Ressembler Ă  JĂ©sus ?

Accueillir l’œuvre de Christ en nous

 

En relisant le cahier dans lequel Odile Hassenforder écrivait ses réflexions et ses méditations, on trouve un ensemble de trois textes au sujet de la ressemblance à Jésus, à Christ, écrits en début novembre 2006. Le premier d’entre eux a été publié dans un chapitre du livre : « Sa présence dans ma vie » (1) sous le titre : « Accueillir l’œuvre de Christ en nous » (p 121) : « Jésus n’est pas extérieur à nous comme un modèle à suivre, mais il demeure en nous. C’est l’œuvre de Dieu dans un mouvement de vie ». Nous poursuivons ici cette réflexion à travers des extraits des deux textes suivants, inédits.

 

 1 Il s’agit de se laisser transformer.

 

Accueil de la bonté de Dieu : Parce que je la reçois, je me sens habitée. Alors, je peux et désire en vivre davantage.

 

Romains 12. 2 A cause de la bonté que Dieu vous a témoigné,

« Ne suivez pas les coutumes du monde où vous vivez

Mais,

laissez Dieu vous transformer

en vous donnant une intelligence nouvelle

Ainsi, vous pourrez savoir :

ce qu’il veut

ce qui est bon

ce qui lui plait

ce qui est parfait »

 

Offrir sa vie : consacrer son être tout entier : que notre corps, nos forces, nos facultés soient à sa disposition pour le renouvellement de notre mentalité.

 

Adopter une attitude intérieure différente. Donner à nos pensées une nouvelle orientation

Inspiration de nos pensées renouvelée. Coeur transformé. Attitude mentale et spirituelle changée.

Ephésiens 4.23 :

« Comprenez les choses

d’une façon nouvelle

selon l’Esprit de Dieu

Devenez une personne nouvelle

créée comme Dieu veut.

La vérité la rend juste et sainte ».

C’est à dire :

Ne mentez plus : dire la vérité à son prochain

Ne commettez plus de péché : votre colère cesse avant la nuit

Ne plus voler : travailler honnêtement

Pas de paroles mauvaises : paroles utiles qui aident les autres, qui font du bien

Ne pas garder de rancunes

Ne pas s’énerver ; pas de cris, d’insultes…

 

Cherchez les mots qui aident et encouragent

Que chaque parole contribue au progrès spirituel.

Dite Ă  propos, cette parole sera le moyen par lequel

Dieu bénira celui qui vient, entend.

 

Faites disparaître toute mauvaise humeur : aigreurs, rancune, esprit de revendication, explosion de colère, raillerie, paroles blessantes.

 

Soyez aimables

Compréhensifs les uns pour les autres

Aidez vous les uns les autres

Toujours prĂŞts Ă  pardonner

 

Marcher dans l’amour de Christ.

 

2 Recevoir une force de vie

 

Jésus n’a pas apporté un enseignement extérieur.

Ses paroles sont force de vie.

pénètrent, transforment le cœur

Provoquent de l’enthousiasme parce qu’elles éveillent un désir profond

Alors, il s’agit de s’ouvrir à la force de vie, de résurrection-renouveau en Christ.

 

Touché au fond du cœur, c’est dans la joie et l’enthousiasme

que nous désirons changer

devenir++

en sachant que c’est possible

que l’Esprit agit en nous

 

Il ne s’agit plus d’observer une loi

mais de s’ouvrir à l’Esprit de Jésus

de se laisser conduire par Lui

en s’engageant dans la voie de l’amour.

 

Cela dépasse nos forces morales

Alors devenons lumière : bonté, justice, vérité.

 

Une telle expérience suscite en nous la louange (Ephésiens 5.18-20)

 

Odile Hassenforder

 

(1)            Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Empreinte temps présent. 2011. Sur ce blog, des textes issus de ce livre ou inédits : https://vivreetesperer.com/?tag=odile-hassenforder

La prière : une expérience familière en Christ

 

 sa-presence-dans-ma-vie-parcours-spirituel.jpg« Sa Présence dans ma vie » : tel est le titre du livre d’Odile Hassenforder dont l’inspiration irrigue ce blog. Bien reçue, cette présence de Dieu, manifeste en Christ, fonde et inspire la prière.

Odile nous en parle dans les termes d’une expérience familière.

 

J’aurais beau arroser une plante, si ses racines ne plongent pas dans la bonne terre, elle dépérira fatalement.

« Demandez et vous recevrez », dit Jésus. Mes demandes sont-elles justes, est-ce que bien souvent nous demandons à recevoir le fruit de l’arbre sans vérifier que celui-ci a des racines dans la bonne terre. Jésus n’a-t-il pas dit : « je suis le cep, vous êtes les sarments ». Ceux-ci portent du fruit si la sève transporte la nourriture. Désirer cet enracinement en Christ me semble préalable à notre prière de demande.

 

Avoir soif de vivre en relation avec Dieu, imprégnée de sa présence, donne un sentiment de plénitude, de bien être intérieur.

Louange, remerciement ouvrent la porte à la manifestation divine. Ma demande va peut-être changer d’orientation.  Dans ma relation à autrui, par exemple. Imprégnée de la bonté de Dieu pour moi, je ressens que je deviens bienveillante.

 

Attitudes dans la prière.

° Cri du cœur.

Dépôt des soucis, préoccupations

Nos sentiments, crainte, souffrance, doute…

 

Au pied de la Croix…

Car Jésus, en détruisant le pouvoir de la mort qu’il a traversé pour une nouveauté de vie…

Par ses meurtrissures, Il nous a guéri.

C’est une chose accomplie, en potentialité, à appliquer, réaliser aujourd’hui pour moi, dans la collaboration avec l’Esprit.

« L’Esprit et nous avons décidé.. ».

« Il répandra la pluie sur la semence que tu auras mise en terre » (Esaïe 30/23).

 

° Regarder à Dieu afin que  « sa pensée devienne ma pensée » pour que le courant de vie passe en moi. Pour cela, je me mets sur la même longueur d’onde.  Dieu est présent dans le courant de vie, l’énergie de la création sinon celle-ci disparaîtrait dans le néant. Ce qui est impossible puisque Dieu est Vie dans l’infini, dans l’éternité. Dieu fait concourir toute chose au bien de ceux qui l’aiment et quil’accueillent.

 

° Accueillir : attentive aux pensées qui me viennent, aux conseils d’autrui, aux évènements.

Dieu dit : « Je t’instruirai et te montrerai la voie que tu dois suivre. Je te conseillerai, j’aurai un regard sur toi » (Ps 32/8).

Dans la certitude que Dieu m’entend et agit :

« Du haut du ciel

L’Eternel regarde la terre

Il reste attentif

Il prend soin » (Ps 33/15).

 

° Reconnaissance

Offre ta reconnaissance Ă  Dieu

Alors tu pourras m’appeler au jour de ta détresse.

Je te délivrerai

Et tu me rendras gloire.

(Ps 50/14)

 

Louer Dieu :

Publier sa grandeur

Proclamer ses merveilles.  Rendre témoignage de ses œuvres.

« Lorsque mes cris montaient vers Lui

sa louange était sur mes lèvres » (Ps 66/16)

Oui, il est possible de louer Dieu au jour de la détresse. Car sa bonté est indépendante de notre situation. Je peux ressentir sa paix avec confiance et conviction, même dans la douleur, l’angoisse ressenties physiquement.

 

° Persévérance

Apocalypse 31/20 :  « Je me tiens à la porte et je frappe… ».

Romains 5/3-4 «  Car nous savons que la détresse produit la persévérance, la persévérance conduit à la victoire dans l’épreuve, et la victoire dans l’épreuve nourrit l’espérance ».

 

Ayez foi en Dieu !

« Ayez foi en Dieu ! »  nous dit Jésus (Marc 11/22).

 

La pensée de l’homme a un pouvoir beaucoup plus puissant que nous le croyons. Le désir pensé déclenche une énergie aussi bien en positif qu’en négatif. Il suffit de regarder vivre les optimistes et les pessimistes. Aux premiers, « tout réussit », tandis que les pessimistes, qui se croient souvent victimes d’une fatalité, ignorent ce trésor d’énergie qu’ils possèdent en eux.

Il est écrit : « Ayez foi en Dieu ! ». Là est la différence entre le croyant et celui qui ignore le Créateur. La source de la puissance de vie est en Dieu. Matthieu rapporte la parole de Jésus : « Tout ce que vous demanderez dans la prière ayant la foi, vous le recevrez » (Mat 21/22). C’est pourquoi Jésus a parlé de vie abondante. Il ne s’agit pas d’opposer énergie humaine et énergie de Dieu. Mais on peut considérer plutôt la pensée positive comme un réceptacle de la vie divine. Peut-on dire que l’énergie humaine déclenchée par notre pensée positive, d’un ruisseau devient un fleuve dans la mesure où nous ouvrons notre cœur à la puissance de Dieu.

 

Regarder en avant.

En vélo, il est terriblement dangereux de regarder ses pédales pour avancer. Tout cycliste sait regarder la voie devant lui en même temps que l’horizon. Il en est ainsi de la marche. Mais si j’ai mal au pied, j’aurais tendance à regarder précautionneusement où je marche quitte à trébucher au moindre obstacle.

 

Si je limite ma prière à ma demande, ne suis-je pas liée à mon problème qui encombre mon mental ? Je ne vois pas devant moi l’œuvre de Dieu, le chemin qu’Il veut me faire parcourir. Dans la Bible, constamment l’Eternel interpelle son peuple en lui montrant ce qu’il veut faire. Il redit toujours la même chose sous des aspects différents, dans des situations différentes. Jésus me dit aujourd’hui comme Il l’a dit à ses disciples : Je suis venu vous faire connaître le Père… la Vie éternelle.

 

Recevoir la bonté infinie du Dieu Trinitaire. Je dis infinie dans la plénitude qui nous est révélée en Ephésiens 3/20 : « A celui qui, par la puissance qui agit en nous, peut infiniment au delà de ce que nous demandons ou même pensons, à lui soit la gloire dans l’Eglise et en Jésus-Christ pour toutes les générations et pour l’éternité ».

 

Prier au nom de JĂ©sus

Pour que l’œuvre du Christ ressuscité advienne parmi nous : Jésus dit : « Priez », une parole qui n’est pas un commandement extérieur, mais une directive pour « recevoir » .

C’est un mouvement de foi : Demandez et vous recevrez » pour que la  joie pascale persiste et parvienne à sa pleine réalisation (Jean 16 verset 22).

 

Odile Hassenforder

Extrait de différents textes sur la prière figurant parmi ses écrits personnels (environ 2006) .

Voir le texte complet, p 135-139, dans : Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte. Temps présent. 2011

Sur ce blog : autres textes d’Odile Hassenforder :

https://vivreetesperer.com/?s=Odile+Hassenforder

 

La vie est une magnifique expérience.

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 Propos d’Odile Hassenforder

dans le livre : « Sa présence dans ma vie ».

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         Quel regard portons-nous sur la vie ? Un regard las, amer, craintif, ou bien, malgré les épreuves, un regard persévérant dans la confiance et nourri par l’appréciation de tout ce que nous vivons de bon et de beau.

         Malgré les épreuves, Odile Hassenforder a vécu une dynamique positive dans une inspiration de foi :

« Dire que je suis chrétienne, c’est dire mon orientation de vie.

C’est dire que le Christ est toute ma vie, non pas un modèle que je m’efforce d’imiter, mais une relation constante à Dieu par Christ ressuscité : Il est la vie, puissance de vie en moi quand je l’accueille par l’Esprit pour me conduire selon la justesse des lois de vie.

 C’est dire que les projets de Dieu pour moi, pour l’humanité, pour l’univers sont « des projets de bonheur et non de malheur » (Jérémie 29.11) (1a).

         Cette inspiration, qui allie confiance, reconnaissance et émerveillement, est présente tout au long de son livre : « Sa présence dans ma vie » (1). Le texte présenté ici a été écrit d’une seule traite (1b). Face au découragement, il nous exhorte à vivre. « La vie est un cadeau ».

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J H

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La vie est une magnifique expérience.

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         « Malgré les peines et les difficultés, la vie reste une magnifique expérience ! ». Joie profonde en recevant cet encouragement, la réponse d’un soignant en réponse à mes vœux.

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         Cette phrase retentit d’autant plus en moi, car elle fait écho à ce que je vis et je découvre.

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         Je dirais bien plus. Au fond de mon lit, en pleine aplasie due à une chimio trop forte, j’ai reçu la joie de l’existence, un cadeau gratuit donné à tout humain par Dieu.

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         En réalisant cela, je découvre le jaillissement de l’Etre divin qui nous partage ce qu’Il est puisque nous sommes créés à son image pour évoluer à sa ressemblance. Comme le bébé qui reçoit la nature de ses parents, leur culture, etc., pour devenir lui-même.

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         Alors, nous pouvons vivre. Utilisons l’énergie du développement pour grandir, mûrir (sagesse) en découvrant le monde.

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         C’est aussi une joie de communication, davantage de communion.

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         En une phrase :

Un mouvement de vie.

Un encouragement d’expérience au delà des mots.

Quelle merveille !

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Odile Hassenforder

Ecrit personnel

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(1)            Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Empreinte temps présent, 2011

1a  « Ce que je crois » p 141-142

1b  Ce texte, écrit d’une seule traite, est publié conjointement à un autre sous le titre : « La grâce d’exister » p171-172

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Sur ce blog, d’autres textes d’Odile Hassenforder :

https://vivreetesperer.com/?tag=odile-hassenforder

Il y a toujours des jardins avec des roses (1)

2-sa-presence-dans-ma-vie-odile-hassenforder_02Dernièrement, je visitais une exposition dans une ancienne grange-relais de diligence du temps jadis. J’ai été frappée par le regard lumineux de notre hôtesse. Elle nous expliqua comment, avec son mari, elle avait réparé et parfois reconstruit le bâtiment. Elle nous raconta l’histoire de quelques poutres. Celle-ci était arrivée et avait trouvé sa place au moment voulu ; celle-là avait pris place à la bonne dimension. Une troisième, provenant de la destruction d’une maison ancienne, avait été mise de côté pour être utilisée au bon moment.

Ainsi au long des années, ce magnifique bâtiment avait pris forme. Toute cette aventure avait été et est encore pour elle source de joie. Elle nous exprima cette joie débordante avec une profonde reconnaissance pour les bienfaits qu’elle avait reçus . Elle témoignait, sans la nommer, d’une présence supérieure. Au cours des années, tout s’était mis en place à travers des événements appropriés. C’était un mouvement de vie dans lequel elle s’inscrivait.

Dans le même état d’esprit, en traversant son jardin, elle nous partagea son émerveillement devant tel splendide rosier qu’elle avait changé de place parce qu’il végétait. Plus loin, un rosier grimpant prenait racine dans un sol de briques : il avait du trouver le chemin d’un interstice pour pénétrer dans une terre fertile.

Au fur et à mesure de la visite, je me laissais imprégner par la joie profonde que suscite la reconnaissance pour l’harmonie de la vie perçue par-delà le visible. Comment nommer cette harmonie de vie ? Le mot : « Providence » me vient à l’esprit. Ce mot est peu employé aujourd’hui, et, pour certains, il a un caractère désuet. Selon le dictionnaire, il vient d’un mot latin qui signifie : « pourvoir ». « Il s’agit de la sage conduite de Dieu dans la création et les évènements ». Par extension, « Etre la providence de quelqu’un, c’est être la cause de son bonheur, combler ses désirs, veiller sur elle avec sollicitude ». Dans la Bible, Dieu pourvoit à tous les besoins de ceux qui se confient en Lui (2).

Ainsi je peux vivre la présence de Dieu non seulement en constatant son œuvre, mais aussi plus profondément en y collaborant. Etre attentive, accueillir ce qui m’est offert ou proposé, me laisser inspirer pour trouver la place juste au moment voulu… Une telle attitude suscite une joie qui dilate le cœur aux dimensions de l’univers que Dieu tient dans sa main avec sollicitude et bonté. « En Lui, j’ai la vie, le mouvement et l’être » (3).

Bien sûr, il y a bien des malheurs dans ce monde, mais il y a toujours des jardins avec des roses. Ces jardins sont une porte vers la Vie.

 

Odile Hassenforder

 

(1)            Cette visite remonte à une excursion en Beauce en juin 2004. Ce texte d’Odile a été publié dans son livre : Sa présence dans ma vie (Empreinte temps présent, 2011) (p 217-218). Cet article s’inscrit parmi d’autres textes d’Odile publié sur ce blog : https://vivreetesperer.com/?s=Odile+Hassenforder

(2)            Epitre aux Philippiens. Chap. 4 v 19

(3)            Livre des Actes. Chap. 17 v 28

 

 

Quelles visions du monde ?

Quelles visions du monde ?

Pour une vision du monde incarnationnelle.
 Selon Richard Rohr (1)

Il y a plusieurs manières d’envisager le monde et de nous y situer. A cet égard, Richard Rohr distingue quatre grandes visions du monde que nous pouvons identifier en y regardant bien. Richard Rohr prend soin de nous dire qu’elles peuvent s’exprimer de bien des manières et qu’elles ne sont pas nécessairement séparées .

« Ceux qui ont une vision du monde matérielle croient que l’univers extérieur, visible est le monde ultime et « réel ». Les gens qui partagent cette vision du monde nous ont donné la science, la technologie, la médecine et beaucoup de ce que nous appelons aujourd’hui la civilisation. Une vision matérielle du monde tend à engendrer des cultures fortement orientées vers la consommation et vers la compétition et qui sont souvent préoccupées par le manque, puisque les biens matériels sont toujours limités ».

« La vision spirituelle du monde caractérise de nombreuses formes de religion et quelques philosophies idéalistes qui reconnaissent la primauté et la philosophie de l’esprit, la conscience, le monde invisible derrière toutes les manifestations. Cette vision du monde est en partie bonne aussi parce qu’elle maintient la réalité du monde spirituel, laquelle est déniée par de nombreux matérialistes. Mais, portée aux extrêmes, la vision du monde spirituel s’intéresse peu à la terre, au prochain, à la justice, parce qu’elle considère le monde pour une bonne part comme une illusion ».

Richard Rohr décrit ensuite une troisième vision. « Ceux qui adhèrent à ce que j’appellerai une vision du monde « sacerdotale » sont généralement des gens sophistiqués, qualifiés et expérimentés qui pensent que leur travail est de nous aider à mettre ensemble la matière et l’Esprit. Le mauvais côté est que cette vision du monde assume que ces deux mondes sont en fait séparés et ont besoin de quelqu’un pour les lier à nouveau ensemble ».

Richard Rohr fait ressortir une quatrième vision du monde. En contraste avec les trois visions précédentes, c’est une vision incarnationnelle selon laquelle la matière et l’Esprit sont envisagés comme n’avoir jamais été séparés. La matière et l’Esprit se révèlent et se manifestent l’un à l’autre. Cette vision du monde se fie davantage à l’éveil qu’à l’adhésion, davantage au voir qu’à l’obéissance, davantage à la croissance dans la conscience et l’amour qu’au clergé, aux experts, à la moralité, aux écritures ou à la prescription de rituels ».

Mais dans quels milieux les différentes visions du monde se manifestent-elles ? Dans l’histoire chrétienne, la vision incarnationnelle se manifester des plus fortement chez les premiers Pères de l’Eglise orientaux, dans la spiritualité celtique, chez beaucoup de mystiques associant la prière avec un intense engagement social, dans  la spiritualité franciscaine en général, chez beaucoup de mystiques de la nature et dans l’éco-spiritualité contemporaine. Dans l’ensemble, une vision matérialiste est répandue dans le domaine technocratique et les domaines que ses adhérents colonisent. La vision du monde spirituelle est portée par toute une gamme de gens ardents et ésotériques et on trouve la vision du monde sacerdotale dans presque toutes les religions organisées ».

Richard Rohr nous introduit ensuite dans le vĂ©cu de cette vision incarnationnelle. « Une vision du monde incarnationnelle fonde la saintetĂ© chrĂ©tienne dans une rĂ©alitĂ© objective et ontologique au lieu de seulement une conduite morale. C’est son grand bienfait. Cependant, c’est le saut important qu’un si grand nombre de gens n’ont pas fait. Ceux qui ont franchi le pas peuvent se sentit saint dans un lit d’hĂ´pital ou un bistrot aussi bien que dans une chapelle. Ils peuvent voir Christ dans ce qui parait dĂ©figurĂ© et brisĂ© aussi bien que dans ce qui est appelĂ© parfait ou attractif. Ils peuvent s’aimer et se pardonner eux-mĂŞmes parce qu’ils portent Ă©galement l’image de Dieu (« imago Dei »). La conscience du Christ incarnĂ© mènera normalement vers des implications immĂ©diates, pratiques et sociales. Ce n’est jamais une abstraction ou une thĂ©orie. Ce n’est pas mĂŞme une agrĂ©able idĂ©ologie.

Si c’est un christianisme vraiment incarné, alors c’est toujours une religion vécue comme expérience concrète et non pas seulement de l’ésotérisme, des systèmes de croyance ou une médiation sacerdotale

Pour mieux envisager cette vision du monde incarnationnelle, on se reportera au livre de Richard Rohr : « The divine dance », tel que nous l’avons prĂ©sentĂ© sur ce blog (2).  Nous y voyons un univers sans frontière, interrelationnel, ou circule le flux divin. « Dieu est celui que nous avons nommĂ© TrinitĂ©, le flux (« flow » qui passe Ă  travers toute chose sans exception et qui fait cela depuis le dĂ©but. Ainsi, toute chose est sainte pour ceux qui ont appris Ă  le voir ainsi… Que nous le voulions ou pas… Ce n’est pas une invitation que nous puissions accepter ou refuser. C’est une description de ce qui est en train de se produire en Dieu et dans toute chose crĂ©Ă©e Ă  l’image et Ă  la ressemblance de Dieu » (p 37-38).

Texte de Richard Rohr rapporté  par J H

  1. « An incarnational Worldview » (Une vision du monde incarnationnelle : https://cac.org/daily-meditations/an-incarnational-worldview/
  2. La danse divine : https://vivreetesperer.com/la-danse-divine-the-divine-dance-par-richard-rohr/