Quand l’arrivĂ©e d’un oiseau annonce une vie nouvelle pour les terrils

 Changer de regard pour redonner de l’avenir.

Il y eu des annĂ©es d’activitĂ©, de vie intense, et puis, tout s’est effondrĂ©. C’est le marasme. Ce peut ĂȘtre une situation individuelle ou collective. Et bien souvent, les deux Ă  la fois. C’est l’impasse. On se rĂ©signe. On s’installe ou bien tout continue Ă  se dĂ©grader. OĂč aller ? Comment rebondir ?

Mais pour aller de l’avant, on a besoin de changer de regard. C’est une nouvelle maniĂšre de voir. C’est pouvoir apercevoir les signes d’un renouveau, des pistes qui apparaissent et jalonnent les nouvelles orientations. Jean-François Caron nous raconte l’histoire du renouveau du pays minier dans le Pas de Calais. Il en est un des principaux acteurs. Cette histoire est Ă©mouvante parce qu’elle nous parle d’un peuple courageux qui, Ă  l’arrĂȘt des houillĂšres, avait perdu sa raison de vivre. Cette histoire est exemplaire parce qu’elle nous montre qu’un nouvel espoir peut grandir et un nouvel horizon apparaĂźtre. Ici, la mutation Ă©cologique est le moteur de la grande mutation Ă  laquelle nous assistons. Dans cette intervention Ă  TED x Vaugirard Road (1), Jean-François Caron nous raconte cette histoire.

 

 

Un pays en souffrance

« Je viens d’un pays oĂč il n’y avait plus de futur  et j’ai passĂ© 25 annĂ©es de ma vie Ă  construire un cheminement de reconversion. Ce pays, ce petit pays, ça s’appelle le pays minier dans le Pas de Calais ». Ce pays a beaucoup souffert dans le travail des mines. « Dans ma commune, le sol a baissĂ© de quinze mĂštres Ă  cause des affaissements miniers. Les rĂ©seaux d’eau sont fracturĂ©s. Et les hommes mourraient Ă  quarante ans Ă  cause de la silicose. C’était normal de donner sa vie pour ses enfants. C’était la rĂšgle. Un de mes grands oncles est mort Ă  34 ans de la silicose, cette maladie qui ronge les poumons. VoilĂ . C’était assez pĂ©nible  ».

 

L’oiseau de l’espĂ©rance. Un « traquet motteux » s’installe sur un terril.

Et voici que Jean-François Caron nous parle des oiseaux. C’est une image de vie. Et c’est aussi un objet d’attention pour les Ă©cologistes. « Les oiseaux Ă©taient partis. Je vous parle des oiseaux parce qu’un oiseau est revenu et qu’il a tout changé  Figurez-vous que, chez nous, Ă  l’arriĂšre, il y a quelques montagnes noires ; on appelait cela les terrils. Les terrils, c’est ce qui a Ă©tĂ© extrait du fond jusqu’à moins mille mĂštres dans notre commune. C’est du schiste, de la pierre, de la poutrelle. On appelle cela des crassiers, des tas de dĂ©chets. Et puis, parce que je suis ornithologue, un jour j’observe un « traquet motteux » avec un petit croupion blanc, admirable, Ă©tincelant. C’est un oiseau qui vit en montagne. Il a besoin de pierres pour nicher sous la pelouse alpine. Il vit dans les Alpes et en Scandinavie. Cet oiseau, qui remontait en migration prĂ©nuptiale, a trouvĂ© dans les terrils un milieu qui lui convenait. Et mon terril  hĂ©bergeait un oiseau rare. Cela a complĂštement changĂ© mon regard sur les terrils que je voyais lĂ  depuis que j’allais Ă  l’école et qui faisait partie du paysage ».

 

Un regard nouveau sur les terrils.

« J’ai donc commencĂ© Ă  changer de lunettes sur ce terril qui hĂ©bergeait un oiseau rare. A ce sujet, j’ai rencontrĂ© des gens qui sont devenus mes amis. J’ai rencontrĂ©, par exemple, des urbanistes qui disaient que, dans ce pays plat du Nord, les terrils, ce sont nos points de repĂšre, ce sont nos beffrois. Ils structurent le territoire. J’ai rencontrĂ© des artistes qui sont devenus mes amis. Ils me disaient : regarde ces triangles merveilleux qui montent au ciel, tout noirs, tout purs. Il fallait y penser. Mais c’est vrai que c’était beau. J’ai rencontrĂ© des mineurs, bien sĂ»r. Ils disaient : « Les terrils, c’est passĂ© dans nos mains. C’est plein de sueur. C’est plein de notre sang. C’est nous, les terrils ». Et donc, avec ces pionniers, nous avons changĂ© de lunettes. Nous avons dĂ©cidĂ© de nous organiser. Nous avons crĂ©Ă© une association qui s’appelle : « la chaine des terrils ». Parce qu’on en avait marre qu’en plus de nous imposer le chĂŽmage, on nous dise que ces terrils n’étaient pas beau et parce qu’à l’époque, tout me monde disait : « il faut raser tout ça ». C’était terrible, cette volontĂ© de nĂ©gation. Alors que 29 nationalitĂ©s Ă©taient venues travailler chez nous, qu’on avait un systĂšme de valeurs extraordinaire, que la vie dans les citĂ©s miniĂšres Ă©tait mille fois plus joyeuse et agrĂ©able.

Le bassin minier recĂ©lait plein de systĂšmes de valeurs et donc, on s’est organisĂ© et quand on a remontĂ© la derniĂšre gaillette (morceau de charbon) Ă  la fosse de Oignies, France III a organisĂ© un dĂ©bat avec le grand patron de l’empire des HouillĂšres, un monsieur qui avait des tas de diplĂŽmes, qui faisait son job pour faire gagner des sous Ă  sa boite. Et, pour lui, les terrils, c’était des tas de matĂ©riaux. Ça se vendait. Et moi, j’étais en face parce que j’étais un peu le reprĂ©sentant du monde qui va venir. On ne savait pas quoi, mais on avait crĂ©Ă© « la chaine des terrils ». On avait un regard. On avait une idĂ©e de ce que pouvait ĂȘtre ce monde Ă  venir. Donc, on fait ce dĂ©bat.

Je n’était pas seul. Avec moi, il y avait mon arriĂšre grand-pĂšre qui avait Ă©tĂ© dĂ©lĂ©guĂ© mineur durant les grandes grĂšves de 1900. Et j’avais le traquet motteux, la nature avec moi. Finalement, on a gagnĂ©. Le ministre de l’intĂ©rieur (1995) a imposĂ© Ă  Charbonnages de France, l’institution par excellence, une partition entre les terrils qu’on allait garder pour la nature, les terrils qu’on allait garder pour la fonction symbolique comme par exemple le terril Renard Ă  Denain que Zola avait dĂ©crit dans Germinal, et puis, quand mĂȘme, les terrils pour les matĂ©riaux. Et, Ă  partir de lĂ , on a commencĂ© Ă  regagner un peu de dignitĂ© et de fiertĂ©, tout simplement. Nous nous sommes organisĂ©. Et on a commencĂ© Ă  avoir un certain nombre de rĂ©sultats. J’ai crĂ©Ă© une Ă©cole de parapente. On a dĂ©veloppĂ© une action culturelle. Des mineurs qui jouaient leur propre rĂŽle. Des sons et lumiĂšres participatifs. On a fait du « land art » sur les terrils ».

 

Un projet collectif pour transformer le territoire

« Entre temps, j’ai Ă©tĂ© Ă©lu au Conseil rĂ©gional parce que les gens ont estimĂ© que tous ces combats lĂ  avaient de l’importance. Et puis, je suis devenu Ă©lu local. Et lĂ , j’ai eu Ă  m’occuper de l’urbanisme, du plan d’occupation des sols et, trĂšs vite, il m’est apparu qu’on ne pourrait pas faire un plan d’occupation des sols sans un vrai projet de ville. Comme au Far West, quand on a abandonnĂ© les mines et que tout est restĂ© dans l’état, on n’avait plus de futur. Mais oĂč voulez-vous mettre un million de personnes ? Un petit peu Ă  Dunkerque, au Havre, Ă  Paris ? Ce n’était pas possible. Et donc, trĂšs vite, il m’est apparu qu’on ne pourrait plus faire un vĂ©ritable plan d’occupation des sols, de l’agriculture et des usines, lĂ  oĂč on pouvait construire, donc sans un vrai projet de ville. Dans notre reprĂ©sentation, cette ville nouvelle ne pouvait s’édifier que dans une Ɠuvre collaborative. Ce ne pouvait pas ĂȘtre Ă  dire d’expert. MĂȘme si nous en avions besoin, ce n’est pas un expert qui pouvait nous dire notre futur. Ce n’étaient pas non plus les Ă©lus, mĂȘme si j’en faisais partie. Ce ne pouvait se faire que dans un processus collectif. C’est comme cela qu’on a installĂ© le rĂŽle d’habitant acteur, qu’on a mis les gens en situation de coproduire la ville. Et nos premiĂšres expĂ©rimentations ont dĂ©coulĂ© de lĂ . On avait une eau absolument catastrophique, le double de la dose de nitrate. Alors, dans le plan d’occupation des sols et dans les actions de ville, il fallait ĂȘtre draconien sur la protection de l’eau. Les maisons de mineurs avaient eu du charbon gratuit pour le chauffage. Thermiquement, elles Ă©taient comme des passoires. Alors l’écoconstruction et la rĂ©habilitation thermique devenaient absolument stratĂ©giques et c’est comme cela que nos premiĂšres expĂ©rimentations sont sorties et que, progressivement, on a commencĂ© Ă  dessiner une vision ».

 

Inventer une transition

« C’était la vision d’un nouveau  modĂšle de dĂ©veloppement, mĂȘme Ă  travers des signaux faibles. Comme on dirait aujourd’hui : sortir de la sociĂ©tĂ© du gaspillage. On voit bien que le nouveau modĂšle de dĂ©veloppement ira plutĂŽt vers la sobriĂ©tĂ© et le recyclage en prenant le contre pied de nos pratiques actuelles. Ce nouveau modĂšle de dĂ©veloppement n’était pas encore apparu, mais nous avions vu l’homme et la nature martyrisĂ©s et on se rendait compte de ce que ce modĂšle pourrait devenir progressivement. On doit en mĂȘme temps construire la transition. Et c’est trĂšs compliquĂ© d’emmener une communautĂ©, un collectif et de dire : on va changer le monde, mais on ne sait pas vers quel monde on va.

Progressivement, la confiance s’est installĂ©e par la qualitĂ© des collectifs qu’on avait montĂ©, par le travail qu’on faisait ensemble, par la façon dont on posait des actes sur la maniĂšre de reconquĂ©rir notre espace. Et puis, j’ai beaucoup insistĂ© sur cette idĂ©e qu’il fallait libĂ©rer les initiatives. On sortait d’une sociĂ©tĂ© encadrĂ©e. Quand vous devez inventer un monde, il faut faire des innovations. Et une innovation, c’est une dĂ©sobĂ©issance qui a rĂ©ussi, mais c’est d’abord une dĂ©sobĂ©issance. Et donc, on travaille la question du droit Ă  l’erreur parce que, si vous n’avez pas le droit de vous tromper, je vous garantis que jamais vous ne ferez quelque chose. On a travaillĂ© ces questions. On a multipliĂ© les processus et les initiatives et on est progressivement devenu une ville pilote du dĂ©veloppement durable ».

 

En marche

Jean-François Caron nous rapporte les excellents rĂ©sultats de son action municipale : un maire rĂ©Ă©lu avec 82% des voix. Et, comme il dit avec humour : « un Ă©colo au pays des gueules noires ». C’est un parcours significatif.

« Nous, on Ă©tait dans le gouffre, pas au bord du gouffre, dans le gouffre. Il y a vingt cinq ans, on n’avait pas le choix. On avait l’épĂ©e dans les reins. Paradoxalement, on avait de la chance.

On est parti de nos valeurs : l’homme et la nature ne sont pas des variables d’ajustement. On a choisi un nouveau regard. Ça nous a changĂ© nous-mĂȘmes. On a retrouvĂ© de la confiance, de la vision, une place pour chacun dans l’effort collectif d’inventer un nouveau modĂšle, et puis surtout, on a inventĂ© du dĂ©sir, du dĂ©sir de dĂ©veloppement durable, parce que si le dĂ©veloppement durable, c’est une addition de contraintes et des grands discours de morale, jamais le dĂ©veloppement durable ne s’imposera. Alors que si on se remet en perspective et de considĂ©rer que de dire bonjour Ă  son voisin plutĂŽt que de lui faire la gueule ou faire une haie de trois mĂštres de haut, aimer la nature et reprendre nous-mĂȘme notre destin, c’est tout simplement joyeux. Cela nous redonne prise. Et donc, aujourd’hui, tout n’est pas rĂ©glĂ© Ă  Loos-en-Gohelle. Loin s’en faut ! On est Ă  notre petite Ă©chelle. On est en train de travailler au changement d’échelle. Chaque histoire est unique. La notre est unique. Chacune des vĂŽtres est unique. Mais, souvenez-vous, si vous changez de regard, alors vous pourrez soulever des montagnes. Pas seulement des terrils ! »

 

Changer de regard !

Jean-François Caron nous rapporte une longue marche nourrie par une vision qui s’est prĂ©cisĂ©e peu Ă  peu. C’est la sortie d’une dĂ©shĂ©rence et le parcours d’un chemin vers une vie nouvelle. Le rĂ©cit de Jean-François Caron s’entend comme celui d’une Ă©mergence, d’un renouveau et mĂȘme comme celui d’une libĂ©ration par rapport au vieux monde. Ce pays reprend vie et des signes successifs en tĂ©moignent : l’arrivĂ©e d’un oiseau, la transformation des terrils, une dynamique sociale et Ă©cologique.

L’homme qui raconte cette histoire Ă©veille notre sympathie  travers la force tranquille que nous percevons en lui : honnĂȘtetĂ©, authenticitĂ©, confiance et les valeurs qu’il Ă©voque : « l’homme et la nature ne sont pas des variables d’ajustement ». Nous voyons dans son parcours une dynamique d’espĂ©rance et de foi.

Dans l’histoire de l’humanitĂ©, nous avons vu des groupes se dĂ©biliter parce qu’ils avaient perdu  une vision de l’avenir. Pour agir, nous avons besoin de croire que notre action peut s’exercer avec profit. « Nous devenons actifs pour autant que nous espĂ©rons. Nous espĂ©rons pour autant que nous pouvons entrevoir des possibilitĂ©s futures. Nous entreprenons ce que nous pensons du possible » (JĂŒrgen Moltmann) (2). De fait, nos reprĂ©sentations sont opĂ©rantes. « La foi dĂ©place les montagnes ». « Si quelqu’un dit Ă  cette montagne : « SoulĂšves-toi ! Jette-toi dans la mer ! », et si il n’hĂ©site pas dans son cƓur, mais croit que ce qu’il dit va arriver, cela lui sera accordé » (3). Importance de nos reprĂ©sentations, de nos intentions, telles qu’elles s’expriment dans notre regard.

La dynamique de transformation suscitĂ©e par Jean-François Caron s’est rĂ©alisĂ©e Ă  travers une longue marche d’étape en Ă©tape. Elle tĂ©moigne de la puissance d’une vision. C’est un tĂ©moignage encourageant, car comme nous le dit Jean-François Caron : « Chaque histoire est unique. Chacune des vĂŽtres est unique. Mais souvenez-vous, si vous changez de regard, alors vous pourrez soulever des montagnes, pas seulement des terrils ».

J H

 

(1)            Changer de regard pour se redonner un avenir. Jean-François Caron. TED x Vaugirard Road : (ajouté le 20 juillet 2015) : https://www.youtube.com/watch?v=uZFNNN7i734

(2)            Agir et espĂ©rer. EspĂ©rer et agir L’espĂ©rance comme motivation et accompagnement de l’action : article prĂ©cĂ©dent sur ce blog.

(3)            Evangile Marc 11.23, Matthieu 21.21

Dame confiance

Un témoignage présenté dans le livre : « Sa présence dans ma vie »

 

Quand on veut encourager un ami Ă  faire face Ă  un moment difficile, en le quittant, une expression nous vient facilement Ă  l’esprit : « Bon courage ! ». Ainsi veut-on l’aider Ă  faire face Ă  travers une intonation qui cherche Ă  galvaniser son Ă©nergie et dans laquelle nous mettons tout notre allant. Mais a-t-il en lui les forces correspondantes ? Cette parole cherche Ă  entraĂźner un sursaut, mais ensuite tout peut retomber, et parfois plus bas encore.

De fait, nous avons oubliĂ©,  peut-ĂȘtre parce que nous sommes troublĂ©, peut-ĂȘtre parce que nous ne le savons pas clairement, que tout ne dĂ©pend pas de nous, qu’il y a une force supĂ©rieure Ă  laquelle nous pouvons faire appel, dans laquelle nous pouvons puiser. Oui, nous pouvons ensemble entrer dans une dynamique qui nous dĂ©passe. Cette attitude peut engendrer des miracles. « La foi jouit de la force mĂȘme de Dieu », nous dit JĂŒrgen Moltmann. C’est pourquoi d’elle seule il est dit ce qui est rĂ©servĂ© Ă  Dieu : « Tout est possible Ă  celui qui croit » (Mc 9.23). (JĂ©sus, le Messie de Dieu p.163-164). Alors notre parole d’encouragement peut se transformer. Ce n’est plus : « Bon courage ! ». C’est : « Confiance ! ». La confiance s’inscrit dans un mouvement porteur qui nous dĂ©passe.

 

Odile, atteinte d’un cancer, a dĂ©couvert la puissance de ce mot auprĂšs de celle qu’elle a appelĂ©e : « Dame confiance » (1).

« « Mon traitement se termine avant la perfusion de mon amie. En partant, je lui dis un banal « Bon courage ! ». Alors, une voix tonitruante retentit sur un ton pĂ©remptoire. « On ne dit pas « Courage ! ». On dit « Confiance ». C’est une dame d’un certain Ăąge, allongĂ©e sur un lit un peu plus loin, qui a si vigoureusement rĂ©agi. Je l’avais remarquĂ© Ă  son arrivĂ©e : une forte personnalitĂ© gaie, d’une grande vitalitĂ©. Son exclamation m’a fait l’effet d’un courant Ă©lectrique. J’ai bondi vers elle : « Vous avez raison ! ». Et je l’ai embrassĂ©e
 Une force intĂ©rieure m’animait. Je suis partie, gonflĂ©e Ă  bloc ! La joie au cƓur d’une espĂ©rance de vie. C’est vraiment curieux qu’un message, qu’un simple mot soit porteur d’un message aussi fort  ».

Et, dĂšs lors, la famille, les amis vont s’associer Ă  la demande d’Odile : « Ne me dites pas « Courage », mais « Confiance ». « Le mot de passe est devenu : « Confiance ! », vƓu d’une santĂ© meilleure ». C’est l’expression d’une puissance de vie, d’une grĂące divine en action. Aujourd’hui encore, cette mĂ©moire porte vie. « Dame confiance a semĂ© une petite graine en devenir d’un grand arbre oĂč le corps fatiguĂ©, les Ăąmes dĂ©pressives vont pouvoir se reposer et reprendre vie  ». Une simple parole : « Confiance ! ».

 

JH

 

(1)               Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Empreinte, 2011 (Dame confiance p.161-163). Ce livre a été évoqué à plusieurs reprises sur ce blog et il est présenté par Françoise Rontard sur le site de Témoins :

http://www.temoins.com/actualites/evenements-et-actualites/805-sa-presence-dans-ma-vie-odile-hassenforder-temoignages-d-une-vie-et-commentairres-de-lecteurs.html

« Votre corps n’est que la harpe de votre Ăąme et c’est Ă  vous qu’il revient d’en tirer accord mĂ©lodieux ou sons dĂ©saccordĂ©s » Khalil Gibran

 

 

L’association de ces vers Ă©crits par Khalil Gibran, poĂšte libanais, Ă  la vidĂ©o de Anja Linder (1), cĂ©lĂšbre harpiste, peut sembler incongrue.

Anja Linder a justement perdu l’usage de ses jambes, ce qui est trĂšs handicapant pour jouer de cet instrument qui possĂšde 7 pĂ©dales.

Si « le corps est la harpe de notre ùme », que se passe-t-il lorsque ce corps est amputé ?

N’y a-t-il plus d’expression possible de notre ñme ?

 

Ces deux ĂȘtres ont chacun vĂ©cu des choses extrĂȘmement dures dans leur vie.

Et pourtant, le rĂ©sultat de leur expression, littĂ©raire pour l’un et musicale pour l’autre, en est magnifique, sublime de poĂ©sie, de beautĂ©, de dĂ©licatesse 
 celles-lĂ  mĂȘme qui Ă©mergent des profondes douleurs.


 

La vie difficile de ce poÚte a fait naßtre en lui ces doux vers empreints de pureté.

La situation de handicap a fait naĂźtre chez Anja Linder cette mĂȘme puretĂ© dans le son, dans l’interprĂ©tation, mĂȘme dĂ©licatesse quand elle caresse les cordes de sa harpe.

 

Oui le corps de Anja Linder se trouve privĂ© de l’usage de ses jambes, mais c’est alors Anja Linder toute entiĂšre qui devient « la harpe de son Ăąme ». Il suffit

– de regarder ses mains pour sentir la douceur du glissement ou du pincement,

– d’ĂȘtre attentif Ă  son visage pour y lire l’émotion qui la fait vibrer quand elle joue cette mĂ©lodie, et qui tour Ă  tour la remplit de sĂ©rĂ©nitĂ© ou la bouleverse.

(Vidéo, position 6mn50)

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Ses jambes ne rĂ©pondent plus, sa paralysie aurait pu l’immobiliser, physiquement et psychiquement.

Elle aurait pu se laisser porter (au sens propre et au sens figuré), se laisser « passivement » pousser dans son fauteuil.

Or elle a choisi une autre voie : son vrai moteur, c‘est sa passion, et la dĂ©termination qui y est associĂ©e, cette dĂ©termination qui lui a fait refuser de croire tout ce qu’on lui prĂ©disait.

 

Elle s’est accrochĂ©e et la « vie » lui a permis de croiser sur son chemin des ĂȘtres merveilleux
.

Et la voilà qui rebondit, se reconstruit
 et en arrive à transmettre quelque chose d’encore plus beau, plus fort que tout ce qu’elle pouvait transmettre auparavant
 Pour notre plus grand plaisir et notre plus bel enseignement.

Son tĂ©moignage de vie et l’interprĂ©tation musicale toute empreinte de sensibilitĂ© qu’elle nous propose, sont indissociables l’un de l’autre.

 

C’est vraiment cela que je veux retenir, et qui sous tend ma motivation profonde dans l’activitĂ© de coaching que j’exerce : nous possĂ©dons tous en nous de merveilleuses richesses, parfois insoupçonnĂ©es, et souvent inexploitĂ©es.

Quelle que soit nos expériences de vie, aussi douloureuses soient-elles, la décision nous appartient : que voulons-nous faire de cette expérience, de cette rupture, de ce trauma ?

Les difficultĂ©s peuvent faire naĂźtre colĂšre, aigreur, rancune
. comme elles peuvent faire fleurir une sensibilitĂ© extrĂȘme qui Ă©merge des profondeurs de l’ñme blessĂ©e, sensibilitĂ© qui ne demande qu’à Ă©clore, pour le plus grand bonheur et bĂ©nĂ©fice des autres : expression artistique, attention Ă  autrui


 

Etre porteur de Vie, de foi, et d’espĂ©rance
 au-delĂ  du trauma, pour porter tĂ©moignage

– que le rebond personnel est possible,

– que les valeurs d’entraide, de compassion
 ne sont pas des vains mots, et qu’ils bĂ©nĂ©ficient tout autant Ă  celui qui reçoit, Ă  celui qui donne et Ă  ceux qui en sont tĂ©moins.

 

N’abandonnez jamais
 quoiqu’il arrive, battez-vous ; cherchez en vous les talents à exploiter


Ils seront votre force, et serviront d’exemple à d’autres par votre rayonnement.

 

Merci à Anja Linder : cette vidéo est un bel hymne à la Vie, vie plus forte que la mort.

 

BĂ©atrice Ginguay

 

(1) « Ma vie, c’est jouer et avancer avec lĂ©gĂšreté » : expression d’Anja Linder filmĂ©e au thĂ©Ăątre du Chatelet le 5 octobre 2014 dans le cadre d’une rencontre de TEDx Paris . On trouvera parmi les autres « talks » de cette session, quelques tĂ©moignages qui nous paraissent particuliĂšrement originaux et porteurs de sens.

http://www.tedxparis.com/anja-linder-ma-vie-cest-jouer-et-avancer-avec-legerete/

Dedans
 Dehors ! : Face Ă  l’exclusion, vivre une commune humanitĂ©

 

Avons-nous tendance Ă  nous installer dans un groupe en ignorant ou en rejetant ceux  qui sont Ă  l’extĂ©rieur ? Sommes-nous enclins Ă  catĂ©goriser les gens en termes contraires jusqu’à la position extrĂȘme : les bons et les mĂ©chants ? Ou bien, Ă  l’inverse, sommes-nous disposĂ©s Ă  la bienveillance vis Ă  vis de ceux qui nous entourent en reconnaissant la diversitĂ© des comportements. Notre attitude dans la vie sociale dĂ©pend Ă©videmment de nos mouvements intĂ©rieurs qui s’inscrivent dans les dimensions psychologique et spirituelle de notre ĂȘtre. Comment gĂ©rons-nous l’agressivitĂ© et l’angoisse ? Y a-t-il en nous un courant de vie positive qui s’exprime dans l’empathie et la sympathie ?

Cependant, quelque soit notre attitude personnelle, nous sommes confrontĂ©s au climat des groupes sociaux dans lesquels nous vivons. Cette ambiance exerce sur nous une influence dont nous avons plus ou moins conscience et face Ă  laquelle nous ne sommes pas toujours en mesure d’opposer une rĂ©flexion critique ? Et pourtant, lorsqu’on y rĂ©flĂ©chit, la maniĂšre de vivre dans un groupe en opposant plus ou moins consciemment les gens qui sont dedans Ă  ceux qui sont dehors, en termes positifs pour les uns, nĂ©gatifs pour les autres, est beaucoup plus rĂ©pandue qu’on ne l’imagine.

 

L’exclusion : une question sociale trùs actuelle .

 

Les historiens nous dĂ©crivent le mĂ©pris orgueilleux affichĂ©s par la classe dominante vis Ă  vis des pauvres et des exclus dans diffĂ©rents contextes de notre passĂ©. Le livre de Guillaume Le Blanc : « Que faire de notre vulnĂ©rabilité ? » (1) nous montre combien le phĂ©nomĂšne de l’exclusion est encore trĂšs prĂ©sent aujourd’hui en dĂ©crivant et analysant les processus correspondants. « Aujourd’hui nombreux sont ceux qui ont le sentiment d’ĂȘtre exclus, d’ĂȘtre rejetĂ©s du mauvais cĂŽtĂ© de la frontiĂšre. Nombreux sont ceux Ă©galement qui redoutent de l’ĂȘtre
 La crainte de l’exclusion ne porte pas seulement sur ce qu’elle entraĂźne dans les conditions d’existence, mais aussi sur une perte d’humanité  Dans l’effroi de l’exclusion, le sentiment mĂȘme d’une communautĂ© des vies humaines est potentiellement annulĂ©.. . Exclure ne revient pas seulement, de ce fait, Ă  tracer une ligne entre dedans et dehors, mais Ă  contester le caractĂšre pleinement humain de celles et ceux qui sont perçus, Ă  tort ou Ă  raison, comme Ă©tant dehors » (p 26-27). Une frontiĂšre est Ă©rigĂ©e. « L’exclusion prĂ©cipite l’exclus au delĂ  de la frontiĂšre et crĂ©e un fossĂ© entre celles et ceux qui sont dedans et celles et ceux qui sont dehors » ( p 26). Si, comme « sujets travailleurs, raisonnables, citoyens, cherchant, dans le centre de nos ville, plaisir de vie », nous nous protĂ©geons par un sentiment de supĂ©rioritĂ© vis Ă  vis des exclus, le remĂšde n’et-il pas dans une conception de l’homme qui accepte de reconnaĂźtre sa propre vulnĂ©rabilitĂ©. « Contre la suffisance d’une communautĂ© qui se proclame invulnĂ©rable, l’accueil de l’exclu fait advenir une autre humanitĂ©, vulnĂ©rable tout autant qu’imprĂ©visible » (p.211).

 

Hors de l’Eglise, point de salut
 !?

 

Dedans. Dehors. Un autre exemple se présente à nous. Il est emprunté au domaine religieux.

Au long des siĂšcles, l’Eglise a Ă©tĂ© le berceau d’Ɠuvres charitables. Mais il y a aussi la mĂ©moire d’une puissance qui imposait sa loi. Un historien, Jean Delumeau, nous rapporte la prĂ©sence d’une culture de la peur fondĂ©e sur la menace de l’enfer, une exclusion Ă©ternelle. Certes, on doit Ă©viter de gĂ©nĂ©raliser et de caricaturer, mais il y a bien eu des thĂ©ologiens qui ont transposĂ© la violence de leur Ă©poque, violence du pouvoir et violence des mƓurs, dans leur conception de Dieu et de la destinĂ©e humaine (2). On se rappelle l’adage : « Hors de l’Eglise, point de salut ». Bien sĂ»r, les mentalitĂ©s ont considĂ©rablement Ă©voluĂ©, mais la croyance en une division entre « sauvĂ©s et perdus » persiste encore dans certains cercles chrĂ©tiens. LĂ  ou elle est latente, les non croyants ne sont pas perçus comme des personnes Ă  part entiĂšre oĂč l’Esprit est Ă  l’Ɠuvre, mais, plus ou moins, comme des gens Ă  convertir. Alors l’Eglise se vit en terme de dedans par rapport au dehors. Quelle diffĂ©rence avec l’attitude de JĂ©sus qui s’en va Ă  la rencontre des « pĂ©cheurs et des publicains ».

 

JĂ©sus en lutte contre les forces d’exclusion

 

JĂŒrgen Moltmann nous aide Ă  sortir d’une catĂ©gorisation qui engendre l’exclusion. ThĂ©ologien, il rejoint l’analyse du philosophe, Guillaume Le Blanc, lorsqu’il Ă©crit  dans un livre : « JĂ©sus, le messie de Dieu » (3) : « Dans toute les sociĂ©tĂ©s, il existe les catĂ©gories alpha qui dĂ©terminent ce qui doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme bon et ce qui doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme mauvais. Et il existe les catĂ©gories omĂ©ga dont la bonne sociĂ©tĂ© doit se dĂ©marquer parce qu’elle reprĂ©sente ce qui est mal . Lorsque cette dualitĂ© conduit Ă  la formation de classes commence alors une lutte sans pitiĂ© des « bons » contre  les « mauvais ». (p166) Dans les rĂ©cits des Evangiles, le concept de pĂ©cheur a une signification sociale comme le montrent les couples de concepts : bien portants-malades, justes-pĂ©cheurs, pharisiens-publicains ». De fait, les pĂ©cheurs sont des juifs qui ne sont pas en mesure d’observer la Torah.

Or JĂ©sus dĂ©clare qu’il est venu appeler non pas des justes, mais des pĂ©cheurs (Marc 2.17). « En entrant dans la compagnie des pĂ©cheurs et des publicains, JĂ©sus s’engage dans un conflit social Ă  connotation religieuse qui creuse un  abĂźme entre justes et injustes, entre bons et mauvais
 Les justes revendiquent pour eux-mĂȘmes la justice de Dieu et imposent socialement leur systĂšme de valeurs. De mĂȘme que la « possession de la richesse » fait que les pauvres restent pauvres, de mĂȘme, la « possession du bien » creuse le fossĂ© entre les bons et les mauvais, et fait que les mauvais restent mauvais ».

JĂ©sus prend parti en faveur des discriminĂ©s. « En faisant cela personnellement, il leur rĂ©vĂšle, Ă  eux et Ă  ceux qui les oppriment, la justice messianique de Dieu qui, par le droit de la grĂące, rend juste ceux qui sont injustes, bons ceux qui sont mauvais et beaux ceux qui sont laids. Il s’agit lĂ  d’une attaque en rĂšgle contre la morale religieuse et bourgeoise ».

JĂ©sus va Ă  la rencontre des exclus, partage la table des pĂ©cheurs et des publicains. « JĂ©sus anticipe le festin des justes dans le royaume de Dieu et fait ainsi lui mĂȘme la dĂ©monstration de ce que signifient l’accueil  par le Dieu de misĂ©ricorde et le pardon des pĂ©chĂ©s.  Etre invitĂ© au grand festin du Royaume de Dieu
 JĂ©sus cĂ©lĂšbre le repas des temps messianiques avec les discriminĂ©s de son temps. S’il est le Fils de Dieu messianique, il reprĂ©sente ainsi le comportement de Dieu lui-mĂȘme » (p166).

L’attitude Ă  laquelle JĂ©sus nous invite dans les BĂ©atitudes (Matthieu 5.1-11) va dans le mĂȘme sens. Il s’adresse Ă  un peuple divers confrontĂ© Ă  de nombreuses difficultĂ©s. Il aide chacun Ă  reconnaĂźtre ses vulnĂ©rabilitĂ©s, mais aussi les dons qu’il a reçus. Il rĂ©pand un courant de vie.

 

Pour une commune humanité, accepter nos vulnérabilités

 

Dedans. Dehors. Nous sommes frĂ©quemment confrontĂ©s en nous mĂȘme et dans les groupes sociaux oĂč nous vivons Ă  des tentations de repli, Ă  des attitudes d’exclusion. Nous observons les mĂȘmes tendances Ă  une Ă©chelle plus vaste dans le champ politique. C’est le cas, par exemple, dans la maniĂšre de considĂ©rer les Ă©trangers .

En regard, l’Evangile nous apporte un souffle d’universalitĂ©. C’est la source d’une dimension fraternelle.

En analysant les processus d’exclusion et les dispositions d’esprit qui les favorisent, Guillaume Le Blanc apporte une comprĂ©hension qui est aussi un horizon de vie et d’action : « L’angoisse d’ĂȘtre exclus, la hantise d’ĂȘtre dĂ©barquĂ©, la peur de tomber, n’ont jamais imprimĂ© aussi fortement nos vies. D’oĂč vient ce sentiment de vulnĂ©rabilitĂ© et que peut-on en faire ? Au moment mĂȘme oĂč il semble nous priver de tout pouvoir, il nous faut reconnaĂźtre notre commune fragilitĂ© et l’irrĂ©ductible humanitĂ© de ceux qui ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rejetĂ©s » (en couverture). Et il nous invite Ă  un nouveau regard : « C’est seulement en reconnaissant que nous sommes vulnĂ©rables que nous pourrons affronter l’exclusion et la comprendre malgrĂ© tout comme une possibilitĂ© humaine et aussi comme une possibilitĂ© de vie humaine «  (p22).

Il y a bien des exemples oĂč cet esprit est Ă  l’Ɠuvre. C’est le cas par exemple dans les « communautĂ©s de l’Arche », mais aussi dans de nombreuses associations. Dans un livre rĂ©cent : « le grain de sable et la perle », Laurent de Cherisey, bien connu pour l’Ɠuvre remarquable qu’il a accompli pour faire connaĂźtre des pionniers du dĂ©veloppement social et environnemental Ă  travers le monde, « les passeurs d’espoir », nous raconte comment, Ă  partir d’un accident intervenu dans sa famille, il a Ă©tĂ© amenĂ© Ă  s’engager dans la rĂ©alisation d’un lieu de vie pour accueillir des handicapĂ©s Ă  la suite d’un traumatisme cranien. Son tĂ©moignage rejoint la rĂ©flexion de Guillaume Le Blanc : « Les personnes handicapĂ©es m’on fait le merveilleux cadeau de dĂ©couvrir que nos fragilitĂ©s ne sont pas un mal honteux Ă  dissimuler, mais des opportunitĂ©s de fĂ©conditĂ©. Dans l’alliance de nos vulnĂ©rabilitĂ©s se tissent les liens de fraternitĂ© les plus solides. La force de notre sociĂ©tĂ© dĂ©pend de leur qualité » (p145).

 

Des questions Ă  se poser

 

En quoi cette rĂ©flexion peut-elle nous concerner personnellement ? Je suis attristĂ© lorsque j’approche un milieu dont je sens qu’il est plus ou moins fermĂ© vis Ă  vis du monde extĂ©rieur. Je ressens la violence des attitudes d’exclusion. Quelle perte par rapport au potentiel qu’engendre l’ouverture ! Et puis, dans certaines circonstances, comme une moindre forme physique, un temps de maladie, l’impact d’un deuil, je puis ressentir l’indiffĂ©rence de certains comme pouvant entraĂźner mon exclusion de certains circuits. Pour une part, nous avons l’habitude de communiquer dans une expression de nos capacitĂ©s.  On peut apprĂ©hender le devenir de cette communication si ces capacitĂ©s se trouvent quelque part limitĂ©es. Des relations Ă©quilibrĂ©es impliquent le partage non seulement des produits de notre crĂ©ativitĂ©, mais aussi une expression partagĂ©e de nos manques et de nos besoins.  Les BĂ©atitudes exprimĂ©es par JĂ©sus : bienheureux les pauvres, bienheureux les doux, bienheureux ceux qui suscitent la paix dĂ©crivent un style de communication qui s’opposent Ă  la violence de ceux qui se croient forts et permettent Ă  leur agressivitĂ© de se manifester en terme d’exclusion. Elles impliquent une reconnaissance de nos manques. Lorsque Guillaume le Blanc nous invite Ă  accepter nos vulnĂ©rabilitĂ©s , de fait Ă  nous accepter tel que nous sommes avec nos dons et nos manques, il  nous montre les incidences de cette attitude non seulement pour nous mĂȘme, mais pour la vie sociale. C’est ainsi que se manifeste une vraie humanitĂ©. VoilĂ  de bonnes questions Ă  nous poser. Parlons en !

 

JH

 

(1)            Le Blanc (Guillaume). Que faire de notre vulnĂ©rabilité ? Bayard, 2011. Guillaume Le Blanc est professeur de philosophie Ă  l’universitĂ© de Bordeaux III Il est notamment l’auteur de « Dedans, dehors. La condition d’étranger (Seuil). Nous avons dĂ©couvert ce livre Ă  travers un commentaire de SĂ©golĂšne Royal.

(2)            A travers son Ɠuvre, le thĂ©ologien JĂŒrgen Moltmann nous aide Ă  comprendre comment les  conditions du pouvoir et l’état des mentalitĂ©s ont influencĂ© les doctrines Ă©mises par certains thĂ©ologiens menant ainsi Ă  une pensĂ©e d’exclusion. Voir le blog sur la pensĂ©e de Moltmann : L’Esprit qui donne la vie. http://www.lespritquidonnelavie.com/

(3)            Moltmann (JĂŒrgen). JĂ©sus, le messie de Dieu. Cerf,1993

(4)            Cherisey (Laurent de). Le Grain de sable et la Perle. Quand les personnes handicapĂ©es nous redonnent le goĂ»t du bonheur. Presses de la Renaissance, 2011. Du mĂȘme auteur : Passeurs d’espoir (2 vol.), 2005-2006.  Recherche volontaire pour changer le monde, 2008. Laurent de Cherisey est cofondateur de l’association Simon de CyrĂšne.

Apprendre à écouter son monde intérieur et à le déchiffrer. Pour quoi ? Pour qui ?

 

Je voudrais vous faire profiter d’une dĂ©couverte prĂ©cieuse pour moi et pour ma vie.

Je vous ai déjà évoqué la formation humaine «  personnalité et relations humaines »  ( PRH.)

Une de ses spĂ©cificitĂ©s  est un outil d’analyse des sensations : pas juste des situations  ou des comportements, mais  sa maniĂšre d’écouter ce qui se passe en soi et de dĂ©chiffrer  le contenu de sensations  qui ont un intĂ©rĂȘt pour notre vie ( Ă©motions,  sentiments qui ouvrent Ă  un contenu, et plus largement, nos sensations d’ĂȘtre touchĂ© par quelque chose,  un Ă©lan, une aspiration Ă  devenir plus moi-mĂȘme
.).

Cet outil d’analyse  va de pair avec  l’intĂ©rĂȘt pour les sensations positives : qui en apprennent long sur son identitĂ© profonde ou sur  ses dynamismes, sa sensation de vie. Elles portent en avant !   « J’ai tellement travaillĂ© sur mes souffrances et mes blessures ; mais m’arrĂȘter Ă  du positif et dĂ©couvrir une perle de mon identitĂ©, je n’en reviens pas ! J’en suis Ă©mue !»

Bien sĂ»r, il y a aussi nos sensations difficiles, qui, elles, nous ouvrent Ă  des blessures, Ă  leur origine-  en cela cette maniĂšre s’apparente Ă  la psychothĂ©rapie- mais surtout elle fait retoucher Ă  notre  capacitĂ© Ă  exister, et Ă  nos intuitions quant Ă  nous  vivre autrement, ou nous rĂ©Ă©duquer.

 

Pour qui ?

Toute personnes dĂ©sireuse d’un plus de vie, ou d’un changement pour sa vie, par soif ou par nĂ©cessité : quelques exemples :

Telle maman avec ses 2 jeunes enfants qui a besoin de comprendre ce qui se passe entre eux, et ce qu’elle vit  vis-à-vis d’eux.

Telle remarque que je prends toujours mal et qui me fait rĂ©agir d’une maniĂšre dĂ©calĂ©e, exagĂ©rĂ©e
et qui est plutĂŽt un indice d’une fragilitĂ© chez moi

Telle aspiration qui me pousse  de l’avant comme un nouveau germe : en l’identifiant, j’apprend Ă  le prendre en compte, et je cherche rĂ©alistement comment aller dans ce sens !

Telle recherche quant à son orientation de vie, telle attirance vers un domaine d’action

Tel aspect transcendantal qui me fait aller vers du neuf
vers plus de sens
.

Tel choix qui me fait vivre des tiraillements importants, et de mettre Ă  plat, honnĂȘtement , tout ce qui m’agite, me donne de voir plus clair pour prendre une dĂ©cision, sensĂ©e, en cohĂ©rence avec moi et qui tienne compte des facteurs extĂ©rieurs

 

L’inouï qui m’habite.

 

Pour quoi ? 

Voiv quelques fruits recueillis Ă  l’issue d’une rencontre d’expĂ©rimentation de cette maniĂšre de s’arrĂȘter et de s’écouter en profondeur :

–          Ca me fait exister !

–          Un soulagement, un apaisement,

–          Je vois plus clair

–          C’est difficile, mais je vois comment repartir

–          Je dĂ©couvre radicalement du neuf sur moi, quelque chose de mon identitĂ©, alors que j’ai passĂ© tant de temps  sur mes souffrances : enfin quelque chose de positif !

Pour ceux qui dĂ©couvraient un tel groupe, ils ont Ă©tĂ© touchĂ©s par l’authenticitĂ©, la bienveillance, le respect et la profondeur

Effet :

–          Se rĂ©jouir de qui on est, de ses qualitĂ©s et capacitĂ©s

–          Sentir une confiance possible en soi

–          Avoir envie de prendre sa vie en main

–          Se rendre compte qu’on a prise sur notre vie, sur nos relations

 

Valérie Bitz

 

 

Avis aux amateurs ! Information auprÚs de :

Valérie BITZ, formatrice PRH : valerie.bitz@prh-france.fr,        03.89 76 73 62/ 06 89 06 77 10

Ou de : www.prh-france.fr

PRH vient de publier des livres cette année :

–          Ca  va mieux en l’écrivant, 18€

–          Un chemin d’accĂšs Ă  la vie en profondeur, 24€

–          Et puis, La personne et sa croissance, 24.40€

A commander sur le site de PRH ou en téléphonant à PRH  au  09 75 61 42 87

 

Voir aussi la mĂ©ditation de ValĂ©rie sur ce blog : « Exprimer ce qu’il y a de plus profond en  moi » : https://vivreetesperer.com/?p=501