Une grande manifestation pour le climat à Montréal

Tous mes enfants et petits-enfants ont participĂ© Ă  la marche pour le climat le vendredi 27 septembre, la majoritĂ© d’entre nous Ă  MontrĂ©al, mais aussi Ă  Sherbrooke, en Estrie. J’y Ă©tais avec ma femme, Alice. MalgrĂ© la solennitĂ© que provoque le sujet du climat, l’esprit qui rĂ©gnait en Ă©tait un de bonne humeur, de fraternitĂ© et de solidaritĂ© sous un soleil radieux. Voici quelques-unes de mes premiĂšres rĂ©flexions.

En tout premier lieu, il s’agit vraisemblablement de la plus grande manifestation dans l’histoire du QuĂ©bec, et peut-ĂȘtre mĂȘme du Canada. La foule Ă©tant estimĂ©e Ă  500 000, le huitiĂšme des citoyens du Grand MontrĂ©al y aurait participĂ© ! La majoritĂ© des marcheurs Ă©taient jeunes, mais il y eut aussi de nombreuses familles ainsi que des grands-parents soucieux de l’avenir laissez en hĂ©ritage Ă  leur descendance. C’est ici la source de l’espĂ©rance que ce mouvement international semble susciter, ici comme ailleurs dans le monde. Ce sont des jeunes qui, Ă  l’instar de Greta Thunberg qui Ă©tait prĂ©sente avec nous, prennent conscience de la rĂ©alitĂ© troublante et prĂ©caire du monde et qui, sans attendre, cherchent Ă  prendre en main et Ă  se porter responsable pour la santĂ© de la terre. Non seulement revendiquent-ils des changements auprĂšs des gouvernements et des grandes entreprises, mais plusieurs assument de nouvelles disciplines personnelles en ce qui concerne leurs propres habitudes de consommation (notre plus jeune et sa petite famille ne remplisse qu’un pot en verre de dĂ©chets aux deux mois). Le plein potentiel de la crĂ©ativitĂ© humaine n’est qu’à ses dĂ©buts pour ce qui est de la recherche scientifique et Ă©conomique et de la mise en application par la volontĂ© politique et entrepreneuriale de cette nouvelle gĂ©nĂ©ration.

En termes thĂ©ologiques, l’image de Dieu au cƓur de l’humanitĂ© se concrĂ©tise dans sa relation Ă  la terre que Dieu a soumise Ă  la gouvernance, l’intendance et l’administration des ĂȘtres humains (Gn 1,28). Les responsabilitĂ©s transmises Ă  l’Adam sont celles de cultiver et de garder le jardin (Gn 2,15), et de nommer les animaux qui y habite (Gn 2,20). Il lui est aussi dĂ©fendu d’en abuser (Gn 2,17). La rĂ©demption holistique (qui comprend toutes les relations possibles aux ĂȘtres humains : avec Dieu, avec soi, avec son prochain et avec la nature) et cosmique (la rĂ©conciliation universelle des cieux et de la terre) promue par Paul a aussi trait Ă  la relation des hommes rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s, les « fils de Dieu », avec la terre (Rm 8,19-23), sans parler de la vision apocalyptique de Jean qui se termine avec la promesse d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre (Ap 21-22). L’Église qui Ă©merge aujourd’hui ne peut outrepasser la dimension Ă©cologique de son message. Elle doit chercher et trouver sa place et sa voix au sein de ce mouvement qui est aujourd’hui irrĂ©versible.

Le combat pour la planĂšte est pourtant loin d’ĂȘtre gagnĂ©. Changer les mentalitĂ©s et les comportements de la majoritĂ© de l’humanitĂ© est une Ă©norme et presque irrĂ©alisable tĂąche. Sans la participation de la masse critique nĂ©cessaire d’ĂȘtres humains, de gouvernements et d’entreprises engagĂ©s dans une volontĂ© commune de transformation du monde, nous courrons tous vers notre perte. Cette transformation se veut spirituelle, morale et pragmatique. Comme point de dĂ©part, je propose que nous renoncions tous Ă  voir la vie comme une possession, mais plutĂŽt comme ce qu’elle est vraiment, un don, autant par sa beautĂ© que par sa bontĂ©, qui nous a Ă©tĂ© lĂ©guĂ©. « Ce pourrait ĂȘtre le dĂ©but d’une nouvelle façon de gouverner, d’une toute nouvelle Ă©conomie, fondĂ©e sur la reconnaissance, le contentement, le partage et, encore mieux, le don de soi. Il est encore temps d’espĂ©rer. »

Pierre LeBel

Qui est Pierre LeBel ? Une interview de Pierre LeBel sur le site de Témoins (2012)

https://www.temoins.com/attentes-et-cheminements-pour-de-nouvelles-expressions-chretiennes-au-quebec-interview-de-pierre-lebel-coordinateur-de-jeunesse-en-mission-a-montreal/

 

Lorsque Dieu nous parle de bonheur

L’association de ces deux mots : Dieu et bonheur est sans doute diffĂ©remment reçue selon l’histoire de chacun, la maniĂšre dont il a vĂ©cu dans tel ou tel milieu, les reprĂ©sentations qu’il a de Dieu. Dans l’Evangile, nous dĂ©couvrons la personnalitĂ© de Dieu Ă  travers JĂ©sus et sa relation avec  un pĂšre proche et aimant. Un texte de l’Evangile de Matthieu, souvent connu sous les termes de « bĂ©atitudes » nous rapporte ce que JĂ©sus nous dit du bonheur.

Parce qu’à travers une guĂ©rison, Odile Hassenforder a reçu en mĂȘme temps l’amour et la bontĂ© de Dieu pour vivre ensuite, au long des annĂ©es, dans le mĂȘme esprit, elle a toujours aimĂ© se rappeler et nous rappeler que « Dieu fait pour nous des projets de bonheur et non de malheur » (JĂ©rĂ©mie 29.11). Dans son livre : « Sa prĂ©sence dans ma vie » (1), elle nous parle de la maniĂšre dont elle perçoit les bĂ©atitudes : « Les bĂ©atitudes « à ma façon » (p 113-116) . Ses paroles sont l’expression de son ressenti, de son observation et de sa rĂ©flexion. En voici quelques extraits :

 « Joie pour les doux, les humbles

Il s’agit de ceux qui ne revendiquent pas. Ils possĂšdent une force intĂ©rieure, une autoritĂ© calme. Ils vivent, goĂ»tent la vie dans la justesse des choses, dans le calme, la tranquillitĂ©, la confiance
 Alors ils peuvent accueillir tous les bienfaits de Dieu et en jouir sur cette terre. En cela, ils hĂ©ritent (possĂšdent) de toute la crĂ©ation Ă  leur disposition alors que les violents essaient d’arracher ce qui leur manque au lieu d’accueillir, recevoir, voir au-delĂ .

 Purs, droits, sincÚres

Ceux-lĂ  rĂ©aliseront la nature de Dieu, car vivre de la justice de Dieu signifie qu’en soi coule la sĂšve de la vigne. MĂȘme chez ceux qui ne connaissent pas Dieu, mais ressentent en eux ce qui est juste, conforme Ă  une vie juste, sans le savoir, circule en  eux la vie divine. A plus forte raison
 ceux qui ont la rĂ©vĂ©lation du Dieu vivant, rĂ©alisent, discernent de plus en plus qui est Dieu, car la vie divine circule en eux et ils dĂ©sirent de plus en plus demeurer en Dieu, recevoir la prĂ©sence de Dieu qui transforme leur vie comme le soleil illumine la nature.

 Heureux ceux qui rĂ©pandent la paix autour d’eux.

J’aime cette traduction avec les mots : « rĂ©pandre autour d’eux ». En effet, pour moi, toute personne peut ĂȘtre atmosphĂšre de paix
C’est son attitude, sa maniĂšre d’ĂȘtre que l’entourage ressent comme une atmosphĂšre paisible qui fait du bien…

 Ces bĂ©atitudes sont le reflet de la nature de Dieu, rĂ©vĂ©lĂ©e par JĂ©sus. CrĂ©Ă©e Ă  l’image de Dieu, toute personne y aspire. C’est par grĂące que nous pouvons y accĂ©der si nous le dĂ©cidons. Ceux qui ne connaissent pas Dieu et cherchent Ă  le faire reçoivent cette grĂące de Dieu et connaissent aussi cette joie, sans doute Ă  moindre dose, car ne connaissant pas la source, ils ne peuvent remercier, louer Dieu, ce qui a un effet multiplicateur.»

Partageons nos expériences sur la maniÚre dont nous ressentons le bonheur intérieur et comment nous le percevons dans ceux qui nous entourent.

JH

(1)         Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Empreinte, 2011. www.editions-empreinte.com. Présentation sur le site de Témoins : Sa présence dans ma vie.

 

Partager le bon et le beau

https://www.temoins.com/wp-content/uploads/2011-2/2011-2_777Allons.jpgNous nous trouvons souvent  confrontĂ©s Ă  une ambiance oĂč l’expression du nĂ©gatif l’emporte. DiffĂ©rents sentiments s’y manifestent. Ce peut ĂȘtre la crainte lorsqu’on se dĂ©charge, sans contrepartie de mauvaises nouvelles et, parfois, avec force dĂ©tails. C’est une absence d’horizon, un avenir bouchĂ©. Tous les maux de la terre, certes bien rĂ©els, affluent. Parfois on regrette le passĂ©. Tout va mal. Tout va plus mal. Et puis, chacun pour soi. Cela se dit rarement, mais cela se pratique : Ă©goĂŻsme et cynisme. Bien sĂ»r, lĂ  oĂč une foi ou un  idĂ©al se manifestent, l’ambiance est autre. Mais, mĂȘme lĂ , on observe parfois un repli sur son propre milieu : le bien au dedans, le mal et le danger au dehors.

Ce propos est caricatural. Et d’ailleurs, le mal existe. Il est lĂ  et bien lĂ . Cette rĂ©alitĂ© appelle mise en garde, lutte et pour les chrĂ©tiens, intercession. Simplement, partout oĂč nous constatons une expression commune d’empathie, de sympathie et de paix, nous pouvons dire qu’il y a lĂ  ce qui permet aux gens de vivre et Ă  la sociĂ©tĂ© d’ĂȘtre humaine, au bon sens du mot. Et d’ailleurs, qui ne verrait pas le positif, non seulement dans l’attention que tant de gens se portent dans la vie quotidienne, mais aussi dans des mouvements qui s’expriment Ă  grande Ă©chelle dans notre sociĂ©té : l’entraide qui se dĂ©ploie dans un grand nombre d’associations humanitaires, le dĂ©sir de beautĂ© qui fait le succĂšs des expositions, une nouvelle sociabilitĂ© qui s’esquisse notamment sur internet, et bien d’autres tendances positives. Apprenons Ă  voir le positif dans l’offre « mĂ©langĂ©e » des mĂ©dias. Mais n’y aurait-il pas aussi des lieux de rencontre oĂč on puisse, Ă  certains moments, partager ce qui est bon et beau et s’en rĂ©jouir ensemble ?

Nous rapportons ici une expĂ©rience. Pendant quelques annĂ©es, dans une association, des rencontres ont Ă©tĂ© organisĂ©es pour permettre un partage des expĂ©riences positives de chacun. Ainsi, les participants exprimaient des expĂ©riences de tout genre, ce qu ‘ils avaient vĂ©cu de beau et de bon. Ce pouvait ĂȘtre l’émotion ressentie Ă  la vue d’une peinture, l’apprĂ©ciation d’un livre ou d’un film, l’harmonie perçue Ă  travers tel chant ou telle musique, la joie d’une comprĂ©hension nouvelle de la sociĂ©tĂ© ou de la nature, mais aussi un moment de bonheur au quotidien, l’émotion ressentie en prĂ©sence d’un paysage, une expĂ©rience spirituelle ou l’expression d’un vĂ©cu relationnel bienfaisant. Et cette Ă©numĂ©ration n’a pas de limites.

Chacun pouvait donc participer selon son dĂ©sir en exprimant ainsi ce qui lui tenait Ă  cƓur, mais aussi en Ă©coutant tout simplement et en goĂ»tant le bonheur de ce partage. Chacun avait son chemin, son itinĂ©raire. Chacun Ă©tait respectĂ© dans son mouvement et sa recherche.

Explicitement , cette rencontre Ă©tait organisĂ©e par des chrĂ©tiens, si bien qu’il Ă©tait reconnu qu’à certains moments, dans un chant ou dans une priĂšre, une louange s’exprimait. C’était une expression de reconnaissance envers « l’Esprit qui donne la vie » et en « Celui en qui nous avons la vie, le mouvement et l’ĂȘtre » (Actes 17.27). Et ce Dieu lĂ  ne fait pas de forcing et respecte le cheminement de chacun.

Il y avait lĂ  une ambiance conviviale et joyeuse qui faisait Ă©cho Ă  ce que, dans les premiers temps du christianisme, un apĂŽtre a exprimĂ© en considĂ©rant ce qui Ă©tait positif dans la sociĂ©tĂ© de son temps, elle aussi aux prises avec bien des dĂ©formations et mĂȘme des dĂ©pravations.  Paul Ă©crivait ainsi aux chrĂ©tiens : « Que tout ce qui est bon et digne de louange, tout ce qui est vrai, respectable, juste, pur et honorable soit l’objet de vos pensĂ©es » (Epitre aux Philippiens 4.8).

Ce que nous vivons dĂ©jĂ  sur un certain registre, pourquoi ne pas le partager dans des rencontres comme celles que nous venons de dĂ©crire ? La situation peut varier. Elle est peut ĂȘtre trĂšs informelle, par exemple une soirĂ©e entre amis oĂč on prend plaisir Ă  partager de belles et bonnes choses. Le cadre lui-mĂȘme peut  comporter de nombreuses variantes en particulier dans le degrĂ© de l’expression de foi qui pourrait aller jusqu’à la mise en Ɠuvre d’un culte oĂč l’Esprit s’exprime Ă  partir de l’expĂ©rience apportĂ©e et partagĂ©e comme des paroles bibliques qui se prĂ©sentent. Comme dans une oeuvre musicale, il y a des notes multiples. On peut aussi prendre part Ă  des processus analogues dans des contextes purement sĂ©culiers. Quoiqu’il en soit, sachons ĂȘtre attentif. « L’essence de la crĂ©ation dans l’Esprit est la collaboration » (JĂŒrgen Moltmann). « Tout ce qui monte, converge » (Teilhard de Chardin).

 

JH

 

Sur ce blog : Vivre en harmonie

Sur le site de TĂ©moins, la vie d’un groupe de partage : Un air de libertĂ©. Conversation avec FrĂ©dĂ©rique. https://www.temoins.com/un-air-de-liberte-entretien-entre-frederique-ivulski-et-jean-hassenforder/

 

La tĂȘte et le cƓur

Aujourd’hui, de plus en plus, la spiritualitĂ© se conjugue avec l’expĂ©rience. Cette expĂ©rience met en jeu toutes les dimensions de notre ĂȘtre : le corps et l’esprit, la tĂȘte et le cƓur. Cependant des reprĂ©sentations peuvent faire encore barrage. En effet, si le changement culturel opĂ©rant Ă  partir de registres convergeant, amĂšne de plus en plus une reconnaissance des interrelations entre les diffĂ©rents aspects de notre ĂȘtre, il y a aussi dans notre hĂ©ritage des philosophies antagonistes qui, pendant des siĂšcles, ont prĂŽnĂ© la sĂ©paration et une hypertrophie du mental par rapport aux autres dimensions de l’ĂȘtre humain. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, dans certains milieux « rationalistes » comme dans certains cercles chrĂ©tiens oĂč l’exercice de la foi s’opĂšre principalement Ă  travers une rĂ©flexion intellectuelle, on observe des rĂ©serves vis Ă  vis de l’expĂ©rience spirituelle. Et nous pouvons Ă©prouver en nous mĂȘme des rĂ©sistances issues de ces reprĂ©sentations. Il est donc important d’en comprendre l’origine pour pouvoir vivre pleinement ce que l’Esprit nous apporte Ă  travers l’expĂ©rience.  Deux auteurs : JĂŒrgen Moltmann et Leanne Payne,  nous apportent sur cette question des Ă©clairages pertinents.

 

La sĂ©paration entre l’ñme et le corps.

 

Ainsi JĂŒrgen Moltmann montre comment la philosophie platonicienne a profondĂ©ment influencĂ© le christianisme occidental (1) Platon proclame l’excellence d’une Ăąme immortelle. « Si l’homme cherche son identitĂ© dans l’ñme et non dans le corps, il se trouve lui-mĂȘme immortel et immunisĂ© contre la mort ». A cette supĂ©riorité  de l’ñme correspond une infĂ©rioritĂ© du corps, voire un quasi rejet. « Elle enlĂšve Ă  la vie corporelle tout intĂ©rĂȘt vital et dĂ©grade le corps en une enveloppe indiffĂ©rente de l’ñme ».

Le dualisme entre le corps et l’ñme « sera transposĂ© par Descartes dans la dichotomie moderne du sujet et de l’objet ». C’est seulement la pensĂ©e excluant la perception sensible qui induit la conscience de soi. Le sujet pensant exerce un commandement sur son corps et par extension sur la nature.

En regard, JĂŒrgen Moltmann adhĂšre Ă  une anthropologie biblique. L’homme, « engagĂ© dans une histoire divine » apparaĂźt toujours comme un tout et s’inscrit dans des relations existentielles. C’est en terme d’alliance qu’on doit concevoir la relation entre l’ñme et le corps.

 

La dĂ©chirure entre la tĂȘte et le cƓur.

 

En analysant les obstacles Ă  la priĂšre d’écoute (2), Leanne Payne Ă©voque une « dĂ©chirure grave entre la tĂȘte et le cƓur ». Comment puis-je entendre Dieu, si « je n’intĂšgre pas correctement mes capacitĂ©s intuitives et imaginatives Ă  mes facultĂ©s objectives et rationnelles pour les utiliser dans un juste Ă©quilibre ».

Ce dysfonctionnement est liĂš Ă  ce qu’elle appelle la « faille cartĂ©sio-kantienne » entre la pensĂ©e et l’expĂ©rience. L’hĂ©ritage intellectuel de Descartes et de Kant a engendrĂ© chez beaucoup de chrĂ©tiens une dĂ©chirure « se caractĂ©risant par le fait qu’ils acceptent une connaissance conceptuelle au sujet de Dieu comme rĂ©alitĂ© tout en niant simultanĂ©ment les maniĂšres Ă©lĂ©mentaires d’aimer Dieu, de le connaĂźtre et de marcher avec lui, ces derniĂšres Ă©tant plus Ă©troitement liĂ©es Ă  la connaissance intuitive sans laquelle nous perdons les bienfaits de la raison et ceux de la connaissance conceptuelle » .

« En niant les maniÚres intuitives de connaßtre, nous ne pouvons plus entendre la voix de Dieu. ».

« A l’inverse de l’idĂ©ologie kantienne, les chrĂ©tiens affirment que Dieu lui mĂȘme nous parle d’une maniĂšre dont il nous donne le modĂšle dans l’écriture. Il a façonnĂ© nos Ăąmes et nous a donnĂ© des oreilles et des yeux spirituels, enracinĂ©s dans le fait qu’il vit en nous et nous en lui, afin que nous le voyions, l’entendions et le connaissions ».

 

Notre propos ici n’est pas de traiter de l’expĂ©rience et des conditions de son authenticitĂ© spirituelle, mais simplement d’éclairer et donc de lever les barriĂšres culturelles qui peuvent s’y opposer. Oui, c’est en terme de rĂ©ciprocitĂ© que nous percevons la relation entre notre Ăąme et notre corps, entre notre tĂȘte et notre cƓur.

 

Leanne Payne raconte qu’une personne ayant dĂ©couvert le chemin de la priĂšre d’écoute s’attira cette remarque acerbe : « Je vois, vous avez maintenant une ligne directe avec Dieu ». Une amie me disait rĂ©cemment qu’elle hĂ©sitait Ă  faire connaĂźtre ce blog parmi les membres d’un groupe chrĂ©tien (catholique) trĂšs centrĂ© sur la rĂ©flexion Ă  travers l’étude de livres. Elle pensait que, pour certains de ces membres, le blog leur apparaĂźtrait comme trop tournĂ© vers l’expĂ©rience. Quel est notre vĂ©cu Ă  ce sujet ? Quels sont nos cheminements ?

 

JH

 

(1)            Cette analyse est dĂ©veloppĂ©e Ă  plusieurs reprises par JĂŒrgen Moltmann. A propos de cette Ɠuvre :  www.lespritquidonnelavie.com

(2)            Payne (Leanne). La priĂšre d’écoute. RaphaĂ«l, 1994 (p.141-143)

GuĂ©rison, libĂ©ration. La vie d’Odile Hassenforder a changĂ©

Une expĂ©rience fondatrice dans  la mouvance de l’Esprit.

 

Dans le dĂ©sarroi existentiel, une parole de l’Evangile vient Ă  notre rencontre pour nous permettre de trouver ou de retrouver, Ă  travers les mots de Pierre, la relation avec JĂ©sus qui donne sens et paix : « Seigneur, Ă  qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie Ă©ternelle » (Jean 6.68). Et lorsque nous sommes pressĂ© par la maladie, les paroles et les actes de JĂ©sus dans l’Evangile ouvrent pour nous une espĂ©rance mobilisatrice. Dans son livre : « Sa prĂ©sence dans ma vie », Odile raconte une expĂ©rience qui a changĂ© sa vie et dans laquelle guĂ©rison et libĂ©ration sont Ă©troitement associĂ©es. A travers la vision spirituelle qui en est rĂ©sultĂ©e, cette expĂ©rience fondatrice a accompagnĂ© toute sa vie (1). Odile a Ă©crit plusieurs rĂ©cits de cette expĂ©rience vĂ©cue en 1973. Nous prĂ©sentons ici l’un d’entre eux, publiĂ© en 1985 dans le bulletin : TĂ©moins. Ce texte nous communique le vĂ©cu et le ressenti de cette expĂ©rience, mais, en mĂȘme temps, il nous apporte des paroles bibliques en Ă©chos et en Ă©clairage. L’annonce qui lui a ouvert les portes de la vie a Ă©tĂ© pour elle source de libertĂ© en lui offrant un choix. « Pourquoi ne la transmettrais-je pas aux autres ? Du reste, annoncer, informer, proposer, ce n’est pas imposer ; c’est vraiment au fond de lui-mĂȘme (le cƓur dont parle la Bible) que chacun dĂ©cide » (Evangile de Marc 4.1-9) ;

 

Recoller les morceaux. 

            Je continue Ă  dire aujourd’hui que j’ai beaucoup de chance d’avoir dĂ©couvert Dieu agissant dans ma vie. Ce jeudi d’octobre 1973, j’ai reçu au plus profond de mon ĂȘtre la vie en JĂ©sus-Christ qui m’a sauvĂ©e, guĂ©rie, baptisĂ©e en son Esprit Saint (Evangile de Matthieu 3.11) ;

 

A cette Ă©poque, je sentais ma personnalitĂ© m’échapper, se dissocier au point oĂč je n’arrivais plus Ă  rĂ©diger un chĂšque ou Ă  compter ma monnaie. Ecrire un rapport devenait un supplice car, Ă  certains moments, je ne contrĂŽlais plus ma pensĂ©e Je sombrais de plus en plus malgrĂ© la psychanalyse, divers traitements et mĂȘme l’aide fraternelle.

 

Me rappelant une phrase de l’Evangile, j’ai hurlĂ© Ă  JĂ©sus : « Si vraiment tu es la vie, donne-moi le goĂ»t Ă  la vie (Jean 14.6). Et en moi a jailli une source de vie, d’énergie, d’amour, de joie. (Jean 4.4 ; Galates 5.22).

 

Cette rĂ©ponse n’a pas Ă©tĂ© immĂ©diate car, je l’ai compris depuis, il ne suffit pas de demander, il faut saisir la promesse de JĂ©sus (Jean 7.37).

 

Un chrĂ©tien rencontrĂ© en vacances, m’a dit que JĂ©sus guĂ©rissait aujourd’hui comme en Palestine durant sa vie terrestre : invisible mais rĂ©el pour ceux qui croient. J’ai posĂ© un tas de questions, j’avais du mal Ă  le croire, mais je ne l’ai pas oubliĂ©. Trois mois plus tard, j’ai failli provoquer un accident : je voyais le feu rouge sans pouvoir rĂ©agir Ă  ce signal et une voiture a coupĂ© ma route Ă  vive allure puisque le feu Ă©tait vert pour elle ! Ce jour-lĂ , j’ai rĂ©flĂ©chi : je peux continuer Ă  essayer de m’en sortir tout en sachant que je risquais fort de glisser davantage dans le gouffre et la folie. Par ailleurs, je sais maintenant que JĂ©sus guĂ©rit. J’ai donc le choix entre deux chemins. Depuis des annĂ©es, je lutte dĂ©sespĂ©rĂ©ment pour mon fils, mon mari et puis
 j’ai envie de vivre tout simplement. Alors j’ai choisi la vie (DeutĂ©ronome 30.15) et j’ai tĂ©lĂ©phonĂ© Ă  la seule personne convaincue et expĂ©rimentĂ©e que je connaissais.

 

Il n’était plus question de discuter. J’ai demandĂ© la priĂšre. Je l’ai mĂȘme demandĂ© cinq fois durant cette semaine, car je retombais dans une dĂ©pression profonde aprĂšs avoir reçu une Ă©nergie peu commune (Jean 6.27 ; Luc 11.13). J’avais vraiment dĂ©cidĂ© de vivre et je m’accrochais. Je remettais toute ma vie concrĂšte Ă  JĂ©sus pour qu’il la transforme positivement.En sortant d’une rĂ©union de priĂšre, oĂč j’ai eu la conviction intĂ©rieure que j’allais guĂ©rir, j’ai rĂ©alisĂ©, au moment de m’endormir, que mon ĂȘtre Ă©clatĂ© reprenait son unitĂ©. Chaque morceau prenait sa place comme un puzzle terminĂ©. Je me trouvais totalement dans la rĂ©alitĂ© et je dĂ©couvrais en mĂȘme temps, un univers inconnu de moi auparavant (Job 42.5) dans lequel, en harmonie avec moi-mĂȘme et avec mon environnement, je prenais naissance dans la joie et dans la paix (Jean 3.3 ; 2 Corinthiens 5.17). Je rentrais dans le royaume de Dieu (Romains 14.17) et l’Eglise  spirituelle de JĂ©sus-Christ (Jean 1. 13 ; Matthieu 16.17).

 

Je me suis mise Ă  lire la Bible, le Nouveau Testament d’abord. Je devrais dire « dĂ©vorer », car toutes ces paroles rĂ©sonnaient en moi d’évidence et je disais : c’est bien ça, c’est vrai, c’est ce qui m’arrive ! (Jean 16.13). SimultanĂ©ment, je dĂ©bordais d’amour mĂȘme pour des collĂšgues qui m’avaient fait des « crasses » dans mon travail. Cette bonne nouvelle  de JĂ©sus ressuscitĂ©, je la racontais Ă  qui voulait l’entendre. Cette annonce a Ă©tĂ© pour moi source de libertĂ© en m’offrant un choix. Pourquoi ne la transmettrais-je pas aux autres ? Du reste, annoncer, informer, proposer, ce n’est pas imposer. C’est vraiment au fond de lui-mĂȘme (le cƓur dont parle la Bible) que chacun dĂ©cide (Marc 4.1-9).

 

Je suis profondĂ©ment reconnaissante au Seigneur car « sa bontĂ© et sa grĂące m’accompagnent tous les jours de ma vie », sa perfection se manifeste dans sa misĂ©ricorde (Matthieu 5.48 ; Luc 6.36), lui qui fait briller son soleil sur tous les hommes qu’Il aime sans distinction (Matthieu 5.45).

 

Odile Hassenforder

 

(1)   Hassenforder (Odile). Sa prĂ©sence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte, 2011 . Odile y relate sa guĂ©rison avec plus d’ampleur et de recul, dans un  chapitre : « Ma vision de Dieu a changé » (p 27-43) PrĂ©sentation du livre sur le site de TĂ©moins : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html