par jean | Juil 10, 2012 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Vision et sens |
Un nouvel horizon scientifique
D’après le livre de Mario Beauregard : « Brain wars ».
Notre conscience est-elle le produit de notre cerveau et destinée à disparaître avec lui ? Dépend-elle entièrement des mécanismes physiologiques, ainsi soumises aux seules lois de la matière ? Notre personnalité se réduirait-elle au jeu des phénomènes neurologiques comme l’a affirmé le biologiste moléculaire Francis Crick : « Vous, vos joies et vos chagrins, vos souvenirs et vos ambitions, votre conscience d’avoir une identité personnelle et un libre arbitre, ne sont, en fait rien de plus que le comportement d’un vaste assemblage des cellules nerveuses et des molécules associées ». La conscience humaine ne serait-elle qu’un épiphénomène, une forme passagère juste là en attendant de disparaître ? Tout se réduit-il à la matière comme l’envisage la philosophie matérialiste du XIXè siècle qui s’est poursuivie jusqu’à nos jours dans la pensée de certains scientifiques ? Dans leur outrance, les thèses matérialistes qui induisent ces questions, n’emportent pas la conviction, mais elles peuvent susciter un trouble. Et par ailleurs, sous une forme ou sous une autre, elles exercent encore une influence sur la manière de concevoir la recherche dans les neurosciences.
Mais, dans un contexte encore rétif, un changement d’approche commence à apparaître. Un neuroscientifique, Mario Beauregard, nous avait déjà fait part de ce changement dans un livre : « The spiritual mind » traduit et publié en français sous le titre : « Du cerveau à Dieu : Plaidoyer d’un neuroscientifique pour l’existence de l’âme » (1).
Il vient de publier un second ouvrage : « Brain wars » (2) qui traite des conflits autour de la manière de concevoir le rôle du cerveau. Un sous-titre vient utilement préciser le contenu de ce livre : « The scientific battle over the existence of the mind and the proof that will change the way we live our lives », en traduction : « La bataille scientifique autour de l’existence de l’esprit et la preuve qui va changer la manière dont nous vivons nos vies ».
Effectivement, par delà la description du conflit entre des conceptions scientifiques opposées, Mario Beauregard nous apporte des données convergentes qui montrent l’apparition et le développement d’un nouveau paradigme dans lequel l’esprit humain (« mind ») apparaît comme une réalité spécifique : « L’esprit n’a pas de masse, de volume ou de forme et il ne peut être mesuré dans l’espace et dans le temps, mais il est aussi réel que les neurones des neurotransmetteurs et les jonctions synaptiques. Il est aussi très puissant » (p 5).
Mario Beauregard trace une rétrospective des travaux réalisés dans ce champ d’étude. Il critique les postulats méthodologiques de l’approche matérialiste, notamment l’application des principes de la physique classique à ce domaine. Les théories jusque là dominantes ne peuvent expliquer « pourquoi et comment des expériences intérieures subjectives tel que l’amour ou des expériences spirituelles se développent à partir de processus physiques dans le cerveau » (p15). Le livre met en évidence une nouvelle manière de comprendre les rapports entre l’esprit et le corps à partir des données émergentes résultant des recherches menées dans des champs nouvellement explorés comme : l’effet placebo/nocebo, le contrôle cérébral, la neuro plasticité, la connection psychosomatique, l’hypnose, la télépathie, les expériences aux frontières de la mort, les expériences mystiques. En prenant en compte la vision nouvelle que la mécanique quantique nous propose pour la compréhension de la réalité, Mario Beauregard inscrit les recherches sur les rapports entre le cerveau et l’esprit dans un nouveau paradigme. « Dans l’univers quantique, il n’y a plus de séparation radicale entre le monde mental et le monde physique » (p 207). Désormais, la conscience apparaît comme une réalité motrice. En exergue de son chapitre de conclusion, l’auteur propose une citation du physicien et astronome, James Jeans : « L’univers commence à ressembler davantage à une grande pensée qu’à une grande machine ».
Ce nouveau paradigme ne nous apporte pas seulement une compréhension nouvelle, il a des conséquences pratiques pour notre vie. Désormais, nous comprenons mieux comment nous pouvons exercer une influence positive sur notre santé et sur nos comportements, mais nous sommes appelés en même temps « à cultiver des valeurs positives comme la compassion, le respect et la paix » (p 214). A travers la description des expériences aux frontières de la mort et des expériences mystiques, nous entrevoyons des signes de l’existence d’une réalité supérieure empreinte d’amour et de paix (3). Ces représentations nouvelles appellent le développement d’une recherche interdisciplinaire et d’une réflexion théologique innovante (4). Ce regard nouveau appelle aussi une vision spirituelle. Un chercheur britannique, David Hay, a pu définir la spiritualité comme une « conscience relationnelle », avec Dieu, avec la nature, avec les autres, avec soi-même (5). Mario Beauregard rejoint cette représentation lorsqu’il écrit : Quand le mental et la conscience s’unifient, « nous sommes à nouveau connectés à nous-même, aux autres, à notre planète et à l’univers » (p 214). Cette mise en évidence de la conscience est un phénomène qui va entraîner des transformations profondes dans le monde. Un nouvel horizon !
(1) Beauregard (Mario), O’Leary (Denyse). Du cerveau à Dieu. Plaidoyer d’un neuroscientifique pour l’existence de l’âme. Guy Trédaniel, 2008. Mise en perspective sur le site de Témoins : « L’esprit, le cerveau et les neurosciences » http://www.temoins.com/culture/l-esprit-le-cerveau-et-les-neurosciences.html
(2) Beauregard (Marion). Brain wars. The scientific battle over the existence of the mind and the proof that will change the way we live our lives. Harper Collins, 2012.
(3) Sur ce blog : « Les expériences spirituelles telles que les « near-death experiences ». Quels changements de représentations et de comportements ? » https://vivreetesperer.com/?p=670
(4) Une présentation plus approfondie du livre de Mario Beauregard : « Brain wars », accompagnée d’une esquisse de réflexion théologique dans un article à paraître sur le site de Témoins : www.temoins.com. En regard de la vision qui nous est présentée dans cet ouvrage, quelle est notre représentation de Dieu et de sa relation à l’homme ? Nous trouvons une réponse dans le livre de Jürgen Moltmann : « L’Esprit qui donne la vie » : un Dieu à la fois transcendant et immanent, un Dieu trinitaire, communion d’amour, qui appelle l’homme à participer à la création. Voir le site : L’Esprit qui donne la vie : http://www.lespritquidonnelavie.com/
(5) Sur le site de Témoins : « La vie spirituelle comme une conscience relationnelle. Une recherche de David Hay sur la spiritualité d’aujourd’hui » http://www.temoins.com/etudes/la-vie-spirituelle-comme-une-conscience-relationnelle-.-une-recherche-de-david-hay-sur-la-spiritualite-aujourd-hui./toutes-les-pages.html Voir aussi sur ce blog : « Expériences de plénitude. Lorsque la réalité spirituelle sort de l’ordinaire » https://vivreetesperer.com/?p=231
par jean | Juin 3, 2012 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Vision et sens |
Un témoignage présenté dans le livre : « Sa présence dans ma vie »
Quand on veut encourager un ami à faire face à un moment difficile, en le quittant, une expression nous vient facilement à l’esprit : « Bon courage ! ». Ainsi veut-on l’aider à faire face à travers une intonation qui cherche à galvaniser son énergie et dans laquelle nous mettons tout notre allant. Mais a-t-il en lui les forces correspondantes ? Cette parole cherche à entraîner un sursaut, mais ensuite tout peut retomber, et parfois plus bas encore.
De fait, nous avons oublié, peut-être parce que nous sommes troublé, peut-être parce que nous ne le savons pas clairement, que tout ne dépend pas de nous, qu’il y a une force supérieure à laquelle nous pouvons faire appel, dans laquelle nous pouvons puiser. Oui, nous pouvons ensemble entrer dans une dynamique qui nous dépasse. Cette attitude peut engendrer des miracles. « La foi jouit de la force même de Dieu », nous dit Jürgen Moltmann. C’est pourquoi d’elle seule il est dit ce qui est réservé à Dieu : « Tout est possible à celui qui croit » (Mc 9.23). (Jésus, le Messie de Dieu p.163-164). Alors notre parole d’encouragement peut se transformer. Ce n’est plus : « Bon courage ! ». C’est : « Confiance ! ». La confiance s’inscrit dans un mouvement porteur qui nous dépasse.
Odile, atteinte d’un cancer, a découvert la puissance de ce mot auprès de celle qu’elle a appelée : « Dame confiance » (1).
« « Mon traitement se termine avant la perfusion de mon amie. En partant, je lui dis un banal « Bon courage ! ». Alors, une voix tonitruante retentit sur un ton péremptoire. « On ne dit pas « Courage ! ». On dit « Confiance ». C’est une dame d’un certain âge, allongée sur un lit un peu plus loin, qui a si vigoureusement réagi. Je l’avais remarqué à son arrivée : une forte personnalité gaie, d’une grande vitalité. Son exclamation m’a fait l’effet d’un courant électrique. J’ai bondi vers elle : « Vous avez raison ! ». Et je l’ai embrassée… Une force intérieure m’animait. Je suis partie, gonflée à bloc ! La joie au cœur d’une espérance de vie. C’est vraiment curieux qu’un message, qu’un simple mot soit porteur d’un message aussi fort… ».
Et, dès lors, la famille, les amis vont s’associer à la demande d’Odile : « Ne me dites pas « Courage », mais « Confiance ». « Le mot de passe est devenu : « Confiance ! », vœu d’une santé meilleure ». C’est l’expression d’une puissance de vie, d’une grâce divine en action. Aujourd’hui encore, cette mémoire porte vie. « Dame confiance a semé une petite graine en devenir d’un grand arbre où le corps fatigué, les âmes dépressives vont pouvoir se reposer et reprendre vie… ». Une simple parole : « Confiance ! ».
JH
(1) Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Empreinte, 2011 (Dame confiance p.161-163). Ce livre a été évoqué à plusieurs reprises sur ce blog et il est présenté par Françoise Rontard sur le site de Témoins :
http://www.temoins.com/actualites/evenements-et-actualites/805-sa-presence-dans-ma-vie-odile-hassenforder-temoignages-d-une-vie-et-commentairres-de-lecteurs.html
par jean | Juin 3, 2012 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Vision et sens |
Les expériences spirituelles telles que les « near-death experiences ». Quels changements de représentations et de comportements ?
Notre horizon serait-il limité par une conception du monde dans laquelle la conscience humaine serait solitaire dans l’univers en l’absence de vis-à-vis d’une conscience supérieure ? Notre existence serait-elle enfermée dans un cycle commençant à la naissance et se terminant à la mort ?
La myopie d’une science qui, à une certaine étape de son développement où l’esprit humain a pu penser maîtriser les lois de l’univers, couplée au rejet d’une religion perçue comme un assujettissement, fait obstacle, aujourd’hui encore, à la prise de conscience de la réalité d’une conscience supérieure. Mais, à partir de champs différents, on assiste de plus en plus aujourd’hui à la reconnaissance d’une réalité qui nous dépasse. Et, de plus en plus, la conscience supérieure qui se manifeste à travers différentes expériences, se révèle bienfaisante.
Dans son livre : « Something there » (Il y a bien quelque chose) (1), David Hay nous ouvre à la perception des réalités spirituelles, dans une démarche d’observation et d’enquête qui se veut résolument scientifique. Il s’appuie notamment sur la collecte méthodique d’expressions et de témoignages qu’un autre biologiste britannique, Alister Hardy, a réalisé pour faire apparaître le contenu des expériences spirituelles qui sont vécues par un nombre appréciable de personnes ayant répondu positivement à la question : « Vous est-il arrivé d’avoir conscience d’une présence ou d’une puissance (ou d’être influencée par elle) que vous l’appeliez Dieu ou non et qui est différente de votre perception habituelle ?» (2).
Dans son livre : « Du cerveau à Dieu, plaidoyer d’un neuroscientifique pour l’existence de l’âme » (3), Mario Beauregard consacre un chapitre aux expériences spirituelles et religieuses. Bien plus, il apporte un témoignage sur une expérience personnelle. Celle-ci est survenue, il y a une vingtaine d’années alors qu’il était allongé sur son lit dans un état de fatigue chronique. « Tout à coup, j’ai fusionné avec l’intelligence cosmique (ou l’ultime réalité), source d’amour infini et je me suis retrouvé uni à tout ce qui existe dans le cosmos. Cet état d’être s’accompagnait d’une intense félicité et extase. Cette expérience m’a transformé psychologiquement et spirituellement, et m’a donné la force nécessaire pour surmonter ma maladie et guérir » (p 388). On notera le caractère bienfaisant de cette expérience.
Les « near-death experiences (NDE) » : expériences de mort imminente (EMI). Influence sur les représentations et les comportements.
Or, dans un autre domaine, concernant cette fois l’épisode de la mort, une mise en évidence de la réalité d’expériences qui manifestent la poursuite de la conscience humaine au delà de la vie terrestre, est apparue dans les années 70, notamment à travers la parution du livre emblématique de Raymond Moody : « La vie après la vie » (4). Et, depuis lors, ces phénomènes : les « near-death experiences (NDE) » (expériences de mort imminente (EMI), sont de plus en plus étudiées. À côté d’une littérature qui exprime ce vécu, une démarche scientifique s’est appliquée à en analyser toutes les dimensions. Et, à cet égard, le livre récent, écrit par un chirurgien et cardiologue, Pim Van Lommel : « Consciousness beyond life. The science of near-death experiences » (5) est salué par des observateurs qualifiés comme une avancée significative de la recherche : « Les faits confirment la réalité des « near-death experiences » et suggèrent que les scientifiques devraient repenser leurs théories sur un des ultimes mystères médicaux : la nature de la conscience humaine » (The Washington Post). « Cette recherche sera accueillie par les chercheurs qui croient que l’activité de l’esprit continue après que le cerveau se soit arrêté. Les responsables des églises y verront une mise en évidence de la réalité de l’âme » (The Sunday Telegraph).
Influence des expériences de mort imminente sur les représentations et les comportements.
Nous n’entrerons pas dans une présentation des multiples facettes de cette recherche sur les expériences de vie après la mort. Nous supposons par ailleurs que les caractéristiques générales de ces expériences sont connues par un large public. Dans ce contexte, les récits rapportent le plus souvent, que les personnes en partance pour ce nouvel univers se sont senti accueillies dans un climat relationnel manifestant paix et amour. Nous ne traiterons pas ici des cas qui échappent à cette tendance générale. Nous voudrions donc simplement évoquer ici les aspects globalement bienfaisants de ces expériences, tels qu’ils sont décrits dans le troisième chapitre du livre : « Changed by a « near-death experience ».
De fait, comme les expériences qui, comme on l’a vu, adviennent parfois dans des circonstances de la vie ordinaire, comme une manifestation d’une réalité qui dépasse notre entendement habituel, les « near-death experiences » contribuent à un éveil de la conscience et de la vie spirituelle. Dans les deux cas, l’expression de ces expériences se heurtent à une censure culturelle encore répandue dans les pays occidentaux. Comme le montre Pim Van Lommel, ces résistances freinent ainsi le partage de la vision qui a été vécue, et donc son intégration de la vie de ceux qui en sont les bénéficiaires. Cela rend plus difficile l’adaptation aux changements dans les sensibilités et les comportements. Des troubles peuvent en résulter.
Chez certains, on note des transformations très sensibles dans les registres physique ou psychique. Sur le plan physique, ce peut être une activité accrue des sens, des allergies, des phénomènes électro- magnétiques, des dons de guérison. Sur le plan psychique, on note souvent l’apparition de forme de perception et de communication qui dépassent la vie ordinaire : clairvoyance, télépathie, précognition … Ces facultés requièrent une capacité de gestion qui n’est pas acquise d’avance.
Cependant, Pim Van Lommel met en évidence un ensemble de changements qui ont manifestement un effet bénéfique, soit dans l’immédiat, soit, plus encore, au long de processus qui se développent dans la durée.
Il y a une acceptation de soi et un changement de sa propre image dans un sens positif. Cette amélioration engendre une plus grande autonomie et s’accompagne d’une curiosité d’esprit accrue.
Il y a la compassion pour les autres. Ainsi note une personne : « Il est évident pour moi que cette expérience a transformé mes émotions. Tout ce que je fais maintenant a pour but de répandre un sentiment d’amour » (p 53). Les gens pardonnent davantage. Ils apprécient davantage les relations et ils sont en plus grande capacité de partager leurs émotions avec d’autres. Ils deviennent compatissants et s’engagent dans une relation d’aide vis-à-vis des autres.
Leur vision de la vie change également. Les gens qui ont vécu cette expérience apprécient les petites choses de la vie, prêtent davantage attention à l’ici et maintenant et jouissent du moment présent. Ils attachent moins d’importance au statut social, à l’argent, aux biens matériels, à la compétition. Ils ont un respect accru pour la vie et apprécient davantage la nature.
Ces expériences engendrent la conviction de l’existence d’une vie après la mort. Elles réduisent beaucoup la peur de la mort. « Je n’ai plus peur de la mort. Je considère cette expérience que j’ai vécue comme un don. Maintenant, je sais qu’il y a un au delà à la mort. Je suis reconnaissant. Je sens que je dois parler de cela pour aider les autres, pour les rassurer s’ils ont peur de la mort » (p 54).
Il y a aussi une vie spirituelle accrue. On observe généralement un accroissement du sentiment religieux tandis que l’intérêt pour la « religion organisée », les institutions et les pratiques, décroît fortement. On note un développement sensible de la prière, de la méditation. « Les gens ressentent qu’ils ont une mission et ils sont nourris par une vision spirituelle et le sentiment de faire partie d’un univers qui a un sens ».
Le livre de Pim Van Lommell : « Consciousness beyond life » traite des différents aspects des «near death experiences ». À partir d’une réflexion scientifique, il nous introduit dans une nouvelle perspective sur les rapports de la conscience et du cerveau. Ainsi, énonce-t-il de nouveaux concepts comme la continuité de la conscience, sa non localisation, son inscription dans un espace multidimensionnel, une interprétation de ces phénomènes à la lumière de la mécanique quantique. Ces thèses peuvent être contestées, mais elles sont fondées sur une grande compétence.
Dans cette note, nous nous sommes centrés sur un aspect particulier : les changements généralement induits par ces expériences dans les représentations et les comportements de ceux qui l’ont vécu. Le phénomène des « near death experiences » se heurte à un déni à la fois chez les tenants d’un matérialisme scientiste, et chez des fondamentalistes religieux qui s’approprient le salut en le réservant à ceux qui croient à leur doctrine. Dans la mutation culturelle qui se développe aujourd’hui à l’échelle mondiale, les expériences spirituelles et religieuses dans une variété de circonstances qui dépasse la seule approche de la mort, témoignent de la visibilité croissante d’une conscience spirituelle. Pour beaucoup de chrétiens, ce phénomène apparaît comme une manifestation de la bonté et de générosité de Dieu qui nous est présenté dans l’évangile comme un « Père céleste » miséricordieux et une œuvre de l’Esprit qui anime la création et donne la vie (6). En milieu chrétien, sur le registre du donné, à l’exemple et à la suite de la Pentecôte, des expériences de plénitude se manifestent par ailleurs depuis longtemps dans des formes reconnues comme le baptême ou l’effusion de l’Esprit. L’intensité de l’amour qui apparaît sur un registre personnel dans de nombreux récits concernant des « expériences de mort imminente » dépasse l’entendement humain et évoque pour nous l’amour qui se manifeste en Jésus-Christ. Pour tous, les expériences spirituelles et religieuses suscitent l’espérance.
Jean Hassenforder
(1) Hay (David). Something there. The biology of human spirit, Darton, Longman and Todd, 2006. Présentation sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/recherche-et-innovation/etudes/672-la-vie-spirituelle-comme-une-l-conscience-relationnelle-r.html?showall=1
(2) Sur ce blog : « expériences de plénitude » : https://vivreetesperer.com/?p=231
(3) Beauregard (Mario), O Leary (Denise). Du cerveau à Dieu. Plaidoyer d’un neuroscientifique pour l’existence de l’âme. Tredaniel, 2008. Sur le site de Témoins : « L’esprit, le cerveau et les neurosciences » http://www.temoins.com/culture-et-societe/culture/631-lesprit-le-cerveau-et-les-neurosciences.html
(4) Publié aux Etats-Unis en 1975, sous le titre : « Life after life », le livre paraît deux ans plus tard en français : Moody (Raymond). La vie après la vie, Laffont, 1977
(5) Van Lommel (Pim). Consciousness beyond life. The science of near-death experience. Harper Collins, 2010. 442 p . Entretiens vidéo avec Pim Van Lommel : http://www.dailymotion.com/video/xjx5fs_entretien-pim-van-lommel-sous-titre-fr-1-9_tech
http://www.dailymotion.com/video/xjwv55_entretien-pim-van-lommel-sous-titre-fr-5-9_tech
Le phénomène des « near-death experiences » est exploré actuellement par notre ami, Peter Bannister sur son blog : http://sdgmusic.org/bannister/
(6) Voir le blog : « L’Esprit qui donne la vie » http://www.lespritquidonnelavie.com/
par jean | Avr 29, 2012 | ARTICLES, Vision et sens |
De commencements en recommencements
Dans nos parcours, il y a des moments où l’horizon s’assombrit, pour nous, pour nos proches, pour nos amis. Parfois, c’est une vie brisée par le deuil, accablée par une maladie, confrontée à une impasse. Comment garder ou retrouver une espérance ?
Et puis nous sommes aussi confrontés aux grandes catastrophes collectives qui parsèment l’histoire et s’inscrivent parfois dans l’histoire de nos familles. Serions-nous sans recours par rapport à cette mémoire ? Et dans ce temps de crise, nous avons besoin de discernement. Là aussi, comment persévérer dans l’espérance ?
Jürgen Moltmann, un grand théologien contemporain (1) a été confronté dans sa jeunesse au malheur engendré par la guerre à travers l’immense incendie qui a détruit la ville de Hambourg à la suite d’un bombardement aérien, puis par les combats qui l’amènent à se retrouver prisonnier dans un camp de prisonniers allemands en Grande-Bretagne. Il sait ce que le mal représente. Mais dans la découverte de Jésus, puis dans son engagement dans la foi chrétienne et la rencontre avec la pensée messianique juive, il a trouvé en Christ ressuscité le fondement d’une espérance et la source d’une dynamique qui abolit les impasses et ouvre un horizon de vie.
Ainsi a-t-il écrit un livre ayant pour titre : « Im Ende..der Enfang » : « Dans la fin.. un commencement ». Nous en avons eu connaissance dans sa traduction anglaise et nous avons alors rédigé une présentation (2) Ce livre vient d’être traduit et publié aux Editions Empreinte sous le titre : « De commencements en recommencements. Une dynamique d’espérance » (3).
Jürgen Moltmann est un théologien en phase avec les questionnements de notre temps. Mais, si la plupart de ses livres ont été traduits en français aux Editions du Cerf, ce sont des ouvrages de plusieurs centaines de pages. Il y a donc tout un travail à accomplir pour rendre accessible sa pensée à un grand public (4). Or, « De commencements en recommencements » présente une double caractéristique. Ce livre s’adresse à toutes les personnes en recherche de sens. Et il présente un aspect majeur de la pensée de Jürgen Moltmann : la manière dont celui-ci conçoit et perçoit l’œuvre de Dieu dans les vies personnelles en sachant que celles-ci s’inscrivent dans un ensemble qui comprend également un aspect politique et une dimension cosmique. Si ce livre répond ainsi à des questions existentielles, c’est donc aussi une entrée dans la pensée théologique de Jürgen Moltmann.
La dynamique de l’espérance.
De bout en bout, ce livre est animé par le souffle de l’espérance.
« Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi pour que vous abondiez en espérance par la puissance du Saint Esprit (Romains 15.13). Dieu nous précède et nous guide vers un avenir. Il nous appelle et il nous conduit vers un nouvel horizon. L’espérance est une caractéristique originale de la foi chrétienne. Elle est fondée sur la présence de Christ ressuscité et elle suscite notre participation à l’œuvre de Dieu, à son royaume, à la nouvelle création. Pratiquement, elle nous encourage et nous permet de grandir, puis de rebondir face à l’adversité, de « commencements en recommencements ».
Les grandes questions de l’existence.
Ce livre éclaire successivement trois aspects de notre existence : le dynamisme de l’enfance et de la jeunesse ; la confrontation avec les catastrophes dans une perspective qui nous permet d’aller au delà ; les questions soulevées par la mort dans une vision qui exprime la puissance miséricordieuse de Dieu. A partir de la version anglaise de ce livre, nous avons présenté à de nombreuses reprises la dynamique libératrice de ces textes . La parution en français vient apporter des pistes de réponse à de nombreuses questions existentielles. Voici donc une brève présentation du contenu de l’ouvrage.
L’approche de Jürgen Moltmann conjugue l’inspiration biblique et une ouverture aux valeurs que portent l’Esprit dans la culture contemporaine . Ainsi, dans les chapitres sur l’enfance et la jeunesse, l’auteur se départit d’une attitude empreinte de pessimisme sur l’être humain et son devenir. Fréquemment, la valeur attribuée à l’enfant reposait sur sa faiblesse, source d’humilité. Jürgen Moltmann nous présente en regard l’œuvre divine qui se révèle dans le potentiel et la dynamique de la vie des enfants.
Les chapitres consacrés aux recommencements que Dieu suscite dans la confrontation aux catastrophes rompent avec les représentations d’un Dieu justicier ou avec la résignation et à l’incertitude concernant le sort des victimes. Ainsi, dans la durée, Dieu est à l’œuvre pour délivrer tous les hommes du mal. Il n’y a plus de catégories humaines vouées pour toujours à l’anéantissement en fonction d’une fatalité historique. Au contraire, dans sa justice , et dans une puissance infinie, à travers un processus qui s’exerce dans le temps, Dieu sauvera les victimes et il redressera et changera les oppresseurs (5). En Jésus mourant sur la croix, l’amour divin est vainqueur. A travers sa résurrection, Christ suscite un processus de libération qui aboutit à un univers dans lequel « Dieu sera tout en tous » (1 Cor 15.28). L’espérance est une dynamique qui ouvre la voie aux recommencements.
Bien sûr, dans la confrontation avec la mort, l’Evangile nous apporte la promesse de la Vie éternelle. Cependant, on constate que l’enseignement entendu aujourd’hui à ce sujet est souvent hésitant parce qu’il est influencé par des représentations héritées d’une histoire qui s’est écartée du message original. Il y a la crainte engendrée par l’image d’un Dieu justicier et la menace de l’enfer. Et il y a aussi les incertitudes suscitées par des oppositions doctrinaires héritées de l’histoire, ainsi en réaction avec les excès d’une osmose se prêtant aux manipulations institutionnelles, l’apparition d’une thèse impliquant une séparation tranchée entre le ciel et la terre, qui rompt avec la dynamique de vie. En regard, à partir de la lecture des textes bibliques de l’ancien et du nouveau Testament et d’une analyse historique des représentations et des cultures, Jürgen Moltmann nous apporte une vision qui nous éclaire sur notre devenir dans l’éclairage de la vie éternelle, sur la communauté des vivants et des morts et sur l’œuvre de salut accompli par Dieu en Christ à l’intention de tous les hommes dans la marche vers une nouvelle création où « Dieu sera tout en tous » (1 Cor 15.28) . A un moment où tout vacillait (6), nous avons trouvé dans la version anglaise de ce livre une réponse providentielle à nos questions. Nous avons voulu ensuite partager cette vision de l’œuvre de Dieu qui porte vie, amour, et délivrance (7)
Aujourd’hui, la parution en français du livre de Jürgen Moltmann est non seulement un événement éditorial en rendant accessible sa pensée à un grand public francophone. C’est aussi la manifestation d’une dynamique de vie et d’espérance qui se répandra parmi ses lecteurs. Notre vie change lorsqu’on peut la penser en terme de commencements en recommencements.
JH
(1) La vie et la pensée de Jürgen Moltmann : « Une théologie pour notre temps. Autobiographie de Jürgen Moltmann » http://www.temoins.com/etudes/une-theologie-pour-notre-temps.-l-autobiographie-de-jurgen-moltmann/toutes-les-pages.html
(2) Moltmann (Jürgen). In the end..The beginning. The life of hope. Fortress Press, 2004 . Présentation : « Vivre dans l’espoir. Dans la fin..un commencement ». http://www.temoins.com/ressourcement/vivre-dans-l-espoir-dans-la-fin-un-commencement.html
(3) Moltmann (Jürgen). De commencements en recommencements. Une dynamique d’espérance. Empreinte Temps présent, 2012 http://www.editions-empreinte.com/detail_produit.php?rub=6&article=6698&voir=edit
(4) Parce que la pensée théologique de Jürgen Moltmann est en phase avec les interrogations de notre temps et ouvre des pistes de réponse, un blog a été créé pour rendre accessible cette pensée : « L’Esprit qui donne la vie » » http://www.lespritquidonnelavie.com/
(5) Sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : « Délivre nous du mal » http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=702
(6) Sur le blog : « Vivre et espérer » : « Une vie qui ne disparaît pas ! » https://vivreetesperer.com/?p=336
Sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie », « La vie par delà la mort » http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=822
par jean | Avr 29, 2012 | ARTICLES, Vision et sens |
Si l’être intime de Dieu est la communion d’amour qui se manifeste dans le Dieu trinitaire, l’Esprit Saint porte et suscite cette communion. Dans notre regard sur l’univers, nous percevons aujourd’hui l’importance primordiale des relations. Tout se tient. « Rien dans le monde n’existe, ne vit et ne se meut par soi. Tout existe, vit et se meut dans l’autre, l’un dans l’autre, l’un avec l’autre, l’un pour l’autre » (p.25). L’Esprit divin est présent dans cette réalité. « En Dieu, nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Actes 1.28). L’Esprit Saint suscite « une communauté de la création dans laquelle toutes les créatures communiquent chacune à sa manière entre elles et avec Dieu » (p.24). A l’encontre de toutes les forces contraires, le projet de Dieu est l’harmonie entre les êtres : « L’essence de la création dans l’Esprit est par conséquent la « collaboration » et les structures manifestent la présence de l’Esprit, dans la mesure où elles font connaître l’ « accord général » (p.25). Nous voyons là un principe qui éclaire notre regard, induit notre discernement et motive notre action. « Etre vivant signifie exister en relation avec les autres. Vivre, c’est la communication dans la communion… » (p.15).
Cette vision nous apporte un principe de discernement : « les structures manifestent la présence de l’Esprit, dans la mesure où elles font connaître l’ « accord général » et une orientation pour notre vie : « Etre vivant signifie exister en relation avec les autres. Vivre, c’est la communication dans la communion ». Partageons concrètement cette pensée
JH
Source
Moltmann (Jürgen). Dieu dans la création. Traité écologique de la création. Cerf, 1988 ( renvoi des citations aux pagination)
Voir : « Dieu dans la création » : www.lespritquidonnelavie.com
par jean | Avr 16, 2012 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Hstoires et projets de vie, Société et culture en mouvement, Vision et sens |
L’expérience de Patrick.
Patrick a suivi des études supérieures dans le domaine de la médiation culturelle. Il a notamment réalisé un mémoire sur la perception des arts africains en France. A la suite de ces études, il s’oriente vers des activités professionnelles dans le domaine de l’éducation. Parallèlement, entre 20 et 25 ans, il découvre progressivement la Parole de Dieu et la foi chrétienne. Il se marie avec Nicole qui l’encourage dans cette évolution. Ils ont aujourd’hui trois enfants.
Aujourd’hui, Patrick travaille dans le domaine associatif au service de l’enfance. Patrick a toujours eu un désir d’apprendre au contact des autres. Dans cette perspective, à travers le milieu chrétien qu’il fréquente, il a accédé à un service d’aumônerie dans une prison. Quelle a été sa motivation ?: partager la foi qui a transformé sa vie pour que son expérience puisse bénéficier à ceux qu’il rencontre ; répondre à la demande de Christ qui nous appelle à visiter les prisonniers.
Ce qui est important, nous dit Patrick, c’est être vrai, exprimer avec sincérité les expériences vécues, ne pas jouer un rôle. En toutes circonstances, Patrick cherche à fonder sa réflexion sur la parole biblique. Pour lui, la Parole de Dieu est avant tout un message d’amour : Dieu nous aime chacun comme on est. Dieu nous encourage à nous aimer les uns les autres et nous exhorte à lui manifester notre amour.
On pourrait se demander en quoi les prisonniers ont besoin d’un tel message. De fait, ils ressentent souvent un besoin de considération, d’estime d’eux-mêmes. Au cours de leur vie, ils ont manqué d’affection et d’amour et la parole de Jésus retentit chez eux avec d’autant plus de force. Patrick leur rappelle aussi qu’aux yeux de Dieu, il n’y a aucun péché qui ne puisse être pardonné. Cette affirmation du pardon est source de libération, d’autant qu’elle va bien au-delà de la justice humaine.
Il y a là pour les prisonniers un horizon de vie parce que la plupart d’entre eux ressentent un sentiment d’injustice et de persécution dans l’attitude qu’ils ont perçue chez les représentants de la justice, considérant que leur cas personnel n’a pas été examiné dans toute sa profondeur et toute sa dimension. Ainsi, ils estiment ne pas avoir été suffisamment entendus et écoutés. Ils ont donc besoin d’avoir une oreille attentive à ce qu’ils ont vécu. Pour autant, le rôle de Patrick n’est pas de s’associer à leur critique de la justice, mais de leur proposer une autre dimension de la justice qui inclut le renouvellement à travers le pardon des péchés et la reconstruction que propose Jésus à travers sa résurrection.
Le changement apporté par la réception du message de Christ leur permet de s’affranchir d’une culpabilité qui est entretenue par le système judiciaire. Comme en prison des gens ayant accompli des délits ou des crimes très différents se mélangent et se côtoient, la transformation apportée par l’Evangile appelle également un changement de regard les uns sur les autres. C’est-à-dire que puisque nous sommes tous aimés de Dieu, nous sommes appelés à nous aimer les uns les autres. L’expérience de Patrick lui permet de dire qu’il a vu des détenus changer de regard et de comportement.
Cette intervention de Patrick s’inscrit dans une volonté de dialogue, d’échange. Il ne s’agit pas d’apporter un enseignement. C’est la relation qui compte. Dans cet esprit, Patrick nous dit qu’il a reçu des prisonniers au moins autant qu’il a pu leur apporter. « Ainsi, nous dit-il, aux yeux de Dieu et connaissant la trajectoire des uns et des autres, je me rends compte que je ne suis pas supérieur, ni même à l’abri d’une défaillance. Ce qui est important, c’est que nous sommes tous aimés de Dieu. »
Contribution de Patrick