Une jeunesse engagée pour une société plus humaine et plus durable

Interview de Myriam Bertrand, volontaire du service civique à Initiatives et Changement (septembre 2013- mars 2014)

Myriam Bertrand vient de terminer un master 2 en communication. Pour cette formation, elle a accompli son stage de fin d’étude dans l’association « Colibris », Mouvement pour la Terre et l’Humanisme. Et comme volontaire du service civique, à la rentrée 2013, pour une période de six mois, elle s’engage dans l’association « Initiatives et Changement » pour y travailler dans le domaine de la communication et du financement de l’association. Selon Myriam, ces deux associations ont « en commun de vouloir aider les acteurs du changement de la société ». La démarche de Myriam témoigne aussi d’un projet de vie. Elle répond ici à quelques questions sur sa motivation, sur son parcours, sur ses intentions.

J H

Myriam présentation

Myriam, quel a été ton parcours universitaire ? Pourquoi t‘es –tu engagé dans une formation en communication ? Qu’est-ce qui te semble important dans ce que tu as appris ?

Tout d’abord, merci d’être venu me trouver pour réaliser cette interview. Je suis heureuse de pouvoir montrer que tout comme moi, des jeunes sont motivés pour faire évoluer la société. J’ajouterais que nous sommes tous acteurs du changement, par nos actes, jeunes, adultes, enfants. C’est pourquoi, il m’a de suite semblé important de me poser ces questions : quelle société je souhaite ? Quelles actions puis-je réaliser pour participer à faire évoluer la société ?

Primo : travailler sur moi. Il n’y a ni noir ni blanc que des nuances de gris. Ce qui est important, je pense, c’est savoir s’écouter et avancer à son rythme. La vie, c’est être en constante évolution, avancer pas à pas.

Secondo : exercer un métier pour lequel je pense avoir certaines compétences et l’appliquer pour des projets qui participent à rendre la société plus humaine, plus durable.
Il s’est avéré que ce métier est dans le domaine de la communication. Cette dernière est présente partout. Elle est un fabuleux outil que je souhaite mettre à disposition des acteurs du changement. En plus de mon Master 2 en communication, j’ai une licence Administration Economique et Social, parcours commerce et affaires internationales qui m’a permis de développer mon ouverture au monde et ma polyvalence en étudiant diverses disciplines : droit, économie, sociologie, gestion, informatique, etc.

Le voyage est également un élément important dans ma formation : celle de la vie. Aller à la rencontre des différentes cultures, voir ce qui se passe autre part, pour s’inspirer, s’informer, grandir, apprendre sur soi et les autres.

Quelle est la motivation profonde qui t’a amené à choisir comme première expérience professionnelle, deux associations qui veulent aider « les acteurs du changement de la société » : Colibris, puis

Auparavant, j’ai travaillé au sein de l’entreprise EDF au service communication et à la mission environnement. Le milieu de l’entreprise m’a permis de développer des compétences professionnelles certaines. Seulement, certaines choses manquaient à mon épanouissement, notamment la cohérence et le sens porté à mon travail et de ne pouvoir constater l’impact de mes actions. C’est pourquoi, j’ai choisi de faire mon stage de fin d’étude à Colibris puis de réaliser un service civique à Initiatives et Changement France afin d’agir directement pour une société humaine et durable et aider les acteurs du changement.
Au-delà de mes vœux – subjectifs – de changement de société, il y a ce qu’il est possible de faire aujourd’hui, dans le contexte que l’on connait. C’est pourquoi, il est intéressant et important pour moi d’expérimenter le travail dans différentes organisations et contextes. Je souhaite être la plus efficace possible et ne pas me fermer sur mes seules convictions. Il est, selon moi, plus productif de travailler avec les personnes que contre

Comment as-tu connu Initiatives et changement ? En quoi cette association correspond-elle à tes aspirations ? Comment envisages-tu ton engagement dans le travail de cette association ?

A dire vrai, je ne connaissais pas Initiatives et Changement. Une personne de mon entourage m’en a parlé. Je suis allée sur leur site internet (http://www.fr.iofc.org/home). Les programmes dans les domaines de l’éducation, du dialogue interculturel et de la paix véhiculent des messages forts et m’ont interpellé. Mais alors, pourquoi n’en avais-je jamais entendu parlé ? J’ai eu envie de contribuer à leur visibilité. J’ai donc pris contact avec la responsable de communication pour prendre un peu plus connaissance de leurs objectifs et de leurs activités. Notre échange m’a plu et convaincu. Et quelque temps plus tard me voilà à travailler avec toute l’équipe !

Le temps passe vite. Mon contrat arrive déjà à son terme. Je remercie toute l’équipe : salariés, bénévoles, administrateurs de leur accueil. Il y a encore beaucoup à faire pour porter les actions réalisées par les 3 programmes ! Je suis heureuse d’avoir pu y participer.

Comment perçois-tu l’évolution de la société aujourd’hui ? A côté des aspects négatifs, quelle sont les mouvements positifs ? Comment penses-tu y participer ?

#Les médias traditionnels nous le répètent sans cesse : nous sommes en « crise ». Je préfère ne pas me pencher sur les aspects « négatifs ». Comme tout le monde, j’écoute les informations, mais je préfère mettre mon énergie à construire du « positif ». Aujourd’hui, de nombreux acteurs participent à rendre la société plus humaine et plus durable. A mettre plus de coopération et moins de compétition ; à partager et réinvestir la valeur ajoutée ; etc. Même si aujourd’hui tout ne peut pas être mis en œuvre, des évolutions sont possibles et se produisent. Le défi : faire évoluer intelligemment et pacifiquement la société en prenant en compte, au mieux, toutes les parties prenantes. Il y a beaucoup à (ré)inventer !
En ce qui me concerne, je souhaite mettre en lien les acteurs du changement pour en retirer le meilleur et être moi-même actrice de changement et, quoi qu’il arrive, poursuivre mes rêves.

#Jeune toi-même, tu connais bien la jeunesse actuelle. Dans cette société, cette jeunesse rencontre des difficultés, mais elle est aussi innovante. Comment perçois-tu cette situation ? Pour toi, quelles sont les tendances positives dans la jeunesse d’aujourd’hui ?

#Il m’est difficile de répondre à cette question. La jeunesse est multiple. Elle évolue dans un contexte que l’on appelle « crise ». On nous dit que les emplois diminuent, que les postes stables sont rares. On peut réagir de différentes manières face à ces problématiques, par rapport à ses moyens et ses convictions. Pour ma part, j’ai choisi d’être en accord avec moi-même et de réaliser des projets novateurs et humains tout en prenant en compte le modèle économique actuelle.

#En annonçant sur facebook ton entrée à « Initiatives et changement », tu as communiqué un message qui est au cœur de cette association : « Changer soi-même pour que le monde change ». Pratiquement, qu’est ce que cela veut dire pour toi ? Comment cela se vit-il ?

#Selon moi, il est important d’être en accord entre ce que l’on dit et ce que l’on fait. Je n’ai pas assez d’une vie pour accomplir tout ce que je dis, mais je compte bien y tendre comme je peux. Et surtout être patiente et tolérante avec moi-même.

#Comment envisages-tu l’avenir ? Quels sont tes souhaits et tes projets ?

#Pleine d’aventures, de voyages, de rencontres, d’imprévus, de remises en question, d’apprentissage, tomber pour mieux me relever : la vie !
J’ai toujours eu en tête de construire mon propre projet, selon mon expérience, mes découvertes, mes compétences, pour apporter une pierre parmi tant d’autres à l’édifice du monde.

#Interview de Myriam Bertrand

De la décharge publique à la musique

Au Paraguay, des jeunes forment un orchestre à partir d’instruments fabriqués à partir de déchets.

Quel contraste ! Dans une banlieue d’Asuncion, la capitale du Paraguay, au bidonville de Cateura, un lieu envahi de détritus qui y sont rejetés, un orchestre formé par des jeunes est né.  C’est le « Landfill Harmonic ». Le processus de dégradation a été retourné. Une vidéo (1) retrace pour nous une histoire émouvante de la manière dont des instruments de musique ont été fabriqués à partir du recyclage de déchets apportant ainsi une espérance à des enfants, à des jeunes dont l’avenir auraient été, sans  cela dépourvu de sens. Quel élan de vie ! « Le monde nous envoie des ordures. Nous lui renvoyons de la musique ».

Cette expérience a commencé, il y a cinq ans. Favio Chavez, musicien, joueur de clarinette et de guitare, avait commencé à développer un petit orchestre dans un autre lieu. C’est alors qu’il trouve un nouvel emploi à Cateura : un travail d’animateur dans une association environnementale en vue d’apprendre aux ramasseurs de détritus (« garbage collectors ») à se protéger eux-mêmes. Favio Chavez reprend alors son activité d’animation musicale auprès des jeunes. Mais pour cela, il a besoin d’instruments de musique. Favio Chavez en parle à un ramasseur de détritus, Nicolas Gomez, qui découvre dans la décharge un  ancien tambour, puis le répare. De fil en aiguille, comme il a été charpentier, il se met à l’ouvrage et fabrique une guitare à partir de matériaux trouvés dans la décharge. Bientôt, d’autres instruments vont apparaître. Alors, Favio Chavez peut créer un orchestre formé par des jeunes qui vont commencer à jouer de la musique de grande qualité, de Beethoven et Mozart à Henry Mancini et les Beattles.

Et l’orchestre « Lanfill Harmonic » part maintenant en tournée dans d’autres pays d’Amérique Latine. Aujourd’hui, sa prestation est connue bien au delà, notamment aux Etats-Unis comme en témoignent les articles de presse paru sur un site qui soutient cette remarquable initiative et la préparation d’un film à son sujet (2), et le visionnement de la vidéo sur You Tube et Vimeo par plus d’un million d’internautes.

Combien l’enthousiasme manifesté par les jeunes sur la vidéo est capable des nous émouvoir. « Quand j’entend le son d’un violon, je sens comme des papillons qui s’envolent en moi. C’est un sentiment que je ne peux expliquer », déclare une jeune adolescente. « Sans la musique, ma vie serait sans valeur », nous dit une autre. Cette initiative ne change pas seulement la vie de ces jeunes. Elle transforme également, par osmose, la vie de leur famille, la vie de la communauté locale. Ainsi, a-t-on pu voir tel parent renoncer à la drogue ou tel autre reprendre des études.

Ici, l’harmonie n’est pas seulement un effet de la musique. C’est aussi une harmonie entre les cœurs. Sympathie, émerveillement : une œuvre de l’Esprit.

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J H

(1)            Landfill Harmonic : la vidéo présentant cette initiative : http://www.youtube.com/watch?v=fXynrsrTKbI  « Landfill » peut être traduit en français par : décharge publique. Les ramasseurs de détritus (« garbage collectors ») travaillent pour une réutilisation, un recyclage des ordures. L’orchestre : « Landfill Harmonic » a pu être appelé l’orchestre du recyclage.

(2)         Sur le site : Kickstarter, qui soutient, entre autres, cette initiative et la préparation d’un film à son sujet, une vaste information sur « landfill harmonic », notamment à travers un renvoi à  des articles de presse : http://www.kickstarter.com/projects/405192963/landfill-harmonic-inspiring-dreams-one-note-at-a-t

Une révolution en éducation

L’impact d’internet pour un nouveau paradigme en éducation.

Désir d’apprendre, désir de connaître, désir de comprendre, désir de participer à un univers de sens qui nous dépasse. A travers l’histoire, on peut suivre le mouvement qui en est résulté.

Et, dans les derniers siècles, le désir s’est investi dans le développement de l’école qui a permis l’accès au savoir du plus grand nombre. Et, dans la vie des élèves, cet attrait s’est traduit dans une mobilisation de l’être. Il est des pays où cette mobilisation est particulièrement visible comme en témoigne le film : « Sur le chemin de l’école » (1). Mais, dans cette histoire, il y a deux faces bien différentes. En effet, si l’école, et plus largement l’institution scolaire dans ses différentes étapes, ont suscité un élan, on peut la considérer  également sous un autre jour. En effet, aujourd’hui, elle apparaît également comme un système imposé en fonction d’un double héritage : la hiérarchisation de la société traditionnelle où le pouvoir s’exerce d’en haut à travers de multiples relais ; l’organisation qui a longtemps prévalu dans la société industrielle en terme de production de masse et de normes peu propices à la prise en compte des spécificités industrielles.

Des évolutions et leurs limites.

Ainsi, lorsque le développement progressif de l’autonomie dans les genres de vie a rejoint un idéal de respect de l’enfant et de prise en compte de l’ensemble de son potentiel longtemps refoulé par la culture dominante, alors le système scolaire dans sa forme la plus commune a été de plus en plus interpellé et contesté. On peut retrouver ce mouvement dans le cadre plus général d’une évolution sociale où autonomie et désir de participation sont devenus des réalités majeures. Ce mouvement est international, mais il est plus ou moins précoce et vigoureux selon les pays.

En France, il s’est manifesté dans l’enseignement à travers des pionniers qui sont à l’origine d’expériences novatrices dans ce qu’on a appelé le mouvement de l’Education Nouvelle. De grands noms marquent cette inspiration : Maria Montessori, Decroly, Freinet, Cousinet (2). Dans la seconde moitié du XXè siècle, l’esprit de réforme se répand en se manifestant plus particulièrement dans certaines périodes. Ainsi, juste après la guerre, des « classes nouvelles » apparaissent dans l’enseignement secondaires. L’élève est respecté dans son potentiel et dans son cheminement. Et le travail d’équipe est encouragé. Cependant, la remise en cause du système prend toute son ampleur dans les décennies 60 et 70 dans la foulée de la transformation de notre société qui a été décrite par le sociologue  Henri Mendras dans les termes d’une « Seconde Révolution Française » (3). Il y a à la fois l’accès des milieux  populaires à la scolarisation dans l’enseignement secondaire et le développement de l’autonomie dans les comportements sociaux et culturels qui apparaît dans la jeunesse dès les années 60. Les cadres rigides du système scolaire apparaissent comme une barrière et sont remis en cause. A cet égard, le Colloque d’Amiens est emblématique dans son orientation réformatrice. Quelques mois plus tard, la révolte étudiante en mai 1968 ébranle les institutions, ce qui induit des transformations, mais aussi des résistances en retour. La décennie 70 sera propice aux innovations pédagogiques. Mais la pesanteur du système hiérarchisé et massifié impose des limites.

Dans notre parcours professionnel inspiré par le modèle de la bibliothèque publique (4) qui permet l’accès au savoir à travers de libres cheminements, et plus généralement par le développement des centres documentaires qui favorisent l’autonomie et l’initiative des apprenants (5), nous avons milité pour un changement des processus pédagogiques dans des établissements, eux-mêmes appelés à se départir d’une organisation issue du XIXè siècle (6). Et par ailleurs, dans le même mouvement, l’enseignement des plus jeunes est considéré comme une étape dans une éducation permanente, un processus d’apprentissage tout au long de la vie (« Life-long learning »).

Un constat d’immobilisme.

Dans un regard rétrospectif, nous percevons quelques effets de la mouvance militante et de la volonté réformatrice. Mais nous voyons aussi la puissance de conservation dans les structures et les comportements. La pertinence du système scolaire par rapport aux aspirations et aux besoins ne s’est pas accrue. Et aujourd’hui, nous pouvons constater avec Yann Algan la pesanteur d’un système qui handicape l’ensemble de la société française. Dans un livre récent : « La fabrique de la défiance » (7), Yann Algan, professeur d’économie à Sciences Po, dresse un constat accablant sur la manière dont le système scolaire français induit un manque de confiance chez les élèves.

 Toutes les mesures internationales montrent que l’écolier français se sent beaucoup moins bien, à l’école que les enfants des autre pays développés. « A la question posée dans quarante pays différents : « Vous sentez-vous chez vous à l’école ? », plus d’un de nos enfants sur deux répond par la négative. C’est de loin la pire situation  de tous les pays. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, plus de quatre élèves sur cinq déclarent se sentir chez eux à l’école, qu’ils habitent en Europe continentale, dans les pays méditerranéens ou dans les pays anglo-saxons (« La fabrique de la défiance », p 107). Notre école a beau rappeler les grands principes de vie ensemble, elle développe moins le goût de la coopération que celui de la compétition. Et d’autre part, la hiérarchie présente dans le système scolaire se manifeste très concrètement dans la prédominance de méthodes pédagogiques trop verticales. Notre école insiste trop exclusivement sur les capacités cognitives sans se soucier des capacités sociales de coopération avec les autres. Selon des enquêtes internationales (Pisa et Tims) sur les pratiques scolaires, 56% des élèves français de 14 ans déclarent consacrer l’intégralité de leurs cours à prendre des notes au tableau en silence. C’est le taux le plus élevé de l’OCDE après le Japon et la Turquie. Où est l’échange, le partage, la relation ? D’autant qu’à contrario, 72% de nos jeunes déclarent ne jamais avoir appris à travailler en groupe avec des camarades ! ».

 Il y a bien aujourd’hui des enseignants et des chercheurs qui militent pour un changement pédagogique et enseignent autrement. (8) On voit aujourd’hui la mise en œuvre d’une réforme des rythmes scolaires. Les signes d’une prise de conscience apparaissent dans les sphères dirigeantes de l’Education Nationale. Il reste que la recherche de Yann Algan et de ses collègues, à partir de données qui ne sont pas anciennes, montrent l’ampleur du chemin à parcourir. Aujourd’hui, on ne peut plus se contenter de progrès lents et ponctuels. Si la situation actuelle de l’enseignement français est inacceptable, la mutation actuelle des moyens de communication va la rendre insupportable.

Vers un nouveau paradigme d’éducation.

Aujourd’hui, le monde change à vive allure. Ce changement porte une révolution dans le domaine de l’éducation. Si la France est dans une situation particulièrement difficile, une prise de conscience est également en train d’advenir à l’échelle internationale. Dans le domaine de l’enseignement, nous sommes tous appelés à changer de paradigme. Et, s’il nous semble que les pays anglophones, sur certains points, sont davantage en phase avec une évolution qui s’esquisse depuis des décennies, on peut entendre avec d’autant plus d’attention, la voix d’une personnalité britannique, résidant aujourd’hui en Californie, Sir Kenneth Robinson, lorsqu’il dénonce les effets uniformisateurs et réducteurs du système scolaire. Ken Robinson est un auteur et conférencier anglais, expert dans l’éducation artistique, longtemps professeur dans cette discipline à l’université de Warwick (1986-2001). Il est célèbre pour ses allocutions sur le thème de l’éducation, prononcées avec beaucoup de conviction et d’humour dans le cadre du centre de conférences TED (Technology, Entertainment and Design), et puissamment diffusées sur le web. En 2010, dans un exposé s’appuyant sur un dessin animé réalisé à son intention  par la « Royal Society for the encouragement of art… », il réclame un changement de paradigme en éducation (9). En mai 2013, cette vidéo diffusée sur le web a été visionnée par plus de 10 millions d’internautes.

« L’école », nous dit-il, « nous introduit dans un voie standardisée et annihile la créativité que chaque enfant porte en lui à la naissance ». Déjà, dans les années 60, le chercheur américain, Torrance, avait mis en évidence le concept de créativité. Nous avions relayé ses découvertes en France. Ken Robinson se réfère à une recherche plus récente concernant la « pensée divergente », cette aptitude à formuler un grand nombre de réponses à une même question,  une imagination  créatrice qui permet de résoudre de nombreux problèmes. A partir de la passation d’un test, on a constaté que l’expression de cette faculté est quasi universellement répandue chez les enfants fréquentant des classes maternelles. Mais elle baisse ensuite de plus en plus avec la montée en âge. Le taux de réussite passe ainsi de 98% à 5 ans  à 30% à 10 ans et à 10% à 14 ans. Ken Robinson attribue cet effondrement à l’influence d’une école qui exclut ou limite la coopération et une recherche ouverte.

Ken Robinson nous montre comment le système scolaire actuel est le produit d’une autre époque où un intellectualisme individualiste issu du XVIIIè siècle s’est combiné à une organisation industrielle associant uniformisation, standardisation et division du travail. Aujourd’hui, nous avons besoin de passer d’un « processus mécanique » à un « processus organique ». Les nouveaux modes de communication changent la donne et permettent le changement.

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 La révolution portée par internet.

Effectivement, comme Michel Serres nous l’a remarquablement expliqué dans son livre : « Petite Poucette » (10), à travers l’expansion d’internet, nous entrons aujourd’hui dans une nouvelle manière de communiquer et d’apprendre.

 A cet égard, une vidéo réalisé par un entrepreneur d’avant-garde, Oussama Ammar, à travers un titre humoristique : « Les barbares attaquent l’éducation » (11) met en lumière la révolution qui est en train de se réaliser dans le domaine de l’enseignement. Lui aussi parle en terme de changement de paradigme et il le fait à partir des innovations qui se développent aujourd’hui à toute allure et bouleversent les conditions de l’enseignement. Oussama Ammar a fondé plusieurs entreprises, codirige « The family », un organisme qui se consacre à l’accélération de la progression des start up, enseigne à Sciences-Po Paris et à l’Université Lyon II. Franco-libanais d’origine, il vit aujourd’hui à l’échelle internationale dans des villes comme San Francisco, Hong Kong, Sao Paulo et Paris.

On peut débattre à propos de quelques unes de ses affirmations préliminaires. Mais ses critiques du modèle actuel rejoignant celles de Ken Robinson, à partir cette fois d’une analyse du fossé qui se creuse entre l’enseignement traditionnel et la nouvelle manière de communiquer. Pour nos parents et grands parents, l’école était « un endroit formidable », mais aujourd’hui, « des millions d’enfants s’y sentent aliénés ». Et il cite des données impressionnantes de l’enquête Pisa, dont nous avons déjà entendu parler par Yann Algan, qui montrent que l’intérêt des « bons élèves » pour l’école est aujourd’hui, depuis cinq ans, en voie de s’effondrer. Et, dans ce cas, ce n’est pas une exception française. Le même phénomène se produit dans de nombreux pays, de l’Allemagne à la Corée. Oussama Ammar associe diagnostic et témoignage. Ainsi, il a connu la période de transition où la prédominance des nouveaux moyens de communication ne s’était pas encore imposée. Des professeurs critiquaient Wikipedia sans se rendre compte de la puissance du processus de production en cours puisque, dans sa version anglophone, il y avait déjà vingt-cinq millions d’articles en ligne. Oussama converge avec Ken Robinson sur la nécessité d’encourager la créativité.

Cependant l’apport de cette vidéo ne se limite pas à une analyse de la situation. Elle nous rapporte le dynamisme impressionnant des innovations dans un champ où l’apprentissage et l’enseignement (« learning and teaching »), se réalisent maintenant sur le web. Les réalisations se multiplient à vive allure dans une véritable épopée qui est aussi une révolution pédagogique.

 Oussama nous parle des Mooc (« Massive Open Online Course »), ces cours mis en ligne par de grandes universités, et en particulier par de prestigieuses universités américaines de Harvard et du MIT à Stanford et Princeton.  En quelques années, le public de ces cours s’est étendu à travers le monde entier et  il comprendrait aujourd’hui 17 millions d’utilisateurs actifs dont le tiers aurait moins de 18 ans. On pourra sur le web visiter les différents sites qui diffusent ces cours (vidéos et exercices) et assurent la certification de ceux qui les ont suivi avec succès. Le phénomène est issu d’initiatives qui se sont développées à partir de grandes universités américaines. Ainsi Edx communique à partir d’Harvard, du MIT et de Berkeley (12). Coursera s’appuie sur Stanford, Princeton et un réseau d’universités qui commence aujourd’hui à s’étendre au delà des Etats-Unis en incluant quelques institutions européennes, ainsi, dans le monde francophone l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne et, en France, l’Ecole Polytechnique, l’Ecole Centrale et l’Ecole Normale Supérieure.  Fondée il y a deux ans, Coursera s’est développé avec une rapidité fulgurante. Aujourd’hui, elle dessert 5 300 000 inscrits et diffuse 535 cours réalisés par 107 universités et grandes écoles partenaires (13).

Une autre institution remarquable consiste dans la diffusion sur le web de vidéos communiquant de courts exposés réalisés par des penseurs originaux. Après une période ponctuée par de grandes conférences aux Etats-Unis, le forum TED (Technology, Entertainment and Design) a commencé, à partir de 2007, à diffuser sur le web de courts exposés sur une vaste gamme de sujets dans la recherche et la pratique en science et en culture (14). « Nous croyons passionnément dans le pouvoir des idées pour changer les attitudes, les vies et finalement le monde. Aussi nous développons une « clearinghouse » qui offre libre savoir et inspiration, en provenance des penseurs mondiaux les plus inspirés et aussi une communauté d’esprits curieux (« curious souls ») qui s’impliquent dans les idées et aussi les uns avec les autres ». A partir de 2009, un programme de traduction à partir de l’anglais a commencé à se développer. En juillet 2012, 1300 exposés avaient été mis en ligne et de 5 à 7 nouveaux entretiens paraissaient chaque semaine. En janvier 2007, l’ensemble des vidéos avait été visionné, au total 50 millions de fois, en janvier 2011, 500 millions de fois, en novembre 2012, 1 milliard de fois.

  Comment ne pas reconnaître l’importance d’un tel phénomène ? Oussama Ammar nous décrit un contexte en pleine effervescence. Des enseignants doués s’installent sur le web et se trouvent à même d’attirer rapidement de vastes audiences (Ainsi,Salman Khan, dont les milliers de productions commencent à être traduites en français par la Khan academy (bibliothèques sans frontières). Ainsi, nous dit Oussama, en citant des exemples, « n’importe qui peut enseigner ».

Parallèlement, on observe de brillantes performances chez certains enfants qui, en tirant parti des connaissances désormais accessibles réalisent des dispositifs complexes. C’est, par exemple, Didier Focus, un enfant nigérian, qui, à quatorze ans, permet à son village d’accéder à l’électricité et gagne de surcroit un prix du MIT.

A travers l’ordinateur, une éducation informelle se développe dans les pays pauvres. Ainsi, en Inde, après avoir placé un  ordinateur en libre accès dans un bidonville, on constate quelques mois plus tard, que son usage a suscité de nouveaux savoirs comme par exemple l’apprentissage de l’anglais ou de la programmation. Les jeux permettent également le développement de nouvelles compétences.

Une révolution en éducation.

Dans « Petite Poucette » (10), Michel Serres, lui-même professeur dans l’enseignement supérieur, évoque brillamment le changement qu’internet a introduit dans le comportement des étudiants. Les mentalités ont changé. « Que transmettre ? Le savoir ? Le voilà partout sur la toile, disponible, objectivé … Le transmettre à tous ? Voilà, c’est fait ! » (p 19). Cette mutation interpelle les rapports sociaux traditionnels. Mais elle entraîne également un changement profond dans les usages du savoir. « Libéré des relations asymétriques, une circulation nouvelle fait entendre les notes musicales de sa voix » (p 52). Le « collectif » laisse sa place au « connectif » (p 65). Le nouveau mode d’accès à la connaissance s’accompagne d’une transformation de notre maniement de celle-ci. « Entre nos mains, la boite ordi contient et fait fonctionner ce que nous appelions jadis nos facultés. Que reste-t-il ? L’intuition novatrice et vivace. Tombé dans la boite, l’apprentissage laisse la joie d’inventer » (p 28).

Ainsi, si les pratiques traditionnelles résistent encore, elles ont perdu leur emprise. Pendant des décennies, le changement en éducation a dépendu de la mise en oeuvre d’un idéal, d’une compréhension, et puis, dans la seconde moitié du XXè siècle, de la montée progressive d’aspirations nouvelles fondées sur l’apparition et le développement d’un nouveau genre de vie. Nous avons participé aux actions engagées pour modifier le cours de l’enseignement et de l’éducation. Mais l’innovation se heurtait aux pesanteurs des structures et des comportements. Et les données toutes récentes rassemblées par Yann Algan dans son livre : « La fabrique de la défiance »  montrent combien l’immobilisme a longtemps prévalu. Et bien, aujourd’hui, le développement d’internet et des nouveaux modes de communication a changé la donne. Quelque soient les obstacles systémiques ou les résistances culturelles, la transformation a commencé et le mouvement est irréversible. Cette évolution est internationale.Nous sommes engagés dans une révolution de l’éducation. Un nouveau paradigme est en voie de se manifester. Nous nous dirigeons vers une offre permettant la personnalisation de l’éducation et son accompagnement tout au long de la vie. La transmission des savoirs par internet est une composante essentielle de cette évolution qui implique par ailleurs le développement de la vie relationnelle et de la convivialité. Et, certes, là comme ailleurs, le changement est dans durée, mais nous savons quel est le sens de cette transformation.

En écoutant Oussama Ammar nous décrire les innovations en cours dans le sillage d’internet, nous éprouvions une forme d’émerveillement en prenant conscience de la puissance du mouvement en cours et de l’horizon qui s’ouvre aujourd’hui à nous. Dans ce temps de crise où les périls abondent, nous voyons là une ouverture parmi d’autres. Ce phénomène nous apparaît comme une émergence. Nous entendons à ce sujet la parole du théologien Jürgen Moltmann lorsqu’il écrit : « L’essence de la création dans l’Esprit est la collaboration et les structures manifestent la présence de l’Esprit dans la mesure où elles font connaître l’accord général » (15). Nous voyons là un principe qui éclaire notre regard, induit notre discernement et motive notre action.

Aujourd’hui, un avenir se construit sous nos yeux.

J H

(1)            Sur le chemin de l’école : Film documentaire de Pascal Plisson. Voir la présentation sur ce blog : https://vivreetesperer.com/?p=1556

(2)            On trouvera une abondante documentation et réflexion sur les mouvements d’éducation nouvelle et les innovations mises en oeuvre dans les décennies 60 et 70 dans la revue Education et Développement parue de 1964 à 1980. Voir le livre : Une revue en perspective : Education et développement. Textes présenté par Louis Raillon et Jean Hassenforder. L’Harmattan, 1998 (Série références).

(3)            Mendras (Henri). La Seconde Révolution Française 1965-1984. Paris, Gallimard, 1988 (actuellement en poche : folio).

(4)            Hassenforder (Jean). Développement comparé des bibliothèques publiques en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis dans la seconde moitié du XIXè siècle (1850-1914). Paris, Cercle de la Librairie, 1967. Edition numérique en ligne : http://barthes.enssib.fr/travaux/Caraco-Hassenforder-dvpt-compare-bib-publiques.pdf

(5)            Hassenforder (Jean), Lefort (Geneviève). Une nouvelle manière d’enseigner. Pédagogie et documentation. Les cahiers de l’enfance, 1977 (Collection éducation et développement).

(6)            Hassenforder (Jean). L’innovation dans l’enseignement. Un avenir qui se construit sous nos yeux. Casterman, 1972 (poche).

(7)            Algan (Yann), Cahuc (Pierre), Zylbergerg (André). La fabrique de la défiance. Grasset, 2012. Voir une mise en perspective sur ce blog : « Promouvoir la confiance dans une société de défiance » : https://vivreetesperer.com/?p=1306

(8)            Cercle de recherche et d’action pédagogique : Un mouvement d’enseignants qui œuvre pour une éducation nouvelle et un changement dans l’école et la société depuis plusieurs décennies notamment à travers la publication d’une revue : Les Cahiers pédagogiques. Site : http://www.cahiers-pedagogiques.com/ Sur ce blog, la recherche pédagogique de Britt-Mari Barth : « Une nouvelle manière d’enseigner. Participer ensemble à une recherche de sens » : https://vivreetesperer.com/?p=1169

(9)            Site de Ken Robinson en français : http://www.kenrobinson.fr/ On trouve sur ce site des liens avec les différentes vidéos des interventions de Ken  Robinson, notamment celle de 2010 sur le paradigme en éducation présentant un commentaire interactif  avec une illustration (RSA animate) et un sous-titrage en français. http://www.kenrobinson.fr/voir/ Cette vidéo est présentée par ailleurs en français : Créa. Apprendre la vie : Du paradigme de l’éducation (en regrettant cependant l’absence de la mention d’origine) : http://www.youtube.com/watch?v=e1LRrVYb8IE

(10)      Serres (Michel). Petite Poucette. Le Pommier, 2012 (Manifestes). Mise en perspective sur ce blog : « Une nouvelle manière d’être et de connaître » : https://vivreetesperer.com/?p=820

(11)      The family. Oussama Ammar. « Les barbares attaquent l’éducation » : http://www.youtube.com/watch?v=FoOAEIoJrjc

(12)      Edx. Take great courses of the world’s best universities. https://www.edx.org/

(13)      Coursera. Education for everyone : http://www.youtube.com/user/courses

(14)      TED : http://www.ted.com/ Histoire et situation actuelle de TED sur wikipedia anglophone : http://en.wikipedia.org/wiki/TED_(conference)

(15)      Moltmann (Jürgen). Dieu dans la création. Traité écologique de la création. Cerf, 1988 (citation p 25). Voir sur ce blog : « Dieu suscite la communion » : https://vivreetesperer.com/?p=564

Sur le chemin de l’école

Des enfants en marche : beauté et grandeur d’âme.

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         « Sur le chemin de l’école » (1) : un film qui nous parle en termes épiques de la démarche d’enfants du « tiers monde » animés par le désir d’apprendre et bravanttoutes les difficultés pour aller à l’école.

         Le film nous est ainsi présenté. « Ces enfants vivent aux quatre coins du globe, mais partagent la même soif d’apprendre. Ils ont compris que seule l’instruction leur permettra d’améliorer leur vie, et c’est pour cela que chaque jour, dans des paysages incroyables, ils se lancent dans un périple à haut risque qui les conduira vers le savoir. Jackson, 11 ans, vit au Kenya et parcourt, matin et soir, quinze kilomètres avec sa petite sœur au milieu des savanes et des animaux sauvages… Zahira, 12 ans, habite dans les montagnes escarpées de l’Atlas marocain, et c’est une journée de marche exténuante qui l’attend pour rejoindre son internat avec ses deux amies… Samuel, 13 ans, vit en Inde et, chaque jour, les quatre kilomètres qu’il doit accomplir sont une épreuve parce qu’il n’a pas l’usage de ses jambes. Ses deux jeunes frères poussent pendant plus d’une heure son fauteuil roulant bricolé jusqu’à l’école… C’est sur un cheval que Carlos, 11 ans, traverse les plaines de Patagonie sur plus de dix-huit kilomètres. Emmenant sa petite sœur avec lui, il accomplit cet exploit deux fois par jour, quelque soit le temps… ».

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         Geneviève Patte est une pionnière des bibliothèques enfantines  Elle est témoin du désir d’apprendre, de connaître qui est présent en chaque enfant et qui se manifeste dans la lecture. Là où des adultes suscitent un environnement favorable, alors une dynamique apparaît. Une dynamique à respecter : « Laissez les lire » (2). On comprend que Geneviève puisse nous parler avec enthousiasme du film « Sur le chemin  de l’école », car, dans un contexte différent, et dans des conditions plus difficiles, ce film exprime la dynamique qui se manifeste chez des enfants désireux d’apprendre et de connaître.

         « J’avais entendu parler de ce film par une amie, elle-même illustratrice de livres pour enfants ». Geneviève partage avec cette amie une attention pour l’enfant : ne pas lui imposer nos propres intérêts, mais être à son écoute dans une relation réciproque. Cette amie lui avait dit : « Va voir ce film. Tu verras comment ces enfants ont un désir de connaître qui leur fait franchir des montagnes. Au sens propre… ».

         Geneviève a admiré ce dynamisme. Elle a ressenti dans ce film la dimension du temps et de l’espace. « Ce film fait très bien sentir le temps. Le rythme du film fait ressortir la durée des déplacements. Aller à l’école, coûte que coûte… ».

         Il y a là un grand courage. « On brave toutes les difficultés. Les parents acceptent de se séparer de leurs enfants pour qu’ils aillent à l’école avec les dangers que cela suppose. Ainsi un père met en garde ses enfants : comment se comporter quand on rencontre un troupeau d’éléphants… Face au danger, les enfants ont du beaucoup courir. Ils se sont cachés… Ce qui me frappe, c’est l’intelligence des enfants »

         L’école est revêtue de prestige. « Ainsi, un des enfants est content d’arriver à l’heure au moment où on salue le drapeau. L’enfant respecte les adultes. Les adultes respectent l’enfant ».

         « Ce film nous révèle un monde d’une grande beauté. Tous les paysages sont magnifiques. Mais cette nature est quand même très dure. Là, c’est un désert. Les enfants affrontent le désert parce qu’ils ont envie de connaître ».

         « Les enfants ne sont pas encombrés de richesses ou saturés par une hyperconsommation. On va vraiment à l’essentiel ».

         Ce film communique la beauté : « Beauté de ces univers. Beauté de ces enfants. Beauté de ces familles… C’est très beau. Tout est très beau… ». « La solidarité entre les enfants est magnifique ». Ainsi ce film nous comble de beauté : « Le monde est beau aussi bien dans les êtres que dans le monde qui nous est donné ». « C’est un film  qui stimule ma foi ».

         Les paroles de Geneviève font écho à ce que J H a lui aussi ressenti en voyant sur le web un condensé du film présenté à des enfants français (3). Il y a, dans ce film, un mouvement, un  souffle, une dimension épique. La démarche de ces enfants est admirable et l’attitude de leurs parents l’est tout autant. Ils acceptent un risque pour leurs enfants  dans un esprit de foi : « Je vous bénis. Que vous arriviez sains et saufs à l’école… Que Dieu soit avec toi… ». On découvre aujourd’hui la dimension spirituelle qui se manifeste dans la vie des enfants (4). Il y a dans ce film une dynamique de vie qui nous émerveille. Nous sommes impressionné par une beauté et une grandeur d’âme qui nous dépassent. Comme l’exprime  Geneviève Patte : « Ce monde est beau aussi bien dans les êtres que dans le monde qui nous est donné ».

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(1)            Sur le chemin de l’école : film documentaire de Pascal Plisson. Bande annonce sur You Tube : http://www.youtube.com/watch?v=jsyDtye0B7E Les histoires de chaque enfant, présentées dans une courte vidéo, :  sont très belles : Jackson, 11 ans, Kenya http://www.youtube.com/watch?v=Ayhyzp67kFY Zahira, 12 ans, Maroc : http://www.youtube.com/watch?v=1l_4oGdVj5g  Carlos, 11 ans, Argentine : http://www.youtube.com/watch?v=wJa3nUM8NVg    Samuel, 13 ans, Inde : http://www.youtube.com/watch?v=Z23rQFFzzw8 Commentaire sur le site des Cahiers Pédagogiques. Edito, cinéma. « Emmenez vos élèves sur le chemin de l’école » : http://www.cahiers-pedagogiques.com/Emmenez-vos-eleves-sur-le-chemin-de-l-ecole

(2)            Patte (Geneviève). Laissez les lire ! Mission lecture. Gallimard, 2012. Mise en perspective sur ce blog : »Une dynamique relationnelle et éducative » https://vivreetesperer.com/?p=523

(3)            Une vidéo réalisée par la Croix : des extraits significatifs du film présentés à des enfants français. http://www.la-croix.com/Famille/Parents-Enfants/Dossiers/Sur-le-Chemin-de-l-ecole-on-sent-la-joie-d-aller-en-classe.-C-est-rare-!-2013-09-24-1023698

(4)            Nye (Rebecca). Children’s spirituality. What it is and why it matters. Church House Publishing, 2009. « La spiritualité des enfants est une capacité initialement naturelle pour une conscience de ce qui est sacré dans les expériences de vie. Dans l’enfance, la spiritualité porte principalement sur le fait d’être en relation, de répondre à un appel, de se relier à plus que moi-même, c’est à dire aux autres, à Dieu, à la création, ou à un profond sens de l’être intérieur ». Voir sur ce blog : « L’enfant, un être spirituel » : https://vivreetesperer.com/?p=340

Partager un ressourcement

Une expérience d’accueil et d’accompagnement partagée par Cécile Entremont, psychologue, animatrice et théologienne.

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         Pendant plus de trente ans, en Savoie, dans la région de Chambéry, Cécile Entremont a exercé la profession de psychologue . Peu à peu,  elle en est venue à souhaiter élargir sa relation d’aide dans une dimension d’accueil. C’est pourquoi, elle s’est installée aujourd’hui en Bourgogne du sud, entre Châlon-sur-Saône et Lons-le-Saunier, où avec son mari, elle a pu acquérir et restaurer une grande maison bressanne pour en faire un gîte d’accueil capable de recevoir une quinzaine de personnes.

Cette maison est située en pleine campagne parsemée de bois et d’étangs où on trouve la nature authentique et le silence. La maison est connue sous le nom de « La Reure » et est située sur la commune de La Chapelle Saint-Sauveur. Au long des années, parallèlement à l’exercice de sa profession de psychologue, Cécile est entrée de plus en plus dans un champ spirituel et théologique. Elle a soutenu une thèse en théologie à Strasbourg sur le thème : apprendre la fraternité (1).  Et, par ailleurs, elle anime des sessions dans le domaine de  l’accompagnement spirituel.

          A partir du lieu d’accueil qui s’est ainsi développé à la Reure, deux activités majeures se sont mises en place : réception et organisation de sessions (2).

         Pour le moment, il y a ainsi un accueil régulier de vacanciers à la semaine ou pour des week-ends prolongés. « Les gens viennent beaucoup par l’intermédiaire des Gîtes de France et ils nous choisissent pour le cadre naturel, la qualité de l’hébergement et notre position centrale au milieu de la France ». Par ailleurs, il y a également trois appartements qui permettent d’accueillir,  pendant  une période de une à plusieurs semaines, des personnes qui y viennent pour un suivi d’ordre psychologique et  spirituel. Ces personnes participent au réseau que Cécile entretient à travers ses activités professionnelles ou militantes.

         Parmi les sessions organisées par Cécile, certaines sont animées par des professionnelles amies, par exemple dans le domaine du yoga, du qi gong et de la peinture. Cécile anime deux types de sessions. Il y a des sessions de thérapie de groupe et d’autres, à visée plus spirituelle, telles qu’une session de jeûne, une session de pleine conscience,  une session de ressourcement à partir des éléments de la nature et de la symbolique biblique correspondante (Jardiniers de l’âme). Cécile pense s’orienter de plus en plus vers des propositions qui associent la méditation en pleine conscience et des temps de partage sur le ressenti. Les sessions de thérapie de groupe ne sont pas seulement centrées sur la parole, mais proposent des expériences corporelles et émotionnelles pour prendre en compte la globalité de la personne.  Au total, chaque année, Cécile anime une dizaine de sessions auxquelles participent, à chaque fois, une dizaine de personnes d’horizons variés.

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         « Les personnes cherchent aujourd’hui de plus en plus une voie leur permettant de se recentrer, en prenant en compte les différents aspects de leur histoire et en associant corps et esprit. La méditation en pleine conscience permet ce recentrage dans l’expérience vécue de l’ici et maintenant, et une meilleure présence au monde, un meilleur équilibre mental face aux stress et aux angoisses générées par la société actuelle.  La pratique de la pleine conscience en sessions de groupe permet aussi de développer un sens du vivre ensemble, de la convivialité et même de la fraternité ».

         « Les gens qui viennent sont en recherche de profondeur, d’intériorité et d’authenticité. Leur chemin d’évolution commence souvent par une recherche de développement personnel pour continuer dans un approfondissement spirituel ». Dans le dialogue correspondant, Cécile explicite ses références parmi lesquelles figurent son identité chrétienne et sa formation de théologienne.   « Si j’accompagne quelqu’un qui est chrétien, je prie avec lui, relie ce qu’il vit à des textes bibliques. Pour les autres, en respectant la voie de chacun, il est tout à fait possible pour moi de méditer avec lui sur un texte du trésor spirituel de l’humanité ».

         Quelles sont les évolutions et les découvertes des participants au cours de ce temps partagé ?  « Chez beaucoup, il se produit une réconciliation avec l’intérieur de soi, l’ouverture aux autres et un  désir de continuer ce chemin d’ouverture, y compris dans la vie quotidienne ».

          « En faisant des études de théologie, je me suis sentie interpellée par le fait que la plupart des institutions chrétiennes n’offrent pas de ressources spirituelles en phase avec l’attente de nos contemporains. Je ressens la distance, et même le fossé qui existe entre beaucoup de personnes et ce qu’elles ont vécu ou ce qu’elles perçoivent dans les institutions religieuses. Aussi, ma réponse se situe sur un plan plus personnel, et pour les chrétiens sur le plan de la spiritualité chrétienne. Dans les sessions que j’anime, j’essaie de répondre à la demande de ressourcement et de sens que je peux percevoir. Le lieu d’accueil que nous avons ouvert, mon mari et moi,se veut un  espace d’accueil et de respiration où tout soit en harmonie, y compris la prise en compte de la dimension écologique ».

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Propos recueillis auprès de Cécile Entremont

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(1)            Thèse de doctorat soutenue par Cécile Entremont : De l’intériorité à l’altérité. Evolution de petits groupes d’adultes aux frontières de l’Eglise. http://www.temoins.com/enqu-tes/de-l-interiorite-a-l-alterite-evolution-de-petits-groupes-d-adultes-aux-frontieres-de-l-eglise.html

(2)            http://amisdelareure.fr

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On pourra lire également sur ce blog :

Des expériences de transcendance, cela peut s’explorer. https://vivreetesperer.com/?p=1505

Et si je tentais d’exposer ce que je ressens par la peinture ou le graphisme pour y voir plus clair !

https://vivreetesperer.com/?p=1428

Vivant dans un monde vivant !

https://vivreetesperer.com/?p=1371

Accéder au fondement de son existence.

https://vivreetesperer.com/?p=1295

Apprendre à écouter son monde intérieur et à le déchiffrer.

https://vivreetesperer.com/?p=959