par jean | Avr 16, 2014 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Vision et sens |
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Lytta Basset : Oser la bienveillance
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Nous avons en mémoire ou dans notre vécu immédiat, la présence d’une personne bienveillante. Et quand nous y pensons, nous ressentons paix et joie. Cette présence transforme notre perception des situations. Ainsi, lors d’un enterrement, j’ai souvenir d’un prêtre âgé qui accueillant chacun avec bonté, dans une conversation toute simple, a suscité un ressenti positif de la célébration. Je me rappelle une directrice de mon institut qui savait reconnaître et encourager le travail de chacun par des petits mots à l’occasion de telle ou telle production. Respectée par tous, elle facilitait le développement d’un climat de collaboration. Et, en famille, j’ai tant reçu de la bienveillance d’êtres chers qui m’ont permis de vivre et de me transformer. La bienveillance peut également se manifester dans des figures publiques et elle entraîne alors une ouverture des coeurs au delà des barrières sociales et religieuses. La bienveillance est communicative. Elle se répand. Contrairement à ce que peuvent penser ceux qui, pour des raisons religieuses ou philosophiques, ont une vision très sombre de la nature humaine, elle est reconnue par un grand nombre de gens, car elle correspond à une attente de leurs cœurs. Dans l’Evangile, Jésus ne dit-il pas ? : « Que votre lumière luise devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mat 5.16).
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Lytta Basset : Oser la bienveillance
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Une théologienne, Lytta Basset, vient de publier un livre : « Oser la bienveillance » (1). Il y a eu en effet dans la culture de la chrétienté, une représentation pervertie de la nature humaine dans la doctrine du péché originel. « Lytta Basset écrit la généalogie et l’impact de cette notion profondément nocive qui remonte à Saint Augustin et qui contredit les premiers Pères de l’Eglise. Elle montre comment ce pessimisme radical est totalement étranger à l’Evangile. Tout au contraire, les gestes et les paroles de Jésus nous appellent à développer un autre regard sur l’être humain, fondé sur la certitude que nous sommes bénis dès le départ et le resterons toujours. Appuyé sur le socle de cette bienveillance originelle, chacun de nous peut oser la bienveillance envers lui-même et envers autrui, et passer ainsi de la culpabilité à la responsabilité ». Le livre de Lytta Basset ouvre de nombreuses pistes de réflexion sur notre héritage religieux, sur le problème du mal, sur la culpabilité et le péché, et sur la réalité de la bienveillance. Dans cette contribution, nous évoquerons l’approche de Lytta Basset dans sa description de la bienveillance et dans son commentaire d’épisodes de la vie de Jésus dans lesquels la bienveillance s’exprime et se répand.
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Lytta Basset : un chemin
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Lytta Basset nous parle à partir de son histoire personnelle où elle a vécu, pendant des années, un enfermement : au départ, hantise de la question de la culpabilité, de la faute et du péché, et puis, à la suite d’« une violente irruption et invasion du mal jadis souffert », la préoccupation lancinante du mal commis ». « Autre préoccupation qui appartient à la préhistoire de ce livre : dans les déclarations publiques comme dans les accompagnements spirituels, je suis frappée par l’image négative que les gens ont d’eux-mêmes et des humains en général » (p 9). « Ma réflexion a donc eu pour point de départ mon propre malaise par rapport à la question du péché et à l’image désastreuse qu’elle nous avait donné de nous-mêmes » (p 9). « Nos contemporains ont un besoin brûlant d’être valorisés pour qui ils sont. Mais si la voix qu’ils entendent n’est pas celle d’un Dieu inconditionnellement bienveillant, faut-il s’en étonner ? J’ai trouvé utile de chercher du côté de ce qui, trop longtemps, a parasité la ligne. Je veux parler de ce dogme du péché originel qui, adopté au Vè siècle grâce à Saint Augustin, a « plombé » l’Occident de manière ininterrompue jusqu’au XXè siècle avec sa vision catastrophique de la nature humaine » (p 11) (2).
Il y a dans ce livre un parcours particulièrement utile pour engager un processus de libération par rapport à des représentations qui emprisonnent et détruisent. A partir de cette perspective, Lytta Basset propose ensuite une vision nouvelle fondée sur son expérience de la relation humaine et sur sa lecture de l’Evangile.
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Ainsi Lytta Basset nous invite à examiner les paroles et les comportements de Jésus. « Avec cette personne, je peux être moi-même… elle me voit comme quelqu’un de précieux et se réjouis que j’existe… Tel était le regard de Jésus sur chaque personne qu’il rencontrait, adulte ou enfant. Un regard tout à fait insolite, en ce qui concerne les enfants. C’est à cela, entre autres, que je le vois incarner la Bienveillance. A rebours de la mentalité de son époque, il les bénissait et les présentait comme les êtres les plus proches de Dieu, ceux dont l’image divine est la plus perceptible à qui sait regarder » (p 313) (3). Et, à contre-courant de l’état d’esprit dominant, Jésus porte également « un regard inconditionnellement bienveillant sur l’adulte dysfonctionnant en rupture de relation, « pécheur » (p 316).
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Vivre et reconnaître la bienveillance.
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Mais comment Lytta Basset envisage-t-elle la bienveillance ? « Etre bien-veillant, c’est veiller sur quelqu’un dans une bonne intention, lui vouloir du bien sans lui imposer quoique ce soit ».
« Jamais une abstraction… la Bienveillance s’expérimente entre nous bien avant que nous en ayons conscience. Et sans avoir besoin que nous nous déclarions croyants. Elle se contente de nous pousser chaque jour à être attentifs à cette bienveillance que nous vivons de la part d’autrui et/ou à l’égard d’autrui » (p 317). De fait, lorsqu’elle parle de la Bienveillance avec un grand B, Lytta Basset y voit une manifestation de Dieu : « Je mets la majuscule quand je désire me laisser habiter et traverser par le regard du Tout-Autre. Sans m’imaginer que j’en suis l’initiatrice… Il me saute aux yeux qu’elle vient d’ailleurs en ces occasions où je ne l’attendais pas du tout : quand je m’entends et me perçoit bienveillante envers une personne qui m’avait contrariée, mise hors de moi, traitée en ennemie » (p 317-318). Dans les moments difficiles, « un bon entraînement est à notre portée : être attentif à la bienveillance qui circule entre les autres, y compris les inconnus, et dont nous sommes témoins tous les jours, dans la rue, le train, se réjouir de cette Bienveillance qui s’immisce dans nos relations incognito, suppléant inlassablement à nos carences individuelles… » (p 319)
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La Bienveillance : Jésus dans les évangiles.
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C’est ainsi que Lytta Basset est amenée à nous présenter un commentaire éclairant de plusieurs textes des évangiles : Luc 19, 1-10 ; Luc 5, 17-26 ; Jean 8, 1-11.
Elle nous montre la Bienveillance à l’oeuvre et cette vision renouvelle notre lecture. Ainsi commente-t-elle la rencontre « fortuite » de Jésus avec Zachée : à elle seule, la Bienveillance dont Jésus est porteur va inciter son vis-à-vis à reprendre le chemin de la relation et devenir responsable de ses actes !
Le récit fait partie d’une section qu’on a appelé « l’Evangile des exclus », de toutes ces personnes considérées comme irresponsables… » (p 319) (4). « Cela se passe à Jéricho. Jésus vient de guérir un aveugle qui l’a appelé au secours. Juste après, « voilà qu’un autre homme : Zachée, cherche aussi à voir Jésus. La similitude me frappe : tous les deux sont des exclus, parce que des « pécheurs »… or tous les deux sont en demande, plus ou moins consciente, plus ou moins explicite, de relation » (p 319-320). « La Bienveillance qui traverse la ville, ce jour là, va faire fond sur le désir d’un homme Zachée, qui « cherchait (simplement) à voir qui était Jésus » (p 320).
Lytta Basset nous invite donc à reconnaître dans cette rencontre différents aspects de la bienveillance : « La bienveillance à l’affût du désir d’autrui. Une bienveillance qui traite d’égal à égal. Une bienveillance désireuse de relations qui durent. Une bienveillance qui pousse à des actes responsables. Une bienveillance qui accueille autrui dans les limites du moment. Une bienveillance qui rend clairvoyant. Une bienveillance qui réveille en l’humain sa capacité relationnelle. Une bienveillance qui fait lâcher culpabilité et perfectionnisme. Une bienveillance restauratrice du tissu social… » (p 321-335) ». Ces titres évocateurs balisent le commentaire du texte de Luc qui décrit la rencontre entre Jésus et Zachée. A travers cette grille de lecture que nous pouvons nous aussi appliquer à ce texte, Lytta Basset excelle à nous montrer les éclairages qu’on peut y découvrir. Ecoutons par exemple ce qu’elle écrit à propos de « la bienveillance qui traite d’égal à égal ». Dans sa rencontre avec Zachée, elle voit en Jésus une parfaite humilité « comme pour mieux nous encourager à nous identifier avec lui : n’importe quel être humain, marqué dans sa plus grande humanité du sceau de la Bienveillance, peut offrir à un semblable, aussi emmuré soit-il, son propre désir de lien, peut se mettre à la « recherche » en lui, de « ce qui était perdu » pour la relation, le sauver du repli mortel sur lui-même. Quand nous faisons cela, nous ne faisons que laisser la Bienveillance agir à travers nous : plus nous sommes humains (fils et fille de l’humain) et tendons la perche aux autres, plus nous incarnons ce Dieu qui est en démarche constante de relation » (p 323).
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Un livre pionnier
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Ce livre ouvre notre regard. En phase avec le tournant des sciences humaines qui découvrent en l’homme un potentiel positif (5), dans une période où un changement profond intervient dans les mentalités, où la prégnance des enfermements du passé est en voie de décrue, Lytta Basset prend appui sur son expérience spirituelle et sur une lecture renouvelée des textes bibliques pour mettre en valeur la bienveillance, une manière d’être, de sentir et d’agir, qui a toujours existé, mais qui, aujourd’hui, répond à une aspiration nouvelle telle qu’on peut l’entendre aujourd’hui dans des expressions de convivialité ou des démarches collaboratives (6).
Il y a aussi aujourd’hui une quête spirituelle de plus en plus répandue (7). En regard, le livre aborde très concrètement des questions existentielles majeures. La réponse se situe dans une approche relationnelle (8). « Ce qui concerne par dessus tout les auteurs bibliques, c’est d’être en lien avec le Vivant, de l’écouter et de l’entendre pour s’orienter dans la vie » (p 230). La relation avec Dieu va de pair avec la relation avec les humains. Le mal se trouve là où la relation est en péril ou interrompue, dans des situations énoncées par Lytta Basset en terme « d’enfermement, d’errance, d’aveuglement, de maladie, de division, d’exclusion, d’idolâtrie, de dette.. ». L’exigence, c’est de « ne pas nous couper les uns des autres » (p258).
Ce livre embrasse un champ très vaste. L’auteur a donc effectué un grand travail de documentation et de synthèse. Certains points peuvent parfois être discutés, mais ce qui compte ici, c’est le mouvement et l’état d’esprit. Ce livre ne parle pas seulement à notre intelligence, il parle également à notre cœur. Et en élargissant notre vision, il nous libère de nos limites et de nos enfermements. C’est une ressource dans laquelle on peut venir et revenir puiser.
Nous avons orienté cette contribution sur un des aspects du livre qui en est aussi l’inspiration directrice : la bienveillance. Quand nous interrogeons notre mémoire, il nous vient de multiples échos d’une bienveillance reçue qui a engendré et engendre encore aujourd’hui paix et joie. Au cœur de nous même, nous savons en vérité qu’accueillir la Bienveillance, la manifester envers ceux qui nous entourent dans un regard, dans un sourire, dans un geste, c’est nous sentir en harmonie avec Dieu, avec les humains, avec nous-même et percevoir le bonheur d’être qui réside dans cette harmonie.
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J.H.
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(1) Basset (Lytta). Oser la bienveillance. Albin Michel, 2014
Présentation du livre par Lytta Basset en vidéo : http://www.albin-michel.fr/Oser-la-bienveillance-EAN=9782226253880
Lytta Basset est une théologienne réputée qui ouvre de nouveaux horizons : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lytta_Basset
(2) Dans un livre sur la post chrétienté, Stuart Murray décrit bien le tournant intervenu au Vè siècle à la suite de la théologie d’Augustin d’Hippone (doctrine du péché originel et conception très sombre de l’humanité) et aussi le devenir de l’Eglise comme pouvoir. Sur le site de Témoins, voir : http://www.temoins.com/etudes/faire-eglise-en-post-chretiente.html
(3) « Découvrir la spiritualité des enfants. Un signe des temps ? » : http://www.temoins.com/etudes/decouvrir-la-spiritualite-des-enfants.-un-signe-des-temps/toutes-les-pages.html Depuis une quinzaine d’années, on constate un tournant dans le regard concernant la spiritualité des enfants. La recherche met en évidence la dimension spirituelle de l’enfant, ainsi la recherche de Rebecca Nye : Nye (Rebecca). Children’s spirituality. Church House publishing, 2004. Des théologiens trouvent une inspiration dans les paroles de Jésus sur les enfants. Sur ce blog : « L’enfant : un être spirituel » https://vivreetesperer.com/?p=340
(4) Sur ce blog : « Dedans…dehors ! Face à l’exclusion, vivre une commune humanité ! ». Entre autres, une réflexion sur Jésus et le phénomène de l’exclusion, par le théologien : Jürgen Moltmann. https://vivreetesperer.com/?p=439
(5) En février 2011, le magazine : « Sciences Humaines » publie un dossier sur le « Retour de la solidarité, empathie, altruisme, entraide ». Sur ce blog : « Quel regard sur la société et sur le monde. Un changement de perspective » : https://vivreetesperer.com/?p=191 Un livre de Jérémie Rifkin : Rifkin (Jérémie). Vers une civilisation de l’empathie. Les liens qui libèrent, 2011. Après une critique sévère et utile des thèses opposées, comme celle de Freud, Jérémie Rifkin met en évidence des tendances convergentes vers une montée de l’empathie. Sur le site de Témoins, une mise en perspective : http://www.temoins.com/etudes/vers-une-civilisation-de-l-empathie.-a-propos-du-livre-de-jeremie-rifkin.apports-questionnements-et-enjeux.html Le livre de Jacques Lecomte sur la bonté humaine est plusieurs fois cité par Lytta Basset : Lecomte (Jacques). La bonté humaine. Altruisme, empathie, générosité. Odile Jacob, 2012. https://vivreetesperer.com/?p=674
(6) Novel (Anne-Sophie), Riot (Stéphane). Vive la CO-révolution. Pour une société collaborative. Alternatives, 2012. Mise en perspective sur ce blog : « Une révolution de l’être ensemble » : https://vivreetesperer.com/?p=1394
Sur le site de Témoins : « Emergence d’espace conviviaux et aspirations contemporaines : http://www.temoins.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1012&catid=4
(7) La manière dont la quête spirituelle se développe et s’oriente aujourd’hui est mise en évidence par Frédéric Lenoir dans son livre : « Chemin de guérison ». Mise en perspective sur ce blog : « Un chemin de guérison pour l’humanité. La fin d’un monde. L’aube d’une renaissance » : https://vivreetesperer.com/?p=1048
A travers une recherche méthodique, Davif Hay met en évidence la dimension spirituelle de l’homme : Hay (David). Something there. The biology of human spirit. Darton, Longman and Todd, 2006. « La vie spirituelle comme une conscience relationnelle » : mise en perspective sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/etudes/la-vie-spirituelle-comme-une-conscience-relationnelle-.-une-recherche-de-david-hay-sur-la-spiritualite-aujourd-hui./toutes-les-pages.html. Sur ce blog: « Les expériences spirituelles » : https://vivreetesperer.com/?p=670
(8) Cette approche relationnelle est également développée dans la pensée théologique de Jürgen Moltmann. Sur ce blog : « Dieu suscite la communion » : https://vivreetesperer.com/?p=564
« Amitié ouverte » : https://vivreetesperer.com/?p=14 Voir une présentation de la pensée de Jürgen Moltmann sur le blog : L’Esprit qui donne la vie : http://www.lespritquidonnelavie.com/
Pour poursuivre notre méditation sur la bienveillance, on pourra se reporter à plusieurs contributions sur ce blog, entre autres :
« Développer la bonté en nous : « un habitus de bonté » ».
https://vivreetesperer.com/?p=1838
« Comme les petits enfants ».
https://vivreetesperer.com/?p=1640
« Entrer dans la bénédiction ».
https://vivreetesperer.com/?p=1420
« La beauté de l’écoute ».
https://vivreetesperer.com/?p=1219
« Geste d’amour ».
https://vivreetesperer.com/?p=1204
par jean | Avr 6, 2014 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Vision et sens |
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Du bon grain et de l’ivraie.
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Quel est notre regard sur nous-même tel qu’il est influencé par notre parcours psychologique et notre héritage religieux (1) ? Comment recevons nous la parabole du bon grain et de l’ivraie rapportée par l’évangile de Matthieu ? Le commentaire de Michèle Jeunet, Sœur Michèle au Cénacle de Versailles (2) nous invite à choisir la bonté : « bonté du grain, bonté de la terre, bonté du monde, bonté de l’homme qui sème, bonté de Dieu ».
« Nous sommes dans le fondamental de la création. « Dieu vit que cela était bon » (Genèse 1). Et nous sommes dans le fondamental d’une création en histoire. Non pas un monde tout fait, statique, immobile. Ce qui est semé est pour une croissance, une création continuée… Croire en ce qui est bon en nous, croire que ce qui a été semé par Dieu en nous est bon et le développer au maximum, en y mettant toute notre énergie, notre créativité. « C’est le développement de la bonté en nous, un « habitus » de bonté qui fera se dessécher l’ivraie ».
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J H
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Évangile de Matthieu au chapitre 13 verset 24 à 30
Il en va du Royaume des Cieux comme d’un homme qui a semé du bon grain dans son champ.
Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi est venu, il a semé à son tour de l’ivraie, au beau milieu du blé, et il s’en est allé.
Quand le blé est monté en herbe, puis en épis, alors l’ivraie est apparue aussi.
S’approchant, les serviteurs du propriétaire lui dirent :
« Maître, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il s’y trouve de l’ivraie ? »
Il leur dit :
« C’est quelque ennemi qui a fait cela ».
Les serviteurs lui disent :
« Veux-tu donc que nous allions la ramasser ?
Non, dit-il, vous risqueriez, en ramassant l’ivraie, d’arracher en même temps le blé.
Laissez l’un et l’autre croître ensemble jusqu’à la moisson ; et au moment de la moisson je dirai aux moissonneurs : Ramassez d’abord l’ivraie et liez-la en bottes que l’on fera brûler ; quant au blé, recueillez-le dans mon grenier. »
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Développer la bonté en nous
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« Il est des titres qui sont trompeurs. Est-ce vraiment la parabole de l’ivraie ?
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Cette parabole est d’abord en continuité de celle du semeur. Le semeur a semé du bon grain dans un terrain qui est bon. S’il sème ce qui est bon, c’est que lui-même est bon. Une sainte, Thérèse Couderc, disait de lui : « il est bon, il est plus que bon, il est la bonté ». Bonté du grain, bonté de la terre, bonté du monde, bonté de l’homme qui sème, bonté de Dieu. Nous sommes dans le fondamental de la création : « Dieu vit que cela était bon » Gn 1. Et nous sommes dans le fondamental d’une création en histoire. Non pas un monde créé tout fait, statique, immobile. Ce qui est semé est pour une croissance, une création continuée : grain puis épi, puis blé. Entre semailles et moisson, il y a le temps de l’histoire, le temps de la liberté de veiller à la croissance de ce qui est bon. Responsabilité qui est nôtre. Etre veilleur pour que la vie semée par Dieu vienne à maturité. Ce n’est pas du tout fait de toute éternité, immobile mais c’est une semence riche d’avenir, un don à faire qui périrait s’il ne peut s’épanouir grâce à la bonne terre de nos vies, de nos réponses humaines, don et accueil qui vont ensemble porter à maturité la nouveauté de l’épi.
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Ce titre trompeur est en cohérence avec la réaction des serviteurs qui se focalisent sur l’ivraie, leur question sur son origine et surtout leur doute : « N’est-ce pas du bon grain que tu as semé ? ». Leur doute qui frise le soupçon. Mais leur question n’est-elle pas la nôtre ? Leur doute et leur soupçon ne sont-ils pas les nôtres ? Cette question du mal qui nous taraude tous, qui est souvent un obstacle à la foi. La réponse du propriétaire est la même que celle de la Genèse. C’est un ennemi qui a semé de l’ivraie. La Genèse parle d’un serpent qui insinue le doute sur le don qui est fait, qui insinue le doute sur la bonté du donateur.
Que faut-il donc faire ? Arracher au risque de détruire la bonté des épis de blé ? Ce serait faire le jeu de l’ennemi.
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Le propriétaire fait une autre option. Celle de la confiance dans le blé semé et dans la terre qui participe à la nouveauté de l’épi. Confiance dans l’épi assez fort pour ne pas se laisser étouffer par l’ivraie. Dans nos vies, il y a du bon grain et de l’ivraie. N’est-ce pas une erreur de se focaliser sur l’ivraie ? L’homme de cette parabole nous conseille un autre chemin. Croire en ce qui est bon en nous, croire que ce qui a été semé en nous par Dieu est bon et le développer au maximum, en y mettant toute notre énergie, notre créativité. C’est le développement de la bonté en nous, un « habitus » de bonté qui fera se dessécher l’ivraie. Et non un arrachage volontariste qui risque de dessécher la vie en nous.
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Michèle Jeunet
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(1) Nos représentations sont influencées encore aujourd’hui par notre héritage religieux qui, pour une part, laisse des traces de peur par rapport à Dieu et de condamnation par rapport aux hommes. C’est le contraire de la bonne nouvelle de l’Evangile. Dans un livre récent : « Oser la bienveillance » (Albin Michel, 2014), la théologienne Lytta Basset met en évidence les effets négatifs de la conception du péché originel. Elle décrit « la généalogie et l’impact de cette notion profondément nocive qui remonte à Saint Augustin et qui contredit les premiers Pères de l’Eglise. Elle montre comment ce pessimisme radical est totalement étranger à l’Evangile. Tout au contraire, les gestes et paroles de Jésus nous appelle à développer un autre regard sur l’être humain, fondé sur la certitude que nous sommes bénis dès le départ et le resterons toujours. Appuyé sur le socle de cette Bienveillance originelle, chacun de nous peut oser la bienveillance, envers lui-même et envers autrui et passer ainsi de la culpabilité à la responsabilité » (texte en couverture). On pourra lire aussi sur ce blog une mise en perspective d’un livre de Jacques Lecomte : La bonté humaine, altruisme, empathie, générosité. Odile Jacob, 2012 https://vivreetesperer.com/?p=674
(2) Homélie de Sœur Michèle : le bon grain et l’ivraie (9 décembre 2013). Sur le blog : aubonheurdedieu-soeurmichele : http://aubonheurdedieu-soeurmichele.over-blog.com/article-homelie-de-soeur-michele-le-bon-grain-et-l-ivraie-mt-13-24-30-121518838.html
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Voir aussi sur ce blog : « geste d’amour » (Odile Hassenforder) : https://vivreetesperer.com/?p=1204
Dans le livre d’Odile Hassenforder : « Sa présence dans ma vie », on pourra lire un chapitre : La bonté de Dieu (p 87-91)
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Sur ce blog, deux autres contributions de Michèle Jeunet :
Quelle est notre image de Dieu ? https://vivreetesperer.com/?p=1509
Se sentir aimé de Dieu https://vivreetesperer.com/?p=1752
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De bonnes ressources dans le recueil de textes rassemblés par Michèle Jeunet dans un livre récemment paru : Michèle Jeunet. Méditer une Parole de liberté. Catéchèses bibliques et lectio divina. Editions Croix du Salut, 2013. « Il s’agit pour moi d’aider les gens à ouvrir la Bible pour qu’elle soit vraiment un lieu de méditation qui éclaire leur vie et leur fasse découvrir un Dieu Ami de leur vie, présent au cœur de leur existence ».
par jean | Jan 1, 2014 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Vision et sens |
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Se sentir aimé, c’est une des conditions du bonheur.
Dans un article sur « psychologies.com » (1) : « Etre aimé pour être heureux », Hélène Fresnel énonce ce que nous savons déjà dans notre expérience intime : « Etre aimé, c’est une nécessité, un fondement de notre identité… Parce que nous sommes incapables de nous aimer, l’amour de l’autre justifie notre existence »… « Le fait d’être aimé entretient un sentiment de continuité dans l’existence… Nous sommes menacés de nous désintégrer face aux difficultés et à la dureté du monde. L’amour de l’autre nous permet de ne pas nous dissocier, de ne pas nous défaire…C’est un besoin existentiel qui évolue et perdure parce qu’il justifie plus que n’importe quoi d’autre la nécessité de notre existence. Nous n’avons plus à nous interroger : « Pourquoi suis-je là ? ». Et de citer le philosophe Maurice Merleau-Ponty : « C’est l’autre qui me donne mon visage. L’autre nous a reconnus pour ce que nous sommes… ». Mais, en même temps, on le sait, en fonction d’un passé douloureux, des obstacles comme la crainte et la peur de l’abandon, peuvent faire obstacle.
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A travers la parole de Jésus, Dieu s’adresse à nous. Jésus vit en relation à Dieu comme celle d’un fils à un père aimé, un papa (« abba »), et il peut donc nous parler de Dieu comme Celui qui est constamment présent, en qui on peut avoir une totale confiance (Luc 6. 25-34), un Dieu qui nous aime et vient à notre rencontre. Et d’ailleurs, Jésus lui-même incarne cet amour divin et nous appelle à aimer les autres, répondant ainsi au grand besoin d’être aimé qui est inscrit au cœur de l’homme.
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Cette expression de l’amour de Dieu peut rencontrer des obstacles tant dans notre psychisme que dans une représentation de Dieu (2), qui s’est écartée de l’Evangile et fait barrage à travers un inconscient collectif. Ainsi, pour lever ces obstacles, nous avons parfois besoin d’être aidé à percevoir les empêchements qui s’interposent.
Dans son blog : « Au bonheur de Dieu » (3), Michèle Jeunet, Sœur Michèle au Centre spirituel Notre-Dame du Cénacle à Versailles, sait apporter les éclairages et poser les bonnes questions qui permettent de dissoudre les obstacles et d’ouvrir notre compréhension. Ainsi dans ce texte à propos de l’Evangile de Luc (15.1-9) : « La conversion, est un changement de regard » (4), elle nous aide à recevoir personnellement le message de Jésus.
« L’Evangile est porteur de bonnes nouvelles pour notre vie ». Ce n’est pas rien d’entendre et de ressentir que nous sommes vraiment aimé par Dieu. « Je suis sa brebis préférée, sa pièce précieuse, son enfant bien aimé et il n’a de cesse de me chercher, de me trouver, de me retrouver ».
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J H
La conversion est un changement de regard.
Dans l’Evangile selon Luc au Chapitre 15, verset 1 à 9
1 Cependant tous les publicains et les pécheurs s’approchaient de lui pour l’entendre.
2 Et les pharisiens et les scribes de murmurer : « Cet homme, disaient-ils, fait bon accueil aux pécheurs et mangent avec eux.
3 Il leur dit alors cette parabole :
4 « Lequel d’entre vous, s’il a cent brebis, et vient à en perdre une, n’abandonne les 99 autres dans le désert pour s’en aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée ?
5 Et quand il l’a retrouvée, il la met, tout joyeux sur ses épaules
6 et, de retour chez lui, il assemble amis et voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue !
7 C’est ainsi, je vous le dis, qu’il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes ; qui n’ont pas besoin de repentir.
8 « Ou bien, quelle est la femme qui, si elle a dix drachmes et vient à en perdre une, n’allume une lampe, ne balaie la maison et ne cherche avec soin, jusqu’à ce qu’elle l’ait retrouvée,
9 Et , quand elle l’a retrouvée, elle assemble amis et voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, la drachme que j’avais perdue !
Quelle joie de pouvoir être auditeurs de l’Evangile comme nous le sommes !
Quelle joie de pouvoir nous glisser dans ce groupe de publicains et de pécheurs et comme eux s’approcher et écouter une parole où Jésus nous dit la valeur du prix que nous avons aux yeux de Dieu.
Et oui, ces deux paraboles, comme la troisième bien connue, dite du « fils retrouvé », nous disent d’abord le prix que nous avons aux yeux de Dieu.
Elles nous comparent à une brebis, une pièce d’argent et un enfant.
Ces comparaisons disent toutes les trois, à leur manière, une richesse et ue valeur qui ne doivent pas se perdre et qui demandent de tout mettre en œuvre pour être retrouvées.
Et, à chaque fois, cette valeur ou richesse est unique, car pour Dieu, chacun, chacune de nous est sa brebis préférée, sa pièce précieuse, son enfant bien aimé !
Qu’il est meilleur le regard de Dieu sur nous si nous le comparons à celui que nous avons sur nous même !
C’est pourquoi l’Evangile est une bonne nouvelle. C’est pourquoi l’appel à la conversion est un appel à changer notre regard. En fait, c’est faire un échange : renoncer au nôtre et accueillir celui de Dieu. Je suis sa brebis préférée, sa pièce précieuse, son enfant bien aimé et il n’a de cesse de me chercher, de me trouver, de me retrouver.
L’autre lieu de conversion est donc aussi un appel à transformer nos images de Dieu. Sont-elles en coïncidence avec ce qui nous est révélé ici de Dieu ?
Dieu comme un berger qui court à ma recherche, qui me met sur ses épaules.
Dieu comme une femme qui allume une lampe pour me chercher sans se lasser.
Dieu comme un père qui fait la fête à l’enfant retrouvé que je suis.
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Oui, c’est bien de bonnes nouvelles pour notre vie dont l’Evangile est porteur. Laissons-nous libérer par elles. Ce sont elles qui peuvent dilater notre cœur et transformer quelque chose en nos vies.
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Michèle Jeunet . Sœur Michèle, Centre spirituel Notre-Dame du Cénacle.
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(1) Sur le site : « psychologies.com » : Hélène Fresnel. Etre aimé pour être heureux http://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Bonheur/Articles-et-Dossiers/De-quoi-avons-nous-besoin-pour-etre-heureux/Etre-aime-pour-etre-heureux
(2) Sur ce blog : « Quelle est notre image de Dieu ? ». Réflexion de Michèle Jeunet à propos d’une intervention de Thierry Bizot, éditeur du livre : « Catholiques anonymes » d’où a été tiré le film »Qui a envie d’être aimé ? » https://vivreetesperer.com/?p=1509
(3) aubonheurdedieu-soeurmichele : http://aubonheurdedieu-soeurmichele.over-blog.com/
(4) Le texte : « La conversion est un changement de regard » est emprunté au blog de Sœur Michèle : http://aubonheurdedieu-soeurmichele.over-blog.com/article-la-conversion-est-un-changement-de-regard-100069508.html
On pourra lire aussi sur ce blog :
« Geste d’amour » (Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie) https://vivreetesperer.com/?p=1204
« Lorsque Dieu nous parle de bonheur » (Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie) https://vivreetesperer.com/?p=205
« La beauté de l’écoute » https://vivreetesperer.com/?p=1219
« Dieu suscite la communion » https://vivreetesperer.com/?p=564
par jean | Nov 12, 2012 | ARTICLES, Emergence écologique, Hstoires et projets de vie |
A la recherche d’une humanité plus solidaire.
Dans ce monde fragile et instable, le rôle des Etats-Unis d’Amérique, qui reste la première puissance mondiale, est évidemment considérable. Ainsi, dans une planète, de plus en plus interdépendante, l’élection du président des Etats-Unis retient aujourd’hui l’attention de tous les habitants du monde, au moins de ceux qui ont conscience de cette interrelation. Ainsi, avions-nous vécu avec consternation la défaite d’Al Gore face à George W. Bush, il y a douze ans. Nous avions comme un pressentiment que ce choix du peuple américain était dangereux. Hélas, la guerre d’Irak a suivi.
Ainsi, avons-nous salué la victoire de Barack Obama en 2008 avec d’autant plus d’enthousiasme qu’à notre sens ce choix ouvrait un nouvel horizon pour les Etats-Unis et pour notre planète. Dans cette « nation-monde » que sont devenus les Etats-Unis, microcosme de notre univers par la participation de cultures issues de l’Afrique, de l’Amérique latine et de l’Asie, cette élection marquait en effet une grande victoire contre la discrimination raciale et ouvrait un chemin vers la « modernité métisse » dont nous parle Jean-Claude Guillebaud dans une belle analyse du monde nouveau qui s’annonce (1). Dans le même mouvement, la politique internationale des Etats-Unis retrouvait le sens du respect mutuel. C’était aussi une victoire de valeurs qui élargissent la vie démocratique en mettant l’accent sur la solidarité dans la lutte contre des inégalités qui engendrent le malheur de beaucoup de gens et le désordre dans la société et dans l’économie. C’était aussi une prise de conscience écologique, le souci d’assurer le respect de la nature et la survie de la planète. Nous nous sommes expliqué sur la manière dont nous avons perçu le grand tournant qu’a été l’élection de Barack Obama. (2)
Depuis, les années ont passé, avec tout un lot de désillusions. Les commentateurs ont mis en évidence les limites de l’action engagée par ce président. Mais celui-ci a du faire face à la grande crise économique et aux forces conservatrices qui ont fait barrage dans d’autres instances. On peut enregistrer des désaccords, constater un passif, mais la longue bataille pour un élargissement de la protection de la santé et la relative victoire qui a été remportée, ont manifesté la persévérance de ce président. Et lorsque, à l’occasion de cette campagne, on peut prendre du recul, il apparaît que Barack Obama a poursuivi un dessein dans un contexte difficile avec les erreurs humaines qui sont le lot de chacun.
Ainsi, sans parti pris et sans nous attacher au détail d’un programme sur lequel nous n’avons pas à nous prononcer, nous avons à nouveau considéré les enjeux. Un examen des forces en présence nous a rappelé le clivage qui existe dans ce pays entre un choix de solidarité sociale et un individualisme conservateur. Et dans une relation profonde avec le message de l’Evangile, nous ne pouvons approuver un socle de pensée que l’on pourrait exprimer dans les termes : « Chacun pour soi et Dieu pour tous » !
Lorsqu’on considère la motivation de Barack Obama, on constate à travers son parcours et son expression qu’il est imprégné des paroles du Christ qui nous appelle à porter attention aux pauvres et aux déshérités (3). Bien sûr, en admettant que le message chrétien peut être interprété avec des accents différents, nous sommes néanmoins attristé que Barack Obama suscite tant d’allergie dans plusieurs milieux chrétiens américains (4). On peut entendre en partie cette méfiance comme l’expression d’une mentalité qui est attachée à l’ordre et à l’autorité. A propos de cette élection, un commentateur chrétien, Jay Butcher (5), rappelle les paroles de Jésus sur l’exercice du pouvoir : « Vous savez que les chefs de nations les tyrannisent et que les grands les asservissent. Il n’en sera pas de même parmi vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur » (Matthieu 20 . 25-26). Lorsque nous regardons la personne de Barack Obama, sa sensibilité (6), son empathie, son respect vis à vis des autres, son intelligence compréhensive, on se dit qu’à sa mesure et dans son contexte, il s’efforce de suivre une éthique caractérisée par une attention à l’autre et un esprit de service. Ainsi, dans l’humanité qui se révèle à travers son parcours, on peut dire de lui qu’il est « un homme de bonne volonté ». C’est un encouragement dans la recherche d’un monde plus humain et plus solidaire.
J H
(1) Guillebaud (Jean-Claude). Le commencement d’un monde. Vers une modernité métisse . Seuil, 2008. Mise en perspective : «Vers une modernité métisse » http://www.temoins.com/societe/vers-une-modernite-metisse-le-commencement-d-un-monde-selon-jean-claude-guillebaud./toutes-les-pages.html
(2) « Le phénomène Obama . Un signe des temps » http://www.temoins.com/societe/le-phenomene-obama.-un-signe-des-temps/toutes-les-pages.html
(3) Pendant la campagne, un site : « People of faith for Obama » a exprimé l’inspiration spirituelle du candidat : « Le président Obama est un chrétien engagé (« committed christian ») qui sait que la foi et les valeurs ne sont pas seulement un ancrage personnel. Elles sont aussi une force puissante pour le bien commun ». Ce texte met l’accent sur la solidarité et l’attention pour les plus défavorisés. Voir la vidéo… http://www.barackobama.com/people-of-faith/ Diana Butler Bass, historienne, sociologue et théologienne, décrit Barack Obama comme témoignant d’une foi chrétienne où convergent la conviction passionnée de l’église afro-américaine, l’ouverture oecuménique du protestantisme contemporain et le christianisme social qui remonte à la fin du XIXè siècle. C’est une synthèse originale. http://www.freerepublic.com/focus/f-news/2948039/posts
(4) Un site : « Pew forum of religion and public life » est une source régulière d’information statistique et sociologique sur les attitudes religieuses et la vie publique. La répartition des votes n’a pas beaucoup changé depuis la dernière élection présidentielle. Le candidat républicain recueille une majorité substantielle de votes chez les évangéliques blancs et chez les pratiquants assidus. Obama recueille une majorité substantielle de votes chez les protestants noirs, les catholiques hispaniques, les juifs et les personnes sans affiliation religieuse. http://www.pewforum.org/Politics-and-Elections/How-the-Faithful-Voted-2012-Preliminary-Exit-Poll-Analysis.aspx
(5) «The best is yet to come » par Jay Butcher, du « London Institute for Contemporary Christianity. http://us5.campaign-archive1.com/?u=2d890204e49f49d788e3a0b12&id=d46d3887bd&e=6d2a513188
Cette sensibilité se manifeste dans une vidéo émouvante où Obama, remerciant ses jeunes supporters, essuie quelques larmes : http://www.youtube.com/watch?v=6pB6vqb2fnY
par | Sep 18, 2012 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Vision et sens |
Face à un danger d’accident, une expérience rapportée par Odile Hassenforder (« Sa présence dans ma vie »).
Quelques années après la transformation engendrée par le vécu d’une guérison dans l’Esprit et accompagnée par une lecture régulière et inspirée de la parole biblique, Odile nous rapporte l’expérience d’un risque d’accident et les sentiments et les pensées que cet incident a suscité en elle.
En Christ, son être intérieur est désormais en sûreté, dans un ressenti d’intégrité et de confiance. Elle constate également les effets de sa fréquentation des textes bibliques dans l’inspiration de l’Esprit. «La Bible n’est pas une simple histoire à comprendre intellectuellement ou à adopter comme modèle de conduite. C’est beaucoup plus que cela et autre chose… J’ai découvert qu’elle est semence. Je demande à L’Esprit de faire germer cette semence en moi. Je n’en vois les fruits que lorsqu’il y a corrélation avec la réalité concrète… Je réalise l’importance pour moi de me laisser imprégner par les Ecritures pour devenir ce sarment accroché à la vigne dont Jésus est le cep… ».
La nuit est noire. Il pleuvait…
La nuit est noire. Il pleuvait. Un chapelet de feux rouges devant moi. Je suis emportée dans le flot des voitures. Il est tard et l’étape est encore loin.
Je regarde le compteur : 140. J’ai un coup au cœur. Une angoisse m’assaille. Un moindre incident, un petit coup de volant pour éviter une pierre ou une voiture qui change de file et j’envoie la famille dans les décors. En un éclair, j’envisage le pire : un enfant qui peut rester orphelin. Tout en prenant instinctivement une allure plus raisonnable, une conviction intérieure m’apaise. J’ai confié mon fils au Seigneur, j’ai confiance : il ne sera pas « cassé ». Cette expression voulait dire pour moi qu’il ne connaîtrait pas, comme je l’avais connue, la destruction de l’être, car Dieu est en lui. Même orphelin, il aurait cette vie intérieure qui le ferait rebondir.
Plus rien ne peut m’atteindre. Le Seigneur ne m’abandonne pas…
Cette conviction m’a tellement imprégnée qu’elle fait partie de mon être : la vie, qui, malgré les apparences visibles, ressurgit pour demeurer éternellement. Je reconnais là que la Parole de Dieu est bien une semence qui a poussé sans que j’y prenne garde, jour et nuit, et qui, à cet instant, porte ses fruits. Au moment de l’événement, il ne m’est pas revenu à l’esprit telle ou telle parole de Jésus en tels versets bibliques, mais une réalité intérieure imprégnée en moi. J’étais dans l’état d’esprit du salut éternel apporté par Jésus. Plus rien ne peut m’atteindre. Le Seigneur ne m’abandonne pas moi et ma maison.
La Bible est une semence. Je demande à l’Esprit de faire germer cette semence en moi…
Ainsi la Bible n’est pas une simple histoire à comprendre intellectuellement ou à s’imprégner comme modèle de conduite. C’est beaucoup plus que cela et autre chose. Avant d’avoir découvert l’action de l’Esprit en moi, je cherchais dans les évangiles, que j’avais lus en entier, une conduite à suivre. Je m’appliquais à suivre une morale qui me paraissait supérieure aux conduites humaines. C’était une nourriture extérieure à moi que j’essayais de digérer au mieux. J’ai découvert depuis qu’elle est semence. Je ne comprends pas toujours, mais avant de lire les Ecritures, je me mets en état de réceptivité. Je demande à l’Esprit de faire germer cette semence en moi. Je n’en vois les fruits que lorsqu’il y a une corrélation avec la réalité concrète que je vois. Il y a alors expérience de la vie de Dieu en moi. Il peut se passer des mois, des années entre telle lecture et la réalisation de sa signification. Elle devient signifiante pour moi à l’expérience. Dans ce laps de temps, la graine a germé sans que je m’en aperçoive. Elle devient un arbre qui peut porter ainsi beaucoup de fruits. C’est pourquoi je réalise l’importance pour moi de me laisser imprégner par les Ecritures pour devenir ce sarment rattaché à la vigne dont Jésus se dit la plante. « Je suis la plante de vigne, vous êtes les branches. Celui qui demeure uni à moi et à qui je suis uni, porte beaucoup de fruit (le fruit de l’Esprit), car vous ne pouvez rien faire sans moi » (Jean 15.5). Cette union à Jésus, pour moi aujourd’hui, se réalise dans la lecture des Ecritures qui deviennent signifiantes à l’événement vécu antérieurement ou ultérieurement, dans la prière qui est don de soi, réceptivité et louange, et enfin dans la vie qui est parfois interrogation, attente de signification, parfois vision du sens vital.
Odile Hassenforder
Ce texte est extrait d’un chapitre du livre : « Sa présence dans ma vie » (p 47-48) : Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Empreinte, 2011. Ce livre a été présenté sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html. Le témoignage et la pensée d’Odile Hassenforder apparaissent dans plusieurs articles de ce blog.