par jean | Nov 1, 2014 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Hstoires et projets de vie |
Lâassociation de ces vers Ă©crits par Khalil Gibran, poĂšte libanais, Ă la vidĂ©o de Anja Linder (1), cĂ©lĂšbre harpiste, peut sembler incongrue.
Anja Linder a justement perdu lâusage de ses jambes, ce qui est trĂšs handicapant pour jouer de cet instrument qui possĂšde 7 pĂ©dales.
Si « le corps est la harpe de notre ùme », que se passe-t-il lorsque ce corps est amputé ?
Nây a-t-il plus dâexpression possible de notre Ăąme ?
Ces deux ĂȘtres ont chacun vĂ©cu des choses extrĂȘmement dures dans leur vie.
Et pourtant, le rĂ©sultat de leur expression, littĂ©raire pour lâun et musicale pour lâautre, en est magnifique, sublime de poĂ©sie, de beautĂ©, de dĂ©licatesse ⊠celles-lĂ mĂȘme qui Ă©mergent des profondes douleurs.âŠ
La vie difficile de ce poÚte a fait naßtre en lui ces doux vers empreints de pureté.
La situation de handicap a fait naĂźtre chez Anja Linder cette mĂȘme puretĂ© dans le son, dans lâinterprĂ©tation, mĂȘme dĂ©licatesse quand elle caresse les cordes de sa harpe.
Oui le corps de Anja Linder se trouve privĂ© de lâusage de ses jambes, mais câest alors Anja Linder toute entiĂšre qui devient « la harpe de son Ăąme ». Il suffit
– de regarder ses mains pour sentir la douceur du glissement ou du pincement,
– dâĂȘtre attentif Ă son visage pour y lire lâĂ©motion qui la fait vibrer quand elle joue cette mĂ©lodie, et qui tour Ă tour la remplit de sĂ©rĂ©nitĂ© ou la bouleverse.
(Vidéo, position 6mn50)
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Ses jambes ne rĂ©pondent plus, sa paralysie aurait pu lâimmobiliser, physiquement et psychiquement.
Elle aurait pu se laisser porter (au sens propre et au sens figuré), se laisser « passivement » pousser dans son fauteuil.
Or elle a choisi une autre voie : son vrai moteur, câest sa passion, et la dĂ©termination qui y est associĂ©e, cette dĂ©termination qui lui a fait refuser de croire tout ce quâon lui prĂ©disait.
Elle sâest accrochĂ©e et la « vie » lui a permis de croiser sur son chemin des ĂȘtres merveilleuxâŠ.
Et la voilĂ qui rebondit, se reconstruit⊠et en arrive Ă transmettre quelque chose dâencore plus beau, plus fort que tout ce quâelle pouvait transmettre auparavant⊠Pour notre plus grand plaisir et notre plus bel enseignement.
Son tĂ©moignage de vie et lâinterprĂ©tation musicale toute empreinte de sensibilitĂ© quâelle nous propose, sont indissociables lâun de lâautre.
Câest vraiment cela que je veux retenir, et qui sous tend ma motivation profonde dans lâactivitĂ© de coaching que jâexerce : nous possĂ©dons tous en nous de merveilleuses richesses, parfois insoupçonnĂ©es, et souvent inexploitĂ©es.
Quelle que soit nos expériences de vie, aussi douloureuses soient-elles, la décision nous appartient : que voulons-nous faire de cette expérience, de cette rupture, de ce trauma ?
Les difficultĂ©s peuvent faire naĂźtre colĂšre, aigreur, rancuneâŠ. comme elles peuvent faire fleurir une sensibilitĂ© extrĂȘme qui Ă©merge des profondeurs de lâĂąme blessĂ©e, sensibilitĂ© qui ne demande quâĂ Ă©clore, pour le plus grand bonheur et bĂ©nĂ©fice des autres : expression artistique, attention Ă autruiâŠ
Etre porteur de Vie, de foi, et dâespĂ©rance⊠au-delĂ du trauma, pour porter tĂ©moignage
– que le rebond personnel est possible,
– que les valeurs dâentraide, de compassion⊠ne sont pas des vains mots, et quâils bĂ©nĂ©ficient tout autant Ă celui qui reçoit, Ă celui qui donne et Ă ceux qui en sont tĂ©moins.
Nâabandonnez jamais⊠quoiquâil arrive, battez-vous ; cherchez en vous les talents Ă exploiterâŠ
Ils seront votre force, et serviront dâexemple Ă dâautres par votre rayonnement.
Merci à Anja Linder : cette vidéo est un bel hymne à la Vie, vie plus forte que la mort.
BĂ©atrice Ginguay
(1) « Ma vie, câest jouer et avancer avec lĂ©gĂšreté » : expression dâAnja Linder filmĂ©e au thĂ©Ăątre du Chatelet le 5 octobre 2014 dans le cadre dâune rencontre de TEDx Paris . On trouvera parmi les autres « talks » de cette session, quelques tĂ©moignages qui nous paraissent particuliĂšrement originaux et porteurs de sens.
http://www.tedxparis.com/anja-linder-ma-vie-cest-jouer-et-avancer-avec-legerete/
par jean | Mar 2, 2012 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Société et culture en mouvement, Vision et sens |
Avons-nous tendance Ă nous installer dans un groupe en ignorant ou en rejetant ceux qui sont Ă lâextĂ©rieur ? Sommes-nous enclins Ă catĂ©goriser les gens en termes contraires jusquâĂ la position extrĂȘme : les bons et les mĂ©chants ? Ou bien, Ă lâinverse, sommes-nous disposĂ©s Ă la bienveillance vis Ă vis de ceux qui nous entourent en reconnaissant la diversitĂ© des comportements. Notre attitude dans la vie sociale dĂ©pend Ă©videmment de nos mouvements intĂ©rieurs qui sâinscrivent dans les dimensions psychologique et spirituelle de notre ĂȘtre. Comment gĂ©rons-nous lâagressivitĂ© et lâangoisse ? Y a-t-il en nous un courant de vie positive qui sâexprime dans lâempathie et la sympathie ?
Cependant, quelque soit notre attitude personnelle, nous sommes confrontĂ©s au climat des groupes sociaux dans lesquels nous vivons. Cette ambiance exerce sur nous une influence dont nous avons plus ou moins conscience et face Ă laquelle nous ne sommes pas toujours en mesure dâopposer une rĂ©flexion critique ? Et pourtant, lorsquâon y rĂ©flĂ©chit, la maniĂšre de vivre dans un groupe en opposant plus ou moins consciemment les gens qui sont dedans Ă ceux qui sont dehors, en termes positifs pour les uns, nĂ©gatifs pour les autres, est beaucoup plus rĂ©pandue quâon ne lâimagine.
Lâexclusion : une question sociale trĂšs actuelle .
Les historiens nous dĂ©crivent le mĂ©pris orgueilleux affichĂ©s par la classe dominante vis Ă vis des pauvres et des exclus dans diffĂ©rents contextes de notre passĂ©. Le livre de Guillaume Le Blanc : « Que faire de notre vulnĂ©rabilitĂ©Â ? » (1) nous montre combien le phĂ©nomĂšne de lâexclusion est encore trĂšs prĂ©sent aujourdâhui en dĂ©crivant et analysant les processus correspondants. « Aujourdâhui nombreux sont ceux qui ont le sentiment dâĂȘtre exclus, dâĂȘtre rejetĂ©s du mauvais cĂŽtĂ© de la frontiĂšre. Nombreux sont ceux Ă©galement qui redoutent de lâĂȘtre⊠La crainte de lâexclusion ne porte pas seulement sur ce quâelle entraĂźne dans les conditions dâexistence, mais aussi sur une perte dâhumanité⊠Dans lâeffroi de lâexclusion, le sentiment mĂȘme dâune communautĂ© des vies humaines est potentiellement annulĂ©.. . Exclure ne revient pas seulement, de ce fait, Ă tracer une ligne entre dedans et dehors, mais Ă contester le caractĂšre pleinement humain de celles et ceux qui sont perçus, Ă tort ou Ă raison, comme Ă©tant dehors » (p 26-27). Une frontiĂšre est Ă©rigĂ©e. « Lâexclusion prĂ©cipite lâexclus au delĂ de la frontiĂšre et crĂ©e un fossĂ© entre celles et ceux qui sont dedans et celles et ceux qui sont dehors » ( p 26). Si, comme « sujets travailleurs, raisonnables, citoyens, cherchant, dans le centre de nos ville, plaisir de vie », nous nous protĂ©geons par un sentiment de supĂ©rioritĂ© vis Ă vis des exclus, le remĂšde nâet-il pas dans une conception de lâhomme qui accepte de reconnaĂźtre sa propre vulnĂ©rabilitĂ©. « Contre la suffisance dâune communautĂ© qui se proclame invulnĂ©rable, lâaccueil de lâexclu fait advenir une autre humanitĂ©, vulnĂ©rable tout autant quâimprĂ©visible » (p.211).
Hors de lâEglise, point de salutâŠÂ !?
Dedans. Dehors. Un autre exemple se présente à nous. Il est emprunté au domaine religieux.
Au long des siĂšcles, lâEglise a Ă©tĂ© le berceau dâĆuvres charitables. Mais il y a aussi la mĂ©moire dâune puissance qui imposait sa loi. Un historien, Jean Delumeau, nous rapporte la prĂ©sence dâune culture de la peur fondĂ©e sur la menace de lâenfer, une exclusion Ă©ternelle. Certes, on doit Ă©viter de gĂ©nĂ©raliser et de caricaturer, mais il y a bien eu des thĂ©ologiens qui ont transposĂ© la violence de leur Ă©poque, violence du pouvoir et violence des mĆurs, dans leur conception de Dieu et de la destinĂ©e humaine (2). On se rappelle lâadage : « Hors de lâEglise, point de salut ». Bien sĂ»r, les mentalitĂ©s ont considĂ©rablement Ă©voluĂ©, mais la croyance en une division entre « sauvĂ©s et perdus » persiste encore dans certains cercles chrĂ©tiens. LĂ ou elle est latente, les non croyants ne sont pas perçus comme des personnes Ă part entiĂšre oĂč lâEsprit est Ă lâĆuvre, mais, plus ou moins, comme des gens Ă convertir. Alors lâEglise se vit en terme de dedans par rapport au dehors. Quelle diffĂ©rence avec lâattitude de JĂ©sus qui sâen va Ă la rencontre des « pĂ©cheurs et des publicains ».
JĂ©sus en lutte contre les forces dâexclusion
JĂŒrgen Moltmann nous aide Ă sortir dâune catĂ©gorisation qui engendre lâexclusion. ThĂ©ologien, il rejoint lâanalyse du philosophe, Guillaume Le Blanc, lorsquâil Ă©crit dans un livre : « JĂ©sus, le messie de Dieu » (3) : « Dans toute les sociĂ©tĂ©s, il existe les catĂ©gories alpha qui dĂ©terminent ce qui doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme bon et ce qui doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme mauvais. Et il existe les catĂ©gories omĂ©ga dont la bonne sociĂ©tĂ© doit se dĂ©marquer parce quâelle reprĂ©sente ce qui est mal . Lorsque cette dualitĂ© conduit Ă la formation de classes commence alors une lutte sans pitiĂ© des « bons » contre les « mauvais ». (p166) Dans les rĂ©cits des Evangiles, le concept de pĂ©cheur a une signification sociale comme le montrent les couples de concepts : bien portants-malades, justes-pĂ©cheurs, pharisiens-publicains ». De fait, les pĂ©cheurs sont des juifs qui ne sont pas en mesure dâobserver la Torah.
Or JĂ©sus dĂ©clare quâil est venu appeler non pas des justes, mais des pĂ©cheurs (Marc 2.17). « En entrant dans la compagnie des pĂ©cheurs et des publicains, JĂ©sus sâengage dans un conflit social Ă connotation religieuse qui creuse un abĂźme entre justes et injustes, entre bons et mauvais⊠Les justes revendiquent pour eux-mĂȘmes la justice de Dieu et imposent socialement leur systĂšme de valeurs. De mĂȘme que la « possession de la richesse » fait que les pauvres restent pauvres, de mĂȘme, la « possession du bien » creuse le fossĂ© entre les bons et les mauvais, et fait que les mauvais restent mauvais ».
JĂ©sus prend parti en faveur des discriminĂ©s. « En faisant cela personnellement, il leur rĂ©vĂšle, Ă eux et Ă ceux qui les oppriment, la justice messianique de Dieu qui, par le droit de la grĂące, rend juste ceux qui sont injustes, bons ceux qui sont mauvais et beaux ceux qui sont laids. Il sâagit lĂ dâune attaque en rĂšgle contre la morale religieuse et bourgeoise ».
JĂ©sus va Ă la rencontre des exclus, partage la table des pĂ©cheurs et des publicains. « JĂ©sus anticipe le festin des justes dans le royaume de Dieu et fait ainsi lui mĂȘme la dĂ©monstration de ce que signifient lâaccueil par le Dieu de misĂ©ricorde et le pardon des pĂ©chĂ©s. Etre invitĂ© au grand festin du Royaume de Dieu⊠JĂ©sus cĂ©lĂšbre le repas des temps messianiques avec les discriminĂ©s de son temps. Sâil est le Fils de Dieu messianique, il reprĂ©sente ainsi le comportement de Dieu lui-mĂȘme » (p166).
Lâattitude Ă laquelle JĂ©sus nous invite dans les BĂ©atitudes (Matthieu 5.1-11) va dans le mĂȘme sens. Il sâadresse Ă un peuple divers confrontĂ© Ă de nombreuses difficultĂ©s. Il aide chacun Ă reconnaĂźtre ses vulnĂ©rabilitĂ©s, mais aussi les dons quâil a reçus. Il rĂ©pand un courant de vie.
Pour une commune humanité, accepter nos vulnérabilités
Dedans. Dehors. Nous sommes frĂ©quemment confrontĂ©s en nous mĂȘme et dans les groupes sociaux oĂč nous vivons Ă des tentations de repli, Ă des attitudes dâexclusion. Nous observons les mĂȘmes tendances Ă une Ă©chelle plus vaste dans le champ politique. Câest le cas, par exemple, dans la maniĂšre de considĂ©rer les Ă©trangers .
En regard, lâEvangile nous apporte un souffle dâuniversalitĂ©. Câest la source dâune dimension fraternelle.
En analysant les processus dâexclusion et les dispositions dâesprit qui les favorisent, Guillaume Le Blanc apporte une comprĂ©hension qui est aussi un horizon de vie et dâaction : « Lâangoisse dâĂȘtre exclus, la hantise dâĂȘtre dĂ©barquĂ©, la peur de tomber, nâont jamais imprimĂ© aussi fortement nos vies. DâoĂč vient ce sentiment de vulnĂ©rabilitĂ© et que peut-on en faire ? Au moment mĂȘme oĂč il semble nous priver de tout pouvoir, il nous faut reconnaĂźtre notre commune fragilitĂ© et lâirrĂ©ductible humanitĂ© de ceux qui ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© rejetĂ©s » (en couverture). Et il nous invite Ă un nouveau regard : « Câest seulement en reconnaissant que nous sommes vulnĂ©rables que nous pourrons affronter lâexclusion et la comprendre malgrĂ© tout comme une possibilitĂ© humaine et aussi comme une possibilitĂ© de vie humaine « (p22).
Il y a bien des exemples oĂč cet esprit est Ă lâĆuvre. Câest le cas par exemple dans les « communautĂ©s de lâArche », mais aussi dans de nombreuses associations. Dans un livre rĂ©cent : « le grain de sable et la perle », Laurent de Cherisey, bien connu pour lâĆuvre remarquable quâil a accompli pour faire connaĂźtre des pionniers du dĂ©veloppement social et environnemental Ă travers le monde, « les passeurs dâespoir », nous raconte comment, Ă partir dâun accident intervenu dans sa famille, il a Ă©tĂ© amenĂ© Ă sâengager dans la rĂ©alisation dâun lieu de vie pour accueillir des handicapĂ©s Ă la suite dâun traumatisme cranien. Son tĂ©moignage rejoint la rĂ©flexion de Guillaume Le Blanc : « Les personnes handicapĂ©es mâon fait le merveilleux cadeau de dĂ©couvrir que nos fragilitĂ©s ne sont pas un mal honteux Ă dissimuler, mais des opportunitĂ©s de fĂ©conditĂ©. Dans lâalliance de nos vulnĂ©rabilitĂ©s se tissent les liens de fraternitĂ© les plus solides. La force de notre sociĂ©tĂ© dĂ©pend de leur qualité » (p145).
Des questions Ă se poser
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En quoi cette rĂ©flexion peut-elle nous concerner personnellement ? Je suis attristĂ© lorsque jâapproche un milieu dont je sens quâil est plus ou moins fermĂ© vis Ă vis du monde extĂ©rieur. Je ressens la violence des attitudes dâexclusion. Quelle perte par rapport au potentiel quâengendre lâouverture ! Et puis, dans certaines circonstances, comme une moindre forme physique, un temps de maladie, lâimpact dâun deuil, je puis ressentir lâindiffĂ©rence de certains comme pouvant entraĂźner mon exclusion de certains circuits. Pour une part, nous avons lâhabitude de communiquer dans une expression de nos capacitĂ©s. On peut apprĂ©hender le devenir de cette communication si ces capacitĂ©s se trouvent quelque part limitĂ©es. Des relations Ă©quilibrĂ©es impliquent le partage non seulement des produits de notre crĂ©ativitĂ©, mais aussi une expression partagĂ©e de nos manques et de nos besoins. Les BĂ©atitudes exprimĂ©es par JĂ©sus : bienheureux les pauvres, bienheureux les doux, bienheureux ceux qui suscitent la paix dĂ©crivent un style de communication qui sâopposent Ă la violence de ceux qui se croient forts et permettent Ă leur agressivitĂ© de se manifester en terme dâexclusion. Elles impliquent une reconnaissance de nos manques. Lorsque Guillaume le Blanc nous invite Ă accepter nos vulnĂ©rabilitĂ©s , de fait Ă nous accepter tel que nous sommes avec nos dons et nos manques, il nous montre les incidences de cette attitude non seulement pour nous mĂȘme, mais pour la vie sociale. Câest ainsi que se manifeste une vraie humanitĂ©. VoilĂ de bonnes questions Ă nous poser. Parlons en !
JH
(1)           Le Blanc (Guillaume). Que faire de notre vulnĂ©rabilitĂ©Â ? Bayard, 2011. Guillaume Le Blanc est professeur de philosophie Ă lâuniversitĂ© de Bordeaux III Il est notamment lâauteur de « Dedans, dehors. La condition dâĂ©tranger (Seuil). Nous avons dĂ©couvert ce livre Ă travers un commentaire de SĂ©golĂšne Royal.
(2)           A travers son Ćuvre, le thĂ©ologien JĂŒrgen Moltmann nous aide Ă comprendre comment les conditions du pouvoir et lâĂ©tat des mentalitĂ©s ont influencĂ© les doctrines Ă©mises par certains thĂ©ologiens menant ainsi Ă une pensĂ©e dâexclusion. Voir le blog sur la pensĂ©e de Moltmann : LâEsprit qui donne la vie. http://www.lespritquidonnelavie.com/
(3)Â Â Â Â Â Â Â Â Â Â Â Moltmann (JĂŒrgen). JĂ©sus, le messie de Dieu. Cerf,1993
(4)           Cherisey (Laurent de). Le Grain de sable et la Perle. Quand les personnes handicapĂ©es nous redonnent le goĂ»t du bonheur. Presses de la Renaissance, 2011. Du mĂȘme auteur : Passeurs dâespoir (2 vol.), 2005-2006. Recherche volontaire pour changer le monde, 2008. Laurent de Cherisey est cofondateur de lâassociation Simon de CyrĂšne.
par | Nov 6, 2012 | ARTICLES, Expérience de vie et relation |
Je voudrais vous faire profiter dâune dĂ©couverte prĂ©cieuse pour moi et pour ma vie.
Je vous ai déjà évoqué la formation humaine « personnalité et relations humaines » ( PRH.)
Une de ses spĂ©cificitĂ©s est un outil dâanalyse des sensations : pas juste des situations ou des comportements, mais sa maniĂšre dâĂ©couter ce qui se passe en soi et de dĂ©chiffrer le contenu de sensations qui ont un intĂ©rĂȘt pour notre vie ( Ă©motions, sentiments qui ouvrent Ă un contenu, et plus largement, nos sensations dâĂȘtre touchĂ© par quelque chose, un Ă©lan, une aspiration Ă devenir plus moi-mĂȘmeâŠ.).
Cet outil dâanalyse va de pair avec lâintĂ©rĂȘt pour les sensations positives : qui en apprennent long sur son identitĂ© profonde ou sur ses dynamismes, sa sensation de vie. Elles portent en avant !  « Jâai tellement travaillĂ© sur mes souffrances et mes blessures ; mais mâarrĂȘter Ă du positif et dĂ©couvrir une perle de mon identitĂ©, je nâen reviens pas ! Jâen suis Ă©mue !»
Bien sĂ»r, il y a aussi nos sensations difficiles, qui, elles, nous ouvrent Ă des blessures, Ă leur origine- en cela cette maniĂšre sâapparente Ă la psychothĂ©rapie- mais surtout elle fait retoucher Ă notre capacitĂ© Ă exister, et Ă nos intuitions quant Ă nous vivre autrement, ou nous rĂ©Ă©duquer.
Pour qui ?
Toute personnes dĂ©sireuse dâun plus de vie, ou dâun changement pour sa vie, par soif ou par nĂ©cessitĂ©Â : quelques exemples :
Telle maman avec ses 2 jeunes enfants qui a besoin de comprendre ce qui se passe entre eux, et ce quâelle vit vis-Ă -vis dâeux.
Telle remarque que je prends toujours mal et qui me fait rĂ©agir dâune maniĂšre dĂ©calĂ©e, exagĂ©rĂ©eâŠet qui est plutĂŽt un indice dâune fragilitĂ© chez moi
Telle aspiration qui me pousse de lâavant comme un nouveau germe : en lâidentifiant, jâapprend Ă le prendre en compte, et je cherche rĂ©alistement comment aller dans ce sens !
Telle recherche quant Ă son orientation de vie, telle attirance vers un domaine dâaction
Tel aspect transcendantal qui me fait aller vers du neufâŠvers plus de sensâŠ.
Tel choix qui me fait vivre des tiraillements importants, et de mettre Ă plat, honnĂȘtement , tout ce qui mâagite, me donne de voir plus clair pour prendre une dĂ©cision, sensĂ©e, en cohĂ©rence avec moi et qui tienne compte des facteurs extĂ©rieurs
LâinouĂŻ qui mâhabite.
Pour quoi ?Â
Voiv quelques fruits recueillis Ă lâissue dâune rencontre dâexpĂ©rimentation de cette maniĂšre de sâarrĂȘter et de sâĂ©couter en profondeur :
–         Ca me fait exister !
–Â Â Â Â Â Â Â Â Â Un soulagement, un apaisement,
–Â Â Â Â Â Â Â Â Â Je vois plus clair
–Â Â Â Â Â Â Â Â Â Câest difficile, mais je vois comment repartir
–         Je dĂ©couvre radicalement du neuf sur moi, quelque chose de mon identitĂ©, alors que jâai passĂ© tant de temps sur mes souffrances : enfin quelque chose de positif !
Pour ceux qui dĂ©couvraient un tel groupe, ils ont Ă©tĂ© touchĂ©s par lâauthenticitĂ©, la bienveillance, le respect et la profondeur
Effet :
–         Se rĂ©jouir de qui on est, de ses qualitĂ©s et capacitĂ©s
–Â Â Â Â Â Â Â Â Â Sentir une confiance possible en soi
–Â Â Â Â Â Â Â Â Â Avoir envie de prendre sa vie en main
–Â Â Â Â Â Â Â Â Â Se rendre compte quâon a prise sur notre vie, sur nos relations
Â
Valérie Bitz
Avis aux amateurs ! Information auprÚs de :
Valérie BITZ, formatrice PRH : valerie.bitz@prh-france.fr,       03.89 76 73 62/ 06 89 06 77 10
Ou de : www.prh-france.fr
PRH vient de publier des livres cette année :
–         Ca va mieux en lâĂ©crivant, 18âŹ
–         Un chemin dâaccĂšs Ă la vie en profondeur, 24âŹ
–         Et puis, La personne et sa croissance, 24.40âŹ
A commander sur le site de PRH ou en téléphonant à PRH au 09 75 61 42 87
Voir aussi la mĂ©ditation de ValĂ©rie sur ce blog : « Exprimer ce quâil y a de plus profond en moi » : https://vivreetesperer.com/?p=501
par jean | Oct 2, 2019 | ARTICLES, Emergence Ă©cologique |
Tous mes enfants et petits-enfants ont participĂ© Ă la marche pour le climat le vendredi 27 septembre, la majoritĂ© dâentre nous Ă MontrĂ©al, mais aussi Ă Sherbrooke, en Estrie. Jây Ă©tais avec ma femme, Alice. MalgrĂ© la solennitĂ© que provoque le sujet du climat, lâesprit qui rĂ©gnait en Ă©tait un de bonne humeur, de fraternitĂ© et de solidaritĂ© sous un soleil radieux. Voici quelques-unes de mes premiĂšres rĂ©flexions.
En tout premier lieu, il sâagit vraisemblablement de la plus grande manifestation dans lâhistoire du QuĂ©bec, et peut-ĂȘtre mĂȘme du Canada. La foule Ă©tant estimĂ©e Ă 500 000, le huitiĂšme des citoyens du Grand MontrĂ©al y aurait participĂ© ! La majoritĂ© des marcheurs Ă©taient jeunes, mais il y eut aussi de nombreuses familles ainsi que des grands-parents soucieux de lâavenir laissez en hĂ©ritage Ă leur descendance. Câest ici la source de lâespĂ©rance que ce mouvement international semble susciter, ici comme ailleurs dans le monde. Ce sont des jeunes qui, Ă lâinstar de Greta Thunberg qui Ă©tait prĂ©sente avec nous, prennent conscience de la rĂ©alitĂ© troublante et prĂ©caire du monde et qui, sans attendre, cherchent Ă prendre en main et Ă se porter responsable pour la santĂ© de la terre. Non seulement revendiquent-ils des changements auprĂšs des gouvernements et des grandes entreprises, mais plusieurs assument de nouvelles disciplines personnelles en ce qui concerne leurs propres habitudes de consommation (notre plus jeune et sa petite famille ne remplisse quâun pot en verre de dĂ©chets aux deux mois). Le plein potentiel de la crĂ©ativitĂ© humaine nâest quâĂ ses dĂ©buts pour ce qui est de la recherche scientifique et Ă©conomique et de la mise en application par la volontĂ© politique et entrepreneuriale de cette nouvelle gĂ©nĂ©ration.
En termes thĂ©ologiques, lâimage de Dieu au cĆur de lâhumanitĂ© se concrĂ©tise dans sa relation Ă la terre que Dieu a soumise Ă la gouvernance, lâintendance et lâadministration des ĂȘtres humains (Gn 1,28). Les responsabilitĂ©s transmises Ă lâAdam sont celles de cultiver et de garder le jardin (Gn 2,15), et de nommer les animaux qui y habite (Gn 2,20). Il lui est aussi dĂ©fendu dâen abuser (Gn 2,17). La rĂ©demption holistique (qui comprend toutes les relations possibles aux ĂȘtres humains : avec Dieu, avec soi, avec son prochain et avec la nature) et cosmique (la rĂ©conciliation universelle des cieux et de la terre) promue par Paul a aussi trait Ă la relation des hommes rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s, les « fils de Dieu », avec la terre (Rm 8,19-23), sans parler de la vision apocalyptique de Jean qui se termine avec la promesse dâun nouveau ciel et dâune nouvelle terre (Ap 21-22). LâĂglise qui Ă©merge aujourdâhui ne peut outrepasser la dimension Ă©cologique de son message. Elle doit chercher et trouver sa place et sa voix au sein de ce mouvement qui est aujourdâhui irrĂ©versible.
Le combat pour la planĂšte est pourtant loin dâĂȘtre gagnĂ©. Changer les mentalitĂ©s et les comportements de la majoritĂ© de lâhumanitĂ© est une Ă©norme et presque irrĂ©alisable tĂąche. Sans la participation de la masse critique nĂ©cessaire dâĂȘtres humains, de gouvernements et dâentreprises engagĂ©s dans une volontĂ© commune de transformation du monde, nous courrons tous vers notre perte. Cette transformation se veut spirituelle, morale et pragmatique. Comme point de dĂ©part, je propose que nous renoncions tous Ă voir la vie comme une possession, mais plutĂŽt comme ce quâelle est vraiment, un don, autant par sa beautĂ© que par sa bontĂ©, qui nous a Ă©tĂ© lĂ©guĂ©. « Ce pourrait ĂȘtre le dĂ©but dâune nouvelle façon de gouverner, dâune toute nouvelle Ă©conomie, fondĂ©e sur la reconnaissance, le contentement, le partage et, encore mieux, le don de soi. Il est encore temps dâespĂ©rer. »
Pierre LeBel
Qui est Pierre LeBel ? Une interview de Pierre LeBel sur le site de Témoins (2012)
https://www.temoins.com/attentes-et-cheminements-pour-de-nouvelles-expressions-chretiennes-au-quebec-interview-de-pierre-lebel-coordinateur-de-jeunesse-en-mission-a-montreal/
par jean | Oct 27, 2011 | ARTICLES, Vision et sens |
Lâassociation de ces deux mots : Dieu et bonheur est sans doute diffĂ©remment reçue selon lâhistoire de chacun, la maniĂšre dont il a vĂ©cu dans tel ou tel milieu, les reprĂ©sentations quâil a de Dieu. Dans lâEvangile, nous dĂ©couvrons la personnalitĂ© de Dieu Ă travers JĂ©sus et sa relation avec un pĂšre proche et aimant. Un texte de lâEvangile de Matthieu, souvent connu sous les termes de « bĂ©atitudes » nous rapporte ce que JĂ©sus nous dit du bonheur.
Parce quâĂ travers une guĂ©rison, Odile Hassenforder a reçu en mĂȘme temps lâamour et la bontĂ© de Dieu pour vivre ensuite, au long des annĂ©es, dans le mĂȘme esprit, elle a toujours aimĂ© se rappeler et nous rappeler que « Dieu fait pour nous des projets de bonheur et non de malheur » (JĂ©rĂ©mie 29.11). Dans son livre : « Sa prĂ©sence dans ma vie » (1), elle nous parle de la maniĂšre dont elle perçoit les bĂ©atitudes : « Les bĂ©atitudes « à ma façon » (p 113-116) . Ses paroles sont lâexpression de son ressenti, de son observation et de sa rĂ©flexion. En voici quelques extraits :
 « Joie pour les doux, les humbles
Il sâagit de ceux qui ne revendiquent pas. Ils possĂšdent une force intĂ©rieure, une autoritĂ© calme. Ils vivent, goĂ»tent la vie dans la justesse des choses, dans le calme, la tranquillitĂ©, la confiance⊠Alors ils peuvent accueillir tous les bienfaits de Dieu et en jouir sur cette terre. En cela, ils hĂ©ritent (possĂšdent) de toute la crĂ©ation Ă leur disposition alors que les violents essaient dâarracher ce qui leur manque au lieu dâaccueillir, recevoir, voir au-delĂ .
 Purs, droits, sincÚres
Ceux-lĂ rĂ©aliseront la nature de Dieu, car vivre de la justice de Dieu signifie quâen soi coule la sĂšve de la vigne. MĂȘme chez ceux qui ne connaissent pas Dieu, mais ressentent en eux ce qui est juste, conforme Ă une vie juste, sans le savoir, circule en eux la vie divine. A plus forte raison⊠ceux qui ont la rĂ©vĂ©lation du Dieu vivant, rĂ©alisent, discernent de plus en plus qui est Dieu, car la vie divine circule en eux et ils dĂ©sirent de plus en plus demeurer en Dieu, recevoir la prĂ©sence de Dieu qui transforme leur vie comme le soleil illumine la nature.
 Heureux ceux qui rĂ©pandent la paix autour dâeux.
Jâaime cette traduction avec les mots : « rĂ©pandre autour dâeux ». En effet, pour moi, toute personne peut ĂȘtre atmosphĂšre de paixâŠCâest son attitude, sa maniĂšre dâĂȘtre que lâentourage ressent comme une atmosphĂšre paisible qui fait du bien…
 Ces bĂ©atitudes sont le reflet de la nature de Dieu, rĂ©vĂ©lĂ©e par JĂ©sus. CrĂ©Ă©e Ă lâimage de Dieu, toute personne y aspire. Câest par grĂące que nous pouvons y accĂ©der si nous le dĂ©cidons. Ceux qui ne connaissent pas Dieu et cherchent Ă le faire reçoivent cette grĂące de Dieu et connaissent aussi cette joie, sans doute Ă moindre dose, car ne connaissant pas la source, ils ne peuvent remercier, louer Dieu, ce qui a un effet multiplicateur.»
Partageons nos expériences sur la maniÚre dont nous ressentons le bonheur intérieur et comment nous le percevons dans ceux qui nous entourent.
JH
(1)        Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Empreinte, 2011. www.editions-empreinte.com. Présentation sur le site de Témoins : Sa présence dans ma vie.