Quelles visions du monde ?

Quelles visions du monde ?

Pour une vision du monde incarnationnelle.
 Selon Richard Rohr (1)

Il y a plusieurs manières d’envisager le monde et de nous y situer. A cet égard, Richard Rohr distingue quatre grandes visions du monde que nous pouvons identifier en y regardant bien. Richard Rohr prend soin de nous dire qu’elles peuvent s’exprimer de bien des manières et qu’elles ne sont pas nécessairement séparées .

« Ceux qui ont une vision du monde matérielle croient que l’univers extérieur, visible est le monde ultime et « réel ». Les gens qui partagent cette vision du monde nous ont donné la science, la technologie, la médecine et beaucoup de ce que nous appelons aujourd’hui la civilisation. Une vision matérielle du monde tend à engendrer des cultures fortement orientées vers la consommation et vers la compétition et qui sont souvent préoccupées par le manque, puisque les biens matériels sont toujours limités ».

« La vision spirituelle du monde caractérise de nombreuses formes de religion et quelques philosophies idéalistes qui reconnaissent la primauté et la philosophie de l’esprit, la conscience, le monde invisible derrière toutes les manifestations. Cette vision du monde est en partie bonne aussi parce qu’elle maintient la réalité du monde spirituel, laquelle est déniée par de nombreux matérialistes. Mais, portée aux extrêmes, la vision du monde spirituel s’intéresse peu à la terre, au prochain, à la justice, parce qu’elle considère le monde pour une bonne part comme une illusion ».

Richard Rohr décrit ensuite une troisième vision. « Ceux qui adhèrent à ce que j’appellerai une vision du monde « sacerdotale » sont généralement des gens sophistiqués, qualifiés et expérimentés qui pensent que leur travail est de nous aider à mettre ensemble la matière et l’Esprit. Le mauvais côté est que cette vision du monde assume que ces deux mondes sont en fait séparés et ont besoin de quelqu’un pour les lier à nouveau ensemble ».

Richard Rohr fait ressortir une quatrième vision du monde. En contraste avec les trois visions précédentes, c’est une vision incarnationnelle selon laquelle la matière et l’Esprit sont envisagés comme n’avoir jamais été séparés. La matière et l’Esprit se révèlent et se manifestent l’un à l’autre. Cette vision du monde se fie davantage à l’éveil qu’à l’adhésion, davantage au voir qu’à l’obéissance, davantage à la croissance dans la conscience et l’amour qu’au clergé, aux experts, à la moralité, aux écritures ou à la prescription de rituels ».

Mais dans quels milieux les différentes visions du monde se manifestent-elles ? Dans l’histoire chrétienne, la vision incarnationnelle se manifester des plus fortement chez les premiers Pères de l’Eglise orientaux, dans la spiritualité celtique, chez beaucoup de mystiques associant la prière avec un intense engagement social, dans  la spiritualité franciscaine en général, chez beaucoup de mystiques de la nature et dans l’éco-spiritualité contemporaine. Dans l’ensemble, une vision matérialiste est répandue dans le domaine technocratique et les domaines que ses adhérents colonisent. La vision du monde spirituelle est portée par toute une gamme de gens ardents et ésotériques et on trouve la vision du monde sacerdotale dans presque toutes les religions organisées ».

Richard Rohr nous introduit ensuite dans le vécu de cette vision incarnationnelle. « Une vision du monde incarnationnelle fonde la sainteté chrétienne dans une réalité objective et ontologique au lieu de seulement une conduite morale. C’est son grand bienfait. Cependant, c’est le saut important qu’un si grand nombre de gens n’ont pas fait. Ceux qui ont franchi le pas peuvent se sentit saint dans un lit d’hôpital ou un bistrot aussi bien que dans une chapelle. Ils peuvent voir Christ dans ce qui parait défiguré et brisé aussi bien que dans ce qui est appelé parfait ou attractif. Ils peuvent s’aimer et se pardonner eux-mêmes parce qu’ils portent également l’image de Dieu (« imago Dei »). La conscience du Christ incarné mènera normalement vers des implications immédiates, pratiques et sociales. Ce n’est jamais une abstraction ou une théorie. Ce n’est pas même une agréable idéologie.

Si c’est un christianisme vraiment incarné, alors c’est toujours une religion vécue comme expérience concrète et non pas seulement de l’ésotérisme, des systèmes de croyance ou une médiation sacerdotale

Pour mieux envisager cette vision du monde incarnationnelle, on se reportera au livre de Richard Rohr : « The divine dance », tel que nous l’avons présenté sur ce blog (2).  Nous y voyons un univers sans frontière, interrelationnel, ou circule le flux divin. « Dieu est celui que nous avons nommé Trinité, le flux (« flow » qui passe à travers toute chose sans exception et qui fait cela depuis le début. Ainsi, toute chose est sainte pour ceux qui ont appris à le voir ainsi… Que nous le voulions ou pas… Ce n’est pas une invitation que nous puissions accepter ou refuser. C’est une description de ce qui est en train de se produire en Dieu et dans toute chose créée à l’image et à la ressemblance de Dieu » (p 37-38).

Texte de Richard Rohr rapporté  par J H

  1. « An incarnational Worldview » (Une vision du monde incarnationnelle : https://cac.org/daily-meditations/an-incarnational-worldview/
  2. La danse divine : https://vivreetesperer.com/la-danse-divine-the-divine-dance-par-richard-rohr/

 

 

 

Sillage de vie

Commentaires et témoignages autour du livre : « Sa présence dans ma vie ».

 

Voici maintenant un an qu’est paru le livre : « Sa présence dans ma vie ». Au long de sa vie terrestre, Odile a été en dialogue avec un  grand nombre de personnes qui ont témoigné des bienfaits que cette relation a engendrés . Aujourd’hui, à travers ce livre, cette conversation se poursuit. Voici quelques échos de cette conversation. C’est un sillage de vie.

 

 

Elizabeth. Cadre. Institution sociale

 

J’ai lu ce livre à plusieurs reprises et je reprends des passages régulièrement.

Ce livre est fascinant et admirablement bien écrit.

Les remarques sont profondes et pleines d’éternité.

On sent qu’Odile a vraiment vécu les différents passages, car c’est exprimé avec simplicité et vérité.

J’y trouve tous les jours des encouragements. Cet ouvrage est pour moi une exhortation quotidienne.

 

 

Lucie. Une cousine. Renouveau charismatique

 

Ce livre est une vraie découverte pour moi.

Pour nous, pour moi, Odile était une femme forte, paisible, très solide, très rassurante et profondément heureuse.

Elle l’était vraiment devenue puisqu’elle écrit à 70 ans : je vis une profonde joie de reconnaissance de devenir de plus en plus moi-même.

Cependant, et c’est tout l’intérêt du livre, on peut voir tout son cheminement malgré les difficultés de départ : les épreuves, son cheminement spirituel et le sommet auquel elle est arrivée à la fin de sa vie.

C’est un très beau témoignage. Je pense qu’il aidera beaucoup de personnes à avancer dans la confiance en Dieu. C’est parce qu’elle a souffert qu’elle a pu aider les autres à son tour.

Cet ouvrage est présenté d’une façon si accessible que dès le premier soir, j’avais lu une grande partie du livre. Je l’ai repris ensuite au goutte à goutte pour mieux en profiter. On aimerait à chaque page souligner un passage qui nous touche particulièrement.

 

 

Françoise. Retraitée. Culture philosophique

 

C’est avec beaucoup d’empathie, d’admiration et de reconnaissance que j’ai lu ce témoignage.

Ce qui me frappe, c’est l’intelligence de l’écriture ciselée par sa vie,  ciselée par sa foi et comme tissées ensemble.

J’espère que maintes personnes pourront lire ce témoignage (qui pourrait susciter un groupe de lecteurs/lectrices ?).

 

 

Anne. Professeur. Expérience charismatique

 

Ayant eu le privilège de voir Odile juste avant son voyage vers le Père, moment où la vérité profonde de l’être se fait dense, je trouve que les pages que j’ai déjà lues, donnent à ce moment un sceau d’éternité.

Pour moi, la parole prophétique qu’elle a prononcée en ma présence, se déroule sous mes yeux : « Le Seigneur continue son œuvre » à travers elle en nous la laissant proche de nous, sur notre table de chevet. Quel cadeau !

 

 

Michèle. Animatrice. Epouse d’un pasteur.

 

J’ai dévoré le livre d’Odile. Il me semblait l’entendre parler comme elle le faisait si bien.

J’ai beaucoup apprécié ce recueil. J’ai déjà prêté le livre à une amie et je pense que je vais en commander quelques uns pour les diffuser autour de moi.

Je rends grâce à Dieu pour tout ce qu’il a fait pour Odile et pour les répercussions sur tous ceux qu’Odile a pu approcher, entourer de ses conseils et de son affection si tendre et si ferme à la fois.

 

 

Paul. Un ami médecin.

 

J’ai beaucoup apprécié la présentation de la vie et de la pensée d’Odile.

Oui, Odile a été une vraie témoin de l’amour de Dieu.

A aucun moment de sa maladie qui a été un très long chemin, je ne l’ai jamais sentie en révolte.

Elle puisait la Vie directement dans la Vie éternelle.

Elle reste pour moi un être qui a su vivre sa foi en pleine lumière.

 

 

Véronique. Une amie d’une famille amie. Musicienne.

 

Merci d’avoir ouvert la malle aux trésors !

A la lecture de ces textes, j’ai été profondément touchée. Ils sont pour moi un enseignement précieux. Ils m’éclairent vraiment sur mon chemin.

Beaucoup sont des témoignages magnifiques qu’Odile nous laisse comme des cadeaux de vie. Ils sont basés sur du concret, sur des faits de vie toujours à la lumière de la Parole de Dieu et débouchent sur une vraie réflexion qui ne cesse de m’interpeller, car je les lis, je les relis tranquillement.

La plupart  se lisent facilement, parlant à la fois au cœur et à l’esprit.
Je pense que beaucoup de gens pourront être touchés à travers ces écrits.

 

 

Chacun de ces échos nous dit quelque chose de ce que livre apporte, évoque, suscite. Nous y voyons l’œuvre de l’Esprit, un Souffle de Vie.

 

Source : Ces quelques textes font partie d’un ensemble de témoignages recueillis après le départ d’Odile et la publication du livre .  Le livre d’Odile a été présenté par Françoise Rontard sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html. Des commentaires sur le livre y ont été ajoutés par la suite, parmi lesquels nous avons extraits ceux qui sont présentés ici.


Vivre et espérer

 

Un état d’esprit. Un réseau affinitaire.

 

Vivre et espérer, c’est un blog qui se fonde sur un certain état d’esprit tel qu’il a été  exprimé au point de départ en septembre 2011 dans un manifeste exprimant les intentions de cette initiative (1). Nous en rappelons quelques extraits.

 

« Vivre et espérer, c’est une vie en mouvement. Nous en ressentons les bienfaits. Lorsque la confiance est là, le courant passe. Parce qu’il y a un horizon, les impasses ne sont pas définitives. Le flux de la vie passe sans appréhension. La créativité s’exprime en terme de projet. Dans l’espérance, on ne regarde pas en arrière, mais en avant. Les impasses ne sont pas définitives. Il y a toujours un recommencement…..

Si, dans le passé, pour certains, la religion a pu apparaître comme une source d’enfermement et de peur, nous sommes là en présence d’une perversion du message divin. La spiritualité a pu être définie comme « une conscience relationnelle ». Notre vie dépend de la qualité des relations dans laquelle elle s’inscrit. Nous partageons ici notre conviction que selon une foi chrétienne bien entendue, Dieu est lui-même un Dieu de bonté, un Dieu relationnel, communion d’amour entre les personnes divines, qui vient à notre rencontre. Ce Dieu créateur et sauveur est puissance de vie…..

Ce blog veut donc être un espace pour tous ceux qui désirent y partager une tonalité positive. Cette tonalité positive a une influence bénéfique sur nos comportements personnels ou collectifs. Elle peut prendre des formes diverses : observations, narrations, poèmes, études, enquêtes, interviews, expressions artistiques…..

Ensemble, vivre et espérer. Il y a dans cette expression une intensité de vie. L’Esprit nous conduira…. Ce blog appelle à un partage convivial et à la participation. C’est un lieu de rencontre ».

 

En quelques années et sans qu’il y ait de soutien affiché par des médias plus puissants, l’audience de ce blog a grandi dans la discrétion. Nous voulons partager cette bonne nouvelle avec tous ceux qui fréquentent ce blog parce que c’est une incitation à prendre conscience de ce que nous sommes ensemble et ainsi d’entrer dans une dynamique plus participative et plus interactive. Voici donc quelques données sur la fréquentation du blog à partir de « Google analytics ».

 

En croissance

 

Tout d’abord, jusqu’ici, d’année en année, il y a bien une croissance de l’audience, lente, mais réelle.

Sur 30 jours au printemps 2013 (29 mars-28 avril), on compte 592 sessions et 489 utilisateurs avec 944 pages lues.

Sur 30 jours du printemps 2014 (2 avril-2 mai), on compte 833 sessions et 724 utilisateurs avec 1477 pages vues.

Sur 30 jours au printemps 2015 (20 mai-19 juin), on compte 1135 sessions et 1011 utilisateurs avec 1595 pages vues.

En deux ans, il y a donc eu une évolution progressive vers un doublement des utilisateurs. Quelques sondages complémentaires marquent des oscillations, mais la tendance est partagée.

 

Un lieu commun

 

Beaucoup de visites sont éphémères, une reprise de contact sans lendemain. Par contre, à partir du pourcentage de « returning visitors » qui sont déjà venus sur le blog et qui y reviennent, on peut supposer qu’il y a là un groupe de personnes qui entretiennent une relation avec le blog. Au printemps de 2015, le pourcentage est de 13,7%. A partir de là, on peut émettre l’hypothèse qu’il existe une centaine d’amis qui connaissent le blog et y reviennent de temps en temps après l’avoir découvert, soit par d’autres amis, soit directement par des moteurs de recherche qui indexent les articles. Le blog est bien référencé sur Google recherche avancée.

 

Diversification géographique.

 

Les données issues de Google analytics nous permettent également de connaître la répartition géographique des visiteurs.

Ainsi, au printemps 2015 (20 mai-19 juin), les sessions se répartissent ainsi en fonction des pays :

France : 573  Belgique : 93  Maroc : 61  Canada : 54  Suisse : 39  Etats-Unis : 34   Brésil : 20 Italie : 19  Indonésie : 15

Et s’y ajoutent la Tunisie (14), l’Allemagne (13), l’Algérie (11), la Grande-Bretagne (10), la Cote d’Ivoire (9)..….

On constate que les sessions ayant la France pour origine ne représentent que la moitié de l’ensemble (50,5%) et qu’un pourcentage important des sessions provient de pays francophones autres que la France. On constate par ailleurs que le pourcentage des visites ayant la France pour origine était beaucoup plus élevé dans les débuts du blog. Au printemps 2013, ce pourcentage s’élève à 72,5%, près des ¾ par rapport  à la moitié en 2015. C’est une constatation intéressante, car cela signifie que, petit à petit, l’audience se diversifie et s’étend au delà des limites initiales. On apprécie l’osmose de la diffusion comme une vertu d’internet. La  graine pousse naturellement.

 

En partageant ces données, nous permettons à chacun d’accéder à une conscience partagée de l’œuvre en cours . Chers amis, ensemble nous pouvons développer une dynamique plus participative. Dès le départ, c’est bien l’intention du blog : « Ce blog appelle à un partage convivial et à la participation. C’est un lieu de rencontre ».

 

J H

 

(1)            « Pourquoi ce blog ? » : https://vivreetesperer.com/?page_id=2

 

Comprendre la mutation actuelle de notre société requiert une vision nouvelle du monde

La nouvelle conjoncture, selon Jean Staune.

 CapturehgjfggDans l’inquiétude et l’incertitude actuelle concernant l’évolution de notre société, nous sentons bien que nous vivons à une époque de grandes mutations.  Et d’ailleurs, nous sommes éclairés à ce sujet par des auteurs capables d’analyser cette évolution historique (1). Plus nous nous situons dans ce mouvement, plus nous voyons en regard émerger de nouvelles pensées et de nouvelles pratiques, plus nous sommes à même de nous diriger. Et comme le nouveau monde qui apparaît est aussi un puzzle dans lequel des éléments très variés viennent prendre place, nous avons avantage à recourir à des œuvres de synthèse. A cet égard, le livre de Jean Staune : « les clés du futur. Réinventer ensemble la société, l’économie et la science » (2) est particulièrement éclairant.

En effet, son auteur met ici en œuvre une culture fondée sur une observation et une recherche qui se développent dans des champs différents. Ainsi, le texte de quatrième de couverture, présente Jean Staune comme philosophe des sciences, diplômé en économie, management, philosophie, mathématiques, informatique et paléontologie. Jean Staune est enseignant dans la MBA du groupe HEC et expert de l’Association Progrès du Management (APM). Il est notamment l’auteur d’un best-seller : « Notre existence a-t-elle un sens ? (Presses de la Renaissance, 2007) ». Ce livre témoigne du rôle pionnier de l’auteur dans l’exploration des nouveaux rapports entre sciences, religions et spiritualités. A travers la démarche internationale de l’Université  Interdisciplinaire de Paris (3),  Jean Staune a fait connaître en France une vision nouvelle des implications philosophiques et métaphysiques de la révolution scientifique. Cette culture a inspiré la rédaction des « Clés du futur » qui nous invite à « réinventer ensemble la société, l’économie et la science ».

Et effectivement, l’auteur tient son engagement. Dans un livre de 700 pages, préfacé par Jacques Attali, il nous emmène à la découverte de la mutation en cours en une quinzaine de chapitres particulièrement accessibles si bien, que d’un bout à l’autre, on entre ainsi dans un grand mouvement qui se déroule en cinq parties : « Les deux révolutions qui vont changer notre vie. Aux racines de la crise. Les germes d’une nouvelle société. Les bases d’une nouvelle économie. De nouveaux types d’entreprises, piliers du monde de demain ». A travers une immense information qui s’exprime dans une multitudes d’exemples et d’études de cas, ce livre se lit avec une joie d’apprendre constamment renouvelée. Devant la richesse de ces données et de ces analyses originales, on ne peut procéder à un compte-rendu détaillé. Nous donnerons un bref aperçu des principaux mouvements de ce livre pour encourager la lecture de ce qui nous apparaît non seulement comme un livre ressource, mais aussi comme un livre clé.

 

Les deux révolutions qui vont changer notre vie

Dans la mutation en cours, comment Jean Staune envisage-t-il le moteur du changement ? « Deux grandes révolutions vont changer notre vie ». Il y a « une révolution fulgurante » : la révolution internet que constituent les « quatre internets ». L’auteur sait dégager les évènements significatifs qui ponctuent cette histoire. Cependant, si nous sommes tous plus ou moins conscients de cette transformation accélérée, il y a également une évolution plus profonde, plus discrète qui est souvent sous-estimée, voire inaperçue : un changement de paradigme scientifique et une nouvelle vision du monde qui commencent à influencer nos manières de penser. Jean Staune est bien placé pour nous parler des effets de cette révolution scientifique : « Cette révolution silencieuse, c’est celle qui nous fait passer du monde de la science classique, déterministe, mécaniste et réductionniste qui s’est développée après les travaux de Galilée, Copernic et Newton, et sur laquelle reposent les fondements de la modernité à un monde beaucoup plus complexe, subtil et profond lié à la physique quantique, à la théorie du chaos, à la relativité générale, à la théorie du Big Bang et aux découvertes que l’on peut prédire dans le monde des sciences de la vie et de la conscience… Comme toute civilisation dépend pour son organisation sociale et économique, de la vision du monde qui domine parmi ses membres, les changements de vision du monde sont les évènements les plus importants de l’histoire humaine. Cette révolution, malgré son caractère théorique est porteuse de profonds changements sociétaux que viendront renforcer à terme ceux issus de la révolution fulgurante » (p 180).

 

Aux racines de la crise.

Si Jean Staune nous aide ainsi à percevoir les grands mouvements dans lesquels nous sommes engagés, il nous éclaire aussi sur les racines de la crise financière et économique qui a ravagé le monde au cours de ces dernières années et sur les attendus idéologiques des menaces qui pèsent encore sur nous aujourd’hui.

Pendant toute une période, le capitalisme a réussi à élever notre niveau de vie. Mais, constate Jean Staune, « Aujourd’hui, c’est un véritable champ de ruines qui se dresse sous nos yeux … Nous sommes passés très près d’un effondrement général du système en 2008, et si celui-ci a pu être rafistolé, les solutions adoptées dans l’urgence ne sont à l’évidence que provisoires » (p196). L’auteur nous fait comprendre de l’intérieur les mécanismes qui ont entraîné en 2008, la chute du système économique. De fait, les mécanismes financiers secrétés peu à peu par les banques étaient devenus des « armes financières de destruction massive ». En analysant ainsi l’apparition de la crise et son déroulement, Jean Staune nous montre en quoi elle est le produit d’une pensée sur l’économie alors devenue dominante. Il évoque deux erreurs fondamentales. «  La première est une erreur idéologique qui consiste à affirmer de façon répétitive : « le marché le sait mieux que nous… », ce que le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz a appelé « le fanatisme du marché »…L’autre est une erreur théorique qui amène à sous estimer de façon systématique le risque que prennent réellement les acteurs économiques et financiers dans un monde globalisé… » (p 237). L’absence croissante de régulation a mené l’économie financière américaine à sa perte. De nombreux exemples montrent les dangers d’une déréglementation irréfléchie.

En bref, « comme la crise des « subprimes » l’a parfaitement démontré, la recherche de l’intérêt économique d’un petit nombre d’acteurs peut aller à l’encontre des intérêts  de quasiment tous les acteurs économiques et gravement menacer l’équilibre de la société… Nous avons ensuite fait une grande erreur théorique, celle qui a conduit à minimiser les évènements extrêmes et les risques qu’ils représentent dans le monde économique et financier… enfin, par avidité, pour mieux multiplier les profits grâce aux effets de levier et parfois tout simplement pour pouvoir mieux soustraire les risques potentiels aux yeux des acheteurs, nous avons créé volontairement de l’hypercomplexité dans un monde déjà complexe… » (p 304)

 

Les bases d’une nouvelle économie

Face à la décomposition actuelle, une recomposition s’impose et s’esquisse. Le diagnostic de la crise du capitalisme ayant été posé, Jean Staune peut reprendre sa marche en avant en étudiant les bases de la nouvelle économie qui s’annonce. Ainsi il décrit l’essor d’une économie du savoir qui ouvre l’ère du postcapitalisme. Il plaide pour l’intégration du bien commun au cœur des processus économiques et montre en quoi des innovations positives commencent à apparaître en ce domaine. Oui, une évolution morale est possible ! Enfin il fait le point sur l’impact de la prise de conscience écologique et les transformations qui en résultent. Certains d’entre nous sont déjà avertis des évolutions en cours (4), mais, comme pour le reste du livre, on découvre sans cesse dans ces chapitres des innovations percutantes et des points de vue originaux. Oui aujourd’hui, « nos pratiques économiques connaissent une triple évolution, conceptuelle, écologique et éthique » (p 527).

 

De nouveaux types d’entreprises, piliers du monde de demain

Dans cette évolution, les entreprises peuvent être des vecteurs privilégiés de changement. Déjà certaines montrent le chemin. Expert en management, bien informé sur toutes les innovations significatives au plan international, dans la dernière partie du livre, l’auteur traite «  des nouveaux types d’entreprise, pilier du monde de demain ».

Ces innovations sont en phase avec un changement en profondeur des aspirations sociales et culturelles, le refus d’une imposition hiérarchique et le désir de participation et de collaboration, une créativité et un élan d’initiative, le développement d’attitude empathiques qui débouchent sur un climat de confiance. On retrouve ici l’inspiration positive qui irrigue le livre de Jacques Lecomte : « Les entreprises humanistes » (5) dans sa démonstration des effets bénéfiques de « la motivation par le sens donné au travail, la confiance dans la collaboration, le leadership serviteur, le sentiment de la justice organisationnelle, la finalité humaniste de l’entreprise, sa responsabilité sociétale, et environnementale , y compris dans des moments difficiles ».

Jean Staune nous montre dans quelles directions la finalité de l’entreprise commence à être repensée : « Il existe deux grands mouvements qu’il faut pousser les entreprises à adopter et à développer : la mise en place de processus pouvant permettre aux salariés de mieux se réaliser et une série de pratiques incitant les entreprises à travailler pour le bien commun et non pas seulement pour celui des actionnaires » (p 649). Dans un monde plus complexe, et donc selon la théorie du chaos, plus incertain, pour s’adapter, l’entreprise est appelée à devenir plus flexible, moins hiérarchique, mieux insérée dans son environnement et moins tournée vers le profit d’un petit groupe.

 

Les germes d’une nouvelle société

Les « germes d’une nouvelle société » sont déjà apparus. Jean Staune nous présente ce phénomène en faisant appel aux concepts aujourd’hui de plus en plus répandus de « modernité, postmodernité et transmodernité ». Aujourd’hui, après le rejet des cadres rigides de la modernité dans la révolution culturelle de la postmodernité, une nouvelle phase apparaît : celle de la transmodernité  « susceptibles de reconstruire une nouvelle société avec de nouvelles valeurs et d’autres modes de fonctionnement ».

Un groupe moteur apparaît comme le fer de lance de cette transformation, celui des « culturels créatifs ». A plusieurs reprises, nous avons déjà présenté ce groupe socio-culturel, identifié pour la première fois aux Etats-Unis à la fin des années 1990, et aujourd’hui en pleine croissance dans les pays occidentaux et au Japon (6). Jean Staune nous présente en ces termes le nouvel état d’esprit qui se développe chez les créatifs culturels : « Ils se définissent  par un intérêt pour l’écologie, la préservation de la nature, les médecines douces et les civilisations traditionnelles. Ils pratiquent au quotidien des gestes qui contribuent au développement durable, achètent des produits de l’agriculture biologique ou du commerce équitable, voire investissent dans des produits éthiques…. Ces personnes recherchent une dimension spirituelle, mais pas forcément dans le cadre des grandes religions constituées, ont une morale qui implique le retour à la fidélité, mais pas forcément dans le mariage, la sincérité et la transparence, valeurs qui s’accompagnent d’une ouverture à l’autre, aux autres civilisation, aux autres religions et au rejet du dogmatisme » (p 383).

Ainsi s’organise une société nouvelle : « Même si les contours de cette nouvelle société sont encore flous, on voit bien qu’une grande partie de nos pratiques et de nos attitudes vont en être – et en sont déjà – profondément bouleversés ». Cela vaut dans tous les domaines, y compris dans le champ religieux. Ainsi, dans le chapitre : « Les métamorphoses de Dieu » (p 370-382), l’auteur met en évidence une puissante expression personnalisée des aspirations spirituelles qui interpelle les modes hiérarchisées et structurés des religions traditionnelles (7).

 

Jean Staune nous propose une vue globale sur l’évolution actuelle du monde en montrant les interrelations entre « cinq révolutions quasiment simultanées dont les effets se renforcent : une révolution technologique, une révolution conceptuelle, une révolution sociétale, une révolution économique, une révolution managériale ». Mais grâce à son expertise dans le domaine scientifique, il peut nous montrer l’influence majeure exercée par la révolution conceptuelle : « L’ambition de cet ouvrage est de vous donner des clés pour comprendre non seulement comment le monde change, mais aussi pourquoi. Et c’est ici qu’il faut se tourner vers la révolution scientifique et conceptuelle qui a commencé il y a plus d’un siècle »  (p 661). De fait, à partir d’un ensemble d’observations que nous avons rapporté de temps à autre, tant sur notre manière d’agir que sur notre manière d’être, Jean Staune affirme que « la courbe de l’évolution de la société et, de façon souterraine et indirecte, dirigée par la courbe de l’évolution des idées scientifiques » (p 655). Si on peut s’interroger sur le caractère causal de certains rapports, l’analyse de l’auteur nous paraît éclairante et on abonde dans son sens lorsqu’il proclame que « la vision du monde est première ».

Quelles sont les incidences majeures de cette approche sur notre manière de voir et de penser aujourd’hui ? « Ce monde d’incertitude, d’incomplétude, d’imprédictibilité est certes un monde qui peut être angoissant, mais aussi un monde plein d’opportunités. Mais c’est surtout, sur le plan spirituel, un monde ouvert » (p 687). Tout est dit là. Nous voyons dans cette conjoncture une invitation à reconnaître l’œuvre de l’Esprit, une ouverture à ce qui advient (8). A tous égards, ce livre nous paraît une lecture indispensable.  Il nous éclaire dans la compréhension du nouveau monde qui est en train d’apparaître. Il nous montre les voies des potentialités positives. Il nous invite à un dépassement.

 

J H

 

(1)            « Quel avenir pour le monde et pour la France ? » (Jean-Claude Guillebaud. Une autre vie est possible) : https://vivreetesperer.com/?p=937                                « Un chemin de guérison pour l’humanité. La fin d’un monde. L’aube d’une renaissance » (Frédéric Lenoir. La guérison du monde) : https://vivreetesperer.com/?p=1048

(2)            Staune (Jean). Les clés du futur. Réinventer ensemble la société, l’économie et la science. Préface de Jacques Attali. Plon, 2015

(3)            Université interdisciplinaire de Paris : http://uip.edu.                       L’UIP a tenu, en janvier 2016, un colloque : Science et Connaissance. De la matière à l’Esprit. Sur ce blog, nous avons rapporté l’intervention de Mario Beauregard : pour une approche intégrale de la conscience : https://vivreetesperer.com/?p=2341

(4)            « Face à la crise : un avenir pour l’économie » (La troisième révolution industrielle. Jérémie Rifkin) : https://vivreetesperer.com/?p=354                              « Une révolution de « l’être ensemble » (Vive la co-révolution. Pour une société collaborative. Anne-Sophie Novel et Stéphane Riot) : https://vivreetesperer.com/?p=1394                        « L’ère numérique » (Gilles Babinet) : https://vivreetesperer.com/?p=1812

« La société collaborative. La fin des hiérarchies » (OuiShare)         https://vivreetesperer.com/?p=2205

(5)            « Vers un nouveau climat de travail dans des entreprises humanistes et conviviales » (les entreprises humanistes. Jacques Leconte) : https://vivreetesperer.com/?p=2318

(6)            Sur le site de Témoins : « Les créatifs culturels. Un courant émergent dans la société française »

(7)            Dans son livre : « La guerre des civilisations n’aura pas lieu », Raphaël Liogier met en évidence un courant religieux ascendant qui allie souci de soi et conscience du monde.         « Dynamique culturelle et vivre ensemble dans un monde globalisé » : https://vivreetesperer.com/?p=2296

(8)            La pensée théologique de Jürgen Moltmann nous apprend à regarder vers le nouvel univers que Dieu prépare en Christ ressuscité et à en reconnaître les manifestations. « Vivre dans l’espérance de la parousie… C’est vivre dans l’anticipation de ce qui vient, dans l’attente créatrice (Jésus. Le messie de Dieu, p 462). Introduction à la pensée de Jürgen Moltmann sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : http://www.lespritquidonnelavie.com    Notamment : « L’avenir de Dieu pour l’humanité et la terre » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=798

 

Éducation et spiritualité

L’enfant spirituel
Par Lisa Miller

Comment envisageons-nous la spiritualité ? Qu’est-ce qu’une démarche spirituelle ? Comment la spiritualité peut-elle inspirer l’éducation ? Comment les parents peuvent-ils reconnaître les aspirations spirituelles de leurs enfants et de leurs adolescents et leurs mouvements en ce sens ? En quoi la vie spirituelle des enfants et des adolescents contribue à leur permettre d’accéder à une vie plus pleine et plus saine ? Est-ce que la recherche scientifique nous apporte des données sur cette réalité ? Et, très concrètement, dans ce domaine complexe, quel éclairage peut-on apporter aux parents pour qu’ils puissent comprendre l’importance de cette dimension et encourager leurs enfants et leurs adolescents ?

La chercheuse américaine en psychologie, Lisa Miller vient de publier un livre sur le cerveau éveillé : « The awakened brain » qui nous montre le rôle important de la spiritualité dans la vie des adultes et le fonctionnement du cerveau. Nous avons présenté cet ouvrage (1). Mais quelques années auparavant, en 2105, Lisa Miller avait  publié un autre livre sur l’enfant spirituel : « The spiritual child. The new science on parenting for health and lifelong striving » (2). Le sous-titre précise l’intention de l’ouvrage. Il n’expose pas seulement la nature spirituelle de l’enfant. Il apporte une vision nouvelle à même d’éclairer les parents en les conseillant dans leurs pratiques d’éducation. Nous présentons ici brièvement cet ouvrage dont la richesse exigerait une très longue description. Nous pourrons donc y revenir par la suite.

 

Qu’est ce que la spiritualité ?

Comme les manifestations de la spiritualité sont l’objet des recherches de Lisa Miller, celle-ci a été amenée à définir ce qu’elle entendait par spiritualité. « La recherche montre une claire différence entre la stricte adhésion à une religion particulière et une spiritualité personnelle. Cette spiritualité personnelle est entendue comme « un sens intérieur  d’une relation vivante avec une puissance supérieure (Dieu, la nature, l’esprit, l’univers, ou , quelque soit le mot, une force de vie ultime, aimante, et guidante » (p 6-7). Dans une autre recherche menée en Angleterre et rapportée dans un livre : « Something there » (3), David Hay, accompagné par Rebecca Nye, était arrivé à la définition suivante : une « conscience relationnelle ». « Les analyses de conversations avec les enfants montraient comme ils se sentaient reliés à la nature, aux autres personnes, à eux-mêmes et à Dieu ».

Lisa Miller précise ainsi sa pensée : « Tandis que les religions organisées peuvent effectivement jouer un rôle dans le développement spirituel, le moteur premier qui suscite la spiritualité naturelle, est une faculté innée, biologique et en développement : d’abord une faculté innée pour une connection transcendante, puis un élan de développement pour rendre sienne cette connection, et, en conséquence, une relation personnelle profonde avec le transcendant à travers la nature, Dieu, ou la force universelle » (p 9).

 

Une recherche scientifique

Lisa Miller se présente comme psychologue clinique, directrice de la clinique de psychologie clinique de l’université Columbia. Dans son laboratoire, elle a conduit de multiples recherches et publié de nombreux articles validés scientifiquement sur le développement spirituel des enfants, des adolescents et des familles (p 1). Devenue une personnalité majeure dans le champ en pleine expansion du rapport entre psychologie, spiritualité et santé mentale, elle a joué un rôle pionnier dans ce domaine. En effet, il  y a deux décennies, comme chercheuse centrée sur la spiritualité et la santé, elle rencontrait un énorme scepticisme et un véritable rejet. « Au début du XXIè siècle,  dans les sciences sociales et médicales, il existait encore une forte opposition envers la recherche sur la spiritualité et la religion, de fait, des concepts distincts dans mon esprit » (p 2) . Cependant, des recherches ont ouvert la voie et ce fut une avancée décisive à travers « la compréhension de la science du cerveau et les découvertes de l’imagerie cérébrale, de longs entretiens avec des centaines d’enfants et de parents, des études de cas, et un riche matériel d’anecdotes » (p 2). Lisa Miller énonce les grandes idées nouvelles qui s’imposent aujourd’hui dans la psychologie : la psychologie positive, l’intelligence émotionnelle.. Et elle y ajoute la reconnaissance scientifique d’une faculté humaine : la spiritualité naturelle qui concerne tout particulièrement l’éducation familiale.

 

Reconnaître la spiritualité des enfants

Lisa Miller parcourt le pays à la rencontre des parents pour les entretenir de sa recherche. Elle nous raconte combien de nombreux parents lui parlent alors de leurs enfants  : « des enfants qui prennent soin de leurs frères et sœurs plus petits ou de leurs grands-parents, qui parlent aux animaux ou chantent en prière ». « Les enfants sont si spirituels », me disent-ils (p 1). Souvent, dans des moments de crise familiale, des enfants font preuve de sagesse et de compréhension.  Comme chercheuse scientifique, je sais que la spiritualité de l’enfance est une vérité puissante qui est irréfutable et cependant étrangement absente de la culture dominante ». « Que les enfants soient « si spirituels », n’est pas simplement une anecdote ou une opinion, que ce soit la mienne ou celle d’un autre. C’est un fait scientifique établi » (p 2).

 

La spiritualité, une faculté naturelle des enfants

« Biologiquement, nous sommes cablés pour une connection spirituelle. Le développement spirituel est pour notre espèce, un impératif biologique et psychologique depuis la naissance. L’harmonisation spirituelle innée des jeunes enfants, à la différence d’autres lignes de développement comme le langage et la cognition, commence entière et est mise en forme par la nature pour préparer l’enfance en vue des décennies à venir, y compris le passage critique de l’adolescence » (p 3). Lisa Miller décrit ensuite l’évolution du jeune enfant. « Dans la première décennie de sa vie, l’enfant avance à travers un processus d’intégration de sa « connaissance » spirituelle avec ses autres capacités en développement cognitif, physique, social, émotionnel, tous ces développements étant modelés à travers des interactions avec les parents, la famille, les pairs et la communauté »  (p 3-4). Cependant, « si l’enfant manque de soutien et d’encouragement pour développer cette part de lui-même, son branchement spirituel s’érode et en vient à se désagréger sous la pression d’une culture strictement matérielle » (p 4).

 

Convergence avec la recherche de Rebecca Nye sur la spiritualité des enfants

En 2009, une chercheuse anglais, Rebecca Nye a publié un livre : « Children’s spirituality. What it is and why it matters » (4) rapportant les conclusions de ses recherches avec David Hay. Rebecca Nye décrit ainsi la spiritualité des enfants : « La spiritualité des enfants est une capacité initialement naturelle pour une conscience de ce qui est sacré dans les expériences de vie…. Dans l’enfance, la spiritualité porte particulièrement sur le fait d’être en relation, de répondre à un appel, de se relier à plus que moi seul, c’est à dire aux autres, à Dieu, à la création ou à un profond sens de l’être intérieur (inner sense of being). Cette rencontre avec la transcendance peut advenir dans des moments ou des expériences spécifiques aussi bien qu’à travers une activité imaginative ou réflexive ».

La recherche de Rebecca Nye converge avec celle de Lisa Miller : « la spiritualité des enfants est plus naturelle qu’apprise. Peut-être, le terrain le plus fertile pour la spiritualité se situe dans l’enfance. La spiritualité de l’enfance se répercute sur l’âge adulte. La spiritualité est profondément relationnelle… ».

 

La spiritualité, un guide pour l’adolescence

Un développement harmonieux de la spiritualité  de l’enfant  va lui permettre de mieux affronter les difficultés de l’adolescence. « La conscience du développement spirituel crée des opportunités pour préparer les jeunes à un important travail intérieur d’intériorisation qui est nécessaire  pour une individualisation, le développement de l’identité, une résilience émotionnelle… et des relations saines. La spiritualité est un principe majeur d’organisation de la vie intérieure dans la seconde décennie de la vie, poussant les jeunes vers un âge adulte porteur de sens, de projet, de conscience, d’accomplissement » (p 3).  En même temps que les changements physiques et émotionnels en cours dans l’adolescence, on y observe le surgissement d’un éveil spirituel. Quelles réponses les adultes apportent aux jeunes en ce domaine ? On sait par ailleurs les effets protecteurs d’une spiritualité harmonieuse par rapport à la dépression, aux conduites à risque et aux drogues.

 

Une vision nouvelle

Bien évidemment, cette présentation du livre de Lisa Miller n’est qu’une première esquisse . Dans ce livre de plus de 300 pages, Lisa Miller nous entraine dans la connaissance de ses découvertes révolutionnaires qui appellent un ajustement ou un changement de notre regard sur l’enfance et sur l’adolescence et, en conséquence, les exigences de celles-ci pour l’éducation parentale. En convergence avec les recherches engagées en Angleterre par David Hay et Rebecca Nye, Lisa Miller nous entraine dans la découverte  de la spiritualité comme une faculté naturelle dont la prise en compte est particulièrement cruciale pour l’enfance et pour l’adolescence. C’est une vision nouvelle dont nous savons bien qu’elle doit encore se frayer un chemin, notamment en France. Cette vision nous concerne tous. « Nous pouvons laisser nos enfants nous toucher, nous changer en nous rappelant qui nous sommes réellement. En tant que société, nous pouvons développer notre spiritualité collective en sachant que c’est vraiment une réalité importante. En étant ouvert à ces idées, ces valeurs et en étant conscient de la manière dont nous les vivons, nous pouvons changer notre monde. Cela commence avec chaque enfant et son droit de naissance : l’enfant spirituel » (p 348). C’est « une culture de l’amour ». Ensemble, nous pouvons créer « une culture inspirée » (p 348).

J H

  1. Lisa Miller. The awakened brain. Random House, 2021 . Présentation : https://vivreetesperer.com/the-awakened-brain/
  2. Lisa Miller. The spiritual child. The new science on parenting for health and lifelong thriving. St Martin’s Press, 2015. 374p
  3. David Hay. Something there. The biology of the human spirit. Longman, Darton and Todd, 2006. Présentation : « La vie spirituelle comme une conscience relationnelle. Une recherche de David Hay sur la spiritualité d’aujourd’hui » : https://www.temoins.com/la-vie-spirituelle-comme-une-l-conscience-relationnelle-r/
  4. Rebecca Nye. Children’s spirituality. What it is and why it matters. Church House publishing, 2009. Ce livre a été traduit et publié en français : Rebecca Nye. La spiritualité de l’enfant Empreinte, 2015. Présentation : L’enfant. Un être spirituel : https://vivreetesperer.com/lenfant-un-etre-spirituel/