Une vision politique. Des chemins qui convergent. Une œuvre de l’Esprit.
Dans ce monde où les menaces abondent, y a-t-il des hommes en responsabilité inspirés par l’Esprit pour chercher et promouvoir les voies de la paix et de la justice ? La réponse est positive, et, dans certains cas, elle apparaît au grand jour, quelque soit la subjectivité de notre regard.
Les troubles qui affectent notre humanité sont liés, pour une part, au manque de sens. Mais légitimement, on attend authenticité et empathie de ceux qui peuvent répondre à cette question du sens.
Et voici que dans une institution où on perçoit, pour le moins, des aspects archaïques, un homme apparaît qui échappe au formalisme et s’affirme comme un homme en relation, simple, attentif et bon. Alors ses paroles portent, d’autant qu’elles sont engagées pour la paix et la justice. C’est le pape François.
Dans un passé récent, on a vu les dégâts entraînés par une politique dominatrice lorsqu’elle émanait d’une grande puissance. C’est dire la responsabilité des peuples lorsqu’ils choisissent leurs dirigeants. Nous savons ce qu’il y a de meilleur dans la tradition politique américaine, mais nous voyons également les menaces du pire qui existent dans ce pays, comme dans tout autre et qui sont d’autant plus à considérer qu’il exerce une influence majeure dans le monde. C’est pourquoi, nous avons salué l’accès de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis (1). Et quelque soient ses limitations, nous voyons en lui, non seulement un homme intelligent, mais un homme de bonne volonté qui porte des valeurs morales et spirituelles (2).
Le pape François vient d’être accueilli par le président Obama à Washington. Nous ne nous étendrons pas sur cette visite abondamment couverte par les médias. Nous voulons simplement présenter ici quelques unes des paroles de Barack Obama à l’intention du pape François lors de la rencontre publique qui a marqué l’accueil de celui-ci à la Maison Blanche. En effet, ces mots nous parlent à la fois de celui qui les prononce et de celui qui les reçoit. Et ils nous parlent à nous aussi, et comme nous le ressentons, à notre cœur profond et à notre intelligence.
Voici donc quelques extraits du message d’accueil du président Obama (3)
« Je crois, Saint Père, que l’excitation suscitée par votre visite, doit être attribuée non seulement au rôle que vous jouez comme pape, mais à vos qualités uniques en tant que personne. Dans votre humilité, votre simplicité, dans la gentillesse de vos paroles et la générosité de votre esprit, nous voyons en vous un exemple vivant des enseignements de Jésus, un leader dont l’autorité morale ne vient pas juste à travers des paroles, mais aussi à travers des actions.
Vous nous appelez tous, catholiques et non catholiques, à mettre « le moindre de ces petits » au centre de nos préoccupations. Vous nous rappelez qu’aux yeux de Dieu, notre valeur comme individu, et notre valeur comme société, ne sont pas déterminées par la richesse, le pouvoir, la position ou la célébrité, mais par la manière dont nous répondons à l’appel de l’Ecriture d’élever les pauvres et les marginaux, de lutter pour la justice et contre les inégalités, et d’assurer à chaque être humain la possibilité de vivre dans la dignité, parce que nous sommes tous faits à l’image de Dieu.
Vous nous rappelez que le plus grand message du Seigneur est la miséricorde. Cela veut dire accueillir l’étranger avec empathie et un cœur vraiment ouvert, depuis les réfugiés qui fuient un pays déchiré par la guerre jusqu’aux immigrants qui quittent leur foyer en quête d’une vie meilleure. Cela veut dire montrer de la compassion et de l’amour pour les marginalisés et les rejetés, pour ceux qui ont souffert et pour ceux qui ont causé de la souffrance et cherchent une rédemption. Vous nous rappelez le coût des guerres, particulièrement pour les gens faibles et sans défense et vous nous pressez à rechercher la paix……..
Vous nous rappelez que les gens ne sont vraiment libres que quand ils peuvent pratiquer leur foi. Ici, aux Etats-Unis, nous chérissons la liberté religieuse. C’est le fondement de tant de choses qui nous rassemblent. Mais, dans le monde, en ce moment même, des enfants de Dieu, y compris des chrétiens, sont ciblés et même tués en raison de leur foi… Les fidèles sont emprisonnés et les églises détruites. Nous nous dressons avec vous pour défendre la liberté religieuse et promouvoir le dialogue interreligieux en affirmant que les gens doivent pouvoir vivre librement leur foi sans peur et sans intimidation.
Vous nous rappelez le devoir sacré de protéger notre planète, ce merveilleux don de Dieu. Nous soutenons votre appel à tous les dirigeants du monde de venir en aide aux communautés les plus vulnérables au changement climatique et de nous rassembler pour protéger ce monde si précieux à l’intention des générations futures.
Par vos paroles et par vos actes, vous apportez en profondeur un exemple moral. Et dans vos rappels empreints de gentillesse, mais fermes de nos devoirs envers Dieu et envers nous-mêmes, vous bousculez notre autosatisfaction. Chacun de nous, par moment, peut ressentir un malaise quand nous voyons la distance entre la manière dont nous menons nos vies quotidiennes et ce que nous savons être vrai et être juste. Mais je crois qu’un tel malaise est une bénédiction, car cela nous amène à aller vers ce qui est meilleur. Vous nous secouez pour sortir notre conscience du sommeil. Vous nous appelez à nous réjouir des bonnes nouvelles et vous nous donnez confiance pour que nous puissions avancer ensemble dans l’humilité et le service et œuvrer pour un monde plus aimant, plus juste et plus libre. Qu’ici chez nous et dans le monde, puisse notre génération entendre votre appel et à ne jamais rester sur la touche de cette marche animée par une espérance vivante.
Pour ce grand don de l’espérance, Saint Père, nous vous remercions et nous vous accueillons aux Etats-Unis d’Amérique avec joie et gratitude ».
Le président Obama et le pape François : des parcours bien différents et pourtant une communion qui tient à une empathie et à une proximité fondées sur des valeurs communes.
Dans l’environnement américain, Barack Obama a pu exprimer en profondeur sa foi chrétienne telle qu’elle se manifeste dans l’exercice de sa fonction. Son allocution nous paraît énoncer en termes forts la manière dont une inspiration chrétienne peut éclairer un homme politique dans le monde d’aujourd’hui tant dans la définition des priorités que dans la conduite de son action. Ce texte témoigne d’une conscience en éveil et d’une grande qualité humaine. Et, dans cette rencontre, une correspondance s’établit ainsi avec le pape François, qui lui-même par les qualités qui lui sont, à juste titre, attribuées, éveille et encourage une telle expression de foi.
Bien sûr, pour l’un comme pour l’autre, cette orientation spirituelle n’exclut pas des limitations ou des erreurs, mais elle appelle le désir de les reconnaître. Certes, dans ce monde, cet idéal se heurte à des oppositions, et pire à la manifestation de la haine et de la violence. Jésus lui-même a été victime de ces forces obscures, mais, à travers sa mort et sa résurrection, il a ouvert une dynamique d’espérance. A ceux qui s’enferment dans le cynisme, on peut objecter qu’il y a aussi chez les hommes une aspiration au bien et une capacité de le reconnaître : « Que votre lumière luise ainsi devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » ( Matthieu 5.15), nous dit Jésus. Dans un monde fragile, cette rencontre de deux personnalités influentes, chacune dans son ordre, nous paraît témoigner de l’œuvre de l’Esprit qui rassemble les hommes de bonne volonté pour faire face aux menaces et promouvoir une humanité plus solidaire et plus libre.
On pourrait également commenter cette intervention dans une réflexion sur le rapport entre le politique et le religieux. Ce rapport dépend du contexte historique et prend donc une forme spécifique aux Etats-Unis. En France, la séparation entre l’Eglise et l’Etat, advenue en 1905 en réaction contre l’emprise de l’Eglise catholique s’est exprimée dans les termes de la laïcité. Aujourd’hui, en regard des reliquats d’une tonalité antireligieuse présente dans certains cercles, une conception ouverte de la laïcité répondant à l’évolution du socioreligieux et d’une société en recherche de sens est en train de se manifester. A cet égard, le discours de Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, le 4 octobre 2015, aux Etats généraux du christianisme organisés par « La Vie » à Strasbourg, nous paraît tout à fait remarquable et de grande importance. C’est l’affirmation d’une laïcité ouverte, inclusive, fondée sur le respect. C’est une prise en compte par l’Etat de l’apport du spirituel. C’est la reconnaissance de la parenté entre les valeurs républicaines et les valeurs de l’Evangile. C’est une affirmation déterminée de la reconnaissance du fait religieux. Ce discours n’est pas seulement une réflexion sur le passé et le présent, c’est une orientation pour l’avenir et, par là, il nous paraît avoir une portée historique.
Notre vie s’inscrit dans un tissu de relations. J’éprouve ce désir de relation : partager ce qui est bon et beau, reconnaissance mutuelle, bienfait de la présence, accompagnement dans les épreuves. Nous faisons partie d’un tout. Tout se tient. Dans cette interrelation, n’y aurait-il pas plus particulièrement une présence qui entre en relation avec nous en nous manifestant un amour attentif et en nous communiquant une inspiration vivifiante. Nous ne sommes pas seuls dans l’univers. Il y a bien une voix qui cherche à se faire entendre. C’est bien ce que nous dit le récit biblique. Dieu, communion d’amour, s’est révélé dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Il a ouvert une relation qui se poursuit aujourd’hui dans l’Esprit. Cette relation s’exerce dans des formes différentes, entre autres, dans la fréquentation de la Parole Biblique et dans la prière, et elle a besoin de se nourrir de représentations. Qui est Dieu ? Comment lui parler ? Comment le message qui nous est destiné s’inscrit-il dans ce que Dieu nous a déjà communiqué ? Les moments varient. Ce peut être le ressenti d’ « une vie bonne » qui nous invite à exprimer une louange et à participer davantage à la générosité de Dieu. Ce peut être aussi un temps d’épreuve où on est pressé de toute part et où l’horizon paraît bouché. Alors oui, quelle grâce d’entendre une voix qui encourage, qui communique force et confiance !
Parmi les livres qui peuvent nous aider dans cette recherche spirituelle, il y a un recueil de messages inspirés : « Dieu appelle » (1). Ce livre a été publié en Angleterre durant l’entre deux guerres, puis traduit en français par un pasteur qui a joué un rôle important de médiateur culturel. Cet ouvrage a été vendu à un grand nombre d’exemplaires au long des années et il rencontre encore aujourd’hui une réception favorable. Il traverse les frontières confessionnelles. Cette diffusion est un véritable phénomène sur lequel nous reviendrons.
« Dieu appelle » : quel contexte ?
Mais comment ce livre a-t-il été écrit ? C’est ce que nous rapporte le pasteur Géofranc, lui-même traducteur de cet ouvrage dans l’édition française.
« Ce livre n’est pas un livre ordinaire. Le contenu a été reçu par deux humbles femmes qui ont tenu à conserver l’anonymat, plus particulièrement par l’une d’entres elles, d’ailleurs. Elles avaient été amenées à s’unir étroitement pour rechercher quotidiennement les directions d’en haut par l’Esprit, afin d’y conformer ensemble leur vie. Ce livre est donc comme la réponse même de Dieu à leur volonté d’entière et courageuse consécration ».
Géofranc nous éclaire sur le contexte de cette écriture en dissipant les objections qui pourraient être émises à l’égard de cette entreprise. « C’est en invoquant la présence du Christ glorifié, l’Eternel vivant qui a dit à ses disciples : « Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matth 28.20) que ces pages ont été reçues. Mais il ne s’agit aucunement de messages « dictés » ou d’écriture automatique. Il s’agit de ce que le Christ, actuellement vivant et agissant par l’Esprit, peut communiquer d’inspiration pratique, de vive lumière, de directions et d’éclaircissements précis, parfois même d’un enseignement d’une valeur exceptionnelle à des âmes humblement disponibles et qui s’efforcent de l’écouter, en faisant taire devant Lui toutes les voix humaines. On ne cherchera pas dans ces pages une inspiration littérale, ou l’expression infaillible d’une sorte de révélation complémentaire, adaptée à des besoins particuliers. On y cherchera bien plutôt une libre parole de Dieu s’adressant aux âmes sincères. »
Des thèmes privilégiés.
Nous recevons ces paroles dans notre être profond. Elles répondent à telle ou telle aspiration, à tel ou tel besoin. Mais, à tous, elles communiquent un état d’esprit, une manière d’être, un regard. Des thèmes privilégiés reviennent au fil des pages. En voici quelques uns.
C’est un appel à la communion. « Ces haltes avec moi ne sont pas tant des moments où vous devez demander d’être éclairés et conduits que des moments où vous devez vous placer devant moi afin de prendre effectivement conscience de ma présence. Le sarment demande-t-il constamment au cep de lui fournir la sève et de lui montrer dans quelle direction il doit s’orienter. Non, n’est-ce pas ? Cela résulte tout naturellement du fait qu’il est uni au cep… et vous êtes les sarments (Cf Jean 15.1-5)… Ainsi, mes enfants, une seule chose importe vraiment pour vous. C’est d’être unis à Moi. Tout le reste suit d’une façon si naturelle ! Et il suffit souvent, pour que cette union soit réalisée, que vous deveniez conscients de ma Présence » (p 114-115).
C’est un appel à la confiance. « Vous ne sauriez périr mes enfants, car la vie qui vous anime est la Vie de la vie. C’est la Vie, qui, à travers les siècles, a soutenu et gardé mes serviteurs dans le péril, dans l’adversité, dans l’affliction. Une fois que vous êtes nés de l’Esprit (Cf Jean 3.5-6), l’Esprit devient votre souffle de Vie. Vous ne devez donc jamais vous abandonner au doute ou aux soucis, mais avancer pas à pas dans le chemin de la liberté. Ayez soin seulement d’y marcher avec moi » (p116).
C’est un appel à l’amour. « Appelez souvent la bénédiction de Dieu sur les autres, sur ceux en particulier qui vous contredisent et s’opposent à vous ou sur ceux que vous désirez aider. Faites le de tout votre cœur, désireux vraiment de voir se répandre à flot sur eux la bénédiction, la joie et le succès… Quant à leur nécessaire redressement ou formation… remettez-vous à Moi pour les assurer… Ah, si mes enfants voulaient bien ne pas se mêler de mes affaires et s’en tenir à ce que je leur demande ! Aimez donc. Je le répète, aimez encore, aimez toujours. L’amour vous fera surmonter toutes vos difficultés…
Dieu, en qui le mal perd toute réalité, Dieu, en qui le bien, au contraire trouve sa réalité, Dieu est amour. Quand vous vous aimez les uns les autres, vous laissez Dieu agir dans votre vie. Or laisser Dieu agir dans sa vie, c’est permettre à cette vie de répandre tout ce que l’homme peut manifester d’harmonie, de beauté, de joie et de bonheur « p 117-118).
C’est un appel à la prière. « La prière modifie tout. Elle recrée. Elle agit irrésistiblement. Ainsi donc, priez ! Priez sans cesse (I Thess 5-7). Priez jusqu’à ne presque plus formuler de prière parce que vous serez établis sur le roc de la foi absolue… Priez surtout et toujours jusqu’à ce que votre prière culmine en louange. C’est la seule note sur laquelle devrait se terminer la vraie prière. Quand on se tourne vers l’homme : amour fraternel et rire confiant. Quand on se tourne vers Dieu, prière de louange » (p 138).
Ces messages invitent à la joie, à la paix, au calme intérieur. « Toute agitation contrarie le bien. Le calme, par contre, le favorise et prive le mal de ses atouts… Commencez par vous tenir tranquille et sachez que je suis Dieu. Efforcez-vous ensuite de n’agir que sous ma direction. En Dieu, l’on demeure toujours calme. Le calme est la confiance en action. Seule la confiance, une absolue confiance peut assurer le calme… » (p 131-132).
« Soyez remplis de joie. La joie est salutaire. La joie guérit. Réjouissez-vous du moindre rayon de soleil, du moindre sourire, du moindre acte de bonté ou d’amour, du moindre service rendu… Refusez d’être abattu… Aimez et sachez rire. Je suis avec vous . Je porte vos fardeaux… » (p 14-15).
Il y a dans ces messages beaucoup de sagesse : « Ne vous croyez pas tenus de porter les péchés et les souffrances du monde. Pour le faire et vivre, il faut être le Christ. Attachez-vous plutôt à découvrir autour de vous ceux qui font preuve d’amour, de sincérité, de bonté et de courage » (p 180). Ces messages encouragent et orientent vers le positif. « Tout est bien », répète souvent cette voix pour nous rassurer et nous réconforter (cf index).
Parfois, un éclairage original vient corriger des représentations qui ont pu être marquées par des images contraignantes :
« Ce que l’on entend par la « conversion » n’est souvent que la découverte du « Grand Ami ».
Ce que l’on entend par la « religion » est la connaissance du « Grand Ami »
Ce que l’on entend par la « sainteté » est l’imitation du « Grand ami » ou la conformité de nos deux vies.
La « perfection », cette perfection à laquelle j’appelle tous les hommes : « Soyez parfait comme votre Père Céleste est parfait » (Matth 5.48) consiste en somme à être comme votre Grand Ami, afin de devenir à votre tour, un ami semblable pour les autres…
Je suis votre Ami… Songez un peu à tout ce que signifie les termes d’Ami et de Sauveur. Un ami est toujours disposé à venir en aide… Il prévient vos besoins… Sa voix est celle de la tendresse qui trouve les mots pour détendre les nerfs fatigués et pour rassurer l’âme agitée et envahie par la peur… Tachez de vous représenter ce que doit être l’Ami parfait, celui que rien ne décourage, qui se donne sans réserve, qui a triomphé de tout et qui peut tout. Je suis pour vous cet Ami… » (p 180-181).
Quel chemin à parcourir ! Mais, ces paroles ne suscitent pas la culpabilisation ou le découragement, car il nous est simplement demandé d’entrer dans une relation qui porte la Vie. Jésus nous dit que l’arbre se juge à ses fruits. Ici, ce sont les fruits de l’Esprit : « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté… » (Epitre aux Galates 5.22).
Ces écrits sont présentés en terme de méditations quotidiennes. Nous les recevons dans le contexte de nos sensibilités. On peut attendre de ces paroles une transformation progressive de notre mentalité.
Pendant plusieurs dizaines d’années après sa parution, ce livre a été réédité plusieurs fois et continue aujourd’hui son œuvre bienfaisante.
Et son parcours, qui traverse les frontières confessionnelles, est impressionnant. Ce recueil a été publié en Grande-Bretagne. Il a été reconnu et traduit en français par un pasteur, Georges F Grosjean (2). Celui-ci, originaire du Jura suisse, a effectué ses études au Canada, puis a exercé un ministère pastoral en France. Il a fait connaître dans notre pays les fruits d’un renouveau spirituel advenu en Grande-Bretagne dès l’entre-deux guerres. Aujourd’hui, les textes de ce recueil sont présentés sur un site catholique au titre de ce que l’Eglise catholique appelle une « révélation privée » (3).
Cette reconnaissance, par tant de canaux et par tant de lecteurs, est, pour nous, une œuvre de discernement. En recevant ce livre, nous recevons une inspiration, mais nous pouvons également la partager. Des amis proches ont beaucoup reçu de ce livre. Alors, partageons et exprimons aujourd’hui notre reconnaissance. « Silencieusement, letravail de l’Esprit s’accomplit » (p 64).
Des ami(e)s nous ont dit l’apport de ce livre pour eux. Voici à ce sujet le témoignage de Nadine :
« J’apprécie l’esprit des deux livres de méditations quotidiennes : « Dieu appelle » et « Vivre par l’Esprit ». Le matin, je commence ma journée par la lecture de la Bible et par ces méditations. Cette parole pour chaque jour m’encourage dans ma vie chrétienne, elle me donne une ligne directrice pour la journée qui m’aide à demeurer dans le calme et la tranquillité quoiqu’il arrive.
Bien souvent, cette méditation me rejoint dans mon vécu en me préparant aux évènements, en me confirmant une intuition ou en m’éclairant sur un point d’incertitude. Bien souvent aussi, je la reçois, comme la parole même du Seigneur à ce moment là. Deux choses que j’admire chez leurs auteures : leur proximité avec l’Esprit de Dieu et leur choix de ne pas divulguer leur identité. Ces deux livres sont une référence pour moi et m’accompagnent jour après jour ».
La prise de conscience écologique est devenue un enjeu vital pour l’humanité. Manifestement, la menace actuelle n’est pas liée seulement à un dysfonctionnement des comportements. Elle dépend également d’une représentation du monde dans laquelle l’humanité manque de respect pour la nature en s’érigeant en maîtresse et dominatrice. C’est une invitation à nous interroger sur la manière dont nous envisageons la création, le projet de Dieu pour la nature et l’humanité. Comment concevoir le rapport entre notre humanité et la nature ?
Ces questions apparaissent aujourd’hui sur le devant de la scène. Nous voudrions mettre en évidence la convergence de trois approches : celle d’un théologien pionnier en ce domaine : JürgenMoltmann, celle d’un homme d’église ouvert et courageusement novateur, le pape François, celle d’un sociologue qui a développé une prise en compte de la complexité dans une démarche holistique : Edgar Morin. Dans les trois cas, ils ouvrent de voies nouvelles par rapport à des mentalités où l’homme se perçoit comme dominant par rapport à la nature : un christianisme triomphaliste et conservateur ou un scientisme enfermé dans un exclusivisme humain.
Jürgen Moltmann
L’originalité de la pensée de Jürgen Moltmann est mise en évidence en France par un recueil réalisé par Jean Bastaire et publié en 2004 : « Le rire de l’univers. Traité de christianisme écologique » (1). C’est une remarquable anthologie de textes de Moltmann sur cette question. Dans sa recherche pour relier écologie et christianisme, Jean Bastaire nous montre qu’au début du XXIè siècle, cette synthèse était encore loin de s’être réalisée dans le catholicisme français et que la pensée de Moltmann lui a permis d’accomplir un pas décisif : « Je n’ai connu Jürgen Moltmann que ces toutes dernières années après avoir écrit et publié avec mon épouse plusieurs ouvrages sur l’écologie chrétienne et la dimension cosmique du Christ… Cette mystique de la terre de Dieu a profondément inspiré le combat que mène notre couple en compatissant à la souffrance de toute créature et en travaillant à réaliser la Pâque de l’univers… Nous ne soulevons pourtant guère d’écho dans les milieux chrétiens dont les membres sont très peu nombreux à établir un lien entre des besoins anthropocentriques devenus impérieux en matière d’écologie et des exigences théocentriques de tout temps évidentes au niveau de la fraternité cosmique. L’enseignement de Saint Paul et de Saint Jean est escamoté et l’exemple de François d’Assise sert généralement de poétique cache-misère à la trahison permanente du Petit Pauvre… ». C’est alors que Jean Bastaire a trouvé un apport décisif dans un aspect de l’œuvre de Moltmann : sa théologie de la création : « Jürgen Moltmann me procure un enrichissement décisif dans un domaine : le messianisme eschatologique dont il ne suffit pas de dire qu’il constitue le couronnement de la révélation biblique et chrétienne, mais qu’il en récapitule toute l’étendue depuis la Genèse jusqu’à la Parousie… Il n’est pas indifférent que Moltmann, théologien réformé réalise à ce sujet un étonnant rassemblement entre protestants, orthodoxes et catholiques qu’il reconduit à leur commune racine juive ».
Très tôt, dès 1985 (1988 dans la traduction française), Jürgen Moltmann publie un livre pionnier : « Dieu dans la création », accompagné d’un sous-titre qui en indique la visée : « Traité écologique de la création » (2). « Que signifie croire au Dieu créateur, croire que ce monde est sa création, face à l’accroissement de l’exploitation industrielle et de l’irréparable destruction de la nature ? Ce qu’on appelle : « crise de l’environnement » n’est pas seulement une crise de l’environnement naturel de l’homme, mais rien de moins qu’une crise de l’hommelui-même ».
Moltmann propose une vision du processus de la création en phase avec une approche holistique : « Dans mon titre : « Dieu dans la création », j’ai en vue Dieu, l’Esprit Saint. Dieu est « Celui qui aime la vie » et son esprit est dans toutes les créatures… Cette doctrine de la création qui part de l’Esprit créateur divin, inhabitant, est aussi en mesure de fournir des points de départ pour un dialogue avec les philosophies anciennes et nouvelles de la nature, non mécanistes,mais intégrales ».
Le respect de la nature passe par la conscience de la présence de Dieu dans l’ensemble de la création à laquelle nous participons. « Selon le sens du mot grec, écologie signifie « la science de la maison » (oikos). Que peut avoir à faire la doctrine chrétienne de la création avec la « science de la maison » ? Absolument rien si on ne voit qu’un créateur et son œuvre. Mais si on comprend le créateur, sa création et son but de façon trinitaire, alors le créateur habite par son Esprit dans l’ensemble de la création et dans chacune de ses créatures et il les maintient ensemble et en vie par la force deson Esprit ».
Mais la nature actuelle est encore souffrante, contrainte, exposée à des forces contraires. Ainsi Moltmann l’envisage dans un mouvement de libération et de recréation : « Cette doctrine chrétienne de la création prend au sérieux le temps messianique qui a commencé avec Jésus et qui tend vers la libération des hommes, la pacification de la nature et la délivrance de notre environnement à l’égard des puissances du négatif et de la mort ».
Le pape François
La lettre encyclique du pape François : « Laudato Si’ » (Loué sois-tu !) sur la sauvegarde de la maison commune (3) a eu un grand retentissement. Un commentaire d’Edgar Morin, sociologue et philosophe éminent, et se situant par ailleurs en dehors du champ de la croyance, témoigne de cette audience. Répondant à une interview du journal « La Croix » (4), Edgar Morin écrit ainsi : « Nous vivons dans une époque du désert de la pensée, une pensée morcelée où les partis qui se prétendent écologistes n’ont aucune vraie vision de l’ampleur et de la complexité du problème, où ils perdent de vue l’intérêt de ce que la pape François dans une merveilleuse formule reprise de Gorbatchev appelle « la maison commune ». Or, cette même préoccupation d’une vue complexe globale au sens où il faut traiter les rapports entre chaque partie m’a toujours animé. Dans ce « désert » actuel, donc voilà que surgit un texte que je trouve tellement bien et qui répond à cette complexité. François définit « l’écologie intégrale » qui n’est surtout pas cette écologie profonde qui prétend convertir au culte de la terre et tout lui subordonner. Il montre que l’écologie touche en profondeur nos vies, notre civilisation, nos modes d’agir, nos pensées. Plus profondément, Il critique un « paradigme techno-économique », cette façon de penser qui ordonne tous nos discours et qui les rend obligatoirement fidèles aux postulats techniques et économiques pour tout résoudre. Avec ce texte, il y a à la fois une demande de prise de conscience, une incitation à repenser notre société et à agir. C’est bien le sens de providentiel : un texte inattendu et qui montre la voie ».
On sait que les propos du pape François tranchent avec un milieu conservateur, hiérarchisé et formaliste avec lequel il se trouve confronté au centre de l’Eglise catholique. Ainsi est-il particulièrement attentif aux dimensions sociales et économiques du monde dans lequel nous vivons. Dans une profonde humanité et une attention au vécu des gens, il témoigne de la spontanéité bienfaisante de l’Evangile. Et dans cette encyclique, il y a également un souffle qui passe. En se référant à Saint François, le pape communique une vision mystique de « l’harmonie avec Dieu, avec les autres, avec la nature et avec soi-même ». « Si nous nous nous approchons de la nature et de l’environnement, sans cette ouverture à l’étonnement et à l’émerveillement, si nous ne parlons plus le langage de la fraternité et de la beauté dans notre relation au monde, nos attitudes seront celles du dominateur, du consommateur ou du pur exploiteur de ressources incapables de fixer des limites à ses intérêts immédiats. Le monde est plus qu’un problème à résoudre. Il est un mystère joyeux que nous contemplons dans la joie et la louange… ». Dans cette dynamique positive, le pape François appelle à « la sauvegarde de notre maison commune », ce qui requiert « l’union de toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable etintégral ». Cette encyclique énonce et analyse les maux qui affectent la nature et l’humanité. Elle expose la racine humaine de la crise écologique dans un usage effréné et irréfléchi de la technologie. Elle propose une « écologie intégrale » dans un esprit de justice et de solidarité. Cette dynamique est éclairée par le message biblique et la foi évangélique. Elle requiert et appelle « une éducation et une spiritualité écologique ».
Cette encyclique s’achève sur une vision de la nouvelle création et de la vie éternelle : « A la fin, nous nous retrouverons face à face avec la beauté infinie de Dieu (cf Co 13,12) et nous pourrons lire, avec une heureuse admiration, le mystère de l’univers qui participera avec nous à la plénitude sans fin. Oui, nous voyageons vers le sabbat de l’éternité, vers la nouvelle Jérusalem, vers la maison commune du ciel. Jésus nous dit : « Voici, je fais l’univers nouveau » (Ap 21.5). La vie éternelle sera un émerveillement partagé, où chaque créature, transformée d’une manière lumineuse, occupera sa place… Entre temps, nous nous unissons pour prendre en charge cette maison qui nous a été confiée, en sachant que tout ce qui est bon en elle sera assumé dans la fête céleste. Ensemble, avec toutes les créatures, nous marchons sur cette terre en cherchant Dieu, parce que « si le monde a un principe et a été créé, il cherche celui qui l’a créé, il cherche celui qui lui a donné un commencement, celui qui est son créateur »… Que nos luttes et notre préoccupation pour cette planète ne nous enlèvent pas la joie de l’espérance ».
Cette encyclique mérite d’être lue attentivement d’un bout à l’autre. Ecrite à partir d’un univers catholique, mais s’élevant au delà pour aller à la rencontre de tous les hommes, elle a un potentiel de conscientisation considérable, notamment dans le vaste milieu dont elle est issue. C’est un message, mais c’est aussi un événement.
Edgar Morin
Sociologue et philosophe de renommée internationale, Edgar Morin a réalisé une œuvre très riche et très diversifiée (5).
Au cours d’un séjour en Californie de 1969 à 1970, il prend conscience de la question écologique. Dès lors, il va poursuivre une réflexion dans ce domaine. Ainsi, avec « Le paradigme perdu : la nature humaine » publié en 1973, il explique que l’homme n’est pas le maître de la nature, mais son partenaire et que c’est autant la nature qui en impose à l’homme que l’inverse. En 1993, Edgar Morin écrit avec Anne-Brigitte Kern un livre : « Terre patrie » qui marque une prise de conscience de la communauté du destin terrestre. Cependant, l’apport majeur d’Edgar Morin, c’est une réflexion de long terme sur « la méthode » dans le travail de la connaissance qui est jalonnée par plusieurs ouvrages. Edgar Morin y porte un nouveau paradigme, celui de la complexité qui implique la prise en compte des liens entre les différentes composantes du savoir et un point de vue transdisciplinaire. Ce paradigme va se développer dans les sciences humaines et il est particulièrement en phase avec l’approche écologique.
Comme nous en avons déjà fait part, dans son interview à « La Croix », Edgar Morin a mis l’accent sur des convergences fondamentales avec le texte : « Laudato Si’ », tout en marquant sa différence dans l’interprétation des textes bibliques. Relevons ici tout simplement quelques convictions de fond exprimées par Edgar Morin :
« Nous savons aujourd’hui que nous avons en nous des cellules qui se sont multipliées depuis les origines de la vie, qu’elles nous constituent encore comme tout être vivant. Si nous remontons ainsi à l’histoire de l’univers, nous portons ainsi en nous tout le cosmos et d’une façon singulière. Il y a une solidarité profonde avec la nature, même si, bien entendu, nous sommes différents par la conscience, la culture. Mais tout en étant différents, nous sommes tous des enfants du Soleil. Le vrai problème, c’est non pas de nous réduire à l’état de nature, mais de nous séparer de l’état de nature…
Il existe un humanisme anthropocentriste qui met l’homme au centre de l’univers, qui fait de l’homme le seul sujet de l’univers. En somme où l’homme se situe à la place de Dieu. Je ne suis pas croyant, mais je pense que ce rôle divin que s’attribue parfois l’homme, est absolument insensé. Et une fois qu’on se situe dans ce paradigme anthropocentriste, la mission de l’homme très clairement formulée par Descartes, c’est conquérir la nature et la dominer. Le monde de la nature est devenu un monde d’objets. Le véritable humanisme, c’est au contraire celui qui va dire que je reconnais dans tout être vivant à la fois un être semblable et différent demoi ».
Convergence et dialogue
Les grandes voix que nous venons d’entendre se rejoignent sur bien des points et peuvent entrer dans un dialogue constructif. Ainsi l’accueil enthousiaste de l’encyclique « Laudato Si’ » par Edgar Morin, sociologue et philosophe, pionnier dans une nouvelle approche des sciences humaines, est particulièrement significative et d’autant plus que celui-ci se dit non croyant.
On peut imaginer un dialogue constructif entre Jürgen Moltmann et Edgar Morin. Rappelons l’intention de Moltmann dans sa doctrine de la création : En « partant de l’Esprit créateur, inhabitant », son approche se veut « en mesure de fournir des points de départ pour un dialogue avec les philosophies anciennes et nouvelles de la nature, non mécanistes, mais intégrales ».
Jürgen Moltmann montre comment à partir de la Renaissance, en Europe Occidentale, Dieu a été envisagé de plus en plus comme le « Tout puissant ». L’omnipotence est devenue un attribut de la divinité. Ce changement dans la représentation dominante de Dieu a engendré une transformation de la représentation de la nature. Comme image de Dieu sur la terre, l’être humain a été amené à se voir lui même en correspondance comme maître et Seigneur, à s’élever du monde comme objet passif et à le subjuguer (6). La Genèse a été interprétée en ce sens. Ainsi Moltmann entend la critique d’Edgar selon lequel la Bible raconte une création de l’homme complètement séparée de celle des animaux et a suscité une pensée anthropocentriste, mais il la resitue historiquement et présente une autre interprétation de la Genèse. Il rejoint Edgar Morin dans sa critique de l’humanisme anthropocentriste. La question posée est celle de la représentation de Dieu. Dieu, nous dit Moltmann, « n’est pas un Dieu solitaire et dominateur qui assujettit toute chose. C’est un Dieu relationnel et capable d’entrer en relation. C’est un Dieu en communion ».
Comme Edgar Morin, Moltmann critique les excès de la pensée analytique. « La pensée moderne s’est développée en un processus d’objectivisation, d’analyse, de particularisation et de réduction. L’intérêt et les méthodes de cette pensée sont orientés vers la maitrise des objets et des états de chose. L’antique règle romaine de gouvernement : « Divide et impera » imprègne ainsi les méthodes modernes de domination de la nature… A l’opposé, certaines sciences modernes, notamment la physique nucléaire et la biologie, ont prouvé à présent que ces formes et méthodes de pensée ne rendent pas compte de la réalité et ne font plus guère progresser la connaissance. On comprend au contraire beaucoup mieux les objets et les états de chose quand on les perçoit dans leurs relations avec leur milieu et leur monde environnant… La perception intégrale est nécessairement moins précise que la connaissance fragmentaire, mais plus riche en relations… Si donc on veut comprendre le réel comme réel et le vivant comme vivant, on doit le connaître dans sa communauté originale et propre, dans ses relations, ses rapports, son entourage… Une pensée intégrante et totalisante s’oriente dans cette direction sociale vers la synthèse, d’abord multiple puis enfin totale… ». Ces quelques notations permettent un dialogue constructif entre Jürgen Moltmann et Edgar Morin, ce sociologue et philosophe qui a développé un « paradigme de la complexité ».
Et, parallèlement, sur un autre registre, on perçoit également les convergences qui s’établissent entre Jürgen Moltmann et le pape François. Comme Jean Bastaire l’a montré, il y a un mouvement de fond qui se développe aujourd’hui en ce domaine. Un bel exemple est la correspondance entre la méditation du pape François sur la vie éternelle à la fin de son encyclique et le texte visionnaire de Jürgen Moltmann sur « la fête de la vie éternelle » comme dernier chapitre du recueil « Le rire de l’univers ». « Le rire de l’univers est le ravissement de Dieu » (7).
En route
Il y a des moments où l’apparition et le développement d’idées nouvelles en phase avec une évolution des mentalités suscitent à terme un changement du cours de l’histoire. A cet égard, l’exemple du XVIIIè siècle est particulièrement significatif. On peut penser qu’il en est de même aujourd’hui. Voilà pourquoi la mise en correspondance de la pensée de Jürgen Moltmann, du pape François et d’Edgar Morin nous paraît heuristique à travers les convergences dont elle témoigne.
Le 21 juillet 2015, un « sommet des consciences » (8) s’est réuni à Paris en rassemblant des personnalités influentes sur le plan religieux, moral et spirituel pour appeler à une prise de conscience écologique débouchant sur un engagement commun conjuguant action collective et changement personnel. Tous les aspects de notre être sont concernés (9) et la transformation de nos comportements est étroitement liée à celle de nos représentations. Chacun à leur manière, Jürgen Moltmann, le pape François et Edgar Morin éveillent notre compréhension et induisent un changement de notre regard
Jean Hassenforder
(1) Moltmann (Jürgen). Le rire de l’univers. Traité de christianisme écologique. Anthologie réalisée et présentée par Jean Bastaire. Cerf, 2004. Les textes de Jean Bastaire mentionnés dans cet article sont issus de la préface écrite par celui-ci.
(2) Moltmann (Jürgen). Dieu dans la création. Traité écologique de la création. Cerf, 1988. Les textes cités sont issus de la préface, de la page de couverture, et en fin de parcours du texte : « la connaissance de la nature comme création de Dieu » (p 14-16). Un aperçu sur le livre : « Dieu dans la création » sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=766
(3) Pape François. Loué sois-tu. Lettre encyclique Laudato Si’ du Saint-Père François sur la sauvegarde de la maison commune. Artège, 2015
2 Un projet n’est plus suscité par une image de ce que je dois être
Mais
Provient du désir intérieur
dans le discernement de ce qui est important
juste
Exemple : relation plus qu’action
3 Ne pas posséder, mais gérer :
Libre dans la richesse comme dans la pauvreté
Accueillir des biens à notre disposition
Réfléchir aux évènements
attitudes
Voir la profondeur des personnes : ce qui sort du cœur
Et resituer dans le règne de Dieu :
louange pour le bon
compassion et intercession pour le mauvais
4 La relation à l’autre n’est plus directe
Enracinée dans l’amour de Christ, je vis une plénitude à ma mesure.
L’autre dépend lui aussi de Dieu qu’il en soit conscient ou pas, et je le vois dans cette situation.
Il n’y a pas de prise directe entre deux personnes. La relation est via- Dieu. Ce qui me permet de rester moi-même quoique l’autre puisse penser de moi. Son jugement vient de lui et je me dis : il me voit comme ceci ou comme cela. Je tiendrais compte de ce qu’il me dit :
° en compliment : « J’admire ton énergie ». Je rend grâce à Dieu qui me la donne, mais aussi de la valeur de celui qui est capable de reconnaître cette énergie.
° Un reproche, une agressivité provoque en moi de la compassion, car je sens la souffrance intérieure de mon interlocuteur et je prie pour lui, j’en souffre pour lui.
Il y a plusieurs niveaux.
° Niveau intellectuel : comprendre la situation, l’attitude et réagir selon moi, selon ce que je crois vrai sans imposer ma vision comme absolue.
Réfléchir et chercher ce qui est juste dans la vision de l’autre.
Ne pas chercher à le convaincre car son cheminement ne m’appartient pas.
Autrefois, je cherchais ce que je devais dire pour témoigner de Dieu. Aujourd’hui, je suis plus tournée à découvrir le désir de l’autre et à dire simplement mon expérience, ma découverte.
C’est l’Esprit qui agit en l’autre
en moi
Cela ne m’appartient pas.
° Niveau émotionnel : j’accueille sans bloquer déception, peur, etc, en me sentant enracinée en Christ, protégée dans le Tout puissant : Psaume 91
° Niveau énergétique : la source est en moi. Conscience de la circulation de l’énergie ; exercices naturels pour la faire circuler.
Tout en acceptant la fatigue dans un repos de ressourcement, sans chercher à me doper : café, vitamine C… sauf quand je dois faire face à des obligations.
° Niveau spirituel : joie dans gratuité, liberté, dans le ressenti d’être moi-même. Ne pas devoir selon ce que l’autre attend.
Joie de connaître Dieu qui crée
partage, qui il est
répare
se préoccupe de moi
me pardonne…
Je suis enfant de Dieu (Psaume 131).
Dieu n’exige pas de moi que je l’adore.
Il est heureux que j’accueille sa vie et moi aussi
Alors que les fanatismes font rage dans le monde, à Charleston, Barack Obama a su exprimer la puissance de la solidarité et de l’amour.
« Si Barack Obama avait pu résumer les évènements tragiques de Charleston, il n’aurait sans doute utiliser qu’un terme : grâce. C’est sur la notion de grâce qu’il a entonné, à la surprise générale le chant « Amazing grace » qui accompagna de nombreuses actions du mouvement civique », commente Stéphane Brossard, dans « Le Temps ». Et il poursuit : « Barack Obama a parlé avec le cœur, une sincérité et une passion qui ont fait de ce discours un moment de rassemblement national , un moment permettant un début de guérison et offrant surtout une chance de voir les relations interraciales aux Etats-Unis sous un autre jour ».