par jean | Fév 15, 2012 | ARTICLES, Beauté et émerveillement, Expérience de vie et relation |
Pour moi l’acte de peindre est en parallĂšle avec l’acte de parler.
Je préfÚre parler à Dieu que de parler de Dieu,
Et ce n’est pas si facile de mettre en paroles le mouvement de l’Ăąme !
Alors pour mettre en mots l’Invisible qui m’habite, rendre visible mon dialogue avec Lui. Ma passion va manifester simultanĂ©ment en couleurs et formes cette LumiĂšre qui m’Ă©claire.
Pour faire transparaĂźtre cette ClartĂ©, j’ajoute une goutte ou du papier en or, pour mettre au jour ce Bien si prĂ©cieux.
L’existence de l’ombre Ă sa place pour encore plus rĂ©vĂ©ler l’ intensitĂ© et la prĂ©sence de Sa Brillance.
Lorsqu’il n’y a plus rien Ă ajouter, au terme de mon Ćuvre, une joie et une paix sont lĂ , simplement mais Ă©phĂ©mĂšres jusqu’Ă une prochaine concrĂ©tisation.
Brigitte Deris
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On pourra également apprécier les peintures de Brigitte sur une galerie figurant sur le site de Témoins
http://www.temoins.com/culture-et-societe/galleries/category/7-brigittederis.html
par jean | Fév 15, 2012 | ARTICLES, Société et culture en mouvement |
La troisiÚme révolution industrielle
Une crise Ă©conomique et financiĂšre, inĂ©galĂ©e depuis des dĂ©cennies, atteint aujourdâhui beaucoup de gens et se fait entendre Ă travers des dĂ©bats ininterrompus dans les mĂ©dias ou sur la scĂšne publique. Sur les causes comme sur les remĂšdes, sâexpriment des analyses et des opinions variĂ©es, souvent contradictoires. Pour Ă©chapper Ă lâanxiĂ©tĂ© qui peut en rĂ©sulter, on a besoin dâun Ă©clairage Ă la hauteur de la dimension du phĂ©nomĂšne dans lâespace et dans le temps. Au delĂ de la conjoncture oĂč on peut voir lâinconscience ou la malveillance de certains acteurs, la comprĂ©hension de cette crise nâappelle-t-elle pas une analyse et une prise en compte dâun changement profond dans les conditions de la production et de la consommation, les modes de communication et les comportements correspondants ?
Au long des derniĂšres annĂ©es, nous avons cherchĂ© des rĂ©ponses Ă ces questions. Nous venons de trouver un éclairage pertinent dans un livre qui vient de paraĂźtre : « La TroisiĂšme RĂ©volution Industrielle » (1). Lâauteur, JĂ©rĂ©mie Rifkin, est un Ă©conomiste amĂ©ricain, engagĂ© depuis trente ans dans une rĂ©flexion prospective et expert consultĂ© par des gouvernants et des personnalitĂ©s politiques dans de nombreux pays. En ce dĂ©but du XXIĂš siĂšcle, JĂ©rĂ©mie Rifkin a travaillĂ© tout particuliĂšrement en Europe en inspirant notamment une dĂ©claration du Parlement europĂ©en prenant position en faveur dâune troisiĂšme rĂ©volution industrielle (p 105). Il est lâauteur de plusieurs ouvrages de synthĂšse et de prospective comme : « Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de lâempathie » (2). Quelles rĂ©ponses JĂ©rĂ©mie Rifkin apporte-t-il Ă quelques unes de nos interrogations majeures ?
Les origines de la crise Ă©conomique et financiĂšre.
Tout dâabord, par delĂ les causes immĂ©diates, la crise Ă©conomique et financiĂšre actuelle a-t-elle une origine plus profonde ? De fait, elle apparaĂźt comme la consĂ©quence de la fin de la deuxiĂšme rĂ©volution industrielle fondĂ©e sur lâutilisation du pĂ©trole et des autres Ă©nergies fossiles. Cette civilisation industrielle est aujourdâhui Ă bout de souffle. Et, Ă cet Ă©gard, lâĂ©volution de lâĂ©conomie amĂ©ricaine est instructive. Dans la seconde moitiĂ© du XXĂš siĂšcle, « la conjonction de lâĂ©lectricitĂ© centralisĂ©e, de lâĂšre du pĂ©trole,de lâautomobile et de la construction de banlieues pavillonnaires a dâabord suscitĂ© un grand essor Ă©conomique qui a pris fin dans les annĂ©es 80 » (p 40). Pour maintenir la progression, on sâest alors appuyĂ© sur lâĂ©pargne accumulĂ©e dans les dĂ©cennies prospĂšres et sur des pratique de crĂ©dit facile. Cette ressource sâest Ă©puisĂ©e. La bulle de lâimmobilier a Ă©clatĂ© en 2007 et une grande rĂ©cession a alors commencĂ©. « La bulle du crĂ©dit et la crise financiĂšre ne se sont pas produites sous vide. Elles sont issues de la dĂ©cĂ©lĂ©ration de la deuxiĂšme rĂ©volution industrielle. Câest le mariage du pĂ©trole abondant, bon marchĂ© et de lâautomobile qui a conduit lâAmĂ©rique au sommet de lâĂ©conomie mondiale dans les annĂ©es 80âŠÂ » (p 40). Cette richesse a Ă©tĂ© ensuite dilapidĂ©e pour continuer Ă faire tourner artificiellement le moteur Ă©conomique Ă plein rĂ©gime. La consommation exacerbĂ©e a entraĂźnĂ© une hausse du prix du pĂ©trole. « Celui-ci a atteint le cours record de 147 dollars en juillet 2008. Soixante jours plus tard, la communautĂ© bancaire asphyxiĂ©e par les prĂȘts non remboursĂ©s a fermĂ© le robinet du crĂ©dit. La Bourse sâest effondrĂ©e et la mondialisation sâest arrĂȘtĂ©e » (p 40).
Il faut ajouter Ă ce diagnostic, une vision Ă plus long terme. Il y a une autre dette, beaucoup plus lourde et difficile Ă rembourser. « La facture entropique des premiĂšre et deuxiĂšme rĂ©volutions industrielles arrive Ă Ă©chĂ©ance » (p 42). Les consĂ©quences de la quantitĂ© de dioxyde de carbone envoyĂ© dans lâatmosphĂšre terrestre se font maintenant sentir et il en rĂ©sulte une grave menace de changement climatique.
Une nouvelle orientation économique : la troisiÚme révolution industrielle.
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Le diagnostic Ă©tant posĂ©, un changement de cap radical sâimpose. Or il y a bien un avenir nouveau qui peut se dessiner Ă partir du potentiel technologique actuel . Ici JĂ©rĂ©mie Rifkin commence Ă nous ouvrir un nouvel horizon. Et il nous dit comment il a dĂ©couvert progressivement cette voie nouvelle : « Au cours de mes investigations, jâai fini par comprendre que les grandes Ă©volutions Ă©conomiques de lâhistoire se produisent quand de nouvelles technologies de communication convergent avec de nouveaux systĂšmes dâĂ©nergie » (p 12) Or cette conjonction est en cours aujourdâhui : « La technologie dâinternet et les Ă©nergies renouvelables sont en voie de fusionner pour crĂ©er une puissante infrastructure nouvelle, celle dâune troisiĂšme rĂ©volution industrielle qui va changer le monde ».
Quels sont les éléments constitutifs de cette révolution ? Elle repose sur cinq « piliers » en interrelation :
1 « le passage aux énergies renouvelables.
2 La transformation du parc immobilier de tous les continents en un ensemble de microcentrales énergétiques qui collectent sur site des énergies renouvelables.
3 Le dĂ©ploiement de la technologie de lâhydrogĂšne et dâautres techniques de stockage dans chaque immeuble et dans lâensemble de lâinfrastructure pour stocker les Ă©nergies intermittentes.
4 Lâutilisation de la technologie dâinternet pour transformer le rĂ©seau Ă©lectrique de tous les continents en interrĂ©seaux de partage de lâĂ©nergie fonctionnant exactement comme internet.
5 Le changement des moyens de transport par passage aux vĂ©hicules Ă©lectriques branchables ou Ă pile Ă combustible capables dâacheter et de vendre de lâĂ©lectricitĂ© sur un rĂ©seau Ă©lectrique continental intelligent » (p 58).
 A économie nouvelle, nouvelle organisation sociale.
Une transformation aussi profonde dans les modes de production, de consommation et de communication va sâaccompagner dâun changement majeur dans nos comportements et du dĂ©veloppement dâune nouvelle organisation sociale et politique. Comme les deux prĂ©cĂ©dentes, la troisiĂšme rĂ©volution industrielle « va changer radicalement tous les aspects de notre façon de travailler et de vivre ». « Lâorganisation verticale traditionnelle, typique dâune si large part de la vie Ă©conomique, sociale et politique des rĂ©volutions industrielles fondĂ©es sur lâĂ©nergie fossile, est en train de cĂ©der la place Ă des relations distribuĂ©s et coopĂ©ratives dans lâĂšre industrielle verte Ă©mergente. Le changement profond de lâorganisation mĂȘme de la sociĂ©tĂ© est en cours. Nous nous Ă©loignons du pouvoir hiĂ©rarchique et nous nous rapprochons du pouvoir latĂ©ral » (p 16). Câest un nouvel horizon qui sâouvre devant nous. « La troisiĂšme rĂ©volution industrielle va poser les bases dâune Ăšre coopĂ©rative Ă©mergente. La mise en place de son infrastructure va crĂ©er pendant quarante ans des centaines de milliers dâentreprises nouvelles et des centaines de millions dâemplois nouveaux. Ce sera une Ăšre nouvelle caractĂ©risĂ©e par le comportement coopĂ©ratif, les rĂ©seaux sociaux et les petites unitĂ©s de main dâĆuvre technique et spĂ©cialisĂ©e (p 16). « Traditionnellement, le pouvoir sâorganise verticalement. Câest une pyramide. Mais aujourdâhui, lâĂ©nergie coopĂ©rative libĂ©rĂ©e par la conjonction de la technologie dâinternet et des Ă©nergies renouvelables restructure fondamentalement les relations humaines. Elles ne vont plus de haut en bas, mais cĂŽte Ă cĂŽte et les consĂ©quences sont immenses pour lâavenir de la sociĂ©té » (p 17).
LâĂ©volution de lâemploi. Un avenir pour la sociĂ©tĂ© civile.
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Dans les dĂ©cennies qui viennent, la mise en Ćuvre de cette nouvelle organisation Ă©conomique va ĂȘtre source dâemploi, alors que les gains de productivitĂ© (et pas seulement la dĂ©localisation !) amenaient peu Ă peu un dĂ©veloppement du chĂŽmage dans la pĂ©riode qui vient de sâĂ©couler. Cependant, quand nous nous approcherons du milieu du siĂšcle, lâactivitĂ© Ă©conomique sera de plus en plus supervisĂ©e par des substituts technologiques intelligents ce qui permettra Ă une grande partie de lâhumanitĂ© libĂ©rĂ©e de ces tĂąches, de crĂ©er du capital social dans une sociĂ©tĂ© civile Ă but non lucratif qui deviendra le secteur dominant dans la seconde moitiĂ© du XXIĂš siĂšcle » (p 17).
Câest dans cette perspective que se pose Ă long terme le problĂšme de lâemploi. « Aujourdâhui, les quatre grands secteurs Ă©conomiques : lâagriculture, lâindustrie, les services et le domaine des soins et de lâexpĂ©rientiel remplacent tous leur main-dâĆuvre salariĂ©e par de petites Ă©quipes extrĂȘmement qualifiĂ©es et de technologies intelligentes de plus en plus raffinĂ©es et agiles. Donc que va-t-il se passer pour les millions de salariĂ©s des mains-dâĆuvre de masse de lâĂšre industrielle quand le monde aura dĂ©passĂ© le stade infrastructurel de la troisiĂšme rĂ©volution industrielle pour entrer dans lâĂšre coopĂ©rative pleinement distribuĂ©e⊠Dans ces conditions, le problĂšme nâest plus de chercher comment recycler la main- dâĆuvre, mais de dĂ©finir ce que lâon entend par travail.. (p 374).
Il reste quatre secteurs oĂč lâon peut trouver du travail : le marchĂ©, lâEtat, lâĂ©conomie informelle et la sociĂ©tĂ© civile. JĂ©rĂ©mie Rifkin dĂ©finit la sociĂ©tĂ© civile comme le lieu «oĂč les humains crĂ©ent du capital social, et elle est constituĂ©e dâun large Ă©ventail de centres dâintĂ©rĂȘt : les organisations religieuses et culturelles, lâĂ©ducation,la recherche, la santĂ©, les services sociaux, les sport, les associations de protection de lâenvironnement, les activitĂ©s de loisir et les multiples association de soutien dont lâobjectif est de crĂ©er du lien social » (p 374). De fait, dĂšs maintenant, le secteur « à but non lucratif » est une rĂ©alitĂ© sociale et Ă©conomique. Et on constate quâil attire de plus en plus de jeunes. « On voit bien pourquoi : distribuĂ© et coopĂ©ratif par nature, ce secteur est une option plus attrayante pour une gĂ©nĂ©ration qui a grandi sous internet et est engagĂ©e dans les rĂ©seaux sociaux, eux aussi distribuĂ©s et coopĂ©ratifs ».
Ainsi la pensĂ©e de JĂ©rĂ©mie Rifkin nous ouvre un horizon : « Si dans le prochain demi-siĂšcle, nous rĂ©ussissons Ă satisfaire les besoins physiques de notre espĂšce âun grand si- les prĂ©occupations transcendantes deviendront probablement une force motrice toujours plus importante de la pĂ©riode suivante de lâhistoire de lâhumanité » (p 17). Dans ce temps de crise, voici une rĂ©flexion qui va alimenter notre rĂ©flexion et nourrir le dialogue.
JH
(1)           Rifkin (JĂ©rĂ©mie). La TroisiĂšme RĂ©volution Industrielle. Comment le pouvoir latĂ©ral va transformer lâĂ©nergie, lâĂ©conomie et le monde. LLL Les liens qui libĂšrent, 2012. Edition originale : The third industrial revolution, 2011
Rifkin (JĂ©rĂ©mie). Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de lâempathie. LLL Les liens qui libĂšrent, 2011. Commentaire sur ce blog : la force de lâempathie 26 octobre 2011. Mise en perspective sur le site de TĂ©moins : http://www.temoins.com/etudes/vers-une-civilisation-de-l-empathie.-a-propos-du-livre-de-jeremie-rifkin.apports-questionnements-et-enjeux.html
par | Sep 18, 2012 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Vision et sens |
Face Ă un danger dâaccident, une expĂ©rience rapportĂ©e par Odile Hassenforder (« Sa prĂ©sence dans ma vie »).
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Quelques annĂ©es aprĂšs la transformation engendrĂ©e par le vĂ©cu dâune guĂ©rison dans lâEsprit et accompagnĂ©e par une lecture rĂ©guliĂšre et inspirĂ©e de la parole biblique, Odile nous rapporte lâexpĂ©rience dâun risque dâaccident et les sentiments et les pensĂ©es que cet incident a suscitĂ© en elle.
En Christ, son ĂȘtre intĂ©rieur est dĂ©sormais en sĂ»retĂ©, dans un ressenti dâintĂ©gritĂ© et de confiance. Elle constate Ă©galement les effets de sa frĂ©quentation des textes bibliques dans lâinspiration de lâEsprit. «La Bible nâest pas une simple histoire Ă comprendre intellectuellement ou Ă adopter comme modĂšle de conduite. Câest beaucoup plus que cela et autre chose⊠Jâai dĂ©couvert quâelle est semence. Je demande Ă LâEsprit de faire germer cette semence en moi. Je nâen vois les fruits que lorsquâil y a corrĂ©lation avec la rĂ©alitĂ© concrĂšte⊠Je rĂ©alise lâimportance pour moi de me laisser imprĂ©gner par les Ecritures pour devenir ce sarment accrochĂ© Ă la vigne dont JĂ©sus est le cepâŠÂ ».      Â
La nuit est noire. Il pleuvaitâŠ
La nuit est noire. Il pleuvait. Un chapelet de feux rouges devant moi. Je suis emportĂ©e dans le flot des voitures. Il est tard et lâĂ©tape est encore loin.
Je regarde le compteur : 140. Jâai un coup au cĆur. Une angoisse mâassaille. Un moindre incident, un petit coup de volant pour Ă©viter une pierre ou une voiture qui change de file et jâenvoie la famille dans les dĂ©cors. En un Ă©clair, jâenvisage le pire : un enfant qui peut rester orphelin. Tout en prenant instinctivement une allure plus raisonnable, une conviction intĂ©rieure mâapaise. Jâai confiĂ© mon fils au Seigneur, jâai confiance : il ne sera pas « cassé ». Cette expression voulait dire pour moi quâil ne connaĂźtrait pas, comme je lâavais connue, la destruction de lâĂȘtre, car Dieu est en lui. MĂȘme orphelin, il aurait cette vie intĂ©rieure qui le ferait rebondir.
Plus rien ne peut mâatteindre. Le Seigneur ne mâabandonne pasâŠ
Cette conviction mâa tellement imprĂ©gnĂ©e quâelle fait partie de mon ĂȘtre : la vie, qui, malgrĂ© les apparences visibles, ressurgit pour demeurer Ă©ternellement. Je reconnais lĂ que la Parole de Dieu est bien une semence qui a poussĂ© sans que jây prenne garde, jour et nuit, et qui, Ă cet instant, porte ses fruits. Au moment de lâĂ©vĂ©nement, il ne mâest pas revenu Ă lâesprit telle ou telle parole de JĂ©sus en tels versets bibliques, mais une rĂ©alitĂ© intĂ©rieure imprĂ©gnĂ©e en moi. JâĂ©tais dans lâĂ©tat dâesprit du salut Ă©ternel apportĂ© par JĂ©sus. Plus rien ne peut mâatteindre. Le Seigneur ne mâabandonne pas moi et ma maison.
La Bible est une semence. Je demande Ă lâEsprit de faire germer cette semence en moiâŠ
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        Ainsi la Bible nâest pas une simple histoire Ă comprendre intellectuellement ou Ă sâimprĂ©gner comme modĂšle de conduite. Câest beaucoup plus que cela et autre chose. Avant dâavoir dĂ©couvert lâaction de lâEsprit en moi, je cherchais dans les Ă©vangiles, que jâavais lus en entier, une conduite Ă suivre. Je mâappliquais Ă suivre une morale qui me paraissait supĂ©rieure aux conduites humaines. CâĂ©tait une nourriture extĂ©rieure Ă moi que jâessayais de digĂ©rer au mieux. Jâai dĂ©couvert depuis quâelle est semence. Je ne comprends pas toujours, mais avant de lire les Ecritures, je me mets en Ă©tat de rĂ©ceptivitĂ©. Je demande Ă lâEsprit de faire germer cette semence en moi. Je nâen vois les fruits que lorsquâil y a une corrĂ©lation avec la rĂ©alitĂ© concrĂšte que je vois. Il y a alors expĂ©rience de la vie de Dieu en moi. Il peut se passer des mois, des annĂ©es entre telle lecture et la rĂ©alisation de sa signification. Elle devient signifiante pour moi Ă lâexpĂ©rience. Dans ce laps de temps, la graine a germĂ© sans que je mâen aperçoive. Elle devient un arbre qui peut porter ainsi beaucoup de fruits. Câest pourquoi je rĂ©alise lâimportance pour moi de me laisser imprĂ©gner par les Ecritures pour devenir ce sarment rattachĂ© Ă la vigne dont JĂ©sus se dit la plante. « Je suis la plante de vigne, vous ĂȘtes les branches. Celui qui demeure uni Ă moi et Ă qui je suis uni, porte beaucoup de fruit (le fruit de lâEsprit), car vous ne pouvez rien faire sans moi » (Jean 15.5). Cette union Ă JĂ©sus, pour moi aujourdâhui, se rĂ©alise dans la lecture des Ecritures qui deviennent signifiantes Ă lâĂ©vĂ©nement vĂ©cu antĂ©rieurement ou ultĂ©rieurement, dans la priĂšre qui est don de soi, rĂ©ceptivitĂ© et louange, et enfin dans la vie qui est parfois interrogation, attente de signification, parfois vision du sens vital.
Odile Hassenforder
Ce texte est extrait dâun chapitre du livre : « Sa prĂ©sence dans ma vie » (p 47-48) : Hassenforder (Odile). Sa prĂ©sence dans ma vie. Empreinte, 2011. Ce livre a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© sur le site de TĂ©moins : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html. Le tĂ©moignage et la pensĂ©e dâOdile Hassenforder apparaissent dans plusieurs articles de ce blog.
par jean | Sep 18, 2012 | ARTICLES, Société et culture en mouvement, Vision et sens |
Un espoir pour lâavenir humain
Le Royaume de Dieu en train de venir.
Selon quel horizon vivons-nous ? RĂ©duisons-nous plus ou moins notre vision Ă notre condition prĂ©sente jusquâĂ ce que nous passions Ă un autre Ă©tat ? Ou nous sentons-nous en marche vers un univers nouveau oĂč Dieu sera tout en tous ? En route dans le Royaume de Dieu, percevons-nous lâĆuvre de lâEsprit en nous, autour de nous et dans le monde ? Comment faisons-nous la relation entre lâĆuvre vivifiante de lâEsprit et notre prĂ©sence dans le monde ? Vivons-nous plus ou moins sur la dĂ©fensive dans un monde relativement clos ou, au contraire, avançons nous librement et avec empathie dans un espace ouvert en sachant que lâEsprit de Dieu nous conduit dans lâespĂ©rance ?
« Puisse le Dieu de lâEspĂ©rance vous remplir de toute joie et toute paix dans la foi, de telle maniĂšre que, par la puissance du Saint Esprit, vous puissiez abonder en espĂ©rance, Ă©crit Paul aux Romains (Romains 15-13).
JĂŒrgen Moltmann nous montre combien cet accent est original, unique parmi les diffĂ©rentes religions. « Nulle part ailleurs dans le monde des religions, Dieu est ainsi associĂ© Ă un espoir humain pour lâavenir⊠Le futur est un Ă©lĂ©ment essentiel de la foi, qui est spĂ©cifiquement chrĂ©tien. Câest la foi de PĂąques.. La foi signifie vivre dans la prĂ©sence de Christ ressuscitĂ© et nous mouvoir dans le Royaume de Dieu qui vient. Notre expĂ©rience de la vie quotidienne prend place dans une attente crĂ©ative de Christ en train de venir. Nous attendons et nous avançons, nous espĂ©rons et nous endurons, nous prions et observons, nous sommes Ă la fois patients et curieux. » (p. 87-88).
 La vision chrĂ©tienne de lâespĂ©rance nous parle de JĂ©sus-Christ et de lâavenir quâil nous ouvre. A ce point, il est important dâavoir une juste reprĂ©sentation. « Si nous parlons uniquement de la « seconde venue » du Christ, le prĂ©sent est vide et tout ce qui nous est laissĂ© est dâattendre quelque jugement final⊠Mais si nous parlons de Christ qui vient, il est dĂ©jĂ Â dans le processus de venir, et, dans la puissance de lâespĂ©rance, nous nous ouvrons nous-mĂȘme aujourdâhui avec tous nos sens aux expĂ©riences qui marquent sa venue » (p. 89).
 Ce sont des « paraboles du royaume de Dieu en train de venir » (p.92). Nous pouvons connaĂźtre dĂ©jĂ ici et maintenant quelque chose de la guĂ©rison et de la nouvelle crĂ©ation de toutes choses que nous attendons dans lâavenir. Dans son royaume, Dieu commence Ă se manifester sur la terre »
Et si nous partagions notre regard sur ce que nous percevons de lâĆuvre de Dieu dans le monde dâaujourdâhui ?
 J. H.
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Source :
JĂŒrgen Moltmann. In the endâŠthe beginning. Fortress Press, 2004
Chapitre : The living power of hope. p. 87-95
Ce livre vient dâĂȘtre traduit en français : JĂŒrgen Moltmann. De commencements en recommencements. Une dynamique dâespĂ©rance. Empreinte, 2012
Le texte intégral : www.laparolequidonnelavie.com
par | Mar 17, 2013 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Hstoires et projets de vie |
Lâapproche pĂ©dagogique de Britt-Mari Barth
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A travers ses recherches et les livres dans lesquels celles-ci sont exposĂ©es, Britt-Mari Barth propose une nouvelle maniĂšre dâenseigner. Mais, en quoi les pratiques traditionnelles deviennent-elles aujourdâhui contre productives ?
Les pratiques traditionnelles deviennent contreproductives dans ce sens quâelles ne prennent pas en compte ce quâon sait aujourdâhui sur la façon dont on  apprend. Traditionnellement, le savoir est conçu comme un « contenu » quâon expose Ă des Ă©lĂšves qui doivent Ă©couter passivement et prendre des notes â pour ensuite mĂ©moriser ce contenu – on prĂ©suppose que câest la clartĂ© du lâexposĂ© qui compte. Si le « message » est clair (cf le schĂ©ma de la communication de Shannon) et si lâĂ©lĂšve est attentif et Ă©coute, il devrait apprendre. Dans cette approche , câest le message qui compte, on ne sâoccupe pas de la maniĂšre dont lâĂ©lĂšve va recevoir ce  message, sâil lâa compris ou pas, si cela fait sens pour lui ou non. Câest comme si les mots Ă©taient le sens et quâil suffit de les apprendre pas cĆur pour avoir « appris ». Mais pour apprendre, il ne suffit pas de mĂ©moriser des rĂ©ponses, il faut comprendre le sens â et cela demande une autre approche pĂ©dagogique. La comprĂ©hension et la capacitĂ© dâagir avec le savoir devient dâautant plus important que nous prenons conscience des dĂ©fis nouveaux qui marquent notre temps. Tous les futurs citoyens ont besoin de comprendre les enjeux de la sociĂ©tĂ© aujourdâhui. Lâinformation est disponible par un simple clique, mais les Ă©lĂšves ont besoin de savoir faire des liens, de comprendre et de poser les bonnes questions, de localiser et de choisir lâinformation pertinente, de la vĂ©rifier,de sâen servir⊠Il sâagit lĂ des capacitĂ©s intellectuelles quâon doit apprendre et s âexercer Ă mettre en oeuvre Ă lâĂ©cole.
Britt-Mari Barth a un parcours original, puisque de nationalitĂ© suĂ©doise, elle est venue sâinstaller en France. MĂšre de trois enfants en Ăąge scolaire, elle a portĂ© un regard neuf sur lâenseignement français. A partir de lĂ , elle a commencĂ© Ă imaginer une pratique innovante.
Justement, je voulais inviter les Ă©lĂšves Ă participer Ă des activitĂ©s qui les incitaient Ă rĂ©flĂ©chir, Ă chercher Ă comprendre, Ă participer Ă des interactions, Ă trouver un intĂ©rĂȘt Ă cette recherche de sens, un peu comme des chercheurs le font⊠Pour cela jâai conçu des « scĂ©narios », qui peuvent se comparer Ă des jeux de sociĂ©tĂ©, avec des rĂšgles quâil faut suivre pour atteindre le but. Ces scĂ©narios proposent une activitĂ©Â Ă laquelle les Ă©lĂšves participent, en collaboration avec les autres, pour produire quelque chose qui a du sens pour eux. LâactivitĂ© doit avoir un dĂ©but et une fin, offrir quelque dĂ©fi, sans ĂȘtre trop difficile. Il faut que les Ă©lĂšves comprennent le but de lâactivitĂ©, et quâils sachent que lâenseignant est lĂ pour les aider en cas de besoin et quâon a le droit Ă faire des erreurs. En expĂ©rimentant ces scĂ©narios en classe, on pouvait remarquer que non seulement les Ă©lĂšves apprenaient mieux â ils comprenaient le sens de ce quâil fallait apprendre â mais ils y prenaient plaisir ! Du coup, ils sâen souvenaient mieux et pouvaient mieux se servir de ce quâils avaient appris – et ils prenaient confiance en leur capacitĂ© dâapprendre.
Britt-Mari Barth est devenue progressivement chercheur en pédagogie. Elle en est venue à proposer une nouvelle approche pédagogique. Quelles en sont les caractéristiques ?
En observant ce qui se passait en classe, jâai voulu mieux comprendre les raisons de cette « rĂ©ussite » : quelles Ă©taient les conditions mises en Ćuvre qui avaient favorisĂ© les apprentissages ? Jâen ai trouvĂ© cinq , quâon pourrait appeler les « points incontournables » pour lâenseignant afin de guider les Ă©lĂšves vers la co-construction du sens.
Les deux premiĂšres conditions se trouvent en amont de « la leçon ». Elles soulignent lâimportance de bien dĂ©finir le savoir Ă enseigner et ceci en prenant en compte la façon dont les Ă©lĂšves doivent faire la dĂ©monstration de leur comprĂ©hension. Apprendre quoi ? Pour faire quoi ? Lâenjeu pour lâenseignant est de ne pas avoir une conception trop statique du savoir, sous forme dâune dĂ©finition abstraite, mais de savoir le transformer en des situations qui le rendent vivant, qui donnent accĂšs au sens. Pour cela, il faut des situations ou des exemples vairĂ©s, permettant Ă chacune de cibler le sens. Tous les savoirs peuvent sâexprimer dans des formes et des langages diffĂ©rents, il sâagit de multiplier et de varier ces formes selon le contexte et le but recherchĂ©. Ces situations du savoir-en-action vĂ©hiculent le sens dâune façon plus directe que des explications abstraites. Les situations-exemples sont donc une entrĂ©e pour se familiariser avec un contenu abstrait. Des contre-exemples, par leur contraste, peuvent aider Ă cerner, limiter le sens. Car, in fine, il sâagit de pouvoir exprimer le sens avec les mots justes â mais le sens nâest pas un dĂ©jĂ -lĂ . Il faut que chacun le construise.
La troisiĂšme condition souligne lâimportance de solliciter lâintention dâapprendre des Ă©lĂšves. Le rĂŽle de lâenseignant est ici essentiel. Câest son propre engagement et son invitation aux Ă©lĂšves Ă relever un dĂ©fi qui vont dâabord leur donner envie de se lancer dans les activitĂ©s proposĂ©es. Mais les Ă©lĂšves ont Ă©galement besoin de se sentir en sĂ©curitĂ© lors des situations dâapprentissage, de savoir que lâenseignant est lĂ pour les aider. Cette attitude, ou posture de lâenseignant est au cĆur de lâapproche et les « scĂ©narios pour apprendre » sont conçus dans cet esprit. La motivation peut alors se construire au fur et Ă mesure que le travail avance et que les Ă©lĂšves y trouvent un sens personnel.Â
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La quatriĂšme condition met au centre la façon dont lâenseignant sollicite, guide et accompagne la rĂ©flexion des Ă©lĂšves. Il le fait en leur proposant de bons supports pour la pensĂ©e â avec quoi et avec qui les Ă©lĂšves vont-ils penser ? ⊠C’est dans l’espace mĂȘme de l’activitĂ© rĂ©flexive et du dialogue que le sens s’Ă©labore, lâattention des Ă©lĂšves Ă©tant guidĂ©e par le choix et lâordre des exemples, par le contraste des contre-exemples, par les questions et lâĂ©coute de lâenseignant. Lâincitation systĂ©matique Ă justifier sa rĂ©ponse oblige Ă anticiper la cohĂ©rence de ses propos et invite Ă lâargumentation. On nâest plus uniquement dans un « monde sur papier », un monde abstrait, mais dans une activitĂ©Â collective qui conduit Ă relier – dans un aller-retour continu – la connaissance abstraite Ă son rĂ©fĂ©rent concret. On passe par les expĂ©riences contextualisĂ©es pour les insĂ©rer dans une unitĂ© plus large qui lui donne sens.
Progressivement, les Ă©lĂšves comprennent que ces « outils de pensĂ©e » sont valables dans dâautres situations. Ce qui nous amĂšne Ă la cinquiĂšme condition.
La cinquiĂšme condition nous mĂšne vers la mĂ©tacognition. Celle-ci consiste Ă faire un retour rĂ©flexif sur sa pensĂ©e pour en prendre conscience. La mĂ©tacognition a pour but dâĂ©largir le champ de la conscience des apprenants et donc leur capacitĂ© Ă rĂ©utiliser ce quâils ont appris dans des contextes diffĂ©rents. Elle permet ainsi de devenir davantage conscient de ce que lâon sait, de comprendre comment on a appris, ce qui permet, progressivement, de mobiliser ses connaissances et de reproduire ces processus dans un autre contexte.
Ces cinq « points incontournables » :
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– dĂ©finir le savoir Ă enseigner
– exprimer le sens dans des formes concrĂštes
– engager les apprenants
– guider le processus
– prĂ©parer au transfert des connaissances
peuvent alors constituer une grille dâanalyse pour guider le travail de          lâ enseignant.
La recherche de Britt-Mari Barth sâest immĂ©diatement inscrite dans une perspective internationale. Ainsi a-t-elle pu bĂ©nĂ©ficier de lâapport de quelques chercheurs rĂ©putĂ©s. En quoi cet apport a-t-il Ă©clairĂ© cette recherche ?
Jâai eu de la chance, dĂ©s mes dĂ©buts, de rencontrer des Ćuvres et des personnes qui ont guidĂ© et inspirĂ© mon travail. Dâabord, Jerome Bruner, psychologue amĂ©ricain, un des pionniers de la psychologie cognitive et qui a changĂ© notre vision du dĂ©veloppement humain. A une Ă©poque oĂč  lâinconscient de Freud Ă©tait au programme dans la formation des enseignants, lâidĂ©e de la conscience , avec la mĂ©tacognition (revenir sur sa pensĂ©e pour en prendre conscience), est venue nous surprendre. Bruner montrait lâimportance de « lâattention conjointe » pour pouvoir penser ensemble et dâavoir une structure dâinteraction pour guider et soutenir la rĂ©flexion. Plus tard, jâai connu Howard Gardner qui Ă©tait un des premiers thĂ©oriciens Ă nous faire la dĂ©monstration quâil nây a pas quâune seule « intelligence gĂ©nĂ©rale » qui fonctionne partout : on lâa ou lâon ne lâa pas, et cela se mesure en Q.I. dĂšs lâĂąge de trois ans ⊠Au contraire, il y a des « potentialitĂ©s » de modes cognitifs diffĂ©rents et multiples, qui sâexpriment dans diverses tĂąches ou divers contextes culturels. Il nây a donc pas dâ « intelligence pure » qui sâexercerait hors contexte. Pour ĂȘtre « intelligent » dans un domaine donnĂ©, il faut apprendre Ă utiliser les langages symboliques qui expriment chaque domaine de savoir. DâoĂč lâimportance de bien les enseigner. Par ailleurs, chaque intelligence peut ĂȘtre mobilisĂ© dans un large ensemble de domaines. Cela invite Ă varier les activitĂ©s et le contextes jusquâĂ ce quâon ait atteint un « terrain commun » dâoĂč le sens peut Ă©merger . Ce dernier point me semble trĂšs important et câest le biologiste Francisco Varela qui mâa permis de bien le comprendre. Il montre que chaque personne a une  structure cognitive interne qui se dĂ©veloppe de façon autonome, il faut donc respecter cela si lâon veut amener un Ă©lĂšve Ă changer de « structure », de comprĂ©hensionâŠ
Les propositions de Britt-Mari Barth intervient Ă une Ă©poque oĂč les reprĂ©sentations et les comportements changent constamment. En quoi cette nouvelle maniĂšre dâenseigner rĂ©pond-elle au changement dans les mentalitĂ©s ?
Nous sommes beaucoup plus conscients aujourdâhui du besoin des interactions pour apprendre. Nous nâapprenons pas seuls, nous apprenons par interaction, avec les autres et avec les « outils de pensĂ©e » que notre environnement nous rend accessibles. Cela se remarque dâautant plus aujourdâhui que nous vivons une mutation technologique, une rĂ©volution portĂ©e par le numĂ©rique, une « « culture multi-mĂ©dia ». Issus de cette « cyberculture », qualifiĂ©s de « digital natives », les Ă©lĂšves ont Ă©galement changĂ© et ils ne viennent plus Ă lâĂ©cole avec les mĂȘmes attentes â et lâĂ©cole ne peut plus lâignorer. Ils sont experts en nouvelles technologies et ils ont lâhabitude dâĂȘtre en communication constante sur les rĂ©seaux sociaux. Il y a un rapport nouveau au savoir et Ă lâapprentissage, Ă©lĂšves et professeurs ont accĂšs aux mĂȘmes informations. Les mutations actuelles de notre sociĂ©tĂ© laissent penser que la nature de lâenseignement et de la formation va ĂȘtre amenĂ©e Ă changer radicalement. Cela ne veut pas dire que lâĂ©cole est moins indispensable quâavant, mais les rĂŽles des enseignants et des Ă©lĂšves ont changĂ©. Les propositions que jâai faites vont dans ce sens, elles offrent plus de place aux Ă©lĂšves « dâapprendre ensemble », de participer activement Ă la construction de leur savoir.
Britt-Mari Barth travaille avec des professeurs innovants, mais ses livres sâadressent Ă tous les enseignants. Comment ses idĂ©es sont-elles reçues ?
Au fil des annĂ©es, jâai formĂ© un grand nombre dâenseignants, y compris dans les classes. Jâai Ă©tĂ© agrĂ©ablement surprise de lâenthousiasme avec lequel les enseignants ont reçu ces « outils » et les ont mis en Ćuvre Ă leur maniĂšre. Je pense que cela sâexplique par le fait que quand la confiance mutuelle sâinstalle dans une tĂąche avec un but commun, un langage commun, avec des outils pertinents qui permettent une certaine prise sur la rĂ©ussite de lâentreprise, cela donne une forte motivation de sâimpliquer, intellectuellement et affectivement. Et ce sont lĂ les conditions premiĂšres pour quâun apprentissage ait lieu. Le rĂŽle de lâenseignant change. Au lieu dâexposer son savoir, il le met au service des Ă©lĂšves pour quâils puissent construire le leur. Il devient un mĂ©diateur entre les Ă©lĂšves et le savoir, celui qui organise des rencontres avec ce dernier, dans ses formes vivantes, pour que tous les Ă©lĂšves puissent interagir avec ce savoir et entre eux. Il est Ă la fois lâinspirateur et le catalyseur, le modĂšle et lâaccompagnateur⊠câest un rĂŽle plus exigeant mais plus valorisant.
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Les usagers de lâenseignement : Ă©lĂšves, Ă©tudiants, parents, sont Ă©videmment particuliĂšrement concernĂ©s. Comment peuvent-ils participer Ă ce grand changement ?
Quand les Ă©lĂšves ou les Ă©tudiants deviennent plus conscients des mĂ©thodes et des outils pour apprendre, ils deviennent plus autonomes et dĂ©veloppent une plus grande aptitude Ă agir. Ils se sentent plus auteurs de leurs apprentissages et peuvent devenir plus responsables â pour eux-mĂȘmes et, pourquoi pas, pour les autres. Ils peuvent travailler entre eux, Ă lâaide des outils numĂ©riques, par exemple, en posant des questions⊠Avec une vision plus claire de ce que le savoir leur permet de faire, comme par exemple rĂ©soudre un problĂšme, analyser une situation ou une lecture, porter un jugement sur un Ă©vĂ©nement qui se passeâŠles apprentissages scolaires prennent plus de sens pour eux, ils peuvent en parler avec les parents qui peuvent Ă©galement apporter leur pierre Ă ce « savoir en construction ». La diversitĂ©, au lieu dâĂȘtre un obstacle, peut devenir un atout pour enrichir les connaissances.
Lâenseignement joue un rĂŽle majeur dans notre sociĂ©tĂ©. Quelle vision, Britt-Mari Barth nous communique-t-elle ?
Le nouveau « enseignant-mĂ©diateur » a changĂ© la vision quâil avait des apprenants, il ne se pose plus les mĂȘmes questions, il ne conçoit plus son rĂŽle de la mĂȘme façon. Il ne se pose plus la question de savoir si lâon a «couvert le programme », si les Ă©lĂšves sont attentifs, motivĂ©s, « bons », ou non. Ses questions concernent plutĂŽt la maniĂšre dont on peut utiliser les moyens qui existent (y compris les outils numĂ©riques) pour outiller les Ă©lĂšves Ă mieux penser et Ă mieux apprendre et Ă apprendre avec plus de plaisir : comment on peut les stimuler, leur proposer des dĂ©fis, leur donner envie dâapprendre⊠La motivation â et la confiance en soi â conçue comme une disposition Ă relever des dĂ©fis, prendre une initiative, ne pas craindre les erreurs, avoir de la persĂ©vĂ©rance⊠peut ainsi se construire. Ce nâest pas nouveau en soi, câest ce que les « bons enseignants » ont sans doute toujours fait⊠Mais il faudrait devenir plus conscient de ce que fait « un bon prof », comment il s ây prend⊠dans quel but⊠et former tous les enseignants Ă se poser de telles questions et Ă ĂȘtre outillĂ©s pour y rĂ©pondre.
Contribution de Britt-Mari Barth
Britt-Mari Barth est professeur Ă©mĂ©rite Ă lâInstitut SupĂ©rieur de PĂ©dagogie de lâInstitut Catholique de Paris oĂč elle enseigne depuis 1976 . Ses travaux sâinscrivent dans une approche socio-cognitive de la mĂ©diation des apprentissages et ont dĂ©bouchĂ© sur une approche pĂ©dagogique connue sous le nom de « Construction de concepts ». Ses travaux sont exposĂ©s dans deux livres fondamentaux : « Lâapprentissage de lâabstraction » et « Le savoir en construction » publiĂ©s aux Editions Retz. Britt-Mari Barth vient de publier un nouveau livre : « ElĂšve chercheur, enseignant mĂ©diateur. Donner du sens aux savoirs » aux Editions Retz et aux Ă©ditions CheneliĂšre, MontrĂ©al. Ses Ă©crits sont traduits en huit langues.
http://www.editions-retz.com/auteur-1127.html