par | Jan 23, 2013 | ARTICLES, Expérience de vie et relation |
La traversée en voiture de la grande banlieue parisienne nous a préparées peu à peu au changement de paysage culturel dont nous faisons l’expérience en approchant du collège où nous devons intervenir. Arrivées en avance, nous avons le temps de faire une halte dans un petit café tout proche. Pas une femme à l’intérieur. Nous amadouons le patron en lui disant que nous venons prendre un réconfort avant d’attaquer notre tâche délicate dans le collège voisin : il nous fait apporter deux tasses de café, déposées sur le comptoir à côté d’un tronc marqué « Pour l’entretien de la mosquée ». « Vous êtes enseignantes ? », nous demande-t-il – Non, nous animons des séances d’éducation à la paix – Ah mesdames, il faut venir nombreuses, » répond-il, une expression soudainement triste sur le visage, « ici on est dépassé par nos jeunes ! »
Quelques instants plus tard Marie Lou et moi traversons la cour du collège, surplombée par des barres d’immeubles où logent la plupart des élèves avec leur famille. Trois jeunes garçons, d’une douzaine d’années, nous sont amenés par l’éducatrice spécialisée. Nous sommes bientôt rejoints par Myriam, qui fait aussi partie du groupe, mais qui finissait juste de tresser les cheveux d’une amie !
Nous sommes conduits dans une salle accueillante, de taille réduite, réservée au travail de l’éducatrice qui, dans le cadre d’un Dispositif Nouvelle Chance agréé par l’Education nationale, accompagne des petits groupes d’élèves ayant décroché, pour motifs divers, de la scolarité courante.
Depuis quelques mois deux d’entre nous, engagées avec le programme Education à la paix, viennent une fois par semaine pour contribuer à ce processus, avec nos propres activités.
Nous consacrons trois heures d’affilée à quatre de ces jeunes, différents d’une fois sur l’autre.
En début de séance, nous nous présentons puis nous invitons les enfants à visionner une courte vidéo, intitulée Caméra café, qui se veut drôle mais induit des situations de tensions entre les protagonistes de l’histoire. Nous remettons ensuite à chacun le texte imprimé du scénario pour le relire ensemble, ayant distribué les rôles. Nous constatons chez les jeunes de réels talents d’interprétation. Ils seront prompts, ensuite, à identifier les situations qui génèrent sentiments de violence ou d’injustice.
On en vient Ă parler de la vie au collège. Les jeunes nous font vite sentir qu’il y a un grand dĂ©calage entre les idĂ©es de notre programme et ce qu’ils vivent ici. Myriam prend respectueusement la parole ; elle s’exprime dans un français qui m’impressionne pour une fillette de onze ans « en difficultĂ© scolaire » : « Vous savez, la plupart des jeunes ici n’ont pas ce langage que vous tenez. D’ailleurs c’est pas bien d’être ici, nous dit-elle, il y a beaucoup de grossièretĂ©. Et puis, il n’y a pas de solidaritĂ©. » « Oui, ajoute un garçon, sur le mur d’entrĂ©e on voit libertĂ© Ă©galitĂ© fraternitĂ©, mais ici on vit pas ça. Et pour se dĂ©fendre il faut savoir se battre. » Marie Lou acquiesce Ă l’idĂ©e qu’il faut se dĂ©fendre, que c’est important, mais se dĂ©fendre veut-il dire nĂ©cessairement frapper ? « On se voit pas faisant autrement, Madame, sinon on se ferait traiter de tapettes. Et puis il y a les grands frères qui s’en mĂŞlent quelques fois. » Marie Lou demande : « Est-ce que vous ĂŞtes contents que ça marche comme ça ici, qu’on ne crĂ©e des relations que par la peur, et que ça devienne une habitude ? » Silence. « Vous voudriez d’un monde oĂą c’est partout comme ça ? – Ben non bien sĂ»r … – Et bien, reprend Marie Lou, je vous assure que pour rĂ©gler des conflits, il faut ĂŞtre hyper crĂ©atifs, hyper intelligents. – Oui mais justement nous on n’est pas vraiment … intelligents. – Qu’est ce que c’est ĂŞtre intelligent ? – C’est … ĂŞtre des intellos. » Et Myriam de nous expliquer que, par exemple, elle n’a pas de bons rĂ©sultats scolaires. Marie Lou rĂ©torque qu’il y a bien d’autres signes d’intelligence que les rĂ©sultats scolaires.
Et nos quatre jeunes en seront bien la preuve. Lors d’une séquence de l’animation, une trentaine de photos, représentant des situations ou des objets les plus divers, seront étalées sous leurs yeux. Il leur sera demandé d’en choisir en silence deux chacun : une représentant un objet ou une situation qu’ils aiment, la seconde au contraire quelque chose qui leur déplait.
Les deux choix de Myriam et Kevin seront les mĂŞmes, mais pour des raisons opposĂ©es ! Une photo reprĂ©sente quatre vieilles femmes parlant ensemble sur un banc au soleil : Myriam aime cette photo qui lui fait penser Ă ses conversations avec sa grand-mère, au Maroc. Cette grand-mère qui dit Ă sa petite fille que mĂŞme si elle n’aime pas l’école, elle a de la chance d’apprendre Ă lire et Ă©crire. « J’aime parler avec les vieilles personnes, on apprend toujours des choses intĂ©ressantes », insiste Myriam malgrĂ© les moqueries de ses camarades que cette scène de vieillards rĂ©vulse franchement. Ce n’est pas pour rien que Kevin l’a choisie comme le dernier endroit oĂą il voudrait ĂŞtre. « C’est vrai que quelquefois les vieux disent des choses pas intĂ©ressantes, dit Myriam, mais ça m’est Ă©gal, et dans ce cas lĂ je m’endors Ă cĂ´tĂ© d’eux, je me sens en sĂ©curitĂ©. » Quant Ă la scène des amoureux, c’est celle-lĂ qui la rĂ©vulse : « C’est dĂ©goĂ»tant, c’est violent, j’aurais honte qu’un membre de ma famille me voit dans cette position ! – Ouais, tu dis ça, mais dans quelques annĂ©es tu changeras d’avis », s’esclaffent les garçons. Et d’ailleurs Kevin ne cache pas du tout que lui rĂŞverait de vivre dĂ©jĂ une histoire amoureuse, c’est pour cela qu’il a choisi cette photo comme sa prĂ©fĂ©rĂ©e ! Les choix des autres jeunes seront aussi des occasions d’échanges animĂ©s, les images interpellant vivement leurs imaginaires et leur univers Ă©motionnel.
La fin de la séance approche. On distribue à chacun une feuille de papier qui préfigure une lettre qu’il va s’écrire à lui-même. Celle-ci sera ensuite glissée dans une enveloppe sur laquelle sera inscrite l’adresse de l’auteur. Dans un mois nous expédierons les lettres. Marie Lou va d’un garçon à l’autre pour les aider à entrer dans le jeu. La démarche est prise au sérieux. Chacun se concentre dans son coin. Quant à Myriam, elle me confie qu’elle n’est « pas bonne à l’écrit » et me demande si je peux écrire ce qu’elle va me dire. « Mais c’est personnel, c’est secret », lui dis-je. « Je n’ai rien à cacher », rétorque la fillette. Puis elle regarde droit devant elle et après un petit silence me dicte les réponses qu’elle veut donner aux trois questions pré imprimées sur sa feuille : Chère Myriam, …    Voilà ce que tu as retenu de l’animation à laquelle tu as participé le … juin au collège : (Réponse de Myriam) ce que je pense de moi-même est plus important que ce que les autres pensent de moi. Je peux régler mes problèmes autrement que par la bagarre.
Voici ce que tu aimerais voir changer dans le collège : (Réponse de Myriam) qu’il y ait moins de grossièreté, plus de respect et que les gens arrêtent d’avoir des préjugés les uns sur les autres d’après les vêtements qu’on porte ou comme on parle.
Voici ce que tu es prête à faire pour aider les choses à changer : (Réponse de Myriam) plutôt que de taper, je parlerai avec les autres pour comprendre la cause du problème. Je serai plus coopérante pour les aider Je ferai comme je sens qui est bien au fond de moi et qui m’apporte la paix. Je devrais être plus concentrée en classe. »
Pardon Myriam de divulguer ainsi tes pensées : j’ai changé ton nom pour préserver l’anonymat. J’ai une grande excuse : faire savoir que dans des milieux difficiles grandissent des enfants comme toi qui ont plein de pépites au fond du cœur et dont l’intelligence vibre déjà très fort à l’interpellation de valeurs qui ne sont pas celles du milieu ambiant. Ton répondant à notre animation justifie tous les efforts entrepris pour mettre au point des programmes d’éducation à la paix dans tous les milieux. Et il constitue un grand message d’espoir!
Nathalie CHAVANNE
Le Programme Education à la Paix, est un des programmes portés par l’Association Initiatives et Changement.
Il met au point des espaces structurés de réflexion et d’expression, où, dans des contextes divers, les jeunes peuvent développer leurs compétences sociales en faveur d’un meilleur vivre ensemble et d’une ouverture à l’initiative citoyenne.
Programme : Education à la paix
Dialoguer, apprendre Ă vivre ensemble, agir en citoyen.
7 bis, rue des Acacias
92130 Issy-les-Moulineaux
http://www.fr.iofc.org/
par jean | Oct 3, 2022 | Vision et sens |
Selon Tobie Nathan, ethnopsychiatre
A travers une pratique pionnière, Tobie Nathan est devenue une figure majeure de l’ethnopsychiatrie en France. L’ethnopsychiatrie est psychologie transculturelle qui associe psychologie clinique et anthropologie culturelle. Tobie Nathan a notamment mis en évidence la part des croyances dans la prise en charge des maladies mentales.       En relation avec des personnes venant de tous les continents, Tobie Nathan a été amené par l’une d’entre elles, à reconnaître la pratique de guérison exercée au nom de Jésus. En conséquence, il a donc entrepris une recherche sur Jésus qui a débouché sur l’écriture d’un petit livre : Jésus le guérisseur (1). « Jusqu’à la rencontre avec Gabriela, personne ne m’avait incité à examiner au plus près Jésus, l’homme donc et non la religion qui a découlé de son enseignement » (p 13). « Si l’on examine son parcours, Jésus a essentiellement parlé, réuni et guéri. C’est donc à l’analyse de ce personnage politique et thérapeute que j’ai voulu consacrer ces pages » (p 13).
L’auteur nous dit dans quel esprit, il a entrepris cette recherche.
« Je voudrais d’abord retracer le parcours personnel de Jésus, pour lequel je ressens une sympathie particulière – un personnage omniprésent dans notre monde alors qu’on sait assez peu sur lui…
Jésus imprègne notre vie quotidienne par des paroles, des expressions, des maximes, par une morale aussi, et une certaine vision politique. Il est partout dans les expressions de notre langue, dans nos proverbes, nos habitudes mentales, mais également dans l’art et la musique » (p 17). Jésus apparaît même dans des troubles psychiatriques. « Jésus est un interlocuteur : on l’appelle, on l’invoque, on le prie. Il est le compagnon des laissés-pour-compte, des démunis, des malades. Ici en France, en Europe, mais aussi très loin d’ici en Afrique, en Amérique du sud et de plus en plus en Chine… » (p 18).
Dans sa recherche historique, l’auteur estime que les sources historiques fiables sont peu nombreuses. « Pour élaborer cet exposé, je suis allé puiser dans les ressources historiques, celles qui reconstituent l’époque, l’atmosphère où Jésus a vécu : j’ai eu très peu recours aux exégèses théologiques. Il va de soi que Jésus, c’est aussi le Christ, le
sauveur, Ă la fois homme et dieu. Je n’aborderai ici que sa part d’histoire et dans une double perspective qui me questionne – et, je l’avoue, me fascine : JĂ©sus le politique et JĂ©sus le guĂ©risseur. J’espère ne froisser personne en ne discutant que sa part d’histoire. Mais l’honnĂŞtetĂ© exige que l’on n’outrepasse pas la frontière de ses compĂ©tences » (p 19).
Jésus, leader politique et guérisseur
Si ce livre, dans son sous-titre, met l’accent sur le rôle de Jésus comme guérisseur, l’ouvrage lui-même traite pour une bonne part d’un autre rôle, cher à l’auteur, celui de leader politique contre l’occupant romain. Tobie Nathan se montre ici connaisseur de la civilisation et de l’histoire juive. Et c’est dans cette connaissance que s’égrainent des chapitres comme : Son nom d’abord, parce que le nom, c’est la personne ; Le contexte, le lieu et les choses ; Les forces politiques ; Des mouvements contre l’occupant ; les actes politiques de Jésus ; le Royaume de Dieu…
« En Jésus, dominent deux dimensions à la source de mes réflexions » affirme l’auteur ». « Il y a d’abord la part politique de Jésus, un révolutionnaire juif, un militant en révolte radicale contre l’occupation romaine de la Judée, « le pays des juifs », poursuivant de sa vindicte les collabos du Temple et ceux du Palais, acclamé par une partie du peuple comme « Roi des juifs » avant d’être crucifié comme la plupart des agitateurs politiques de l’époque » (p23).
L’auteur met ensuite en exergue une autre dimension. « La seconde dimension tient dans son activité clinique… Son œuvre a principalement été de soigner les malades. Il rendait la vue aux aveugles, leurs jambes aux paralytiques ; il nettoyait les lépreux de leurs plaies et débarrassait les agités des démons » (p24). Cette activité suscite l’éloge de l’expert qu’est pour nous Tobie Nathan : « Un thérapeute, et de la plus pure espèce… Et comme tous les thérapeutes, il parlait des « paroles à l’envers », dirait mon collègue yoruba du Bénin, dont chacune a pénétré notre univers. Par là , je veux dire qu’il s’agit de paroles surprenantes exigeant un arrêt, une interprétation, des paroles paradoxales, des admonestations souvent qui fracturent des évidences… Un thérapeute, un vrai ! » (p 24).
Mais quel lien entre ces deux activités ?
« Si l’on examine le travail du thérapeute, on se demande ce qu’il a à voir avec la politique. » Dans la réponse, Tobie Nathan s’engage : « Mon hypothèse est précisément que les deux dimensions sont imbriquées ou plutôt que Jésus les a nouées ensemble, que c’est précisément là son originalité fondamentale, son « invention » (p 24-25).
En commentaire, pour notre part, la focalisation sur le rôle politique de Jésus témoigne de la diversité des points de vue selon les parcours et les sources, mais, tout en reconnaissant l’importance du contexte politique, elle ne correspond pas à notre interprétation personnelle. Citons, entre autres : « Mon Royaume n’est pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon Royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré… » (Jean 18.36). Notre propos ici est de recevoir l’éclairage que l’auteur apporte sur le rôle de Jésus comme thérapeute et guérisseur.
Tobie Nathan : histoire d’une vie
La démarche de Tobie Nathan s’inscrit dans une histoire de vie. Une interview oubliée sur le site du Monde nous en dit beaucoup à cet égard (2).
Né au Caire en 1948, il en est brutalement chassé en 1957 en même temps que 25 000 juifs d’Égypte. Ses parents immigrent en France. Leur vie est difficile. « Dans la cité de Gennevilliers où j’ai grandi au nord-ouest de Paris, la vie à la maison n’est pas très facile. Il y avait une douleur, un poids. D’abord parce qu’on était pauvre. Mais surtout en raison de la séparation avec le reste de la famille ». De plus, Tobie ne se sent pas à l’aise à l’école française. « Dès l’école communale, j’ai toujours exécré l’école française, à cause de l’uniformisation obligatoire que comporte cette institution ».         Tobie Nathan a donc mal vécu sa condition d’immigré. Le souvenir de cette expérience va l’accompagner et l’aider à comprendre les problème des migrants.
En 1969, étudiant en psychologie et ethnologie, il rencontre pour la première fois le professeur Georges Devereux, le fondateur de l’ethnopsychiatrie en France. C’est avec lui qu’il réalisera sa thèse et, si, par la suite, ils se séparent, il donne son nom au centre qu’il crée en 1993. « Le centre Georges-Devereux s’est ouvert en 1993 dans le cadre de l’Université Paris VIII à Saint-Denis. Ce fut une période extraordinaire. Enfin on allait faire de la vraie psychologie en France. C’est à dire un endroit universitaire où on reçoit des patients, où l’on forme les étudiants en thèse et où l’on enseigne. Personnellement, c’est là que j’ai tout appris. De nos patients, bien sûr. Mais aussi de nos étudiants étrangers qui appartenaient souvent aux mêmes ethnies que les patients que nous recevions ».
Comment Tobie Nathan définit-il l’ethnopsychiatrie ? « Cela consiste à apprendre des autres peuples les connaissances qu’ils ont des troubles psychiques et de leur traitement, à tenir compte de leurs rites ancestraux pour les soigner ».
En 2003, Tobie Nathan abandonne le Centre Devereux pour partir à l’étranger. Il dirige le bureau de l’Agence française pour la francophonie pour l’Afrique des grands lacs au Burundi, puis le service culturel de l’ambassade française en Israël et en Guinée-Conakry. « Ce qui m’a changé, c’est de vivre en Afrique ».
De retour en France, il dirige le Centre d’aide psychologique qu’il a créé. Et il reçoit les jeune gens signalés par leur famille comme étant en danger de radicalisation islamique. « J’ai rencontré des gamins d’un bon niveau qui se posent des questions importantes me rappelant celles que je me posais à leur âge… Cela m’a incité à me questionner sur eux, mais aussi sur moi-même. En France, on ne sait pas penser l’étranger… On va être obligé d’admettre qu’il y a des gens qui ne pensent pas comme nous, qui ont des dieux qui ne sont pas les nôtres et qu’il va falloir négocier avec eux une coexistence ».Tobie Nathan constate que de nombreux jeunes qui se radicalisent comblent un vide engendré par une perte de continuité culturelle. Dans son livre : « Les âmes errantes », il rapporte des histoires révélatrices.
Issu d’une famille rabbinique, Tobie Nathan se déclare juif comme « ayant des ancêtres, de gens auxquels on se réfère comme étant un début de lignée ». Il espère croire en Dieu un jour. « Chez les juifs, croire c’est l’aboutissement d’un travail, ce n’est pas le début. La croyance est un cadeau, et c’est un cadeau que je n’ai pas encore reçu ».
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Une rencontre révélatrice : Gabriela
Dans sa pratique, Tobie Nathan se trouve constamment en rapport avec un vécu international. C’est une source de connaissance et d’ouverture. Et c’est ainsi que la rencontre avec Gabriela lui a ouvert une nouvelle piste : la guérison au nom de Jésus.
« Je l’appellerai Gabriela. Elle m’a montré des photos d’elle à vingt ans sur une plage brésilienne. A 22 ans, elle a épousé un Guyanais, chercheur d’or de passage au Brésil. Après des revers de fortune et plusieurs émigrations, elle s’était retrouvée dans une cité HLM d’une commune de Seine-Saint-Denis. Voici des années que son mari l’avait quittée, parti chercher de l’or en Angola, la laissant seule avec ses trois garçons… Il y a quelques années, lorsque son ainé a atteint 16 ans, Gabriel a appris par un ami revenu d’Afrique que son mari était mort… ». C’est alors que s’est déclenchée la délinquance des enfants.
Gabriela s’est effondrée.
Après une grave dépression et plusieurs hospitalisations en milieu psychiatrique, elle a trouvé refuge et consolation au sein d’une Eglise évangélique. Peu à peu, elle s’est rapproché du berger, l’a secondé dans son travail auprès des fidèles » (p 11-12). Tobie Nathan commente alors : « Sa facilité à communiquer avec les esprits ou les anges qu’elle tenait peut-être de ses ancêtres, s’est bientôt manifestée dans l’église en de véritables transes. Régulièrement, il lui arrive de « parler en langues ». Quelquefois, lorsqu’elle est dans cet état, elle opère des « délivrances », c’est-à -dire des thérapies de personnes en détresse. Et c’est toujours au nom de « Jésus ». Gabriela dit qu’elle chasse les « mauvaises influences » qu’elle qualifie parfois de démons ou de diables. Elle m’assure que les fidèles s’en portent mieux. Je la crois ». (p 12-13).
Tobie Nathan nous rapporte comment la relation avec elle s’est Ă©tablie et comment elle a portĂ© du fruit. « Psychologue, je l’ai reçue durant des annĂ©es. Nous parlions le plus souvent de ses problèmes de famille, puis, au fur Ă mesure que son Ă©tat psychologique s’amĂ©liorait, de politique, de l’impasse sociale que constituaient les quartiers, mais aussi de JĂ©sus, – de JĂ©sus surtout ! JĂ©sus, la matrice de son « don de guĂ©rison », son protecteur, son guide et son modèle » (p 25).
De fait, Tobie Nathan avait dĂ©jĂ entendu parler de la guĂ©rison divine. « Bien d’autres avaient attirĂ© mon attention sur la fonction thĂ©rapeutique de JĂ©sus, sur la puissance que confĂ©rait son ĂŞtre mĂŞme. J’avais autrefois fait une enquĂŞte dans des Eglises Ă©vangĂ©liques au BĂ©nin. Par la suite, j’ai dĂ©couvert celles du Burundi et du Ruanda. Je me suis insurgĂ© contre les abus commis dans celles du Congo. Mais personne ne m’avait comme Gabriela, incitĂ© Ă examiner de plus près JĂ©sus, sa personne… Selon ses adeptes, c’est en l’homme, JĂ©sus, que rĂ©side la puissance de guĂ©rir » (p 15).
Jésus guérit
Le livre de Tobie Nathan débouche ainsi sur une description et une analyse de l’œuvre de Jésus comme thérapeute et guérisseur.
JĂ©sus parlait. Il agit aussi. « La plupart de ses actions – peut-ĂŞtre mĂŞme la totalitĂ© – furent des guĂ©risons… Des guĂ©risons, on en compte 37 dans ce qu’on appelle le Nouveau Testament et 14 dans le seul Evangile de Marc. C’est dire ! » (p 98 ). « Plus encore, et alors mĂŞme que le dĂ©bat Ă©tait Ă son plus fort au sein de l’Église primitive sur la nature de JĂ©sus – il n’y eut jamais aucune controverse, ni chez ses disciples, ni chez ses dĂ©tracteurs, quant Ă ses dons de thaumaturge et d’exorciste. Quelle que fut sa nature, tout le monde lui reconnaissait ce don-lĂ , le don de guĂ©rison. Dans les rĂ©cits, tels qu’ils nous sont rapportĂ©s dans les Ecritures, JĂ©sus ne refusait jamais la guĂ©rison Ă qui lui demandait » (p 99). « Et, Ă chaque fois, JĂ©sus choisissait les dĂ©monstrations publiques, bien loin des intimitĂ©s psychologiques de nos contemporains. Il se risquait aux guĂ©risons les plus difficiles devant une foule rassemblĂ©e qu’il prenait Ă tĂ©moin, guĂ©rison Ă chaque fois plus inattendue, plus invraisemblable » (p 100).
Dans ce chapitre, Tobie Nathan va décrire, analyser et chercher la signification de quelques guérisons de Jésus. Et il commente ainsi la guérison du sourd-muet dans une ville de la Décapole. « Il lève le regard vers le ciel et gémit en araméen : ephatah ! – « Ouvre-toi » et voilà que la parole du bègue se délie… ». De fait, « cette parole est chargée… elle désigne le commencement de la prière. Le livre qui introduit à Dieu s’appelle en hébreu le Pata’h, « l’ouverture », que l’on retrouvera dans la première sourate de l’islam Al fati’ha qui signifie aussi : « ouverture ». Une fois encore, Jésus fait et dit. C’est l’un de ses secrets thérapeutiques : faire un acte et dire en même temps la parole qui le désigne. Il faut alors que cette parole colle à l’acte, mais également qu’elle s’envole vers une signification plus profonde, qui engage toute la communauté » (p 101).
La nouvelle des guérisons se répand. « Les malades ne guérissent pas parce qu’ils croient ; ils croient parce qu’ils on été guéris » (p 102). Ces guérisons participent à un mouvement de rassemblement autour de Jésus.
« On a inventoriĂ© trois types de malades guĂ©ris par JĂ©sus : les aveugles, les sourds-muets et les paralytiques… Tous ont la perception et l’action entravĂ©e. C’est ainsi qu’il dĂ©finit par ses gestes thĂ©rapeutiques la nature de la maladie : l’impossibilitĂ© de la connaissance de Dieu. Il faut donc voir dans ces malades des Ă©veillĂ©s – les plus vaillants de la communautĂ© – des ĂŞtres qui ont conscience dans leur corps des entraves au cheminement vers Dieu » (p 103 ).
Tobie Nathan inscrit l’œuvre de guérison de Jésus dans une dimension communautaire. « On doit se rendre à l’évidence : l’action de guérir, que Jésus maitrisait à la perfection, sans effort, en douceur, n’était pas le but ultime. Il voulait agir non sur la négativité qui affligeait un seul, mais sur l’inhibition qui paralysait sa communauté » (p 110). D’un bout à l’autre de son livre, Tobie Nathan met l’accent sur la vocation politique qu’il attribue à Jésus.
Une interpellation
 « A cette époque, les thérapeutes, les devins, les magiciens, les sorciers étaient si nombreux… il y en avait tant et plus encore. Ils pullulaient en Judée et en Galilée. Il en existait parmi les grecs… » (p 115 ). Certains étaient renommés. Les techniques de Jésus ressemblaient à celles des guérisseurs de son temps, mais elles différaient par un détail d’importance : Jésus soignait gratuitement et exigeait de ses disciples qu’ils agissent de même » (Matthieu 10.7-10) (p 115-116). Tobie Nathan évoque ensuite une « longue lignée de rebelles politiques cherchant à délivrer Israël de l’oppression romaine » et le passé insurrectionnel à cette époque. Finalement « ce fut l’éradication du Temple et la domination de l’Empire romain ».Tobie Nathan conclut ainsi : « Révolutionnaire et thérapeute, c’est ainsi que j’ai compris Jésus à travers les évènements de la vie » (p 123). Il en apprécie les talents. « Cet homme aurait pu jouir d’une reconnaissance passagère ou disparaître dans les oubliettes de l’histoire comme d’autres dont nous ne savons rien ». Alors, il s’interroge sur la présence de Jésus dans la vie contemporaine et le mystère qu’on peut y voir :
« Mais son destin fut différent.
Qui en a décidé ainsi ?
Dieu, peut-être ? » (p 124).
Dans le brassage mondial des populations, Tobie Nathan apparaît comme une vigie. Ethnopsychiatre, il observe les phénomènes psychosociaux de notre époque. A ce titre, la réalité de la « guérison divine » ne lui paraît pas extravagante. Son regard croise celui des chrétiens évangéliques qui croient en la guérison au nom de Jésus. Tobie Nathan s’est engagé dans une recherche historique pour mieux connaître ce Jésus pour lequel il éprouve de la sympathie. Dans ce livre, selon sa culture, il nous fait part de son interprétation et de son questionnement. Jésus est bien source de guérison.
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(1) Tobie Nathan. Jésus le Guérisseur. Flammarion, 2017
(2) Tobie Nathan : la croyance est un cadeau que je n’ai pas encore reçu : https://www.lemonde.fr/la-matinale/article/2017/10/15/tobie-nathan-la-croyance-est-un-cadeau-que-je-n-ai-pas-encore-recu_5201182_4866763.html
(3) Tobie Nathan. Les âmes errantes. L’iconoclaste, 2017 (Livre de Poche) « Dans le secret de son cabinet, le psychologue Tobie Nathan accueille des jeunes en danger de radicalisation. Il écoute. Leurs histoires, leurs mères, leurs pères perdus. Et tout ce qu’ils ont à nous apprendre sur le monde tel qu’il est. Aucun penseur ne les a connu de si près. Aucun n’a osé dire qu’il leur ressemblait. Se raconter, se mettre à nu pour faire revenir « les âmes errantes » est un pari risqué. Le seul qui semble valoir la peine d’être tenté ».
Tobie Nathan, ethnopsychiatre
par | Sep 18, 2012 | ARTICLES, Vision et sens |
Dans un temps où l’on a souvent du mal à trouver des raisons d’espérer, ceux qui mettent leur confiance dans le Dieu de la Bible ont plus que jamais le devoir de « justifier leur espérance devant ceux qui (leur) en demande compte » (1 Pierre 3,15). A eux de saisir ce que l’espérance de la foi contient de spécifique, pour pouvoir en vivre.
Or, même si, par définition, l’espérance vise l’avenir, pour la Bible elle s’enracine dans l’aujourd’hui de Dieu. Dans la Lettre 2003, frère Roger le rappelle : « (La source de l’espérance) est en Dieu qui ne peut qu’aimer et qui nous cherche inlassablement » (1)
Dans les Ecritures hébraïques, cette Source mystérieuse de la vie que nous appelons Dieu se fait connaître parce qu’il appelle les humains à entrer dans une relation avec lui : il établit une alliance avec eux. La Bible définit les caractéristiques du Dieu de l’alliance par deux mots hébreux : hased et emet (par ex : Exode 34,6 ; Psaume 25,10 ; 40, 11-12 ; 85, 11). En général, on les traduit par « amour » et « fidélité ». Ils nous disent, d’abord, que Dieu est bonté et bienveillance débordantes pour prendre soin des siens et, en deuxième lieu, que Dieu n’abandonnera jamais ceux qu’il a appelés à entrer dans sa communion.
Voilà la source de l’espérance biblique. Si Dieu est bon et s’il ne change jamais son attitude ni ne nous délaisse jamais, alors, quelles que soient les difficultés –si le monde tel que nous le voyons est tellement loin de la justice, de la paix, de la solidarité et de la compassion- pour les croyants, ce n’est pas une situation définitive ; dans leur foi en Dieu, les croyants puisent l’attente d’un monde selon la volonté de Dieu ou, autrement dit, selon son amour.
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Dans la Bible, cette espérance est souvent exprimée par la notion de promesse. Quand Dieu entre en rapport avec les humains, cela va de pair en général avec la promesse d’une vie plus grande. Cela commence déjà avec l’histoire d’Abraham : « Je te bénirai, dit Dieu à Abraham. Et par toi se béniront toutes les familles de la terre » (Genèse 12, 2-3).
Une promesse est une réalité dynamique qui ouvre des possibilités nouvelles dans la vie humaine. Cette promesse regarde vers l’avenir, mais elle s’enracine dans une relation avec Dieu qui me parle ici et maintenant, qui m’appelle à faire des choix concrets dans ma vie. Les semences de l’avenir se trouvent dans une relation présente avec Dieu.
Cet enracinement dans le présent devient encore plus fort avec la venue de Jésus le Christ. En lui, dit Saint Paul, toutes les promesses de Dieu sont déjà une réalité (2 Corinthiens 1,20). Bien sûr, cela ne se réfère pas uniquement à un homme qui a vécu en Palestine il y a deux mille ans. Pour les chrétiens, Jésus est le Ressuscité qui est avec nous dans notre aujourd’hui . « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin de l’âge » (Matthieu 28.20.
Un autre texte de saint Paul est encore plus clair.
« L’espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné » (Romains 5, 5). Loin d’être un simple souhait pour l’avenir sans garantie de réalisation, l’espérance chrétienne est la présence de l’amour divin en personne, l’Esprit Saint courant de vie qui nous porte vers l’océan d’une communion en plénitude.
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Texte publié sur le site de Taizé
(1)           Cette réflexion sur l’espérance chrétienne est la première partie d’un texte sur l’espérance publié sur le site de Taizé : http://www.taize.fr/fr_article1080.html . Nous avons pensé la comuniquer sur ce blog, car elle est formulé en termes très accessibles, et nous y trouvons une consonance avec certains accents de la théologie de l’espérance qui est proposée par Jürgen Moltmann et appréciée dans ce blog . Les accentuations en gras ont été ajoutées par l’animateur de ce blog.
par jean | Août 28, 2016 | ARTICLES, Emergence écologique |
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Le Grand Orchestre des Animaux
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Courez admirer et écouter le Grand Orchestre des Animaux. Il joue à Paris, à la Fondation Cartier jusqu’au 8 janvier 2017. On y vient en famille pour le plus grand bonheur des enfants. Ils prennent le temps de s’asseoir pour regarder de bout en bout, chaque vidéo, chaque spectacle. Ils ne veulent pas en perdre une miette.

Il y a là un hymne à la création, la création du monde, sa beauté inouïe, le respect que nous lui devons, mais aussi à la créativité géniale des scientifiques et des poètes, auteurs de cette exposition. Que penser de ces pièges à photo qu’ils ont disséminés çà et là pour capter des images insolites ?
Dès l’entrée, nous sommes accueillis par une grande fresque murale, un paysage d’animaux qui fait penser irrésistiblement aux peintures rupestres de Lascaux ou de la grotte Chauvet. Ensuite, c’est l’immersion totale dans un monde esthétique, sonore et visuel, dans un monde animal aujourd’hui menacé.
J’ai beaucoup aimé tout ce qui concerne la beauté des oiseaux, leurs vols, les parades nuptiales. J’ai aimé écouter les voix du monde vivant non humain, des voix d’animaux enregistrés. J’ai aimé leur beauté et leur diversité.
Ici, il nous est donné de contempler le monde naturel, le monde à nos yeux caché, ici dévoilé, et alors s’élève en nous un chant d’action de grâce et nous revient la mémoire des psaumes sur la magnificence de la création.
Geneviève Patte
Présentation du grand orchestre des animaux :
http://www.ushuaiatv.fr/actualités/le-grand-orchestre-des-animaux
par jean | Sep 5, 2019 | ARTICLES, Société et culture en mouvement |

« Paroles d’écriture » de Michel Bernard
 Michel Bernard, anime une émission culturelle dans une radio locale: « Paroles d’écriture » sur la radio:  « Agora Cote d’azur »
Nous lui avons posé quelques questions.
- En quoi consiste cette émission: « Paroles d’écriture »? Quelle est en est la finalité?
Cette Ă©mission, que j’ai conçue en 2011, et qui a Ă©tĂ© acceptĂ©e immĂ©diatement par Agora CĂ´te d’Azur, est centrĂ©e sur les livres et leur auteur. Je dirai, pour ĂŞtre prĂ©cis, d’abord sur l’auteur, et ensuite sur le livre. La finalitĂ© est de donner le dĂ©sir de lire et de dĂ©couvrir des auteurs. Je pense qu’au delĂ le livre, il y a un ĂŞtre humain qui, mieux connu, provoquera le dĂ©sir de lire ce qu’il Ă©crit.
- Tu as créé cette émission en 2011. Dans quel contexte as-tu rencontré cette radio?
Alors, je prends conscience de l’importance de vulgariser, au sens le plus noble du terme, de sensibiliser, le plus de gens possible Ă la lecture et Ă l’Ă©criture. Ma rĂ©fĂ©rence, qui reste toujours inscrite dans tous les documents, reste la suivante : c’est une phrase de Louis Lavelle (1883-1951) : « La corruption de la parole et de l’Ă©criture est la marque de toutes les autres corruptions. »
Face Ă cette citation, je rĂ©ponds : « La renaissance de la parole et de l’Ă©criture est le tĂ©moignage de toutes les autres renaissances «Â
Dans cet esprit, une Ă©mission radio est un mĂ©dia de qualitĂ©. Dont l’influence est beaucoup plus grande que nous le pensons. Ainsi, outre les auditeurs rĂ©gionaux de l’Ă©mission, elle est ensuite mise sur mon site, et entendue dans le monde entier par environ 60 000 personnes.
- Quel a été ton parcours de vie? Dans quelle mesure ce parcours t’a préparé à réaliser cette émission?
Un parcours de vie, unique certes, comme chaque parcours de vie. Après l’Ă©cole primaire, mon père refusant la poursuite de mes Ă©tudes, j’entre en pharmacie et passe mon CAP et mon Brevet Professionnel de prĂ©parateur en Pharmacie (Ă©quivalent Ă un B.T.S). Puis après plus de 10 ans de travail, je reprends mes Ă©tudes par correspondance, grâce au C.N.T.E (Centre National de TĂ©lĂ©-Enseignement, devenu le C.N.E.D, Centre National d’Enseignement Ă Distance), pour prĂ©parer l’examen d’entrĂ©e Ă l’universitĂ©. Je rĂ©ussis. Alors tout en travaillant, je fais des Ă©tudes universitaires dans plusieurs disciplines, puis le doctorat troisième cycle, et le doctorat d’Ă©tat. Je travaille successivement, comme chargĂ© d’Ă©tudes, puis conseillĂ© professionnel au ministère du travail. Puis directeur adjoint Ă l’ANPE ( Association Nationale pour l’Emploi), qui se crĂ©ait alors. Et Bertrand SCHWARTZ me demande de travailler avec lui sur un projet que tout le monde semble avoir oubliĂ© : les A.U.R.E.F.A : Association Universitaire RĂ©gionale d’Education et de Formation d’Adultes. Mais après 68, ce projet est annulĂ©. Alors j’entre comme maĂ®tre de confĂ©rence associĂ© Ă l’IUT de Nantes pour crĂ©er un dĂ©partement. Ensuite, je deviens professeur et crĂ©ais 5 DESS (DiplĂ´me d’Etudes SupĂ©rieures SpĂ©cialisĂ©es). Le dernier, sur la distance, sera crĂ©Ă© Ă Paris II, oĂą je suis affectĂ©. Si alors, j’avais acceptĂ© de rĂ©sider Ă Paris, ma carrière aurait encore Ă©voluĂ©. Mais les Ă©vènements de la vie me conduisent vers d’autres dĂ©cisions. Ce passage par une activitĂ© professionnelle avant de devenir universitaire, ainsi que la culture de l’artisan, transmise par mon père, m’ont profondĂ©ment marquĂ©.
Alors, plus que l’universitĂ©, j’envisageais l’amĂ©nagement du territoire ou le journalisme. Ainsi je peux dire que la conception et la rĂ©alisation de cette Ă©mission ont mis en valeur des compĂ©tences et des valeurs en sommeil.
Comment se réalise le choix des sujets et des personnes interviewées?
Je dispose d’une totale libertĂ© pour le choix des auteurs et des livres. Ainsi, par exemple, j’accueille Edgar Morin, Boris Cyrulnik, Bertrand Vergely, ou des auteurs moins connus, mais de grande qualitĂ©, selon moi. A cela j’ajouterai que depuis 2018/2019, je prends un thème annuel. En 2018-2019 : Ce monde oĂą va-t-il? En 2019-2020 : Explorer notre quotidien.
Au fil des années, quelles lignes de force émergent de ce travail?
Je retiendrai plus précisément les trois lignes force suivantes:
1 – La qualitĂ© et la disponibilitĂ© des personnes que je sollicite. Il en rĂ©sulte des liens Ă©troits.
2 – De la part des auditeurs, dĂ©couverte, surprise et encouragement.
3 – Pour moi, un nouvel apprentissage et au sens concret du terme : Vivre le Nouvel Esprit Educatif (titre de l’un de mes livres).
Peux-tu rapporter quelques rencontres qui ont été marquantes pour toi?
Chaque rencontre est singulière et marquante. Mais je retiendrai peut ĂŞtre, outre les auteurs par ailleurs très connus : Geneviève Callerot (centenaire), Danièle Baudot-Laksine, la plus grande Ă©crivaine du pays de Grasse et morte prĂ©maturĂ©ment, StĂ©phane Udovitch , pianiste remarquable, Zarina Khan, une femme au parcours international, ou encore l’entretien avec ma fille Ana Paola.
Comment  cette ressource est-elle mise en valeur? Quel est le rôle du site dédié: « Arts Culture, Education tout au long de la vie »?
Cette Ă©mission est mise en valeur par une radio locale de grande qualitĂ©, Agora CĂ´te d’Azur, puis sur mon site www.artscultureseducation.fr A cela s’ajoute maintenant, directement sur mon site, quatre autres sĂ©ries d’Ă©missions. Un projet devrait voir le jour Ă la rentrĂ©e : 9 penseurs oubliĂ©s du 20ème siècle Ă connaĂ®tre pour le 21ème siècle. J’Ă©tudie aussi actuellement la possibilitĂ© de contribuer Ă une banque d’Ă©missions radio pour l’Afrique.
Enfin, mon site ne comporte pas que ces Ă©missions, il comporte Ă©galement plusieurs rubriques, dont une rĂ©cente : « Les Nouveaux Colibris ». Il s’agit de brèves notes de lecture, intĂ©grant parfois, une Ă©mission radio. Il y aura 50 notes Ă la fin 2019 et 100 Ă la fin 2020.
Comment l’audience a-t-elle évolué?  Quelles relations?
L’audience Ă©volue surtout de bouche-Ă -oreille car aucune autre publicitĂ© n’est faite par ailleurs. Et j’essaie le plus possible, par l’intermĂ©diaire d’un mail, d’entrer en contact avec les auditeurs.
Michel, je te remercie de cet entretien et de ces rĂ©ponses spontanĂ©es, as-tu quelque chose Ă rajouter?Â
Oui Jean, Je veux d’abord rendre hommage, Ă tout ce que tu fais, Ă ton site, « vivre et espĂ©rer », Ă la qualitĂ© de tes notes de lecture. Toi comme moi, continuons d’agir en retrait de notre profession antĂ©rieure, mais avec le soucis constant de donner, d’offrir, de crĂ©er, jusqu’Ă notre dernier souffle.
C’est dans cette perspective que j’ai crĂ©Ă© en septembre 2018 le collège international de sĂ©nior. Harmattan (site : cis-h.org).
Merci Michel. C’est une amitié réciproque. Ton nouveau site est véritablement un centre de ressources à l’oral bien sûr à travers le lien avec les émissions, et aussi à l’écrit. C’est une belle ouverture culturelle. Nous nous rejoignons dans un désir de compréhension et de partage
J H