par jean | Déc 27, 2011 | ARTICLES, Beauté et émerveillement, Expérience de vie et relation, Vision et sens |
Nous nous trouvons souvent confrontĂ©s Ă une ambiance oĂč lâexpression du nĂ©gatif lâemporte. DiffĂ©rents sentiments sây manifestent. Ce peut ĂȘtre la crainte lorsquâon se dĂ©charge, sans contrepartie de mauvaises nouvelles et, parfois, avec force dĂ©tails. Câest une absence dâhorizon, un avenir bouchĂ©. Tous les maux de la terre, certes bien rĂ©els, affluent. Parfois on regrette le passĂ©. Tout va mal. Tout va plus mal. Et puis, chacun pour soi. Cela se dit rarement, mais cela se pratique : Ă©goĂŻsme et cynisme. Bien sĂ»r, lĂ oĂč une foi ou un idĂ©al se manifestent, lâambiance est autre. Mais, mĂȘme lĂ , on observe parfois un repli sur son propre milieu : le bien au dedans, le mal et le danger au dehors.
Ce propos est caricatural. Et dâailleurs, le mal existe. Il est lĂ et bien lĂ . Cette rĂ©alitĂ© appelle mise en garde, lutte et pour les chrĂ©tiens, intercession. Simplement, partout oĂč nous constatons une expression commune dâempathie, de sympathie et de paix, nous pouvons dire quâil y a lĂ ce qui permet aux gens de vivre et Ă la sociĂ©tĂ© dâĂȘtre humaine, au bon sens du mot. Et dâailleurs, qui ne verrait pas le positif, non seulement dans lâattention que tant de gens se portent dans la vie quotidienne, mais aussi dans des mouvements qui sâexpriment Ă grande Ă©chelle dans notre sociĂ©tĂ©Â : lâentraide qui se dĂ©ploie dans un grand nombre dâassociations humanitaires, le dĂ©sir de beautĂ© qui fait le succĂšs des expositions, une nouvelle sociabilitĂ© qui sâesquisse notamment sur internet, et bien dâautres tendances positives. Apprenons Ă voir le positif dans lâoffre « mĂ©langĂ©e » des mĂ©dias. Mais nây aurait-il pas aussi des lieux de rencontre oĂč on puisse, Ă certains moments, partager ce qui est bon et beau et sâen rĂ©jouir ensemble ?
Nous rapportons ici une expĂ©rience. Pendant quelques annĂ©es, dans une association, des rencontres ont Ă©tĂ© organisĂ©es pour permettre un partage des expĂ©riences positives de chacun. Ainsi, les participants exprimaient des expĂ©riences de tout genre, ce qu âils avaient vĂ©cu de beau et de bon. Ce pouvait ĂȘtre lâĂ©motion ressentie Ă la vue dâune peinture, lâapprĂ©ciation dâun livre ou dâun film, lâharmonie perçue Ă travers tel chant ou telle musique, la joie dâune comprĂ©hension nouvelle de la sociĂ©tĂ© ou de la nature, mais aussi un moment de bonheur au quotidien, lâĂ©motion ressentie en prĂ©sence dâun paysage, une expĂ©rience spirituelle ou lâexpression dâun vĂ©cu relationnel bienfaisant. Et cette Ă©numĂ©ration nâa pas de limites.
Chacun pouvait donc participer selon son dĂ©sir en exprimant ainsi ce qui lui tenait Ă cĆur, mais aussi en Ă©coutant tout simplement et en goĂ»tant le bonheur de ce partage. Chacun avait son chemin, son itinĂ©raire. Chacun Ă©tait respectĂ© dans son mouvement et sa recherche.
Explicitement , cette rencontre Ă©tait organisĂ©e par des chrĂ©tiens, si bien quâil Ă©tait reconnu quâĂ certains moments, dans un chant ou dans une priĂšre, une louange sâexprimait. CâĂ©tait une expression de reconnaissance envers « lâEsprit qui donne la vie » et en « Celui en qui nous avons la vie, le mouvement et lâĂȘtre » (Actes 17.27). Et ce Dieu lĂ ne fait pas de forcing et respecte le cheminement de chacun.
Il y avait lĂ une ambiance conviviale et joyeuse qui faisait Ă©cho Ă ce que, dans les premiers temps du christianisme, un apĂŽtre a exprimĂ© en considĂ©rant ce qui Ă©tait positif dans la sociĂ©tĂ© de son temps, elle aussi aux prises avec bien des dĂ©formations et mĂȘme des dĂ©pravations. Paul Ă©crivait ainsi aux chrĂ©tiens : « Que tout ce qui est bon et digne de louange, tout ce qui est vrai, respectable, juste, pur et honorable soit lâobjet de vos pensĂ©es » (Epitre aux Philippiens 4.8).
Ce que nous vivons dĂ©jĂ sur un certain registre, pourquoi ne pas le partager dans des rencontres comme celles que nous venons de dĂ©crire ? La situation peut varier. Elle est peut ĂȘtre trĂšs informelle, par exemple une soirĂ©e entre amis oĂč on prend plaisir Ă partager de belles et bonnes choses. Le cadre lui-mĂȘme peut comporter de nombreuses variantes en particulier dans le degrĂ© de lâexpression de foi qui pourrait aller jusquâĂ la mise en Ćuvre dâun culte oĂč lâEsprit sâexprime Ă partir de lâexpĂ©rience apportĂ©e et partagĂ©e comme des paroles bibliques qui se prĂ©sentent. Comme dans une oeuvre musicale, il y a des notes multiples. On peut aussi prendre part Ă des processus analogues dans des contextes purement sĂ©culiers. Quoiquâil en soit, sachons ĂȘtre attentif. « Lâessence de la crĂ©ation dans lâEsprit est la collaboration » (JĂŒrgen Moltmann). « Tout ce qui monte, converge » (Teilhard de Chardin).
JH
Sur ce blog : Vivre en harmonie
Sur le site de TĂ©moins, la vie dâun groupe de partage : Un air de libertĂ©. Conversation avec FrĂ©dĂ©rique. https://www.temoins.com/un-air-de-liberte-entretien-entre-frederique-ivulski-et-jean-hassenforder/
par jean | Déc 27, 2011 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Vision et sens |
Aujourdâhui, de plus en plus, la spiritualitĂ© se conjugue avec lâexpĂ©rience. Cette expĂ©rience met en jeu toutes les dimensions de notre ĂȘtre : le corps et lâesprit, la tĂȘte et le cĆur. Cependant des reprĂ©sentations peuvent faire encore barrage. En effet, si le changement culturel opĂ©rant Ă partir de registres convergeant, amĂšne de plus en plus une reconnaissance des interrelations entre les diffĂ©rents aspects de notre ĂȘtre, il y a aussi dans notre hĂ©ritage des philosophies antagonistes qui, pendant des siĂšcles, ont prĂŽnĂ© la sĂ©paration et une hypertrophie du mental par rapport aux autres dimensions de lâĂȘtre humain. Câest pourquoi, aujourdâhui encore, dans certains milieux « rationalistes » comme dans certains cercles chrĂ©tiens oĂč lâexercice de la foi sâopĂšre principalement Ă travers une rĂ©flexion intellectuelle, on observe des rĂ©serves vis Ă vis de lâexpĂ©rience spirituelle. Et nous pouvons Ă©prouver en nous mĂȘme des rĂ©sistances issues de ces reprĂ©sentations. Il est donc important dâen comprendre lâorigine pour pouvoir vivre pleinement ce que lâEsprit nous apporte Ă travers lâexpĂ©rience. Deux auteurs : JĂŒrgen Moltmann et Leanne Payne, nous apportent sur cette question des Ă©clairages pertinents.
La sĂ©paration entre lâĂąme et le corps.
Ainsi JĂŒrgen Moltmann montre comment la philosophie platonicienne a profondĂ©ment influencĂ© le christianisme occidental (1) Platon proclame lâexcellence dâune Ăąme immortelle. « Si lâhomme cherche son identitĂ© dans lâĂąme et non dans le corps, il se trouve lui-mĂȘme immortel et immunisĂ© contre la mort ». A cette supĂ©rioritĂ©Â de lâĂąme correspond une infĂ©rioritĂ© du corps, voire un quasi rejet. « Elle enlĂšve Ă la vie corporelle tout intĂ©rĂȘt vital et dĂ©grade le corps en une enveloppe indiffĂ©rente de lâĂąme ».
Le dualisme entre le corps et lâĂąme « sera transposĂ© par Descartes dans la dichotomie moderne du sujet et de lâobjet ». Câest seulement la pensĂ©e excluant la perception sensible qui induit la conscience de soi. Le sujet pensant exerce un commandement sur son corps et par extension sur la nature.
En regard, JĂŒrgen Moltmann adhĂšre Ă une anthropologie biblique. Lâhomme, « engagĂ© dans une histoire divine » apparaĂźt toujours comme un tout et sâinscrit dans des relations existentielles. Câest en terme dâalliance quâon doit concevoir la relation entre lâĂąme et le corps.
La dĂ©chirure entre la tĂȘte et le cĆur.
En analysant les obstacles Ă la priĂšre dâĂ©coute (2), Leanne Payne Ă©voque une « dĂ©chirure grave entre la tĂȘte et le cĆur ». Comment puis-je entendre Dieu, si « je nâintĂšgre pas correctement mes capacitĂ©s intuitives et imaginatives Ă mes facultĂ©s objectives et rationnelles pour les utiliser dans un juste Ă©quilibre ».
Ce dysfonctionnement est liĂš Ă ce quâelle appelle la « faille cartĂ©sio-kantienne » entre la pensĂ©e et lâexpĂ©rience. LâhĂ©ritage intellectuel de Descartes et de Kant a engendrĂ© chez beaucoup de chrĂ©tiens une dĂ©chirure « se caractĂ©risant par le fait quâils acceptent une connaissance conceptuelle au sujet de Dieu comme rĂ©alitĂ© tout en niant simultanĂ©ment les maniĂšres Ă©lĂ©mentaires dâaimer Dieu, de le connaĂźtre et de marcher avec lui, ces derniĂšres Ă©tant plus Ă©troitement liĂ©es Ă la connaissance intuitive sans laquelle nous perdons les bienfaits de la raison et ceux de la connaissance conceptuelle » .
« En niant les maniÚres intuitives de connaßtre, nous ne pouvons plus entendre la voix de Dieu. ».
« A lâinverse de lâidĂ©ologie kantienne, les chrĂ©tiens affirment que Dieu lui mĂȘme nous parle dâune maniĂšre dont il nous donne le modĂšle dans lâĂ©criture. Il a façonnĂ© nos Ăąmes et nous a donnĂ© des oreilles et des yeux spirituels, enracinĂ©s dans le fait quâil vit en nous et nous en lui, afin que nous le voyions, lâentendions et le connaissions ».
Notre propos ici nâest pas de traiter de lâexpĂ©rience et des conditions de son authenticitĂ© spirituelle, mais simplement dâĂ©clairer et donc de lever les barriĂšres culturelles qui peuvent sây opposer. Oui, câest en terme de rĂ©ciprocitĂ© que nous percevons la relation entre notre Ăąme et notre corps, entre notre tĂȘte et notre cĆur.
Leanne Payne raconte quâune personne ayant dĂ©couvert le chemin de la priĂšre dâĂ©coute sâattira cette remarque acerbe : « Je vois, vous avez maintenant une ligne directe avec Dieu ». Une amie me disait rĂ©cemment quâelle hĂ©sitait Ă faire connaĂźtre ce blog parmi les membres dâun groupe chrĂ©tien (catholique) trĂšs centrĂ© sur la rĂ©flexion Ă travers lâĂ©tude de livres. Elle pensait que, pour certains de ces membres, le blog leur apparaĂźtrait comme trop tournĂ© vers lâexpĂ©rience. Quel est notre vĂ©cu Ă ce sujet ? Quels sont nos cheminements ?
JH
(1)           Cette analyse est dĂ©veloppĂ©e Ă plusieurs reprises par JĂŒrgen Moltmann. A propos de cette Ćuvre : www.lespritquidonnelavie.com
(2)           Payne (Leanne). La priĂšre dâĂ©coute. RaphaĂ«l, 1994 (p.141-143)
par jean | Juil 25, 2012 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Hstoires et projets de vie, Vision et sens |
Une expĂ©rience fondatrice dans la mouvance de lâEsprit.
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Dans le dĂ©sarroi existentiel, une parole de lâEvangile vient Ă notre rencontre pour nous permettre de trouver ou de retrouver, Ă travers les mots de Pierre, la relation avec JĂ©sus qui donne sens et paix : « Seigneur, Ă qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie Ă©ternelle » (Jean 6.68). Et lorsque nous sommes pressĂ© par la maladie, les paroles et les actes de JĂ©sus dans lâEvangile ouvrent pour nous une espĂ©rance mobilisatrice. Dans son livre : « Sa prĂ©sence dans ma vie », Odile raconte une expĂ©rience qui a changĂ© sa vie et dans laquelle guĂ©rison et libĂ©ration sont Ă©troitement associĂ©es. A travers la vision spirituelle qui en est rĂ©sultĂ©e, cette expĂ©rience fondatrice a accompagnĂ© toute sa vie (1). Odile a Ă©crit plusieurs rĂ©cits de cette expĂ©rience vĂ©cue en 1973. Nous prĂ©sentons ici lâun dâentre eux, publiĂ© en 1985 dans le bulletin : TĂ©moins. Ce texte nous communique le vĂ©cu et le ressenti de cette expĂ©rience, mais, en mĂȘme temps, il nous apporte des paroles bibliques en Ă©chos et en Ă©clairage. Lâannonce qui lui a ouvert les portes de la vie a Ă©tĂ© pour elle source de libertĂ© en lui offrant un choix. « Pourquoi ne la transmettrais-je pas aux autres ? Du reste, annoncer, informer, proposer, ce nâest pas imposer ; câest vraiment au fond de lui-mĂȘme (le cĆur dont parle la Bible) que chacun dĂ©cide » (Evangile de Marc 4.1-9) ;
Recoller les morceaux.Â
           Je continue Ă dire aujourdâhui que jâai beaucoup de chance dâavoir dĂ©couvert Dieu agissant dans ma vie. Ce jeudi dâoctobre 1973, jâai reçu au plus profond de mon ĂȘtre la vie en JĂ©sus-Christ qui mâa sauvĂ©e, guĂ©rie, baptisĂ©e en son Esprit Saint (Evangile de Matthieu 3.11) ;
A cette Ă©poque, je sentais ma personnalitĂ© mâĂ©chapper, se dissocier au point oĂč je nâarrivais plus Ă rĂ©diger un chĂšque ou Ă compter ma monnaie. Ecrire un rapport devenait un supplice car, Ă certains moments, je ne contrĂŽlais plus ma pensĂ©e Je sombrais de plus en plus malgrĂ© la psychanalyse, divers traitements et mĂȘme lâaide fraternelle.
Me rappelant une phrase de lâEvangile, jâai hurlĂ© Ă JĂ©sus : « Si vraiment tu es la vie, donne-moi le goĂ»t Ă la vie (Jean 14.6). Et en moi a jailli une source de vie, dâĂ©nergie, dâamour, de joie. (Jean 4.4 ; Galates 5.22).
Cette rĂ©ponse nâa pas Ă©tĂ© immĂ©diate car, je lâai compris depuis, il ne suffit pas de demander, il faut saisir la promesse de JĂ©sus (Jean 7.37).
Un chrĂ©tien rencontrĂ© en vacances, mâa dit que JĂ©sus guĂ©rissait aujourdâhui comme en Palestine durant sa vie terrestre : invisible mais rĂ©el pour ceux qui croient. Jâai posĂ© un tas de questions, jâavais du mal Ă le croire, mais je ne lâai pas oubliĂ©. Trois mois plus tard, jâai failli provoquer un accident : je voyais le feu rouge sans pouvoir rĂ©agir Ă ce signal et une voiture a coupĂ© ma route Ă vive allure puisque le feu Ă©tait vert pour elle ! Ce jour-lĂ , jâai rĂ©flĂ©chi : je peux continuer Ă essayer de mâen sortir tout en sachant que je risquais fort de glisser davantage dans le gouffre et la folie. Par ailleurs, je sais maintenant que JĂ©sus guĂ©rit. Jâai donc le choix entre deux chemins. Depuis des annĂ©es, je lutte dĂ©sespĂ©rĂ©ment pour mon fils, mon mari et puis⊠jâai envie de vivre tout simplement. Alors jâai choisi la vie (DeutĂ©ronome 30.15) et jâai tĂ©lĂ©phonĂ© Ă la seule personne convaincue et expĂ©rimentĂ©e que je connaissais.
Il nâĂ©tait plus question de discuter. Jâai demandĂ© la priĂšre. Je lâai mĂȘme demandĂ© cinq fois durant cette semaine, car je retombais dans une dĂ©pression profonde aprĂšs avoir reçu une Ă©nergie peu commune (Jean 6.27 ; Luc 11.13). Jâavais vraiment dĂ©cidĂ© de vivre et je mâaccrochais. Je remettais toute ma vie concrĂšte Ă JĂ©sus pour quâil la transforme positivement.En sortant dâune rĂ©union de priĂšre, oĂč jâai eu la conviction intĂ©rieure que jâallais guĂ©rir, jâai rĂ©alisĂ©, au moment de mâendormir, que mon ĂȘtre Ă©clatĂ© reprenait son unitĂ©. Chaque morceau prenait sa place comme un puzzle terminĂ©. Je me trouvais totalement dans la rĂ©alitĂ© et je dĂ©couvrais en mĂȘme temps, un univers inconnu de moi auparavant (Job 42.5) dans lequel, en harmonie avec moi-mĂȘme et avec mon environnement, je prenais naissance dans la joie et dans la paix (Jean 3.3 ; 2 Corinthiens 5.17). Je rentrais dans le royaume de Dieu (Romains 14.17) et lâEglise spirituelle de JĂ©sus-Christ (Jean 1. 13 ; Matthieu 16.17).
Je me suis mise Ă lire la Bible, le Nouveau Testament dâabord. Je devrais dire « dĂ©vorer », car toutes ces paroles rĂ©sonnaient en moi dâĂ©vidence et je disais : câest bien ça, câest vrai, câest ce qui mâarrive ! (Jean 16.13). SimultanĂ©ment, je dĂ©bordais dâamour mĂȘme pour des collĂšgues qui mâavaient fait des « crasses » dans mon travail. Cette bonne nouvelle de JĂ©sus ressuscitĂ©, je la racontais Ă qui voulait lâentendre. Cette annonce a Ă©tĂ© pour moi source de libertĂ© en mâoffrant un choix. Pourquoi ne la transmettrais-je pas aux autres ? Du reste, annoncer, informer, proposer, ce nâest pas imposer. Câest vraiment au fond de lui-mĂȘme (le cĆur dont parle la Bible) que chacun dĂ©cide (Marc 4.1-9).
Je suis profondĂ©ment reconnaissante au Seigneur car « sa bontĂ© et sa grĂące mâaccompagnent tous les jours de ma vie », sa perfection se manifeste dans sa misĂ©ricorde (Matthieu 5.48 ; Luc 6.36), lui qui fait briller son soleil sur tous les hommes quâIl aime sans distinction (Matthieu 5.45).
Odile Hassenforder
(1)  Hassenforder (Odile). Sa prĂ©sence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte, 2011 . Odile y relate sa guĂ©rison avec plus dâampleur et de recul, dans un chapitre : « Ma vision de Dieu a changé » (p 27-43) PrĂ©sentation du livre sur le site de TĂ©moins : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html
par jean | Avr 26, 2013 | ARTICLES, Beauté et émerveillement |
Autour dâune exposition : « Chagall entre guerre et paix ».
Blaise Cendrars Ă propos de Chagall :
« Il dort, il est éveillé, il prend une église et il peint avec une église, il prend une vache et il peint avec une vache, avec une sardine⊠».xx
RĂ©sidant dans une ville en Normandie, David Gonzalez a fait le dĂ©placement pour visiter lâexposition : « Chagall entre guerre et paix », au MusĂ©e du Luxembourg. Au fil dâune conversation, il nous dit pourquoi il Ă©tait motivĂ©, ce quâil a ressenti et ce quâil en rapporte.
« Quâest ce qui mâa motivĂ© ? Lâappel du dĂ©sir. Parce que ma premiĂšre rencontre avec les peintures de Chagall sâest rĂ©alisĂ©e fortuitement Ă lâoccasion dâun mariage. Des amis prĂ©paraient leur mariage. Ils ont fait le choix de sâentourer dâamis plutĂŽt que de vivre cette attente en famille ou dans une Ă©glise. Et, au cours de lâaprĂšs-midi prĂ©cĂ©dant leur mariage, le groupe dâamis qui entourait les mariĂ©s, sous la direction dâun autre ami artiste, ont vĂ©cu un moment crĂ©atif sur le thĂšme de Chagall. Sur des nappes en papier tendues sur des tasseaux en bois, ils ont peint tous ensemble des tableaux Ă la maniĂšre de Chagall. Jâai vu ces peintures et elles me sont allĂ©es droit au cĆur. Elles mâont fait une forte impression : les rouges, les bleus, des mariĂ©s voltigeant dans le ciel, des animaux lumineux dans la nuit de villages inconnus.
Ces impressions lĂ , affectives et esthĂ©tiques, mâont donnĂ© envie dâaccrocher ces tableaux dans un petit temple anglais dâune station thermale normande qui ne sert quasiment quâaux baptĂȘmes et aux mariages. Je me suis dit que ces tableaux mettraient un peu de chaleur et de goĂ»t au milieu des boiseries et des bĂ©atitudes gravĂ©es sur les murs. Parmi ces tableaux produits au cours dâun pique-nique Ă la veille du mariage, quelques uns seulement Ă©taient vraiment exposables. Jâai donc complĂ©tĂ© ce dĂ©but dâexpo en me procurant un catalogue de lâoeuvre peinte de Chagall, puis en photocopiant et en mettant sous verre quelques uns des tableaux les plus connus de ses diverses pĂ©riodes.
Cette premiĂšre expĂ©rience pour moi, a Ă©tĂ© principalement visuelle et pratique dans un premier temps. Mais elle a aussi dĂ©posĂ© en moi deux notions trĂšs fortes : que Chagall peignait lâamour entre un homme et une femme et quâil cherchait aussi Ă illustrer le divin. Lâorigine de ces peintures en provenance dâamis amoureux et lâaccrochage dans le temple Ă©taient certainement Ă lâorigine de cette rĂ©ception thĂ©matique : Chagall , Dieu et lâamour.
Quelques annĂ©es plus tard, une amie mâa proposĂ© dâaller voir lâexposition : « Chagall entre guerre et paix » au MusĂ©e du Luxembourg. Cet approfondissement de ma relation avec la peinture de Chagall se trouvait Ă nouveau habitĂ© par lâamitiĂ© et le dĂ©sir. Jâai repensĂ© Ă Dieu dans Chagall dans les habits de lâamour. Deux remarques : jâai compris cette fois-ci que lâattention et lâĂ©tat dâesprit conditionnent entiĂšrement la rĂ©ception dâune Ćuvre. Le dĂ©sir et lâamitiĂ© mâont semblĂ© ĂȘtre la meilleure voie pour redĂ©couvrir Chagall.
Premier pas dans le trĂšs fonctionnel MusĂ©e du Luxembourg. Les rĂ©servations sont complĂštes. Nous sommes nombreux devant les tableaux. Il est vingt heures trente. Câest une expĂ©rience crĂ©pusculaire.
PremiĂšre sĂ©quence de tableaux : câest le Chagall des annĂ©es 1910. Deux toiles vertes transforment immĂ©diatement mon souvenir en dĂ©couverte. Ce nâest plus le Chagall des ciels bleu nuit et des rouges omniprĂ©sents. Il y a devant moi une peinture reprĂ©sentant une femme et son enfant devant une fenĂȘtre, et câest la lumiĂšre vĂ©gĂ©tale et le vert des tissus qui illuminent ce tableau . Plus de flou. Un tableau rĂ©aliste. Le dessin est extrĂȘmement prĂ©cis. La femme, câest Bella, et le nourrisson, câest la petite fille de Marc Chagall.
La vie sâest comme arrĂȘtĂ©e. Le cours de la vie est suspendu au prĂ©sent. Et ce prĂ©sent a la beautĂ© froide dâune foret ukrainienne. Marc Chagall me fait penser Ă Sören Kierkegaard : sa vie entiĂšre Ă©tait une attente de lâamour heureux. Câest ce que la vie lui offre. Il sâen saisit. En 1914, la guerre Ă©clate. Chagall ne peut plus revenir Ă Paris comme il le dĂ©sirait. Câest un exil. Il doit rester Ă Vitebesk. Câest une Ă©preuve et le vide dâune rĂ©clusion.
Câest la pĂ©riode russe de Chagall. Dans le prolongement du premier espace du MusĂ©e du Luxemboug, sont exposĂ©s : dessins, croquis, fusains, encres de Chine, acrylique et gouache de Chagall en exil. Câest un peuple juif qui dĂ©file sous nos yeux. Des rabbins ont la figure de Monsieur tout le monde. Des visages parfois tourmentĂ©s Ă lâextrĂȘme oĂč se lit toute lâangoisse du monde et de lâhumain. Parfois, ce sont des regards et des bouilles totalement cocasses. On voit mĂȘme un rabbin transportant la Bible sur son dos en forme dâarmoire. Des inscriptions hĂ©braĂŻques au sens Ă©nigmatique figurent sur presque chaque portrait et scĂšne de vie. Plusieurs encres de Chine et papier mine ont pour support du papier dâemballage. Peindre Chagall sur des nappes en papier correspondait bien Ă lâesprit de lâartiste. Lâart comme la vie est prĂ©caire et sans prix. En regardant cette production sans aucune couleur, Chagall campe un drame historique oĂč se marque Ă la fois, au quotidien, lâangoisse et lâhumour.
SĂ©quence suivante. Nous retrouvons les mariĂ©s de Chagall virevoltant dans un ciel nocturne comme peuplĂ© dâanimaux et de personnages bizarres. Lâun des personnages bizarres est un juif volant. Câest la figure du juif errant. Câest lâimage de lâhumain cherchant le sens de sa vie au cours de son parcours terrestre. De mĂȘme, dans la tradition hassidique, les animaux rĂ©vĂšlent quelque chose du monde de Dieu.
Nouvelle sĂ©quence. Au centre de lâexposition, se dĂ©voile une sĂ©rie dâillustrations portant sur la Bible. Elle est pour Chagall : « la plus grande source de poĂ©sie de tous les temps ». Câest un ensemble dâeaux-fortes insĂ©rĂ©es au sein de la Bible de GenĂšve. Câest le grand tableau relevĂ© Ă la gouache du roi David jouant de la lyre. Câest le don des tables de la loi Ă MoĂŻse. Ce sont les prophĂštes, les patriarches, les guerriers et les rois.
Des crucifixions, notamment un trĂšs grand triptyque font le lien entre la persĂ©cution de JĂ©sus et celle des juifs en Europe dans les annĂ©es 40. Chagall en a fait don Ă lâĂ©tat français. Comme bien souvent, lâimage de JĂ©sus dĂ©route et sa normalitĂ© questionne. Câest Ă ce moment lĂ du parcours que lâamie qui mâaccompagnait me demande si JĂ©sus Ă©tait amoureux dâune femme ou dâun homme comme le raconte plusieurs romans historiques contemporains. LâĂ©change dure dix minutes. Et câest un Ă©change pour tous puisquâun petit groupe sâest arrĂȘtĂ© Ă cĂŽtĂ© de nous pour Ă©couter discrĂštement lâĂ©change dâarguments. Nous en venons, en conclusion, Ă la question la plus pertinente : Qui est JĂ©sus pour toi ? Et nous poursuivons notre visite.
DerniĂšre sĂ©quence. Lâexposition est assez courte et nous nous retrouvons au milieu des tableaux de la derniĂšre pĂ©riode de la vie de Chagall. Fini les noirs, les rouges et les inversions chromatiques. Plus de barbes violettes, bleues ou vertes. Câest maintenant lâĂ©quilibre Ă petites touches dâun coucher de soleil dans la baie dâAntibes, des palmiers et lilas⊠Le paradis terrestre est presque lĂ . Retour Ă une rĂ©alitĂ© ensoleillĂ©e. Quelque chose sâest passĂ©. Peut-ĂȘtre Chagall a-t-il fini par aimer le monde tel quâil est. Son esprit bohĂšme semble sâĂȘtre posĂ©, mais sa peinture nâa pas fini de nous faire rĂȘver .
« Mon cirque se joue dans le ciel,
Il se joue dans les nuages, parmi les chaises.
Il se joue dans la fenĂȘtre oĂč se reflĂšte la lumiĂšre »
Marc Chagall
Le divin nâa donc pas que le visage des vieilles Ă©glises dĂ©sertes. Il se reflĂšte aussi dans la richesse des couleurs du monde, du dĂ©sir et de lâamitiĂ©, mais, pour lâapprĂ©cier, il faut aimer et se savoir aimĂ©. DĂšs lors, la vie, lâĂ©glise, la foi en JĂ©sus-Christ sont comme des vitraux qui nous disent un dĂ©sir, Ă la fois souterrain et divin, que nous soyons heureux de vivre et dâespĂ©rer ».
Contribution de David Gonzalez.
Exposition : Chagall entre guerre et paix. 21 février- 21 juillet 2013 au Musée du Luxembourg
http://www.museeduluxembourg.fr/fr/expositions/p_exposition-18/
On pourra lire Ă©galement :
« Une expĂ©rience. Un regard transformĂ©. Visiter des expositions dâart ». https://vivreetesperer.com/?p=802
par jean | Avr 8, 2012 | ARTICLES, Vision et sens |
La mort est une rĂ©alitĂ© si courante que nous risquons de lâaccepter comme une fatalitĂ©. De prĂšs ou de loin, la mort se fait entendre. Elle est tapie ou bruyante. LâactualitĂ© sâen fait constamment lâĂ©cho. En regard, pour vivre, nous avons besoin de nous situer dans une inspiration de vie, et mĂȘme de savoir quelles sont nos raisons de vivre. « Jâai mis devant toi la vie et la mort. Choisis la vie ! »(DeutĂ©ronome 30.19)
Le thĂ©ologien JĂŒrgen Moltmann nous aide Ă percevoir la mort comme le terme dâune puissance de destruction et, en regard, il proclame, en Christ, la victoire de la vie sur la mort.
Avec lui, nous pouvons analyser les processus qui mĂšnent Ă la mort. Cette analyse sâeffectue Ă diffĂ©rents niveaux.
Il est clair quâĂ travers lâexploitation, lâoppression et lâaliĂ©nation, la puissance destructrice de la mort est particuliĂšrement apparente Ă lâĂ©chelle politique. « Certaines dĂ©cisions ont des consĂ©quences incalculables pour la vie de millions de gens. Elles rendent la vie difficile et souvent impossible. Chaque jour, les faibles, les pauvres et les malades doivent lutter pour la survie.. ». Aujourdâhui, on voit aussi combien la protection du vivant est devenue un enjeu majeur.
La puissance destructrice qui mĂšne Ă la mort se fait sentir Ă©galement dans la vie sociale Ă travers le rejet, lâisolement et une solitude croissante.
Dans notre propre existence, face Ă la tentation du non sens ou de lâabandon, nous avons nous mĂȘme chaque jour Ă prendre parti chaque jour pour la vie. « Chaque matin, la vie doit ĂȘtre Ă nouveau affirmĂ©e et aimĂ©e puisque, aussi bien, elle peut ĂȘtre dĂ©niĂ©e, refusĂ©e ou rejetĂ©e ».
« Pour lutter contre la mort et ne pas abandonner, nous avons besoin de croire que la mort peut ĂȘtre vaincue⊠La rĂ©surrection de Christ porte le « oui » de Dieu Ă la vie et son « Non » Ă la mort, et suscite nos Ă©nergies vitales⊠Les chrĂ©tiens sont des gens qui refusent la mort . « Lâorigine de la foi chrĂ©tienne est une fois pour toute la victoire de la vie divine sur la mort : « La mort a Ă©tĂ© engloutie dans la victoire » (1 Cor 15.54). Câest le cĆur de lâEvangile. Câest lâEvangile de la Vie ».
Si la fĂȘte de PĂąques Ă©voque la rĂ©surrection de JĂ©sus, en quoi contribue-t-elle Ă modifier pratiquement nos reprĂ©sentations et nos comportements ?
Ici JĂŒrgen Moltmann proclame lâengagement chrĂ©tien dans le processus de la vie. « LĂ oĂč Christ est prĂ©sent, il y a la vie et il y a lâespoir dans la lutte de la vie contre la puissance de la mortâŠ. Dans un amour crĂ©atif pour la vie, nous percevons que nous ne sommes pas seulement partie prenante aux Ă©nergies naturelles de la vie. Nous expĂ©rimentons aussi « les puissances du siĂšcle Ă venir » (HĂ©b 6.5). « Au commencement, Ă©tait la Parole⊠En elle, Ă©tait la Vie et la Vie Ă©tait la lumiĂšre des hommes (Jean1.4). LâĂ©vangile de Jean est marquĂ© par une thĂ©ologie de la vie ».
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Recevons et partageons la dĂ©claration de foi que JĂŒrgen Moltmann nous exprime en ces termes : « Cette thĂ©ologie de la vie doit ĂȘtre le cĆur du message chrĂ©tien en ce XXIĂš siĂšcle. JĂ©sus nâa pas fondĂ© une nouvelle religion. Il a apportĂ© une vie nouvelle dans le monde, et aussi dans le monde moderne. Ce dont nous avons besoin, câest une lutte partagĂ©e pour la vie, la vie aimĂ©e et aimante, la vie qui se communique et est partagĂ©e, en bref la vie qui vaut dâĂȘtre vĂ©cue dans cet espace vivant et fĂ©cond de la terre » (3) .
J.H.
Source
(1) JĂŒrgen Moltmann. In the end..the beginning. Fortress presss. 2004 (Prochaine parution en français aux Ă©ditions Empreinte sous le titre : « De commencements en recommencements »
JĂŒrgen Moltmann. La venue de Dieu. Cerf,1977
(2) Life against death, p. 75-77. Dans : JĂŒrgen Moltmann. Sun of       rightneousness, arise ! Fortress Pres, 2010.
(3) Texte Ă partir de lâarticle : « La vie contre la mort » dans le blog concernant la pensĂ©e de JĂŒrgen Moltmann : http://www.lespritquidonnelavie.com/