De Martin Luther King à Obama

Un mouvement de libération qui se poursuit et s’universalise.

Il y a cinquante ans, à Selma, une petite ville de l’Alabama, animés par la vision de Martin Luther King, des afro-américains s’engageaient dans des luttes pour les droits civiques. Le 7 mars 1965, quelques six cent manifestants qui défilaient pacifiquement, étaient pris à partie par les forces de l’ordre dans une brutale répression policière. Pourtant ces marches non violentes se sont poursuivies. Deux semaines plus tard, plusieurs milliers de personnes emmenées par le pasteur Martin Luther King quittaient Selma pour rejoindre la capitale de l’Alabama, Montgomery, à prés de 90 kilomètres. L’opinion publique était touchée par ce mouvement pacifique. Et la victoire était remportée au plus haut niveau politique. Désormais les afro-américains pourraient voter sans entraves. La ségrégation allait également disparaître. Aujourd’hui, si les inégalités sociales et économiques demeurent très prégnantes et si le racisme n’a pas disparu, une nouvelle donne est intervenue.  Les afro-américains ont une place dans la société, et, pour la première fois dans l’histoire, le président des Etats-Unis, Barack Obama, participe à cette culture. Aujourd’hui, cinquante ans après les évènements de Selma, c’est le temps de la commémoration et, pourrait-on dire plutôt, un moment de célébration. Une cinéaste vient de réaliser un film à ce sujet. Et, le 7 mars 2015, le président des Etats-Unis, Barack Obama, accompagnée de son épouse, Michèle, et de ses deux enfants, s’est rendu à Selma et y a prononcé un discours dont l’inspiration a été reconnue bien au delà de son milieu politique.

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En entendant cette parole, en lisant le texte de ce discours (1), nous ressentons une émotion, nous percevons un grand souffle, nous recevons une vision. Barack Obama évoque le courage et la foi de tous ceux qui ont participé à cette première marche  et ont été confrontés, de plein fouet, à la violence policière. Un cantique les accompagnait : « Quelques soit l’épreuve, Dieu prendra soin de vous » (What may be test, God will take care of you »). Et puis, à partir de là, il met en évidence la signification de ce combat en inscrivant cette lutte pour l’égalité et la justice dans l’histoire américaine, et, au delà,  dans le monde d’aujourd’hui. « Combien ces hommes et ces femmes ont fait preuve d’une grande foi. Foi en Dieu, mais aussi foi en l’Amérique… Ils ont prouvé qu’un changement non violent est possible, que l’amour et l’espérance peuvent vaincre la haine… ». Ils ont lutté pour affirmer la vraie signification de l’Amérique : « L’idée d’une Amérique juste,d’une Amérique équitable, d’une Amérique inclusive, d’une Amérique généreuse a finalement triomphé… ». C’est la victoire de la solidarité. « Le mot le plus puissant dans notre démocratie, c’est le mot «  nous » (« we »). « We shall overcome.. .Yes, we can … ». ( « Nous l’emporterons.. Oui, nous pouvons…). Il y a là un élan qui traverse les frontières. Dans sa vision d’une Amérique inclusive et généreuse, Barack Obama salue les diverses immigrations de tous ceux qui sont venus aux Etats-Unis parce qu’ils cherchaient la liberté politique ou  la possibilité de sortir de la misère pour gagner une vie décente. Il égrène les mouvements qui ont permis aux minorités de conquérir le respect et de voir leurs droits reconnus. Et, au delà encore, Barack Obama proclame combien cet esprit inspire les luttes pour la démocratie qui se déroulent dans le monde entier. C’est un discours qui manifeste dynamisme et espérance.  Ainsi reprend-il une parole du prophète Esaïe : « Ceux qui espèrent dans le Seigneur renouvellent leur force… Ils marchent et ne fatiguent point » ( Esaïe 40.31).

La figure de Martin Luther King inspire ce grand mouvement pour la justice et les droits civique. une jeune réalisatrice américaine, Ava DuVernay vient de réaliser un film sur cette grande personnalité en situant son action et sa présence dans le contexte des évènements de Selma. Tel que nous le décrit Jean-Luc Gadreau sur son blog (2), ce film rend bien compte de la dimension épique et charismatique de cette présence et de cet événement et de la puissante émotion qui s’y manifeste.

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Dans son discours, Barack Obama inscrit ce mouvement dans le courant démocratique jalonné par de grandes personnalités comme Abraham Lincoln et F D  Roosevelt. Cette pensée généreuse, à laquelle nous avons personnellement  goûté et qui été pour nous un point de repère, associe une spiritualité d’inspiration biblique à l’action politique. Hélas, il y a aussi dans l’histoire américaine d’autres moments ou conservatisme et impérialisme vont de pair avec l’influence exercée par  de groupes religieux fondamentalistes. Dans son discours, Barack Obama exprime une dynamique de justice dans un processus de libération qui prend toute sa dimension dans une perspective universaliste. Dans un monde tourmenté, il y a là comme un rayon de lumière d’autant plus appréciable qu’il se manifeste dans une des plus grandes nations du monde. Ce discours peut s’appuyer sur la victoire remportée Martin Luther King dans sa lutte pour les droits civiques (3). Et, si son action peut être contestée sur certains points, nous percevons en Barack Obama (4) un homme de bonne volonté, un dirigeant intelligent et responsable qui contribue à rendre ce monde un peu moins dangereux. La vision positive qui s’exprime dans ce discours, vient à l’appui d’une théologie de l’espérance (5).

Dans un monde où les replis identitaires se manifestent, où des extrémismes religieux menacent la paix et débouchent sur la violence et le terrorisme, il est bon d’entendre qu’une spiritualité chrétienne peut inspirer une action politique qui se manifeste dans un processus de libération et la promotion de la justice et de la liberté. « Sans vision, le peuple meurt ». Cette parole biblique (Proverbes 29.18) rejoint notre expérience humaine. Nous avons besoin d’entrevoir un chemin. Nous avons besoin de motivation et de confiance. Puissent des chrétiens témoigner d’un Evangile libérateur ! Puissent-ils, en regard du désarroi et de ce qu’il engendre, témoigner d’une espérance, source de confiance et réponse à la recherche de sens !

J H

 

(1)            Sur le site du Huffington post, vidéo du discours d’Obama et transcription en anglais de ce discours : http://www.huffingtonpost.com/2015/03/07/obama-selma-bloody-sunday-transcript_n_6823642.html                         Présentation de l’événement en français : « Le discours d’Obama sur les droits civiques à Selma salué comme le plus important de son mandat » : http://www.huffingtonpost.fr/2015/03/08/discours-barack-obama-selma-droits-civiques-mandat_n_6825764.html

(2)            Sur le blog : ArtSpi’in : « Selma, pour se mettre en marche ». Commentaire sur le film et bande annonce en français : http://artspiin.eklablog.com/selma-pour-se-mettre-en-marche-a114847768

(3)            Sur ce blog : « la vision mobilisatrice de Martin Muther King  « I have a dream » : https://vivreetesperer.com/?p=1493

(4)            Sur ce blog : « Obama : un homme de bonne volonté » : https://vivreetesperer.com/?p=1000  Et, sur le site de Témoins : « Le phénomène Obama : un signe des temps ? » : http://www.temoins.com/societe/culture-et-societe/societe/jean-hassenforder-le-phenomene-obama-un-signe-des-temps/all-pages.html

(5)            Dans les années 60, le théologien Jürgen Moltmann publie son premier livre : la théologie de l’espérance. Dans sa version anglophone : Theology of hope, ce livre exerce une grande influence jusque à être présenté en première page du New York Times.  Une présentation de la vie et de la pensée de Moltmann sur le blog : « l’Esprit qui donne la vie » : « une théologie pour notre temps » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=695

Avaaz. Un mouvement international pour changer le monde

Transformation sociale et transformation personnelle vont de pair

 Le grand mouvement international Avaaz (1) vient de lancer une campagne pour la promotion de principes éthiques : « Faisons preuve de gentillesse et de respect. Tendons vers la sagesse. Pratiquons la reconnaissance ». Cette initiative nous paraît témoigner d’une évolution prometteuse dans un  changement de mentalités à l’échelle internationale. Transformation sociale et transformation personnelle vont de pair. Quel est le parcours du mouvement Avaaz ? Quels principes éthiques veut-il promouvoir ? Comment cette initiative s’inscrit-elle dans une transformation des mentalités où action sociale et spiritualité font alliance ?

 Avaaz . Un mouvement citoyen en ligne.

 « Avaaz – qui signifie « Voix » » dans plusieurs langues d’Asie, du Moyen-Orient et de l’Europe de l’Est – a été lancée en janvier 2007 avec une mission démocratique simple : « fédérer les citoyens de toutes les nations pour réduire l’écart entre le monde que nous avons et le monde voulu par le plus grand nombre et partout.

Avaaz offre à des milliers de personnes venues de tous les horizons la possibilité d’agir sur les questions internationales les plus urgentes, de la pauvreté à la crise du Moyen Orient et au changement climatique. Le modèle de mobilisation par internet permet à des milliers d’efforts individuels, aussi petits soient-ils, de se combiner rapidement pour devenir une puissante force collective. Active dans 14 langues, et animée par une équipe professionnelle présente sur cinq continents et des bénévoles partout dans le monde, Avaaz agit, en signant des pétitions, en finançant des encarts dans les médias, en envoyant des messages et des appels téléphoniques aux dirigeants, en organisant des manifestations et des évènements pour faire en sorte que l’opinion et les valeurs des citoyens du monde influent sur les décisions qui nous concernent tous ».

En quelques années, Avaaz est devenu un mouvement d’envergure mondiale (1). En effet aujourd’hui, il affiche une participation de 40 millions de membres. Cependant il faut préciser que le degré d’implication de ces membres varient beaucoup ; Beaucoup d’entre eux ont simplement signé une pétition lancée par Avaaz sur internet. Le site d’Avaaz nous permet de savoir quelles sont les pétitions qui ont eu le plus d’impact et quels ont été les temps forts du mouvement. Nous avons nous-même signé plusieurs de ces pétitions. On peut voir en ligne les participants qui affluent de nombreux pays. Les causes défendues sont nombreuses et diverses : du soutien apportée à la production  indienne de médicaments génériques accessibles aux plus démunis jusqu’à la lutte contre les pesticides qui détruisent les abeilles en passant par la dénonciation des méfaits de Boko Haram.

Avaaz laisse libre ses membres des soutenir uniquement les causes avec lesquelles ils se sentent en affinité. « Chez Avaaz, nous reconnaissons que des gens de bonne foi seront souvent en désaccord sur des détails précis. Au lieu de s’échiner à obtenir le consensus, chacun d’entre nous décide de participer ou non à chacune des campagnes. Mais, sous chaque campagne d’Avaaz , se trouve un ensemble de valeurs,  la conviction que nous sommes avant tout des êtres humains dotés de responsabilités envers chacun, envers les générations futures et la planète ». Cependant, le terme de « membre » employé pour désigner celui qui participe aux activités d’Avaaz, nous paraît quelque peu excessif. Le terme de sympathisant,  associé ou partenaire pourrait être plus pertinent.

Mais Avaaz ne sollicite pas seulement ses membres pour développer des campagnes. Elle est également à leur écoute.

« Chaque année, Avaaz définit ses priorités générales à partir d’un sondage proposé à tous ses membres et les idées de campagne sont soumises par sondage et testées chaque semaine auprès de panels de 10000 membres choisis au hasard ». Avaaz suit ainsi le mouvement réformateur dans l’opinion mondiale. Ces campagnes sont mises en oeuvre à partir d’un travail avec des partenaires et des experts et d’une prise en compte de moments charnières entre crise et opportunité. « Dans la vie d’un enjeu ou d’une cause, il apparaît parfois un moment où une décision doit être prise et ou une mobilisation du public peut tout à coup faire bouger les choses »

Avaaz, par son origine, par ses dirigeants, par son organisation, témoigne du nouveau contexte international où une conscience mondiale est en train d’émerger. Certes des critiques peuvent être émises sur tel ou tel point, mais, dans l’ensemble, Avaaz a remporté des victoires dans la défense de causes positives et il apparaît, selon le journal « Guardian », comme le plus grand et le plus puissant mouvement citoyen mondial en ligne.

 

Promotion de principes de vie : comment être meilleur pour soi et pour les autres.

C’et pourquoi on peut accorder une attention toute particulière à une campagne qu’Avaaz vient d’entreprendre et qui vise à développer des comportement fondés sur une vision éthique et spirituelle (2). Cette campagne a pour but de favoriser une transformation personnelle. « Engagez-vous dans une aventure intérieure pour comprendre comment être meilleur pour soi et pour les autres. C’est une partie cruciale du changement qie nous souhaitons tous ». C’est dire que transformation sociale et transformation personnelle vont de pair.

Avaaz invite ses membres à vivre selon trois principes : gentillesse et respect, sagesse et reconnaissance. La formulation de  ces principes est elle-même instructive  et prometteuse.

Faire preuve de gentillesse et de respect.

Nous ferons preuve de gentillesse et de respect envers nous-même et les autres aussi souvent que possible : tout le monde livre au moins une bataille dont nous ne savons probablement rien.

Tendons vers la sagesse.

Nous ferons notre possible pour prendre les décisions justes en nous écoutant et en écoutant attentivement les autres. Nous chercherons l’équilibre entre notre raison, notre cœur et nos intuitions dans une harmonie qui sonne juste.

Pratiquons la reconnaissance

Nous prendrons régulièrement le temps de penser à toutes les personnes et choses pour lesquelles nous éprouvons de la reconnaissance, parce que cela met les choses en perspective, dissout la négativité et nous aide à nous concentrer sur ce qui compte vraiment.

Avaaz s’engage dans cette campagne avec détermination.    « Notre communauté soutient avec une écrasante majorité ces trois grands principes qui peuvent nous aider à changer le monde. Rejoignez les milliers de membres qui ont pris cette résolution envers eux-mêmes et partagez votre expérience et l’histoire de votre aventure intérieure  sur notre chat enligne ». Et, pour la suite, Avaaz ne manque pas d’ambition puisqu’elle se propose : « quand nous serons 500000 à avoir pris cet engagement, nous inviterons les dirigeants du monde entier à nous rejoindre ».

Et, dans un message aux membres d’Avaaz, Ricken Patel et toute l’équipe propose des suggestions pratiques. « A propos de la reconnaissance, si vous ne l’avez jamais fait, essayez de faire cet exercice : Fermez les yeux, respirez profondément et prenez trente secondes pour penser à ce pour quoi et pour qui vous vous sentez reconnaissant. Si vous faites cet exercice à deux ou à plusieurs, ce sera encore mieux. Vous pourrez alors partager ce que vous ressentez. Nous l’avons fait lors des réunions publiques de la Marche des citoyens pour le climat (et même pendant la Marche elle-même) et c’était vraiment extraordinaire ».

 

« Soyez le changement que vous voulez pour le monde »

Cette initiative d’Avaaz nous paraît s’inscrire dans un état d’esprit dont Gandhi a été un porte-parole emblématique lorsqu’il proclame : « Soyez le changement que vous voulez dans le monde » (3).

Dan les dernières décennies, à la suite des « groupes d’Oxford » fondé par le pasteur américain, Frank Buchman, le « Réarmement moral », à partir de 1938, a voulu s’opposer à la montée du nazisme, en développant un renouveau spirituel accessible à tous et fondé sur une pratique de l’écoute dans le silence (4). Dans l’après-guerre, ce mouvement a beaucoup travaillé en faveur de la résolution de conflits internationaux par la réconciliation et le pardon. Sa devise rejoint celle de Gandhi : « Changer soi-même pour que le monde change ». L’appellation : « Réarmement moral » a correspondu à une époque, mais elle n’était plus adaptée à la notre. Mais le mot d’ordre : « Changer soi-même pour que le monde change » a été repris aujourd’hui par le mouvement : Initiatives et changement » (5), lui-même héritier des valeurs du Réarmement moral. La conscience de notre responsabilité personnelle par rapport aux problèmes avec lesquels l’humanité est confrontée, nous paraît aller grandissant. C’est ainsi que le mouvement « Colibris », inspiré par Pierre Rahbi, se réfère à une légende amérindienne : face à un immense incendie de forêt, un petit colibri s’active en allant chercher quelques gouttes d’eau pour les jeter sur les flammes. Il sait bien que cette tentative de petit pompier est dérisoire, mais « il fait sa part ».

Dans son ouvrage : « La guérison du monde » (6), Frédéric Lenoir envisage le monde actuel dans une perspective historique, de « la fin d’un monde » à « l’aube de la renaissance », et ce livre se conclut par un chapitre intitulé : « Se transformer soi-même pour changer le monde ».  « C’est quand la pensée, le cœur, les attitudes auront changé que le monde changera ». « La modernité a mis l’individu au centre de tout. C’est donc aujourd’hui sur lui plus que sur les institutions et les superstructures que repose l’enjeu de la guérison du monde ». Bonne nouvelle ! Frédéric Lenoir perçoit une évolution  dans les attitudes. Il distingue trois phases successives dans la manifestation de l’autonomie : «  l’individu émancipé, l’individu narcissique et l’individu global ». « Dans cette troisième phase, nous assistons depuis une quinzaine d’années à la naissance d’une troisième révolution individualiste. Différents mouvements convergent : « besoin de redonner du sens à la vie commune à travers un regain des grands idéaux collectifs, besoin de donner du sens à sa vie personnelle à travers un travail sur soi et un questionnement existentiel » (p 289). Ici idéal social et conscience spirituelle se conjuguent. Dans ce contexte, on comprend mieux l’initiative d’Avaaz dans la promotion de trois principes de vie.

Si les menaces abondent dans notre monde tourmenté, on peut y voir un temps de crise qui est aussi un passage vers une civilisation nouvelle. Aujourd’hui, face aux épreuves, en lutte pour la la sauvegarde de la vie et pour la justice, en conscience de plus en plus universelle, les hommes ont besoin de changer dans leurs comportements dans le sens des principes formulés par Avaaz . C’est une requête et une aspiration qui nous appelle à puiser dans une inspiration qui se manifeste dans une diversité de traditions religieuses et philosophiques. Personnellement, nous entendons le message exprimé et  vécu par Jésus : « Tu aimeras le prochain comme toi-même ». (Matthieu 22.39). Et nous voyons  l’œuvre de l’Esprit dans une humanité en marche à la recherche de la justice et de la fraternité. Comme l’écrit le théologien Jürgen Moltmann : « A l’encontre de toutes les forces contraires, le projet de Dieu est l’harmonie entre les êtres » (7). En lutte contre ce qui défigure aujourd’hui l’humanité et la nature, Avaaz s’inspire de valeurs qui fondent son combat. A travers la promotion de principes de vie, elle s’engage dans une approche globale où transformation personnelle et transformation collective sont appelées à se conjuguer.

J H

 

(1)            Site d’Avaaz : http://www.avaaz.org/fr/ . Pour une information sur l’histoire et le fonctionnement d’Avaaz, voir Wikipedia francophone et anglophone.  Pour un éclairage sur le fonctionnement d’Avaaz et sur la personnalité et le rôle de son fondateur, Ricken Patel,  nous avons apprécié un article de Carole Cadwallade sur le site du Guardian : « Inside Avaaz. Can online activism really change the world ? » http://www.theguardian.com/technology/2013/nov/17/avaaz-online-activism-can-it-change-the-world

(2)            Trois principes de vie : https://secure.avaaz.org/fr/three_principles_loc/?pv=592&rc=fb

(3)            « Soyez le changement que vous voulez pour le monde » : Cette parole de Gandhi est rappelée par  Frédéric Lenoir  dans son livre : « La guérison du monde » et aussi dans un chapitre du livre :  « Nos voies d’espérance » : Sur ce blog : « Discerner les voies d’une société plus humaine » : https://vivreetesperer.com/?p=1992

(4)            Témoignage sur le Réarmement moral : Philippe et Lisbeth Lasserre. La voix intérieure. Témoins, N° 120, mars 1996, p 10-11. Consultable sur le site de Témoins : http://temoins.com/about-joomla/la-memoire-de-temoins/les-43-magazines/temoins-nd-120.html

(5)            Site d’Initiatives et Changement : http://fr.iofc.org/. Sur ce blog : « Une jeunesse engagée pour une société plus humaine et plus durable. Interview de Myriam Bertrand, volontaire du service civique à Initiatives et changement (sept 2013-mars 2014) : https://vivreetesperer.com/?p=1780     « Construire une société où chacun aura sa place.  A propos de la relation France-Maghreb » : https://vivreetesperer.com/?p=1240

(6)            Frédéric Lenoir. La guérison du monde. Fayard, 2012. Sur ce blog : « Un chemin de guérison pour l’humanité » : https://vivreetesperer.com/?p=1048   Commentaire : « Emergence d’une nouvelle sensibilié spirituelle et religieuse. En regard du livre de Frédéric Lenoir : La guérison du monde » : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/recherche-et-innovation/etudes/emergence-dune-nouvelle-sensibilite-spirituelle-et-religieuse-en-regard-du-livre-de-frederic-lenoir-l-la-guerison-du-monde-r

(7)            Introduction à la pensée de Jürgen Moltmann sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : http://www.lespritquidonnelavie.com/  Voir sur ce blog : « Vivre en harmonie » : https://vivreetesperer.com/?p=43 « L’essence de la création dans l’Esprit est par conséquent la « collaboration » et les structures manifestent la présence de l’Esprit dans la mesure où elles font connaître l’ « accord général ».

Discerner les voies pour une société plus humaine

Des témoignages porteurs d’espérance 

 Dans la morosité du temps, lorsqu’au désarroi et à la détresse de beaucoup de gens, s’ajoutent le manque de vision des politiques et la focalisation des médias sur les mauvaises nouvelles, alors on a besoin d’analyser plus profondément les changements en cours et de mettre en évidence des évolutions positives, de discerner des pistes d’espérance. Voilà pourquoi le recueil d’entretiens publié par  » mérite notre attention. Et le sous-titre précise le propos : « Entretiens avec dix grands témoins pour retrouver confiance » (1).

Les chapitres correspondants méritent d’être énoncés, car on perçoit, à travers cette liste, des thèmes privilégiés comme la transition écologique (Nicolas Hulot, Anne-Sophie Novel, Pierre Rabhi), une pratique nouvelle de l’économie  (Cynthia Fleury, Anne-Sophie Novel, Dominique Méda), une aspiration spirituelle et morale (Frédéric Lenoir, Pierre-Henri Gouyon, Abdal Malik, Françoise Héritier). Et, il y a, chez chacun des auteurs, un choix de l’espérance tant pour la vie personnelle que pour une vision de l’avenir de notre société. C’est un dénominateur commun entre les personnes interviewées par Olivier Le Naire. Celles-ci ont même exprimé leur démarche dans un manifeste publié au début du livre : « Nos voies d’espérance ».

Le déroulé des titres dans le sommaire exprime bien le cheminement de cette pensée et de cet engagement :

° Refonder la vie publique, réussir la transition écologique (Nicola Hulot)

° Combattre les inégalités, choisir notre liberté (Cynthia Fleury)

° Apprendre à partager, humaniser l’économie (Anne-Sophie Novel)

° Donner un sens à sa vie (Frédéric Lenoir)

° Réinventer le travail et la croissance (Dominique Méda)

° Se réconcilier avec la nature (Pierre Rabhi)

° Réapprivoiser les sciences (Pierre-Henri Gouyon)

° Réussit l’intégation, relancer la citoyenneté (Abd al Malik))

° Trouver notre identité et notre place dans le monde (Eric Orsenna)

°Apprendre à vivre ensemble, éduquer autrement (Françoise Héritier)

 

Conscience écologique

La prise de conscience de la valeur de la nature et du respect qui doit lui être porté, est un des fils conducteurs

Aujourd’hui, le parcours de Pierre Rabhi est de plus en plus connu dans notre pays. Son interview témoigne à la fois d’un constat des impasses d’une technologie sans conscience et d’une dimension morale et spirituelle. Pierre Rabhi œuvre pour la promotion d’une agroécologie. « L’agroécologie, ce n’est pas un marché, ce n’est pas un business, mais quelque chose qui participe à un véritable changement de société. Un autre rapport à la vie, un autre rapport spirituel, esthétique, éthique au monde » (p 132).

Dans ce recueil, Nicolas Hulot est une autre grande figure de l’écologie. Engagé dans une action à grande échelle, confronté à l’inconscience de certains cercles dirigeants, il sait mettre en  valeur les expériences positives et les situations à portée de la main.

 

Une nouvelle approche économique et sociale

#Un autre fil conducteur est la mise en évidence du changement qui commence à se manifester dans la pensée économique. Ainsi plusieurs auteurs dénoncent l’abus actuel du terme de crise qui sous-tend l’idée qu’on pourrait revenir au modèle antérieur. On ne peut croire qu’ « avec un hypothétique retour de la croissance, tout pourrait redevenir comme avant. La croissance se heurte à des limites physiques.  Comme les ressources de la planète connaissent leur finitude, nous devons donc accepter que tout retour au passé, non seulement ne soit pas souhaitable, mais impossible » (p 19). Mais là aussi, on voit apparaître des voies nouvelles qui renouvellent la pratique économique. Anne-Sophie Novel met en évidence l’émergence de l’économie collaborative (2) où le changement des pratiques économiques va de pair avec la transformation des pratiques sociales. Cynthia Fleury évoque la transformation de la vie professionnelle et, face à une évolution où l’emploi se raréfie, elle propose d’offrir « à tout individu, dès sa naissance, une allocation universelle, versée chaque mois et tout au long de la vie, ce revenu étant  précisément dissocié du travail et de l’emploi » (p 53). Dominique Méda critique une fixation sur la croissance du PIB et esquisse une conception nouvelle du travail.

 

Aspirations spirituelles

 A partir de leur champ d’intervention, les auteurs présents dans ce recueil s’entendent pour mettre en évidence une transformation des genres de vie. Cette nécessaire transformation, déjà en route, requiert un changement personnel. Abd al Malik nous raconte comment, dans le contexte d’un quartier défavorisé, il a traversé une période de petite délinquance, en est sorti et vit une expérience spirituelle. En exergue de sa contribution qui est aussi un appel à la fraternité, Abd al Malik cite une pensée de Ludwig Wittgenstein : « La meilleure des choses que l’on puisse faire pour améliorer le monde, c’est s’améliorer soi-même » (p 159).

C’est aussi l’appel de Frédéric Lenoir : « Vous connaissez la fameuse phrase de Gandhi : « Soyez le changement que vous voulez dans le monde ». Il faut le dire, le répéter. Cela ne sert à rien de vouloir changer le monde si on ne change pas soi-même, si on n’a pas des comportements éthiques, des engagements, une justesse de vie dans nos actes quotidiens » (p 91). La transformation en cours appelle et suscite des aspirations spirituelles. Frédéric Lenoir identifie les obstacles, et, en regard, il met en  évidence quelques pistes de cheminement spirituel (3). Il nous parle des spiritualités asiatiques qui, « telles qu’elles ont été importées -j’insiste sur ce point- ont été adaptés à nos besoins. Elles nous aident à vivre mieux parce ce qu’elles proposent des outils de lien  entre le corps et l’esprit… » (p 96). S’il y a eu des dérives dans la religion dominante en France, « un christianisme qui est devenu une religion sociale », Frédéric Lenoir nous montre comment « le message de l’Evangile a, au contraire, pour but de nous aider à acquérir une liberté intérieure, à aller vers une recherche de la vérité qui libère (« La vérité vous rendra libre », dit Jésus). C’est aussi un message d’amour du prochain qui pose comme priorité la communion des uns avec les autres » (p 95).

Sur un autre registre, un scientifique, biologiste spécialisé en sciences de l’évolution, Pierre-Henri Gouyon s’interroge sur les risques encourus par l’humanité face à un changement technologique extrêmement rapide et incontrôlé. « Les actions que nous décidons dans la précipitation et l’aveuglement sont-elles bonnes pour l’avenir de l’humanité ? » (p 143). Trop souvent, la science génère et couvre aujourd’hui une « course folle de la technologie » (p 148).  Et il en donne des exemples, des OGM aux nanotechnologies. Il évoque la menace d’un eugénisme ravageur. Pour faire face à ces menaces, on a besoin de principes. « Nous avons besoin de principes sur la manière de considérer la vie et pas seulement la vie humaine. Globalement, existe-t-il quelque chose de respectable dans tout ce qui est vivant et que signifie respecter le vivant ? (p 157)

 

Du pessimisme à une espérance active

Il y a donc aujourd’hui à la fois des menaces, des prises de conscience et des pistes pour des transformations positives. Cependant, il semble que le pessimisme des français quant à leur avenir collectif est aujourd’hui encouragé par les attitudes de certains milieux influents dans différents cercles de pouvoir ou dans des médias. Dans un de ses derniers livres : « Une autre vie est possible » (4), Jean-Claude Guillebaud dénonce un pessimisme répandu dans l’intelligentsia parisienne. Frédéric Lenoir abonde dans ce sens. « En France, la plupart des intellectuels entretiennent une sorte de cynisme. Pour eux, par exemple, le bonheur est une chimère et très peu osent encore en parler » (p 85)… Je constate un décalage entre ceux qui vivent à Paris et les autres… Les provinciaux se montrent en général plus optimistes, cherchent des solutions et sont davantage prêts à se mobiliser. Le mal français vient aussi du fait que la majorité des médias et des élites vit justement à Paris dans un milieu stressé et, en général, assez cynique, ce qui offre une caisse de résonance nationale à ce pessimisme » (p 86). Et, par ailleurs,  Frédéric Lenoir rejoint  un diagnostic qui est exprimé par plusieurs autres auteurs dans ce livre : « Au lieu de tenir le discours d’une remise à plat, trop d’experts ou d’hommes politiques français prétendent revenir au modèle des Trente Glorieuses, à ce qu’on aurait perdu, alors que je suis convaincu -et je ne suis pas le seul- qu’on n’échappera pas à une remise en question très profonde de notre modèle de développement. Bien sûr l’économie est importante, mais, pour aller mieux, il faut avant tout se reposer cette question essentielle :  Qu’est ce que bien vivre ? Comment vivre de manière harmonieuse, à la fois individuellement et collectivement, dans un monde globalisé où les ressources sont limitées ? » (p 86)

 

Ce livre met ainsi en évidence des convergences entre des auteurs aux cheminements divers. Il exprime un nouvel état d’esprit. Il met en valeur des pistes de changement balisées par de nombreuses innovations. C’est bien une perspective à partager sur un blog qui veut se fonder sur une dynamique d’espérance (5).

J H

 

(1)            Le Naire (ed). Nos voies d’espérance. Entretiens avec 10 grands témoins pour retrouver confiance. Actes Sud/ LLL Les liens qui libèrent, 2014. Sur le site d’Actes Sud, voir les interviews des auteurs en vidéo : http://www.actes-sud.fr/nos-voies-desperance

(2)            Sur ce blog : « Anne-Sophie Novel, militante écologiste et pionnière de l’économie collaborative » : https://vivreetesperer.com/?p=1975                                 « Une révolution de l’être ensemble… Présentation du livre d’Anne-Sophie Novel et Stéphane Riot : « Vive la co-révolution. Pour une société collaborative » : https://vivreetesperer.com/?p=1394

(3)            Sur ce blog : « Un chemin de guérison pour l’humanité. Présentation du livre de Frédéric Lenoir : « La guérison du monde » : https://vivreetesperer.com/?p=1048

(4)            Sur ce blog  « Pour vivre ensemble, il faut être orienté vers l’avenir.  Le livre de Jean-Claude Guillebaud : « Une autre vie est possible » : https://vivreetesperer.com/?p=1986

(5)            Si certaines formes religieuses sont marquées par les séquelles du passé, nous nous référons ici à la pensée d’un théologien de l’espérance : Jürgen Moltmann. Il écrit : « De son avenir, Dieu vient à la rencontre des hommes et leur ouvre de nouveaux horizons qui débouchent sur l’inconnu et les invite à un commencement nouveau… Le christianisme déborde d’espérance… Il est résolument tourné vers l’avenir ». (p 109, in : Jürgen Moltmann. De commencements en recommencements. Une dynamique d’espérance. Empreinte, 2012). Voir : https://vivreetesperer.com/?p=572                                       Voir aussi : « Vivre en harmonie avec la nature. Ecologie, théologie et spiritualité » : https://vivreetesperer.com/?p=757                                     Ouverture à la pensée de Jürgen Moltmann sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : http://www.lespritquidonnelavie.com/

 

Sur ce blog, voir aussi :

 

« Un mouvement émergent pour le partage, la collaboration et l’ouverture. OuiShare, comunauté leader dans le champ de l’économie collaborative » : https://vivreetesperer.com/?p=1866

 

« Une jeunesse engagée pour une société plus humaine et plus durable » : https://vivreetesperer.com/?p=1780

 

« Face à la crise, un avenir pour l’économie. La troisième révolution industrielle » : https://vivreetesperer.com/?p=354

 

« Une révolution en éducation. L’impact d’internet pour un nouveau paradigme en éducation » : https://vivreetesperer.com/?p=1565

 

« Emergence en France de « la société des modes de vie. La vision de Jean Viard sur le potentiel français » : https://vivreetesperer.com/?p=799

 

« Une théologie pour la vie. Jürgen Moltmann en conversation avec un panel de théologiens » : https://vivreetesperer.com/?p=1917

 

 

Pour vivre ensemble, il faut être orienté vers l’avenir

Jean-Claude-Guillebaud : « Une autre vie est possible »

 Pour aller de l’avant, nous avons besoin d’un horizon. Et aujourd’hui, dans cette période difficile, et à travers l’information dominante, nous sommes menacés par la morosité. Pour certains, l’horizon paraît bouché. Nous avons besoin de discernement et d’espérance. Comme correspondant de guerre, pendant plus de trente ans confronté à des catastrophes, puis comme chercheur engagé dans la compréhension de notre époque à partir des sciences humaines, Jean-Claude Guillebaud a toute légitimité pour nous interpeller en proclamant dans un de ses derniers livres : « Une autre vie est possible ». Sur ce blog, nous avons mis en valeur l’apport de cet ouvrage (1). Aujourd’hui, celui-ci est publié en livre de poche (2),  et, à cette occasion, l’auteur s’adresse à nous à travers une courte vidéo (3).

Son message s’ouvre sur un témoignage.  Dans les catastrophes auxquelles il a assisté, il a vu des gens espérer et lutter. « Pendant des années, j’ai appris l’espérance auprès des gens qui vivaient dans des tragédies ». Et, à ses retours en France, il était d’autant plus affecté par la « sinistrose », un état d’esprit négatif qui prévalait dans certains milieux. Aujourd’hui encore, il constate dans la presse, dans les médias, une amplification des malheurs, une « disposition aux catastrophes ». Et certes, l’information a pour mission de couvrir toute la réalité, mais il ne faudrait pas oublier de donner aussi les bonnes nouvelles. Il est important de développer le sens des proportions.

Jean-Claude Guillebaud nous appelle à l’espérance. « Je suis pour ce que j’appelle un optimisme stratégique ». « Etre optimiste, cela ne veut pas dire que tout va bien. C’est justement lorsque les choses vont mal qu’on doit être capable de se tenir debout et d’être habité par l’espérance ». Et nous avons besoin d’un horizon. « La démocratie, c’est le goôt de l’avenir. On ne peut pas vivre ensemble sans un projet…Pour vivre ensemble, il faut être orienté vers l’avenir ».

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Voilà une pensée qui en rejoint d’autres comme celle de Jürgen Moltmann, le théologien de l’espérance.  L’espérance, nous dit Moltmann, suscite notre motivation.  Peut-on agir si nous avons l’impression de nous heurter à un mur ? Pour agir, nous avons besoin de croire que notre action peut s’exercer avec profit : « Nous devenons actifs pour autant que nous espérions… Nous espérons pour autant que nous pouvons entrevoir des possibilités futures. Nous entreprenons ce que nous pensons être possible ». Ce regard inspire notre comportement sur différents registres, dans la vie quotidienne, mais aussi dans la vie sociale . « Une éthique de la crainte nous rend conscient des crises. Une éthique de l’espérance perçoit les chances dans les crises ». « L’espérance chrétienne est fondée sur la résurrection du Christ et s’ouvre sur une vie qui est à lumière d’un nouveau monde suscité par Dieu » (4)

J H

 

(1)            Guillebaud (Jean-Claude). Une autre vie est possible. Comment retrouver l’espérance ? L’Iconoclaste, 2012 . Mise en perspective sur ce blog : « Quel avenir pour le monde et pour la France . Choisir l’espérance, c’est choisir la vie ». https://vivreetesperer.com/?p=937

(2)            Guillebaud (Jean-Claude). Une autre vie est possible. Pocket, 2014

(3)            Vidéo de Jean-Claude Guillebaud : https://www.youtube.com/watch?v=aHqrGM9jZ1Q

(4)            Sur le blog : « l’Esprit qui donne la vie » : « Espérer et agir. Agir et espérer » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=900

 

 

Sur ce blog, voir aussi :

 

« Une théologie pour la vie » : https://vivreetesperer.com/?p=1917

 

« L’avenir inachevé de Dieu » : https://vivreetesperer.com/?p=1884

 

« Pour une société collaborative » : https://vivreetesperer.com/?p=1534

 

« Une vision de la liberté » : https://vivreetesperer.com/?p=1343

 

« Une révolution de l’être ensemble » : https://vivreetesperer.com/?p=1394

Anne-Sophie Novel : militante écologiste et pionnière de l’économie collaborative

 

 

Chercher et communiquer pour agir

 

Dans son « talk » en 2014 à Ted x Nantes (1) , Anne-Sophie Novel retrace son parcours de militante écologiste et de pionnière de l’économie collaborative. A travers un travail soutenu de communication et d’expression sur internet, elle a contribué efficacement à l’avancement des causes dans lesquelles elle est engagée. Son influence s’exerce à travers la relation et le partage, aussi a-t-elle pu intituler son intervention : « Cultiver son pouvoir d’agir ». Anne-Sophie Novel écrit aussi des livres. Et, sur ce blog, nous avons rendu compte de son livre pionnier : « Vive la COrévolution.  Pour une société collaborative » (2). Ainsi, nous sommes heureux de retrouver Anne-Sophie Novel dans ce talk où nous découvrons son parcours et les convictions qui l’animent.

 

A la suite de l’attentat contre le World Trade Center à New-York en 2001, observant la rapide réouverture de Wall Street, elle s’interroge sur les rapports entre l’économie et le terrorisme et entreprend une thèse sur ce sujet. Au cours de ce travail, deux conclusions lui viennent à l’esprit : « La majorité des attentats sont liés à des conflits autour des ressources naturelles. La menace terroriste n’est rien au regard de la menace écologique ».

 

En 2007, elle s’engage davantage dans la promotion de l’écologie avec « l’Alliance pour la planète » et la réalisation d’un blog : « A l’évidence ». et d’un site connectant l’information dans ce domaine : « Ecolo info ». En 2009, dans le milieu de l’information, elle participe activement à la Conférence de Copenhague. Dans la déception engendrée par les blocages qui ont entravé cette conférence, elle est amenée à exprimer deux convictions : « Le changement ne viendra pas du haut, mais du bas à des échelles ultralocales, au niveau des villes et des territoires. Le changement est déjà en marche. La société civile et les citoyens agissent de partout. Parce que cela va mal et parce qu’ils veulent aussi réinventer leur quotidien ».

 

« J’ai envie d’en parler, donc je m’intéresse et j’explore l’idée selon laquelle le partage va changer le monde. Je commence à faire une veille sur la coopération ». Les termes varient selon les pays : « collaboration radicale » aux Etats-Unis, « co-opportunité » en Grande-Bretagne.  En France, on commence à parler de « consommation collaborative ». « Et là, cela fait tilt. Je réalise qu’on n’est pas en train de vivre une simple crise. Nous sommes dans une transition. Chaque jour, des pans entiers de notre économie sont en train de se fissurer. Des failles béantes laissent s’immiscer des jalons d’une nouvelle économie. On a appris avec le web et le numérique à partager de l’information et maintenant on partage bien plus que de l’information » dans des aspects très divers de notre vie quotidienne. « Nous sommes interconnectés en permanence. Sous couvert de crise économique, nous sommes en train de retisser du lien social et cela a un effet positif  pour la planète. En réalité, nous sommes en train de court-circuiter l’économie classique. La consommation, la production, la distribution, la finance, l’éducation, la politique sont en train de se fissurer et vont devoir se réinventer de l’intérieur. Les ONG, avec de nouveaux pouvoirs d’agir, ont une force supplémentaire. Les organisations vieillissantes, hiérarchiques, descendantes vont devoir s’horizontaliser et, finalement, on ne devra plus manager, mais faciliter les échanges dans les organisations. C’est ce que j’ai appelé une « Co-révolution ». De fait, le livre d’Anne-Sophie Novel et Stéphane Riot éclaire pour nous le nouveau monde qui est en train de naître.

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Dans cette vidéo, en annonçant des points de vigilance, Anne Sophie-Novel nous propose des pistes pour comprendre le changement et pour avancer.

«  Le monde, dans lequel nous vivons, s’accélère. Il se complexifie. Il crée des crispations. Il crée une montée des extrêmes. Mais je crois qu’on doit quand même abandonner les idées provinciales. Changer n’est pas facile, mais cela se travaille ». C’est un temps de crise et on ne retrouvera pas la situation antérieure. « On va passer par des zones de turbulence qu’on a jamais connu jusque là.  Il vaut mieux anticiper pour imaginer de nouveaux possibles ».

« L’économie collaborative ou la co-révolution sont parmi ces possibles. Mais à quoi bon référencer ses biens en ligne si c’est pour marchandiser la plus petite intimité de notre vie. Il nous faut promouvoir beaucoup de transparence et de logique ouverte. L’innovation ne sert de rien si on ne développe pas également une vision plus adaptée aux enjeux d’aujourd’hui ».

 

Aujourd’hui, on dispose de toutes les solutions, de tous les rapports. « Ce qui nous manque bien souvent, c’est une vision et des dirigeants qui ont le courage de s’engager dans cette vision. Mais nous, avec notre pouvoir d’agir, nous avons tout pour les y mener. Let’s go ! »

 

Dans ce talk, Anne-Sophie Novel nous invite à cultiver « notre pouvoir d’agir ».  Tout au long de son parcours, elle a réalisé des outils de communication pour partager : des blogs (3), des livres (4)… Elle associe recherche, expertise et communication.

D’expérience, nous savons que le changement passe par une évolution des représentations, car celles-ci induisent nos comportements. Notre pouvoir d’agir, c’est bien de contribuer à cette évolution.  Ensemble, nous pouvons partager la vision et l’enthousiasme qu’Anne-Sophie Novel nous communique.

 

J H

 

(1)            « Cultiver son pouvoir d’agir » : Anne-Sophie Novel à TEDx Nantes : http://tedxnantes.fr/?p=396

(2)            Novel (Anne-Sophie) Riot (Stéphane). Vive la COrévolution ! Pour une société collaborative. Alternatives, 2012 (Manifestô)       Mise en perspective sur ce blog : « Une révolution de « l’être ensemble » : https://vivreetesperer.com/?p=1394

(3)            Blogs : « De moins en mieux » : http://www.demoinsenmieux.com/   « Même pas mal. Partage d’initiatives pour mode de vie en temps de crise » : http://alternatives.blog.lemonde.fr/a-propos/

(4)            Novel (Anne-Sophie). La Vie Share. Mode d’emploi. Alternatives, 2013 . En automne 2014, vient de paraître un recueil de 10 entretiens édité par Olivier Le Naire : Le Naire (Olivier) ed. Nos voies d’espérance. Entretiens avec dix grands témoins pour retrouver la confiance. Actes Sud/ Les liens qui libèrent.  Contribution de Anne-Sophie Novel : « Apprendre à partager. Humaniser l’économie. De la lucidité » p 59-80.  Le point sur la pensée de Anne-Sophie Novel. Voir à ce sujet en vidéo, une courte intervention de l’auteure. http://www.dailymotion.com/video/x25a3u7_anne-sophie-novel-2-nve_webcam

 

Sur ce blog, voir aussi :

« Pour une société collaborative ! Un avenir pour l’humanité dans l’inspiration de l’Esprit » https://vivreetesperer.com/?p=1534

« L’ére numérique. Glles Babinet, un guide pour entrer dans ce nouveau monde » https://vivreetesperer.com/?p=1812

« Un mouvement émergent pour le partage, la collaboration et l’ouverture.  OuiShare : une communauté leader dans le champ de l’économie collaborative » https://vivreetesperer.com/?p=1866