Force et joie de vivre dans un engagement politique au service des autres

Le livre de Ségolène Royal : « Cette belle idée du courage ».

Si elle attire enthousiasme ou contradiction, Ségolène Royal a effectué en France un parcours politique qui ne peut être ignoré (1). Dans cette entrée en matière, nous n’avons donc pas à le rappeler. A la suite d’autres livres qui ont ponctué son itinéraire politique, elle vient d’écrire un nouvel ouvrage : « Cette belle idée du courage » (2).

Pourquoi ce livre ?

Et elle nous dit pourquoi : « L’idée de ce livre est née de la question qu’on m’ont tant de fois posée des proches comme des inconnus, des militants et des citoyens, en France et hors de France. « Comment faites-vous pour continuer malgré tout ? » (p 13). Ce  « malgré tout » nous rappelle les épreuves que Ségolène Royal a vécu au cours de ces dernières années : un déchirement dans sa vie privée et des déboires politiques qui se sont succédés, mais qui ne l’ont pas empêché de poursuivre son parcours comme présidente de la Région Poitou-Charentes (3), vice-présidente de l’Internationale Socialiste et aujourd’hui vice-présidente de la Banque publique d’investissement. Le titre même de son chapitre introductif est explicite : « Panser ses plaies et repartir ».

Oui, « pourquoi continuer ? » « La défaite est une violence dont on ne se relève pas par un déni… Accuser le coup n’oblige pas à en rester là. L’effet décapant d’une défaite peut éroder jusqu’aux raisons de se battre, ou, au contraire, les fortifier et aider à faire le tri entre l’essentiel et l’accessoire, permettre d’inscrire le moment douloureux dans une perspective plus large, en cherchant à faire primer le destin collectif sur la mésaventure personnelle et en regardant la part qui nous incombe (p 17).

Et, dans ce chemin, Ségolène Royal nous dit combien elle a été aidée par de grands témoins de pays divers et d’époques différentes. Elle s’est ainsi nourrie « de rencontres, de révoltes partagées et de combats menés » auxquels elle déclare « devoir une bonne part de l’endurance et de la persévérance dont on la crédite ». « Ce livre », nous dit-elle, « exprime une reconnaissance à l’égard des « passeurs de courage ». Leurs leçons sont universelles. Elles peuvent servir à d’autres qui pourront, je l’espère, y puiser, elles et eux aussi, des raisons de tenir bon face à l’adversité, car c’est ainsi qu’on se relève et qu’on avance » (p 18).

Les formes de courage sont multiples et elle en énumère quelques unes :

° « Le courage de dire non, cet acte inaugural dont tous les autre procèdent.

° Le courage de penser à rebours des conformismes ambiants.

° Le courage de vouloir la vérité et celui de briser, à ses risques et périls, les omertas tenaces.

° Le courage du quotidien aussi, le courage de tenir bon et de se tenir droit quand la vie est rude et nous malmène…

° Le courage de vaincre la peur.

° Le courage de se risquer sur des piste inédites et d’oser des réponses neuves » (p 18-19).

Quelles intentions ?

          Dans une interview à « Femme actuelle » (4), Ségolène Royal nous éclaire sur ses intentions.

         Oui, elle a choisi des « personnes capables d’agir et de se mettre en harmonie entre leur comportement et la recherche d’un idéal.

Et, quand on lui demande pourquoi elle apparaît « si sereine, presque hilare, les yeux fermés » sur la photo qui illustre la couverture, elle répond : « J’ai voulu un livre profond, mais aussi plein d’espoir et de gaîté. En effet, on ne peut qu’être frappé par un point commun, à ces différents portraits que je propose, cette capacité à être joyeux malgré des épreuves très fortes, Que ce soit Nelson Mandela, Louise Michel ou Stéphane Hessel etc, ils ont conservé malgré de terribles épreuves, cette aptitude au bonheur, cette capacité à capter la sensibilité des gens,  à se régaler d’un paysage, d’une musique, d’un moment de paix. Ils y puisent aussi leurs forces.

Quels sont ses espoirs ? « Mon espoir, c’est que justement les gens retrouvent de l’espoir et ne cèdent pas au découragement. Le livre n’est pas une projection personnelle. C’est la transmission de leçons de vie enthousiasmantes ».

Ainsi, dans le climat de morosité qui est si répandu aujourd’hui, Ségolène Royal nous offre un livre qui transmet une expérience de vie positive et qui témoigne de valeurs.

Une vision politique.

Ségolène Royal nous présente ainsi une galerie de portraits. Ces personnalités sont certes exemplaires par leur courage, mais le choix qui en est fait, témoigne également d’une vision politique.

Dans cette période où l’unification du mode s’accélère, dans quelle mesure la France est-elle capable d’entrer pleinement dans ce mouvement ? Manifestement, ici, la vision est résolument internationale. La plupart des chapitres témoignent de cet horizon ; Des personnalités d’autres pays, d’autres continents : Nelson Mandela, Dilma Rousseff, Franklin Roosevelt y rayonnent, mais aussi les personnalités françaises citées sont, pour la plupart, très impliquées, à un titre ou un autre, dans la vie internationale. Jaurès n’est pas seulement un grand républicain engagé dans les luttes sociales, il est aussi l’homme de la paix, assassiné parce qu’il a lutté de toutes ses forces contre la guerre de 1914-1918 qui va plonger l’Europe dans le malheur et le chaos. François Mitterrand peut être rangé dans les constructeurs de l’Europe. Aimé Césaire, Stéphane Hessel, Sœur Emmanuel sont des acteurs à l’échelle internationale.

Le choix des personnalités témoigne également de leur engagement dans un mouvement qui, dans différents domaines, œuvre pour une libération, pour la reconnaissance de la dignité humaine et de la justice.

Un premier aspect est la lutte contre ce qui a été l’esclavage et la domination vis-à-vis des peuples d’autres couleurs : Nelson Mandela, André Césaire, Olympe de Gouges, Lincoln. 

Un deuxième aspect est la lutte pour la justice sociale couplée éventuellement avec une politique économique orientée dans le même sens : Lula, Dilma Rousseff, Franklin D Roosevelt, François Mitterrand, Jaurès. Et puis, il y a les actions menées par les ouvriers d’Heuliez et les ouvrières de la confection,  avec le soutien de la présidente de la Région Poitou-Charentes.

Enfin, la présence des femmes en politique et la lutte pour la reconnaissance de la place et de la dignité de la femme dans notre société est fortement représentées comme il se doit quand on pense à l’itinéraire de Ségolène Royal , très consciente des oppositions qu’elle a, elle-même, rencontrées : Leyla Zana, Dilma Rousseff, Sœur Emmanuel, Louise Michel, Olympe de Gouges, Jeanne d’Arc,  Ariane Mnouchkine.

Cette action politique est fondée sur des valeurs explicitées et assumées qui proclament la dignité et le respect de l’être humain dans toutes ses dimensions, à la fois personnelle et sociale. L’homme n’est pas un moyen, mais une fin. Il a droit à la considération,à la justice. Au Brésil, Lula émet un slogan : « Lula, paix et amour » (p 63). En Afrique du Sud, Nelson Mandela remportant la victoire après trente ans de pénible détention, ne cède pas à l’esprit de vengeance. « Il ose l’espoir d’un pays fraternel. Il y engage tout son prestige moral et tout son poids politique, tout son pouvoir de conviction » (p 27). « Etre libre », écrit-il, « ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes.  C’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres » (p 21). Dans une dynamique de vie, il y a le geste de pardon. Affreusement torturée pendant la période de la dictature militaire, des années plus tard, lorsqu’elle accède à la présidence du Brésil, Dilma Rousseff écrit : « J’ai enduré les souffrances les plus extrêmes. Je ne garde aucun regret, aucune rancune ». Voilà un état d’esprit qui fait contraste avec l’engrenage de la vengeance et de la mort qui caractérise d’autres épisodes de l’histoire. Ce respect porté à l’être humain est une exigence qui s’inscrit dans la vie quotidienne. Comme Ministre de l’enseignement scolaire, Ségolène Royal a eu le courage d’engager la lutte contre le bizutage, une pratique dégradante implantée dans de nombreux établissements ou les bas instincts trouvaient à se manifester avec la complicité active ou passive des autorités. Face aux préjugés, aux habitudes, aux traditions, on imagine les résistances auxquelles Ségolène Royal s’est heurtée. Ainsi consacre-t-elle un chapitre à l’audience de la Cour de justice de la République, le 15 mai 2000, qui l’a lavée d’une accusation calomnieuse (p 281-304). Oui, déterminée, elle l’a été face à « des rituels répugnants d’avilissement et de domination infligés à des jeunes sous les prétextes fallacieux de la tradition et de l’intégration au groupe » (p 285).

Finalement, cette lutte partout engagée pour la libération des êtres humains par rapport au mal qui leur est infligé par des structures et des forces sociales dominatrices, trouve son fondement dans un sens de la justice  qui, lui-même, s’enracine dans une capacité d’empathie, dans une capacité d’amour. La conclusion du chapitre sur Jaurès nous le dit excellemment : « Jaurès était un ami du peuple, sincère, sans postures ni facilités. Les gens, les pauvres gens l’aimaient, car ils le sentaient du côté de ceux qui souffrent. Personne ne l’a mieux dit que Jacques Brel :

« Ils étaient usés à quinze ans

Ils finissaient en débutant

Les douze mois s’appelaient décembre

Quelle vie ont eue nos grands-parents…

Ils étaient vieux avant que d’être

Quinze heures par jour, le corps en laisse

Laissent au visage un teint de cendre.

Oui, notre monsieur, notre bon maître

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? » (p 192).

La France en chemin

Ce livre ne traite pas de la conjoncture politique actuelle en France. Il témoigne d’un état d’esprit qui a pris de la hauteur en se situant dans la durée et dans le vaste espace du monde. La seule référence à des actions présentes concerne les luttes pour l’emploi entreprises par les ouvriers et les ouvrières d’Heuliez et d’Aubade en Poitou, soutenues par Ségolène Royal, présidente de la région. Mais celle-ci n’a pas oublié tous ceux qui l’ont accompagnée dans son itinéraire politique et particulièrement dans la campagne présidentielle de 2007. « Merci à toutes et à tous, correspondants amicaux, épistoliers fraternels. Ensemble, osons le courage. Voici l’urgence du temps présent… » (p 305-310).

Dans le cadre de ce blog, nous n’entrons pas dans les péripéties politiques. Comme dans ce livre, notre regard se porte sur les fondements et cherche à s’inscrire dans la durée. Mais il y a une relation profonde entre ressenti et compréhension. Et c’est pourquoi nous ne pouvons pas passer sous silence la manière dont nous avons vécu la campagne présidentielle de 2007. Des expressions comme « ordre juste, démocratie participative, intelligence collective, politique par la preuve… » continuent aujourd’hui à nous inspirer. L’appellation donnée à l’association qui a soutenu Ségolène Royal : « Désirs d’avenir » (5) a été pour nous extrêmement évocatrice. En effet, elle exprime bien ce qui monte dans les consciences, une aspiration à un avenir meilleur. Ce n’est pas une idéologie qui descend d’en haut, c’est une parole qui naît en chacun.  Et, de surcroît, cette approche a su s’appuyer sur les sciences humaines pour prendre en compte la réalité (6). Ainsi, nous avons perçu dans cette campagne un enthousiasme qui répondait à la capacité d’empathie de la candidate. Ce n’est pas un hasard si les quartiers populaires, où les cultures du Sud sont bien représentées, ont voté pour elle en masse. La fraternité, la convivialité,  des réalités humaines dont la France a bien besoin, s’éveillaient et devenaient tangibles. Des amis chers ont pu s’inquiéter de cette veine émotionnelle et s’en détourner, mais il y avait là une dynamique qui ne peut être oubliée. On pourrait formuler l’appel qui a été formulé à cette époque dans les termes suivants : Français, entrons ensemble dans le monde d’aujourd’hui dans un esprit de solidarité et de justice. Ségolène Royal regarde vers l’avenir, hors des réflexes sécuritaires.  Les avant-gardes ne sont pas toujours bien reçues, mais, dans la durée, la culture nouvelle parvient à se frayer un chemin.

Des sociologues, des économistes nous appellent aujourd’hui à prendre conscience d’un héritage du passé qui handicape notre pays. Michel Crozier a écrit autrefois un livre sur « La société bloquée » (7). Aujourd’hui, un économiste Yann Algan nous avertit en publiant un livre : « La fabrique de la défiance » (8). Il y a dans notre histoire et la manière dont elle pèse encore sur nos institutions, en particulier le système scolaire, une empreinte de hiérarchisation et d’uniformité. Les enquêtes internationales montrent combien la France est en retard en terme de confiance. Bien sûr, ce n’est pas une fatalité. Et c’est là que le message de ce livre peut exercer une influence. Car une vision originale contribue à modifier et à réorienter les représentations. Et il est possible d’agir à différents niveaux. En une décennie, grâce à des dirigeants hors pair, le Brésil est sorti du sous-développement pour entrer dans le concert des pays économiquement dynamiques. Et dans un plus lointain passé, Franklin D. Roosevelt, malgré un grave handicap physique, a permis aux Etats-Unis de faire face à une grande crise. Ces exemples témoignent de l’impact du politique. Ce livre porte une dynamique.

Un idéal de vie

Si ce livre s’applique surtout à l’expression du courage dans la vie publique, il n’oublie pas les épreuves de la vie privée : « Je comprends le courage qu’il faut pour surmonter les accidents de la vie, cette impression douloureuse d’amputation dans les ruptures affectives, la cassure due à la perte d’emploi ou encore ce sentiment de diminution sans retour causé par la maladie ou le décès d’un être cher, un toboggan sans fin. Tout cela appelle une résilience, une force à aller chercher pour repartir ». « Se sentir « haï par la vie sans haïr à son tour », continuer à « lutter et se défendre » sans devenir « sceptique ou destructeur » pour reprendre Rudyard Kipling (dont le texte : « Tu seras un homme, mon fils » est présenté en introduction) et, sans dire un seul mot, se mettre à rebâtir », si un peu de tout cela est transmis au lecteur qui souffre, alors cet ouvrage n’aura pas été inutile » (p 14-15).

Pour Ségolène Royal, le courage trouve son inspiration dans la participation à un mouvement qui nous dépasse. Elle l’exprime en ces termes : « Réussir sa vie d’homme ou de femme n’est pas le but ultime, il y a des idéaux qui nous transcendent, des luttes qu’on se doit de mener en mémoire de ceux qui crurent. Il faut avoir confiance dans l’homme, et ne pas le croire seulement rationnel, calculateur, court-termiste, car nous avons un labeur qui n’attend pas : le progrès, solidaire et fraternel de tous » (p 192).

Chez Ségolène Royal, cette conscience est si affirmée que les sacrifices consentis dans cette marche ne s’accompagnent pas d’une expression de tristesse, de mélancolie. Et, dans les personnalités qu’elle décrit, elle met l’accent sur leur goût de vivre et leur bonheur d’être. Quelque part, il y a tout au long de ce livre une forme de joie. Rappelons son interview à « Femme actuelle » : « On ne peut qu’être frappé par un point commun à ces différents portraits que je propose, cette capacité à être joyeux malgré des épreuves très fortes ».

Et, dans bien des cas, cette ouverture s’accompagne de bonté envers les autres. Ainsi, Nelson Mandela, depuis sa prison, écrit en 1981 : « C’est une vertu précieuse que de rendre les hommes heureux et de leur faire oublier leurs soucis ». Et ce conseil à retenir : « Prenez sur vous, ou que vous viviez, de donner de la joie et de l’espoir autour de vous » (p 29).

En chemin

Il y a dans ce livre, un souffle, un mouvement. C’est un ouvrage qui dissipe le pessimisme, un livre tonique. A cet égard, on peut le comparer au livre de Jean-Claude Guillebaud : « Une autre vie est possible » (9). Les genres sont différents.  Mais, dans les deux cas, le lecteur est appelé à aller de l’avant. Dans son livre, Jean-Claude Guillebaud analyse les origines du pessimisme actuel. Et, à juste titre, il évoque les grands massacres qui ont accompagné les deux grandes guerres du XXè siècle. L’histoire nous rappelle ainsi de temps à autre la fragilité de la société humaine.

En s’adressant à un vaste public, Ségolène Royal s’exprime sur un registre de parole qu’elle souhaite pouvoir être reçu par tous les lecteurs. Elle prend même des précautions puisque, lorsqu’elle parle de Jeanne d’Arc, elle écrit sur le ton de l’humour : « Moi, je n’ai pas le droit de vous parler de Jeanne d’Arc, car, si je le fais, je sais bien qu’aussitôt on parlera de « religiosité », de « foi », d’évangélisme »…    Ségolène Royal nous invite au courage. Quand on sait les épreuves qu’elle a affrontées, on reçoit ses paroles avec humilité. Oui, ce sont là des paroles authentiques. Elle peut nous parler sur le registre de l’expérience, et ce qu’elle dit, porte. Chacun donc reçoit son message selon son itinéraire et en fonction de son cheminement. Pour nous, si nous recevons pleinement cette expérience communicative, nos questionnements nous appellent à aller plus loin dans la recherche de sens.

Sur ce blog, dans une contribution : « les malheurs de l’histoire. Mort et résurrection » (10), un poème exprime ces interrogations.

« O, temps de l’avenir, brillante cité terrestre

A quoi te servirait-il que nous te connaissions

Si nos yeux devaient à jamais mourir

Et dans les cimetières, nos corps pourrir…

A quoi serviraient-ils les lendemains qui chantent

Si tous nos cimetières recouvraient la terre… »

Ainsi, pour nous, le courage, pour s’exercer sereinement a besoin de s’ancrer dans un espoir, dans une espérance. Il a besoin de s’inscrire dans la conviction que la mort n’a pas le dernier mot, c’est à dire l’anéantissement des êtres et des collectivités humaines, et qu’il y a,  par delà, une réussite ultime de la vie.

Dans de grands tourments, c’est plus que de courage que nous avons besoin, mais de confiance, comme l’écrit Odile Hassenforder dans son histoire de vie (11). Jürgen Moltmann, un théologien auquel nous avons souvent recours sur ce blog inscrit sa réflexion sur la dynamique de la libération dans une théologie de l’espérance, la vision d’une nouvelle création qui se prépare dans l’œuvre du Christ ressuscité et le souffle de l’Esprit (12). Ce n’est plus une religion statique qui s’adresse aux seuls individus et légitime un statu-quo social et politique. C’est une dynamique de vie et d’espérance qui concerne tout l’homme et tous les hommes et qui nous inspire en nous permettant d’aller « De commencements en recommencements » (13).

En confiant ainsi au lecteur ce cheminement de pensée, nous apportons notre contribution personnelle à la réflexion sur la vie et sur l’humanité, ou plutôt pour la vie et pour l’humanité à laquelle Ségolène Royal nous convie dans son beau livre sur le courage. Oui, il y a dans cet ouvrage, un souffle, une dynamique de vie pour la vie. Elle nous appelle à persévérer, à poursuivre notre action « dans des idéaux qui nous transcendent », et plus simplement dans cette empathie, cet amour en acte qui transparaît dans son message et qu’elle évoque si bien lorsqu’elle nous fait entrer dans la vie de personnalités comme Nelson Mandela, Louise Michel ou Jaurès. Avec Ségolène Royal, écoutons ces « passeurs de courage » qui sont aussi des « passeurs d’énergie ».

JH

(1)            On pourra s’informer sur le parcours politique de Ségolène Royal dans un article sur Wikipedia . Ce texte bien documenté nous montre l’ampleur et la fécondité de son parcours, tout en mentionnant les critiques et les reproches qui ont pu être exprimés vis-à-vis de cette personnalité. Une information récente montre que la rédaction de cet article cristallise les tensions  entre partisans et adversaires. http://fr.wikipedia.org/wiki/Ségolène_Royal

(2)            Royal (Ségolène). Cette belle idée du courage. Grasset, 2013.

(3)            Présidente de la Région Poitou-Charentes, Ségolène Royal y a entrepris une action innovante dans de nombreux domaines, notamment la politique écologique et la transition énergétique. http://www.presidente.poitou-charentes.fr/

(4)            « Pourquoi ce livre ? » : Interview sur « Femme actuelle » http://www.femmeactuelle.fr/actu/dossiers-d-actualite/interview-segolene-royal-livre-cette-belle-idee-du-courage-02568

(5)            Site de Désirs d’avenir : http://www.desirsdavenir.org/

(6)            Ainsi a-t-elle dialogué avec de grands chercheurs comme Edgar Morin et Alain Touraine. Elle a même écrit un livre avec ce dernier : Royal (Ségolène), Touraine (Alain). Si la gauche veut des idées. Grasset, 2008

(7)            Michel Crozier est l’auteur d’une œuvre sociologique particulièrement éclairante pour comprendre la société française : http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Crozier            On pourra lire notamment: Crozier (Michel) ; la société bloquée. Le Seuil, 1971

(8)            Algan (Yann), Cahuc (Pierre), Zylbergerg (André). La fabrique de la défiance, Grasset, 2012. Voir sur ce blog une mise en perspective : « Promouvoir la confiance dans une société de défiance » https://vivreetesperer.com/?p=1306

(9)            Guillebaud (Jean-Claude). Une autre vie est possible.Comment retrouver l’espérance ? L’iconoclaste, 2012. Voir sur ce blog une mise en perspective : « Quel avenir pour la France et pour le monde ? » https://vivreetesperer.com/?p=937

(10)      « Les malheurs de l’histoire. Mort et résurrection »  https://vivreetesperer.com/?p=744

(11)      Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte, 2011. Présentation sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html.  Le thème de la confiance est très présent dans ce livre : https://vivreetesperer.com/?p=1246

(12)      Un blog : « L’Esprit qui donne la vie » est destiné à faire connaître la pensée de Jürgen Moltmann aux lecteurs francophone. http://www.lespritquidonnelavie.com/  On y trouvera notamment une mise en perspective de son livre de synthèse : Moltmann (Jürgen.) Sun of rightneousness. Arise ! God’s future for humanity and earth. Fortress Press, 2010 : « L’avenir de Dieu pour l’humanité et la terre » http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=798 . Une réflexion sur notre rôle dans l’histoire : « En marche. Dans le chemin de l’histoire, un processus de résurrection » http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=848

(13)      Moltmann (Jürgen). De commencements en recommencements. Une dynamique d’espérance. Empreinte Temps présent, 2012. Voir : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=844  et https://vivreetesperer.com/?p=572

Confiance ! Le message est passé …

Une lectrice nous dit comment elle a rencontré le livre : « Sa présence dans ma vie »

 

Il venait de passer une consultation chez un médecin, lorsque de retour auprès de l’assistante, celle-ci l’interrogea en évoquant le livre de Madame Hassenforder. Et, à sa grande surprise et à son grand bonheur, elle lui dit combien ce livre l’avait touchée (1). Une brève conversation en résulta. « Grande lectrice », et même dans le passé, engagée dans des travaux d’édition, elle avait découvert « Sa présence dans ma vie » à la librairie « La Procure », en regardant les ouvrages présentés au public.

A la lecture de ce livre, elle a été touchée par la « sincérité » de son auteure : Odile Hassenforder. Ce livre l’a impressionnée parce qu’il invitait le lecteur à entrer dans « une autre dimension ». Il y a un chapitre dans cet ouvrage : « Dame confiance » qui apporte un témoignage concernant la confiance (2). Mais cet état d’esprit est présent dans la dynamique qui se manifeste dans la plupart des textes. Aussi, c’est bien ce terme que la lectrice a « mémorisé ». « J’ai compris qu’il suffisait d’un mot pour que la situation change de plan ».

Aujourd’hui, nous dit-elle, maintenant, j’hésite à dire « courage » aux gens. Mais aux personnes en difficulté, je dis : « bonne confiance ». Et « j’utilise cette expression au moment de la nouvelle année » et aussi aux anniversaires. Je souhaite « bonne confiance » dans les situations où il y a un mouvement de « bascule ». « Les personnes y sont extrêmement sensibles. Je sais que j’ai touché à quelque chose de beaucoup plus profond. Cette expression aide à prendre de la hauteur par rapport à la situation ». La confiance nous permet d’entrer dans une double dimension : « Se sentir en lien, et aussi pouvoir relire la situation avec un autre regard ».

Ainsi, ce livre, découvert sur un présentoir de librairie, a produit du fruit. « Je ne crois pas au hasard. Je crois aux rencontres. J’ai mémorisé ce livre. J’en ai extrait l’essentiel » . Et voyant combien j’étais concerné par ce livre, elle me dit une parole qui m’est allée droit au cœur : « Le message est passé ».

J H

(1) Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte, 2011 Présentation sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html
(2) « Dame confiance », p 161-163. Sur ce blog : « Dame confiance » https://vivreetesperer.com/?p=677

Geste d’amour

Dans son livre : « Sa présence dans ma vie ». Odile Hassenforder exprime la bonté et l’amour de Dieu.

 

En nous faisant part de son parcours spirituel tout au long de sa vie, d’une expérience fondatrice dans laquelle elle a reçu à la fois guérison et ressenti de l’amour de Dieu jusqu’aux dernières années où confrontée à une grave maladie, elle a trouvé en Dieu force et soutien, en passant par deux décennies où elle a vécu vie familiale et engagement chrétien en étant à l’écoute de tous ceux qui étaient en difficulté ou en recherche, Odile Hassenforder nous exprime, dans son livre (1) l’essentiel de sa foi . « Qui est Dieu ? » Un  Dieu de Bonté et d’amour, nous répond-elle dans les différents textes qui composent ce chapitre, et, entre autres, celui-ci : « Geste d’amour ».

 

Geste d’amour.

 

Il est encore trop petit, mais il a très envie d’être grand. Alors, il emprunte le vélo du grand frère. Maman le lui a interdit pourtant. Ce qui devait arriver, arriva : il est tombé et s’est fait très mal. Quelle maman, ou quel papa, digne de ce nom, va-t-il le gronder ? A la vue du petit blessé, le geste d’amour spontané n’est-il pas de se précipiter pour consoler son enfant, le prendre dans ses bras et le soigner ? La leçon viendra plus tard. De cette expérience malheureuse, l’enfant retiendra d’abord et surtout cette tendresse qu’il a reçue. De même, cet adolescent, après un conflit avec son père, se réjouira de la réconciliation au cours de laquelle il s’est senti compris et aimé.

 

Nous sommes créés à l’image de Dieu, ce Dieu d’amour qui a pris nature humaine pour communiquer avec nous. Jésus est venu nous révéler la bonté infinie de son Père. Il nous en parle en racontant l’histoire de cet homme qui accueille sans reproche son fils, celui qui a dilapidé son héritage. Il  le voit de loin, et, saisi d’une grande compassion, il court à sa rencontre et l’embrasse (Luc 15).

 

De même, j’ai été très émue le jour où j’ai lu le chapitre 11 du livre d’Osée . L’Eternel considère le peuple d’Israël comme son enfant. « Quand Israël était enfant, je l’ai aimé. J’ai appelé mon fils à sortir d’Egypte… C’est moi qui ai guidé les premiers pas d’Ephraïm (diminutif d’Israël) et qui l’ai porté dans mes bras. Mais il n’a pas voulu savoir que, moi, je prenais soin de Lui. Je le dirigeais avec ménagement, lié à lui par des liens d’amour. J’étais pour lui comme un père qui porte son petit enfant tout contre sa joue… ». Quelle sollicitude ! Quelle tendresse quasi maternelle !

 

Dieu nous a aimé le premier. Il fait des projets de bonheur pour chacun de nous, rappelle le prophète Jérémie (29/11 ). Il vient au devant de nous. Son pardon nous est acquis d’avance (I Jean 1/9).

Quand Jésus bénit les petits enfants et les donne en modèle à ses disciples, ne veut-il pas leur faire comprendre la nécessité d’accueillir avec confiance la bonté de son Père ?

 

« Le Seigneur est bienveillant et compatissant,

Patient et d’une immense bonté.

Le Seigneur est bon pour tous.

Son amour s’étend à tous ceux qu’Il a créés » (Psaume 145/8).

 

Odile Hassenforder

 

(1)            Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte, 2011.  Geste d’amour, p 109-110 . Ce texte avait été auparavant mis en ligne en 2008 sur le site de Témoins. Présentation du livre par Françoise Rontard sur ce même site : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html . Sur ce blog: Vivre et espérer, de nombreuses références à la vie et la pensée d’Odile : https://vivreetesperer.com/?tag=odile-hassenforder

La beauté de l’écoute

Comment, dans un climat d’écoute, la vie divine peut être reconnue, se manifester et s’exprimer dans l’amour et dans la paix.

 

Le message de Frère Roger à Taizé .

 

Nos itinéraires spirituels sont divers. Les étapes et les lieux varient selon chacun. Mais, dans l’inspiration de l’Esprit de Dieu, nous sommes en marche. Aujourd’hui, à la suite d’un échange sur internet, nous avons découvert quelques vidéos qui nous communiquent de brefs, mais lumineux messages de Frère Roger. Roger Schutz, né en Suisse en 1915, a été, dans les années 40, le fondateur de la communauté de Taizé. Et, ensuite, pendant des années, devenu Frère Roger, il en a été l’inspirateur et le responsable jusqu’à sa mort, assassiné le 12 mai 2005 (1).

 

En regardant les deux vidéos que nous présentons ici, nous avons été ému et touché par la bonté et l’amour émanant de cet homme,  une foi simple, humble et bienfaisante.

Les vidéos retenues ici : « Ce que nous ne savions pas » et « La beauté de l’écoute » se rejoignent  pour nous dire que l’écoute et la compréhension dans la confiance qu’elle engendre, ouvre la voie à l’expression et la libération d’un potentiel spirituel : «Que se libère en nous et en tout être humain dans cette écoute, cette compréhension qui est amour, que se découvre peu à peu ce que nous ne savions pas : c’est que nous prions ». L’Esprit de Dieu est déjà là. Un processus se met en route dans lequel un vécu nouveau apparaît : prière, libération de la culpabilité, foi.  « La foi est une réalité très humble qui ne demande pas des efforts surhumains, non, pas du tout ! Mais beaucoup plus une attitude de simplicité pour comprendre ce que Dieu a déposé en nous ». Et, dans cette émergence, nous nous rendons compte alors « qu’il y a un   don, un cadeau, comme une offrande de Dieu qui est la paix, la paix intérieure, la paix du cœur ». L’écoute permet à ce qui est le plus profond en nous de s’exprimer. Ainsi, à travers un climat d’écoute, la vie divine peut être reconnue, se manifester et s’exprimer dans l’amour et dans la paix.

 

Ce que nous ne savions pas

 

« Qu’est ce que nous souhaitons le plus pour ceux qui viennent ici à Taizé ?

Nous souhaitons qu’ils soient écoutés, qu’ils soient entendus. Non pas qu’ils viennent recevoir des conseils, des directives… Rien de tout cela ! Mais qu’ils soient entendus . Et puis que se libère en nous et en tout être humain  dans cette écoute, dans cette compréhension qui est amour, que se découvre peu à peu ce que nous ne savions pas. C’est que nous prions. Même quand nos lèvres sont fermées, le Christ prie en nous.

Ce que nous ne savions pas, alors que nous avons tendance à être souvent sévères envers nous-mêmes, jamais Dieu ne vient comme peser sur l’être. C’est la Parole du Christ en Saint Jean : « Quand ton cœur te condamne, Dieu est plus grand que ton cœur » (2). Et il sait tout. Il connaît tout…Une grande découverte, cette réalité d’évangile…

Ce que nous souhaitons ! Dans cette première démarche dans une semaine à Taizé : peu à peu, se rendre compte qu’il y a un don, un cadeau, comme une offrande de Dieu à nous tous qui est la paix,la paix intérieure, la paix du cœur ».

 

Frère Roger : La beauté de l’écoute from Taize on Vimeo.

 

La beauté de l’écoute.

 

« La beauté de cette vocation qui est d’écouter l’autre. Elle est peut-être rendue possible parce qu’on a eu soi-même le besoin d’être écouté. On a compris ce que cela signifiait de ne pas être écouté.

Il y a plus ou moins le don d’écoute chez une multitude. Beaucoup d’hommes et de femmes en vieillissant saisissent ce qui leur est confié : être proche de l’autre ; le libérer ; le décharger du poids qui repose sur ses épaules, lui enlever ces mille kilos qu’il ne peut pas soulever, qu’il ne pourra jamais soulever.

Et cela passe surtout par l’écoute qui ouvre le chemin de la confiance, de l’humble confiance : la foi. Le chemin de la foi, ce n’est pas une autre voie que celle qu’on a peu à peu saisie, que la foi est une réalité très humble qui ne demande pas des efforts surhumains. Non, pas du tout. Mais beaucoup plus une attitude intérieure de simplicité pour comprendre ce que Dieu a déposé en nous ».

 

J H

 

(1)            Frère Roger et la communauté de Taizé : une étude dans Wikipedia  http://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Schutz

(2)            Première épître de Jean 3.20

Changer ! Oui, mais comment ?

De prescriptions à suivre à l’ouverture du cœur dans la relation.

 

Philippe nous parle de son évolution personnelle. Lorsqu’il considère son parcours depuis ses années de jeunesse, il se rend compte qu’il a beaucoup changé intérieurement. « Le changement, c’est une progression, c’est un chemin ». Mais comment changer ?  A partir d’une éducation dans un environnement chrétien évangélique, Philippe observe que pour changer, bien souvent, les gens essaient de se soumettre à des prescriptions extérieures, celles qui sont formulées dans des « recommandations » de différents ordres. Mais pour Philippe, un changement profond s’est réalisé lorsqu’il est venu d’une transformation qui partait de l’intérieur.

 

« Dans ma jeunesse, j’avais tendance à prendre la Bible comme un livre qui me dictait ma ligne de conduite. Aujourd’hui, avec du recul, je réalise que finalement, à chaque étape où j’ai pu changer profondément, cela ne s’est pas produit en appliquant une prescription ou une recommandation, mais en vivant une relation profonde avec une personne. Le début de mon cheminement en profondeur a commencé dans une rencontre avec un ami chrétien où j’ai senti un climat de liberté, un climat de confiance et de respect. Je me suis senti reconnu comme un être unique. Ce climat de confiance m’a permis d’ouvrir mon cœur. A ce moment-là, le Saint Esprit a pu se manifester en profondeur. Cette rencontre m’a permis de comprendre que le changement se produisait à travers une relation simple et authentique .

 

Cela me rappelle un évènement qu’a vécu le prophète Elie lorsqu’il était poursuivi et menacé de mort par un empire puissant de l’époque (I Rois 19).

Elie s’est réfugié dans une grotte . Là, il rumine sur ses épreuves, sur ses frustrations. La grotte symbolise pour moi une coquille dans laquelle l’être intérieur est enfermé. Elie se considère avant tout comme prophète. C’est son identité. Et sa grande frustration, c’est qu’il ne peut plus exercer son rôle de prophète. Cet état d’esprit l’empêche de communiquer en profondeur avec son Créateur. En se réfugiant dans cette grotte, il pourvoit à se sécurité et se coupe de son Créateur et même de son prochain. Et là, Dieu lui parle. Il lui pose une question : « Qu’est ce qui t’arrive ? » . Elie exprime ses états d’âme en restant replié sur lui-même. Il y a ensuite un fort tremblement de terre qui ébranle la grotte et il est amené à sortir de la grotte.

Cet évènement évoque pour moi une situation personnelle. A l’époque de la rencontre qui a été pour moi le point de départ d’un changement intérieur, mon couple était menacé. Mon épouse souffrait de mon repli sur moi-même, de ma non communication. J’ai ressenti cet échec comme un véritable tremblement de terre. Cela m’a aidé à sortir de ma coquille.

Après le tremblement de terre, Elie perçoit d’une façon nouvelle la présence de Dieu. Il est précisé dans la Bible que Dieu ne s’exprime pas dans la puissance des évènements naturels, mais dans une voix douce qui est perçue par Elie. Dieu lui repose la question : « Qu’est ce qui t’arrive ? Elie lui redit ses soucis, mais cette fois non plus en tant que prophète, mais en tant que fils aimé de son Créateur. Et là un changement profond s’opère en lui. Une nouvelle forme de relation et de communication apparaît. C’est le début d’un changement profond dans la vie d’Elie. A partir de là, ses interventions vont produire beaucoup plus de fruit.

 

J’ai vécu dans ma vie d’autres étapes dans lesquelles, à travers des rencontres, j’ai pu ouvrir mon cœur et vivre  d’autres changements profonds. Ainsi, avec mon épouse,en cherchant la communication, en m’ouvrant, j’ai appris à me connaître et à connaître ma femme. J’ai acquis ainsi beaucoup plus de liberté dans ma relation avec les autres.

J’apprécie beaucoup la manière dont Jésus s’exprime dans les Béatitudes et dans de nombreuses paraboles, des modes d’expression qui font résonner l’être intérieur et qui nous détournent de vouloir imiter les personnes religieuses qui se concentrent sur une application de préceptes. Dans mon enfance et mon adolescence, je suis tombé dans le piège de vouloir  réaliser une image religieuse.  Je vivais dans un milieu où dominaient des prescriptions issues des épîtres du Nouveau Testament : « Je veux que.. Il faut que ». Il y avait un accent très fort sur la morale : « C’est bien. C’est mal ». Et c’est à partir de là qu’on interprétait les Evangiles. Plus je me suis détaché de ce regard sur moi-même : bien ou mal, plus le changement intérieur a pu s’opérer. Jésus a dit qu’il est venu accomplir la loi. Pour moi, je ne me réfère plus à une loi du bien et du mal, mais à une loi régénérée basée sur l’amour où l’être trouve sa place. Quand nous ouvrons notre cœur à notre Créateur, nous ne nous évaluons plus en terme de bien ou de mal, mais nous vivons comme un être aimé, unique et respecté. Si nous heurtons notre Dieu par notre comportement, ce n’est pas plus la loi du bien ou du mal qui nous reprend, mais l’amour qui nous ouvre les yeux.

 

Contribution de Philippe