par jean | Sep 2, 2020 | ARTICLES, Société et culture en mouvement |
Selon Haïm Korsia
« C’est par la faille que jaillit la lumière ». Cette phrase fut prononcée par, Haïm Korsia, grand rabbin de France, au cours d’une émission de grande écoute, qui énumérait les innombrables épreuves que la France traverse en cette période de pandémie. L’incurie de nos gouvernants était fortement évoquée.
Sa parole lumineuse et forte fait écho à toute une tradition judéo-chrétienne qui porte en elle cette certitude multiséculaire : la crise que nous traversons révèle notre faiblesse mais c’est peut-être là que se trouve la source d’une eau vive et d’une croissance intérieure inattendue. Pour Albert Camus aussi, la souffrance est un trou et la lumière vient de ce trou.
C’est aussi ce que dit, en chantant, le grand Leonard Cohen : « There is a crack in everything. That’s how the light gets in » De même, c’est ce qu’exprime Pierre Soulages avec l’outrenoir, ses grands tableaux couverts d’aplats de noirs qui jouent avec la lumière. À 100 ans, il offre la couverture de ce livre à son ami Haïm.
Il suffit parfois d’un angle de vue pour changer de monde et le monde. C’est à cela que nous invite Haïm Korsia. Il s’agit, nous dit-il, de reconstituer, maille après maille, le tissu de la société menacée par tout ce qui la délite, de la peur à la haine. Il nous invite à faire appel aux forces de l’imaginaire alliées à celles de la raison pour réinventer une société plus juste, réinventer les aurores. Il y a là, comme un manifeste contre l’indifférence, un plaidoyer pour la fraternité. En des termes simples et forts, il nous aide à penser une politique de la jubilation et du bonheur retrouvé.
Son projet politique pour aujourd’hui, est bien celui du retour à l’espérance. Nous y avons notre place : l’État ne peut pas tout. Il ne peut que ce que les citoyens sont prêts à faire. Le rêve d’une société heureuse implique des efforts collectifs et individuels.
Réinventer les aurores de la République. C’est bien de cela qu’il s’agit dans cet ouvrage qu’on a plaisir à lire. La langue est belle, simple et lumineuse. Ses propos reposent sur une connaissance fine, précise et lucide de la France d’aujourd’hui, celle qui souffre de la pandémie et du confinement, celle des Gilets jaunes et autres événements qui marquent notre quotidien aujourd’hui. Car, on se doit de « penser ce moment pour ce qu’il dit. Il y a là, un immense questionnement sur notre société, sur notre modèle, sur notre rapport à l’étranger, au pauvre, au réfugié, sur la violence des impératifs de performance et de rentabilité qui s’exercent sur nous et sur les autres au quotidien, sur le sens de notre existence. »
Si l’on refuse la passivité, au cœur de la nuit, il y a une espérance, une ouverture. C’est alors que des personnes différentes, d’horizons et de cultures différents, se sentent invitées à participer à une intelligence collective, enrichie de toutes ses pépites uniques et ainsi de refaire société. Il s’agit, en effet, d’échanger pour retrouver notre capacité à inventer de nouveaux possibles.
Son idée de la République est éclairée par son judaïsme profondément ouvert aux autres formes de spiritualité et de cultures. « Ce n’est pas le livre d’un Juif pour les Juifs, dit-il, mais la réflexion que peut offrir un homme porteur de la part juive de la France, s’adressant à l’ensemble de ses concitoyens. » Il nous donne, ainsi, sa vision de textes fondamentaux qui ouvrent sur une espérance active pour aujourd’hui. Grâce à lui, l’Exode, les Hébreux dans le désert, Moïse, prennent vie et nous éclairent.
Le rêve est au cœur du judaïsme, nous dit-il. Juif ou non juif, nous nous retrouvons tous à écouter sa parole, parce qu’elle repose sur un regard lucide, exigeant sur notre actualité. Son espérance nous incite à partir à sa suite, pour retrouver notre capacité à inventer de nouveaux possibles, notre rêve commun, un socle et un idéal, grâce auxquels, chacun accepte de rogner un tout petit peu sur ses propres privilèges – les farouches critiques de l’État diraient sur les libertés – au profit du bien commun.
L’erreur souvent est de ne voir que notre passé. « Il y a là, comme un vieillissement de l’âme, un manque de confiance d’une société dans son avenir. Ouvrons-nous aux nouvelles idées, aux nouveaux possibles. Car, il s’agit bien de trouver le souffle des premiers matins de la République. L’essentiel se joue dans la définition de notre désir commun de faire société. »
Le seul combat qui vaille est celui qui vise à un monde plus juste, plus ouvert sur l’altérité, en faisant appel aux forces de l’imaginaire alliées à celles de la raison pour réinventer une telle société. Il faut pour cela, « rassembler les étincelles de lumière de tous les peuples. » Il s’agit de permettre à des personnes différentes, d’horizons et de cultures différents de participer. Il est vital de multiplier les opinions, d’encourager une pensée divergente qui tourne le dos au nivellement par le bas de l’opinion publique.
Il faut oser imaginer un autre monde que celui qui nous est imposé. Le véritable enjeu de notre présent, c’est la réappropriation, par chacun, de son pouvoir. « Tout ce qui descend du haut vers le bas, sans consentement ni participation, sans explication ni tendresse, apparaît inacceptable. » Haïm Korsia encourage alors des pensées divergentes, militantes, comme celles de ce merveilleux film documentaire « Demain » de Cyril Dion et Mélanie qui présente de nombreuses initiatives dans le monde, répondant aux grandes questions sociales et écologiques du moment. « C’est local dans sa mondialité, optimiste, vivant, jouissif, parce que porteur d’espoir et de bonheur. »
Geneviève Patte
- Haïm Korsia. Réinventer les aurores. Fayard, 2020
Voir aussi :
« Le film demain » : https://vivreetesperer.com/le-film-demain/
« Pour des oasis de fraternité : https://vivreetesperer.com/pour-des-oasis-de-fraternite/
« Appel à la fraternité » :
https://vivreetesperer.com/appel-a-la-fraternite/
« Penser à l’avenir, selon Jean Viard »
https://vivreetesperer.com/penser-a-lavenir-selon-jean-viard/
par jean | Nov 2, 2019 | ARTICLES, Beauté et émerveillement, Emergence écologique |
« Un plan économique pour sauver la vie sur terre »
Selon Jeremy Rifkin
La menace du dérèglement climatique est aujourd’hui de plus en plus fortement ressentie. Elle engendre un grand désarroi. En effet, le danger paraît de plus en plus pressant. Alors la crainte commence à grandir. L’horizon se ferme. On envisage le pire. C’est le thème de l’effondrement. Sans aller jusqu’à cette extrémité, l’avenir paraît bien sombre. Cependant, l’alerte est donnée et les forces politiques, économiques et sociales se mobilisent. Quel enjeu ! Le temps presse !.
C’est un problème complexe. Pour l’aborder, il faut envisager l’évolution de notre économie dans son ensemble. C’est ainsi que procède l’approche de Jeremy Rifkin dans son nouveau livre : « Le New Deal Vert mondial » (1). Nous y voyons apparaitre une issue, un chemin.
Jeremy Rifkin n’est pas un inconnu (2). C’est un économiste américain engagé dans la prospective depuis trente ans. Ainsi est-il devenu un conseiller écouté auprès d’autorités politiques ouvertes au changement. Il milite aux Etats-Unis. Il est entendu en Chine. Il est très présent en Europe.
La troisième révolution industrielle.
En 2012, il publie un livre intitulé : « La Troisième Révolution Industrielle » (3). A l’époque, on commence à sortir de la crise économique qui a éclaté aux Etats-Unis et a bouleversé l’économie mondiale. Ce choc a entrainé un grand désarroi. Or, dans ce livre, Jeremy Rifkinnous apporte une vision d’ensemble qui éclaire le phénomène et ouvre un horizon. En nous y reportant, nous y voyons déjà une anticipation de la crise écologique actuelle et le début d’une réponse. En effet, Jeremy Rifkin analyse le phénomène en terme de révolution industrielle. Succédant à la grande émergence du XIXè siècle, une seconde révolution industrielle apparaît au XXè siècle.
Dans la seconde moitié de ce siècle, « la conjonction de l’électricité centralisée, de l’ère du pétrole, de l’automobile et des banlieues pavillonnaires a d’abord suscité un grand essor économique qui a pris fin dans les années 80 ». Cet essor s’est ralenti. On s’est appuyé alors sur l’épargne accumulée dans les décennies prospères et sur des pratiques de crédit facile. Cette ressource s’est épuisée et la crise a éclaté. Cette crise est issue de la décélération de la deuxième révolution industrielle. Poussé à l’excès, le mariage du pétrole abondant et de l’automobile a entrainé une hausse du prix du pétrole qui a provoqué un effondrement financier.
A ce stade, Jeremy Rifkin peut ajouter : « La facture entropique des première et deuxième révolutions industrielles arrive à échéance. Les conséquences de la quantité de dioxyde de carbone envoyée dans l’atmosphère terrestre se fait maintenant sentir et il en résulte une grave menace de changement climatique ». Ainsi, dès le début de cette décennie, l’auteur prévoit la crise climatique qui s’accélère aujourd’hui. Et, ayant posé le diagnostic, il commence à dessiner un avenir nouveau. « Au cours de mes investigations, j’ai fini par comprendre que les grandes évolutions économiques de l’histoire se produisent quand de nouvelles technologies de communication convergent avec de nouveaux systèmes d’énergie ». Or cette conjonction est en cours aujourd’hui. « Les technologies d’internet et les énergies renouvelables sont en voie de fusionner pour créer une puissante infrastructure nouvelle, celle de la troisième révolution industrielle qui va changer le monde ». Ainsi aujourd’hui, le nouveau livre de Jeremy Rifkin n’apparait pas soudainement. Il prend la relève d’une orientation déjà esquissée en accentuant la composante écologique.
Emergence d’une nouvelle économie : une économie verte numérique
« Les grandes transformations économiques de l’histoire ont un dénominateur commun. Elles reposent sur trois éléments dont chacun interagit avec l’autre pour que le système fonctionne comme un tout : un medium de communication, une source d’énergie, un mécanisme de transport » (p 23). Il se forme ainsi une infrastructure commune. La nouvelle économie du XXIè siècle est en train d’émerger. C’est « une économie verte numérique ». Aujourd’hui, « la communication internet numérique converge avec l’énergie internet numérique renouvelable alimentée par une électricité d’origine solaire et éolienne et l’internet de mobilité et de logistique numérique composé de véhicules autonomes électriques équipés d’une pile à combustible, alimentée par une énergie verte, outre une plateforme IdO ( internet des objets) présente dans le parc immobilier, commercial, résidentiel et industriel, le tout étant destiné à métamorphoser l’économie et la société du XXIè siècle » (p 24).
Toutes les composantes se relient les unes avec les autres. Il en résulte d’énormes avantages économiques. En appelant : « coût marginal de production », le coût de production d’une unité supplémentaire de biens ou de services, une fois que les frais fixes ont été absorbés (p 25), on va observer une baisse considérable de ces coûts. « Dans cette économie verte numérique, le coût marginal de certains biens et services sera proche de zéro ce qui obligera à un changement radical du système capitaliste ». L’auteur nous apporte de nombreux exemples. « la propriété cède le pas à l’accès… Les marges de certains biens et de certains services sont tellement « proches de zéro » que les profits ne sont plus viables… Partout dans le monde, de plus en plus de gens produisent leur propre électricité d’origine solaire et éolienne pour un usage hors réseau et/ou pour la vendre au réseau pour un coût marginal proche de zéro » (p 27).
De même que les deux premières révolutions industrielles ont requis la mise en place de grandes infrastructures, il en va de même pour la nouvelle économie. Et cela vaut dans tous les secteurs : communication, énergie, transports. Dans le court terme, les deux ou trois prochaines décennies, le travail va être considérable. Le développement de ces infrastructures requiert un engagement des pouvoirs publics. « La mise en place de l’IdO – internet de la communication, internet de l’énergie, internet de la logistique – va donner naissance à une dernière vague de travail qui durera une trentaine d’années » (p 31). Par la suite, à moyen et long termes, une quantité croissante de jobs vont migrer du secteur du marché à l’économie sociale et à l’économie de partage (p 31). Le secteur non lucratif est déjà en forte croissance.
Victoire des énergies renouvelables et reflux du CO2
Dans un contexte où la menace climatique se fait de plus en plus pressante, la question n’est pas seulement l’orientation suivie, mais la vitesse du processus. Or, sur ce point, Jeremy Rifkin nous apporte une bonne nouvelle, une nouvelle décisive. Les énergies solaires et éoliennes sont désormais « meilleur marché que les raffineries à gaz, les centrales à charbon et les réacteurs nucléaires les plus efficaces » (p 162). Et cet avantage compétitif va s’accroitre rapidement. « La production d’énergie solaire et éolienne suit une courbe de coût exponentielle nettement descendante, pas loin de la courbe exponentielle qu’a récemment connu l’industrie informatique… En 1977, le coût fixe par watt des cellules photovoltaïques par silicone utilisées pour les panneaux solaires étaient à 76 dollars. Aujourd’hui, il a chuté à moins de 50 centimes de dollar… L’impact des ces énergies vertes est impressionnant » (p 69-70). Plus les énergies renouvelables seront moins couteuses, plus les investissements financiers vont se détourner des énergies fossiles. Et les installations correspondant aux énergies traditionnelles vont se dévaloriser. En perdant de leur valeur, elles deviennent des « actifs bloqués ». L’énergie nucléaire est elle aussi dépassée (p 84).
« La rampe de sortie qui mène d’un système fondé sur les combustibles fossiles à un réseau fondé sur le solaire et l’éolien se manifeste quand ces derniers franchissent un cap de 14 à 16% de pénétration. Le cap a été franchi par l’Union européenne en 2017 » (p 130). Nous approchons ainsi d’un mouvement de bascule. Et tout indique que ce mouvement va intervenir dans les prochaines années. Ce sera un facteur majeur de réduction de CO2. Des analyses financières récentes montrent que l’effondrement de la révolution industrielle fondée sur les combustibles fossiles est imminente. Il pourrait se produire entre 2023 et 2030 puisque ce sont des secteurs essentiels qui se séparent de ces combustibles et qui reposent de plus en plus sur des énergies moins onéreuses, solaires, éoliennes et autres énergies renouvelables et sur les technologies zéro carbone qui les accompagnent (p 17).
Dans la confrontation avec la dérégulation climatique, nous vivons une course contre la montre. Alors la vision du processus en cours nous encourage vivement. « Les forces du marché sont en train de venir à bout de la civilisation des énergies fossiles… Les principales filières de l’économie – TIC/télécommunications, internet, électricité, transports, bâtiment – abandonnent ces combustibles pour investir dans les énergies renouvelables et ouvrent la voie à l’émergence de la troisième révolution industrielle. Certaines études ont fixé la date du point de bascule à 2023, d’autres à 2035. Si l’on compare les différents scénarios et les différentes projections, l’inflexion devrait avoir lieu à mi-chemin et l’effondrement de la civilisation des combustibles fossiles devrait se produire autour de 2028… En l’état, les forces du marché sont plus puissantes que les manœuvre des lobbies… J’ai toujours été critique vis à vis de certains aspects du capitalisme de marché. Sauf que, pour une fois, la disruption est elle que le marché fait figure d’ange gardien de l’humanité » (p 251). Mais cela ne suffira pas. « Construire une civilisation écologique à partir des cendres de la nôtre est une entreprise collective qui implique de mobiliser le capital public, le capital de marché et le capital social à tous les niveaux de gouvernance Elle implique aussi la participation de tout le corps politique » (p 251).
Les forces agissantes pour une économie verte décarbonée
Non seulement Jérémy Rifkin nous montre un processus qui nous amène à une réduction drastique de l’émission de CO2, mais il nous décrit les forces actuellement à l’œuvre pour l’avènement d’une nouvelle économie. Si les autorités politiques commencent à se mobiliser face à l’urgence de la menace climatique, on peut s’inquiéter de la lenteur de cette mobilisation, et pire du déni de certains dirigeants comme le président actuel des Etats-Unis. Expert souvent consulté à l’échelle mondiale, Jeremy Rifkin peut nous apporter un état de la situation. Globalement, celle-ci nous paraît meilleure qu’escomptée. L’Europe est en marche. La Chine réagit avec puissance. Les Etats-Unis sont en retard, handicapés par un président désastreux, mais en action vigoureuse dans certains états et dans certaines villes. « Je sais, pour avoir conseillé des dirigeants de l’Union européenne et de la Chine, que ces deux gouvernements ont adopté des politiques comparables pour réagir au changement climatique. Ils savent qu’ils ont mission de séparer chaque filière et chaque industrie de l’infrastructure de la dernière révolution industrielle pour la rattacher à celle de la troisième révolution industrielle » (p 240). « L’Union européenne est passée d’une longue liste de projets isolés à la volonté explicite d’une transformation économique et sociétale » (p 236). Et aujourd’hui, « la notion de civilisation écologique est au cœur de la politique intérieure de la Chine » (p 242). « La Chine est désormais le premier producteur de technologies solaires et éoliennes efficaces et peu coûteuses qu’elle a commencé à exporter dans le monde entier » (p 137).
Aux Etats-Unis, si le gouvernement fédéral est actuellement immobile, il y a des états et des villes très dynamiques dans ce domaine. 29 états ont adopté une législation nommée RPS (Renewable porfolio standards) qui veut qu’un certain pourcentage d’électricité soit issu d’énergies renouvelables. Certains gouverneurs sont en train de s’organiser pour que 100%de l’électricité soit issue de sources sans carbone (p 263). L’idée d’un New Deal vert gagne du terrain sur le plan politique.
Une nouvelle organisation politique
Jéremy Rifkin met l’accent sur le rôle décisif du marché dans la chute des énergies fossiles et la montée des énergies renouvelables. Mais ensuite il y a nécessité de réaliser de nouvelles infrastructures dans tous les domaines, par exemple dans la circulation de l’énergie. Et, là, les pouvoirs publics ont un rôle majeur et spécifique à jouer. De même que les énergies renouvelables se développent et sont exploitées au niveau local, de même, selon Jeremy Rifkin, la nouvelle économie est en phase avec une gestion décentralisée dans les régions. En Europe, Jeremy Rifkin conseille des expériences régionales, par exemple dans les Hauts-de-France. Ainsi, on n’attend plus des pouvoirs publics une intervention centralisée, mais la mise en place d’infrastructures permettant le développement coordonné de réalisations locales. Le New deal vert « sera centré sur des énergies renouvelables exploitées localement et gérées par des infrastructures régionales connectées entre elles au delà des frontières » (p 261). Ce sera une gestion participatives impliquant des « assemblées de pairs » constituées localement (p 266-267).
Pour une civilisation écologique
Dans ce livre, Jeremy Rifkin témoigne d’un immense savoir économique, sociologique, politique, à l’échelle internationale. Mais, c’est aussi, nous le savons par ailleurs, un homme de conviction qui affirme des valeurs. Ses convictions écologiques datent de loin (4), bien avant que cette question passe au devant de la scène. C’est un homme qui croit en la communauté humaine. Ainsi a-t-il écrit un livre remarquable sur l’empathie (5).
Ainsi, si cet ouvrage sur le New Deal Vert entre dans la technicité des rouages de l’économie, Jeremy Rifkin ne se réduit pas à une froide rationalité. Il participe à notre sensibilité écologique ; ainsi prend-il une distance critique par rapport à une apologie du progrès par Condorcet dans son « Esquisse des progrès de l’esprit humain ». « La vision de Condorcet est devenue emblématique dans ce qu’on appellera l’ère du progrès. Hélas aujourd’hui, nous savons ce qu’elle implique… vu les ravages provoqués par la civilisation des énergies fossiles. Rares sont ceux qui osent parler tout haut d’« ère du progrès » ou de perfectibilité de l’homme. Nous vivons à l’ère de la résilience et l’infrastructure du New Deal vert est conçue pour cette ère… Cette infrastructure implique une subversion de la conscience autant qu’une subversion de l’infrastructure » (p 117).
Le changement requiert une éthique personnelle et une éthique sociale. Ainsi, Jeremy Rifkin lance un « appel en faveur d’une politique des pairs et d’une gouvernance des communaux qui donneront le pouvoir à des communautés prenant en charge leur avenir alors que nous traversons une période très sombre de l’histoire de la terre. » (p 272).
« Nous avons cru que nous étions maitres de notre destin et que la terre était à notre disposition. Nous n’avions pas compris que la facture de l’entropie se paye par tout ce qui attente à la planète. Nous entrons dans une nouvelle ère, un nouveau paysage. L’âge de la résilience nous attend. L’acclimatation à cette nouvelle réalité planétaire est déterminante pour notre futur en tant qu’espèce. Il est temps de prendre conscience de la biosphère. Espérons que nous y arriverons à temps. Voilà le New Deal Vert auquel le crois » (p 272).
Une proposition majeure
La lecture de ce livre nous parait indispensable. C’est un livre majeur, indispensable pour nous situer dans le monde d’aujourd’hui à un moment où la question écologique est devenue centrale. Nous y apprenons à nous situer dans une histoire, à comprendre les processus en cours, et, conscient du péril, à découvrir un nouveau chemin. C’est dire combien ce livre est, à nous tous, nécessaire. Face à la peur, à la violence que celle-ci engendre, aux enfermements idéologiques qu’elle suscite, ce livre ouvre des pistes constructives. Il écarte le fatalisme, le catastrophisme aussi bien que le déni et l’immobilisme. On voit aussi combien l’intelligence permet d’éviter les étroitesses de vue et leurs conséquences. Parce qu’il ouvre l’espoir, ce livre permet et engendre la mobilisation. Aussi, à ce titre, évoquons-nous une parole d’espérance citée par Jürgen Moltmann à la fin d’un chapitre sur les catastrophes (6). C’est l’expression d’un poète allemand Friedrich Holderlin : « Au milieu du danger se développe le salut ».
J H
- Jeremy Rifkin. Le New Deal Vert Mondial. Pourquoi la civilisation fossile va s’effondrer d’ici 2028. Le plan économique pour sauver la vie sur terre. Les liens qui libèrent, 2019 Interview vidéo sur son livre : https://www.youtube.com/watch?v=d49ZHoClJf4
- Parcours de Jeremy Rifkin : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeremy_Rifkin
- Jeremy Rifkin. La Troisième Révolution Industrielle. Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde. Les Liens qui libèrent, 2012
- Mise en perspective : « Face à la crise : un avenir pour l’économie » : https://vivreetesperer.com/face-a-la-crise-un-avenir-pour-l’economie/
- Dès 1988, Jeremy Rifkin fait se rencontrer des scientifiques du climat et des militants écologistes de 35 pays à Washington pour une première réunion du Réseau mondial sur l’effet de serre (Wikipedia)
- Jeremy Rifkin. Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie. Les liens qui libèrent. 2010 A propos du livre de Jeremy Rikfin : https://www.temoins.com/vers-une-civilisation-de-lempathie-a-propos-du-livre-de-jeremie-rifkinapports-questionnements-et-enjeux/
- Jürgen Molttmann. De commencements en recommencements. Empreinte Temps présent, 2012 (p 69)
Plusieurs livres à lire parallèlement à ce livre :
Isabelle Delannoy. L’économie symbiotique. Régénérer la planète, l’économie et la société. Préface de Dominique Bourg. Actes Sud, 2017 Un livre essentiel qui, dans son originalité mettant l’accent sur les éco-systèmes du vivant, peut être lu en convergence avec celui-ci. Mise en perspective : « Vers une économie symbiotique » : https://vivreetesperer.com/vers-une-economie-symbiotique/
Jean Staune. Les clés du futur. Réinventer ensemble l’économie, la société et la science. Préface de Jacques Attali. Plon, 2015
Mise en perspective : « Comprendre la mutation actuelle de notre société requiert une vision nouvelle du monde » : https://vivreetesperer.com/comprendre-la-mutation-actuelle-de-notre-societe-requiert-une-vision-nouvelle-du-monde/
Thomas L Friedman. Thank you for being late. An optimist’s guide to thriving in the age of accelerations. Penguin Random House, 2015. Mise en perspective : « Un monde en changement accéléré » : https://vivreetesperer.com/un-monde-en-changement-accelere/
par jean | Jan 15, 2020 | ARTICLES, Beauté et émerveillement, Expérience de vie et relation, Vision et sens |
Un recueil d’œuvres peintes par Valérie Bitz
Valérie nous partage son expérience.
« Un désir est à la source de ce recueil : Rendre hommage à notre humanité chercheuse de chemins de vie !
Rejoindre les personnes qui se reconnaissent dans cette pâte humaine…. désireuses d’avancer !
Toucher notre sensibilité profonde, là même où elle conduit vers le cœur de soi, cet intime foyer vivant en chacun, où il pourra puiser!
A la genèse de ces œuvres, une fulgurance qui vous traverse, vous éblouit et en un instant, vous ouvre un chemin devant vous. Là, c’était le déclic suivant : Je suis de cette humanité qui marche, peine, erre, se relève,
en même temps que j’ai beaucoup reçu, de bien des personnes, de groupes et de milieux !
Je réalise alors que quelque chose en moi coule, se donne, déborde, pour d’autres! Vais-je retenir ou laisser circuler?
Ainsi est née la première peinture: «Je suis dans une chaine d’humanité».
D’autres suivront : plusieurs hommes, un à un, grandeur nature presque, par besoin de leur rendre leur dignité.
Qui voudra passer le relais ?
Hymne de tendresse pour des personnes en chemin
Il y a des textes, des poèmes, comme une proposition de voix et de vécus multiples.
Les peintures sont en craies de cire et acrylique, 100×50 cm
recueil disponible : 10€ + 2e si envoi postal
Valérie est peintre et accompagnatrice de vie.
Si vous êtes intéressé, veuillez contacter directement : Valerie Bitz, 06 89 06 77 10 – valerie.bitz.art@orange.fr
Articles de Valérie sur ce blog
Exprimer ce qu’il y a de plus profond en moi
https://vivreetesperer.com/exprimer-ce-qu’il-y-a-de-plus-profond-en-moi/
Des expériences de transcendance, cela peut s’explorer
https://vivreetesperer.com/des-experience-de-transcendance-cela-peut-sexplorer/
Apprendre à écouter son monde intérieur et à le déchiffrer. Pourquoi ? Pour qui ? https://vivreetesperer.com/apprendre-a-ecouter-son-monde-interieur-et-a-le-dechiffrer-pour-quoi-pour-qui/
Au cœur de nous, il y a un espace
https://vivreetesperer.com/au-coeur-de-nous-il-y-a-un-espace/
Le cadeau d’une intuition
https://vivreetesperer.com/le-cadeau-dune-intuition/
par | Déc 27, 2011 | ARTICLES, Expérience de vie et relation |
Nous ne sommes pas seuls.
Après deux décès dans ma famille proche, j’ai senti s’en aller une partie de moi. Partie que je savais ne pas pouvoir remplacer mais j’ai senti le besoin d’ouvrir mon coeur à plus de personnes, pour être plus entouré et pouvoir parler de ce qui m’arrivait.
J’ai profité d’un site permettant d’organiser des sorties paris.onvasortir.com. Adepte de course à pied, qui m’a toujours aidé pour penser à autre chose, me ressourcer, j’ai organisé un jogging. Le site propose donc la sortie à ceux qui veulent s’y joindre. Quelques personnes sont venues s’y ajouter et je reprogrammais la sortie chaque semaine.
De semaine en semaine, quelle ne fut pas ma joie de voir des personnes de toutes origines qui se rassemblaient pour le plaisir de courir ensemble… mais aussi pour le plaisir d’échanger avec d’autres.
Ce groupe qui s’est constitué est vraiment un groupe vivant : les personnes viennent… ou pas et crée plus de relation… ou pas avec d’autres personnes.
Voilà un tout cas un moyen très simple d’accéder aux autres : partager une sortie ensemble et se découvrir une affinité, une passion commune ou simplement partager un moment de convivialité.
Alain