain, Raymond Moody : « La vie après la vie » (8), des exemples impressionnants et vraisemblables nous ont été apportés. Aujourd’hui, la recherche à ce sujet se fait de plus en plus rigoureuses, comme en témoigne la parution récente du livre d’un chirurgien néerlandais : Pim Van Lommel : « Consciousness beyond life. The science of near-death expériences » (9) qui rend compte de recherches scientifiques dont celles menées par l’auteur. Nous n’aborderons pas ici dans le détail les phénomènes correspondants. Voici quelques conclusions de Mario Beauregard au sujet de cet horizon nouveau qui s’offre à nous aujourd’hui : « Les études scientifiques sur les « near-death experiences » réalisées au cours des dernières décennies indiquent que les fonctions mentales les plus élevées peuvent être opérantes indépendamment du corps à un moment où l’activité du cerveau est gravement endommagée ou apparemment absente (lors d’un arrêt cardiaque). Quelques unes de ces études montrent que des gens aveugles peuvent avoir des perceptions véridiques au cours d’une expérience de sortie du corps. Les études sur les expériences aux frontières de la mort suggèrent qu’après la mort physique, l’esprit et la conscience continuent à un niveau transcendant de la réalité… Ce phénomène est incompatible avec la croyance de beaucoup de matérialiste selon laquelle le monde matériel serait l’unique réalité » (p 181-182). Le contenu de ces expériences n’est pas moins important puisqu’il véhicule généralement amour et paix.
Expériences mystiques.
Le dernier chapitre du livre porte sur les expériences mystiques. Elles sont caractérisées par une expansion de la conscience bien au delà des limites habituelles de nos corps et de nos égos, et au delà du concept quotidien de l’espace et du temps » (p 185). D’après le philosophe britannique, Walter Stace, ces expériences ont pour traits communs « la perception d’être un à l’infini, une vie sans faille, englober toute chose, des sentiments de paix, le bonheur et la joie, l’impression d’avoir touché au fondement ultime de la réalité (quelque fois identifié avec Dieu) et une transcendance de l’espace et du temps » (p 185). Les expériences mystiques peuvent être extraverties ou intraverties. Dans le premier cas, les réalités terrestres continuent à être perçues à travers les sens physiques, mais elles sont alors transfigurées par une conscience de l’unité qui brille à travers elles. Dans les formes extraverties, le « petit soi » ordinaire s’évanouit momentanément et revient transformé. « Il y a une union temporaire avec le tout, un sentiment d’unité avec toutes choses dans l’univers, la découverte que le fondement de l’être est à l’origine de la vie. On a pu parler à ce sujet de conscience cosmique » (p186). Dans la même perspective, le livre récemment publié par David Hay : « Somethingthere » rapporte une collecte d’expériences mystiques intervenues dans la quotidien telle qu’elle a été initiée par Alister Hardy, un autre chercheur britannique. Il a travaillé à partir de là sur le concept de spiritualité (10).
Mario Beauregard met en évidence la diversité des cadres et des situations dans lesquelles ces expériences peuvent survenir. Elles peuvent se produire en rapport ave une absorption de drogues. « Je suis d’accord avec Henri Bergson et Aldous Huxley que l’activité habituelle du cerveau joue un rôle de filtre qui, généralement, nous rend inconscient du fondement de l’être » (« Ground of being »). Les barrières seraient levées par certaines substances. Mais dans l’ensemble, le phénomène apparaît bien plus vaste et mystérieux. Chez ceux qui les ont vécues, les expériences mystiques produisent une transformation profonde dans leur vie ultérieure : un sens de la vie nouveau, un bien être psychologique. On a pu observer des changements analogues après certaines expériences aux frontières de la mort (11).
L’émergence d’une conscience nouvelle.
A la fin de son livre, dans sa conclusion, Mario Beauregard évoque « un grand changement dans la conscience » (« A great shift inconsciousness »). En effet, à partir de champs d’étude différents, toutes ces recherches convergent dans la mise en évidence de la réalité et de la puissance de l’esprit humain et, au delà, de la réalité d’un univers spirituel qui nous dépasse infiniment : « Nos esprits peuvent être extrêmement puissants, bien plus puissants que nous pouvions l’imaginer il y a quelques décennies » (p 208). Ces facultés peuvent dépasser les contraintes habituelles à l’espace et au temps. Les expériences aux frontières de la mort mettent en évidence que l’esprit a une certaine autonomie par rapport à l’activité cérébrale. La composante mystique des expériences aux frontières de la mort montre qu’elles comportent un accès à de nouveaux univers de réalité, indépendamment du cerveau. Et, de même, les récits des expériences mystiques ouvrent nos yeux à une nouvelle vision de l’univers et de la place de l’être humain dans celui-ci. Pour interpréter ces données en termes scientifiques, Mario Beauregard fait appel aux apports de la physique quantique qui change notre perception de la réalité matérielle.
Son livre nous introduit dans un nouveau paradigme, une transformation révolutionnaire de notre représentation de l’être humaine et cette transformation intervient à partir de données scientifiques, qui, par delà les particularités sociales et culturelles, ont une portée universelle. Mario Beauregard, dans l’enthousiasme de cette découverte, proclame les aspects positifs de ce grand mouvement de la conscience. Il y voit une affirmation de la dignité de l’homme, une ouverture à des valeurs positives comme la compassion, le respect et la paix. Rejoignant la définition de la spiritualité qui nous est apportée par David Hay comme « une conscience relationnelle », Mario Beauregard nous dit que lorsque le mental, l’esprit et la conscience sont reconnus comme une réalité unifiée, « nous sommes connectés à nous-même, aux autres, à notre planète et à l’univers » (p 214).
Une esquisse de questionnement théologique.
La vision qui nous est présentée par Mario Beauregard bouscule les thèses matérialistes qui remontent au XIXè siècle. Mais sa nouveauté radicale interpelle aussi tous ceux qui réfléchissent à la place de l’être humain dans l’univers, philosophes, théologiens, mais aussi les chercheurs travaillant dans des champs scientifiques différents. Cette vision appelle une réflexion interdisciplinaire. Elle requiert également une recherche théologique. Nous situant dans une perspective chrétienne, voici quelques questions qui nous semblent appeler réflexion, en sachant, au départ, qu’en milieu chrétien, la réception de cette vision sera différente selon les mentalités. Les représentations nouvelles qui nous sont proposées par le livre de Mario Beauregard induisent de nombreux questionnements en rapport notamment avec la conception de l’homme, la manifestation du bien et du mal, la perception et la représentation de Dieu, la destinée humaine, la manière dont nous percevons le temps où nous vivons.
Le livre de Mario Beauregard met en valeur la dignité de l’homme. La personnalité de celui-ci n’est pas déterminée par des conditionnements biologiques. Non seulement, il a une part de liberté, mais les recherches mettent en valeur le potentiel considérable dont il dispose pour exercer une influence sur ces conditions de vie. L’esprit humain se voit reconnaître une capacité d’intervention jusque là inenvisageable, par exemple, dans certains cas, une communication qui peut s’exercer au delà des limites habituelles de notre corps. Au total, il y a là une mise en valeur de la puissance de l’esprit humain. Bien sûr, en contrepartie, la responsabilité humaine est alors davantage engagée. Car, si puissance il y a, il est d’autant plus nécessaire qu’elle s’exerce au service du bien. C’est dire que l’homme a besoin d’une inspiration bénéfique. Cependant, par delà cette interrogation, cette vision est susceptible de contrarier et d’inquiéter tous ceux qui portent sur l’homme un regard globalement négatif et pessimiste. Ainsi, dans le monde chrétien, elle se heurte à un courant de pensée enraciné dans une forme de pensée théologique qui met l’accent sur l’impact destructeur du péché originel et la corruption de la nature humaine qui en serait résultée. Cette tradition, apparue au début de la chrétienté s’est longtemps poursuivie en son sein. D’autre part, la représentation de Dieu intervient parallèlement. S’il est envisagé selon l’image des monarques dominateurs de l’Antiquité et non comme un Dieu trinitaire, communion d’amour qui appelle à la participation des êtres humains, alors on sera enclin à ne pas encourager le potentiel humain. Encore aujourd’hui, dans certains milieux, la puissance de Dieu paraît mieux valorisée si l’on pose en comparaison la faiblesse de l’homme. En regard, la représentation nouvelle de l’homme qui nous est communiquée par Mario Beauregard trouve un éclairage chez les théologiens qui mettent l’accent sur la création de l’homme par Dieu, « à son image et à sa ressemblance » (Genèse 1.26) et dans l’avènement décisif de la venue, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ qui remporte la victoire sur la mort, induit un tournant décisif dans l’histoire de l’humanité et prépare l’avènement d’une création nouvelle dans laquelle Dieu sera « tout en tous ». Comme le montre Jürgen Moltmann dans son livre : « L’Esprit qui donne la vie » (12), Dieu est à la fois transcendant et immanent. L’Esprit de Dieu est à l’œuvre dans la création. L’homme s’inscrit dans cette création et est appelé à y participer.
Dans cette perspective, si le mal est encore bien actif dans ce monde, la dynamique de Dieu porte la vie. Et nous sommes appelés à y participer selon les capacités qui nous sont données et dont nous voyons, à travers ce livre, qu’elles dépassent ce qu’on imaginait jusqu’ici. Et d’autre part, « Dieu est le créateur des choses visibles et invisibles ». Nous sommes appelés à dépasser une opposition tranchée entre naturel et surnaturel. C’est-à-dire, en termes caricaturaux, ce qui relèverait de l’homme et ce qui relèverait de Dieu. La découverte de capacités nouvelles accessibles à l’homme ne s’oppose pas à la puissance de Dieu, mais elle en est le reflet et elle s’inscrit dans l’œuvre de l’Esprit. Si cette vision nouvelle va à l’encontre des interdits qui avaient pu s’installer dans une inquiétude allant de pair avec l’ignorance, elle appelle au contraire une participation accrue des chrétiens à l’œuvre de l’Esprit qui devraient trouver dans la conscience du potentiel humain, un encouragement pour manifester cette oeuvre avec force par exemple dans le domaine de la guérison.
D’autre part, les recherches dont Mario Beauregard dresse le bilan dans le domaine des expériences aux frontières de la mort, mais aussi dans le champ des expériences mystiques, nous apporte, à travers des données empiriques, une représentation du « divin » et une perception des rapports entre le « divin » et l’humain. Cet apport appelle un approfondissement de la réflexion théologique. L’histoire nous montre le parcours des représentations de Dieu à travers les siècles dans le monde chrétien. On peut y observer des contrastes et des évolutions. Jésus nous communique une vision de Dieu comme un Etre qui se révèle dans la tendresse de l’appellation : « Papa » et comme le Père miséricordieux qui accordent à tous les hommes les bienfaits de la création : le soleil et la pluie (Matthieu 5.45). A travers son ministère terrestre, sa mort et sa résurrection, Jésus-Christ remporte la victoire sur le mal et ouvre les portes d’un univers nouveau dans lequel Dieu sera « tout en tous ». Ces quelques notations ont simplement pour but d’évoquer la bonté et la puissance infinie de Dieu telles qu’on peut en trouver une approche chez certains théologiens. La vision du « divin », qui nous est communiquée par Mario Beauregard rejoint l’approche de ces théologiens. Les expériences du « divin » sont essentiellement des manifestations d’amour et de paix. Et elles sont accordées, sans discrimination, à des hommes et des femmes issus d’univers culturels et religieux très variés. Elles se manifestent ainsi comme un don de Dieu, en terme de grâce selon le vocabulaire chrétien. C’est une réalité qui va à l’encontre de tout exclusivisme dans lequel certains voudraient attribuer aux chrétiens la propriété des œuvres du Saint Esprit et une emprise sur l’horizon du salut. Il n’est pas de notre compétence de rendre compte ici des orientations de la théologie contemporaine. On trouvera sur ce site les apports plusieurs théologiens qui interviennent sur cette question : William Davies dans « Spirit without frontiers » (L’Esprit sans frontière) (13), Brian McLaren dans « Generous orthodoxy » (« Orthodoxie généreuse ») (14) et Jürgen Moltmann dans l’ensemble de son œuvre (15). David Hay, dans son livre : « Something there » (10) inscrit la démarche de sa recherche dans une perspective analogue : suivre attentivement la manière dont l’Esprit s’exprime aujourd’hui.
Certains peuvent s’interroger sur la spécificité chrétienne. Il nous paraît que les chrétiens sont appelés à accompagner les manifestations du « divin », de la « conscience cosmique », par une réflexion inspirée par la Parole Biblique qui permettra aux personnes concernées d’avancer dans l’interprétation de ce vécu. Un bel exemple nous en est donné par l’itinéraire de Wolfhart Pannenberg qui, incroyant à l’époque, a vécu dans sa jeunesse une expérience mystique. Celle-ci a suscité en lui une recherche qui a débouché sur une entrée dans la foi chrétienne et une œuvre de théologien qui apparaît comme particulièrement significative. Mais il y a aussi une manière de vivre ces expériences dans laquelle il y a immédiatement un rapport direct et réciproque entre le vécu et une foi chrétienne déjà présente. La foi est nourrie et éclairée par l’Esprit Saint tel qu’il se manifeste dans ces expériences. Celles-ci sont vécues dans une dimension personnalisée : une relation avec Jésus-Christ. Les exemples sont innombrables, et, proche de nous à Témoins, ce rapport entre l’expérience et la Parole s’exprime bien dans le vécu d’Odile Hassenforder tel qu’elle l’exprime dans le livre : « Sa présence dans ma vie » (16). Le récit de sa guérison, expérience fondatrice qui s’accompagne d’un vif ressenti de l’amour de Dieu, témoigne de la manière dont cette expérience illumine et éclaire sa compréhension de la Parole. « Dieu se manifestait à moi par l’amour qui m’envahissait. Je me suis sentie aimée au point où cet amour débordait de moi sur tous ceux que je rencontrais… J’avais demandé la vie. Je l’ai reçu en abondance, bien au delà de ce que je pouvais imaginer : la vie éternelle… Je suis née à la vie de l’Esprit, je suis entrée dans l’univers spirituel… « Le Royaume de Dieu » dit Jésus. Ce fut une révélation pour moi… La trinité devenait une réalité aussi naturelle qu’avoir des parents… Jésus, par sa mort et sa résurrection, m’a tirée de la mort où m’entraînait le mal, pour me donner la vie éternelle en me réconciliant avec le Père… J’avais soif d’en connaître davantage. Je lisais ma Bible, surtout le Nouveau Testament. Et assez curieusement, je comprenais des choses qui m’étaient jusque-là restées hermétiques… » (p 34).
Le livre de Mario Beauregard s’inscrit dans un contexte nouveau culturel et spirituel. Dans la recherche, particulièrement dans le domaine des sciences humaines, le choix d’un sujet d’investigation, l’attention qui lui est portée, la démarche suivie ne sont pas sans rapport avec des transformations plus générales dans les manières de voir et de sentir. Dans bien des domaines, il y a des pionniers qui se heurtent d’abord à l’incompréhension, et puis, à un moment, le climat change et la même problématique commence à déboucher. Parallèlement des recherches nouvelles ébranlent les anciennes certitudes et un nouveau paradigme émerge. Dans un livre récent : « The future of faith » (17), le théologien américain Harvey Cox, rapportant le bilan de plusieurs décennies de recherche, évoque l’apparition d’un « âge de l’Esprit » où l’expérience a une place majeure. Sur le registre scientifique des neurosciences, la recherche de Mario Beauregard correspond et contribue à un changement dans notre conception du monde et notre regard sur la vie. Dans cette période de mutation culturelle où nous vivons, nous sommes appelés à discerner « les signes des temps » (18)
Jean Hassenforder
(1) Sur le blog : Vivre et espérer : « les expériences spirituelles » :
(2) Beauregard (Mario), O’Leary (Denyse). Du cerveau à Dieu. Plaidoyer d’un neuroscientifique pour l’existence de l’âme. Guy Trédaniel, 2008. Mise en perspective sur le site de Témoins
(3) Beauregard (Marion). Brain wars. The scientific battle over the existence of the mind and the proof that will change the way we live our lives. Harper Collins, 2012. Nous reprenons ici la mise en perspective de ce livre (« la dynamique de la conscience et de l’esprit humain ») réalisée pour le site de Témoins, actuellement (mars-avril 2016) en réfection, et en conséquence, non accessible. Ce texte renvoie aux pages de ce livre, depuis lors traduit en français. Sur ce blog, une présentation du livre de Mario Beauregard : « Potentiel de l’esprit humain et dynamique de la conscience » : https://vivreetesperer.com/?p=737
(4) Beauregard (Mario). Les pouvoirs de la conscience. Comment nos pensées influencent la réalité. Interéditions Dunod, 2013
(5) Fondée en 1995 sous l’impulsion de Jean Staune et de Jean-François Lambert, L’Université interdisciplinaire de Paris (UIP) a joué un rôle pionnier dans le développement d’une vision du monde prenant en compte démarche scientifique et démarche de foi en organisant colloques et rencontres dans une perspective internationale et interdisciplinaire. Site : http://uip.edu Jean Staune est l’auteur de deux best-sellers, « Les clés du futur » qui analyse les mutations de la société sous les angles, technologique, sociologique, scientifique et économique, et « Notre existence a-t-elle un sens ? » qui parcourt à la fois les sciences de l’univers, de la matière, de la vie, de la conscience pour analyser les implications philosophiques et métaphysiques des découvertes scientifiques contemporaines . Voir : http://www.jeanstaune.fr
(6) « Pour une approche intégrale de la conscience » : intervention sur YouTube de Mario Beauregard, neurologue, chercheur à l’Université d’Arizona (USA) :
(8) Moody (Raymond). La vie après la vie. Laffont, 1977
(9) Van Lommel (Pim). Consciousness beyond life. The science of near-death experiences. Harper Collins, 2010. Présentation sur le blog : Vivre et espérer : « les expériences spirituelles telles que les « near-death experiences ». https://vivreetesperer.com/?p=670
(10) Hay (David). Something there. The biology of the human spirit. Darton, Longman, Todd, 2006. Sur le site de Témoins : « La vie spirituelle comme une « conscience relationnelle ». Une recherche de David Hay sur la spiritualité d’aujourd’hui ».
(11) « Les expériences spirituelles telles que les « near-death expériences ». Quels changements de représentations et de comportements ? » Article sur le blog : Vivre et espérer.
(12) Moltmann (Jürgen). L’Esprit qui donne la vie. Cerf, 1999. Présentation de la pensée théologique de Jürgen Moltmann sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie ».
(13) Davies (William R). Spirit without mesure. Charismatic faith and practice. Darton, Longman and Todd, 1996. Sur le site de Témoins : « Une ouverture théologique pour le courant charismatique ».
(16) Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Empreinte, Temps présent, 2011. Des passages de ce livre ont fréquemment été présentés sur ce blog : Vivre et espérer
(17) Cox (Harvey). The future of faith. Harper, 2009 Sur le site de Témoins : « Quel horizon pour la foi chrétienne ? « The future of faith » par Harvey Cox »
(18) Parole de Jésus sur les signes des temps : Matthieu 16.3. Sur le site de Témoins : « Les signes des temps. Comprendre notre environnement culturel et pratiquer une théologie du quotidien »
Dans bien des circonstances de notre vie, face aux menaces qui surgissent et font irruption dans notre existence, nous ressentons désarroi, peur, angoisse. C’est le moment de nous rappeler que nous ne sommes pas seul. Le croyant peut se confier à Celui qui est présence d’amour et puissance de vie.
A travers les médias, nous sommes confrontés aux souffrances et aux inquiétudes répandues dans le monde. Là aussi, nous avons besoin d’une inspiration qui puisse nous éclairer. Et combien cette inspiration est-elle nécessaire pour les dirigeants engagés dans la conduite des affaires du monde ! C’est là que le témoignage de Barack Obama comme président des Etats-Unis, est particulièrement précieux. Confronté à des situations parfois redoutables, il s’est récemment exprimé sur sa pratique de la prière, dans le cadre du « National Prayer Breakfast » (1). Il a ouvert son intervention en citant un verset biblique (2 Timothée 7), puis en le commentant à partir de son expérience personnelle : « Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de peur, mais un esprit de puissance, d’amour et de sagesse » (« For God has not given us a spirit of fear, but of power and of love and of a sound mind ».
« La peur peut nous entrainer à tomber dans le désespoir, la paralysie ou le cynisme »
« Nous vivons à une époque extraordinaire », nous dit Barack Obama. C’est une période où « le changement est extraordinaire » et il en mesure les avantages, mais aussi les menaces et les dangers. « Il y a un écart qui donne le vertige entre les gens dans le besoin et ceux dans l’abondance. Nous pouvons craindre la possibilité non seulement que le progrès soit en perte de vitesse, mais que, peut-être, nous ayons davantage à perdre. Et la peur produit des choses étranges. La peur peut nous pousser à nous en prendre à ceux qui sont différents… Elle peut nous entrainer à tomber dans le désespoir, la paralysie ou le cynisme. La peur peut nourrir nos penchants les plus égoïstes et éroder les solidarités communautaires ». Et « la peur est une émotion primitive dont chacun de nous fait l’expérience. Elle peut être contagieuse, en se répandant à travers les sociétés et les nations. Et si nous nous laissons entrainer, les conséquences de cette peur peuvent être pires que toute menace extérieure ». Voici un diagnostic qui fait écho aux menaces que nous percevons aujourd’hui dans certaines attitudes politiques. Et cela vaut aussi pour les extrémismes religieux.
« Pour moi, la foi est un grand remède à la peur »
Sur ce blog, à travers la présentation d’un dialogue ente Barack Obama et le Pape François, nous avons pu dégager de grandes orientations communes qui s’inspirent des valeurs de l’Evangile (2). Aujourd’hui, Barack Obama nous fait part de la force intérieure qu’il trouve dans la prière et qui lui permet d’assumer des responsabilités considérables. C’est un homme authentique qui ose parler, non seulement de ses convictions, mais de ses émotions personnelles.
« Pour moi, la foi est le grand remède à la peur. Jésus est un bon remède à la peur. Dieu donne aux croyants la puissance, l’amour et la sagesse requises pour vaincre la peur… N’est-ce pas dans cette époque changeante et tumultueuse que nous avons besoin de sentir Jésus se tenir à coté de nous, affermissant nos esprits, purifiant nos cœurs et nous montrant ce qui importe vraiment… Son amour nous donne le pouvoir de résister à la tentation de la peur. Il nous donne le courage pour rejoindre les autres par delà ce qui divise plutôt que de les rejeter. Il nous donne le courage d’aller à l’encontre des conventions pour défendre ce qui est juste, même quand ce n’est pas populaire, le courage de résister non seulement à nos ennemis, mais parfois à nos amis. Il nous donne la force de nous sacrifier pour une cause qui nous dépasse… ou pour prendre des décisions ardues en sachant que nous pouvons seulement faire de notre mieux. Moins de moi, plus de Dieu. Et ensuite, d’avoir le courage d’admettre nos échecs et nos péchés tout en nous engageant à apprendre de nos fautes et en essayant de faire mieux… Certainement, durant le temps de cet immense privilège pour moi de servir comme président des Etats-Unis, c’est ce que la foi m’a apporté. Elle m’aide à faire face aux craintes quotidiennes que nous partageons tous ». Et le président de mentionner avec humour les inquiétudes liées au départ des grands enfants du foyer familial.
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(discours d’Obama à partir d’1h48)
« La foi m’aide à traiter des affaires qui sont propres à ma fonction »
« Chaque jour, nous craignons de ne plus avoir une vue claire du dessein de Dieu. Nous cherchons à voir comment nous nous inscrivons dans son projet. Et puis la foi m’aide à traiter des affaires qui sont propres à ma fonction. Comme Nelson Mandela l’a une fois déclaré : « J’ai appris que le courage n’était pas l’absence de la peur, mais la victoire par rapport à celle-ci. L’homme brave n’est pas celui qui n’éprouve pas la peur, mais celui qui la surmonte ». Et certainement, il y a des moments où je dois me répéter cela dans l’exercice de mes fonctions ».
Barack Obama évoque quelques défis qu’il a du affronter. « Comme chaque président, comme chaque dirigeant, comme chaque personne, j’ai connu la peur. Mais ma foi me dit que je n’ai pas à craindre la mort, que l’acceptation du Christ me promet la vie éternelle et le pardon des péchés. Si l’Ecriture m’enseigne à « porter la pleine armure de Dieu » pour que je sois capable de résister lorsque vient la tourmente, alors certainement je peux faire face à des aléas temporaires, certainement je puis combattre les doutes, je puis me mettre en action ».
« Ce que j’ai vu chez tant d’entre vous, ce Dieu que je vois en vous, cela me rend confiant dans l’avenir »
Mais la foi de Barack Obama n’est pas une foi solitaire. Elle s’inscrit dans une communion. « Et si ma foi vacille, si je perd mon chemin, je puise ma force, non seulement chez ma remarquable épouse, non seulement chez des amis et des collègues exceptionnels, mais aussi de tous ceux dont je suis témoin et qui, à travers ce pays et à travers le monde, de bonnes gens de toutes confessions, réalisent chaque jour le travail du Seigneur en s’appuyant sur sa puissance, son amour et sa sagesse pour nourrir ceux qui ont faim, guérir les malades, enseigner nos enfants et accueillir l’étranger ». Barack Obama évoque des exemples d’action humanitaire entreprises par des croyants à travers le monde, cette « marche d’espérance vivante » (« This march of living hope », ainsi dénommées par le Pape François.
Et puis, « il y a encore davantage : l’effort moins spectaculaire, plus tranquille des communautés croyantes simplement pour aider les gens. Voir Dieu dans les autres. Et nous sommes poussés à faire cela parce que nous croyons à ce que tant de nos confessions de foi nous enseignent : Je suis le gardien de mon frère, je suis le gardien de ma sœur. Comme chrétiens, nous sommes poussés par l’Evangile de Jésus : le commandement d’aimer Dieu et de nous aimer les uns les autres ». Ainsi, « oui, comme chacun d’entre nous, il y a des moments où j’ai peur. Mais, ma foi, et encore plus ce que j’ai vu chez tant d’entre vous, ce Dieu que je vois en vous, cela me rend confiant dans l’avenir. J’ai vu tant de gens qui savent que Dieu ne nous a pas donné un esprit de peur. Il nous a donné puissance, amour et sagesse ».
Deux histoires qui nous parlent de foi, d’amour et de courage
Barack Obama achève son exhortation en racontant deux histoires qui nous parlent de foi, d’amour et de courage.
Il évoque ainsi un sergent fait prisonnier par l’armée allemande, avec d’autres soldats américains, pendant la dernière guerre mondiale. Les allemands voulaient identifier les soldats juifs. Au lieu de désigner ses camarades juifs, le sergent réunit tous les soldats et, malgré la menace de mort d’un officier nazi, il répéta : « Nous sommes tous juifs ». « Ainsi, à travers cette lumière morale, à travers un acte de foi, le sergent Edmonds a sauvé tous ses frères d’arme juifs ».
La seconde histoire est celle d’un musulman américain rencontré par Barack Obama lors de sa récente visite à la mosquée de Baltimore. Rami Nashashibi est travailleur social à Chicago où il collabore avec différentes communautés et églises. Il a raconté à Obama comment, se promenant dans un parc avec ses enfants, après la tuerie de San Bernardino commise par des terroristes islamistes, il avait hésité à prier publiquement selon le rite musulman des cinq prières quotidiennes. Sa fille lui avait demandé pourquoi il ne priait pas comme il le faisait habituellement. Alors, il s’était souvenu des nombreuses fois où il avait raconté à ses enfants la marche pour les droits humains et la justice, effectuée dans ce parc, par Martin Luther King et le rabbin Robert Marx. « Et alors, à ce moment, puisant du courage dans le souvenir de l’action de ces hommes de différentes religions, Rami a refuser d’enseigner la peur à ses enfants ». Il a déployé son tapis de prière et il a prié.
« Ces deux histoires », rapporte Barack Obama, « me donnent du courage et de l’espoir. Et elles m’édifient dans ma propre foi chrétienne ».
Ainsi, la prière de Barack Obama se déploie en communion avec tous ceux qui recherchent la paix, la justice, la bonté. C’est un état d’esprit qui fait écho à la parole d’une épitre : « Portez votre attention sur ce qui est bon et digne de louange, sur tout ce qui est vrai, respectable, juste, pur, agréable et honorable » (Philippiens 4.8). C’est une prière qui fortifie et qui porte une dynamique de vie. « Je prie pour que nos dirigeants agissent toujours avec humilité et générosité. Je prie pour que mes défaillances soient pardonnées. Je prie pour que nous remplissions notre devoir d’être de bons serviteurs de la création de Dieu, cette belle planète. Je prie pour que nous voyons chaque enfant comme si c’était le nôtre, chacun digne d’amour et de compassion. Et je prie pour que nous répondions à l’appel de l’Ecriture à aider les gens vulnérables à se relever, à tenir bon en faveur de la justice et à agir pour que chaque être humain vive dans la dignité ».
Grâce à des recherches comme celles de Rebecca Nye (1), nous apprenons aujourd’hui à découvrir la spiritualité del’enfant comme un univers original, original et merveilleux… Pour nous qui sommes devenus adultes, cette découverte nous invite à revisiter notre enfance comme une ressource qui peut nous éclairer et nous inspirer. C’est ce à quoi Rebecca Nye nous encourage lorsqu’elle écrit : « Nous avons vu que la spiritualité de l’enfant et celle de l’adulte ne sont pas complètement distinctes. Elles ont beaucoup en commun. Les enfants deviennent des adultes pour lesquels les expériences avec Dieu pendant l’enfance sont souvent très formatrices. Il serait précieux de vous interroger sur votre propre vie avec Dieu, celle que vous vivez aujourd’hui et celle que vous viviez étant enfant… Une des façons d’être à l’écoute de votre être et, en particulier de votre âme d’enfant est de faire l’inventaire de quelques moments marquants de votre enfance » (p 41).
Un moment d’enfance
Nous voici donc en train de nous remémorer un moment d’enfance. Dans cette enfance environnée par la guerre et finalement protégée, il y a eu bien des moments heureux. Cependant, dans la réévocation d’une histoire spirituelle, il y a un événement qui est toujours revenu à ma mémoire. C’est un moment où, dans le mouvement de ce qui était alors la « communion solennelle », sans doute au moment où on me prenait en photo, j’ai remis en pensée ma vie à Jésus. Mais quand je me remémore ce printemps 1942, il y a eu finalement une « période sensible » que je découvre comme une oasis à l’orée d’une adolescence inquiète. Mon père était médecin militaire. Fin 1941, on lui confie la direction de l’hôpital Bégin qui accueille des prisonniers de guerre rapatriés pour raison de santé. A Noël 1941, j’arrive donc avec ma mère habiter le grand appartement de fonction qui nous était destiné. Mon père était très bon. Ce fut une grande joie de le retrouver après la séparation de la guerre, puis de son poste à Chateauroux en « zone libre ». Enfant unique, j’étais aussi objet d’affection et d’attention pour mon père, et je me rappelle combien, dans ces mois là, j’ai cherché à l’initier à ma jeune culture, à mes lectures, à mes apprentissages scolaires. Je lui faisais partager mes découvertes avec mon intuition enfantine, source de bonheur pour l’un et pour l’autre. On avait finalement trouvé pour moi à Vincennes une petite école privée destinée à un public de filles, mais où on acceptait un petit groupe de garçons. Le climat était familial et j’en perçois rétrospectivement la douceur. L’hôpital se situait dans un grand parc où je me promenais librement. Dans les beaux jours lorsque des familles s’installaient sur la pelouse, j’aimais jouer avec les plus petits et participer à ce bonheur. Cependant, il me revient aussi la forte mémoire des rencontres que j’ai eu à cette période avec des prisonniers de guerre africains rapatriés pour raison de santé. Je les rencontrais au tournant d’une allée. J’allais vers eux, je leur manifestais ma sympathie, parfois en leur offrant des fleurs cueillis au bord du chemin. Spontanéité et empathie de l’enfance…
Au printemps 1942, il y eut donc cette communion solennelle dans une grande église bondée. Avec papa, j’avais été acheter à Saint Sulpice des images de Jésus, de Marie, de saints et j’en avais tapissé le mur de ma chambre. Et sur la cheminée de ma chambre, initiative quelque peu singulière, j’avais disposé un Ancien et un Nouveau Testament illustrés par des grands dessins peut-être de Gustave Doré. Tous les soirs, j’invitais mon père à venir prier. Je ne me rappelle pas ce qui se disait, mais c’était un vrai élan de foi. Cependant, le point d’orgue de tout ceci, c’est la paix qui m’a imprégné pendant ces quelques semaines alors que j’étais un enfant très peureux, vivant dans la crainte des bombardements. C’est un souvenir très prégnant d’autant que j’ai vécu ensuite à nouveau dans la peur de cette menace. Ce fut donc une oasis par rapport aux craintes et aux tourments qui allaient monter par la suite. Je me souvenais de ce mouvement de mon cœur où j’avais confié ma vie à Jésus… En revisitant cette période, je me rends compte qu’il y a eu là une « période sensible » où amour, confiance et foi se sont conjugués dans mon vécu, un moment de grâce. Et puis les nuages sont arrivés. Le paysage intérieur s’est brouillé. Des années difficiles ont suivi.
Enfance : nos racines
A la suite de l’invitation de Rebecca Nye dans son livre sur « la spiritualité de l’enfant », nous nous sommes donc engagés dans cette exploration de la mémoire en faisant le choix de ce moment d’enfance. Certes, nous avons chacun une relation différente avec les différentes étapes de notre vie. Et de telle ou telle période, on peut garder des souvenirs qui, pour les uns, ont besoin d’être guéris (2), et qui, pour les autres, nous porteront. Pour moi, si l’adolescence a été souffrante, je puis entrer dans la vision d’Antoine de Saint-Exupéry lorsqu’il écrit dans « Pilote de guerre » (1942) : « D’où suis-je ? Je suis de mon enfance comme d’un pays ». Cette dynamique nous paraît correspondre à l’émerveillement que suscite le livre de Rebecca Nye.
A travers les expériences positives qui transparaissent dans nos vies, sachons apprécier l’œuvre de l’Esprit, et, par delà, sa puissance de guérison et de transformation dans l’immédiat et dans la durée (4).
(2) Lecomte (Jacques). Guérir de mon enfance. Odile Jacob, 2004
(3) Nous renvoyons ici à nouveau à la pensée théologique de Jûrgen Moltmann : Moltmann (Jürgen). De commencements en recommencements. Une dynamique d’espérance. Empreinte Temps présent, 2012. Sur ce blog : « Une dynamique de vie et d’espérance » : https://vivreetesperer.com/?p=572
Mise en perspective de la pensée théologique de Jürgen Moltmann sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : http://www.lespritquidonnelavie.com