par jean | Jan 4, 2018 | ARTICLES , Hstoires et projets de vie , Société et culture en mouvement |
 Changer de regard pour redonner de lâavenir.
Il y eu des annĂ©es dâactivitĂ©, de vie intense, et puis, tout sâest effondrĂ©. Câest le marasme. Ce peut ĂȘtre une situation individuelle ou collective. Et bien souvent, les deux Ă la fois. Câest lâimpasse. On se rĂ©signe. On sâinstalle ou bien tout continue Ă se dĂ©grader. OĂč aller ? Comment rebondir ?
Mais pour aller de lâavant, on a besoin de changer de regard. Câest une nouvelle maniĂšre de voir. Câest pouvoir apercevoir les signes dâun renouveau, des pistes qui apparaissent et jalonnent les nouvelles orientations. Jean-François Caron nous raconte lâhistoire du renouveau du pays minier dans le Pas de Calais. Il en est un des principaux acteurs. Cette histoire est Ă©mouvante parce quâelle nous parle dâun peuple courageux qui, Ă lâarrĂȘt des houillĂšres, avait perdu sa raison de vivre. Cette histoire est exemplaire parce quâelle nous montre quâun nouvel espoir peut grandir et un nouvel horizon apparaĂźtre. Ici, la mutation Ă©cologique est le moteur de la grande mutation Ă laquelle nous assistons. Dans cette intervention Ă TED x Vaugirard Road (1), Jean-François Caron nous raconte cette histoire.
VIDEO
Un pays en souffrance
« Je viens dâun pays oĂč il nây avait plus de futur et jâai passĂ© 25 annĂ©es de ma vie Ă construire un cheminement de reconversion. Ce pays, ce petit pays, ça sâappelle le pays minier dans le Pas de Calais ». Ce pays a beaucoup souffert dans le travail des mines. « Dans ma commune, le sol a baissĂ© de quinze mĂštres Ă cause des affaissements miniers. Les rĂ©seaux dâeau sont fracturĂ©s. Et les hommes mourraient Ă quarante ans Ă cause de la silicose. CâĂ©tait normal de donner sa vie pour ses enfants. CâĂ©tait la rĂšgle. Un de mes grands oncles est mort Ă 34 ans de la silicose, cette maladie qui ronge les poumons. VoilĂ . CâĂ©tait assez pĂ©nibleâŠÂ ».
Lâoiseau de lâespĂ©rance. Un « traquet motteux » sâinstalle sur un terril.
Et voici que Jean-François Caron nous parle des oiseaux. Câest une image de vie. Et câest aussi un objet dâattention pour les Ă©cologistes. « Les oiseaux Ă©taient partis. Je vous parle des oiseaux parce quâun oiseau est revenu et quâil a tout changĂ© ⊠Figurez-vous que, chez nous, Ă lâarriĂšre, il y a quelques montagnes noires ; on appelait cela les terrils. Les terrils, câest ce qui a Ă©tĂ© extrait du fond jusquâĂ moins mille mĂštres dans notre commune. Câest du schiste, de la pierre, de la poutrelle. On appelle cela des crassiers, des tas de dĂ©chets. Et puis, parce que je suis ornithologue, un jour jâobserve un « traquet motteux » avec un petit croupion blanc, admirable, Ă©tincelant. Câest un oiseau qui vit en montagne. Il a besoin de pierres pour nicher sous la pelouse alpine. Il vit dans les Alpes et en Scandinavie. Cet oiseau, qui remontait en migration prĂ©nuptiale, a trouvĂ© dans les terrils un milieu qui lui convenait. Et mon terril  hĂ©bergeait un oiseau rare. Cela a complĂštement changĂ© mon regard sur les terrils que je voyais lĂ depuis que jâallais Ă lâĂ©cole et qui faisait partie du paysage ».
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Un regard nouveau sur les terrils.
« Jâai donc commencĂ© Ă changer de lunettes sur ce terril qui hĂ©bergeait un oiseau rare. A ce sujet, jâai rencontrĂ© des gens qui sont devenus mes amis. Jâai rencontrĂ©, par exemple, des urbanistes qui disaient que, dans ce pays plat du Nord, les terrils, ce sont nos points de repĂšre, ce sont nos beffrois. Ils structurent le territoire. Jâai rencontrĂ© des artistes qui sont devenus mes amis. Ils me disaient : regarde ces triangles merveilleux qui montent au ciel, tout noirs, tout purs. Il fallait y penser. Mais câest vrai que câĂ©tait beau. Jâai rencontrĂ© des mineurs, bien sĂ»r. Ils disaient : « Les terrils, câest passĂ© dans nos mains. Câest plein de sueur. Câest plein de notre sang. Câest nous, les terrils ». Et donc, avec ces pionniers, nous avons changĂ© de lunettes. Nous avons dĂ©cidĂ© de nous organiser. Nous avons crĂ©Ă© une association qui sâappelle : « la chaine des terrils ». Parce quâon en avait marre quâen plus de nous imposer le chĂŽmage, on nous dise que ces terrils nâĂ©taient pas beau et parce quâĂ lâĂ©poque, tout me monde disait : « il faut raser tout ça ». CâĂ©tait terrible, cette volontĂ© de nĂ©gation. Alors que 29 nationalitĂ©s Ă©taient venues travailler chez nous, quâon avait un systĂšme de valeurs extraordinaire, que la vie dans les citĂ©s miniĂšres Ă©tait mille fois plus joyeuse et agrĂ©able.
Le bassin minier recĂ©lait plein de systĂšmes de valeurs et donc, on sâest organisĂ© et quand on a remontĂ© la derniĂšre gaillette (morceau de charbon) Ă la fosse de Oignies, France III a organisĂ© un dĂ©bat avec le grand patron de lâempire des HouillĂšres , un monsieur qui avait des tas de diplĂŽmes, qui faisait son job pour faire gagner des sous Ă sa boite. Et, pour lui, les terrils, câĂ©tait des tas de matĂ©riaux. Ăa se vendait. Et moi, jâĂ©tais en face parce que jâĂ©tais un peu le reprĂ©sentant du monde qui va venir. On ne savait pas quoi, mais on avait crĂ©Ă© « la chaine des terrils ». On avait un regard. On avait une idĂ©e de ce que pouvait ĂȘtre ce monde Ă venir . Donc, on fait ce dĂ©bat.
Je nâĂ©tait pas seul. Avec moi, il y avait mon arriĂšre grand-pĂšre qui avait Ă©tĂ© dĂ©lĂ©guĂ© mineur durant les grandes grĂšves de 1900. Et jâavais le traquet motteux, la nature avec moi. Finalement, on a gagnĂ©. Le ministre de lâintĂ©rieur (1995) a imposĂ© Ă Charbonnages de France, lâinstitution par excellence, une partition entre les terrils quâon allait garder pour la nature, les terrils quâon allait garder pour la fonction symbolique comme par exemple le terril Renard Ă Denain que Zola avait dĂ©crit dans Germinal, et puis, quand mĂȘme, les terrils pour les matĂ©riaux. Et, Ă partir de lĂ , on a commencĂ© Ă regagner un peu de dignitĂ© et de fiertĂ©, tout simplement . Nous nous sommes organisĂ©. Et on a commencĂ© Ă avoir un certain nombre de rĂ©sultats. Jâai crĂ©Ă© une Ă©cole de parapente. On a dĂ©veloppĂ© une action culturelle. Des mineurs qui jouaient leur propre rĂŽle. Des sons et lumiĂšres participatifs. On a fait du « land art » sur les terrils ».
Un projet collectif pour transformer le territoire
« Entre temps, jâai Ă©tĂ© Ă©lu au Conseil rĂ©gional parce que les gens ont estimĂ© que tous ces combats lĂ avaient de lâimportance. Et puis, je suis devenu Ă©lu local . Et lĂ , jâai eu Ă mâoccuper de lâurbanisme, du plan dâoccupation des sols et, trĂšs vite, il mâest apparu quâon ne pourrait pas faire un plan dâoccupation des sols sans un vrai projet de ville. Comme au Far West, quand on a abandonnĂ© les mines et que tout est restĂ© dans lâĂ©tat, on nâavait plus de futur. Mais oĂč voulez-vous mettre un million de personnes ? Un petit peu Ă Dunkerque, au Havre, Ă Paris ? Ce nâĂ©tait pas possible. Et donc, trĂšs vite, il mâest apparu quâon ne pourrait plus faire un vĂ©ritable plan dâoccupation des sols, de lâagriculture et des usines, lĂ oĂč on pouvait construire, donc sans un vrai projet de ville. Dans notre reprĂ©sentation, cette ville nouvelle ne pouvait sâĂ©difier que dans une Ćuvre collaborative . Ce ne pouvait pas ĂȘtre Ă dire dâexpert. MĂȘme si nous en avions besoin, ce nâest pas un expert qui pouvait nous dire notre futur. Ce nâĂ©taient pas non plus les Ă©lus, mĂȘme si jâen faisais partie. Ce ne pouvait se faire que dans un processus collectif. Câest comme cela quâon a installĂ© le rĂŽle dâhabitant acteur, quâon a mis les gens en situation de coproduire la ville. Et nos premiĂšres expĂ©rimentations ont dĂ©coulĂ© de lĂ . On avait une eau absolument catastrophique, le double de la dose de nitrate. Alors, dans le plan dâoccupation des sols et dans les actions de ville, il fallait ĂȘtre draconien sur la protection de lâeau. Les maisons de mineurs avaient eu du charbon gratuit pour le chauffage. Thermiquement, elles Ă©taient comme des passoires. Alors lâĂ©coconstruction et la rĂ©habilitation thermique devenaient absolument stratĂ©giques et câest comme cela que nos premiĂšres expĂ©rimentations sont sorties et que, progressivement, on a commencĂ© Ă dessiner une vision ».
Inventer une transition
« CâĂ©tait la vision dâun nouveau modĂšle de dĂ©veloppement, mĂȘme Ă travers des signaux faibles. Comme on dirait aujourdâhui : sortir de la sociĂ©tĂ© du gaspillage. On voit bien que le nouveau modĂšle de dĂ©veloppement ira plutĂŽt vers la sobriĂ©tĂ© et le recyclage en prenant le contre pied de nos pratiques actuelles. Ce nouveau modĂšle de dĂ©veloppement nâĂ©tait pas encore apparu, mais nous avions vu lâhomme et la nature martyrisĂ©s et on se rendait compte de ce que ce modĂšle pourrait devenir progressivement. On doit en mĂȘme temps construire la transition. Et câest trĂšs compliquĂ© dâemmener une communautĂ©, un collectif et de dire : on va changer le monde, mais on ne sait pas vers quel monde on va.
Progressivement, la confiance sâest installĂ©e par la qualitĂ© des collectifs quâon avait montĂ©, par le travail quâon faisait ensemble, par la façon dont on posait des actes sur la maniĂšre de reconquĂ©rir notre espace. Et puis, jâai beaucoup insistĂ© sur cette idĂ©e quâil fallait libĂ©rer les initiatives. On sortait dâune sociĂ©tĂ© encadrĂ©e. Quand vous devez inventer un monde, il faut faire des innovations. Et une innovation, câest une dĂ©sobĂ©issance qui a rĂ©ussi, mais câest dâabord une dĂ©sobĂ©issance. Et donc, on travaille la question du droit Ă lâerreur parce que, si vous nâavez pas le droit de vous tromper, je vous garantis que jamais vous ne ferez quelque chose. On a travaillĂ© ces questions. On a multipliĂ© les processus et les initiatives et on est progressivement devenu une ville pilote du dĂ©veloppement durable ».
En marche
Jean-François Caron nous rapporte les excellents rĂ©sultats de son action municipale : un maire rĂ©Ă©lu avec 82% des voix. Et, comme il dit avec humour : « un Ă©colo au pays des gueules noires ». Câest un parcours significatif.
« Nous, on Ă©tait dans le gouffre, pas au bord du gouffre, dans le gouffre. Il y a vingt cinq ans, on nâavait pas le choix. On avait lâĂ©pĂ©e dans les reins. Paradoxalement, on avait de la chance.
On est parti de nos valeurs : lâhomme et la nature ne sont pas des variables dâajustement. On a choisi un nouveau regard. Ăa nous a changĂ© nous-mĂȘmes. On a retrouvĂ© de la confiance, de la vision, une place pour chacun dans lâeffort collectif dâinventer un nouveau modĂšle, et puis surtout, on a inventĂ© du dĂ©sir, du dĂ©sir de dĂ©veloppement durable , parce que si le dĂ©veloppement durable, câest une addition de contraintes et des grands discours de morale, jamais le dĂ©veloppement durable ne sâimposera. Alors que si on se remet en perspective et de considĂ©rer que de dire bonjour Ă son voisin plutĂŽt que de lui faire la gueule ou faire une haie de trois mĂštres de haut, aimer la nature et reprendre nous-mĂȘme notre destin, câest tout simplement joyeux. Cela nous redonne prise. Et donc, aujourdâhui, tout nâest pas rĂ©glĂ© Ă Loos-en-Gohelle. Loin sâen faut ! On est Ă notre petite Ă©chelle. On est en train de travailler au changement dâĂ©chelle . Chaque histoire est unique. La notre est unique. Chacune des vĂŽtres est unique. Mais, souvenez-vous, si vous changez de regard, alors vous pourrez soulever des montagnes. Pas seulement des terrils !  »
Changer de regard !
Jean-François Caron nous rapporte une longue marche nourrie par une vision qui sâest prĂ©cisĂ©e peu Ă peu. Câest la sortie dâune dĂ©shĂ©rence et le parcours dâun chemin vers une vie nouvelle. Le rĂ©cit de Jean-François Caron sâentend comme celui dâune Ă©mergence, dâun renouveau et mĂȘme comme celui dâune libĂ©ration par rapport au vieux monde. Ce pays reprend vie et des signes successifs en tĂ©moignent : lâarrivĂ©e dâun oiseau, la transformation des terrils, une dynamique sociale et Ă©cologique.
Lâhomme qui raconte cette histoire Ă©veille notre sympathie travers la force tranquille que nous percevons en lui : honnĂȘtetĂ©, authenticitĂ©, confiance et les valeurs quâil Ă©voque : « lâhomme et la nature ne sont pas des variables dâajustement ». Nous voyons dans son parcours une dynamique dâespĂ©rance et de foi.
Dans lâhistoire de lâhumanitĂ©, nous avons vu des groupes se dĂ©biliter parce quâils avaient perdu une vision de lâavenir. Pour agir, nous avons besoin de croire que notre action peut sâexercer avec profit. « Nous devenons actifs pour autant que nous espĂ©rons. Nous espĂ©rons pour autant que nous pouvons entrevoir des possibilitĂ©s futures. Nous entreprenons ce que nous pensons du possible » (JĂŒrgen Moltmann) (2). De fait, nos reprĂ©sentations sont opĂ©rantes. « La foi dĂ©place les montagnes ». « Si quelquâun dit Ă cette montagne : « SoulĂšves-toi ! Jette-toi dans la mer ! », et si il nâhĂ©site pas dans son cĆur, mais croit que ce quâil dit va arriver, cela lui sera accordé » (3). Importance de nos reprĂ©sentations, de nos intentions, telles quâelles sâexpriment dans notre regard .
La dynamique de transformation suscitĂ©e par Jean-François Caron sâest rĂ©alisĂ©e Ă travers une longue marche dâĂ©tape en Ă©tape. Elle tĂ©moigne de la puissance dâune vision. Câest un tĂ©moignage encourageant, car comme nous le dit Jean-François Caron : « Chaque histoire est unique. Chacune des vĂŽtres est unique. Mais souvenez-vous, si vous changez de regard, alors vous pourrez soulever des montagnes, pas seulement des terrils ».
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(1)           Changer de regard pour se redonner un avenir. Jean-François Caron. TED x Vaugirard Road : (ajouté le 20 juillet 2015) : https://www.youtube.com/watch?v=uZFNNN7i734
(2)           Agir et espĂ©rer. EspĂ©rer et agir LâespĂ©rance comme motivation et accompagnement de lâaction : article prĂ©cĂ©dent sur ce blog.
(3)Â Â Â Â Â Â Â Â Â Â Â Evangile Marc 11.23, Matthieu 21.21
par jean | Juin 3, 2012 | ARTICLES , Expérience de vie et relation , Vision et sens |
Un témoignage présenté dans le livre : « Sa présence dans ma vie »
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Quand on veut encourager un ami Ă faire face Ă un moment difficile, en le quittant, une expression nous vient facilement Ă lâesprit : « Bon courage ! ». Ainsi veut-on lâaider Ă faire face Ă travers une intonation qui cherche Ă galvaniser son Ă©nergie et dans laquelle nous mettons tout notre allant. Mais a-t-il en lui les forces correspondantes ? Cette parole cherche Ă entraĂźner un sursaut, mais ensuite tout peut retomber, et parfois plus bas encore.
De fait, nous avons oubliĂ©, peut-ĂȘtre parce que nous sommes troublĂ©, peut-ĂȘtre parce que nous ne le savons pas clairement, que tout ne dĂ©pend pas de nous, quâil y a une force supĂ©rieure Ă laquelle nous pouvons faire appel, dans laquelle nous pouvons puiser . Oui, nous pouvons ensemble entrer dans une dynamique qui nous dĂ©passe. Cette attitude peut engendrer des miracles. « La foi jouit de la force mĂȘme de Dieu », nous dit JĂŒrgen Moltmann. Câest pourquoi dâelle seule il est dit ce qui est rĂ©servĂ© Ă Dieu : « Tout est possible Ă celui qui croit » (Mc 9.23). (JĂ©sus, le Messie de Dieu p.163-164). Alors notre parole dâencouragement peut se transformer. Ce nâest plus : « Bon courage ! ». Câest : « Confiance ! ». La confiance sâinscrit dans un mouvement porteur qui nous dĂ©passe.
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Odile, atteinte dâun cancer, a dĂ©couvert la puissance de ce mot auprĂšs de celle quâelle a appelĂ©e : « Dame confiance » (1).
« « Mon traitement se termine avant la perfusion de mon amie. En partant, je lui dis un banal « Bon courage ! ». Alors, une voix tonitruante retentit sur un ton pĂ©remptoire. « On ne dit pas « Courage ! ». On dit « Confiance ». Câest une dame dâun certain Ăąge, allongĂ©e sur un lit un peu plus loin, qui a si vigoureusement rĂ©agi. Je lâavais remarquĂ© Ă son arrivĂ©e : une forte personnalitĂ© gaie, dâune grande vitalitĂ©. Son exclamation mâa fait lâeffet dâun courant Ă©lectrique. Jâai bondi vers elle : « Vous avez raison ! ». Et je lâai embrassĂ©e⊠Une force intĂ©rieure mâanimait. Je suis partie, gonflĂ©e Ă bloc ! La joie au cĆur dâune espĂ©rance de vie. Câest vraiment curieux quâun message, quâun simple mot soit porteur dâun message aussi fort⊠ ».
Et, dĂšs lors, la famille, les amis vont sâassocier Ă la demande dâOdile : « Ne me dites pas « Courage », mais « Confiance ». « Le mot de passe est devenu : « Confiance ! », vĆu dâune santĂ© meilleure ». Câest lâexpression dâune puissance de vie, dâune grĂące divine en action. Aujourdâhui encore, cette mĂ©moire porte vie. « Dame confiance a semĂ© une petite graine en devenir dâun grand arbre oĂč le corps fatiguĂ©, les Ăąmes dĂ©pressives vont pouvoir se reposer et reprendre vie âŠÂ ». Une simple parole : « Confiance ! ».
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(1)              Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Empreinte, 2011 (Dame confiance p.161-163). Ce livre a été évoqué à plusieurs reprises sur ce blog et il est présenté par Françoise Rontard sur le site de Témoins :
http://www.temoins.com/actualites/evenements-et-actualites/805-sa-presence-dans-ma-vie-odile-hassenforder-temoignages-d-une-vie-et-commentairres-de-lecteurs.html
par jean | Nov 1, 2014 | ARTICLES , Expérience de vie et relation , Hstoires et projets de vie |
Lâassociation de ces vers Ă©crits par Khalil Gibran, poĂšte libanais, Ă la vidĂ©o de Anja Linder (1), cĂ©lĂšbre harpiste, peut sembler incongrue.
Anja Linder a justement perdu lâusage de ses jambes, ce qui est trĂšs handicapant pour jouer de cet instrument qui possĂšde 7 pĂ©dales.
Si « le corps est la harpe de notre ùme », que se passe-t-il lorsque ce corps est amputé ?
Nây a-t-il plus dâexpression possible de notre Ăąme ?
Ces deux ĂȘtres ont chacun vĂ©cu des choses extrĂȘmement dures dans leur vie.
Et pourtant, le rĂ©sultat de leur expression, littĂ©raire pour lâun et musicale pour lâautre, en est magnifique, sublime de poĂ©sie, de beautĂ©, de dĂ©licatesse ⊠celles-lĂ mĂȘme qui Ă©mergent des profondes douleurs.âŠ
La vie difficile de ce poÚte a fait naßtre en lui ces doux vers empreints de pureté.
La situation de handicap a fait naĂźtre chez Anja Linder cette mĂȘme puretĂ© dans le son, dans lâinterprĂ©tation, mĂȘme dĂ©licatesse quand elle caresse les cordes de sa harpe.
Oui le corps de Anja Linder se trouve privĂ© de lâusage de ses jambes, mais câest alors Anja Linder toute entiĂšre qui devient « la harpe de son Ăąme ». Il suffit
– de regarder ses mains pour sentir la douceur du glissement ou du pincement,
– dâĂȘtre attentif Ă son visage pour y lire lâĂ©motion qui la fait vibrer quand elle joue cette mĂ©lodie, et qui tour Ă tour la remplit de sĂ©rĂ©nitĂ© ou la bouleverse.
(Vidéo, position 6mn50)
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Ses jambes ne rĂ©pondent plus, sa paralysie aurait pu lâimmobiliser, physiquement et psychiquement.
Elle aurait pu se laisser porter (au sens propre et au sens figuré), se laisser « passivement » pousser dans son fauteuil.
Or elle a choisi une autre voie : son vrai moteur, câest sa passion, et la dĂ©termination qui y est associĂ©e, cette dĂ©termination qui lui a fait refuser de croire tout ce quâon lui prĂ©disait.
Elle sâest accrochĂ©e et la « vie » lui a permis de croiser sur son chemin des ĂȘtres merveilleuxâŠ.
Et la voilĂ qui rebondit, se reconstruit⊠et en arrive Ă transmettre quelque chose dâencore plus beau, plus fort que tout ce quâelle pouvait transmettre auparavant⊠Pour notre plus grand plaisir et notre plus bel enseignement.
Son tĂ©moignage de vie et lâinterprĂ©tation musicale toute empreinte de sensibilitĂ© quâelle nous propose, sont indissociables lâun de lâautre.
Câest vraiment cela que je veux retenir, et qui sous tend ma motivation profonde dans lâactivitĂ© de coaching que jâexerce : nous possĂ©dons tous en nous de merveilleuses richesses, parfois insoupçonnĂ©es, et souvent inexploitĂ©es.
Quelle que soit nos expériences de vie, aussi douloureuses soient-elles, la décision nous appartient : que voulons-nous faire de cette expérience, de cette rupture, de ce trauma ?
Les difficultĂ©s peuvent faire naĂźtre colĂšre, aigreur, rancuneâŠ. comme elles peuvent faire fleurir une sensibilitĂ© extrĂȘme qui Ă©merge des profondeurs de lâĂąme blessĂ©e, sensibilitĂ© qui ne demande quâĂ Ă©clore, pour le plus grand bonheur et bĂ©nĂ©fice des autres : expression artistique, attention Ă autruiâŠ
Etre porteur de Vie, de foi, et dâespĂ©rance⊠au-delĂ du trauma, pour porter tĂ©moignage
– que le rebond personnel est possible,
– que les valeurs dâentraide, de compassion⊠ne sont pas des vains mots, et quâils bĂ©nĂ©ficient tout autant Ă celui qui reçoit, Ă celui qui donne et Ă ceux qui en sont tĂ©moins.
Nâabandonnez jamais⊠quoiquâil arrive, battez-vous ; cherchez en vous les talents Ă exploiterâŠ
Ils seront votre force, et serviront dâexemple Ă dâautres par votre rayonnement.
Merci à Anja Linder : cette vidéo est un bel hymne à la Vie, vie plus forte que la mort.
BĂ©atrice Ginguay
(1) « Ma vie, câest jouer et avancer avec lĂ©gĂšreté » : expression dâAnja Linder filmĂ©e au thĂ©Ăątre du Chatelet le 5 octobre 2014 dans le cadre dâune rencontre de TEDx Paris . On trouvera parmi les autres « talks » de cette session, quelques tĂ©moignages qui nous paraissent particuliĂšrement originaux et porteurs de sens.
http://www.tedxparis.com/anja-linder-ma-vie-cest-jouer-et-avancer-avec-legerete/
par jean | Mar 2, 2012 | ARTICLES , Expérience de vie et relation , Société et culture en mouvement , Vision et sens |
Avons-nous tendance Ă nous installer dans un groupe en ignorant ou en rejetant ceux qui sont Ă lâextĂ©rieur ? Sommes-nous enclins Ă catĂ©goriser les gens en termes contraires jusquâĂ la position extrĂȘme : les bons et les mĂ©chants ? Ou bien, Ă lâinverse, sommes-nous disposĂ©s Ă la bienveillance vis Ă vis de ceux qui nous entourent en reconnaissant la diversitĂ© des comportements. Notre attitude dans la vie sociale dĂ©pend Ă©videmment de nos mouvements intĂ©rieurs qui sâinscrivent dans les dimensions psychologique et spirituelle de notre ĂȘtre. Comment gĂ©rons-nous lâagressivitĂ© et lâangoisse ? Y a-t-il en nous un courant de vie positive qui sâexprime dans lâempathie et la sympathie ?
Cependant, quelque soit notre attitude personnelle, nous sommes confrontĂ©s au climat des groupes sociaux dans lesquels nous vivons. Cette ambiance exerce sur nous une influence dont nous avons plus ou moins conscience et face Ă laquelle nous ne sommes pas toujours en mesure dâopposer une rĂ©flexion critique ? Et pourtant, lorsquâon y rĂ©flĂ©chit, la maniĂšre de vivre dans un groupe en opposant plus ou moins consciemment les gens qui sont dedans Ă ceux qui sont dehors, en termes positifs pour les uns, nĂ©gatifs pour les autres, est beaucoup plus rĂ©pandue quâon ne lâimagine.
Lâexclusion : une question sociale trĂšs actuelle .
Les historiens nous dĂ©crivent le mĂ©pris orgueilleux affichĂ©s par la classe dominante vis Ă vis des pauvres et des exclus dans diffĂ©rents contextes de notre passĂ©. Le livre de Guillaume Le Blanc : « Que faire de notre vulnĂ©rabilitĂ©Â ?  » (1) nous montre combien le phĂ©nomĂšne de lâexclusion est encore trĂšs prĂ©sent aujourdâhui en dĂ©crivant et analysant les processus correspondants. « Aujourdâhui nombreux sont ceux qui ont le sentiment dâĂȘtre exclus, dâĂȘtre rejetĂ©s du mauvais cĂŽtĂ© de la frontiĂšre. Nombreux sont ceux Ă©galement qui redoutent de lâĂȘtre⊠La crainte de lâexclusion ne porte pas seulement sur ce quâelle entraĂźne dans les conditions dâexistence, mais aussi sur une perte dâhumanité⊠Dans lâeffroi de lâexclusion, le sentiment mĂȘme dâune communautĂ© des vies humaines est potentiellement annulĂ©.. . Exclure ne revient pas seulement, de ce fait, Ă tracer une ligne entre dedans et dehors, mais Ă contester le caractĂšre pleinement humain de celles et ceux qui sont perçus, Ă tort ou Ă raison, comme Ă©tant dehors » (p 26-27). Une frontiĂšre est Ă©rigĂ©e. « Lâexclusion prĂ©cipite lâexclus au delĂ de la frontiĂšre et crĂ©e un fossĂ© entre celles et ceux qui sont dedans et celles et ceux qui sont dehors » ( p 26). Si, comme « sujets travailleurs, raisonnables, citoyens, cherchant, dans le centre de nos ville, plaisir de vie », nous nous protĂ©geons par un sentiment de supĂ©rioritĂ© vis Ă vis des exclus, le remĂšde nâet-il pas dans une conception de lâhomme qui accepte de reconnaĂźtre sa propre vulnĂ©rabilitĂ©. « Contre la suffisance dâune communautĂ© qui se proclame invulnĂ©rable, lâaccueil de lâexclu fait advenir une autre humanitĂ©, vulnĂ©rable tout autant quâimprĂ©visible » (p.211).
Hors de lâEglise, point de salut⊠ !?
Dedans. Dehors. Un autre exemple se présente à nous. Il est emprunté au domaine religieux .
Au long des siĂšcles, lâEglise a Ă©tĂ© le berceau dâĆuvres charitables. Mais il y a aussi la mĂ©moire dâune puissance qui imposait sa loi. Un historien, Jean Delumeau, nous rapporte la prĂ©sence dâune culture de la peur fondĂ©e sur la menace de lâenfer , une exclusion Ă©ternelle. Certes, on doit Ă©viter de gĂ©nĂ©raliser et de caricaturer, mais il y a bien eu des thĂ©ologiens qui ont transposĂ© la violence de leur Ă©poque, violence du pouvoir et violence des mĆurs, dans leur conception de Dieu et de la destinĂ©e humaine (2). On se rappelle lâadage : « Hors de lâEglise, point de salut ». Bien sĂ»r, les mentalitĂ©s ont considĂ©rablement Ă©voluĂ©, mais la croyance en une division entre « sauvĂ©s et perdus » persiste encore dans certains cercles chrĂ©tiens. LĂ ou elle est latente, les non croyants ne sont pas perçus comme des personnes Ă part entiĂšre oĂč lâEsprit est Ă lâĆuvre, mais, plus ou moins, comme des gens Ă convertir. Alors lâEglise se vit en terme de dedans par rapport au dehors. Quelle diffĂ©rence avec lâattitude de JĂ©sus qui sâen va Ă la rencontre des « pĂ©cheurs et des publicains ».
JĂ©sus en lutte contre les forces dâexclusion
JĂŒrgen Moltmann nous aide Ă sortir dâune catĂ©gorisation qui engendre lâexclusion. ThĂ©ologien, il rejoint lâanalyse du philosophe, Guillaume Le Blanc, lorsquâil Ă©crit dans un livre : « JĂ©sus, le messie de Dieu  » (3) : « Dans toute les sociĂ©tĂ©s, il existe les catĂ©gories alpha qui dĂ©terminent ce qui doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme bon et ce qui doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme mauvais. Et il existe les catĂ©gories omĂ©ga dont la bonne sociĂ©tĂ© doit se dĂ©marquer parce quâelle reprĂ©sente ce qui est mal . Lorsque cette dualitĂ© conduit Ă la formation de classes commence alors une lutte sans pitiĂ© des « bons » contre les « mauvais ». (p166) Dans les rĂ©cits des Evangiles, le concept de pĂ©cheur a une signification sociale comme le montrent les couples de concepts : bien portants-malades, justes-pĂ©cheurs, pharisiens-publicains ». De fait, les pĂ©cheurs sont des juifs qui ne sont pas en mesure dâobserver la Torah.
Or JĂ©sus dĂ©clare quâil est venu appeler non pas des justes, mais des pĂ©cheurs (Marc 2.17). « En entrant dans la compagnie des pĂ©cheurs et des publicains, JĂ©sus sâengage dans un conflit social Ă connotation religieuse qui creuse un abĂźme entre justes et injustes, entre bons et mauvais⊠Les justes revendiquent pour eux-mĂȘmes la justice de Dieu et imposent socialement leur systĂšme de valeurs. De mĂȘme que la « possession de la richesse » fait que les pauvres restent pauvres, de mĂȘme, la « possession du bien » creuse le fossĂ© entre les bons et les mauvais, et fait que les mauvais restent mauvais ».
JĂ©sus prend parti en faveur des discriminĂ©s . « En faisant cela personnellement, il leur rĂ©vĂšle, Ă eux et Ă ceux qui les oppriment, la justice messianique de Dieu qui, par le droit de la grĂące, rend juste ceux qui sont injustes, bons ceux qui sont mauvais et beaux ceux qui sont laids. Il sâagit lĂ dâune attaque en rĂšgle contre la morale religieuse et bourgeoise ».
JĂ©sus va Ă la rencontre des exclus, partage la table des pĂ©cheurs et des publicains. « JĂ©sus anticipe le festin des justes dans le royaume de Dieu et fait ainsi lui mĂȘme la dĂ©monstration de ce que signifient lâaccueil par le Dieu de misĂ©ricorde et le pardon des pĂ©chĂ©s. Etre invitĂ© au grand festin du Royaume de Dieu⊠JĂ©sus cĂ©lĂšbre le repas des temps messianiques avec les discriminĂ©s de son temps. Sâil est le Fils de Dieu messianique, il reprĂ©sente ainsi le comportement de Dieu lui-mĂȘme » (p166).
Lâattitude Ă laquelle JĂ©sus nous invite dans les BĂ©atitudes (Matthieu 5.1-11) va dans le mĂȘme sens. Il sâadresse Ă un peuple divers confrontĂ© Ă de nombreuses difficultĂ©s. Il aide chacun Ă reconnaĂźtre ses vulnĂ©rabilitĂ©s, mais aussi les dons quâil a reçus. Il rĂ©pand un courant de vie.
Pour une commune humanité, accepter nos vulnérabilités
Dedans. Dehors. Nous sommes frĂ©quemment confrontĂ©s en nous mĂȘme et dans les groupes sociaux oĂč nous vivons Ă des tentations de repli, Ă des attitudes dâexclusion. Nous observons les mĂȘmes tendances Ă une Ă©chelle plus vaste dans le champ politique. Câest le cas, par exemple, dans la maniĂšre de considĂ©rer les Ă©trangers .
En regard, lâEvangile nous apporte un souffle dâuniversalitĂ©. Câest la source dâune dimension fraternelle.
En analysant les processus dâexclusion et les dispositions dâesprit qui les favorisent, Guillaume Le Blanc apporte une comprĂ©hension qui est aussi un horizon de vie et dâaction : « Lâangoisse dâĂȘtre exclus, la hantise dâĂȘtre dĂ©barquĂ©, la peur de tomber, nâont jamais imprimĂ© aussi fortement nos vies. DâoĂč vient ce sentiment de vulnĂ©rabilitĂ© et que peut-on en faire ? Au moment mĂȘme oĂč il semble nous priver de tout pouvoir, il nous faut reconnaĂźtre notre commune fragilitĂ© et lâirrĂ©ductible humanitĂ© de ceux qui ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© rejetĂ©s » (en couverture). Et il nous invite Ă un nouveau regard : « Câest seulement en reconnaissant que nous sommes vulnĂ©rables que nous pourrons affronter lâexclusion et la comprendre malgrĂ© tout comme une possibilitĂ© humaine et aussi comme une possibilitĂ© de vie humaine « (p22).
Il y a bien des exemples oĂč cet esprit est Ă lâĆuvre. Câest le cas par exemple dans les « communautĂ©s de lâArche », mais aussi dans de nombreuses associations. Dans un livre rĂ©cent : « le grain de sable et la perle », Laurent de Cherisey , bien connu pour lâĆuvre remarquable quâil a accompli pour faire connaĂźtre des pionniers du dĂ©veloppement social et environnemental Ă travers le monde, « les passeurs dâespoir », nous raconte comment, Ă partir dâun accident intervenu dans sa famille, il a Ă©tĂ© amenĂ© Ă sâengager dans la rĂ©alisation dâun lieu de vie pour accueillir des handicapĂ©s Ă la suite dâun traumatisme cranien. Son tĂ©moignage rejoint la rĂ©flexion de Guillaume Le Blanc : « Les personnes handicapĂ©es mâon fait le merveilleux cadeau de dĂ©couvrir que nos fragilitĂ©s ne sont pas un mal honteux Ă dissimuler, mais des opportunitĂ©s de fĂ©conditĂ©. Dans lâalliance de nos vulnĂ©rabilitĂ©s se tissent les liens de fraternitĂ© les plus solides. La force de notre sociĂ©tĂ© dĂ©pend de leur qualité » (p145).
Des questions Ă se poser
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En quoi cette rĂ©flexion peut-elle nous concerner personnellement ? Je suis attristĂ© lorsque jâapproche un milieu dont je sens quâil est plus ou moins fermĂ© vis Ă vis du monde extĂ©rieur. Je ressens la violence des attitudes dâexclusion. Quelle perte par rapport au potentiel quâengendre lâouverture ! Et puis, dans certaines circonstances, comme une moindre forme physique, un temps de maladie, lâimpact dâun deuil, je puis ressentir lâindiffĂ©rence de certains comme pouvant entraĂźner mon exclusion de certains circuits. Pour une part, nous avons lâhabitude de communiquer dans une expression de nos capacitĂ©s. On peut apprĂ©hender le devenir de cette communication si ces capacitĂ©s se trouvent quelque part limitĂ©es. Des relations Ă©quilibrĂ©es impliquent le partage non seulement des produits de notre crĂ©ativitĂ©, mais aussi une expression partagĂ©e de nos manques et de nos besoins. Les BĂ©atitudes exprimĂ©es par JĂ©sus : bienheureux les pauvres, bienheureux les doux, bienheureux ceux qui suscitent la paix dĂ©crivent un style de communication qui sâopposent Ă la violence de ceux qui se croient forts et permettent Ă leur agressivitĂ© de se manifester en terme dâexclusion. Elles impliquent une reconnaissance de nos manques. Lorsque Guillaume le Blanc nous invite Ă accepter nos vulnĂ©rabilitĂ©s , de fait Ă nous accepter tel que nous sommes avec nos dons et nos manques, il nous montre les incidences de cette attitude non seulement pour nous mĂȘme, mais pour la vie sociale. Câest ainsi que se manifeste une vraie humanitĂ©. VoilĂ de bonnes questions Ă nous poser. Parlons en !
JH
(1)           Le Blanc (Guillaume). Que faire de notre vulnĂ©rabilitĂ©Â ? Bayard, 2011. Guillaume Le Blanc est professeur de philosophie Ă lâuniversitĂ© de Bordeaux III Il est notamment lâauteur de « Dedans, dehors. La condition dâĂ©tranger (Seuil). Nous avons dĂ©couvert ce livre Ă travers un commentaire de SĂ©golĂšne Royal.
(2)           A travers son Ćuvre, le thĂ©ologien JĂŒrgen Moltmann nous aide Ă comprendre comment les conditions du pouvoir et lâĂ©tat des mentalitĂ©s ont influencĂ© les doctrines Ă©mises par certains thĂ©ologiens menant ainsi Ă une pensĂ©e dâexclusion. Voir le blog sur la pensĂ©e de Moltmann : LâEsprit qui donne la vie. http://www.lespritquidonnelavie.com/
(3)Â Â Â Â Â Â Â Â Â Â Â Moltmann (JĂŒrgen). JĂ©sus, le messie de Dieu. Cerf,1993
(4)           Cherisey (Laurent de). Le Grain de sable et la Perle. Quand les personnes handicapĂ©es nous redonnent le goĂ»t du bonheur. Presses de la Renaissance, 2011. Du mĂȘme auteur : Passeurs dâespoir (2 vol.), 2005-2006. Recherche volontaire pour changer le monde, 2008. Laurent de Cherisey est cofondateur de lâassociation Simon de CyrĂšne.
par | Nov 6, 2012 | ARTICLES , Expérience de vie et relation |
Je voudrais vous faire profiter dâune dĂ©couverte prĂ©cieuse pour moi et pour ma vie.
Je vous ai déjà évoqué la formation humaine « personnalité et relations humaines » ( PRH.)
Une de ses spĂ©cificitĂ©s est un outil dâanalyse des sensations : pas juste des situations ou des comportements, mais sa maniĂšre dâĂ©couter ce qui se passe en soi et de dĂ©chiffrer le contenu de sensations qui ont un intĂ©rĂȘt pour notre vie ( Ă©motions, sentiments qui ouvrent Ă un contenu, et plus largement, nos sensations dâĂȘtre touchĂ© par quelque chose, un Ă©lan, une aspiration Ă devenir plus moi-mĂȘmeâŠ.).
Cet outil dâanalyse va de pair avec lâintĂ©rĂȘt pour les sensations positives : qui en apprennent long sur son identitĂ© profonde ou sur ses dynamismes, sa sensation de vie. Elles portent en avant !  « Jâai tellement travaillĂ© sur mes souffrances et mes blessures ; mais mâarrĂȘter Ă du positif et dĂ©couvrir une perle de mon identitĂ©, je nâen reviens pas ! Jâen suis Ă©mue !»
Bien sĂ»r, il y a aussi nos sensations difficiles, qui, elles, nous ouvrent Ă des blessures, Ă leur origine- en cela cette maniĂšre sâapparente Ă la psychothĂ©rapie- mais surtout elle fait retoucher Ă notre capacitĂ© Ă exister, et Ă nos intuitions quant Ă nous vivre autrement, ou nous rĂ©Ă©duquer.
Pour qui ?
Toute personnes dĂ©sireuse dâun plus de vie, ou dâun changement pour sa vie, par soif ou par nĂ©cessitĂ©Â : quelques exemples  :
Telle maman avec ses 2 jeunes enfants qui a besoin de comprendre ce qui se passe entre eux, et ce quâelle vit vis-Ă -vis dâeux.
Telle remarque que je prends toujours mal et qui me fait rĂ©agir dâune maniĂšre dĂ©calĂ©e, exagĂ©rĂ©eâŠet qui est plutĂŽt un indice dâune fragilitĂ© chez moi
Telle aspiration qui me pousse de lâavant comme un nouveau germe : en lâidentifiant, jâapprend Ă le prendre en compte, et je cherche rĂ©alistement comment aller dans ce sens !
Telle recherche quant Ă son orientation de vie, telle attirance vers un domaine dâaction
Tel aspect transcendantal qui me fait aller vers du neufâŠvers plus de sensâŠ.
Tel choix qui me fait vivre des tiraillements importants, et de mettre Ă plat, honnĂȘtement , tout ce qui mâagite, me donne de voir plus clair pour prendre une dĂ©cision, sensĂ©e, en cohĂ©rence avec moi et qui tienne compte des facteurs extĂ©rieurs
LâinouĂŻ qui mâhabite.
Pour quoi ?Â
Voiv quelques fruits recueillis Ă lâissue dâune rencontre dâexpĂ©rimentation de cette maniĂšre de sâarrĂȘter et de sâĂ©couter en profondeur :
–         Ca me fait exister !
–Â Â Â Â Â Â Â Â Â Un soulagement, un apaisement,
–Â Â Â Â Â Â Â Â Â Je vois plus clair
–Â Â Â Â Â Â Â Â Â Câest difficile, mais je vois comment repartir
–         Je dĂ©couvre radicalement du neuf sur moi, quelque chose de mon identitĂ©, alors que jâai passĂ© tant de temps sur mes souffrances : enfin quelque chose de positif !
Pour ceux qui dĂ©couvraient un tel groupe, ils ont Ă©tĂ© touchĂ©s par lâauthenticitĂ©, la bienveillance, le respect et la profondeur
Effet :
–         Se rĂ©jouir de qui on est, de ses qualitĂ©s et capacitĂ©s
–Â Â Â Â Â Â Â Â Â Sentir une confiance possible en soi
–Â Â Â Â Â Â Â Â Â Avoir envie de prendre sa vie en main
–Â Â Â Â Â Â Â Â Â Se rendre compte quâon a prise sur notre vie, sur nos relations
Â
Valérie Bitz
Avis aux amateurs ! Information auprÚs de :
Valérie BITZ, formatrice PRH : valerie.bitz@prh-france.fr ,       03.89 76 73 62/ 06 89 06 77 10
Ou de : www.prh-france.fr
PRH vient de publier des livres cette année :
–         Ca va mieux en lâĂ©crivant , 18âŹ
–         Un chemin dâaccĂšs Ă la vie en profondeur , 24âŹ
–         Et puis, La personne et sa croissance , 24.40âŹ
A commander sur le site de PRH ou en téléphonant à PRH au 09 75 61 42 87
Voir aussi la mĂ©ditation de ValĂ©rie sur ce blog : « Exprimer ce quâil y a de plus profond en moi » : https://vivreetesperer.com/?p=501