« Votre corps n’est que la harpe de votre Ăąme et c’est Ă  vous qu’il revient d’en tirer accord mĂ©lodieux ou sons dĂ©saccordĂ©s » Khalil Gibran

 

 

L’association de ces vers Ă©crits par Khalil Gibran, poĂšte libanais, Ă  la vidĂ©o de Anja Linder (1), cĂ©lĂšbre harpiste, peut sembler incongrue.

Anja Linder a justement perdu l’usage de ses jambes, ce qui est trĂšs handicapant pour jouer de cet instrument qui possĂšde 7 pĂ©dales.

Si « le corps est la harpe de notre ùme », que se passe-t-il lorsque ce corps est amputé ?

N’y a-t-il plus d’expression possible de notre ñme ?

 

Ces deux ĂȘtres ont chacun vĂ©cu des choses extrĂȘmement dures dans leur vie.

Et pourtant, le rĂ©sultat de leur expression, littĂ©raire pour l’un et musicale pour l’autre, en est magnifique, sublime de poĂ©sie, de beautĂ©, de dĂ©licatesse 
 celles-lĂ  mĂȘme qui Ă©mergent des profondes douleurs.


 

La vie difficile de ce poÚte a fait naßtre en lui ces doux vers empreints de pureté.

La situation de handicap a fait naĂźtre chez Anja Linder cette mĂȘme puretĂ© dans le son, dans l’interprĂ©tation, mĂȘme dĂ©licatesse quand elle caresse les cordes de sa harpe.

 

Oui le corps de Anja Linder se trouve privĂ© de l’usage de ses jambes, mais c’est alors Anja Linder toute entiĂšre qui devient « la harpe de son Ăąme ». Il suffit

– de regarder ses mains pour sentir la douceur du glissement ou du pincement,

– d’ĂȘtre attentif Ă  son visage pour y lire l’émotion qui la fait vibrer quand elle joue cette mĂ©lodie, et qui tour Ă  tour la remplit de sĂ©rĂ©nitĂ© ou la bouleverse.

(Vidéo, position 6mn50)

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Ses jambes ne rĂ©pondent plus, sa paralysie aurait pu l’immobiliser, physiquement et psychiquement.

Elle aurait pu se laisser porter (au sens propre et au sens figuré), se laisser « passivement » pousser dans son fauteuil.

Or elle a choisi une autre voie : son vrai moteur, c‘est sa passion, et la dĂ©termination qui y est associĂ©e, cette dĂ©termination qui lui a fait refuser de croire tout ce qu’on lui prĂ©disait.

 

Elle s’est accrochĂ©e et la « vie » lui a permis de croiser sur son chemin des ĂȘtres merveilleux
.

Et la voilà qui rebondit, se reconstruit
 et en arrive à transmettre quelque chose d’encore plus beau, plus fort que tout ce qu’elle pouvait transmettre auparavant
 Pour notre plus grand plaisir et notre plus bel enseignement.

Son tĂ©moignage de vie et l’interprĂ©tation musicale toute empreinte de sensibilitĂ© qu’elle nous propose, sont indissociables l’un de l’autre.

 

C’est vraiment cela que je veux retenir, et qui sous tend ma motivation profonde dans l’activitĂ© de coaching que j’exerce : nous possĂ©dons tous en nous de merveilleuses richesses, parfois insoupçonnĂ©es, et souvent inexploitĂ©es.

Quelle que soit nos expériences de vie, aussi douloureuses soient-elles, la décision nous appartient : que voulons-nous faire de cette expérience, de cette rupture, de ce trauma ?

Les difficultĂ©s peuvent faire naĂźtre colĂšre, aigreur, rancune
. comme elles peuvent faire fleurir une sensibilitĂ© extrĂȘme qui Ă©merge des profondeurs de l’ñme blessĂ©e, sensibilitĂ© qui ne demande qu’à Ă©clore, pour le plus grand bonheur et bĂ©nĂ©fice des autres : expression artistique, attention Ă  autrui


 

Etre porteur de Vie, de foi, et d’espĂ©rance
 au-delĂ  du trauma, pour porter tĂ©moignage

– que le rebond personnel est possible,

– que les valeurs d’entraide, de compassion
 ne sont pas des vains mots, et qu’ils bĂ©nĂ©ficient tout autant Ă  celui qui reçoit, Ă  celui qui donne et Ă  ceux qui en sont tĂ©moins.

 

N’abandonnez jamais
 quoiqu’il arrive, battez-vous ; cherchez en vous les talents à exploiter


Ils seront votre force, et serviront d’exemple à d’autres par votre rayonnement.

 

Merci à Anja Linder : cette vidéo est un bel hymne à la Vie, vie plus forte que la mort.

 

BĂ©atrice Ginguay

 

(1) « Ma vie, c’est jouer et avancer avec lĂ©gĂšreté » : expression d’Anja Linder filmĂ©e au thĂ©Ăątre du Chatelet le 5 octobre 2014 dans le cadre d’une rencontre de TEDx Paris . On trouvera parmi les autres « talks » de cette session, quelques tĂ©moignages qui nous paraissent particuliĂšrement originaux et porteurs de sens.

http://www.tedxparis.com/anja-linder-ma-vie-cest-jouer-et-avancer-avec-legerete/

Dedans
 Dehors ! : Face Ă  l’exclusion, vivre une commune humanitĂ©

 

Avons-nous tendance Ă  nous installer dans un groupe en ignorant ou en rejetant ceux  qui sont Ă  l’extĂ©rieur ? Sommes-nous enclins Ă  catĂ©goriser les gens en termes contraires jusqu’à la position extrĂȘme : les bons et les mĂ©chants ? Ou bien, Ă  l’inverse, sommes-nous disposĂ©s Ă  la bienveillance vis Ă  vis de ceux qui nous entourent en reconnaissant la diversitĂ© des comportements. Notre attitude dans la vie sociale dĂ©pend Ă©videmment de nos mouvements intĂ©rieurs qui s’inscrivent dans les dimensions psychologique et spirituelle de notre ĂȘtre. Comment gĂ©rons-nous l’agressivitĂ© et l’angoisse ? Y a-t-il en nous un courant de vie positive qui s’exprime dans l’empathie et la sympathie ?

Cependant, quelque soit notre attitude personnelle, nous sommes confrontĂ©s au climat des groupes sociaux dans lesquels nous vivons. Cette ambiance exerce sur nous une influence dont nous avons plus ou moins conscience et face Ă  laquelle nous ne sommes pas toujours en mesure d’opposer une rĂ©flexion critique ? Et pourtant, lorsqu’on y rĂ©flĂ©chit, la maniĂšre de vivre dans un groupe en opposant plus ou moins consciemment les gens qui sont dedans Ă  ceux qui sont dehors, en termes positifs pour les uns, nĂ©gatifs pour les autres, est beaucoup plus rĂ©pandue qu’on ne l’imagine.

 

L’exclusion : une question sociale trùs actuelle .

 

Les historiens nous dĂ©crivent le mĂ©pris orgueilleux affichĂ©s par la classe dominante vis Ă  vis des pauvres et des exclus dans diffĂ©rents contextes de notre passĂ©. Le livre de Guillaume Le Blanc : « Que faire de notre vulnĂ©rabilité ? » (1) nous montre combien le phĂ©nomĂšne de l’exclusion est encore trĂšs prĂ©sent aujourd’hui en dĂ©crivant et analysant les processus correspondants. « Aujourd’hui nombreux sont ceux qui ont le sentiment d’ĂȘtre exclus, d’ĂȘtre rejetĂ©s du mauvais cĂŽtĂ© de la frontiĂšre. Nombreux sont ceux Ă©galement qui redoutent de l’ĂȘtre
 La crainte de l’exclusion ne porte pas seulement sur ce qu’elle entraĂźne dans les conditions d’existence, mais aussi sur une perte d’humanité  Dans l’effroi de l’exclusion, le sentiment mĂȘme d’une communautĂ© des vies humaines est potentiellement annulĂ©.. . Exclure ne revient pas seulement, de ce fait, Ă  tracer une ligne entre dedans et dehors, mais Ă  contester le caractĂšre pleinement humain de celles et ceux qui sont perçus, Ă  tort ou Ă  raison, comme Ă©tant dehors » (p 26-27). Une frontiĂšre est Ă©rigĂ©e. « L’exclusion prĂ©cipite l’exclus au delĂ  de la frontiĂšre et crĂ©e un fossĂ© entre celles et ceux qui sont dedans et celles et ceux qui sont dehors » ( p 26). Si, comme « sujets travailleurs, raisonnables, citoyens, cherchant, dans le centre de nos ville, plaisir de vie », nous nous protĂ©geons par un sentiment de supĂ©rioritĂ© vis Ă  vis des exclus, le remĂšde n’et-il pas dans une conception de l’homme qui accepte de reconnaĂźtre sa propre vulnĂ©rabilitĂ©. « Contre la suffisance d’une communautĂ© qui se proclame invulnĂ©rable, l’accueil de l’exclu fait advenir une autre humanitĂ©, vulnĂ©rable tout autant qu’imprĂ©visible » (p.211).

 

Hors de l’Eglise, point de salut
 !?

 

Dedans. Dehors. Un autre exemple se présente à nous. Il est emprunté au domaine religieux.

Au long des siĂšcles, l’Eglise a Ă©tĂ© le berceau d’Ɠuvres charitables. Mais il y a aussi la mĂ©moire d’une puissance qui imposait sa loi. Un historien, Jean Delumeau, nous rapporte la prĂ©sence d’une culture de la peur fondĂ©e sur la menace de l’enfer, une exclusion Ă©ternelle. Certes, on doit Ă©viter de gĂ©nĂ©raliser et de caricaturer, mais il y a bien eu des thĂ©ologiens qui ont transposĂ© la violence de leur Ă©poque, violence du pouvoir et violence des mƓurs, dans leur conception de Dieu et de la destinĂ©e humaine (2). On se rappelle l’adage : « Hors de l’Eglise, point de salut ». Bien sĂ»r, les mentalitĂ©s ont considĂ©rablement Ă©voluĂ©, mais la croyance en une division entre « sauvĂ©s et perdus » persiste encore dans certains cercles chrĂ©tiens. LĂ  ou elle est latente, les non croyants ne sont pas perçus comme des personnes Ă  part entiĂšre oĂč l’Esprit est Ă  l’Ɠuvre, mais, plus ou moins, comme des gens Ă  convertir. Alors l’Eglise se vit en terme de dedans par rapport au dehors. Quelle diffĂ©rence avec l’attitude de JĂ©sus qui s’en va Ă  la rencontre des « pĂ©cheurs et des publicains ».

 

JĂ©sus en lutte contre les forces d’exclusion

 

JĂŒrgen Moltmann nous aide Ă  sortir d’une catĂ©gorisation qui engendre l’exclusion. ThĂ©ologien, il rejoint l’analyse du philosophe, Guillaume Le Blanc, lorsqu’il Ă©crit  dans un livre : « JĂ©sus, le messie de Dieu » (3) : « Dans toute les sociĂ©tĂ©s, il existe les catĂ©gories alpha qui dĂ©terminent ce qui doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme bon et ce qui doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme mauvais. Et il existe les catĂ©gories omĂ©ga dont la bonne sociĂ©tĂ© doit se dĂ©marquer parce qu’elle reprĂ©sente ce qui est mal . Lorsque cette dualitĂ© conduit Ă  la formation de classes commence alors une lutte sans pitiĂ© des « bons » contre  les « mauvais ». (p166) Dans les rĂ©cits des Evangiles, le concept de pĂ©cheur a une signification sociale comme le montrent les couples de concepts : bien portants-malades, justes-pĂ©cheurs, pharisiens-publicains ». De fait, les pĂ©cheurs sont des juifs qui ne sont pas en mesure d’observer la Torah.

Or JĂ©sus dĂ©clare qu’il est venu appeler non pas des justes, mais des pĂ©cheurs (Marc 2.17). « En entrant dans la compagnie des pĂ©cheurs et des publicains, JĂ©sus s’engage dans un conflit social Ă  connotation religieuse qui creuse un  abĂźme entre justes et injustes, entre bons et mauvais
 Les justes revendiquent pour eux-mĂȘmes la justice de Dieu et imposent socialement leur systĂšme de valeurs. De mĂȘme que la « possession de la richesse » fait que les pauvres restent pauvres, de mĂȘme, la « possession du bien » creuse le fossĂ© entre les bons et les mauvais, et fait que les mauvais restent mauvais ».

JĂ©sus prend parti en faveur des discriminĂ©s. « En faisant cela personnellement, il leur rĂ©vĂšle, Ă  eux et Ă  ceux qui les oppriment, la justice messianique de Dieu qui, par le droit de la grĂące, rend juste ceux qui sont injustes, bons ceux qui sont mauvais et beaux ceux qui sont laids. Il s’agit lĂ  d’une attaque en rĂšgle contre la morale religieuse et bourgeoise ».

JĂ©sus va Ă  la rencontre des exclus, partage la table des pĂ©cheurs et des publicains. « JĂ©sus anticipe le festin des justes dans le royaume de Dieu et fait ainsi lui mĂȘme la dĂ©monstration de ce que signifient l’accueil  par le Dieu de misĂ©ricorde et le pardon des pĂ©chĂ©s.  Etre invitĂ© au grand festin du Royaume de Dieu
 JĂ©sus cĂ©lĂšbre le repas des temps messianiques avec les discriminĂ©s de son temps. S’il est le Fils de Dieu messianique, il reprĂ©sente ainsi le comportement de Dieu lui-mĂȘme » (p166).

L’attitude Ă  laquelle JĂ©sus nous invite dans les BĂ©atitudes (Matthieu 5.1-11) va dans le mĂȘme sens. Il s’adresse Ă  un peuple divers confrontĂ© Ă  de nombreuses difficultĂ©s. Il aide chacun Ă  reconnaĂźtre ses vulnĂ©rabilitĂ©s, mais aussi les dons qu’il a reçus. Il rĂ©pand un courant de vie.

 

Pour une commune humanité, accepter nos vulnérabilités

 

Dedans. Dehors. Nous sommes frĂ©quemment confrontĂ©s en nous mĂȘme et dans les groupes sociaux oĂč nous vivons Ă  des tentations de repli, Ă  des attitudes d’exclusion. Nous observons les mĂȘmes tendances Ă  une Ă©chelle plus vaste dans le champ politique. C’est le cas, par exemple, dans la maniĂšre de considĂ©rer les Ă©trangers .

En regard, l’Evangile nous apporte un souffle d’universalitĂ©. C’est la source d’une dimension fraternelle.

En analysant les processus d’exclusion et les dispositions d’esprit qui les favorisent, Guillaume Le Blanc apporte une comprĂ©hension qui est aussi un horizon de vie et d’action : « L’angoisse d’ĂȘtre exclus, la hantise d’ĂȘtre dĂ©barquĂ©, la peur de tomber, n’ont jamais imprimĂ© aussi fortement nos vies. D’oĂč vient ce sentiment de vulnĂ©rabilitĂ© et que peut-on en faire ? Au moment mĂȘme oĂč il semble nous priver de tout pouvoir, il nous faut reconnaĂźtre notre commune fragilitĂ© et l’irrĂ©ductible humanitĂ© de ceux qui ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rejetĂ©s » (en couverture). Et il nous invite Ă  un nouveau regard : « C’est seulement en reconnaissant que nous sommes vulnĂ©rables que nous pourrons affronter l’exclusion et la comprendre malgrĂ© tout comme une possibilitĂ© humaine et aussi comme une possibilitĂ© de vie humaine «  (p22).

Il y a bien des exemples oĂč cet esprit est Ă  l’Ɠuvre. C’est le cas par exemple dans les « communautĂ©s de l’Arche », mais aussi dans de nombreuses associations. Dans un livre rĂ©cent : « le grain de sable et la perle », Laurent de Cherisey, bien connu pour l’Ɠuvre remarquable qu’il a accompli pour faire connaĂźtre des pionniers du dĂ©veloppement social et environnemental Ă  travers le monde, « les passeurs d’espoir », nous raconte comment, Ă  partir d’un accident intervenu dans sa famille, il a Ă©tĂ© amenĂ© Ă  s’engager dans la rĂ©alisation d’un lieu de vie pour accueillir des handicapĂ©s Ă  la suite d’un traumatisme cranien. Son tĂ©moignage rejoint la rĂ©flexion de Guillaume Le Blanc : « Les personnes handicapĂ©es m’on fait le merveilleux cadeau de dĂ©couvrir que nos fragilitĂ©s ne sont pas un mal honteux Ă  dissimuler, mais des opportunitĂ©s de fĂ©conditĂ©. Dans l’alliance de nos vulnĂ©rabilitĂ©s se tissent les liens de fraternitĂ© les plus solides. La force de notre sociĂ©tĂ© dĂ©pend de leur qualité » (p145).

 

Des questions Ă  se poser

 

En quoi cette rĂ©flexion peut-elle nous concerner personnellement ? Je suis attristĂ© lorsque j’approche un milieu dont je sens qu’il est plus ou moins fermĂ© vis Ă  vis du monde extĂ©rieur. Je ressens la violence des attitudes d’exclusion. Quelle perte par rapport au potentiel qu’engendre l’ouverture ! Et puis, dans certaines circonstances, comme une moindre forme physique, un temps de maladie, l’impact d’un deuil, je puis ressentir l’indiffĂ©rence de certains comme pouvant entraĂźner mon exclusion de certains circuits. Pour une part, nous avons l’habitude de communiquer dans une expression de nos capacitĂ©s.  On peut apprĂ©hender le devenir de cette communication si ces capacitĂ©s se trouvent quelque part limitĂ©es. Des relations Ă©quilibrĂ©es impliquent le partage non seulement des produits de notre crĂ©ativitĂ©, mais aussi une expression partagĂ©e de nos manques et de nos besoins.  Les BĂ©atitudes exprimĂ©es par JĂ©sus : bienheureux les pauvres, bienheureux les doux, bienheureux ceux qui suscitent la paix dĂ©crivent un style de communication qui s’opposent Ă  la violence de ceux qui se croient forts et permettent Ă  leur agressivitĂ© de se manifester en terme d’exclusion. Elles impliquent une reconnaissance de nos manques. Lorsque Guillaume le Blanc nous invite Ă  accepter nos vulnĂ©rabilitĂ©s , de fait Ă  nous accepter tel que nous sommes avec nos dons et nos manques, il  nous montre les incidences de cette attitude non seulement pour nous mĂȘme, mais pour la vie sociale. C’est ainsi que se manifeste une vraie humanitĂ©. VoilĂ  de bonnes questions Ă  nous poser. Parlons en !

 

JH

 

(1)            Le Blanc (Guillaume). Que faire de notre vulnĂ©rabilité ? Bayard, 2011. Guillaume Le Blanc est professeur de philosophie Ă  l’universitĂ© de Bordeaux III Il est notamment l’auteur de « Dedans, dehors. La condition d’étranger (Seuil). Nous avons dĂ©couvert ce livre Ă  travers un commentaire de SĂ©golĂšne Royal.

(2)            A travers son Ɠuvre, le thĂ©ologien JĂŒrgen Moltmann nous aide Ă  comprendre comment les  conditions du pouvoir et l’état des mentalitĂ©s ont influencĂ© les doctrines Ă©mises par certains thĂ©ologiens menant ainsi Ă  une pensĂ©e d’exclusion. Voir le blog sur la pensĂ©e de Moltmann : L’Esprit qui donne la vie. http://www.lespritquidonnelavie.com/

(3)            Moltmann (JĂŒrgen). JĂ©sus, le messie de Dieu. Cerf,1993

(4)            Cherisey (Laurent de). Le Grain de sable et la Perle. Quand les personnes handicapĂ©es nous redonnent le goĂ»t du bonheur. Presses de la Renaissance, 2011. Du mĂȘme auteur : Passeurs d’espoir (2 vol.), 2005-2006.  Recherche volontaire pour changer le monde, 2008. Laurent de Cherisey est cofondateur de l’association Simon de CyrĂšne.

Apprendre à écouter son monde intérieur et à le déchiffrer. Pour quoi ? Pour qui ?

 

Je voudrais vous faire profiter d’une dĂ©couverte prĂ©cieuse pour moi et pour ma vie.

Je vous ai déjà évoqué la formation humaine «  personnalité et relations humaines »  ( PRH.)

Une de ses spĂ©cificitĂ©s  est un outil d’analyse des sensations : pas juste des situations  ou des comportements, mais  sa maniĂšre d’écouter ce qui se passe en soi et de dĂ©chiffrer  le contenu de sensations  qui ont un intĂ©rĂȘt pour notre vie ( Ă©motions,  sentiments qui ouvrent Ă  un contenu, et plus largement, nos sensations d’ĂȘtre touchĂ© par quelque chose,  un Ă©lan, une aspiration Ă  devenir plus moi-mĂȘme
.).

Cet outil d’analyse  va de pair avec  l’intĂ©rĂȘt pour les sensations positives : qui en apprennent long sur son identitĂ© profonde ou sur  ses dynamismes, sa sensation de vie. Elles portent en avant !   « J’ai tellement travaillĂ© sur mes souffrances et mes blessures ; mais m’arrĂȘter Ă  du positif et dĂ©couvrir une perle de mon identitĂ©, je n’en reviens pas ! J’en suis Ă©mue !»

Bien sĂ»r, il y a aussi nos sensations difficiles, qui, elles, nous ouvrent Ă  des blessures, Ă  leur origine-  en cela cette maniĂšre s’apparente Ă  la psychothĂ©rapie- mais surtout elle fait retoucher Ă  notre  capacitĂ© Ă  exister, et Ă  nos intuitions quant Ă  nous  vivre autrement, ou nous rĂ©Ă©duquer.

 

Pour qui ?

Toute personnes dĂ©sireuse d’un plus de vie, ou d’un changement pour sa vie, par soif ou par nĂ©cessité : quelques exemples :

Telle maman avec ses 2 jeunes enfants qui a besoin de comprendre ce qui se passe entre eux, et ce qu’elle vit  vis-à-vis d’eux.

Telle remarque que je prends toujours mal et qui me fait rĂ©agir d’une maniĂšre dĂ©calĂ©e, exagĂ©rĂ©e
et qui est plutĂŽt un indice d’une fragilitĂ© chez moi

Telle aspiration qui me pousse  de l’avant comme un nouveau germe : en l’identifiant, j’apprend Ă  le prendre en compte, et je cherche rĂ©alistement comment aller dans ce sens !

Telle recherche quant à son orientation de vie, telle attirance vers un domaine d’action

Tel aspect transcendantal qui me fait aller vers du neuf
vers plus de sens
.

Tel choix qui me fait vivre des tiraillements importants, et de mettre Ă  plat, honnĂȘtement , tout ce qui m’agite, me donne de voir plus clair pour prendre une dĂ©cision, sensĂ©e, en cohĂ©rence avec moi et qui tienne compte des facteurs extĂ©rieurs

 

L’inouï qui m’habite.

 

Pour quoi ? 

Voiv quelques fruits recueillis Ă  l’issue d’une rencontre d’expĂ©rimentation de cette maniĂšre de s’arrĂȘter et de s’écouter en profondeur :

–          Ca me fait exister !

–          Un soulagement, un apaisement,

–          Je vois plus clair

–          C’est difficile, mais je vois comment repartir

–          Je dĂ©couvre radicalement du neuf sur moi, quelque chose de mon identitĂ©, alors que j’ai passĂ© tant de temps  sur mes souffrances : enfin quelque chose de positif !

Pour ceux qui dĂ©couvraient un tel groupe, ils ont Ă©tĂ© touchĂ©s par l’authenticitĂ©, la bienveillance, le respect et la profondeur

Effet :

–          Se rĂ©jouir de qui on est, de ses qualitĂ©s et capacitĂ©s

–          Sentir une confiance possible en soi

–          Avoir envie de prendre sa vie en main

–          Se rendre compte qu’on a prise sur notre vie, sur nos relations

 

Valérie Bitz

 

 

Avis aux amateurs ! Information auprÚs de :

Valérie BITZ, formatrice PRH : valerie.bitz@prh-france.fr,        03.89 76 73 62/ 06 89 06 77 10

Ou de : www.prh-france.fr

PRH vient de publier des livres cette année :

–          Ca  va mieux en l’écrivant, 18€

–          Un chemin d’accĂšs Ă  la vie en profondeur, 24€

–          Et puis, La personne et sa croissance, 24.40€

A commander sur le site de PRH ou en téléphonant à PRH  au  09 75 61 42 87

 

Voir aussi la mĂ©ditation de ValĂ©rie sur ce blog : « Exprimer ce qu’il y a de plus profond en  moi » : https://vivreetesperer.com/?p=501

Une grande manifestation pour le climat à Montréal

Tous mes enfants et petits-enfants ont participĂ© Ă  la marche pour le climat le vendredi 27 septembre, la majoritĂ© d’entre nous Ă  MontrĂ©al, mais aussi Ă  Sherbrooke, en Estrie. J’y Ă©tais avec ma femme, Alice. MalgrĂ© la solennitĂ© que provoque le sujet du climat, l’esprit qui rĂ©gnait en Ă©tait un de bonne humeur, de fraternitĂ© et de solidaritĂ© sous un soleil radieux. Voici quelques-unes de mes premiĂšres rĂ©flexions.

En tout premier lieu, il s’agit vraisemblablement de la plus grande manifestation dans l’histoire du QuĂ©bec, et peut-ĂȘtre mĂȘme du Canada. La foule Ă©tant estimĂ©e Ă  500 000, le huitiĂšme des citoyens du Grand MontrĂ©al y aurait participĂ© ! La majoritĂ© des marcheurs Ă©taient jeunes, mais il y eut aussi de nombreuses familles ainsi que des grands-parents soucieux de l’avenir laissez en hĂ©ritage Ă  leur descendance. C’est ici la source de l’espĂ©rance que ce mouvement international semble susciter, ici comme ailleurs dans le monde. Ce sont des jeunes qui, Ă  l’instar de Greta Thunberg qui Ă©tait prĂ©sente avec nous, prennent conscience de la rĂ©alitĂ© troublante et prĂ©caire du monde et qui, sans attendre, cherchent Ă  prendre en main et Ă  se porter responsable pour la santĂ© de la terre. Non seulement revendiquent-ils des changements auprĂšs des gouvernements et des grandes entreprises, mais plusieurs assument de nouvelles disciplines personnelles en ce qui concerne leurs propres habitudes de consommation (notre plus jeune et sa petite famille ne remplisse qu’un pot en verre de dĂ©chets aux deux mois). Le plein potentiel de la crĂ©ativitĂ© humaine n’est qu’à ses dĂ©buts pour ce qui est de la recherche scientifique et Ă©conomique et de la mise en application par la volontĂ© politique et entrepreneuriale de cette nouvelle gĂ©nĂ©ration.

En termes thĂ©ologiques, l’image de Dieu au cƓur de l’humanitĂ© se concrĂ©tise dans sa relation Ă  la terre que Dieu a soumise Ă  la gouvernance, l’intendance et l’administration des ĂȘtres humains (Gn 1,28). Les responsabilitĂ©s transmises Ă  l’Adam sont celles de cultiver et de garder le jardin (Gn 2,15), et de nommer les animaux qui y habite (Gn 2,20). Il lui est aussi dĂ©fendu d’en abuser (Gn 2,17). La rĂ©demption holistique (qui comprend toutes les relations possibles aux ĂȘtres humains : avec Dieu, avec soi, avec son prochain et avec la nature) et cosmique (la rĂ©conciliation universelle des cieux et de la terre) promue par Paul a aussi trait Ă  la relation des hommes rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s, les « fils de Dieu », avec la terre (Rm 8,19-23), sans parler de la vision apocalyptique de Jean qui se termine avec la promesse d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre (Ap 21-22). L’Église qui Ă©merge aujourd’hui ne peut outrepasser la dimension Ă©cologique de son message. Elle doit chercher et trouver sa place et sa voix au sein de ce mouvement qui est aujourd’hui irrĂ©versible.

Le combat pour la planĂšte est pourtant loin d’ĂȘtre gagnĂ©. Changer les mentalitĂ©s et les comportements de la majoritĂ© de l’humanitĂ© est une Ă©norme et presque irrĂ©alisable tĂąche. Sans la participation de la masse critique nĂ©cessaire d’ĂȘtres humains, de gouvernements et d’entreprises engagĂ©s dans une volontĂ© commune de transformation du monde, nous courrons tous vers notre perte. Cette transformation se veut spirituelle, morale et pragmatique. Comme point de dĂ©part, je propose que nous renoncions tous Ă  voir la vie comme une possession, mais plutĂŽt comme ce qu’elle est vraiment, un don, autant par sa beautĂ© que par sa bontĂ©, qui nous a Ă©tĂ© lĂ©guĂ©. « Ce pourrait ĂȘtre le dĂ©but d’une nouvelle façon de gouverner, d’une toute nouvelle Ă©conomie, fondĂ©e sur la reconnaissance, le contentement, le partage et, encore mieux, le don de soi. Il est encore temps d’espĂ©rer. »

Pierre LeBel

Qui est Pierre LeBel ? Une interview de Pierre LeBel sur le site de Témoins (2012)

https://www.temoins.com/attentes-et-cheminements-pour-de-nouvelles-expressions-chretiennes-au-quebec-interview-de-pierre-lebel-coordinateur-de-jeunesse-en-mission-a-montreal/

 

Lorsque Dieu nous parle de bonheur

L’association de ces deux mots : Dieu et bonheur est sans doute diffĂ©remment reçue selon l’histoire de chacun, la maniĂšre dont il a vĂ©cu dans tel ou tel milieu, les reprĂ©sentations qu’il a de Dieu. Dans l’Evangile, nous dĂ©couvrons la personnalitĂ© de Dieu Ă  travers JĂ©sus et sa relation avec  un pĂšre proche et aimant. Un texte de l’Evangile de Matthieu, souvent connu sous les termes de « bĂ©atitudes » nous rapporte ce que JĂ©sus nous dit du bonheur.

Parce qu’à travers une guĂ©rison, Odile Hassenforder a reçu en mĂȘme temps l’amour et la bontĂ© de Dieu pour vivre ensuite, au long des annĂ©es, dans le mĂȘme esprit, elle a toujours aimĂ© se rappeler et nous rappeler que « Dieu fait pour nous des projets de bonheur et non de malheur » (JĂ©rĂ©mie 29.11). Dans son livre : « Sa prĂ©sence dans ma vie » (1), elle nous parle de la maniĂšre dont elle perçoit les bĂ©atitudes : « Les bĂ©atitudes « à ma façon » (p 113-116) . Ses paroles sont l’expression de son ressenti, de son observation et de sa rĂ©flexion. En voici quelques extraits :

 « Joie pour les doux, les humbles

Il s’agit de ceux qui ne revendiquent pas. Ils possĂšdent une force intĂ©rieure, une autoritĂ© calme. Ils vivent, goĂ»tent la vie dans la justesse des choses, dans le calme, la tranquillitĂ©, la confiance
 Alors ils peuvent accueillir tous les bienfaits de Dieu et en jouir sur cette terre. En cela, ils hĂ©ritent (possĂšdent) de toute la crĂ©ation Ă  leur disposition alors que les violents essaient d’arracher ce qui leur manque au lieu d’accueillir, recevoir, voir au-delĂ .

 Purs, droits, sincÚres

Ceux-lĂ  rĂ©aliseront la nature de Dieu, car vivre de la justice de Dieu signifie qu’en soi coule la sĂšve de la vigne. MĂȘme chez ceux qui ne connaissent pas Dieu, mais ressentent en eux ce qui est juste, conforme Ă  une vie juste, sans le savoir, circule en  eux la vie divine. A plus forte raison
 ceux qui ont la rĂ©vĂ©lation du Dieu vivant, rĂ©alisent, discernent de plus en plus qui est Dieu, car la vie divine circule en eux et ils dĂ©sirent de plus en plus demeurer en Dieu, recevoir la prĂ©sence de Dieu qui transforme leur vie comme le soleil illumine la nature.

 Heureux ceux qui rĂ©pandent la paix autour d’eux.

J’aime cette traduction avec les mots : « rĂ©pandre autour d’eux ». En effet, pour moi, toute personne peut ĂȘtre atmosphĂšre de paix
C’est son attitude, sa maniĂšre d’ĂȘtre que l’entourage ressent comme une atmosphĂšre paisible qui fait du bien…

 Ces bĂ©atitudes sont le reflet de la nature de Dieu, rĂ©vĂ©lĂ©e par JĂ©sus. CrĂ©Ă©e Ă  l’image de Dieu, toute personne y aspire. C’est par grĂące que nous pouvons y accĂ©der si nous le dĂ©cidons. Ceux qui ne connaissent pas Dieu et cherchent Ă  le faire reçoivent cette grĂące de Dieu et connaissent aussi cette joie, sans doute Ă  moindre dose, car ne connaissant pas la source, ils ne peuvent remercier, louer Dieu, ce qui a un effet multiplicateur.»

Partageons nos expériences sur la maniÚre dont nous ressentons le bonheur intérieur et comment nous le percevons dans ceux qui nous entourent.

JH

(1)         Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Empreinte, 2011. www.editions-empreinte.com. Présentation sur le site de Témoins : Sa présence dans ma vie.