Peindre, c’est aussi parler

Pour moi l’acte de peindre est en parallĂšle avec l’acte de parler.

Je préfÚre parler à Dieu que de parler de Dieu,

Et ce n’est pas si facile de mettre en paroles le mouvement de l’Ăąme !

Alors pour mettre en mots l’Invisible qui m’habite, rendre visible mon dialogue avec Lui. Ma passion va  manifester  simultanĂ©ment en  couleurs et formes cette LumiĂšre qui m’Ă©claire.

Pour faire transparaĂźtre cette ClartĂ©, j’ajoute une goutte ou du papier en or, pour mettre au jour ce Bien si prĂ©cieux.

L’existence de l’ombre Ă  sa place pour encore plus rĂ©vĂ©ler l’ intensitĂ© et la prĂ©sence de Sa Brillance.

Lorsqu’il n’y a plus rien Ă  ajouter, au terme de mon Ɠuvre, une joie et une paix sont lĂ , simplement mais Ă©phĂ©mĂšres  jusqu’Ă  une  prochaine concrĂ©tisation.

Brigitte Deris

 

 

 

On pourra également apprécier les peintures de Brigitte sur une galerie figurant sur le site de Témoins

http://www.temoins.com/culture-et-societe/galleries/category/7-brigittederis.html

 

 

Face Ă  la crise : un avenir pour l’économie

La troisiÚme révolution industrielle

 

Une crise Ă©conomique et financiĂšre, inĂ©galĂ©e depuis des dĂ©cennies, atteint aujourd’hui beaucoup de gens et se fait entendre Ă  travers des dĂ©bats ininterrompus dans les mĂ©dias ou sur la scĂšne publique. Sur les causes comme sur les remĂšdes, s’expriment des analyses et des opinions variĂ©es, souvent contradictoires. Pour Ă©chapper Ă  l’anxiĂ©tĂ© qui peut en rĂ©sulter, on a besoin d’un Ă©clairage Ă  la hauteur de la dimension du phĂ©nomĂšne dans l’espace et dans le temps. Au delĂ  de la conjoncture oĂč on peut voir l’inconscience ou la malveillance de certains acteurs, la comprĂ©hension de cette crise n’appelle-t-elle pas une analyse et une prise en compte d’un changement profond dans les conditions de la production et de la consommation, les modes de communication et les comportements correspondants ?

Au long des derniĂšres annĂ©es, nous avons cherchĂ© des rĂ©ponses Ă  ces questions. Nous venons de trouver un  Ă©clairage pertinent dans un livre qui vient de paraĂźtre : « La TroisiĂšme RĂ©volution Industrielle » (1). L’auteur, JĂ©rĂ©mie Rifkin, est un Ă©conomiste amĂ©ricain, engagĂ© depuis trente ans dans une rĂ©flexion prospective et expert consultĂ© par des gouvernants et des personnalitĂ©s politiques dans de nombreux pays. En ce dĂ©but du XXIĂš siĂšcle, JĂ©rĂ©mie Rifkin  a travaillĂ© tout particuliĂšrement en Europe en inspirant notamment une dĂ©claration du Parlement europĂ©en prenant position en faveur d’une troisiĂšme rĂ©volution industrielle (p 105). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages de synthĂšse et de prospective comme : « Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie » (2). Quelles rĂ©ponses JĂ©rĂ©mie Rifkin apporte-t-il Ă  quelques unes de nos interrogations majeures ?

 

Les origines de la crise Ă©conomique et financiĂšre.

 

Tout d’abord, par delĂ  les causes immĂ©diates, la crise Ă©conomique et financiĂšre actuelle a-t-elle une origine plus profonde ? De fait, elle apparaĂźt comme la consĂ©quence de la fin de la deuxiĂšme rĂ©volution industrielle fondĂ©e sur l’utilisation du pĂ©trole et des autres Ă©nergies fossiles. Cette civilisation industrielle est aujourd’hui Ă  bout de souffle. Et, Ă  cet Ă©gard, l’évolution de l’économie amĂ©ricaine est instructive. Dans la seconde moitiĂ© du XXĂš siĂšcle, « la conjonction de l’électricitĂ© centralisĂ©e, de l’ùre du pĂ©trole,de l’automobile et de la construction de banlieues pavillonnaires a d’abord suscitĂ© un grand essor Ă©conomique qui a pris fin dans les annĂ©es 80 » (p 40). Pour maintenir la progression, on s’est alors appuyĂ© sur l’épargne accumulĂ©e dans les dĂ©cennies prospĂšres et sur des pratique de crĂ©dit facile. Cette ressource s’est Ă©puisĂ©e. La bulle de l’immobilier a Ă©clatĂ© en 2007 et une grande rĂ©cession a alors commencĂ©. « La bulle du crĂ©dit et la crise financiĂšre ne se sont pas produites sous vide. Elles sont issues de la dĂ©cĂ©lĂ©ration de la deuxiĂšme rĂ©volution industrielle. C’est le mariage du pĂ©trole abondant, bon marchĂ© et de l’automobile qui a conduit l’AmĂ©rique au sommet de l’économie mondiale dans les annĂ©es 80  » (p 40). Cette richesse a Ă©tĂ© ensuite dilapidĂ©e pour continuer Ă  faire tourner artificiellement le moteur Ă©conomique Ă  plein rĂ©gime. La consommation exacerbĂ©e a entraĂźnĂ© une hausse du prix du pĂ©trole.  « Celui-ci a atteint le cours record de 147 dollars en juillet 2008. Soixante jours plus tard, la communautĂ© bancaire asphyxiĂ©e par les prĂȘts non remboursĂ©s a fermĂ© le robinet du crĂ©dit. La Bourse s’est effondrĂ©e et la mondialisation s’est arrĂȘtĂ©e » (p 40).

Il faut ajouter Ă  ce diagnostic, une vision Ă  plus long terme. Il y a une autre dette, beaucoup plus lourde et difficile Ă  rembourser. « La facture entropique des premiĂšre et deuxiĂšme rĂ©volutions industrielles arrive Ă  Ă©chĂ©ance » (p 42). Les consĂ©quences de la quantitĂ© de dioxyde de carbone envoyĂ© dans l’atmosphĂšre terrestre se font maintenant sentir et il en rĂ©sulte une grave menace de changement climatique.

 

Une nouvelle orientation économique : la troisiÚme révolution industrielle.

 

Le diagnostic Ă©tant posĂ©, un changement de cap radical s’impose. Or il y a bien un avenir nouveau qui peut se dessiner Ă  partir du potentiel technologique actuel . Ici JĂ©rĂ©mie Rifkin commence Ă  nous ouvrir un nouvel horizon. Et il nous dit comment il a dĂ©couvert progressivement cette voie nouvelle : « Au cours de mes investigations, j’ai fini par comprendre que les grandes Ă©volutions Ă©conomiques de l’histoire se produisent quand de nouvelles technologies de communication convergent avec de nouveaux systĂšmes d’énergie » (p 12) Or cette conjonction est en cours aujourd’hui : « La technologie d’internet et les Ă©nergies renouvelables sont en voie de fusionner pour crĂ©er une puissante infrastructure nouvelle, celle d’une troisiĂšme rĂ©volution industrielle qui va changer le monde ».

Quels sont les éléments constitutifs de cette révolution ? Elle repose sur cinq « piliers » en interrelation :

1 « le passage aux énergies renouvelables.

2 La transformation du parc immobilier de tous les continents en un ensemble de microcentrales énergétiques qui collectent sur site des énergies renouvelables.

3 Le dĂ©ploiement de la technologie de l’hydrogĂšne et d’autres techniques de stockage dans chaque immeuble et dans l’ensemble de l’infrastructure pour stocker les Ă©nergies intermittentes.

4 L’utilisation de la technologie d’internet pour transformer le rĂ©seau Ă©lectrique de tous les continents en interrĂ©seaux de partage de l’énergie fonctionnant exactement comme internet.

5 Le changement des moyens de transport par passage aux vĂ©hicules Ă©lectriques branchables ou Ă  pile Ă  combustible capables d’acheter et de vendre de l’électricitĂ© sur un rĂ©seau Ă©lectrique continental intelligent » (p 58).

 A économie nouvelle, nouvelle organisation sociale.

 

Une transformation aussi profonde dans les modes de production, de consommation  et de communication va s’accompagner d’un changement majeur dans nos comportements et du dĂ©veloppement d’une nouvelle organisation sociale et politique. Comme les deux prĂ©cĂ©dentes, la troisiĂšme rĂ©volution industrielle « va changer radicalement tous les aspects de notre façon de travailler et de vivre ». « L’organisation verticale traditionnelle, typique d’une si large part de la vie Ă©conomique, sociale et politique des rĂ©volutions industrielles fondĂ©es sur l’énergie fossile, est en train de cĂ©der la place Ă  des relations distribuĂ©s et coopĂ©ratives dans l’ùre industrielle verte Ă©mergente. Le changement profond de l’organisation mĂȘme de la sociĂ©tĂ© est en cours. Nous nous Ă©loignons du pouvoir hiĂ©rarchique et nous nous rapprochons du pouvoir latĂ©ral » (p 16). C’est un nouvel horizon qui s’ouvre devant nous. « La troisiĂšme rĂ©volution industrielle va poser les bases d’une Ăšre coopĂ©rative Ă©mergente. La mise en place de son infrastructure va crĂ©er pendant quarante ans des centaines de milliers d’entreprises nouvelles et des centaines de millions d’emplois nouveaux. Ce sera une Ăšre nouvelle caractĂ©risĂ©e par le comportement coopĂ©ratif, les rĂ©seaux sociaux et les petites unitĂ©s de main d’Ɠuvre technique et spĂ©cialisĂ©e (p 16). « Traditionnellement, le pouvoir s’organise verticalement. C’est une pyramide. Mais aujourd’hui, l’énergie coopĂ©rative libĂ©rĂ©e par la conjonction de la technologie d’internet et des Ă©nergies renouvelables restructure fondamentalement les relations humaines. Elles ne vont plus de haut en bas, mais cĂŽte Ă  cĂŽte et les consĂ©quences sont immenses pour l’avenir de la sociĂ©té » (p 17).

 

L’évolution de l’emploi. Un avenir pour la sociĂ©tĂ© civile.

 

Dans les dĂ©cennies qui viennent, la mise en Ɠuvre de cette nouvelle organisation Ă©conomique va ĂȘtre source d’emploi, alors que les gains de productivitĂ© (et pas seulement la dĂ©localisation !) amenaient peu Ă  peu un dĂ©veloppement du chĂŽmage dans la pĂ©riode qui vient de s’écouler. Cependant, quand nous nous approcherons du milieu du siĂšcle, l’activitĂ© Ă©conomique sera de plus en plus supervisĂ©e par des substituts technologiques intelligents ce qui permettra Ă  une grande partie de l’humanitĂ© libĂ©rĂ©e de ces tĂąches, de crĂ©er du capital social dans une sociĂ©tĂ© civile Ă  but non lucratif qui deviendra le secteur dominant dans la seconde moitiĂ© du XXIĂš siĂšcle » (p 17).

C’est dans cette perspective que se pose Ă  long terme le problĂšme de l’emploi. « Aujourd’hui, les quatre grands secteurs Ă©conomiques : l’agriculture, l’industrie, les services et le domaine des soins et de l’expĂ©rientiel remplacent tous leur main-d’Ɠuvre salariĂ©e par de petites Ă©quipes extrĂȘmement qualifiĂ©es et de technologies intelligentes de plus en plus raffinĂ©es et agiles. Donc que va-t-il se passer pour les millions de salariĂ©s des mains-d’Ɠuvre de masse de l’ùre industrielle quand le monde aura dĂ©passĂ© le stade infrastructurel de la troisiĂšme rĂ©volution industrielle pour entrer dans l’ùre coopĂ©rative pleinement distribuĂ©e
 Dans ces conditions, le problĂšme n’est plus de chercher comment recycler la main- d’Ɠuvre, mais de dĂ©finir ce que l’on entend par travail.. (p 374).

Il reste quatre secteurs oĂč l’on peut trouver du travail : le marchĂ©, l’Etat, l’économie informelle et la sociĂ©tĂ© civile. JĂ©rĂ©mie Rifkin dĂ©finit la sociĂ©tĂ© civile comme le lieu «oĂč les humains crĂ©ent du capital social, et elle est constituĂ©e d’un large Ă©ventail de centres d’intĂ©rĂȘt : les organisations religieuses et culturelles, l’éducation,la recherche, la santĂ©, les services sociaux, les sport, les associations de protection de l’environnement, les activitĂ©s de loisir et les multiples association de soutien dont l’objectif est de crĂ©er du lien social » (p 374). De fait, dĂšs maintenant, le secteur « à but non lucratif » est une rĂ©alitĂ© sociale et Ă©conomique. Et on constate qu’il attire de plus en plus de jeunes. « On voit bien pourquoi : distribuĂ© et coopĂ©ratif par nature, ce secteur est une option plus attrayante pour une gĂ©nĂ©ration qui a grandi sous internet et est engagĂ©e dans les rĂ©seaux sociaux, eux aussi distribuĂ©s et coopĂ©ratifs ».

 

Ainsi la pensĂ©e de JĂ©rĂ©mie Rifkin nous ouvre un horizon : « Si dans le prochain demi-siĂšcle, nous rĂ©ussissons Ă  satisfaire les besoins physiques de notre espĂšce –un grand si- les prĂ©occupations transcendantes deviendront probablement une force motrice toujours plus importante de la pĂ©riode suivante de l’histoire de l’humanité »  (p 17).  Dans ce temps de crise, voici une rĂ©flexion qui va alimenter notre rĂ©flexion et nourrir le dialogue.

 

JH

 

(1)            Rifkin (JĂ©rĂ©mie). La TroisiĂšme RĂ©volution Industrielle. Comment le pouvoir latĂ©ral va transformer l’énergie, l’économie et le monde. LLL Les liens qui libĂšrent, 2012. Edition originale : The third industrial revolution, 2011

Rifkin (JĂ©rĂ©mie). Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie. LLL Les liens  qui libĂšrent, 2011. Commentaire sur ce blog : la force de l’empathie 26 octobre 2011. Mise en perspective sur le site de TĂ©moins : http://www.temoins.com/etudes/vers-une-civilisation-de-l-empathie.-a-propos-du-livre-de-jeremie-rifkin.apports-questionnements-et-enjeux.html

Une vie intérieure qui croßt et que rien ne peut détruire

Face Ă  un danger d’accident, une expĂ©rience rapportĂ©e par Odile Hassenforder (« Sa prĂ©sence dans ma vie »).

 

Quelques annĂ©es aprĂšs la transformation engendrĂ©e par le vĂ©cu d’une guĂ©rison dans l’Esprit et accompagnĂ©e par une lecture rĂ©guliĂšre et inspirĂ©e de la parole biblique, Odile nous rapporte l’expĂ©rience d’un risque d’accident et les sentiments et les pensĂ©es que cet incident a suscitĂ© en elle.

En Christ, son ĂȘtre intĂ©rieur est dĂ©sormais en sĂ»retĂ©, dans un ressenti d’intĂ©gritĂ© et de confiance. Elle constate Ă©galement les effets de sa frĂ©quentation des textes bibliques dans l’inspiration de l’Esprit. «La Bible n’est pas une simple histoire Ă  comprendre intellectuellement ou Ă  adopter comme modĂšle de conduite. C’est beaucoup plus que cela et autre chose
 J’ai dĂ©couvert qu’elle est semence. Je demande Ă  L’Esprit de faire germer cette semence en moi. Je n’en vois les fruits que lorsqu’il y a corrĂ©lation avec la rĂ©alitĂ© concrĂšte
 Je rĂ©alise l’importance pour moi de me laisser imprĂ©gner par les Ecritures pour devenir ce sarment accrochĂ© Ă  la vigne dont JĂ©sus est le cep  ».       

 

La nuit est noire. Il pleuvait


 

La nuit est noire. Il pleuvait. Un chapelet de feux rouges devant moi. Je suis emportĂ©e dans le flot des voitures. Il est tard et l’étape est encore loin.

Je regarde le compteur : 140. J’ai un coup au cƓur. Une angoisse m’assaille. Un moindre incident, un petit coup de volant pour Ă©viter une pierre ou une voiture qui change de file et j’envoie la famille dans les dĂ©cors. En un Ă©clair, j’envisage le pire : un enfant qui peut rester orphelin. Tout en prenant instinctivement une allure plus raisonnable, une conviction intĂ©rieure m’apaise. J’ai confiĂ© mon fils au Seigneur, j’ai confiance : il ne sera pas « cassé ». Cette expression voulait dire pour moi qu’il ne connaĂźtrait pas, comme je l’avais connue, la destruction de l’ĂȘtre, car Dieu est en lui. MĂȘme orphelin, il aurait cette vie intĂ©rieure qui le ferait rebondir.

 

Plus rien ne peut m’atteindre. Le Seigneur ne m’abandonne pas


 

Cette conviction m’a tellement imprĂ©gnĂ©e qu’elle fait partie de mon ĂȘtre : la vie, qui, malgrĂ© les apparences visibles, ressurgit pour demeurer Ă©ternellement. Je reconnais lĂ  que la Parole de Dieu est bien une semence qui a poussĂ© sans que j’y prenne garde, jour et nuit, et qui, Ă  cet instant, porte ses fruits. Au moment de l’évĂ©nement, il ne m’est pas revenu Ă  l’esprit telle ou telle parole de JĂ©sus en tels versets bibliques, mais une rĂ©alitĂ© intĂ©rieure imprĂ©gnĂ©e en moi. J’étais dans l’état d’esprit du salut Ă©ternel apportĂ© par JĂ©sus. Plus rien ne peut m’atteindre. Le Seigneur ne m’abandonne pas moi et ma maison.

 

La Bible est une semence. Je demande à l’Esprit de faire germer cette semence en moi


 

         Ainsi la Bible n’est pas une simple histoire Ă  comprendre intellectuellement ou Ă  s’imprĂ©gner comme modĂšle de conduite. C’est beaucoup plus que cela et autre chose. Avant d’avoir dĂ©couvert l’action de l’Esprit en moi, je cherchais dans les Ă©vangiles, que j’avais lus en entier, une conduite Ă  suivre. Je m’appliquais Ă  suivre une morale qui me paraissait supĂ©rieure aux conduites humaines. C’était une nourriture extĂ©rieure Ă  moi que j’essayais de digĂ©rer au mieux. J’ai dĂ©couvert depuis qu’elle est semence. Je ne comprends pas toujours, mais avant de lire les Ecritures, je me mets en Ă©tat de rĂ©ceptivitĂ©. Je demande Ă  l’Esprit de faire germer cette semence en moi. Je n’en vois les fruits que lorsqu’il y a une corrĂ©lation avec la rĂ©alitĂ© concrĂšte que je vois. Il y a alors expĂ©rience de la vie de Dieu en moi. Il peut se passer des mois, des annĂ©es entre telle lecture et la rĂ©alisation de sa signification. Elle devient signifiante pour moi Ă  l’expĂ©rience. Dans ce laps de temps, la graine a germĂ© sans que je m’en aperçoive.  Elle devient un arbre qui peut porter ainsi beaucoup de fruits. C’est pourquoi je rĂ©alise l’importance pour moi de me laisser imprĂ©gner par les Ecritures pour devenir ce sarment rattachĂ© Ă  la vigne dont JĂ©sus se dit la plante. « Je suis la plante de vigne, vous ĂȘtes les branches. Celui qui demeure uni Ă  moi et Ă  qui je suis uni, porte beaucoup de fruit (le fruit de l’Esprit), car vous ne pouvez rien faire sans moi » (Jean 15.5). Cette union Ă  JĂ©sus, pour moi aujourd’hui, se rĂ©alise dans la lecture des Ecritures qui deviennent signifiantes Ă  l’évĂ©nement vĂ©cu antĂ©rieurement ou ultĂ©rieurement, dans la priĂšre qui est don de soi, rĂ©ceptivitĂ© et louange, et enfin dans la vie qui est parfois interrogation, attente de signification, parfois vision du sens vital.

 

Odile Hassenforder

 

Ce texte est extrait d’un chapitre du livre : « Sa prĂ©sence dans ma vie » (p 47-48) : Hassenforder (Odile). Sa prĂ©sence dans ma vie. Empreinte, 2011. Ce livre a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© sur le site de TĂ©moins : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html. Le tĂ©moignage et la pensĂ©e d’Odile Hassenforder apparaissent dans plusieurs articles de ce blog.

Quelle espérance ?

Un espoir pour l’avenir humain

Le Royaume de Dieu en train de venir.

Selon quel horizon vivons-nous ? RĂ©duisons-nous plus ou moins notre vision Ă  notre condition prĂ©sente jusqu’à ce que nous passions Ă  un autre Ă©tat ? Ou nous sentons-nous en marche vers un univers nouveau oĂč Dieu sera tout en tous ? En route dans le Royaume de Dieu, percevons-nous l’Ɠuvre de l’Esprit en nous, autour de nous et dans le monde ? Comment faisons-nous la relation entre  l’Ɠuvre vivifiante de l’Esprit et notre prĂ©sence dans le monde ? Vivons-nous plus ou moins sur la dĂ©fensive dans un monde relativement clos ou, au contraire, avançons nous librement et avec empathie dans un espace ouvert en sachant que l’Esprit de Dieu nous conduit dans l’espĂ©rance ?

« Puisse le Dieu de l’EspĂ©rance vous remplir de toute joie et toute paix dans la foi, de telle maniĂšre que, par la puissance du Saint Esprit, vous puissiez abonder en espĂ©rance, Ă©crit Paul aux Romains (Romains 15-13).

JĂŒrgen Moltmann nous montre combien cet accent est original, unique parmi les diffĂ©rentes religions. « Nulle part ailleurs dans le monde des religions, Dieu est ainsi associĂ© Ă  un espoir humain pour l’avenir
 Le futur est un Ă©lĂ©ment essentiel de la foi, qui est spĂ©cifiquement chrĂ©tien. C’est la foi de PĂąques.. La foi signifie vivre dans la prĂ©sence de Christ ressuscitĂ© et nous mouvoir dans le Royaume de Dieu qui vient. Notre expĂ©rience de la vie quotidienne prend place dans une attente crĂ©ative de Christ en train de venir. Nous attendons et nous avançons, nous espĂ©rons et nous endurons, nous prions et observons, nous sommes Ă  la fois patients et curieux. » (p. 87-88).

 La vision chrĂ©tienne de l’espĂ©rance nous parle de JĂ©sus-Christ et de l’avenir qu’il nous ouvre. A ce point, il est important d’avoir une juste reprĂ©sentation. « Si nous parlons uniquement de la « seconde venue » du Christ, le prĂ©sent est vide et tout ce qui nous est laissĂ© est d’attendre quelque jugement final
 Mais si nous parlons de Christ qui vient, il est dĂ©jà  dans le processus de venir, et, dans la puissance de l’espĂ©rance, nous nous ouvrons nous-mĂȘme aujourd’hui avec tous nos sens aux expĂ©riences qui marquent sa venue » (p. 89).

 Ce sont des « paraboles du royaume de Dieu en train de venir » (p.92). Nous pouvons connaĂźtre dĂ©jĂ  ici et maintenant quelque chose de la guĂ©rison et de la nouvelle crĂ©ation de toutes choses que nous attendons dans l’avenir. Dans son royaume, Dieu commence Ă  se manifester sur la terre »

Et si nous partagions notre regard sur ce que nous percevons de l’Ɠuvre de Dieu dans le monde d’aujourd’hui ?

 J. H.

        

Source :

JĂŒrgen Moltmann. In the end
the beginning. Fortress Press, 2004

Chapitre : The living power of hope. p. 87-95

Ce livre vient d’ĂȘtre traduit en français : JĂŒrgen Moltmann. De commencements en recommencements. Une dynamique d’espĂ©rance. Empreinte, 2012

 

Le texte intégral : www.laparolequidonnelavie.com

Une nouvelle maniùre d’enseigner : Participer ensemble à une recherche de sens

L’approche pĂ©dagogique de Britt-Mari Barth

 

 

A travers ses recherches et les livres dans lesquels celles-ci sont exposĂ©es, Britt-Mari Barth propose une nouvelle maniĂšre d’enseigner. Mais, en quoi les pratiques traditionnelles deviennent-elles aujourd’hui contre productives ?

 

Les pratiques traditionnelles deviennent contreproductives dans ce sens qu’elles ne prennent pas en compte ce qu’on sait aujourd’hui sur la façon dont on  apprend. Traditionnellement, le savoir est conçu comme un « contenu » qu’on expose Ă  des Ă©lĂšves qui doivent Ă©couter passivement et prendre des notes – pour ensuite mĂ©moriser ce contenu –  on prĂ©suppose que c’est la clartĂ© du l’exposĂ© qui compte. Si le « message » est clair (cf le schĂ©ma de la communication de Shannon) et si l’élĂšve est attentif et Ă©coute, il devrait apprendre. Dans cette approche , c’est le message  qui compte,  on ne s’occupe pas de la maniĂšre dont  l’élĂšve va recevoir ce  message, s’il l’a compris ou pas, si cela fait sens pour lui ou non. C’est comme si les mots Ă©taient le sens et qu’il suffit de les apprendre pas cƓur pour avoir « appris ». Mais pour apprendre, il ne suffit pas de mĂ©moriser des rĂ©ponses, il faut comprendre le sens – et cela  demande une  autre approche pĂ©dagogique. La comprĂ©hension et la capacitĂ© d’agir avec le savoir devient d’autant plus important que nous prenons conscience des dĂ©fis nouveaux qui marquent notre temps. Tous les futurs citoyens ont besoin de comprendre les enjeux de la sociĂ©tĂ© aujourd’hui. L’information est disponible par un simple clique, mais les Ă©lĂšves ont besoin de savoir faire des liens, de comprendre et de poser les bonnes questions, de localiser et de choisir l’information pertinente, de la vĂ©rifier,de s’en servir
 Il s’agit lĂ  des capacitĂ©s intellectuelles qu’on doit apprendre et s ‘exercer Ă  mettre en oeuvre Ă  l’école.

 

Britt-Mari Barth a un parcours original, puisque de nationalitĂ© suĂ©doise, elle est venue s’installer en France. MĂšre de trois enfants en Ăąge scolaire, elle a portĂ© un regard neuf sur l’enseignement français. A partir de lĂ , elle a commencĂ© Ă  imaginer une pratique innovante.

 

Justement, je voulais inviter les Ă©lĂšves Ă  participer Ă  des activitĂ©s qui les incitaient Ă  rĂ©flĂ©chir, Ă  chercher Ă  comprendre, Ă  participer Ă  des interactions, Ă  trouver un intĂ©rĂȘt Ă  cette recherche de sens, un peu comme des chercheurs le font
 Pour cela j’ai conçu des « scĂ©narios », qui peuvent se comparer Ă  des jeux de sociĂ©tĂ©, avec des rĂšgles qu’il faut suivre pour atteindre le but.  Ces scĂ©narios proposent une activité  Ă  laquelle les Ă©lĂšves participent, en collaboration avec les autres, pour produire quelque chose qui a du sens pour eux. L’activitĂ© doit avoir un dĂ©but et une fin, offrir quelque dĂ©fi, sans ĂȘtre trop difficile. Il faut que les Ă©lĂšves comprennent le but de l’activitĂ©, et qu’ils sachent que l’enseignant est lĂ  pour les aider en cas de besoin et qu’on a le droit Ă  faire des erreurs. En expĂ©rimentant ces scĂ©narios en classe, on pouvait remarquer que non seulement les Ă©lĂšves apprenaient mieux – ils comprenaient le sens de ce qu’il fallait apprendre – mais ils y prenaient plaisir ! Du coup, ils s’en souvenaient mieux et pouvaient mieux se servir de ce qu’ils avaient appris –  et ils prenaient confiance en leur capacitĂ© d’apprendre.

 

Britt-Mari Barth est devenue progressivement chercheur en pédagogie. Elle en est venue à proposer une nouvelle approche pédagogique. Quelles en sont les caractéristiques ?

 

En observant ce qui se passait en classe,  j’ai voulu mieux comprendre  les raisons de cette « rĂ©ussite » : quelles Ă©taient les conditions mises en Ɠuvre qui avaient favorisĂ© les apprentissages ? J’en ai trouvĂ© cinq , qu’on pourrait appeler les « points incontournables » pour l’enseignant afin de guider les Ă©lĂšves vers la co-construction du sens.

 

Les deux premiĂšres conditions se trouvent en amont de « la leçon ». Elles soulignent  l’importance de bien dĂ©finir le savoir Ă  enseigner et ceci en prenant en compte la façon  dont les Ă©lĂšves doivent faire la dĂ©monstration de leur comprĂ©hension. Apprendre quoi ? Pour faire quoi ? L’enjeu pour l’enseignant est de ne pas avoir une conception trop statique du savoir, sous forme d’une dĂ©finition abstraite, mais de savoir le transformer en des situations qui le rendent vivant,  qui donnent accĂšs au sens. Pour cela, il faut des situations ou des exemples vairĂ©s, permettant Ă  chacune de cibler le sens. Tous les savoirs peuvent s’exprimer dans des formes et des langages diffĂ©rents, il s’agit de multiplier et de varier ces formes selon le contexte et le but recherchĂ©. Ces situations du savoir-en-action vĂ©hiculent le sens d’une façon plus directe que des explications abstraites. Les situations-exemples  sont donc une entrĂ©e pour se familiariser avec un contenu abstrait. Des contre-exemples, par leur contraste, peuvent aider Ă  cerner, limiter le sens. Car, in fine, il s’agit de pouvoir exprimer le sens avec les mots justes – mais le sens n’est pas un dĂ©jĂ -lĂ . Il faut que chacun le construise.

 

La troisiĂšme condition souligne l’importance de solliciter l’intention d’apprendre des Ă©lĂšves. Le rĂŽle de l’enseignant est ici essentiel. C’est son propre engagement et son invitation aux Ă©lĂšves Ă  relever un dĂ©fi qui vont d’abord leur donner envie de se lancer dans les activitĂ©s proposĂ©es. Mais les Ă©lĂšves ont Ă©galement besoin de se sentir en sĂ©curitĂ© lors des situations d’apprentissage, de savoir que l’enseignant est lĂ  pour les aider.  Cette attitude, ou posture de l’enseignant est au cƓur de l’approche et les « scĂ©narios pour apprendre » sont conçus dans cet esprit. La motivation peut alors se construire au fur et Ă  mesure que le travail avance et que les Ă©lĂšves y trouvent un sens personnel. 

 

La quatriĂšme condition met au centre la façon dont l’enseignant sollicite, guide et accompagne la rĂ©flexion des Ă©lĂšves. Il le fait en leur proposant de bons supports pour la pensĂ©e – avec quoi et avec qui les Ă©lĂšves vont-ils penser ? 
 C’est dans l’espace mĂȘme de l’activitĂ© rĂ©flexive et du dialogue que le  sens s’Ă©labore, l’attention des Ă©lĂšves Ă©tant guidĂ©e  par le choix et l’ordre des exemples, par le contraste des contre-exemples, par les questions et l’écoute de l’enseignant. L’incitation systĂ©matique Ă  justifier sa rĂ©ponse oblige Ă  anticiper la cohĂ©rence de ses propos et invite Ă  l’argumentation. On n’est plus uniquement dans un « monde sur papier », un monde abstrait, mais dans une activité  collective qui conduit Ă  relier – dans un aller-retour continu – la connaissance abstraite Ă  son rĂ©fĂ©rent concret. On passe par les expĂ©riences contextualisĂ©es pour les insĂ©rer dans une unitĂ© plus large qui lui donne sens.

Progressivement, les Ă©lĂšves comprennent que ces « outils de pensĂ©e » sont valables dans d’autres situations. Ce qui nous amĂšne Ă  la cinquiĂšme condition.

 

La cinquiĂšme condition nous mĂšne vers la mĂ©tacognition. Celle-ci consiste Ă  faire un retour rĂ©flexif sur sa pensĂ©e pour en prendre conscience. La mĂ©tacognition a pour but d’élargir le champ de la conscience des apprenants et donc leur capacitĂ© Ă  rĂ©utiliser ce qu’ils ont appris dans des contextes diffĂ©rents. Elle permet ainsi de devenir davantage conscient de ce que l’on sait, de comprendre comment on a appris, ce qui permet, progressivement, de mobiliser ses connaissances et de reproduire ces processus dans un autre contexte.

 

Ces cinq « points incontournables » :

 

– dĂ©finir le savoir Ă  enseigner

– exprimer le sens dans des formes concrĂštes

– engager les apprenants

– guider le processus

– prĂ©parer au transfert des connaissances

peuvent alors constituer une grille d’analyse pour guider le travail de           l’ enseignant.

 

La recherche de Britt-Mari Barth s’est immĂ©diatement inscrite dans une perspective internationale. Ainsi a-t-elle pu bĂ©nĂ©ficier de l’apport de quelques chercheurs rĂ©putĂ©s. En quoi cet apport a-t-il Ă©clairĂ© cette recherche ?

 

J’ai eu de la chance, dĂ©s mes dĂ©buts, de rencontrer des Ɠuvres et des personnes  qui ont guidĂ© et inspirĂ© mon travail. D’abord, Jerome Bruner, psychologue amĂ©ricain, un des pionniers de la psychologie cognitive et qui a changĂ© notre vision du dĂ©veloppement humain. A une Ă©poque oĂč  l’inconscient  de Freud Ă©tait au programme dans la formation des enseignants, l’idĂ©e de la conscience , avec la mĂ©tacognition  (revenir sur sa pensĂ©e pour en prendre conscience), est venue nous surprendre. Bruner montrait l’importance de « l’attention conjointe » pour pouvoir penser ensemble  et d’avoir une structure d’interaction pour guider et soutenir la rĂ©flexion. Plus tard, j’ai connu Howard Gardner qui Ă©tait un des premiers thĂ©oriciens Ă  nous faire la dĂ©monstration qu’il n’y a pas qu’une seule « intelligence gĂ©nĂ©rale » qui fonctionne partout : on l’a ou l’on ne l’a pas, et cela se mesure en Q.I. dĂšs l’ñge de trois ans 
 Au contraire, il y a des « potentialitĂ©s » de modes cognitifs diffĂ©rents et multiples, qui s’expriment dans diverses tĂąches ou divers contextes culturels. Il n’y a donc pas d’ « intelligence pure » qui  s’exercerait hors contexte. Pour ĂȘtre « intelligent » dans un domaine donnĂ©, il faut apprendre Ă  utiliser les langages symboliques qui expriment chaque domaine de savoir. D’oĂč l’importance de bien les enseigner. Par ailleurs, chaque intelligence peut ĂȘtre mobilisĂ© dans un large ensemble de domaines. Cela invite Ă  varier les activitĂ©s et le contextes jusqu’à ce qu’on ait atteint un « terrain commun » d’oĂč le sens peut Ă©merger . Ce dernier point me semble trĂšs important et c’est le biologiste Francisco Varela qui m’a permis de bien le comprendre. Il montre que chaque personne a une  structure cognitive interne  qui se dĂ©veloppe de façon autonome, il faut donc respecter cela si l’on veut amener un Ă©lĂšve Ă  changer de « structure », de comprĂ©hension


 

 

Les propositions de Britt-Mari Barth intervient Ă  une Ă©poque oĂč les reprĂ©sentations et les comportements changent constamment. En quoi cette nouvelle maniĂšre d’enseigner rĂ©pond-elle au changement dans les mentalitĂ©s ?

 

Nous sommes beaucoup plus conscients aujourd’hui  du besoin des interactions pour apprendre. Nous n’apprenons pas seuls, nous apprenons par interaction, avec les autres et avec les « outils de pensĂ©e » que notre environnement nous rend accessibles. Cela se remarque d’autant plus aujourd’hui que nous vivons une mutation technologique, une rĂ©volution portĂ©e par le numĂ©rique, une « « culture multi-mĂ©dia ». Issus de cette « cyberculture », qualifiĂ©s de « digital natives », les Ă©lĂšves ont Ă©galement changĂ© et ils ne viennent plus Ă  l’école avec les mĂȘmes attentes – et l’école ne peut plus l’ignorer. Ils sont experts en nouvelles technologies et ils ont l’habitude d’ĂȘtre en communication constante sur les rĂ©seaux sociaux. Il y a un rapport nouveau au savoir et Ă  l’apprentissage, Ă©lĂšves et professeurs ont accĂšs aux mĂȘmes informations. Les mutations actuelles de notre sociĂ©tĂ© laissent penser que la nature de l’enseignement et de la formation va ĂȘtre amenĂ©e Ă  changer radicalement. Cela ne veut pas dire que l’école est moins indispensable qu’avant, mais les rĂŽles des enseignants et des Ă©lĂšves ont changĂ©. Les propositions que j’ai faites vont dans ce sens, elles offrent plus de place aux Ă©lĂšves « d’apprendre ensemble », de participer activement Ă  la construction de leur savoir.

 

Britt-Mari Barth travaille avec des professeurs innovants, mais ses livres s’adressent Ă  tous les enseignants. Comment ses idĂ©es sont-elles reçues ?

 

Au fil des annĂ©es, j’ai formĂ© un grand nombre d’enseignants, y compris dans les classes. J’ai Ă©tĂ© agrĂ©ablement surprise de l’enthousiasme avec lequel les enseignants ont reçu ces « outils » et les ont mis en Ɠuvre Ă  leur maniĂšre. Je pense que cela s’explique par le fait que quand la confiance mutuelle s’installe dans une tĂąche avec un but commun,  un langage commun, avec des outils pertinents qui permettent une certaine prise sur la rĂ©ussite de l’entreprise, cela donne une forte motivation de s’impliquer, intellectuellement et affectivement. Et ce sont lĂ  les conditions premiĂšres pour qu’un apprentissage ait lieu. Le rĂŽle de l’enseignant change. Au lieu d’exposer son savoir, il le met au service des Ă©lĂšves pour qu’ils puissent construire le leur. Il devient un mĂ©diateur entre les Ă©lĂšves et le savoir, celui qui organise des rencontres avec ce dernier, dans ses formes vivantes, pour que tous les Ă©lĂšves puissent interagir avec ce savoir et entre eux. Il est Ă  la fois l’inspirateur et le catalyseur, le modĂšle et l’accompagnateur
 c’est un rĂŽle plus exigeant mais plus valorisant.

 

Les usagers de l’enseignement : Ă©lĂšves, Ă©tudiants, parents, sont Ă©videmment particuliĂšrement concernĂ©s. Comment peuvent-ils participer Ă  ce grand changement ?

 

Quand les Ă©lĂšves ou les Ă©tudiants deviennent plus conscients des mĂ©thodes et des outils pour apprendre, ils deviennent plus autonomes et dĂ©veloppent une plus grande aptitude Ă  agir. Ils se sentent plus auteurs de leurs apprentissages et peuvent devenir plus responsables – pour eux-mĂȘmes et, pourquoi pas, pour les autres. Ils peuvent travailler entre eux, Ă  l’aide des outils numĂ©riques, par exemple, en posant des questions
 Avec une vision plus claire de ce que le savoir leur permet de faire, comme par exemple rĂ©soudre un problĂšme, analyser une situation ou une lecture, porter un jugement sur un Ă©vĂ©nement qui se passe
les apprentissages scolaires prennent plus de sens pour eux, ils peuvent en parler avec les parents qui peuvent Ă©galement apporter leur pierre Ă  ce « savoir en construction ». La diversitĂ©, au lieu d’ĂȘtre un obstacle, peut devenir un atout pour enrichir les connaissances.

 

L’enseignement joue un rĂŽle majeur dans notre sociĂ©tĂ©. Quelle vision, Britt-Mari Barth nous communique-t-elle ?

 

Le nouveau « enseignant-mĂ©diateur » a changĂ© la vision qu’il avait des apprenants,  il ne se pose plus les mĂȘmes questions, il ne conçoit plus son rĂŽle de la mĂȘme façon. Il ne se pose plus la question de savoir si l’on a «couvert le programme », si les Ă©lĂšves sont attentifs, motivĂ©s, « bons », ou non. Ses questions concernent plutĂŽt la maniĂšre dont on peut utiliser les moyens qui existent (y compris les outils numĂ©riques) pour outiller les Ă©lĂšves Ă  mieux penser et Ă  mieux apprendre et Ă  apprendre avec plus de plaisir : comment on peut les stimuler, leur proposer des dĂ©fis, leur donner envie d’apprendre
 La motivation – et la confiance en soi – conçue comme une disposition Ă  relever des dĂ©fis, prendre une initiative, ne pas craindre les erreurs, avoir de la persĂ©vĂ©rance
 peut ainsi se construire. Ce n’est pas nouveau en soi, c’est ce que les « bons enseignants » ont sans doute toujours fait
 Mais il faudrait devenir plus conscient de ce que fait « un bon prof », comment il s ‘y prend
 dans quel but
 et former tous les enseignants Ă  se poser de telles questions et Ă  ĂȘtre outillĂ©s pour y rĂ©pondre.

 

Contribution de Britt-Mari Barth

 

Britt-Mari Barth est professeur Ă©mĂ©rite Ă  l’Institut SupĂ©rieur de PĂ©dagogie de l’Institut Catholique de Paris oĂč elle enseigne depuis 1976 . Ses travaux s’inscrivent dans une approche socio-cognitive  de la mĂ©diation des apprentissages et ont dĂ©bouchĂ© sur une approche pĂ©dagogique connue sous le nom de « Construction de concepts ». Ses travaux sont exposĂ©s dans deux livres fondamentaux : « L’apprentissage de l’abstraction » et « Le savoir en construction » publiĂ©s aux Editions Retz. Britt-Mari Barth vient de publier un nouveau livre : « ElĂšve chercheur, enseignant mĂ©diateur. Donner du sens aux savoirs » aux Editions Retz et aux Ă©ditions CheneliĂšre, MontrĂ©al. Ses Ă©crits sont traduits en huit langues.

 

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