Vers une civilisation Ă©cologique

Selon Jeremy Lent

En 2020, l’effroi suscitĂ© par l’épidĂ©mie de Covid s’est alliĂ© aux apprĂ©hensions engendrĂ©es par d’autres menaces comme le dĂ©rĂšglement climatique. Aujourd’hui, une guerre vient s’ajouter au malheur du temps. Cependant, cette tourmente interpelle. Elle invite les chercheurs et les militants Ă  imaginer et Ă  promouvoir un monde nouveau.

C’est ainsi qu’en 2021, un recueil d’essais est paru aux États-Unis sous le titre : « The new possible » (« Le nouveau possible ») (1). Le sous-titre en prĂ©cise le contenu : « Visions de notre monde au-delĂ  de la crise ».

Cet ouvrage a Ă©tĂ© conçu dans le contexte amĂ©ricain, mais il est intĂ©ressant de constater qu’il ne se borne pas Ă  mettre en cause de graves dysfonctionnements aux États-Unis, mais envisage les problĂšmes de beaucoup d’autres pays. Bien plus, le champ du livre s’étend au monde entier. Ainsi, plusieurs personnalitĂ©s des peuples premiers sont appelĂ©es Ă  s’exprimer. Ici convergent une rĂ©flexion sociologique et Ă©conomique, des gestes militants et le recours Ă  diffĂ©rentes traditions de sagesse. Le livre s’ordonne en plusieurs parties : la terre ; Nous ; le changement ; la richesse ; le travail ; la nourriture ; l’éducation ; l’amour ; la communautĂ©, et il rassemble les contributions d’une trentaine d’auteurs.

Nous avons choisi de rapporter un des chapitres de ce livre : « Envisager une civilisation Ă©cologique » (« Envisioning an ecological civilization ». L’auteur, Jeremy Lent, a Ă©crit plusieurs ouvrages de synthĂšse sur l’évolution de la culture humaine et la recherche de sens : « The patterning instinct. A cultural history of humanity. Search of meaning » et « The web of meaning. Integrating science and traditional wisdom to find our place in the universe ». Comment l’humanitĂ© a-t-elle Ă©voluĂ© dans sa recherche de sens ? Quelle vision Ă©merge aujourd’hui ?

 

Quitter le néolibéralisme

JĂ©rĂ©mie Lent dresse un bilan des dĂ©gĂąts et des injustices engendrĂ©s par le nĂ©olibĂ©ralisme. Ainsi, aux États-Unis, les communautĂ©s pauvres ont Ă©tĂ© davantage atteintes mortellement par la pandĂ©mie que les communautĂ©s aisĂ©es. Il y a bien une origine au mal actuel. Depuis les annĂ©es 1980, le nĂ©olibĂ©ralisme propage une conception dangereuse de l’homme selon laquelle « les hommes sont essentiellement individualistes, Ă©goĂŻstes, matĂ©rialistes et calculateurs. En consĂ©quence, le capitalisme de marchĂ© serait le meilleur cadre pour les entreprises humaines » (p 4). « Le nĂ©olibĂ©ralisme est logiquement le rĂ©sultat d’une conception de monde fondĂ©e sur la sĂ©paration : les gens sont sĂ©parĂ©s les uns des autres, les humains sont sĂ©parĂ©s de la nature, et la nature elle-mĂȘme n’est plus qu’une ressource Ă©conomique » (p 4).

 

Menace d’effondrement

Dans la recherche d’un progrĂšs matĂ©riel, nous consommons les richesses de la nature plus vite qu’elle ne se reconstituent.

Notre civilisation fonctionne en « consommant 40% des ressources de la terre au-dessus du rythme soutenable » (p 4).

 

Transformer nos valeurs

Avec Jeremy Lent, faisons d’abord le point : « La description des ĂȘtres humains comme des individus Ă©goĂŻstes, la perception de la nature comme une ressource Ă  exploiter, et l’idĂ©e que seule la technologie peut rĂ©pondre Ă  nos plus gros problĂšmes, voilĂ  de profondes erreurs qui ont conduit notre civilisation vers un dĂ©sastre »(p 5).

« Nous avons besoin de changer le fondement de notre civilisation : passer d’une civilisation fondĂ©e sur l’accumulation des richesses Ă  une autre fondĂ©e sur la santĂ© des systĂšmes vivants, une civilisation Ă©cologique » (p 6). Ce sera lĂ  une mutation majeure comparable aux deux grands bonds de l’humanité : la mutation agricole qui a commencĂ© il y a 12 000 ans et la rĂ©volution scientifique du XVIIe siĂšcle.

 

Une civilisation Ă©cologique

JĂ©rĂ©mie Lent met en valeur la vertu de l’entraide. « Les systĂšmes vivants sont caractĂ©risĂ©s Ă  la fois par la compĂ©tition et la coopĂ©ration.

Cependant, les transitions majeures de l’évolution qui ont amenĂ© la vie Ă  son Ă©tat actuel d’abondance, sont toutes le rĂ©sultat d’un accroissement spectaculaire de la coopĂ©ration. La clĂ© de ces pas d’évolution – et du fonctionnement efficient de tous les Ă©cosystĂšmes – est la symbiose : le processus dans lequel les deux parties en relation donnent et reçoivent rĂ©ciproquement  » (p 6). « Les contributions de chaque partie crĂ©ent un ensemble plus grand que la somme des parties ». La symbiose permet aux Ă©cosystĂšmes de s’entretenir presque infiniment ». « L’interconnection de diffĂ©rents organismes en symbiose se manifeste dans un autre principe fondateur de la nature : l’harmonie ». « L’harmonie apparaĂźt quand les diffĂ©rentes forces d’un systĂšme sont en Ă©quilibre » (p 6-7). Un tableau apparaĂźt. « Chaque systĂšme dĂ©pend de la vitalitĂ© des autres ».

Cette constatation « nous amĂšne Ă  formuler un objectif ultime de la civilisation Ă©cologique : crĂ©er les conditions pour que tous les humains puissent fleurir comme une part d’une terre vivante et prospĂšre. Jeremy Lent transpose le phĂ©nomĂšne de la symbiose en termes humains : « les principes fondateurs de la justice et de l’équité ». Une civilisation Ă©cologique assurera « la promotion de la dignitĂ© humaine en fournissant les conditions pour permettre Ă  chacun de vivre en sĂ©curitĂ© et en bien-ĂȘtre ». Par ailleurs, la civilisation Ă©cologique reconnaitra la diversitĂ© dans tous ses registres. « Elle sera fondĂ©e sur l’axiome que le plein potentiel d’un systĂšme peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© seulement quand il est intĂ©grĂ© – un Ă©tat d’unitĂ© dans la diffĂ©renciation oĂč la prospĂ©ritĂ© de chaque constituant contribue au bien-ĂȘtre de l’ensemble » (p 7). Par-dessus tout, une civilisation Ă©cologique suscitera une symbiose englobant la sociĂ©tĂ© humaine et le monde naturel ».

 

La civilisation Ă©cologique en pratique

 

Entrer dans une civilisation Ă©cologique requiert une transformation fondamentale de l’économie. Entre autres, on passera  d’une Ă©conomie fondĂ©e sur la croissance perpĂ©tuelle du Produit National Brut Ă  une sociĂ©tĂ© mettant l’accent sur la qualitĂ© de la vie en dĂ©veloppant les indicateurs correspondants. Depuis le dĂ©but du XIXe siĂšcle, la plupart des Ă©conomistes ont considĂ©rĂ© deux domaines seulement de l’activitĂ© Ă©conomique : les marchĂ©s et le gouvernement
 Une civilisation Ă©cologique prendra en compte ces deux domaines, mais ajoutera deux secteurs : l’économie domestique et les communs. « En particulier, les communs deviendront une part centrale de l’activitĂ© Ă©conomique (3) ». Jeremy Lent rapporte l’origine du terme : la terre partagĂ©e par les paysans en Angleterre. Mais dans un contexte plus large, « les communs comprennent toutes les sources de subsistances et de bien-ĂȘtre qui Ă©chappent Ă  l’appropriation de la propriĂ©tĂ© privĂ©e et de l’état : l’air , l’eau, la lumiĂšre du soleil, et mĂȘme les crĂ©ations humaines comme le langage, les traditions culturelles et la connaissance scientifique » (p 8). C’est une richesse commune (« a shared human commonwealth » (p 9). On reconnaitra le droit de chaque ĂȘtre humain Ă  participer Ă  cette richesse commune. Jeremy Lent Ă©voque ici « un revenu de base universel ». Les recherches en ce sens ont montrĂ© les aspects positifs d’une telle innovation. Dans cette transformation, quelle attitude vis-Ă -vis des grandes entreprises internationales ? Elles devront se soumettre Ă  une charte Ă©cologique et sociale. La mĂȘme approche Ă©cologique entrainera la transformation de l’agriculture et du tissu urbain. Jeremy Lent envisage Ă©galement une transformation de la gouvernance vers « un modĂšle polycentrique oĂč les dĂ©cisions locales, rĂ©gionales et globales seront prises aux niveaux oĂč leurs effets se font le plus sentir » (p 10).

 

En marche

Si cette vision porte un idĂ©al Ă  atteindre, JĂ©rĂ©my Lent nous prĂ©sente « les innombrables organisations pionniĂšres Ă  travers le monde qui plantent dĂ©jĂ  les semences pour une civilisation affirmant la vie » (p 10). L’auteur cite des initiatives aux États-Unis, en Bolivie, en Espagne. Il montre « comment la vision Ă©cologique se rĂ©pand Ă  travers les institutions religieuses et culturelles Ă©tablissant un terrain commun avec le traditions indigĂšnes qui maintiennent leur connaissance et leur genre de vie pendant des millĂ©naires ». Il Ă©voque la « charte de la terre » initiĂ©e Ă  La Haye en 2000 et adoptĂ©e depuis par plus de 2 000 organisations Ă  travers le monde auxquelles se sont joints certains gouvernements. Et bien sĂ»r, il cite l’encyclique ‘Laudato si’.

Sur le plan Ă©conomique et politique, des organisations apparaissent telles que la « Wellbeing Economy Alliance » et la « Global Commons Alliance ». « Peut-ĂȘtre encore plus important, un mouvement populaire affirmant la vie se rĂ©pand globalement ». (p 11)

Le livre : « The new possible » fait lui-mĂȘme Ă©cho Ă  la transformation en cours.

Ce texte de Jeremy Lent nous apporte une vue d’ensemble sur la mutation en cours. Il en esquisse le sens. De son point d’observation, il vient confirmer l’extension d’un mouvement Ă©cologique Ă  travers le monde entier. Ce point de vue vient donc nous encourager et nous affermir.

J H

 

  1. Philip Clayton, Kellie M Archie, Jonah Sachs, Evan Steiner, ed. The new possible. Visions of our world beyond crisis. Wipf and Stock Publishers, 2021
  2. Voir le blog de Jeremy Lent, author and integrator : https://www.jeremylent.com/
  3. La promotion des communs apparaĂźt rĂ©cemment au cƓur du livre de GaĂ«l Giraud : GaĂ«l Giraud. Composer le monde en commun, Seuil, 2022

Pourquoi et comment donner priorité au sens dans notre vie quotidienne ?

Victor Frankl, survivant de l’holocauste et psychiatre bien connu, nous suggĂšre que la  recherche de sens est une motivation premiĂšre chez les ĂȘtres humains. « C’est une part essentielle de nos existences, des jeunes enfants qui posent la question du pourquoi aux adultes qui rĂ©clament davantage de sens au travail ou dans une crise du milieu de la vie ». A travers l’histoire, chercheurs, philosophes, thĂ©ologiens, poĂštes, ont abordĂ© cet enjeu primordial du sens. Sur ce site, nous avons prĂ©sentĂ© un livre d’Emily Esfahani Smith : « There is more to life than being happy » : « Une vie pleine, c’est une vie qui a du sens » (1).

Il existe, aux Etats-Unis, un Centre  de recherche qui explore les activitĂ©s et pratiques de vie en rapport avec la question du sens. Un site : « Greater good magazine . Science-based insights for a meaningful life » (2) nous prĂ©sente des recherches sur ces attitudes et pratiques de vie que sont l’émerveillement, la compassion, l’empathie, le pardon, la gratitude, le bonheur, la conscience, la connexion sociale.

Ces attitudes et ces pratiques ont Ă©galement des effets positifs pour nous-mĂȘmes. Ce sont des clefs pour notre bien-ĂȘtre (« Keys for our well-being »). « Aujourd’hui, de plus en plus de recherches montrent qu’éprouver du sens peut nous aider Ă  amĂ©liorer notre bien ĂȘtre et nous aider Ă  mieux vivre ». Les transformations actuelles de notre sociĂ©tĂ© rendent ces questions existentielles d’autant plus pressantes.

 

Une recherche : Est-ce que de simples activités quotidiennes peuvent rendre la vie plus signifiante ?

Prinit Russo-Meyer publie sur ce site un article sur notre rapport avec le sens dans notre vie quotidienne (3).

« Frankl n’a-t-il pas Ă©crit : « Ce qui importe, ce n’est pas le sens de la vie en gĂ©nĂ©ral, mais plutĂŽt le sens spĂ©cifique vĂ©cu par une personne dans un moment donnĂ© de sa vie » . En d’autres mots, le sens se manifeste dans ce que nous choisissons de faire activement et consciemment dans nos vies ». « Eprouver du sens dans la vie est une question concrĂšte qui a tout Ă  voir avec nos prioritĂ©s, avec la maniĂšre dont nous passons le temps dans le travail ou dans les loisirs, seul ou avec d’autres ».

Prinit Russo-Meyer a donc entrepris une  recherche pour rĂ©pondre Ă  la question. « Pouvons-nous dĂ©velopper davantage de  sens et de bien-ĂȘtre Ă  travers une simple action quotidienne ? ». Elle a conduit une enquĂȘte pour savoir comment des personnes recherchent des expressions pleines de sens dans leur vie quotidienne, ce qu’elle a appelé : « mettre le sens en priorité » (« prioritizing meaning ».

Sa recherche, publiĂ©e dans le « Journal of happiness studies », montrent que « les gens qui mettent du sens en prioritĂ© dans leurs actions, tendent Ă  dĂ©velopper une plus grande conscience du sens dans leur vie, et ensuite Ă  Ă©prouver moins d’émotions nĂ©gatives et plus d’expressions positives : gratitude, cohĂ©rence (optimisme et contrĂŽle), bonheur et satisfaction dans leur vie » .

« Ce qui veut dire que lorsque nous dĂ©sirons une vie plus signifiante sans dĂ©velopper des activitĂ©s en ce sens, nous n’irons probablement pas trĂšs loin ». Prinit Russo Ritzer s’est inspirĂ©e d’une autre recherche auprĂšs des gens donnant prioritĂ© Ă  la positivitĂ©. Dans la stratĂ©gie correspondante, on essaie d’agir sur les actions plutĂŽt que sur les sentiments. Cette stratĂ©gie est une approche qui se rĂ©vĂšle plus efficace. Comment privilĂ©gier le sens dans notre vĂ©cu ? Prinit observe que nous ne traduisons pas toujours nos prioritĂ©s donnĂ©es au sens, en activitĂ©s concrĂštes. Par exemple, si nous valorisons la famille, mais nous n’accordons pas plus de temps aux enfants, cette valeur peut ne pas se rĂ©vĂ©ler bĂ©nĂ©fique. Combler le fossĂ© (the gap) est vital. Chaque journĂ©e nouvelle est une opportunitĂ© pour faire des chose qui comptent vraiment pour nous dans notre dĂ©sir de vivre une vie signifiante et qui mĂ©rite d’ĂȘtre vĂ©cue ». Nous pouvons donc nous demander quelles activitĂ©s signifiantes nous devons privilĂ©gier dans la journĂ©e qui s’annonce  et quelles activitĂ©s nous devons supprimer ou modifier. Nous pouvons Ă©galement nous interroger sur la maniĂšre dont nous avons utiliser le temps passĂ© rĂ©cemment. « Comme nous passons nos journĂ©es, nous passons Ă©galement notre vie ». Albert Camus a Ă©crit un jour : « La vie est la somme de tous nos choix ».

J H

  1. Une vie pleine, c’est une vie qui a du sens » : https://vivreetesperer.com/une-vie-pleine-cest-une-vie-qui-a-du-sens/
  2. Greater Good Magazine. Science-based insights for a meaningful life : https://greatergood.berkeley.edu
  3. Why you should prioritize meaning in your everyday life . Can simple, everyday actions make life more meaningful ? https://greatergood.berkeley.edu/article/item/why_you_should_prioritize_meaning_in_your_everyday_life?fbclid=IwAR3BNe71vZrAPDgA3ISkT-VXoiARYe8cXJsoTZqf7ma2vIc0fxYmV45azHQ

 

 

 

 

Une dynamique de vie et d’espĂ©rance

De commencements en recommencements

 

Dans nos parcours, il y a des moments oĂč l’horizon s’assombrit, pour nous, pour nos proches, pour nos amis. Parfois, c’est une vie brisĂ©e par le deuil, accablĂ©e par une maladie, confrontĂ©e Ă  une impasse. Comment garder ou retrouver une espĂ©rance ?

Et puis nous sommes aussi confrontĂ©s aux grandes catastrophes collectives qui parsĂšment l’histoire et s’inscrivent parfois dans l’histoire de nos familles. Serions-nous sans recours par rapport Ă  cette mĂ©moire ? Et dans ce temps de crise, nous avons besoin de discernement.  LĂ  aussi, comment persĂ©vĂ©rer dans l’espĂ©rance ?

JĂŒrgen Moltmann, un grand thĂ©ologien contemporain (1) a Ă©tĂ© confrontĂ© dans sa jeunesse au malheur engendrĂ© par la guerre Ă  travers l’immense incendie qui a dĂ©truit la ville de Hambourg Ă  la suite d’un bombardement aĂ©rien, puis par les combats qui l’amĂšnent Ă  se retrouver prisonnier dans un camp de prisonniers allemands en Grande-Bretagne. Il sait ce que le mal reprĂ©sente. Mais dans la dĂ©couverte de JĂ©sus, puis dans son engagement dans la foi chrĂ©tienne et la rencontre avec la pensĂ©e messianique juive, il a trouvĂ© en Christ ressuscitĂ© le fondement d’une espĂ©rance et la source d’une dynamique qui abolit les impasses et ouvre un horizon de vie.

Ainsi a-t-il Ă©crit un livre ayant pour titre : « Im Ende..der Enfang » : « Dans la fin.. un commencement ». Nous en avons eu connaissance dans sa traduction anglaise et nous avons alors rĂ©digĂ© une prĂ©sentation (2) Ce livre vient d’ĂȘtre traduit et publiĂ© aux Editions Empreinte sous le titre : « De commencements en recommencements. Une dynamique d’espĂ©rance » (3).

JĂŒrgen Moltmann est un thĂ©ologien en phase avec les questionnements de notre temps. Mais, si la plupart de ses livres ont Ă©tĂ© traduits en français aux  Editions du Cerf, ce sont des ouvrages de plusieurs centaines de pages. Il y a donc tout un  travail Ă  accomplir pour rendre accessible sa pensĂ©e Ă  un grand public (4). Or, « De commencements en recommencements »  prĂ©sente une double caractĂ©ristique. Ce livre s’adresse Ă  toutes les personnes en recherche de sens. Et il prĂ©sente un aspect majeur de la pensĂ©e de JĂŒrgen Moltmann : la maniĂšre dont celui-ci conçoit et perçoit l’Ɠuvre de Dieu dans les vies personnelles en sachant que celles-ci s’inscrivent dans un ensemble qui comprend Ă©galement un aspect politique et une dimension cosmique. Si ce livre rĂ©pond ainsi Ă  des questions existentielles, c’est donc aussi une entrĂ©e dans la pensĂ©e thĂ©ologique de JĂŒrgen Moltmann.

 

La dynamique de l’espĂ©rance.

 

De bout en bout, ce livre est animĂ© par le souffle de l’espĂ©rance.

« Que le Dieu de l’espĂ©rance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi pour que vous abondiez en espĂ©rance par la puissance du Saint Esprit (Romains 15.13). Dieu nous prĂ©cĂšde et nous guide vers un avenir. Il nous appelle et il nous conduit vers un nouvel horizon. L’espĂ©rance est une caractĂ©ristique originale de la foi chrĂ©tienne. Elle est fondĂ©e sur la prĂ©sence de Christ ressuscitĂ© et elle suscite notre participation Ă  l’Ɠuvre de Dieu, Ă  son royaume, Ă  la nouvelle crĂ©ation. Pratiquement, elle nous encourage et nous permet de grandir, puis de rebondir face Ă  l’adversitĂ©, de « commencements en recommencements ».

 

Les grandes questions de l’existence.

 

         Ce livre Ă©claire successivement trois aspects de notre existence : le dynamisme de l’enfance et de la jeunesse ; la confrontation avec les catastrophes dans une perspective qui nous permet d’aller au delà ; les questions soulevĂ©es par la mort dans une vision qui exprime la puissance misĂ©ricordieuse de Dieu. A partir de la version anglaise de ce livre, nous avons prĂ©sentĂ© Ă  de nombreuses reprises la dynamique libĂ©ratrice de ces textes . La parution en français vient apporter des pistes de rĂ©ponse Ă  de nombreuses questions existentielles. Voici donc une brĂšve prĂ©sentation du contenu de l’ouvrage.

L’approche de JĂŒrgen Moltmann conjugue l’inspiration biblique et une ouverture aux valeurs  que portent l’Esprit dans la culture contemporaine . Ainsi, dans les chapitres sur l’enfance et la jeunesse, l’auteur se dĂ©partit d’une attitude empreinte de pessimisme sur l’ĂȘtre humain et son devenir. FrĂ©quemment, la valeur attribuĂ©e Ă  l’enfant reposait sur sa faiblesse, source d’humilitĂ©. JĂŒrgen Moltmann nous prĂ©sente en regard l’Ɠuvre divine qui se rĂ©vĂšle dans le potentiel et la dynamique de la vie des enfants.

Les chapitres consacrĂ©s aux recommencements que Dieu suscite dans la confrontation aux catastrophes rompent avec les reprĂ©sentations d’un Dieu justicier ou avec la rĂ©signation et Ă  l’incertitude concernant le sort des victimes. Ainsi, dans la durĂ©e, Dieu est Ă  l’Ɠuvre pour dĂ©livrer tous les hommes du mal. Il n’y a plus de catĂ©gories humaines vouĂ©es pour toujours Ă  l’anĂ©antissement en fonction d’une fatalitĂ© historique. Au contraire, dans sa justice , et dans une puissance infinie, Ă  travers un processus qui s’exerce dans le temps, Dieu sauvera les victimes et il redressera et changera les oppresseurs (5). En JĂ©sus mourant sur la croix, l’amour divin est vainqueur. A travers sa rĂ©surrection, Christ suscite un processus de libĂ©ration qui aboutit Ă  un univers dans lequel « Dieu sera tout en tous » (1 Cor 15.28). L’espĂ©rance est une dynamique qui ouvre la voie aux recommencements.

Bien sĂ»r, dans la confrontation avec la mort, l’Evangile nous apporte la promesse de la Vie Ă©ternelle. Cependant, on constate que l’enseignement entendu aujourd’hui Ă  ce sujet est souvent hĂ©sitant parce qu’il est influencĂ© par des reprĂ©sentations hĂ©ritĂ©es d’une histoire qui s’est Ă©cartĂ©e du message original. Il y a la crainte engendrĂ©e par l’image d’un Dieu justicier et la menace de l’enfer. Et il y a aussi les incertitudes suscitĂ©es par des oppositions doctrinaires hĂ©ritĂ©es de l’histoire, ainsi en rĂ©action avec les excĂšs d’une osmose se prĂȘtant aux manipulations institutionnelles,  l’apparition d’une thĂšse impliquant une sĂ©paration tranchĂ©e entre le ciel et la terre, qui rompt avec la dynamique de vie. En regard, Ă  partir de la lecture des textes bibliques de l’ancien et du nouveau Testament et d’une analyse historique des reprĂ©sentations et des cultures, JĂŒrgen Moltmann nous apporte une vision qui nous Ă©claire sur notre devenir dans l’éclairage de la vie Ă©ternelle, sur la communautĂ© des vivants et des morts et sur l’Ɠuvre de salut accompli par Dieu en Christ Ă  l’intention de tous les hommes dans la marche vers une nouvelle crĂ©ation oĂč « Dieu sera tout en tous » (1 Cor 15.28)  . A un moment oĂč tout vacillait (6), nous avons trouvĂ© dans la version anglaise de ce livre une rĂ©ponse providentielle Ă  nos questions. Nous avons voulu ensuite partager cette vision de l’Ɠuvre de Dieu qui porte vie, amour, et dĂ©livrance (7)

 

Aujourd’hui, la parution en français du livre de JĂŒrgen Moltmann est non seulement un Ă©vĂ©nement Ă©ditorial en rendant accessible sa pensĂ©e Ă  un  grand public francophone. C’est aussi la manifestation d’une dynamique de vie et d’espĂ©rance qui se rĂ©pandra parmi ses lecteurs. Notre vie change lorsqu’on peut la penser en terme de commencements en recommencements.

 

JH

 

(1)            La vie et la pensĂ©e de JĂŒrgen Moltmann : « Une thĂ©ologie pour notre temps. Autobiographie de JĂŒrgen Moltmann » http://www.temoins.com/etudes/une-theologie-pour-notre-temps.-l-autobiographie-de-jurgen-moltmann/toutes-les-pages.html

(2)            Moltmann (JĂŒrgen). In the end..The beginning. The life of hope. Fortress Press, 2004 . PrĂ©sentation : « Vivre dans l’espoir. Dans la fin..un commencement ». http://www.temoins.com/ressourcement/vivre-dans-l-espoir-dans-la-fin-un-commencement.html

(3)            Moltmann (JĂŒrgen). De commencements en recommencements. Une dynamique d’espĂ©rance. Empreinte Temps prĂ©sent, 2012  http://www.editions-empreinte.com/detail_produit.php?rub=6&article=6698&voir=edit

(4)            Parce que la pensĂ©e thĂ©ologique de JĂŒrgen Moltmann est en phase avec les interrogations de notre temps et ouvre des pistes de rĂ©ponse,  un blog a Ă©tĂ© crĂ©Ă© pour rendre accessible cette pensĂ©e : « L’Esprit qui donne la vie » » http://www.lespritquidonnelavie.com/

(5)            Sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : « DĂ©livre nous du mal » http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=702

(6)            Sur le blog : « Vivre et espérer » : « Une vie qui ne disparaßt pas ! » https://vivreetesperer.com/?p=336

Sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie », « La vie par delĂ  la mort »  http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=822

Cultiver la terre en harmonie avec la nature

 La permaculture : une vision holistique du monde

 Aujourd’hui, nous savons que la terre est menacĂ©e. C’est le changement climatique et le recul de la biodiversitĂ©. Et nous, nous prenons conscience de tout ce que nous recevons de la nature, une symbiose elle aussi en danger. En regard, Ă  travers de multiples organisations, un puissant mouvement Ă©cologique est apparu. Les Ă©tats entrent peu Ă  peu dans cette mobilisation pour ce qu’on peut appeler la sauvegarde de l’humanitĂ©. Nous sommes tous concernĂ©s. C’est un appel pressant Ă  changer de genre de vie. L’agriculture est particuliĂšrement concernĂ©e. Au cours des derniĂšres dĂ©cennies, elle a Ă©tĂ© entrainĂ©e dans une escalade productiviste en rupture avec une relation Ă©quilibrĂ©e et durable avec l’environnement naturel. En regard, on a pu observer un engagement militant dans une maniĂšre nouvelle de vivre et de cultiver la terre. Cette approche est illustrĂ©e notamment par la grande figure de Pierre Rabhi. On assiste par ailleurs Ă  l’invention de nouvelles pratiques qui allient efficacitĂ© accrue et respect de la nature. C’est un lieu d’innovation, c’est un front pionnier qui attire de nouveaux acteurs Ă  la recherche d’une vie plus proche de la nature.

Ce courant est porteur d’espĂ©rance et il nous a par utile d’en faire mention sur ce blog. Nous avons dĂ©jĂ  dĂ©crit l’apparition et le dĂ©veloppement des « Incroyables comestibles » en France (1). Un ami engagĂ© dans un « Jardin de Cocagne » (2), nous a rĂ©cemment fait connaĂźtre cette belle innovation. Aujourd’hui, nous dĂ©couvrons une nouvelle maniĂšre de cultiver la terre en harmonie avec l’environnement naturel. Ces initiatives innovantes sont « des fermes d’avenir ». Elles apparaissent et se dĂ©veloppent dans des formes diverses selon la personnalitĂ© des intervenants et les caractĂ©ristiques de l’environnement.

 

La ferme biologique du Bec Hellouin

En naviguant sur le web, une expĂ©rience s’impose, celle de la ferme biologique du Bec Hellouin en Normandie. Cette rĂ©alisation est le fruit d’un itinĂ©raire singulier. Au dĂ©but des annĂ©es 2000, Perrine et Charles  HervĂ©-Gruyer s’installent en ce lieu avec le dĂ©sir d’y vivre une vie de famille. Au dĂ©part, pour assurer leur subsistance alimentaire, ils s’engagent progressivement dans une aventure agricole, dĂ©couvrent en 2008 la permaculture et, Ă  partir de lĂ , dĂ©veloppent une microagriculture intensive en s’inspirant Ă  la  fois de pratiques ancestrales et de recherches innovantes .

Aujourd’hui, « la ferme biologique du Bec Hellouin est une ferme expĂ©rimentale fonctionnant selon les principes de la permaculture
 Nous mettons en pratique un ensemble de solutions inspirĂ©es du fonctionnement des Ă©cosystĂšmes naturels, qui permettent de produire en abondance des fruits et des lĂ©gumes sains : cultiver en buttes, agroforesterie, cultures associĂ©es, traction animale
 La production maraichĂšre de la ferme est plusieurs fois supĂ©rieure Ă  la moyenne nationale par unitĂ© de surface, pratiquement sans recours aux Ă©nergies fossiles
 L’herbage, situĂ© en zone protĂ©gĂ©e Nature 2000, oĂč nous avons crĂ©Ă© les jardins, est devenue une oasis de vie oĂč se cĂŽtoient un grand nombre d’espĂšces vĂ©gĂ©tales et animales : 800  vĂ©gĂ©taux diffĂ©rents environ sont cultivĂ©s sur la ferme. Les deux iles-jardins, le jardin mandala, les mares, la foret nourriciĂšre, les vergers forment un agro-Ă©cosystĂšme hautement productif et durable » .

Depuis fin 2011, la ferme du Bec Hellouin est engagĂ©e dans un programme de recherche avec l’INRA (Institut national de recherche agronomique) et AgroParis Tech. Elle met en oeuvre Ă©galement un programme de formation. (3) Il y a lĂ  une belle dynamique que Perrine et Charles HervĂ©-Gruyer nous communiquent dans une vidĂ©o (4).

 

 

Une approche holistique : la permaculture

Cette entreprise innovante s’inspire d’une vision Ă©voquĂ©e par le terme de permaculture. DiffĂ©rentes dĂ©finitions ont Ă©tĂ© proposĂ©es pour dĂ©crire cette approche. Nous reprenons ici la prĂ©sentation qu’en donne Perrine et Charles HervĂ©-Gruyer, eux-mĂȘmes auteurs d’un livre sur la permaculture.

« CrĂ©Ă©e dans les annĂ©es 90 en Australie par Bill Molisson et David Holmgren, la permaculture est un systĂšme conceptuel inspirĂ© du fonctionnement de la nature. Depuis des centaines de millions d’annĂ©es, la nature crĂ©e des Ă©cosystĂšmes harmonieux et durables, qui gĂ©nĂšrent eux-mĂȘmes les conditions favorables au dĂ©veloppement de formes de vie plus Ă©voluĂ©es. Permaculture signifiait, Ă  l’origine, agriculture permanente, puis le concept s’est Ă©largi pour devenir culture permanente dans le sens de durable.

L’ĂȘtre humain, particuliĂšrement en Occident, durant les derniers siĂšcles, artificialise les Ă©cosystĂšmes et s’impose de ce fait l’obligation de devoir compenser par son travail et par des entrants les fonctions remplies naturellement par le vivant
 La permaculture cherche Ă  concevoir des installations harmonieuses, durables, rĂ©silientes, Ă©conomes en travail comme en Ă©nergie, Ă  l’instar des systĂšmes naturels. Son concept de design repose sur un principe essentiel : positionner au mieux chaque Ă©lĂ©ment de maniĂšre Ă  ce qu’il puisse agir positivement avec les autres


La  permaculture repose sur trois principes : prendre soin de la terre, prendre soin des hommes, partager Ă©quitablement les ressources. La permaculture a un objet large : elle intĂšgre l’agro-Ă©cologie, la construction Ă©cologique, les Ă©nergies renouvelables
 dans une vision pragmatique et souple pouvant ĂȘtre adaptĂ©e Ă  chaque territoire, aux besoins et aux aspirations de chaque personne ou communautĂ©.

A la ferme du Bec Hellouin, nous Ă©tudions particuliĂšrement les adaptations de la permaculture Ă  l’agriculture biologique. Contrairement Ă  une idĂ©e trop rĂ©pandue, la permaculture n’est pas un ensemble de techniques de jardinage, mais bien un systĂšme conceptuel. Ces applications sont toutefois particuliĂšrement pertinentes dans le domaine de la production agricole. La permaculture permet de concevoir des agro-systĂšmes tout Ă  la fois harmonieux, durables, Ă©conomes et productifs ».

 

Fermes d’avenir

On constate aujourd’hui que la vision Ă©thique d’une activitĂ© humaine en phase avec la nature inspire beaucoup de gens et suscite un attrait pour de nouvelles formes de travail agricole. Dans un monde troublĂ©, on peut y voir un dĂ©sir d’enracinement. Ainsi, de nouvelles initiatives apparaissent comme celle des « fermes d’avenir.

Une association s’est crĂ©Ă©e pour favoriser le dĂ©veloppement de ces fermes (5). Quelle est la vision de cette association ?

« Nous souhaitons  donner au plus grand nombre l’envie et les moyens de lancer leur propre projet agricole, Ă©cologique et rentable. Notre dĂ©marche touchera en particulier les agriculteurs souhaitant effectuer leur transition, les citadins souhaitant lancer une activitĂ© de maraichage et  les propriĂ©taires fonciers soucieux de valoriser une partie de leurs terres
 L’objectif primordial est de montrer qu’il est possible, sur un hectare, de crĂ©er un emploi pĂ©renne de maraichage biologique
Dans un premier temps, notre dĂ©fi est donc de crĂ©er une microferme exemplaire en maraichage, s’inspirant de la permaculture et de l’ensemble des techniques efficaces de l’agro-Ă©cologie
L’association Fermes d’avenir s’est dĂ©veloppĂ©e autour d’un projet fondateur : la crĂ©ation de la microferme expĂ©rimentale de la BourdaisiĂšre (37). Mais, au demeurant, de nombreuses fermes partout en France sont engagĂ©es dans une dĂ©marche exemplaire  respectant la terre, respectant les hommes et imprĂ©gnĂ©e d’une forte dimension Ă©thique ».

 

 

Action pionniÚre : Maxime de Rostolan

Dans ce mouvement, les itinĂ©raires des acteurs sont significatifs. C’est le cas pour Maxime de Rostolan, fondateur et dirigeant de l’association « Fermes d’avenir ». « IngĂ©nieur chimiste de formation, Maxime de Rostolan, son diplĂŽme en poche, s’intĂ©resse au traitement de l’eau et s’engage alors dans un tour du monde afin de sensibiliser le public Ă  cette question. A son retour dans l’hexagone, il se passionne pour la biomimĂ©tisme et crĂ©e l’association : « Biomecry France » qui encourage les entreprises Ă  transformer leurs produits et mĂ©tiers en s’inspirant de la nature. Il planche ensuite sur le financement participatif et lance « Blue Bees », une plateforme dĂ©diĂ©e aux projets d’agriculture et d’écologie. Aujourd’hui, Maxime dirige « Fermes d’avenir ». Son nouveau dĂ©fi : dĂ©ployer un modĂšle agricole Ă©cologique et rentable Ă  grande Ă©chelle ».

Maxime de Rostolan nous parle de son projet dans un exposĂ© (vidĂ©o) lors d’un colloque Ted X Ă  Tours (6). « Depuis que j’ai vingt ans, j’essaie de trouver des solutions pour changer le monde
 A force de chercher, j’ai dĂ©couvert qu’il existe un partenaire de choix : le laboratoire du vivant ». Effectivement, on peut s’inspirer de la nature comme nous l’enseigne le biomimĂ©tisme. Maxime a pris conscience de l’impasse oĂč se trouve aujourd’hui l’agriculture classique qui abuse de la mĂ©canisation et des produits chimiques. « En 50 ans, on a divisĂ© par 25, notre efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique pour produire de l’alimentation ». Maxime se rĂ©fĂšre lui aussi Ă  la vision nouvelle ouverte par la permaculture. En 2010, il en dĂ©couvre les potentialitĂ©s Ă  la ferme du Bec Hellouin.

Mais comment dĂ©ployer ce type de ferme sur le territoire ? Les chercheurs de l’INRA sont intĂ©ressĂ©s par la possibilitĂ© de suivre une ferme de ce genre en phase d’installation. Maxime va donc se lancer dans l’innovation. Il se forme en consĂ©quence et il s’engage dans le dĂ©veloppement d’une ferme expĂ©rimentale de 1 ha 4, la ferme de la BourdaisiĂšre Ă  Montlouis sur Loire. Premier objectif : fournir les donnĂ©es correspondantes aux chercheurs de l’INRA. DeuxiĂšme objectif : crĂ©er une boite Ă  outils qui permette Ă  toute personne qui le souhaite de reproduire cette expĂ©rience. TroisiĂšme objectif : Ă©valuer les services Ă©cosystĂ©miques rendus par ce type d’agriculture : prĂ©server la diversitĂ©, entretenir la qualitĂ© de l’eau, favoriser le paysage, crĂ©er une dynamique sur les territoires  ». Dans cet entretien en 2015, Maxime de Rostolan nous dit que depuis un an et demi, l’objectif a Ă©tĂ© tenu. « La nature est gĂ©nĂ©reuse ! ». Et il a dĂ©couvert un mĂ©tier dans lequel il se trouve Ă  l’aise.

 

Manifestement, les fermes d’avenir ouvrent une voie nouvelle en permettant Ă  de nombreux acteurs de s’engager dans ce nouveau mĂ©tier. « C’est une triste chose de songer que la nature parle et que l’homme n’écoute pas » a Ă©crit Victor Hugo. Aujourd’hui, ce constat est battu en brĂšche.  La permaculture tĂ©moigne d’une vision nouvelle qui est en train de se communiquer et de se rĂ©pandre. De la ferme du Bec Hellouin Ă  celle de la BourdaisiĂšre, un puissant mouvement d’innovation apparaĂźt et porte une nouvelle conception des rapports entre l’homme et la nature. C’est une nouvelle Ă©thique.

 

J H

 

(1)            « Incroyable, mais vrai ! Comment « Les incroyables comestibles » se sont développés en France » : https://vivreetesperer.com/?p=2177

(2)            Réseau Cocagne : http://www.reseaucocagne.asso.fr

 

(3)            Le site de la ferme du Bec Hellouin ne prĂ©sente pas seulement les activitĂ©s de la ferme, mais aussi les principes de la permaculture et de l’agroĂ©cologie : http://www.fermedubec.com

(4)            Histoire et prĂ©sentation de la ferme du Bec Hellouin par les crĂ©ateurs : Perrine et Charles HervĂ©-Gruyer. Cette vidĂ©o montre concrĂštement les diffĂ©rents visages de la ferme et exprime l’inspiration de cette innovation : https://www.youtube.com/watch?v=5w3VqluGfGY

(5)            Fermes d’avenir : http://www.fermesdavenir.org

(6)            « La terre et l’éthique » : Maxime de Rostolan Ă  TEDx Tours : https://www.youtube.com/watch?v=2qWKKQowguM

 

 

Sur ce blog, voir aussi :

« Pour une conscience écologique » : https://vivreetesperer.com/?p=694

« Vivre en harmonie avec la nature » :

https://vivreetesperer.com/?p=757

« Anne-Sophie Novel, militante Ă©cologiste et pionniĂšre de l’économie collaborative » : https://vivreetesperer.com/?p=1975

« Convergences Ă©cologiques : Jean Bastaire, JĂŒrgen Moltmann, Pape François, Edgar Morin » : https://vivreetesperer.com/?p=2151

 

Branché sur le beau, le bien, le bon

                                          

Le bonheur, un Ă©tat d’esprit


TĂ©moignage et enseignement d’Elisabeth Grimaud, neuropĂ©dagogue

L’aspiration au bonheur est naturelle chez l’homme. Cette recherche prend des formes diffĂ©rentes. Elle est plus ou moins profonde, plus ou moins exigeante. Et, de mĂȘme, les rĂ©ponses se situent Ă  diffĂ©rents niveaux et sur diffĂ©rents registres.          Neuropsycholinguiste, Elisabeth Grimaud nous apporte une approche empirique. Qu’est-ce qui nous rend plus heureux ? Comment identifier et dĂ©velopper les attitudes qui contribuent au bonheur ? Et, dans une personnalitĂ© humaine oĂč diffĂ©rentes composantes interviennent, comment le cerveau participe-t-il Ă  la rĂ©alisation du bonheur ? « Le bonheur est un Ă©tat d’esprit », nous dit Elisabeth, « mais cela se travaille ». Cette approche met en avant l’expĂ©rience et elle rencontre la notre. Elle appelle une expression du ressenti. Elle aide Ă  mieux comprendre les interrelations entre nos attitudes, nos pratiques et l’activitĂ© de notre cerveau, notamment Ă  travers la production de neurotransmetteurs. Dans cette perspective, les activitĂ©s qui mettent en Ɠuvre le beau, le bien et le bon apparaissent comme ayant un rĂŽle moteur dans la rĂ©alisation du bonheur.

Dans son « talk » Ă  Ted X Roanne, Elisabeth Grimaud, chercheur  en psychologie cognitive (1), explique comment le cerveau correspond avec certaines attitudes Ă  travers des secrĂ©tions qui suscitent du bien-ĂȘtre. Ainsi a-t-elle intitulĂ© sa communication : « Programmez votre cerveau pour le bonheur » (2). Cependant, si cet exposĂ© dĂ©bouche sur une analyse scientifique, il procĂšde Ă  partir du tĂ©moignage de l’intervenante  nous rapportant la maniĂšre dont elle a ressenti sa visite d’un chef d’Ɠuvre de l’architecture espagnole : l’Alhambra Ă  Grenade. Elle nous fait part d’un enthousiasme communicatif. Cette expression chaleureuse nous invite Ă  entrer dans une pratique du beau, du bien et du bon, Ă  en percevoir les effets et Ă  comprendre, en regard, les processus en cours dans le cerveau.

 

La visite de l’Alhambra 

Comment Elisabeth Grimaud a-t-elle vĂ©cu sa visite Ă  l’Alhambra ? Auteur d’une recherche sur l’enseignement cĂ©rĂ©bral par les jeux, Elisabeth a donc participĂ© Ă  un colloque scientifique international Ă  Grenade. Et c’est Ă  cette occasion que le troisiĂšme jour, elle a pu visiter « ce monument extraordinaire : l’Alhambra » .

Elle a commencĂ© par les jardins. Ainsi est-elle d’abord rentrĂ©e « dans une grande allĂ©e tapissĂ©e d’arbres ». « En avançant, je me suis sentie entrer dans un univers »  Puis, en arrivant, il y avait un parterre de fleurs. « Je suis passĂ©e Ă  cotĂ© d’une rose. Je me suis arrĂȘtĂ©e. Cette rose m’a frappĂ©e parce qu’elle avait une couleur intense. A ce moment lĂ , j’étais avec la fleur et rien d’autre
 J’ai continuĂ© la visite. Je me suis rendu compte qu’il y avait une odeur qui se dĂ©gageait. Cela sentait bon. Il y avait une odeur d’étĂ©. C’était du chĂšvrefeuille. Je ressentais du bien-ĂȘtre ».

« En continuant la visite, j’ai accĂ©dĂ© au monument. Le palais de l’Alhambra est constituĂ© de diffĂ©rents espaces et de diffĂ©rents bĂątiments. Et ces bĂątiments ont tous une spĂ©cificitĂ©. Ils sont immenses, et, en mĂȘme temps, dans cette immensitĂ©, il y a du dĂ©tail, infiniment de dĂ©tails. La sculpture est partout. L’immensitĂ© se conjugue avec une prĂ©cision extraordinaire. Pendant plusieurs heures, j’ai montĂ© des marches et, Ă  chaque fois, l’effort en valait la peine


Quand je suis passĂ© devant le magasin de souvenirs, j’ai eu envie d’acheter quelque chose pour mon conjoint, mes enfants. J’ai trouvĂ© un livre oĂč il y avait des photos correspondant Ă  ce que j’avais vu, suscitant des Ă©motions ressemblant Ă  celles que j’avais ressenties. Quand je suis ressorti de ce magasin, j’étais heureuse. Je l’avais fait pour ceux que j’aime.

Et pendant toute cette visite, j’ai vĂ©cu ce que j’appelle le bonheur, ce que j’enseigne et dont je parle beaucoup ».

 

 

Correspondance entre le vécu et les activités cérébrales 

Elisabeth Grimaud revient ensuite sur ce vĂ©cu et en analyse les diffĂ©rents aspects en les mettant en relation avec les activitĂ©s du cerveau. « Les diffĂ©rentes maniĂšres dont j’ai vĂ©cu ce bonheur s’expriment par l’émotion et s’expliquent grĂące aux mĂ©canismes du cerveau ». Ainsi, en terme de « d.o.s.e », elle Ă©nonce les diffĂ©rents neurotransmetteurs qui ont Ă©tĂ© Ă©mis par le cerveau : dopamine, ocytocine, sĂ©rotonine, endorphine. Et elle nous apprend en quoi l’apparition de chaque neurotransmetteur correspond Ă  une de ces activitĂ©s durant cette visite de l’Alhambra.

« La dopamine est le neurotransmetteur de la rĂ©ussite. Je montais les marches parce qu’à chaque fois, je sentais que j’allais vers une rĂ©ussite. Ce que j’allais voir mĂ©ritait un effort.

Dans le magasin, il y a eu activation de l’ocytocine qui correspond Ă  l’attachement, Ă  la reliance. A chaque fois que vous vous reliez Ă  quelqu’un : famille, enfants, un bon copain, vous ĂȘtes heureux. Qu’est-ce que cela fait du bien de se voir ! Ma famille n’était pas lĂ . mais je pensais Ă  eux. J’étais avec eux.

A la fin de mon parcours, j’avais cochĂ© toutes les cases du programme. J’étais contente de moi. J’étais satisfaite. La sĂ©rotonine correspond Ă  cette satisfaction de voir la tĂąche accomplie.

Enfin, l’endorphine agit en contraste. Elle amortit la douleur. Vous ĂȘtes fatiguĂ©. Et Ă  ce moment, vous ne le ressentez plus. Cette gestion de votre fatigue vous permet de continuer. Vous sentez Ă  nouveau un peu de bien-ĂȘtre ».

Cette analyse nous permet de mieux comprendre ce qui se passe en nous dans nos propres expĂ©riences. Mais Elisabeth Grimaud nous invite Ă©galement Ă  dĂ©velopper notre capacitĂ© d’activer ces neurotransmetteurs.  Ils dĂ©coulent de certaines activitĂ©s mentales, mais ils peuvent aussi les stimuler. « Vous avez la possibilitĂ© d’activer les neurotransmetteurs et l’entrainement cĂ©rĂ©bral peut vous aider en ce sens ».

 

Le beau, le bien et le bon

Elisabeth Grimaud nous prĂ©sente ainsi une approche Ă  travers laquelle il est possible de dĂ©velopper une disposition au bonheur Ă  travers une aptitude Ă  produire les neurotransmetteurs correspondants. Mais dans quel esprit ? C’est ici qu’en Ă©voquant son expĂ©rience de la visite de l’Alhambra, Elisabeth Grimaud nous invite Ă  nous exercer dans le sens du beau, du bien et du bon. « Lorsque vous mettez en activitĂ© ces trois mots simples, tous les jours dans votre quotidien, vous activez un peu de cette dose de bien-ĂȘtre qui va vous apportez du bonheur ».

« Le beau, c’est savoir s’émerveiller. Lorsque j’étais avec cette rose, le l’ai sentie, je l’ai vue. Je me suis Ă©merveillĂ©e.  Qu’est-ce que cela a suscitĂ© dans mon corps ? Cela a fait monter le niveau d’ocytocine qui permet Ă  la dopamine d’ĂȘtre davantage prĂ©sente et d’apporter du bien-ĂȘtre. Cet Ă©merveillement peut s’opĂ©rer Ă  partir de nos cinq sens.

Le bien, c’est le fait de s’appliquer et de s’impliquer. Lorsque vous vous appliquez et que vous vous impliquez, vous recevez de la sĂ©rotonine. C’est le plaisir et la fiertĂ© de la tĂąche accomplie. Cela peut se rĂ©aliser dans le quotidien jusque dans de tout-petits riens ».

Le bon, c’est entrer en relation. « Dans ma visite, lorsque je suis entrĂ© au magasin, je me suis tournĂ©e vers les autres en pensant aux miens. Quand on se tourne vers les autres, selon la psychologie positive, on augmente son propre niveau de bien-ĂȘtre ». On peut ĂȘtre aussi un ami pour soi-mĂȘme. Elisabeth est sensible aux dangers du narcissisme et d’un dĂ©veloppement autocentrĂ©. Ainsi met-elle l’accent sur les bienfaits de la relation.

Au total, « quand on considĂšre l’augmentation du bien-ĂȘtre dans le corps, il se fait en Ă©tant en lien avec les autres, avec l’environnement par les cinq sens, avec ce que l’on fait. C’est avec le beau, le bien, le bon que vous dĂ©veloppez votre bonheur au quotidien ».

 

Echos

Nous Ă©coutons Elisabeth Grimaud comme une amie qui nous raconterait un moment heureux de sa vie. Et en mĂȘme temps, elle nous Ă©claire sur les ressorts de nos Ă©motions et de nos comportements. Quelque part, on ressent lĂ  une harmonie.

Ce commentaire ajoute ici un autre angle de vue qui nous paraßt complémentaire.

La neuropĂ©dagogue met l’accent sur le rĂŽle du cerveau et la maniĂšre d’en tirer parti Ă  travers des comportements positifs puisqu’il les rĂ©percute en effets bienfaisants. Cependant, Ă  notre sens, le cerveau n’est pas le maĂźtre du jeu. C’est notre pensĂ©e qui oriente. Nous nous Ă©merveillons. Nous aimons. Et, comme dans le cas de la gratitude (3), ces Ă©motions positives entrainent des rĂ©actions neuronales qui se traduisent en effets bienfaisants. Et de fait, il y a interaction. Une bonne habitude s’ancre et va s’amplifier Ă  travers cet ancrage. On dĂ©couvre aujourd’hui la puissance de la pensĂ©e. Avec le chercheur en neurosciences, Mario Beauregard, on peut voir que « l’esprit humain a une grande capacitĂ© d’influence au niveau du corps, du cerveau et de tous les systĂšmes physiologiques qui sont connectĂ©s » (4).

Cependant, nous vivons dans une culture qui a longtemps Ă©tĂ© influencĂ©e par un hĂ©ritage philosophique et religieux oĂč l’ñme et le corps Ă©taient sĂ©parĂ©s et le corps dĂ©valorisĂ©. On peut ajouter Ă  cela un point de vue pessimiste sur la nature humaine (5). Ce contexte est rĂ©fractaire Ă  une approche telle que celle qui nous est prĂ©sentĂ©e ici.

Dans son livre : « Dieu dans la crĂ©ation » (6), JĂŒrgen Moltmann (7) ouvre la voie d’une approche thĂ©ologique globale, holistique : « Les recherches actuelles mettent en valeur les interactions entre le psychisme et le corps ». Ce phĂ©nomĂšne est bien reçu dans la vision d’une anthropologie biblique oĂč « l’homme apparaĂźt toujours comme un tout ». « L’homme est une totalitĂ© qui s’exprime Ă  travers son corps. La corporĂ©itĂ© est la fin de toutes les Ɠuvres divines ». « La prĂ©sence de Dieu dans l’Esprit n’est plus localisĂ©e uniquement dans la conscience ou dans l’ñme, mais dans la totalitĂ© de l’organisme humain ».

Nous faisons rĂ©fĂ©rence ici Ă  l’expĂ©rience spirituelle d’Odile Hassenforder (8) en phase avec la vision interactive qui se dĂ©veloppe aujourd’hui : « Ma foi en notre Dieu, qui est puissance de vie, s’est dĂ©veloppĂ©e Ă  travers la dĂ©couverte des nouvelles approches scientifiques qui transforment nos reprĂ©sentations du monde. Dans cette nouvelle perspective, j’ai compris que tout se relie Ă  tout et que chaque chose influence l’ensemble. Tout se tient. Tout se relie. Pour moi, l’action de Dieu s’exerce dans ces interactions ».

En entendant Elisabeth Grimaud nous parler de la prĂ©disposition du cerveau Ă  exercer des effets positifs en rapport avec la mise en Ɠuvre du beau, du bien et du bon, on peut s’écrier avec un psaume (139. 14) : « Je te loue que je suis une crĂ©ature si merveilleuse ».

Dans une Ă©pitre du Nouveau Testament (Philippiens 4. 8), on trouve cette recommandation : « Que tout ce qui est bon, tout ce qui est vrai, juste, agrĂ©able
 soit l’objet de vos pensĂ©es ». Cette recommandation, cette expression de sagesse va de pair avec le « beau, le bien, le bon » au cƓur du processus mis en valeur par Elisabeth Grimaud. Ainsi pourrait-on avancer que dans son exposĂ©, on peut voir une rencontre entre neurosciences, psychologie positive et sagesse. C’est une rencontre qui s’effectue ici dans une expĂ©rience relatĂ©e avec simplicitĂ© et enthousiasme, de quoi Ă©veiller en Ă©cho un accueil chaleureux.

 

J H

 

(1)            Elisabeth Grimaud, neuropsycholinguiste a crĂ©Ă© une mĂ©thode scientifique d’entrainement cĂ©rĂ©bral : EnCĂ©faL (entrainement cĂ©rĂ©bral fonctionnel par les activitĂ©s de loisir) : http://www.lafabriqueabonheurs.com/praticien-en-neuropedagogie-encefal/ Elle est l’auteur d’un livre : Beau, bien, bon (Marabout, 2017). Elle est interviewĂ©e Ă  ce sujet (vidĂ©o) dans le cadre d’un site : « Beau, bien, bon » oĂč l’on trouve Ă©galement de courtes vidĂ©os : « Secrets d’optimisme » : https://www.youtube.com/channel/UCFtBeM9siMy8pnmJpyFfH5w/featured

(2)            La rencontre avec Elisabeth Grimaud à Ted X Roanne : « Beau, bien, bon, programmez votre cerveau pour le bonheur » (Nous en rapportons quelques extraits) https://www.youtube.com/watch?v=tKIYGevgAxA

(3)            La gratitude : un mouvement de vie : https://vivreetesperer.com/?p=2469

(4)            Comment nos pensées influencent la réalité ? Mario Beauregard : Pour une approche intégrale de la conscience : https://vivreetesperer.com/?p=2341

(5)            Lytta Basset : Oser la bienveillance https://vivreetesperer.com/?p=1842

Jacques Lecomte : La bonté humaine https://vivreetesperer.com/?p=674

(6)            JĂŒrgen Moltmann. Dieu dans la crĂ©ation. TraitĂ© Ă©cologique de la crĂ©ation. Cerf, 1988. Chapitre : « La corporĂ©itĂ© est la fin de toutes les Ɠuvres divines » (p 311-349)

(7)            Une thĂ©ologie pour notre temps. L’autobiographie de JĂŒrgen Moltmann : http://www.temoins.com/une-theologie-pour-notre-temps-lautobiographie-de-juergen-moltmann/

(8)            Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte Temps présent, 2011

Odile Hassenforder : « Sa présence dans ma vie » : un témoignage vivant : https://vivreetesperer.com/?p=2345