Quel avenir pour le monde et pour la France ? / 3

Des raisons d’espérer.

Jean-Claude Guillebaud : Une autre vie est possible

Ce livre commence par un témoignage qui porte. En effet, grand reporter au « Monde », Jean-Claude Guillebaud a été confronté à de grandes catastrophes. Mais il n’a pas succombé à la tentation du désespoir. Il n’a pas baissé les bras. « Du Biafra (1969) à la Bosnie (1994), j’ai vu mourir et s’entretuer les hommes. En toute logique, cet exil consenti dans les tragédies du lointain aurait du faire de moi un tourmenté sans illusion sur la nature humaine… On attend de moi des propos sombres, voire un dégoût de la vie… Ce n’est pas le cas… Mon optimisme n’a pas « survécu » aux famines éthiopiennes, aux assassinats libanais ou aux hécatombes du Vietnam. Tout au contraire, il leur doit d’exister. Quand je me remémore ces années là, c’est l’énergie des humains, l’opiniâtreté de leur espérance, l’ardeur de leurs recommencements qui me viennent en tête… Des hommes continuaient à penser qu’au delà des souffrances et des dévastations, un demain demeurait possible. A cette espérance droite et forte s’ajoutait une solidarité instinctive, un réflexe d’entraide qui en était à la fois la cause et la conséquence » (p 22-23). Présumons que si l’auteur a su voir cette face de la vie, c’est que son regard était bien disposé pour le reconnaître. Aujourd’hui, sa réflexion s’est approfondie et il évoque pour nous des raisons d’espérer.

La manière dont nous vivons dépend largement de nos représentations. L’auteur évoque le concept de « représentations collectives » formulé par Emile Durkheim. Et pour lui, ces représentations collectives consistent en des convictions. « Elles appartiennent au registre de la croyance dans une acception large du terme » (p 110). Et c’est pourquoi dans les raisons d’espérer, nous reprendrons ici en premier la pensée de l’auteur. Dans le chapitre consacré à la vision du futur telle qu’elle apparaît dans la Bible hébraïque et chez les prophètes juifs. « Souviens-toi du futur ! », cette injonction est empruntée au quatrième commandement (Deutéronome 25. 17-19). « Se rappeler le futur, c’est ne pas oublier que nous sommes en chemin vers lui, en marche vers un avenir dont nous pensons qu’il sera meilleur » (p 165). « Ainsi l’espérance a une histoire. Et l’histoire elle-même a une histoire ». D’une certaine manière, elle se fonde sur la parole des prophètes juifs. « Le messianisme des prophètes a brisé net avec la représentation circulaire du temps des grecs et des orientaux… L’histoire des hommes ne doit plus se vivre comme calquée sur la circularité du cosmos. Elle s’enracine dans un passé, une mémoire, une tradition et se déploie vers un futur, un projet, un dessein individuel ou collectif » (p 166) ». De l’adaptation au monde postulée par les diverses formes de la sagesse grecque, on passe à une action volontaire pour réparer le monde. Ce dernier a une histoire. La méchanceté qu’il porte en lui n’est ni fatale, ni inguérissable. La tâche des humains est de ne plus abandonner le monde aux méchants, c’est à dire aux plus forts et aux plus riches » (p 167). Jésus déclare heureux ceux qui placent au centre de leur vie le souci de la justice ». L’espérance chrétienne s’inscrit dans le sillage de la Bible juive. Dans la religion instituée, elle a souvent été négligée sous l’influence de l’installation de l’Eglise dans l’empire terrestre ou d’une évasion de l’âme inspirée par la philosophie grecque. Ainsi, sans la citer, la pensée de Jean-Claude Guillebaud rencontre celle de Jürgen Moltmann dans sa refondation d’une théologie de l’espérance (1). Jürgen Moltmann, comme l’auteur, se référent au « maître livre » du philosophe Ernst Bloch, « Le principe espérance » (p 16). Le concept laïque de progrès théorisé par Condorcet dans son « Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain » (1975) s’inscrit dans une conception de l’histoire qui va du passé à l’avenir. Par la suite, une dérive est intervenue. « Le concept d’histoire a été absolutisé… Le messianisme originel a été travesti par le communisme qui a engendré la violence et les massacres qui en ont résulté ». Il y a bien une « tentation de l’impatience ». Au contraire, l’espérance chrétienne fait toute sa place à l’attente » (p173).

Cette attente implique un sens de l’écoute et de l’observation. Et aujourd’hui, cette disposition d’esprit nous permet de percevoir la grande mutation dans laquelle nous sommes engagés. « Un changement radical est bel et bien à l’oeuvre, un de ces basculements comme il s’en produit une ou deux fois par millénaire, et peut être moins souvent encore… » (p 121). Jean-Claude Guillebaud est bien placé pour nous en parler, car, au milieu des années 1980, quittant le journalisme pour devenir éditeur et s’occuper de sciences humaines, il a voulu analyser, l’une après l’autre, les mutations bien réelles qui nous « embarquent » (p 121). Ainsi a-t-il écrit huit livres à ce sujet. « De 1995 à 2012, ces dix sept années de travail, de lecture et d’écriture m’ont convaincu d’une chose : la métamorphose que nous vivons est prodigieuse » (p 121). Et, comme les transmutations en cours sont porteuses à la fois de menaces et de promesses, « notre devenir dépend de notre discernement, puis de notre détermination… L’avenir, en somme, a besoin de nous… Nous sommes appelés à une espérance engagée » (p 122).

Si les mutations en question se mêlent, et, invisiblement, se conjuguent, Jean-Claude Guillebaud en dénombre cinq : « Une mutation géopolitique : le décentrement du monde ; une mutation économique : la mondialisation ou globalisation ; une mutation qui touche à la biologie : le pouvoir d’agir directement sur les mécanismes de la vie ; une mutation induite par les technologies  les plus avancées : la révolution numérique ou informatique ; et enfin la prise de conscience écologique. « Partout, autour de nous, un monde germe » et comme l’auteur intitule ce chapitre, « cet autre monde respire déjà ».

C’est le moment de voir plus grand, plus loin, d’inscrire notre réflexion dans la longue durée. Nous pourrons alors percevoir des évolutions positives, et, à partir de là, adopter un regard nouveau et évaluer différemment les situations. Ainsi, nous dit l’auteur, contrairement à ce qu’on peut imaginer à partir du bruit médiatique, les historiens nous montrent que le niveau de violence n’a cessé de diminuer dans nos sociétés » (p 191).

Et les démentis apportés au « paradigme du pessimisme », à « l’inespoir dominant », ne viennent plus seulement des milieux « humanistes ». « Ils prennent source sur le terrain des sciences expérimentales ». « Quantité d’universitaires et de chercheurs s’intéressent aujourd’hui à des expériences qui remettent en cause la vision pessimiste des institutions humaines. Des réalités jamais prises en compte auparavant sont aujourd’hui examinées de près, y compris de manière scientifique ; plaisir de donner, préférence pour l’action bénévole, choix productif de la confiance, dispositions empathiques du cerveau, stratégies altruistes, importance du don dans le fonctionnement de l’économie… » (p 203). Nous rejoignons la pensée de Jean-Claude Guillebaud puisque ces recherches ont souvent été présentées dans ce blog : « Vivre et espérer » (2), notamment le livre de Jérémie Rifkin sur l’empathie et celui exprimant sa vision d’une nouvelle économie, le livre de Jacques Lecomte sur la bonté humaine ou encore la réflexion de Michel Serres dans « Petite Poucette »… Et nous partageons la même vision que l’auteur lorsqu’il écrit : « A l’intérieur d’un groupe humain, la confiance partagée est plus productive que la défiance généralisée… Le meilleur atout dont puisse disposer une économie nationale, c’est la cohésion sociale. Or cette dernière est rendue possible grâce à deux ingrédients immatériels : un sentiment de justice et un degré minimal de confiance. L’un comme l’autre sont inatteignables des lors que prévaut une vision dépréciative de l’être humain » (p 206).

Jean-Claude Guillebaud se confronte aux réalités de notre temps. Il ne méconnaît pas les dangers. Mais il reprend en conclusion un vers de Friedrich Holderlin : « Quand croît le péril, croît aussi ce qui sauve ». « Pour une communauté comme pour un individu, l’espérance n’est pas seulement reçue, elle est décidée » (p 214).

Une vision à partager

Plaidoyer passionné pour l’espérance, ce livre nous apporte également un éclairage visionnaire, car l’espérance n’est pas seulement mobilisatrice, elle ouvre le regard.

Jean-Claude Guillebaud nous propose un horizon pour notre devenir social. Pour nous, cette approche rejoint sur beaucoup de points celle du théologien de l’espérance, Jürgen Moltmann auquel nous avons souvent recours sur ce blog : Vivre et espérer.

Jean-Claude Guillebaud évoque le pessimisme qui règne dans certains milieux. Cet état d’esprit traduit un désarroi collectif. Mais cette inquiétude est-elle seulement un effet de la crise du progrès ? Ne traduit-elle pas aussi un trouble existentiel, avoué ou non, en rapport avec une incertitude sur la destinée personnelle ? Quoiqu’il en soit, pour nous, pour d’autres, une espérance qui se limiterait à animer une démarche sociale et politique n’est pas suffisante.

Nous avons exprimé cette pensée dans une forme poétique :

« O temps de l’avenir, brillante cité terrestre

A quoi servirait-il que nous te construisions

Si nos yeux devaient à jamais mourir

Et dans les cimetières nos corps pourrir

Comme tous ceux qui sont morts avant nous…

A quoi serviraient-ils les lendemains qui chantent

Si tous vos cimetières recouvraient la terre… » (3)

Ainsi, pour nous, l’espérance requiert un fondement qui nous permette de la vivre à la fois sur un registre personnel et dans une vision collective. La théologie de l’espérance selon Jürgen Moltmann répond à ces questionnements en proclamant, en Christ ressuscité, la victoire de la vie sur la mort : « La théologie de la vie doit être le cœur du message chrétien en ce XXIè siècle. Jésus n’a pas fondé une nouvelle religion. Il a apporté une vie nouvelle dans le monde et aussi dans le monde moderne. Ce dont nous avons besoin, c’est une lutte partagée pour la vie, la vie aimée et aimante, la vie qui se communique et est partagée, en bref la vie qui vaut d’être vécue dans cet espace vivant et fécond de la terre » (4).

Ainsi l’espérance nous permet d’envisager notre existence personnelle et celle des autres humains, comme une vie qui ne disparaît pas avec la mort (5) et donc qui peut être perçue aujourd’hui en terme « de commencements en recommencements (9). Et, dans le même mouvement, nous sommes appelés à participer dans l’espérance à la mutation sociale et culturelle dans laquelle nous sommes engagés. Nous suivons le fil conducteur de l’Esprit : « L’ « essence » de la création dans l’Esprit est la « collaboration » et les structures manifestent la présence de l’Esprit dans la mesure où elles manifestent « l’accord général » (6).

C’est dans cette inspiration que nous lisons le livre de Jean-Claude Guillebaud. Il y a dans cet ouvrage un mouvement de vie, une dynamique où la réflexion et le vécu sont associés. « L’espérance est lucide, mais têtue. J’y repense chaque matin à l’aube, quand je vois rosir le ciel au dessus des toits de Paris ou monter la lumière derrière la forêt, chez moi, en Charente… L’espérance a partie liée avec cet infatigable recommencement du matin. Elle vise l’avenir, mais se vit aujourd’hui… » (p 15). Ce livre nous entraîne. Il éclaire notre chemin. Ensemble, nous pouvons partager cette vision : « Une autre vie est possible ».

Jean Hassenforder

Suite de :

Quel avenir pour le monde et pour la France ? / 1 : Choisir l’espérance, c’est choisir la vie.

Quel avenir pour le monde et pour la France ? / 2 : La montée du pessimisme et de la négativité.

 

(1)            La vie et la pensée de Jürgen Moltmann : « Une théologie pour notre temps » http://www.temoins.com/etudes/une-theologie-pour-notre-temps.-l-autobiographie-de-jurgen-moltmann/toutes-les-pages.html  La pensée théologique de Jürgen Moltmann est présenté sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » http://www.lespritquidonnelavie.com/

(2)            Sur ce blog : « la force de l’empathie » https://vivreetesperer.com/?p=137 . « Face à l’avenir. Un avenir pour l’économie. La troisième révolution industrielle » https://vivreetesperer.com/?p=354  « La bonté humaine » https://vivreetesperer.com/?p=674  « Une nouvelle manière d’être et de connaître . « Petite Poucette » de Michel Serres » https://vivreetesperer.com/?p=820. Le magazine : Sciences humaines a présenté la prise en compte des orientations positives dans les recherches actuelles. « Quel regard sur la société et sur le monde » https://vivreetesperer.com/?p=191

(3)            Sur ce blog : « les malheurs de l’histoire . Mort et résurrection » https://vivreetesperer.com/?p=744

(4)            « Sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : « la vie contre la mort » http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=841

(5)            Sur ce blog : « Une vie qui ne disparaît pas » https://vivreetesperer.com/?p=336 « Sur la terre comme au ciel » https://vivreetesperer.com/?p=338

(6)            Citation (p 25) extraite du livre : Moltmann (Jürgen). Dieu dans la création . Traité écologique de la création, Seuil, 1985. Sur ce blog : « Dieu suscite la communion ». https://vivreetesperer.com/?p=564.

Une vie intérieure qui croît et que rien ne peut détruire

Face à un danger d’accident, une expérience rapportée par Odile Hassenforder (« Sa présence dans ma vie »).

 

Quelques années après la transformation engendrée par le vécu d’une guérison dans l’Esprit et accompagnée par une lecture régulière et inspirée de la parole biblique, Odile nous rapporte l’expérience d’un risque d’accident et les sentiments et les pensées que cet incident a suscité en elle.

En Christ, son être intérieur est désormais en sûreté, dans un ressenti d’intégrité et de confiance. Elle constate également les effets de sa fréquentation des textes bibliques dans l’inspiration de l’Esprit. «La Bible n’est pas une simple histoire à comprendre intellectuellement ou à adopter comme modèle de conduite. C’est beaucoup plus que cela et autre chose… J’ai découvert qu’elle est semence. Je demande à L’Esprit de faire germer cette semence en moi. Je n’en vois les fruits que lorsqu’il y a corrélation avec la réalité concrète… Je réalise l’importance pour moi de me laisser imprégner par les Ecritures pour devenir ce sarment accroché à la vigne dont Jésus est le cep… ».       

 

La nuit est noire. Il pleuvait…

 

La nuit est noire. Il pleuvait. Un chapelet de feux rouges devant moi. Je suis emportée dans le flot des voitures. Il est tard et l’étape est encore loin.

Je regarde le compteur : 140. J’ai un coup au cœur. Une angoisse m’assaille. Un moindre incident, un petit coup de volant pour éviter une pierre ou une voiture qui change de file et j’envoie la famille dans les décors. En un éclair, j’envisage le pire : un enfant qui peut rester orphelin. Tout en prenant instinctivement une allure plus raisonnable, une conviction intérieure m’apaise. J’ai confié mon fils au Seigneur, j’ai confiance : il ne sera pas « cassé ». Cette expression voulait dire pour moi qu’il ne connaîtrait pas, comme je l’avais connue, la destruction de l’être, car Dieu est en lui. Même orphelin, il aurait cette vie intérieure qui le ferait rebondir.

 

Plus rien ne peut m’atteindre. Le Seigneur ne m’abandonne pas

 

Cette conviction m’a tellement imprégnée qu’elle fait partie de mon être : la vie, qui, malgré les apparences visibles, ressurgit pour demeurer éternellement. Je reconnais là que la Parole de Dieu est bien une semence qui a poussé sans que j’y prenne garde, jour et nuit, et qui, à cet instant, porte ses fruits. Au moment de l’événement, il ne m’est pas revenu à l’esprit telle ou telle parole de Jésus en tels versets bibliques, mais une réalité intérieure imprégnée en moi. J’étais dans l’état d’esprit du salut éternel apporté par Jésus. Plus rien ne peut m’atteindre. Le Seigneur ne m’abandonne pas moi et ma maison.

 

La Bible est une semence. Je demande à l’Esprit de faire germer cette semence en moi…

 

         Ainsi la Bible n’est pas une simple histoire à comprendre intellectuellement ou à s’imprégner comme modèle de conduite. C’est beaucoup plus que cela et autre chose. Avant d’avoir découvert l’action de l’Esprit en moi, je cherchais dans les évangiles, que j’avais lus en entier, une conduite à suivre. Je m’appliquais à suivre une morale qui me paraissait supérieure aux conduites humaines. C’était une nourriture extérieure à moi que j’essayais de digérer au mieux. J’ai découvert depuis qu’elle est semence. Je ne comprends pas toujours, mais avant de lire les Ecritures, je me mets en état de réceptivité. Je demande à l’Esprit de faire germer cette semence en moi. Je n’en vois les fruits que lorsqu’il y a une corrélation avec la réalité concrète que je vois. Il y a alors expérience de la vie de Dieu en moi. Il peut se passer des mois, des années entre telle lecture et la réalisation de sa signification. Elle devient signifiante pour moi à l’expérience. Dans ce laps de temps, la graine a germé sans que je m’en aperçoive.  Elle devient un arbre qui peut porter ainsi beaucoup de fruits. C’est pourquoi je réalise l’importance pour moi de me laisser imprégner par les Ecritures pour devenir ce sarment rattaché à la vigne dont Jésus se dit la plante. « Je suis la plante de vigne, vous êtes les branches. Celui qui demeure uni à moi et à qui je suis uni, porte beaucoup de fruit (le fruit de l’Esprit), car vous ne pouvez rien faire sans moi » (Jean 15.5). Cette union à Jésus, pour moi aujourd’hui, se réalise dans la lecture des Ecritures qui deviennent signifiantes à l’événement vécu antérieurement ou ultérieurement, dans la prière qui est don de soi, réceptivité et louange, et enfin dans la vie qui est parfois interrogation, attente de signification, parfois vision du sens vital.

 

Odile Hassenforder

 

Ce texte est extrait d’un chapitre du livre : « Sa présence dans ma vie » (p 47-48) : Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Empreinte, 2011. Ce livre a été présenté sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html. Le témoignage et la pensée d’Odile Hassenforder apparaissent dans plusieurs articles de ce blog.

Espérer, c’est voir l’amour divin à l’œuvre

Dans un temps où l’on a souvent du mal à trouver des raisons d’espérer, ceux qui mettent leur confiance dans le Dieu de la Bible ont plus que jamais le devoir de « justifier leur espérance devant ceux qui (leur) en demande compte » (1 Pierre 3,15). A eux de saisir ce que l’espérance de la foi contient de spécifique, pour pouvoir en vivre.

 

Or, même si, par définition, l’espérance vise l’avenir, pour la Bible elle s’enracine dans l’aujourd’hui de Dieu. Dans la Lettre 2003, frère Roger le rappelle : « (La source de l’espérance) est en Dieu qui ne peut qu’aimer et qui nous cherche inlassablement » (1)

 

Dans les Ecritures hébraïques, cette Source mystérieuse de la vie que nous appelons Dieu se fait connaître parce qu’il appelle les humains à entrer dans une relation avec lui : il établit une alliance avec eux. La Bible définit les caractéristiques du Dieu de l’alliance par deux mots hébreux : hased et emet (par ex : Exode 34,6 ; Psaume 25,10 ; 40, 11-12 ; 85, 11). En général, on les traduit par « amour » et « fidélité ». Ils nous disent, d’abord, que Dieu est bonté et bienveillance débordantes pour prendre soin des siens et, en deuxième lieu, que Dieu  n’abandonnera jamais ceux qu’il a appelés à entrer dans sa communion.

 

Voilà la source de l’espérance biblique. Si Dieu est bon et s’il ne change jamais son attitude ni ne nous délaisse jamais, alors, quelles que soient les difficultés –si le monde tel que nous le voyons est tellement loin de la justice, de la paix, de la solidarité et de la compassion- pour les croyants, ce n’est pas une situation définitive ; dans leur foi en Dieu, les croyants puisent l’attente d’un monde selon la volonté de Dieu ou, autrement dit, selon son amour.

 

Dans la Bible, cette espérance est souvent exprimée par la notion de promesse. Quand Dieu entre en rapport avec les humains, cela va de pair en général avec la promesse d’une vie plus grande. Cela commence déjà avec l’histoire d’Abraham : « Je te bénirai, dit Dieu à Abraham. Et par toi se béniront toutes les familles de la terre » (Genèse 12, 2-3).

 

Une promesse est une réalité dynamique qui ouvre des possibilités nouvelles dans la vie humaine. Cette promesse regarde vers l’avenir, mais elle s’enracine dans une relation avec Dieu qui me parle ici et maintenant, qui m’appelle à faire des choix concrets dans ma vie. Les semences de l’avenir se trouvent dans une relation présente avec  Dieu.

 

Cet  enracinement dans le présent devient encore plus fort avec la venue de Jésus le Christ. En lui, dit Saint Paul, toutes les promesses de Dieu sont déjà une réalité (2 Corinthiens 1,20).  Bien sûr, cela ne se réfère pas uniquement à un homme qui a vécu en Palestine il y a deux mille ans. Pour les chrétiens, Jésus est le Ressuscité qui est avec nous dans notre aujourd’hui . « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin de l’âge » (Matthieu 28.20.

 

 

Un autre texte de saint Paul est encore plus clair.

« L’espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné » (Romains 5, 5). Loin d’être un simple souhait pour l’avenir sans garantie de réalisation, l’espérance chrétienne est la présence de l’amour divin en personne, l’Esprit Saint courant de vie qui nous porte vers l’océan d’une communion en plénitude.

 

Texte publié sur le site de Taizé

 

(1)            Cette réflexion sur l’espérance chrétienne est la première partie d’un texte sur l’espérance publié sur le site de Taizé : http://www.taize.fr/fr_article1080.html  .  Nous avons pensé la comuniquer sur ce blog, car elle est formulé en termes très accessibles, et nous y trouvons une consonance avec certains accents de la théologie de l’espérance qui est proposée par Jürgen Moltmann et appréciée dans ce blog . Les accentuations en gras ont été ajoutées par l’animateur de ce blog.

Bonté et beauté en partage

http://www.helenexley.fr/home/wp-content/uploads/2016/12/Messages-damour-Un-cadeau-%C3%A0-colorier_9782873889036.-450x450.jpgLes petits livres Exley (1)

Oui, dans ce monde troublé où le mal se fait beaucoup voir, nous avons besoin d’entendre des voix positives, celles qui nous parlent de bonté, de beauté et de vérité. Lorsque l’ombre se propage, nous avons besoin de regarder vers la lumière et d’y trouver réconfort pour notre cœur et encouragement pour notre conduite. Dans tout ce qui peut paraître chaotique, nous avons besoin de points de repère qui nous rappellent les va         leurs fondamentales. En s’adressant jadis aux chrétiens de Philippes (Epître aux Philippiens 4/8), Paul leur écrivait : « Que tout ce qu’il y a de vrai, de noble, d’honorable, ce qui a une réelle valeur et ce qui est juste, pur et digne d’être aimé, occupe vos esprits. Tendez vers tout ce qui s’appelle vertu et mérite louange ». Ces paroles peuvent être entendues par tous ceux qui, aujourd’hui, savent ou pressentent que la voix de la conscience est aussi le chemin du bonheur.

 

Les livres cadeaux Exley

Les livres cadeaux, signés Helen Exley, répondent à ces aspirations. Car ils apportent des paroles de sagesse capables d’inspirer un genre de vie. Et ils sont là pour être partagés, échangés dans des gestes d’amitié. « Vos pensées, si pleinement chargées de sens, si émouvantes dans les mots et dans les sentiments, sont un secret de bonheur et de paix » écrit ainsi une lectrice. « Nous ne finirons jamais de les méditer et de les approfondir. Ce sont d’infinis trésors d’amour et de sagesse. Elles nous permettent de nous relever, de rouvrir les yeux sur un nouvel horizon, de sortir de nos découragements, de nos peurs, de nos révoltes, de garder grandeur et dignité et de nous attacher à rechercher les valeurs essentielles de la vie ». (Emmanuelle Z).

Ecoutons ce que nous dit Helen Exley sur la manière dont elle crée les livres paraissant dans ses collections. « Je pense à toutes celles et à tous ceux qui liront les citations que je rassemble. La radio joue en sourdine. Je m’assieds de façon à pouvoir regarder les arbres et le jardin. Ce sont les arbres, surtout, qui me donnent le sens de la beauté, la certitude d’appartenir au monde. Les citations m’interpellent à titre personnel. Je les dispose en fonction de mes émotions et de mes sentiments. Je les lis toutes pour choisir le plus exactement l’idée voulue. Je ne choisis pas une citation en fonction de son auteur. Je choisis celle qui traduit le mieux une émotion ».

Effectivement, les citations proviennent d’auteurs très variés quant à l’époque, la nationalité, l’activité, la sensibilité religieuse ou philosophique.

Reportons-nous par exemple au petit livre : « Parlez-moi de joie ». En voici quelques citations.

« Comme c’est merveilleux, absolument merveilleux, je le redis, vraiment merveilleux ; ensuite vient l’allégresse muette » (William Shakespeare 1564-1616).

« La joie est le fruit naturel d’un cœur brûlant d’amour » (Mère Thérésa 1910-1997).

« Etre capable de trouver sa joie dans la joie de l’autre : voilà le secret du bonheur » (Georges Bernanos 1888-1948).

« Ce que je vis fut l’allégresse générale : chaque chose semblait renvoyer le même sourire au monde » (Dante 1265-1321).

« Lorsque tu atteindras le cœur de la vie, tu trouveras la beauté en toute chose » (Kahlil Gibran 1883-1931).

« Le soleil ne luit pas pour deux ou trois arbres, mais pour la joie du monde entier » (HenryWard Beecher).

« Les justes jubilent devant la face de Dieu. Ils exultent et dansent de joie » (Psaume 68).

« Avant tout, n’oublions pas qu’un acte de bonté est en lui-même un acte de bonheur. C’est la fleur d’une longue vie intérieure de joie et de contentement » (Maurice Maeterlinck 1862-1949).

 

Des collections porteuses de valeurs.

A travers ces extraits, nous voyons combien la recherche de sens est première. Et, comme l’éventail des collections en témoigne, cette recherche de sens porte des valeurs.

En effet, certains thèmes sont privilégiés. Ce sont les sentiments d’affection qui s’expriment dans toute la gamme des relations familiales : époux, parents, enfants, grands parents…et aussi des événements familiaux : mariages, naissances, anniversaires. Quelques titres : Ma fille, ma joie. Un bébé, quel bonheur ! Mères et filles. Les grands mères. A mon cher papa. Et, sur un registre comparable, l’amitié est exaltée dans de nombreuses parutions. Bref, la relation est au premier plan.

Une grande attention est portée également aux qualités de l’être, aux vertus, à la profondeur de l’existence : les valeurs : lumière de la vie. Sagesse pour notre temps. Parlez-moi de bonté, de beauté, de simplicité, de compassion, de courage, d’espoir, de joie…

Plus généralement, il y a ici la proposition et la recherche d’un genre de vie s’exprimant dans la profondeur et l’harmonie : La grâce du moment présent. Prendre le temps de vivre. Suivre son chemin. Le bonheur existe.

Dans ces collections, on parle aussi de diverses occupations, source de bien être : les sports, les animaux domestiques…

Quelle agréable diversité ! Quelle fraîcheur aussi dans l’expression ou l’humour est bien présent !

Ces livres se caractérisent également par la qualité de leur présentation. Chaque citation est accompagnée par une photo, un dessin, une aquarelle, une reproduction d’œuvre d’art. Il y a vraiment une recherche de la beauté des formes dans des styles qui se diversifient actuellement en fonction de l’évolution des sensibilités. L’éditeur a acquis un savoir faire qui permet l’expression de la pensée dans un écrin ou se conjuguent la beauté de l’illustration et une ingéniosité technique particulièrement à l’œuvre dans certaines collections comme les tout-petits-livres.

 

L’inspiration biblique et la sagesse des nations.

Au départ de cette présentation, nous avons évoqué une parole de Paul dans l’épître aux Philippiens (Phil 4/8). Paul adopte et met en valeur le positif de son environnement culturel.

Dans une introduction à la lecture de la Bible (2), un grand bibliste britannique, N.T.Wright, montre comment le Nouveau Testament se développe dans une relation de dialogue avec la culture de l’époque. Si un tri est à opérer, les valeurs positives sont retenues et mises en valeur. Dans l’épître aux Romains, « Paul peut reconnaître un lien profond entre les perceptions du bien et du mal qui existe dans le monde et celles auxquelles l’Eglise chrétienne peut adhérer » (4).

La même réalité est observable dans l’Ancien Testament.

Pasteur baptiste, engagé dans la Société Biblique britannique, David Spriggs a publié un article remarquable sur cette question (5).

Il y montre l’importance des textes de sagesse dans l’Ancien Testament : Proverbes, Job, Ecclésiaste, mais aussi : Psaumes, Ruth, l’histoire de Joseph… « A travers la tradition biblique, il est juste de considérer la sagesse comme une des voies principales dans laquelle Israël reconnaissait ses liens avec les cultures environnantes et essayait d’en explorer les implications…  La sagesse hébraïque n’est pas une création isolée en Israël. Au contraire, elle s’inscrit dans une grande tradition intellectuelle qui a été élaborée pendant des siècles à travers les pays du Croissant Fertile ».

Il se trouve qu’au XIXè siècle, nous dit David Spriggs, l’importance de la sagesse dans l’Ancien Testament a été de plus en plus méconnue. A cette époque, dans l’environnement du positivisme, on s’est éloignée d’une théologie de la création. L’accent a été mis sur l’histoire. On s’est attaché à ce qui était unique dans la foi d’Israël, et finalement, cette particularité est devenue le principal indicateur de la Révélation. L’approche de la sagesse a ainsi été marginalisée. Et, dans le même temps, on a surévalué tout ce qui différenciait la religion chrétienne par rapport à ce qui est fondamentalement humain à l’intérieur d’une bonne société.

David Spriggs nous rappelle que, pour Israël, le fondement de la sagesse réside dans la création. Dieu a créé le monde entier et tous les peuples du monde. Le monde lui appartient et ainsi « les structures profondes qui sous-tendent une vie réussie, tant sur le plan personnel et familial que sur le plan communautaire et international, sont inscrites par Dieu dans le monde… Bien qu’il y ait là une réalité mystérieuse, ces structures (la manière dont les choses marchent le mieux) sont plus ou moins accessibles à celui qui est à leur recherche. Ceux qui connaissent Dieu à travers une Révélation spéciale (c’est à dire dans l’Ancien Testament, les Israélites) seront en principe davantage capables de percevoir avec clarté les marques de Dieu dans les structures de la vie ordinaire. D’où la pensée que la révérence pour Dieu est le commencement de la sagesse. Dans cette perspective, la sagesse devient un pont entre le peuple particulier d’Israël marchant dans son alliance avec Dieu et les autres peuples ».

Cette analyse éclaire la situation d’aujourd’hui. La perte de la dimension biblique de la sagesse  a des conséquences sensibles. Elle va de pair avec une surestimation des différences entre l’Eglise et la société environnante et, en conséquence, une séparation croissante entre ces deux univers. Dans cette perspective, certaines communautés chrétiennes s’enferment dans un univers religieux plutôt que de s’engager dans la société en réponse à l’appel d’en être le sel et la lumière. La sagesse présente dans la Bible est là pour nous aider à nous engager dans la vie humaine ordinaire. Elle donne la capacité de trouver et de suivre la voie de Dieu dans un monde difficile et aussi d’aider les autres à découvrir cette voie.

 

Les petits livres Exley . Un apport spirituel.

Cette réflexion biblique nous dit combien la sagesse est précieuse.

Les choix des collections Helen Exley ne sont évidemment pas la conséquence d’une orthodoxie religieuse. Mais des chrétiens peuvent y reconnaître des valeurs avec lesquelles ils sont en affinité. Ces livres nous parlent de sagesse dans une vie humaine ordinaire. On peut y voir une action de l’Esprit en train de construire des ponts et de susciter l’émergence d’une sagesse, à partir de différentes cultures et d’un vaste ensemble de pensées issues d’une littérature internationale.

Jésus nous donne un critère de discernement : juger l’arbre à ses fruits. Manifestement, ces livres contribuent à une élévation de la pensée. Ils encouragent. Ils réconfortent. Ils incitent à aimer. Bien sûr, il appartient au lecteur d’évaluer, pour lui–même,  les paroles reçues, d’exercer un discernement. Mais il y a dans ces collections un éclairage à ne pas ignorer. Voilà des ressources qui correspondent aux aspirations de personnes engagées dans une quête spirituelle. Et elles sont disponibles pour exprimer un geste d’amitié. Quel cadeau !

J H

(1)            Site internet : www.helenexley.fr  Voilà plus de trente ans que, depuis l’Angleterre, Helen Exley crée de « beaux-petits-livres-cadeaux » : recueils de citations, de petits textes courts de paroles de sagesse ou livres d’humour. Depuis vingt ans, en collaboration avec Helen Exley, ces livres sont adaptés en langue française, enrichis par des textes francophones et diffusés par une maison d’édition belge. Une partie du catalogue accessible sur le site.

(2)             N.T.Wright. Scripture and the authority of God. SPCK. 2005.

« The New Testament stands in dialogical relation with all human culture ». (p.43-44).

(3)            David Spriggs. The Bible as wisdom today : a key to cultural engagement ? The Bible in Transmission, summer 2004, p.13-15.

Guérison, libération. La vie d’Odile Hassenforder a changé

Une expérience fondatrice dans  la mouvance de l’Esprit.

 

Dans le désarroi existentiel, une parole de l’Evangile vient à notre rencontre pour nous permettre de trouver ou de retrouver, à travers les mots de Pierre, la relation avec Jésus qui donne sens et paix : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6.68). Et lorsque nous sommes pressé par la maladie, les paroles et les actes de Jésus dans l’Evangile ouvrent pour nous une espérance mobilisatrice. Dans son livre : « Sa présence dans ma vie », Odile raconte une expérience qui a changé sa vie et dans laquelle guérison et libération sont étroitement associées. A travers la vision spirituelle qui en est résultée, cette expérience fondatrice a accompagné toute sa vie (1). Odile a écrit plusieurs récits de cette expérience vécue en 1973. Nous présentons ici l’un d’entre eux, publié en 1985 dans le bulletin : Témoins. Ce texte nous communique le vécu et le ressenti de cette expérience, mais, en même temps, il nous apporte des paroles bibliques en échos et en éclairage. L’annonce qui lui a ouvert les portes de la vie a été pour elle source de liberté en lui offrant un choix. « Pourquoi ne la transmettrais-je pas aux autres ? Du reste, annoncer, informer, proposer, ce n’est pas imposer ; c’est vraiment au fond de lui-même (le cœur dont parle la Bible) que chacun décide » (Evangile de Marc 4.1-9) ;

 

Recoller les morceaux. 

            Je continue à dire aujourd’hui que j’ai beaucoup de chance d’avoir découvert Dieu agissant dans ma vie. Ce jeudi d’octobre 1973, j’ai reçu au plus profond de mon être la vie en Jésus-Christ qui m’a sauvée, guérie, baptisée en son Esprit Saint (Evangile de Matthieu 3.11) ;

 

A cette époque, je sentais ma personnalité m’échapper, se dissocier au point où je n’arrivais plus à rédiger un chèque ou à compter ma monnaie. Ecrire un rapport devenait un supplice car, à certains moments, je ne contrôlais plus ma pensée Je sombrais de plus en plus malgré la psychanalyse, divers traitements et même l’aide fraternelle.

 

Me rappelant une phrase de l’Evangile, j’ai hurlé à Jésus : « Si vraiment tu es la vie, donne-moi le goût à la vie (Jean 14.6). Et en moi a jailli une source de vie, d’énergie, d’amour, de joie. (Jean 4.4 ; Galates 5.22).

 

Cette réponse n’a pas été immédiate car, je l’ai compris depuis, il ne suffit pas de demander, il faut saisir la promesse de Jésus (Jean 7.37).

 

Un chrétien rencontré en vacances, m’a dit que Jésus guérissait aujourd’hui comme en Palestine durant sa vie terrestre : invisible mais réel pour ceux qui croient. J’ai posé un tas de questions, j’avais du mal à le croire, mais je ne l’ai pas oublié. Trois mois plus tard, j’ai failli provoquer un accident : je voyais le feu rouge sans pouvoir réagir à ce signal et une voiture a coupé ma route à vive allure puisque le feu était vert pour elle ! Ce jour-là, j’ai réfléchi : je peux continuer à essayer de m’en sortir tout en sachant que je risquais fort de glisser davantage dans le gouffre et la folie. Par ailleurs, je sais maintenant que Jésus guérit. J’ai donc le choix entre deux chemins. Depuis des années, je lutte désespérément pour mon fils, mon mari et puis… j’ai envie de vivre tout simplement. Alors j’ai choisi la vie (Deutéronome 30.15) et j’ai téléphoné à la seule personne convaincue et expérimentée que je connaissais.

 

Il n’était plus question de discuter. J’ai demandé la prière. Je l’ai même demandé cinq fois durant cette semaine, car je retombais dans une dépression profonde après avoir reçu une énergie peu commune (Jean 6.27 ; Luc 11.13). J’avais vraiment décidé de vivre et je m’accrochais. Je remettais toute ma vie concrète à Jésus pour qu’il la transforme positivement.En sortant d’une réunion de prière, où j’ai eu la conviction intérieure que j’allais guérir, j’ai réalisé, au moment de m’endormir, que mon être éclaté reprenait son unité. Chaque morceau prenait sa place comme un puzzle terminé. Je me trouvais totalement dans la réalité et je découvrais en même temps, un univers inconnu de moi auparavant (Job 42.5) dans lequel, en harmonie avec moi-même et avec mon environnement, je prenais naissance dans la joie et dans la paix (Jean 3.3 ; 2 Corinthiens 5.17). Je rentrais dans le royaume de Dieu (Romains 14.17) et l’Eglise  spirituelle de Jésus-Christ (Jean 1. 13 ; Matthieu 16.17).

 

Je me suis mise à lire la Bible, le Nouveau Testament d’abord. Je devrais dire « dévorer », car toutes ces paroles résonnaient en moi d’évidence et je disais : c’est bien ça, c’est vrai, c’est ce qui m’arrive ! (Jean 16.13). Simultanément, je débordais d’amour même pour des collègues qui m’avaient fait des « crasses » dans mon travail. Cette bonne nouvelle  de Jésus ressuscité, je la racontais à qui voulait l’entendre. Cette annonce a été pour moi source de liberté en m’offrant un choix. Pourquoi ne la transmettrais-je pas aux autres ? Du reste, annoncer, informer, proposer, ce n’est pas imposer. C’est vraiment au fond de lui-même (le cœur dont parle la Bible) que chacun décide (Marc 4.1-9).

 

Je suis profondément reconnaissante au Seigneur car « sa bonté et sa grâce m’accompagnent tous les jours de ma vie », sa perfection se manifeste dans sa miséricorde (Matthieu 5.48 ; Luc 6.36), lui qui fait briller son soleil sur tous les hommes qu’Il aime sans distinction (Matthieu 5.45).

 

Odile Hassenforder

 

(1)   Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte, 2011 . Odile y relate sa guérison avec plus d’ampleur et de recul, dans un  chapitre : « Ma vision de Dieu a changé » (p 27-43) Présentation du livre sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html