Un tour du monde en famille pendant un an

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Une découverte partagée sur le blog : « Zigzag du monde ».

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         Dans une ambiance qui peut parfois nous apparaĂźtre comme morose, voir une famille en route pour un tour du monde est une source de dynamisme et d’encouragement. Et quand cette famille partage son expĂ©rience sur un blog remarquablement construit et entretenu, elle nous fait un beau cadeau. Cette expĂ©rience partagĂ©e attire la sympathie, suscite amitiĂ© et affection pour ses acteurs, petits et grands. Elle nous fait entrer dans des univers nouveaux. Et dĂ©jĂ , prendre la transsibĂ©rien de Moscou Ă  PĂ©kin, n’est-ce pas un rĂȘve que nous voyons s’accomplir. Bien d’autres destinations sont presque mythiques. Ce tour du monde est bien organisĂ©, bien prĂ©parĂ©. Il peut s’appuyer sur un rĂ©seau d’amis chrĂ©tiens, mais c’est quand mĂȘme une aventure. Alors, cette famille nous apprend la confiance.

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La famille Monet

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         La famille Monet se prĂ©sente Ă  nous : Trois enfants : OphĂ©lie (5 ans), Lilian (7 ans), SolĂšne (10 ans). Maman, StĂ©phanie, est professeur de français, langue Ă©trangĂšre, et Papa, Gabriel, est pasteur et professeur de thĂ©ologie pratique. Ils nous en disent beaucoup sur leurs goĂ»ts et leurs intĂ©rĂȘts, et, au jour le jour, ils nous donnent de partager le vĂ©cu de ce tour du monde. Ils font route avec confiance et ils communiquent avec nous dans cet Ă©tat d’esprit. Nous les accompagnons.

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Pourquoi ce tour du monde ? Le projet.

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         Mais pourquoi entreprendre un tour du monde pendant un an ?

         « D’abord parce que c’est un rĂȘve. DĂšs avant notre mariage, nous Ă©voquions cette possibilitĂ© d’un jour partir Ă  l’aventure un an pour dĂ©couvrir le monde
 Nous nous sommes dit que vivre cette expĂ©rience avec nos enfants pourrait ĂȘtre magnifique. Le temps est donc venu et ce rĂȘve devient rĂ©alitĂ©.

         A l’occasion de ce tour du monde, notre dĂ©sir est de mettre l’accent sur deux aspects que les mots visages et paysages peuvent rĂ©sumer : rencontrer des gens partout oĂč nous serons et dĂ©couvrir les beautĂ©s naturelles de notre planĂšte. C’est pourquoi, dans la mesure du possible, nous serons au maximum chez l’habitant. C’est bien sĂ»r plus Ă©conomique et surtout cela nous permet d’entrer en contact avec les personnes, de tisser des liens humains. Notre parcours a d’ailleurs Ă©tĂ© pensĂ© en fonction de certains lieux naturels et dans la majoritĂ© des endroits oĂč nous serons, nous privilĂ©gierons la dĂ©couverte de la nature.

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         Ce tour du monde, c’est donc aussi l’occasion de prendre une annĂ©e sabbatique. Notre vie a Ă©tĂ© plutĂŽt trĂ©pidante
 Bref, mĂȘme si nous ne serons pas inactifs au cours de cette annĂ©e, l’ idĂ©e est bien de dĂ©connecter, de nous ressourcer, de prendre le temps, de lĂącher prise par rapport aux multiples engagements qui remplissent nos vies au point parfois de nous faire manquer l’essentiel.

         Enfin ce projet, c’est aussi une expĂ©rience familiale
 Vivre ces temps ensemble et voyager ainsi tous les cinq est pour nous l’occasion de faire grandir les liens qui nous unissent


         Un dernier mot pour expliquer le nom de ce blog : www.zigzagdumonde.com « Le blog du tour du monde de la famille Monet ». Au cours des mois de prĂ©paration de notre voyage, Ă  une occasion oĂč nous tracions notre itinĂ©raire sur une carte du monde, SolĂšne a spontanĂ©ment dĂ©claré : « Ce n’est pas un tour du monde que nous allons faire, c’est un zigzag du monde ». L’expression nous a plu.  Elle rend bien compte de notre parcours gĂ©ographique (De Moscou Ă  PĂ©kin, de Tokyo Ă  Bali, de Sydney Ă  NoumĂ©a, de Papeete Ă  Lima, de Lima Ă  Los Angeles et Ă  New York), mais aussi de notre Ă©tat d’esprit
 Notre destination, ce n’est pas un point gĂ©ographique, mais le fait d’ĂȘtre en marche, en voyage, existentiellement, spirituellement, relationnellement ».

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En route

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         La famille Monet est maintenant en route depuis le dĂ©but du mois d’aoĂ»t 2013. Et chaque Ă©tape, chaque jour est l’objet d’une chronique qui partage avec nous visages et paysages, les rencontres et la beautĂ© des lieux, mais aussi le vĂ©cu de chacun, et en particulier de chaque enfant qui a un espace pour s’exprimer personnellement. De belles photos accompagnent la narration.

         La famille Monet nous donne de vivre avec elle son expĂ©rience, mais aussi sa confiance. Quel cadeau pour les grands comme pour les petits ! Et quelle actualitĂ© de la pensĂ©e de Victor Hugo citĂ©e dans ce blog : « Lire, c’est voyager, voyager, c’est lire ». Bonne lecture !

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J. H.

Pour une intelligence collective

Eviter les décisions absurdes et promouvoir des choix pertinents

La contribution de Christian Morel.

 

Les grands accidents qui engendrent le deuil et le malheur sont-ils une fatalité ? Pourraient-ils ĂȘtre Ă©vitĂ©s ? Dans quelle mesure, les reprĂ©sentations et les comportements des hommes sont-ils en question ? Dans un nouvel ouvrage sur « les dĂ©cisions absurdes « (1), le sociologue Christian Morel nous apporte des rĂ©ponses Ă  ces questions. Oui, les grands accidents sont pour une part engendrĂ©s par des erreurs humaines. Ces erreurs sont le produit d’un ensemble de dysfonctionnements Ă  la fois dans les modes de pensĂ©e et dans l’approche collective des problĂšmes. Oui, une intelligence collective bien conduite peut nous permettre d’éviter des catastrophes, mais aussi, Ă  fortiori, nous aider Ă  amĂ©liorer la vie sociale.

La rĂ©flexion de Christian Morel s’appuie sur de nombreuses Ă©tudes de cas qui nous font entrer dans le vĂ©cu de situations pĂ©rilleuses. Ces exemples sont particuliĂšrement Ă©vocateurs et les enseignements qui s’en dĂ©gagent nous permettent de comprendre de l’intĂ©rieur les processus de prise de dĂ©cision. A partir de cette analyse, Christian Morel peut mettre en Ă©vidence de grandes rĂšgles, des « mĂ©tarĂšgles » qui permettent de dĂ©velopper la fiabilitĂ© des actions humaines. Il entend par lĂ  « des principes gĂ©nĂ©raux d’action ainsi que les processus maĂźtres et les modes de raisonnements communs qui forment une culture amont, ou modĂšle, de la fiabilitĂ© et sont indispensables Ă  la fiabilitĂ© des dĂ©cisions en aval » (p 13-14). Les erreurs sont frĂ©quentes. L’auteur nous en donne un exemple spectaculaire. « Sait-on qu’aux Etats-Unis, quarante fois par semaine, des mĂ©decins se trompent d’individu ou de zone corporelle lors d’une intervention chirurgicale ?… Ce seul exemple en dit long sur la propension Ă  se tromper dans l’exercice des activitĂ©s humaines » (p 11).

Dans un prĂ©cĂ©dent ouvrage (2), Christian Morel avait dĂ©jĂ  identifiĂ© et analysĂ© les mĂ©canismes qui conduisent individus et organisations Ă  produire avec constance des erreurs radicales et persistantes ». DerriĂšre ce que l’on attribue trop souvent Ă  la fatalitĂ© se cachent en rĂ©alitĂ© des dĂ©cisions dont l’homme est seul responsable » (p 13). La bonne nouvelle, c’est que « certains acteurs sociaux ne restent pas inactifs devant leur penchant pour les dĂ©cision absurdes. Ils cherchent des solutions et les mettent en Ɠuvre ». C’est le cas par exemple de l’aĂ©ronautique. Et les chercheurs apportent leur contribution. Ainsi les sociologues de l’école amĂ©ricaine dite des HRO (High reliability organisations : organisations hautement fiables) ont Ă©tudiĂ© comment fonctionnent les organisations exposĂ©es Ă  de trĂšs grands risques. « Des catastrophes, telles que celles de Three Mile Island, de Tchernobyl, de la Nouvelle OrlĂ©ans ou de la navette Columbia aprĂšs celle de Challenger ont conduit Ă  considĂ©rer que le combat livrĂ© aux dĂ©cisions absurdes nĂ©cessitait des solutions d’ordre sociologique et non uniquement technique. Des activitĂ©s de loisir, comme le ski hors-piste confrontĂ© aux risques d’avalanche ou l’alpinisme en viennent Ă  adopter des principes de fiabilitĂ© de la dĂ©cision proches de ceux de la culture aĂ©ronautique » (p 13). La prise de conscience de ces phĂ©nomĂšnes et le mouvement de la recherche ont pris de l’ampleur au cours de la derniĂšre dĂ©cennie. Il y a bien sĂ»r de nombreux retards dans les mentalitĂ©s, mais l’auteur peut dĂ©dier son livre « aux femmes et hommes de l’aĂ©ronautique, des professions de santĂ©, de la marine, des forces sous-marines, de la protection civile, des sports de montagne, de la production nuclĂ©aire d’électricitĂ©, des industries mĂ©caniques et de la production thĂ©Ăątrale, dont le retour d’expĂ©riences heureuses ou difficiles ont nourri ma rĂ©flexion »

Dans cette mise en perspective, nous rapporterons briĂšvement quelques Ă©tudes de cas prĂ©sentĂ©es par l’auteur et nous ferons part ensuite des mĂ©thodes de pensĂ©e qu’il nous propose.

 

Situations en mouvement

 

Dans la premiĂšre partie de son livre : des dĂ©cisions absurdes aux dĂ©cisions fiables, Christian Morel nous prĂ©sente l’évolution de la situation de plusieurs secteurs d’activité : l’aviation, la marine nuclĂ©aire, la chirurgie, les randonnĂ©es en haute montagne, diverses organisations du thĂ©Ăątre du Splendid Ă  Renault.

 

Pour l’aĂ©ronautique, les erreurs de dĂ©cision se rĂ©vĂšlent souvent dĂ©vastatrices. « Cela l’a conduite Ă  inventer des modes d’organisation novateurs comme la collĂ©gialitĂ© dans le cockpit, la non-punition des erreurs et la formation systĂ©matique aux facteurs humains » (p 23).

Plusieurs enquĂȘtes ont mis en Ă©vidence la maniĂšre dont des excĂšs de hiĂ©rarchie dans le cockpit pouvaient engendrer des accidents en empĂȘchant un vĂ©ritable esprit d’équipe de s’exercer ainsi que l’intelligence collective qui en est le produit. A cet Ă©gard, les rĂ©sultats de la recherche sont spectaculaires. Les avions de ligne sont pilotĂ©s par un Ă©quipage comprenant deux pilotes : le commandant de bord et le copilote. Or, une enquĂȘte amĂ©ricaine concernant trente-sept accidents d’avion a montrĂ© que dans trente des trente-sept accidents concernĂ©s, c’était le commandant de bord et non le copilote qui Ă©tait le pilote en fonction (p 24). « Bien Ă©videmment, l’explication de ce phĂ©nomĂšne n’est pas que les commandants de bord soient moins performants que les copilotes. C’est gĂ©nĂ©ralement le contraire. Le mĂ©canisme est d’ordre purement sociologique. Quand le pilote en fonction est le commandant, s’il se trompe, il est difficile au copilote de le lui dire et de rectifier l’erreur. Dans la situation inverse, corriger le copilote ne pose aucun problĂšme au commandant » (p 25). C’est donc le formatage hiĂ©rarchique qui fait obstacle Ă  la mise en Ɠuvre d’une intelligence collective capable de rĂ©soudre le problĂšme. Ce chapitre sur « la loi du cockpit » met Ă©galement en Ă©vidence d’autres causes d’erreur, mais les excĂšs de la hiĂ©rarchie sont un aspect majeur.

 

Le mĂȘme phĂ©nomĂšne est mis en Ă©vidence et pris en compte dans la marine nuclĂ©aire. « La fiabilitĂ© occidentale ayant pour origine l’exemple de la marine amĂ©ricaine Ă  propulsion nuclĂ©aire est le rĂ©sultat de principes forts et originaux tels que « la hiĂ©rarchie restreinte impliquĂ©e », « l’interaction Ă©ducative permanente » et des processus de mise en dĂ©bat prĂ©alable des dĂ©cisions majeures » (p 66). Ces principes ont Ă©tĂ© initiĂ©s au dĂ©part par une forte personnalitĂ©, l’amiral H G Rickover. « Dans les sous-marins nuclĂ©aires et sur les porte-avions, on observe une attĂ©nuation de la hiĂ©rarchie. « A l’organisation hiĂ©rarchique classique : forte stratification, ordres non discutĂ©s, formalisme, est substituĂ©e, dans certains cas, une organisation diffĂ©rente qui voit les experts et les anciens prendre le leadership, la discussion s’imposer et le formalisme disparaĂźtre » (p 67). On observe par ailleurs une interaction Ă©ducative permanente : « interaction entre tous les acteurs dans tous les sens et un processus de formation intense sur le terrain ». Il y a aussi l’accent mis sur le principe du dĂ©bat contradictoire. Cette approche a permis Ă  la marine nuclĂ©aire amĂ©ricaine de n’enregistrer aucune fuite radioactive depuis sa crĂ©ation alors que la NASA a connu deux catastrophes majeures : la destruction des navettes Challenger et Columbia (p 76).

 

En comparaison avec l’aĂ©ronautique et la marine nuclĂ©aire, la chirurgie est trĂšs en retard dans le domaine de la fiabilitĂ©. Le risque de dĂ©cĂšs en chirurgie est de un pour mille « ce qui Ă©quivaudrait Ă  un crash d’avion de ligne chaque semaine ! » (p 79). On retrouve dans ce secteur le mĂȘme problĂšme que ceux nous venons d’évoquer. Dans le chapitre concernant le bloc opĂ©ratoire, Christian Morel traite des questions d’autoritĂ© et de communication, ainsi que de l’importance du renforcement linguistique et de la formation des Ă©quipes. Une recherche amĂ©ricaine a montrĂ© que l’introduction d’une nouvelle technologie dans la chirurgie cardiaque rĂ©ussissait beaucoup mieux dans les Ă©quipes chirurgicales oĂč rĂ©gnait une expression collective libĂ©rĂ©e des frontiĂšres hiĂ©rarchique et professionnelle (p 82). Des actes de renforcement linguistique, tels que la check-list (vĂ©rification systĂ©matique d’un ensemble de donnĂ©es) produisent Ă©galement des effets remarquables. Dans une Ă©tude comparative sur huit hĂŽpitaux, dans les blocs opĂ©ratoires oĂč la check-list a Ă©tĂ© introduite, la mortalitĂ© des opĂ©rĂ©s a chutĂ© de 57% par rapport au groupe ou il n’en a pas Ă©tĂ© de mĂȘme. La formation aux facteurs humains a Ă©galement un grand impact. Le contenu de cette formation s’inspire de celle qui a Ă©tĂ© mise au point dans l’aĂ©ronautique : « travail en Ă©quipe, contestation mutuelle des membres de l’équipe quand des risques ont Ă©tĂ© identifiĂ©s, conduite et animation collective des briefings prĂ©opĂ©ratoires et postopĂ©ratoires, mise en ordre de comportements favorisant la communication relative Ă  la reconnaissance des incidents  » (p 86). Or, d’aprĂšs une recherche rĂ©cente, il s’avĂšre que cette formation aux facteurs humains administrĂ©e Ă  des Ă©quipes chirurgicales a accĂ©lĂ©rĂ© de 50 % la baisse du taux annuel de mortalitĂ© dans les Ă©tablissements ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© du programme de formation (p 86).

 

Le dĂ©veloppement de processus permettant l’interaction et la dĂ©libĂ©ration collective joue Ă©galement un rĂŽle majeur dans la rĂ©duction des accidents d’avalanche dans les randonnĂ©es d’hiver en montagne. L’analyse des rĂ©cits correspondant permet d’analyser la conduite des groupes. Les risques sont rĂ©duits lorsque chaque membre du groupe peut prendre part effectivement aux dĂ©cisions, ce qui implique d’écouter chacun et d’inciter les plus silencieux Ă  s’exprimer. L’expertise n’est pas le seul critĂšre. Loin de lĂ . Lorsque les suisses se sont engagĂ©s dans la prise en compte des facteurs humains, ils sont parvenus Ă  susciter une diminution extrĂȘmement nette des accidents mortels d’avalanche.

 

Principes de pensĂ©e et d’action.

 

Dans une deuxiÚme partie du livre, à partir de ces exemples, Christian Morel expose les « métarÚgles de la fiabilité ». Celles-ci portent sur différents registres.

Ainsi, notre maniĂšre de percevoir et de raisonner est elle-mĂȘme en question. Est-ce que nous prenons en compte la complexitĂ© des phĂ©nomĂšnes, la rĂ©alitĂ© des risques ? Sommes-nous capables de mettre en question nos erreurs de reprĂ©sentation, nos a priori, le biais de « la chose saillante » ? Avons-nous conscience de nos polarisations ? Christian Morel traite ainsi de la « destinationite ». Ainsi, il y a chez beaucoup de pilotes « une fixation sur la destination et Ă  prendre plus de risques quand ils se rapprochent du terrain d’atterrissage que quand ils se trouvent en vol de croisiĂšre » (p 231) ;

 

L’auteur consacre un chapitre au « Dire, connaĂźtre et comprendre ». Il met l’accent sur l’importance des problĂšmes de langage dans la communication. « Une condition impĂ©rative pour Ă©chapper aux dynamiques de dĂ©cisions absurdes est ce que j’appelle « le renforcement linguistique et visuel de l’interaction ». Il s’agit d’assurer des communications plus sures Ă  travers des actes de rĂ©pĂ©tition verbale, de rĂ©daction efficace et de standardisation linguistique, tels que check-lists, lexiques  ».

 

Dans cette mise en perspective, nous avons particuliĂšrement retenu la mise en Ɠuvre de l’intelligence collective. Christian Morel consacre un chapitre Ă  cette approche. A plusieurs reprises, dans les exemples citĂ©s, nous avons remarquĂ© les effets pervers de la pression hiĂ©rarchique et les initiatives pour y remĂ©dier, par exemple ce que Christian Morel appelle la « hiĂ©rarchie restreinte ». La « hiĂ©rarchie restreinte impliquĂ©e » dĂ©signe le transfert marquĂ© du pouvoir de dĂ©cision vers des acteurs sans position hiĂ©rarchique, mais dĂ©tenteurs d’un savoir et en prise directe avec les opĂ©rations. A certaines phases du fonctionnement de l’organisation, leurs connaissances et leurs liens avec le terrain justifient qu’ils hĂ©ritent temporairement du pouvoir de dĂ©cision sur des choix importants » (p 130).

Et, par ailleurs, cette dimension va de pair avec une collĂ©gialitĂ©. « La migration du pouvoir vers le bas ne se fait pas en direction d’un individu isolĂ© et en excluant le chef. C’est toute la pyramide, y compris sa pointe qui devient collĂ©giale (p 130) ;

Cependant l’exercice de l’intelligence collective requiert Ă©galement des dispositions pour permettre l’expression authentique de chacun. Les consensus apparents ou certains membres du groupe se taisent ou ne participent pas rĂ©ellement Ă  la dĂ©libĂ©ration aboutissent Ă©galement Ă  de graves erreurs. On doit ĂȘtre trĂšs attentif Ă  la dynamique de groupe. L’auteur met en  Ă©vidence la maniĂšre selon laquelle des entraĂźnements collectifs empĂȘchent un vĂ©ritable dĂ©bat et suscitent des mauvaises dĂ©cisions. Il Ă©voque ainsi plusieurs dysfonctionnements comme l’effet de polarisation, le paradigme de Asch, la pensĂ©e de groupe, l’illusion de l’unanimitĂ©

On notera, par exemple que les « bonnes intentions » ne sont pas toujours bĂ©nĂ©fiques. Le dĂ©sir de privilĂ©gier l’harmonie et la cohĂ©sion sur l’expression des dĂ©saccords et de conflits internes se rĂ©vĂšle contreproductif. « Les membres du groupe qui nourrissent des rĂ©ticences Ă  l’égard du projet de dĂ©cision prĂ©fĂšrent se taire plutĂŽt que de paraĂźtre inamicaux » (p 122). Certaines catastrophes ont directement rĂ©sultĂ© de dĂ©cisions perverties par la « pensĂ©e de groupe », ainsi le dĂ©barquement amĂ©ricain dans la baie des cochons Ă  Cuba en 1961, ou plus rĂ©cemment, la gestion dĂ©sastreuse des problĂšmes de revĂȘtement de la navette Columbia qui a conduit Ă  sa perte. (p 122). Pour Ă©viter tous ces piĂšges, la dĂ©libĂ©ration doit ĂȘtre conduite en connaissance de cause. L’interaction doit ĂȘtre « construite, organisĂ©e, suscitĂ©e ».

 

Nous sommes tous concernés

 

          Le livre de Christian Morel est publiĂ© dans une grande collection intitulĂ©e : « BibliothĂšque des sciences humaines ».       L’auteur dĂ©crit son approche en ces termes : « Ma dĂ©marche est avant tout sociologique, mais comme je cherche Ă  pointer ce qui « marche », je suis en outre normatif  « La « sociologie du  vrai » quand elle porte son regard sur les mĂ©canismes humains et collectifs qui rĂ©ussissent est aussi une « sociologie du bien ». Mais cette « sociologie du bien » n’est pas une construction ex nihilo. Elle s’alimente ici aux sources de la « sociologie du  vrai » (p 18).

On pourrait ajouter que l’auteur, dans le mĂȘme mouvement, cherche Ă  communiquer bien au delĂ  d’un cercle de spĂ©cialistes. Son livre, trĂšs accessible, s’adresse Ă  nous tous qui nous sentons concernĂ©s par les problĂšmes relatifs aux modes de dĂ©cision.

Il rĂ©pond Ă  des interrogations profondes : Les grandes  catastrophes sont-elles une fatalité ? Auraient-elles pu ĂȘtre Ă©vitĂ©es ?   Ce sont des questions vitales puisqu’elles concernent l’alternative entre la vie et la mort.

En nous montrant le pourquoi des dĂ©cisions absurdes, ce livre nous permet Ă©galement de comprendre comment les Ă©viter. Il propose une « contreculture de la fiabilité » (p 252-254). La plupart des exemples prĂ©sentĂ©s dans ce livre relĂšvent de grandes organisations. D’autres comme l’exemple des randonnĂ©es en montagne se rapprochent de la vie quotidienne. Mais en fait nous sommes tous, peu ou prou, concernĂ©s, car si ce livre traite des dĂ©cisions en rapport avec la fiabilitĂ©, il nous Ă©claire plus gĂ©nĂ©ralement sur les processus de dĂ©cision. Or, dans nos vies professionnelles, mais pas seulement, nous avons bien conscience de l’importance des processus de dĂ©cision. C’est pourquoi ce livre Ă©veille des Ă©chos bien au delĂ  des spĂ©cialistes.       Ce livre nous permet de percevoir le potentiel de l’intelligence collective. Il nous invite Ă  rĂ©flĂ©chir. En exergue de son livre, Christian Morel cite une parole de LĂ©onard de Vinci : « Qui pense peu se trompe beaucoup ». Mais, en fonction de notre expĂ©rience, nous savons aussi combien nos reprĂ©sentations influencent nos dĂ©cisions. Et ces reprĂ©sentations dĂ©pendent de notre Ă©thique et de notre spiritualitĂ©. Comment nous situons-nous par rapport aux autres ? Quel respect leur portons-nous ? Savons-nous Ă©couter ? Quelle est notre capacitĂ© de dialogue ? Un passage du Livre des Proverbes vient Ă  notre esprit :

 

« C’est par la sagesse qu’on construit une maison

Et par l’intelligence qu’on la rend solide.

C’est grñce au savoir que les chambres se remplissent

De toutes sortes de biens précieux et agréables.

Un homme sage est un homme fort

Et celui qui a la connaissance augmente sa force.

En effet, c’est par une bonne stratĂ©gie que tu gagneras la bataille

Et la victoire s’acquiert grĂące Ă  un grand nombre de conseillers » (Proverbes 24. 3-6  Traduction Bible Semeur)

 

Ce texte nous parle de sagesse. Et lorsqu’il nous dit : « La victoire s’acquiert grĂące Ă  un grand nombre de conseillers », c’est bien un appel Ă  l’intelligence collective.

 

Le livre de Christian Morel peut ĂȘtre le dĂ©part d’une rĂ©flexion partagĂ©e. Et pourquoi pas un dialogue sur ce blog Ă  travers l’expression d’expĂ©riences et de points de vue ?

 

J H

 

(1)            Morel (Christian). Les dĂ©cisions absurdes II Comment les Ă©viter. Gallimard, 2012 (BibliothĂšque des sciences humaines) . Interview de l’auteur sur youtube : http://www.youtube.com/watch?v=nh_1JcftRmo

Morel (Christian). Les décisions absurdes. Sociologie des erreurs radicales et persistantes. Gallimard, 2002 (BibliothÚque des sciences humaines). Collection folio, 2004

Ce qui nous Ă©merveille

La mutation de notre culture induit des changements de mentalitĂ©. En positif, on pressent l’émergence d’une nouvelle sensibilitĂ© spirituelle. Par delĂ  les catĂ©gories religieuses traditionnelles et les dĂ©dales de la sociĂ©té de consommation, une recherche de sens se met en route. A cet Ă©gard, un sondage CSA rĂ©alisĂ© pour le compte de La Croix (1) et interrogeant les français sur leur capacitĂ© d’émerveillement est particuliĂšrement bienvenu.

 

        L’émerveillement chez les français

En effet, Ă  la question : « Avez-vous le sentiment d’ĂȘtre Ă©merveillé ? », les 2/3 des français (66%) rĂ©pondent positivement en terme de souvent ou de temps en temps. Pour le quart d’entre eux, c’est un sentiment frĂ©quent (25%) qui n’est rejetĂ© que par 10% de la population (Jamais). De plus, au delĂ  de l’expĂ©rience personnelle, le sentiment d’émerveillement est apprĂ©ciĂ© favorablement par une immense majoritĂ© des français. 94% adhĂšrent Ă  la proposition : « Savoir s’émerveiller rend heureux », et encore 94% estiment qu’il est important de garder toujours une capacitĂ© d’émerveillement.

Il se trouve par ailleurs qu’il n’y a pas de grandes variations selon les catĂ©gories sociologiques habituelles. Quant au sentiment d’ĂȘtre Ă©merveillĂ©, on peut noter simplement un pourcentage un peu plus Ă©levĂ© chez les catholiques pratiquants rĂ©guliers (75%).

Ce sondage nous permet d’aller encore plus loin en nous donnant des taux de rĂ©ponses positives au regard de diffĂ©rents sujets d’émerveillement. La question est ainsi formulĂ©e : « Quel Ă©vĂ©nement Ă  venir pourrait susciter un Ă©merveillement de votre part ? ».

Pour l’ensemble des français, les rĂ©sultats sont les suivants : une naissance (38%) ; un phĂ©nomĂšne naturel, (la neige, un beau paysage) (37%) ; la joie d’un enfant (33%), un sentiment amoureux (17%) ; une Ɠuvre d’art (16%) ; la beautĂ© d’une personne (7%) ; le moment d’une priĂšre ou d’un office religieux (6%) ; autre (7%) ; ne se prononcent pas (2%).

 

        L’émerveillement : quelle signification ?

Manifestement, en terme de signification, le mot Ă©merveillement exprime une expĂ©rience sensible en force et en profondeur en rejoignant d’autres synonymes comme : Ă©tonnement, admiration, ravissement, exaltation
 Et une exploration sur internet des citations correspondantes fait apparaĂźtre des pensĂ©es fortes : « La sagesse commence dans l’émerveillement, a dit Socrate. « Fais Seigneur, fais que le temps de son enfance ressuscite dans son cƓur, ouvre lui de nouveau le monde des merveilles de ses premiĂšres annĂ©es pleines de pressentiments » (Rainer Maria Rilke). « L’émerveillement est Ă  la base de l’adoration » (Thomas Carlyle) ». Le livre rĂ©cent du philosophe Bertrand Vergely : « Retour Ă  l’émerveillement » (2) nous apporte, sur ce thĂšme, inspiration et connaissance.

Ainsi, en dĂ©passant les exclusivismes religieux, nous sommes Ă  mĂȘme de reconnaĂźtre le potentiel spirituel que cette enquĂȘte fait apparaĂźtre. En germe, il y a lĂ  tout un avenir.

Répétons les deux questions posées dans le sondage réalisé pour le compte de « La Croix » :

« Avez-vous le sentiment d’ĂȘtre Ă©merveillé ? »

« Quel événement pourrait susciter un émerveillement de votre part ? »

Partageons ensemble nos expĂ©riences d’émerveillement..

 

JH

 

(1)            La Croix, 25 dĂ©cembre 2010. Sur le site de TĂ©moins : « ReconnaĂźtre le fait spirituel. Un sondage sur l’émerveillement ». http://www.temoins.com/enqu-tes/reconnaitre-le-fait-spirituel.-un-sondage-sur-l-emerveillement.html

(2)            Vergely (Bertrand). Retour Ă  l’émerveillement. Albin Michel, 2010. Voir sur ce blog le texte sur l’émerveillement.

En lutte pour l’autonomie alimentaire dans une ville africaine : Bangui

https://oubanguimedias.com/wp-content/uploads/2021/05/184146193_1969286729889465_5214458422780581924_n-912x640.jpgInterview de Rodolphe Gozegba

Docteur en thĂ©ologie aprĂšs la soutenance d’une thĂšse sur JĂŒrgen Moltmann, un pionnier de la thĂ©ologie Ă©cologique, Rodolphe Gozegba est rentrĂ© dans son pays, la Centrafrique, en dĂ©cembre 2020. Avec une association dĂ©jĂ  Ă  l’Ɠuvre : A9, il a immĂ©diatement commencĂ© Ă  entreprendre une action de sensibilisation pour la  rĂ©alisation d’une autonomie alimentaire dans la ville de Bangui. Rodolphe rĂ©pond ici Ă  quelques questions.

A quels besoins, le dĂ©veloppement de l’autonomie alimentaire Ă  Bangui rĂ©pond-il ?

Tout d’abord je voudrais vous remercier pour l’intĂ©rĂȘt que vous portez Ă  mon pays la Centrafrique, qui est en souffrance depuis de nombreuses annĂ©es. Mais au dĂ©but de l’annĂ©e 2021, celle-ci s’est encore exacerbĂ©e. Par la coupure en raison de conflits politiques de la route d’approvisionnement venant du Cameroun et du Tchad, le pays et surtout la capitale Bangui ont frĂŽlĂ© la famine. La capitale ne recevait plus de denrĂ©es mĂȘme essentielles. Sa dĂ©pendance alimentaire vis-Ă -vis de l’extĂ©rieur devenait flagrante.

L’association A9 dont l’objectif est d’amĂ©liorer la vie quotidienne des Centrafricains par la rĂ©alisation de 9 actions Ă  plus ou moins long terme a dĂ©cidĂ© de commencer par cette premiĂšre action d’urgence : permettre Ă  la capitale puis au pays tout entier d’acquĂ©rir son autonomie alimentaire. Cette premiĂšre opĂ©ration est intitulĂ©e «  Nourris ta ville en 90 jours ».

Quel accueil cette action a-t-elle rencontrĂ© et rencontre-t-elle aujourd’hui?

L’association A9 a Ă©tĂ© lancĂ©e officiellement dans la capitale de Bangui le 23 avril 2021, sous le parrainage de la Mairie de Bangui. Je profite d’ailleurs de la prĂ©sente pour adresser encore mes plus vifs remerciements Ă  monsieur le Maire et Ă  tout le Conseil municipal pour l’accueil chaleureux et efficient qu’ils nous ont rĂ©servĂ©.

Durant cette journĂ©e, nous avons prĂ©sentĂ© les objectifs de l’association et avons explicitĂ© devant nombre de journalistes et de personnes Ă  haute responsabilitĂ© des domaines publics ou privĂ©s l’opĂ©ration « Nourris ta ville en 90 jours ».

Le projet a fait l’objet d’un trĂšs bon accueil, d’autant plus qu’il coĂŻncide avec les prĂ©occupations actuelles de la mairie de Bangui et du gouvernement.

AprĂšs un premier travail de sensibilisation, dans quelle Ă©tape expĂ©rimentale, cette action entre-t-elle aujourd’hui?

Comme vous l’avez compris, les autoritĂ©s locales, Ă  travers la Marie de Bangui, approuvent le projet et appuient l’initiative d’A9.

Il nous appartient maintenant d’engager concrĂštement cette action en nous tournant vers les habitants de la capitale. Il est essentiel que ceux-ci se sentent concernĂ©s et s’investissent dans la rĂ©alisation effective de cette opĂ©ration.

Pour ce faire, A9 va organiser arrondissement par arrondissement (Bangui compte au total 8 arrondissements) la sensibilisation des Banguissois pour les inciter Ă  mettre en culture les lopins de terre Ă  cĂŽtĂ© de leur maison qui sont actuellement pour l’essentiel d’entre eux laissĂ©s inexploitĂ©s.

Le travail de A9 va s’étaler sur plusieurs mois oĂč elle devra ĂȘtre disponible pour former, rĂ©pondre aux questions, encourager, motiver de nouveaux adhĂ©rents, organiser des Ă©vĂšnements valorisant le travail accompli (concours du plus beau jardin, du plus beau lĂ©gume, concours de dessin, crĂ©ation d’un marchĂ© permettant la vente du surplus de rĂ©colte
).

A9 souhaite aussi distribuer des graines aux adhĂ©rents Ă  titre d’encouragement et mĂȘme des outils, tels une bĂȘche ou une houe, Ă  ceux qui sont trop pauvres pour l’acquĂ©rir par leurs propres moyens.

A cet effet, A9 a dĂ©jĂ  lancĂ© rĂ©cemment par radio un appel au don d’outil et est en attente des rĂ©sultats.

Dans quel esprit, cette campagne se déroule-t-elle?

Cette opĂ©ration doit ĂȘtre perçue comme essentielle. Elle va permettre aux Banguissois d’acquĂ©rir leur autonomie alimentaire et de ne plus ĂȘtre dĂ©pendants de l’extĂ©rieur pour se nourrir. Elle va aussi jouer un grand rĂŽle Ă©conomique dans la mesure oĂč cette agriculture urbaine – pour lui donner le nom qu’elle mĂ©rite – peut non seulement nourrir une population qui parfois n’a les moyens que de manger une fois par jour, mais aussi crĂ©er des emplois ou en tous cas donner un complĂ©ment de revenus.

Nous espĂ©rons beaucoup pouvoir toucher les jeunes personnes (jeunes femmes et jeunes hommes) souvent sans travail, faute d’en trouver, et de leur permettre ainsi de se crĂ©er une source de revenus dont ils pourront ĂȘtre fiers.

Dans ces dĂ©buts, une phase Ă©videmment difficile, comment envisager un soutien de cette action Ă  l’échelle internationale?

Vous le savez, la rĂ©alitĂ© est toujours là ! Tout projet aussi magnifique soit-il, aussi primordial surtout soit-il, nĂ©cessite de l’argent. A9 a investi jusqu’à prĂ©sent ses fonds propres, ceux qui lui ont Ă©tĂ© confiĂ©s par ses membres de la premiĂšre heure. Mais le projet est tellement vaste que toute aide sera la bienvenue : plus nous serons nombreux Ă  croire en ce projet, et Ă  y travailler, plus vite il pourra avancer et donner de fruits rapidement.

Interview de Rodolphe Gozegba
par Jean Hassenforder

 

Voir aussi sur Vivre et espérer

En route pour l’autonomie alimentaire
https://vivreetesperer.com/en-route-pour-lautonomie-alimentaire/
Et un article de Rodolphe Gozegba dans : Oubangui medias : https://oubanguimedias.com/2021/05/14/centrafrique-dr-rodolphe-gozegba-lautonomie-alimentaire-peut-etre-acquise-en-90-jours/?fbclid=IwAR0OfusKC5Ctnd1E8Xq57TSbwGDsARj4rXiTDQ4dThMWtuZpuTsYCn0sJ5k

 

 

 

Coach pour une vie en rebondissement : L’hypnose comme un outil thĂ©rapeutique

 

 

Interview de BĂ©atrice Ginguay

BĂ©atrice, depuis plusieurs annĂ©es, tu t’es engagĂ©e professionnellement vers un accompagnement en tant que coach. Peux-tu nous rappeler ton passage de cadre infirmier Ă  la profession de coach (1) ?

AprĂšs avoir exercĂ© 30 ans, dont 20 en tant que cadre Infirmier, dans le secteur sanitaire (hospitalier, extra-hospitalier) et mĂ©dico-social, j’ai Ă©prouvĂ© le besoin d’établir des relations plus proches et plus personnalisĂ©es avec les personnes accueillies.
En effet, l’évolution de la situation dans les institutions de SantĂ© et notamment  du contexte hospitalier, ne correspondait plus Ă  ce que je souhaitais vivre au niveau humain et ne me permettait plus un exercice professionnel en accord avec mes valeurs de respect, de qualitĂ©, d’écoute, d’accompagnement

J’ai donc suivi une formation afin de me rĂ©orienter vers le Coaching. Puis j’ai pris la difficile dĂ©cision de « lĂącher » la sĂ©curitĂ© « salariĂ©e » pour une rĂ©orientation professionnelle : m’établir en libĂ©ral et mettre Ă  profit mes expĂ©riences personnelles et professionnelles.

Mon cƓur de mĂ©tier et mon parcours professionnel me permettent d’accompagner les personnes confrontĂ©es Ă  des accidents de la vie : situations de Handicap, graves maladies, maladie d’Alzheimer, burn out


De plus, ayant expĂ©rimentĂ© personnellement les bienfaits des contacts avec l’animal, et ayant suivi une double formation de thĂ©rapie par le biais du cheval et du chien, c’est donc tout naturellement que je propose pour ceux qui le dĂ©sirent que les sĂ©ances de coaching puissent se dĂ©rouler avec MĂ©diation Animale (2).

En fonction de tes compĂ©tences, tu as choisi d’orienter ta fonction de coach vers un accompagnement aux personnes en difficultĂ©, en recherche d’un second souffle, d’un rebondissement. Peux-tu dĂ©crire ton expĂ©rience ?

En effet, parfois le tourbillon des Ă©vĂ©nements nous blesse profondĂ©ment et nous entraĂźne, malgrĂ© nous, au fond du trou. Il est alors difficile de se ressaisir, de relever la tĂȘte. Nous avons alors souvent besoin d’une main tendue, d’un coup de pouce.
Ma certitude absolue est que nous avons TOUS, au fond de nous, une pulsion de vie qui parfois baisse en intensitĂ©, mais qui jamais ne s’éteint.
En tant que professionnelle, il m’appartient de crĂ©er ce lien, de redonner confiance Ă  la personne, et de l’accompagner pour retrouver foi en Sa propre Force.

Le nom de REBONDIR m’est venu en voyant des enfants jouer et sauter sur un trampoline. S’ils restent statiques, aucun mouvement ne se produit. En revanche, une chute engendre un systĂšme de rĂ©action physique qui le fait, Ă  un moment donnĂ©, rebondir.
Et si vraiment la personne reste allongĂ©e sur le trampoline sans pouvoir se relever, le mouvement, impulsĂ© par une tierce personne Ă  cĂŽtĂ© d’elle, suffit Ă  remettre en mouvement ce mĂ©canisme physique de rebond, dont va pouvoir bĂ©nĂ©ficier la personne qui jusque-lĂ  Ă©tait  « inerte » par Ă©puisement.
Cette observation illustre pour moi le mouvement interne Ă  chaque individu, ainsi que l’aide potentielle apportĂ©e par le professionnel.

Une fois « remise sur pied », la personne a, comme face à toute difficulté, un choix à faire :

  • l’abandon – la capitulation,
  • ou bien la rĂ©sistance et l’engagement par l’action.

La premiĂšre option peut sembler la voie la plus facile. NĂ©anmoins, elle conduit souvent, Ă  plus ou moins long terme, Ă  une sorte de Mort.
La deuxiĂšme option, si elle est plus difficile Ă  court terme, ouvre vers la Vie.

L’impasse dans laquelle nous avons parfois l’impression de nous trouver, vient en partie de notre propre perception.

Un regard extĂ©rieur, un accompagnement permet alors de sortir la tĂȘte de l’eau, et de percevoir cet entrefilet de lumiĂšre, qui pourtant existait bien, mais qu’on ne voyait plus, empĂȘchĂ©s par nos larmes de honte, de dĂ©sespoir, de rage
 ., ou notre Ă©tat de sidĂ©ration.

Alors, n’hĂ©sitons plus ! Il nous faut demander de l’aide.
Que le problĂšme soit matĂ©riel, organisationnel, affectif, relatif Ă  la santé ., nos Ă©motions prennent parfois le dessus, nous rendant aveugle Ă  toute issue potentielle, nous laissant penser que plus rien n’est possible.

En réalité, mes différentes formations me permettent de proposer trois approches possibles pour pouvoir REBONDIR :

  • par un accompagnement en Coaching, en revisitant votre passĂ©, en trouvant vos forces profondes qui vous permettront de poser des objectifs et de vous projeter dans le futur, et d’avancer, un pas aprĂšs l’autre,
  • grĂące Ă  la MĂ©diation Animale, en vous remplissant « d’Ici et Maintenant », en reprenant confiance en vous grĂące Ă  l’acceptation inconditionnelle de mes chiens, Ă  leur tĂ©moignage dĂ©bordant de sympathie. Il est parfois, en fonction de notre passĂ©, plus facile de mettre sa confiance, dans un premier temps, dans les animaux que dans les humains.
  • en dĂ©couvrant, grĂące Ă  l’HypnothĂ©rapie, la source profonde des freins et des blocages qui nous poursuivent.

C’est alors que ce filet, de maniùre certaine, va aller en grandissant, au fur et à mesure que nous avançons.

Justement, tu as suivi rĂ©cemment une formation en hypnose devenir hypno-thĂ©rapeute. Pourquoi as-tu choisi cet outil parmi les autres disponibles aujourd’hui ?

Mon expĂ©rience de coach m’a permis de constater que lorsque nous sommes accompagnĂ©s en coaching, ou mĂȘme lorsque suivons une thĂ©rapie, le matĂ©riel avec lequel et sur lequel nous travaillons, ce que nous apportons, « se limite » Ă  ce dont nous avons conscience.
Il s’agit de nos souvenirs, notre expĂ©rience professionnelle, personnelle, nos difficultĂ©s ou richesses actuelles
 Tout ceci est trĂšs riche. NĂ©anmoins, cela ne constitue qu’une partie de nous-mĂȘme.
Notre psychisme est constitué de notre conscient (ce dont nous avons conscience), et de notre inconscient.
Je vais me permettre une comparaison avec un ordinateur :

  • notre conscient, c’est l’ensemble des dossiers qui sont sur le bureau, c’est-Ă -dire, ce qui est Ă  portĂ©e de main de façon immĂ©diate, Ă  portĂ©e de vue et de mĂ©moire.
  • notre inconscient, correspond au disque dur de l’ordinateur. Aucune de nos manipulations effectuĂ©es sur l’ordinateur, aucune recherche internet 
 rien ne lui Ă©chappe. Le disque dur de l’ordinateur garde une trace de tout, absolument tout ! C’est ce que fait notre inconscient : il garde une trace de chaque Ă©vĂ©nement de notre vie, de nos Ă©motions, y compris de notre vĂ©cu in utĂ©ro.

J’ai donc Ă©prouvĂ© le besoin de me former Ă  un outil que je pourrais proposer, outil qui permette Ă  la personne d’accĂ©der Ă  cette partie d’elle-mĂȘme qui renferme tant d’informations, dont certaines sont les origines et sources profondes de nos malaises, blocages
.à  savoir notre inconscient.
L’hypnose n’est pas uniquement un outil de remĂ©moration, de prise de conscience. L’hypnose permet Ă©galement de guĂ©rir, de rĂ©parer.

Sur le marchĂ© des soins, nous disposons de nombreux outils pour accompagner les patients/clients dans le besoin. Certains professionnels optent pour se former en sophrologie, kinĂ©siologie, shiatsu, EMDR, etc 
. L’éventail disponible en  est large.
Chaque outil peut ĂȘtre plus spĂ©cifiquement indiquĂ© pour telle ou telle situation.
Certaines de ces méthodes proposent préférentiellement une approche corporelle, psychocorporelle, psycho neurobiologique, etc 


En tant que professionnels, il nous faut faire un choix, ou en tous les cas, prioriser nos choix de formations, car elles ont un coût, au niveau financier et temporel.
J’ai donc optĂ© pour l’hypno-thĂ©rapie. Outre l’outil en lui-mĂȘme, qui permet d’accĂ©der Ă  notre inconscient, de revivre des situations enfouies
, j’ai Ă©tĂ© convaincue par la qualitĂ© des formateurs, leur exigence Ă©thique, et l’orientation spĂ©cifique dans la prise en charge des psycho-traumatismes.
Je ne prĂ©tends pas que l’hypnose soit le seul outil possible, valable, efficace. Il est celui que je peux offrir aujourd’hui, et avec lequel je suis en parfait accord.
Il est, Ă  mon sens, fondamental que le thĂ©rapeute se sente en cohĂ©rence avec l’outil qu’il propose Ă  ses patients/clients, qu’il soit Ă  l’aise avec la mĂ©thode utilisĂ©e et qu’elle ne s’entrechoque pas avec ses valeurs. Faute de quoi, le thĂ©rapeute ne pourra pas se l’approprier parfaitement, et risque de vivre une discordance qui nuira au patient/client.

Peux-tu nous expliquer ce qu’est l’hypnose ? Quelle pratique en as-tu choisi ?

La terminologie exacte lorsqu’on parle d’hypnose, c’est de parler « d’état de transe ». Il s’agit du terme technique exact. Pour ma part, je prĂ©fĂšre utiliser le terme d’« état hypnotique ».
En effet, la notion de transe, dans certains milieux culturels, peut ĂȘtre connotĂ©e : transe convulsive, chamanique, de possession 
… Or l’état dans lequel nous nous trouvons en hypnose, lorsqu’elle est menĂ©e par un professionnel qualifiĂ©, n’est en rien semblable avec cela.

Avant toute chose, il est important de prĂ©ciser que « l’état hypnotique » est un phĂ©nomĂšne « naturel ». Nous passons tous, Ă  certains moments, par de tels Ă©tats sans en avoir conscience. Simplement, cela se produit de maniĂšre plus superficielle, et sur une durĂ©e plus courte.
Dans notre cas d’hypno-thĂ©rapie, il s’agit d’aider la personne Ă  ĂȘtre dans un Ă©tat hypnotique plus profond et sur une durĂ©e plus longue.
Le but est de permettre un Ă©tat de dissociation qui donne, Ă  la personne, accĂšs Ă  son  inconscient. Si je veux prendre une image, c’est un petit peu comme une poupĂ©e russe. La poupĂ©e extĂ©rieure reprĂ©sente notre conscient. L’état hypnotique permet de faire coulisser le chapeau/ couvercle de la poupĂ©e extĂ©rieure, et ainsi d’avoir accĂšs Ă  la poupĂ©e plus interne qui reprĂ©senterait notre inconscient.

Pour ma part, professionnelle de santĂ©, je me suis formĂ©e Ă  l’hypnose Ă©ricksonienne.
Le client/patient peut choisir de se laisser conduire par son inconscient, sans but précis.
Cependant la plupart des cas, le client /patient consulte par rapport Ă  un objectif trĂšs prĂ©cis. Nous travaillons donc Ă  cet objectif, avant de dĂ©marrer l’hypnose Ă  proprement parlĂ©.
Les objectifs peuvent ĂȘtre trĂšs variĂ©s : vouloir « arrĂȘter de fumer », « perdre du poids », « lever des freins, des peurs », «  se sentir mieux », « rĂ©parer un dommage corporel » 
.
L’objectif peut-ĂȘtre d’ordre physique, psychique, Ă©motionnel


Ma formation me permet Ă©galement de traiter les psycho-traumatismes. Dans certains cas, le client/patient n’en a mĂȘme plus le souvenir. Et pourtant, c’est bien ce trauma enfoui qui est la cause de bon nombre des difficultĂ©s de sa vie actuelle. Il le dĂ©couvrira au fur et Ă  mesure des sĂ©ances.
L’état  hypnotique permet des phĂ©nomĂšnes de rĂ©gression, nous retrouver enfant, bĂ©bĂ©. Nous pouvons revivre des situations « in utĂ©ro ».

Il est important de se rappeler que l’inconscient est toujours BIENVEILLANT. L’absence de souvenir d’un Ă©vĂ©nement que notre entourage peut nous relater comme ayant Ă©tĂ© traumatisant, est l’Ɠuvre « bienveillante » de notre inconscient qui a voulu nous protĂ©ger au moment « t » de cet Ă©vĂ©nement. La rĂ©miniscence en travail d’hypnose se fera au fur et Ă  mesure de nos capacitĂ©s Ă©motionnelles Ă  gĂ©rer cela.
Comme Paul l’écrit dans l’une de ses lettres (l’épitre de Paul aux Corinthiens, chapitre 10, verset 13), « Dieu, qui est fidĂšle, ne permettra pas que vous soyez tentĂ©s au-delĂ  de vos forces. », notre inconscient ne fera pas remonter au niveau de notre conscience un Ă©vĂ©nement, une situation
 si nous ne sommes pas Ă  mĂȘme de les supporter ou de les gĂ©rer. Il agira de maniĂšre fragmentĂ©e, jusqu’à la reconstitution du puzzle.

Dans le contexte d’un « état de conscience modifié », l’hypno-thĂ©rapie ne prĂ©sente-t-il pas un danger d’assujettissement ou celui de l’intrusion de pensĂ©es nĂ©gatives ? ou de rĂ©surgence de pensĂ©es nĂ©gatives ? Quelle est l’éthique apportĂ©e dans ta formation en hypnose ?

Pour ma part, j’ai Ă©tĂ© formĂ©e par des hypno-thĂ©rapeutes, professionnels de santĂ© (mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste et psychomotricienne), enseignants en universitĂ© (facultĂ© de mĂ©decine).
Les participants à cette formation ont été sélectionnés : nous étions tous des professionnels de santé.
Tout ceci constituait un « cadre » qui Ă©tait pour moi un gage de sĂ©rieux et une garantie que cette formation s’inscrivait dans une perspective Ă©thique, de grand respect du patient accompagnĂ©.
L’accompagnement par le thĂ©rapeute se fait de maniĂšre respectueuse, au rythme du patient. Cet accompagnement se dĂ©roule dans un climat bienveillant, soutenant, inconditionnellement positif.
En situation ordinaire, nous avons le sentiment de penser par nous-mĂȘme, d’analyser, de faire des choix et agir suite Ă  nos rĂ©flexions, Ă  notre conscience. En rĂ©alitĂ©, notre inconscient a un impact certain sur notre vie, nos pensĂ©es, nos actions
. sans que nous n’en ayons pleinement conscience.
C’est la raison pour laquelle, il me semblait important de pouvoir proposer à mes clients/patients cet accompagnement, afin de trouver l’origine de leurs freins, de leurs peurs

En « état hypnotique, de par la dissociation entre notre conscient et notre inconscient (explicitée précédemment), notre inconscient devient plus accessible, et fait « remonter à la surface », au niveau de notre conscience, des souvenirs, des émotions, des sensations oubliées et enfouies, parfois trÚs loin. Rappelons que notre inconscient avait agi comme cela pour nous protéger.

Lorsque je parle de mon activitĂ© professionnelle, j’entends beaucoup de crainte, de questions Ă  propos de l’hypnose. Je vais en Ă©voquer quelques-unes, des plus frĂ©quentes.

1 : « Moi je ne peux pas rentrer en hypnose
. ». « et si je n’arrivais pas Ă  rentrer dans cet Ă©tat ? ». Et bien, on ne peut pas le savoir sans avoir essayĂ©. Et si cet outil qu’est l’hypnose ne vous convient pas, dans ce cas, vous pourrez toujours vous orienter vers une autre approche de soin.

2 : « Je ne suis plus tout Ă  fait moi-mĂȘme, donc on risque de me faire faire des choses que je ne voudrais pas
. ».

Cette crainte est lĂ©gitime. Elle prend racine dans une reprĂ©sentation rĂ©pandue par « l’hypnose spectacle ». Dans ces situations en effet, la personne est « soumise » Ă  l’hypnotiseur, elle est sous son emprise, faisant des choses sous les ordres de « l’hypnotiseur », choses qu’elle ne ferait pas d’elle-mĂȘme. Il s’agit d’une forme de manipulation
Et ce qui est en cause dans cette situation-là, ce n’est pas l’hypnose, mais la personne qui l’utilise. Ne nous trompons pas d’adversaire.
Moi je parle de SOIN, non de spectacle. L’hypnose que je pratique est un outil thĂ©rapeutique, utilisĂ© Ă  des fins thĂ©rapeutiques, donc pour amĂ©liorer une situation dont le client/patient est acteur, dont il souffre, et pour lequel il dĂ©sire un changement.
Nous travaillons Ă  partir d’un objectif prĂ©cis, dĂ©fini par le client/patient, par lui-mĂȘme, pour lui-mĂȘme. C’est lui qui va mettre cela au travail.
L’hypno-thĂ©rapie n’a donc rien Ă  voir avec cette « hypnose spectacle », mĂȘme si elle utilise le mĂȘme outil. Pour prendre une image, l’outil seringue peut servir Ă  soigner, Ă  se droguer ou Ă  tuer. Faut-il pour autant bannir les seringues ?
L’hypno-thĂ©rapie s’inscrit dans un objectif de THERAPIE. Il est donc effectivement fondamental de s’assurer de l’éthique de la personne que nous consultons.

3 : « et si je dĂ©couvrais des choses Ă©pouvantables » : si nous avons une douleur abdominale qui ne cĂšde pas Ă  un traitement mĂ©dicamenteux, nous pouvons craindre les rĂ©sultats rĂ©vĂ©lĂ©s des examens complĂ©mentaires (radio, scanner 
).Et pourtant, ils sont nĂ©cessaires pour investiguer et aller sur le chemin de la guĂ©rison.
Il en est de mĂȘme en hypnose. Notre mal-ĂȘtre, nos problĂ©matiques
 peuvent nous handicaper, rendre notre vie terriblement difficile. Si nous n’allons pas Ă  la source, lĂ  oĂč tout est inscrit, nous laissons alors passer une chance d’amĂ©lioration, voire de guĂ©rison.
Si certains Ă©vĂ©nements ont Ă©tĂ© « enfouis » bien malgrĂ© nous au niveau de notre inconscient, il s’agit d’un mĂ©canisme de PROTECTION induit par notre inconscient : certaines choses sont trop douloureuses pour rester au niveau de notre conscience. Il faut alors les mettre sous le tapis. Mais arrive un moment, oĂč elles parasitent bon nombre de nos pensĂ©es et actions. Et il faut y travailler.
Une des autres caractĂ©ristiques de l’inconscient, c’est qu’il est toujours BIENVEILLANT :
il ne fera remonter au niveau de notre conscience que ce que nous sommes en état de gérer et de supporter. Par exemple, un traumatisme grave ne « resurgira » pas comme cela, comme si on ouvrait une boite renfermant un petit diablotin monté sur ressort.
Notre inconscient le fera alors, petit à petit, en fonction de notre capacité à gérer les souvenirs enfouis. Cela peut se faire en plusieurs séances, sur plusieurs semaines.
De plus, il ne suffit pas d’avoir ramenĂ© Ă  notre conscience certains Ă©pisodes plus ou moins douloureux. Cela serait inutile, voire difficilement supportable s’il n’y avait pas de possibilitĂ© de traitement, de guĂ©rison.
Or par l’hypnose, nous pouvons guĂ©rir ces Ă©vĂ©nements, ces relations, ces traumatismes.

4 : « j’ai peur de ne plus ĂȘtre moi-mĂȘme aprĂšs une sĂ©ance, que le thĂ©rapeute ait changĂ© des choses en moi   ». En hypnose thĂ©rapeutique Ă©ricksonnienne, c’est le client/patient qui travaille. En tant que thĂ©rapeute, je l’accompagne dans son travail personnel. C’est son inconscient qui travaille. Ce n’est pas moi, thĂ©rapeute, qui impulse mes idĂ©es, mes pensĂ©es. Mon rĂŽle est un rĂŽle d’accompagnateur soutenant. L’évolution du client/patient viendra de ses profondeurs Ă  lui, pour un mieux. C’est sa vĂ©ritable identitĂ© qui se rĂ©vĂšlera.

5 : « je refuse de consulter un thĂ©rapeute car je ne veux pas Ă©taler ma vie, mes problĂšmes
 Je n’ose pas / je ne sais pas parler de moi
.  Je suis coincĂ© dans mon corps 
. Je ne veux pas qu’on me touche  ». Alors l’hypno-thĂ©rapie est une bonne orientation. Il s’agit d’une thĂ©rapie « non corporelle », « non verbale ». Personne ne vous touchera. Vous ne serez pas tenu de « vous raconter », de parler, de vous dĂ©voiler
. ni pendant, ni Ă  la fin de la sĂ©ance. C’est un travail entre vous et vous. Pendant la sĂ©ance, vous vivrez votre prĂ©sent, votre passĂ©. Et en fin de sĂ©ance, libre Ă  vous de parler de ce que vous venez de vivre, 
 ou pas
 . Vous pourrez l’évoquer lors de la sĂ©ance suivante 
  ou pas.
Vous préserverez totalement votre intimité corporelle, émotionnelle, psychique.

6 : Je souhaiterais enfin Ă  cette occasion, Ă©voquer une question difficile : celle de la Foi. Il s’agit de questions frĂ©quentes et rĂ©currentes dans certains milieux : « je suis chrĂ©tien, puis-je utiliser l’hypnose pour me soigner ? ». « Puis-je pratiquer l’hypnose en tant que thĂ©rapeute chrĂ©tien ? ».
A cela, en tant que chrétienne, je réponds, « OUI ».
Oui, mais pas dans n’importe quelles conditions, et pas avec n’importe qui.
L’hypnose est un outil. Comme tout outil, il ne faut pas le mettre entre les mains de n’importe quelle personne, et il ne faut pas s’y soumettre dans n’importe quelles conditions.

  • j’ai Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment la nĂ©cessitĂ© absolue de se former, l’importance des formateurs et de leur Ă©thique, et notre Ă©thique personnelle.
  • pour franchir le cap et se laisser aller Ă  rentrer dans cet Ă©tat d’hypnose, la confiance dans le thĂ©rapeute est fondamentale. Celle-ci est la consĂ©quence d’un bon lien qui s’est Ă©tabli entre les deux personnes. Ceci est valable pour toute relation de soin. Encore plus dans le domaine de l’hypnose, compte tenu de l’état dans lequel nous nous trouvons.
  • Le CrĂ©ateur sait de quoi nous sommes faits. Il connait parfaitement ce qui s’est inscrit sur « notre disque dur », comme Ă©voquĂ© plus haut. Ce qu’Il souhaite, c’est notre bonheur, notre paix intĂ©rieure. Les chemins pour y arriver sont multiples. Les professionnels de santĂ© (que ce soit dans le domaine physique, psychologique, mĂ©decine parallĂšle
) peuvent ĂȘtre utilisĂ©s par le Seigneur pour participer Ă  notre guĂ©rison. En fonction de ce que nous sommes, de notre problĂ©matique, de notre personnalitĂ©, de nos blocages
. l’outil « Hypnose » et le thĂ©rapeute sont,  dans ce cas, au service de la foi, pour aboutir Ă  une amĂ©lioration de leur Ă©tat, voire Ă  leur guĂ©rison.  Parler du fait que je sois chrĂ©tienne

Peux-tu nous donner quelques exemples de pratiques  ayant entrainĂ© des changements positifs d’attitudes et de comportement ?

1-Une personne est venue me voir suite Ă  des menaces de mort profĂ©rĂ©es Ă  son encontre dans le cadre d’un conflit. Cela engendrait des peurs, perturbations de son sommeil 
 En Ă©tat d’hypnose, elle a revĂ©cu une situation de grande dĂ©tresse alors qu’elle Ă©tait enfant : elle avait fait une rĂ©action allergique trĂšs forte Ă  la suite d’une anesthĂ©sie. Dans ce contexte, elle avait frĂŽlĂ© la mort et s’était sentie partir. Je l’ai accompagnĂ©e en hypnose pour rĂ©parer ce traumatisme d’enfant. Cette dĂ©marche l’a aidĂ© Ă  surmonter cette nouvelle angoisse liĂ©e Ă  la menace de mort rĂ©cente.

2-Une personne souffrait de douleur d’épaule. L’hypnose l’a fortement soulagĂ©e et elle a recouvrĂ© une aisance fonctionnelle.

3-Une personne souffrait d’un mal-ĂȘtre rĂ©current engendrant des difficultĂ©s relationnelles. En Ă©tat d’hypnose, elle a rĂ©ussi Ă  revivre des situations in utĂ©ro (lorsqu’elle Ă©tait encore dans le ventre de sa maman). Elle a ressenti, revĂ©cu l’angoisse de sa maman qu’elle avait « absorbĂ©e » Ă  l’époque en tant que fƓtus, bĂ©bĂ© en formation. L’accompagnement en hypnose lui a permis de faire le tri et de se dĂ©tacher de l’angoisse de sa maman lors de sa grossesse, pour devenir plus sereine dans sa vie actuelle.

4-Une dame s’est fracturĂ©e plusieurs vertĂšbres suite Ă  une chute de cheval. L’hypno-thĂ©rapie a rĂ©duit de moitiĂ© le temps de consolidation.

5-Une personne a trouvĂ© grĂące Ă  l’hypnose l’origine de son Ă©tat de mal-ĂȘtre, de ne pas ĂȘtre Ă  sa place, sentiment permanent de vide, de manque: elle a dĂ©couvert qu’elle avait eu un jumeau dĂ©cĂ©dĂ© prĂ©maturĂ©ment in utĂ©ro

6-Une personne a revĂ©cu des traumatismes d’enfance (maltraitance et abus) enfouis profondĂ©ment. La rĂ©paration en hypnose lui a permis d’ĂȘtre plus Ă©panouie dans sa vie d’adulte. Elle a retrouvĂ© confiance, et ce travail l’a libĂ©rĂ©e.

Conclusion

Les diffĂ©rentes parties de notre ĂȘtre (physique, psychique, Ă©motionnel, spirituel 
) constituent un tout en interaction. Plusieurs entrĂ©es sont donc possibles.
Mon parcours m’a fait rencontrer tellement d’humains en souffrance. Et je sais combien un Ă©tat intĂ©rieur blessé peut constituer un vĂ©ritable handicap dans la vie quotidienne.
Mon activitĂ© professionnelle actuelle me permet d’offrir un accompagnement individualisĂ©, dans le respect de ce que mes clients sont personnellement. J’ai vraiment Ă  cƓur de pouvoir les aider en profondeur.
La ThĂ©rapie par l’Hypnose rĂ©pondant Ă  ces objectifs, je suis vraiment heureuse de pouvoir leur proposer et utiliser cet outil qui couvre une multitude de champs d’application,

BĂ©atrice GINGUAY
Hypnothérapeute

  1. De cadre infirmier à coach de vie : https://vivreetesperer.com/de-cadre-infirmier-a-coach-de-vie/
  2. Médiation animale : https://vivreetesperer.com/mediation-animale/