Dans un monde difficile, un témoignage porteur de joie et d’espérance

« Justice sur la terre comme au ciel » : un livre de Guy Aurenche.

 Couv_G.Aurenche          Ancien président de l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), aujourd’hui président du CCFD-Terre solidaire, Guy Aurenche est, depuis longtemps, engagé dans une lutte pour la justice dans le monde. Aujourd’hui, dans un nouveau livre : « Justice sur la terre comme au ciel. Entretiens avec Chantal Joly » (Salvator, 2016), Guy Aurenche participe à une conversation, en terme de questions et de réponses, un texte qui lui permet d’exprimer ses convictions dans une forme accessible à tous.

Le livre se déploie en six chapitres : Sur la terre comme au ciel, et réciproquement. La joie de l’Evangile. Au commencement, la parole. « Tiens-toi en enfer et ne désespère pas ». Décalogue et droits de l’homme. Les rendez-vous d’humanité . Le dialogue est ponctué par des méditations autour de paroles de Jésus : Le bon samaritain ; l’enfant prodigue ; l’homme riche qui cherche la vie éternelle ; au pied de la croix). A travers ce témoignage et les convictions qui s’y expriment, se dessine le choix d’une spiritualité chrétienne qui, à l’encontre de formes plus traditionnelles, s’engage pleinement dans la vie d’aujourd’hui et porte une dynamique de joie, de confiance, d’espérance et de libération.

 

Dieu avec nous

Ainsi Guy Aurenche n’oppose pas le ciel et la terre. « Je ne crois pas en un Dieu désincarné, surplombant, dans l’au-delà. Couper les deux réalités du ciel et de la terre est un contre-sens. Dans les icônes orthodoxes, on voit souvent la main tendue de Dieu et le mort qui se relève….Mon ciel a commencé dès le jour de ma naissance (p 17)…L’éternité, ce n’est pas après. C’est déjà aujourd’hui » (p 20).

 

Une vie qui se poursuit

Guy Aurenche trouve sa force et sa confiance dans la présence et l’accompagnement de Jésus. « Jésus nous encourage : « Tu peux avancer en eau profonde. J’avance avec toi »…Je  peux en déduire que cet accompagnement ne s’arrête pas à ma mort physique… La séparation due à la mort est triste, douloureuse, elle me révolte. En même temps, je sais que ce qui a été vécu ne peut s’arrêter là. Je ne peux pas m’imaginer que cette capacité qu’ont les êtres humains à aimer soit perdue, que cela ne prenne pas place dans un plan amoureux, plus large et plus éternel. Quand je lis le message d’alliance de Dieu, tout s’éclaire autrement » (p 21-22).

 

Reconnaître ce qui est bon

En réponse à un regard sombre et pessimiste sur l’homme, à une polarisation sur le mal, Guy Aurenche s’engage dans une dynamique de rencontre et de partage qui permet de reconnaître tout ce qui est bon. « Il faudrait recenser… tous ces gestes d’amitié, de bienveillance et de solidarité dont nous même et d’autres avons bénéficié… » (p 23). Et dans de nombreuses situations difficiles qu’il a rencontré, Guy Aurenche a pu s’émerveiller des qualités humaines de personnes démunies. C’est ainsi que nous pouvons aller de l’avant.

 

Une vie bonne

Ainsi, « les gens ne ressentent pas le pape François comme naïf, ni hypocrite lorsqu’il évoque la joie ou l’espérance. En parler est au contraire fondamental. L’Evangile est une bonne nouvelle. « Ce qui s’annonce est la vie heureuse, l’éveil, le soin, le partage et, pour tous, quitter la voie de la tristesse et de la cruauté, passer sur le chemin de joie et de grâce. Tout ce qui pourra advenir ensuite dans les épreuves et les douleurs ne doit pas rayer ou faire oublier cette aurore ». Pour Guy Aurenche, cette phrase de Maurice Bellet a été « un vrai choc, une expérience spirituelle qui l’a définitivement bouleversé » (p 32).

 

L’Evangile : une bonne nouvelle

Par rapport à une religion qui, dans certains contextes, a pris une tournure légaliste et culpabilisante, Guy Aurenche rappelle que « l’Evangile signifie : bonne nouvelle. « Comment a-t-on pu l’oublier ? Dans le récit de la Nativité de l’Evangile de Luc, l’ange dit : « Ne craigniez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout le peuple ». Il s’agit d’une joie concrète… La situation des bergers n’est pas sans problèmes… Ce n’est pas pour rien que l’Evangile commence par leur annoncer à eux cette joie. L’appel à un certain bonheur parcourt tout le récit évangélique. De quel bonheur s’agit-il ?  Celui de la santé retrouvée, d’un  nouveau sens donné à l’existence, de la solitude vaincue. « Tu n’es plus seul ! ». Celui d’un amour proposé tout simplement, celui d’une paix qui permet de vivre… » (p 43).  Et pour nous, aujourd’hui, « une joie incarnée, active, agissante, sereine, modifie nos comportements physiques et psychiques. L’expérience spirituelle de la joie peut provoquer en nous des réactions diverses : d’une part, l’allégresse de cœur et l’envie d’aller de l’avant ; et, par ailleurs, notre corps se détend et l’on réapprend à sourire. A travers cette expérience  spirituelle de la joie, notre corps et notre esprit s’autorisent à « espérer » (p 41-42).

 

Un message de confiance et de paix

Au fil des années, au sein de l’Association de chrétiens pour l’abolition de la torture, puis du CCFD-Terre solidaire, Guy Aurenche a vécu une confrontation avec les malheurs qui affligent le monde. Dans cette confrontation, il a été porté « par la contemplation de l’immense capacité d’amour de Dieu »…. « Le message de Dieu est un message d’amour infini, de miséricorde pleine et entière. Il est passionnant de découvrir dans la Bible comment Dieu nous aide à percevoir peu à peu son plan d’amour… » (p 97).

Ainsi le témoignage de Guy se conclut par un message de confiance et de paix : « La bonne nouvelle d’une présence éclaire les nuits de la violence et de la misère. Accepter ce message, c’est oser la confiance qui permet de vivre dans la paix. Cette paix intérieure ne trouve son origine dans aucune théorie, dans aucun système. Je la reçois et je l’accepte comme un cadeau. Elle est une arme efficace contre les peurs. Mais elle ne m’autorise pas à me croire meilleur, ni à juger. En travaillant avec tous les hommes de bonne volonté pour construire la justice sur la terre comme au ciel, je vis pleinement les rendez-vous d’humanité qui sont aussi pleinement les rendez-vous de Dieu » (p 139).

 

Dans un monde où les maux abondent et où le religieux est parfois enfermant, à partir de son vécu, Guy Aurenche sait nous dire que le message de l’Evangile est une bonne nouvelle, une source de joie et d’espérance.  Dans cette brève présentation, nous nous centrés sur quelques points seulement, mais on doit souligner que l’auteur répond à beaucoup de questions existentielles.  C’est un livre qui réconforte, qui encourage, qui suscite un mouvement de vie.

 

J H

 

Contributions de Guy Aurenche sur ce blog :

« Changer de regard » : https://vivreetesperer.com/?p=2251

« Briser la solitude » : https://vivreetesperer.com/?p=716

Odile Hassenforder : « Sa Présence dans ma vie ». Un témoignage vivant

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#Il y a cinq ans, en 2011, les Editions « Empreinte Temps présent » publient un recueil de textes d’Odile Hassenforder : « Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel » (1). L’éditeur présente ce livre en ces termes :

« Comment Dieu se rend-il présent à nos vies ? Comment garder confiance malgré les épreuves ? Odile Hassenforder nous guide dans cette recherche de plénitude et partage avec nous une expérience qui a changé sa vie, nous offrant ainsi un véritable condensé d’espérance.

Le livre alterne témoignage d’un riche vécu de foi-guérisons, groupes de prière, accompagnement spirituel-et méditations de textes bibliques. L’auteure y transmet avec talent ses compétences psychologiques et son expérience spirituelle. Elle nous convie à une dimension extra-ordinaire, qui donnera une nouvelle saveur à nos existences ».

 

Un livre qui parle au cœur et à l’esprit

Depuis sa parution, ce livre a fait l’objet de commentaires qui témoignent de la manière dont il parle au cœur et à l’esprit. En voici quelques uns :

Paul. Un ami médecin
« J’ai beaucoup apprécié la présentation de la vie et de la pensée d’Odile.
Oui, Odile a été une vraie témoin de l’amour de Dieu.
A aucun moment de sa maladie qui a été un très long chemin, je ne l’ai jamais sentie en révolte.
Elle puisait la Vie directement dans la Vie éternelle.
Elle reste pour moi un être qui a su vivre sa foi en pleine lumière ».

Anne. Professeur. Expérience charismatique
« Ayant eu le privilège de voir Odile juste avant son voyage vers le Père, moment où la vérité profonde de l’être se fait dense, je trouve que les pages que j’ai lues, donnent à ce moment un sceau d’éternité.
Pour moi, la parole prophétique qu’elle a prononcée en ma présence, se déroule sous mes yeux : « Le Seigneur continue son œuvre » à travers elle en nous la laissant proche de nous, sur notre table de chevet. Quel cadeau ! »

Véronique. Une amie d’une famille amie. Musicienne
« Merci d’avoir ouvert la malle aux trésors !
A la lecture de ces textes, j’ai été profondément touchée. Ils sont pour moi un enseignement précieux. Ils m’éclairent sur le chemin.
Beaucoup sont des témoignages magnifiques qu’Odile nous laisse comme des cadeaux de vie. Ils sont basés sur du concret, sur des faits de vie toujours à la lumière de la Parole de Dieu et débouchant sur une vraie réflexion qui ne cesse de m’interpeller, car je les lis, je les relis tranquillement ; la plupart se lisent facilement, parlant à la  fois au cœur et à l’esprit.
Je pense que beaucoup de gens peuvent être touchés à travers ces écrits ».

Henri. Cadre. Institution sociale.
« Très ressourçant. Source de méditation. Un livre qui invite à la louange. Un ouvrage bien présenté, facilement accessible. Superbe. Bien pour des tas de gens ».

Evelyne. Théologienne.
« Ce livre va être mon livre de chevet spi pour le mois à venir.
Je suis vraiment heureuse de partager cela. C’est vraiment bien que cet échange puisse être continué avec d’autres et fécond au delà de la séparation et de la transformation des liens ».

Fred. Animateur
« Ce livre nous permet de prendre conscience de la profondeur de la vie. Une œuvre qui donne à réfléchir, mais aussi qui incite à l’admiration et à la contemplation de la création. Un hymne à l’espoir. Un cri d’amour pour la vie ».

Françoise. Retraitée. Culture philosophique
« C’est avec beaucoup d’empathie, d’admiration et de reconnaissance que j’ai lu ce témoignage.
Ce qui me frappe, c’est l’intelligence de l’écriture ciselée par la vie, ciselée par la foi et comme tissées ensemble ».

Elisabeth. Cadre. Institution sociale
« J’ai lu ce livre à plusieurs reprises et je reprends des passages régulièrement. Ce livre est fascinant et admirablement bien écrit. Les remarques sont profondes et pleines d’éternité. On sent qu’Odile a vraiment vécu les différents passages, car c’est exprimé avec simplicité et vérité. J’y trouve tous les jours des encouragements. Cet ouvrage est pour moi une exhortation quotidienne ».

 

Un message qui passe à travers des rencontres

Il venait de passer une consultation d’oto-rhino, lorsque de retour auprès de l’assistante, celle-ci l’interrogea en évoquant le livre de Madame Hassenforder. Et, à sa grande surprise et à son grand bonheur, elle lui dit combien ce livre l’avait touchée (2). Une brève conversation en résulta.  « Grande lectrice », et même dans le passé, engagée dans des travaux d’édition, elle avait découvert « Sa présence dans ma vie » à la librairie « La Procure », en regardant les ouvrages présentés au public.

A la lecture de ce livre, elle a été touchée par la « sincérité » de son auteure : Odile Hassenforder. Ce livre l’a impressionnée parce qu’il invitait le lecteur à entrer dans « une autre dimension ». Il y a un chapitre dans cet ouvrage : « Dame confiance » qui apporte un témoignage concernant la confiance (3). Mais cet état d’esprit est présent dans la dynamique qui se manifeste dans la plupart des textes. Aussi, c’est bien ce terme que la lectrice a « mémorisé ». « J’ai compris qu’il suffisait d’un mot pour que la situation change de plan ».

Aujourd’hui, nous dit-elle, maintenant, j’hésite à dire « courage » aux gens. Mais aux personnes en difficulté, je dis : « bonne confiance ». Et « j’utilise cette expression au moment de la nouvelle année » et aussi aux anniversaires. Je souhaite « bonne confiance » dans les situations où il y a un mouvement de « bascule ». « Les personnes y sont extrêmement sensibles. Je sais que j’ai touché à quelque chose de beaucoup plus profond. Cette expression aide à prendre de la hauteur par rapport à la situation ». La confiance nous permet d’entrer dans une double dimension : « Se sentir en lien, et aussi pouvoir relire la situation avec un autre regard ».

Ainsi, ce livre, découvert sur un présentoir de librairie, a produit du fruit. « Je ne crois pas au hasard. Je crois aux rencontres. J’ai mémorisé ce livre. J’en ai extrait l’essentiel ». Et voyant combien j’étais concerné par ce livre, elle me dit une parole qui m’est allée droit au cœur : « Le message est passé ».

 

La vie et la pensée d’Odile Hassenforder

Ce livre nous présente des expériences de vie, des témoignages, des réflexions, des méditations. Mais quel a été le chemin de vie d’Odile Hassenforder. Pourquoi et comment a-t-elle écrit ? Comment ses textes ont-ils été rassemblés et publiés dans la forme de ce livre ? Voici l’introduction du livre qui répond à ces questions.

Odile Hassenforder a quitté la vie terrestre le 11 mars 2009. La célébration qui a suivi a manifesté l’amour et la reconnaissance qui lui étaient portés de toute part. Au long des années, non seulement elle a activement participé à des groupes et associations, mais elle a été en relation avec de nombreuses personnes dans une démarche d’entraide psychologique et spirituelle. Plusieurs d’entre elles ont ainsi témoigné comment Odile leur a permis de sortir d’une impasse, voire d’un gouffre. Cette attention, cet esprit d’entraide étaient fondés sur une expérience spirituelle enracinée de longue date, au cœur même de sa personnalité. Sa conscience de l’amour et de la bonté de Dieu se traduisait dans l’amour et l’attention qu’elle portait à tous ceux qui l’entouraient : sa famille, ses ami(e)s, de nombreuses relations. Son expérience de la grâce de Dieu et de sa puissance de vie lui a également permis de faire face, durant les dernières années, à une atteinte cancéreuse, dans un contexte où elle a bénéficié en retour de l’aide de nombreux amis et soignants. Dans les derniers jours, ils ont été témoins du rayonnement qui se dégageait de sa personnalité. Ses dernières paroles ont été des expressions de foi et d’amour.

Ces quelques observations ont simplement pour but de présenter celle qui vient aujourd’hui s’entretenir avec vous. En effet, dans les dernières années de sa vie, Odile a manifesté à plusieurs reprises son désir de transmettre une expérience et une réflexion qui se sont développées au cours de toute son existence. Ainsi a-t-elle exprimé dans plusieurs écrits un grand désir de communiquer un message d’amour et de vie. Sont repris ici quelques passages de ces textes que vous allez découvrir au fil des pages. «Ce que j’ai la joie de partager aujourd’hui est la découverte des bienfaits de Dieu : manifestation de sa bonté infinie que j’ai pu ressentir, de sa magnificence que j’ai pu reconnaître dans sa création, de sa présence dans l’énergie vitale de tout ce qui existe. (…) Cette joie de reconnaissance explose en moi. J’ai envie de la partager. La vie vaut la peine d’être vécue ! » (« Désir de partage »). Quelques années plus tôt, elle avait déjà exprimé la même intention et elle s’adressait ainsi à nous: « En pensant au lecteur qui parcourra ces lignes, mon souhait le plus profond, c’est qu’à travers cette lecture, il puisse, à son tour, louer Dieu pour les merveilles qu’il découvre en lui et dans sa vie » (« Être reconnaissant »). Ces mots ont été écrits dans les dernières années de la vie d’Odile, au moment où elle faisait face à la menace de la maladie. C’est dire la force de sa conviction. Mais comme on pourra le voir dans ce recueil, le cœur de ce message s’est affirmé très tôt à partir d’une expérience fondatrice et s’est ensuite décliné à travers toute une existence dans des expressions très variées.

Il importe de donner ici quelques points de repère à propos de la vie d’Odile. Début 2008, préparant une session œcuménique d’exercices spirituels ignaciens, Odile a indiqué elle-même quelques jalons de son itinéraire spirituel (« Parcours spirituel »). Elle exprime un événement capital en ces termes : « 1973. Rencontre de notre petit groupe de partage spirituel avec le renouveau charismatique catholique. Au même moment, un pasteur pentecôtiste « spirituel au delà des doctrines » prie avec son église pour ma guérison. Huit jours après ma première démarche, le dernier jeudi d’octobre 1973, à 23 heures, après une réunion de prière dans la crypte de Saint Suplice, je sors d’une seconde à l’autre d’une dissociation de personnalité. Baptême dans l’Esprit… Depuis ce jour, méditation quotidienne de la Bible ». Il y a là une expérience fondatrice qui a suscité une transformation majeure dans la vie d’Odile et qu’elle a décrite dans plusieurs textes publiés dans ce livre (« Expérience fondatrice »). Trente ans plus tard, elle s’y réfère encore dans ces quelques lignes : « Je ne me crois pas meilleure que les autres. Depuis le jour où Dieu s’est révélé à moi à travers une prière exaucée et où j’ai découvert que je recevais de lui une paix et une plénitude, je suis entrée dans un univers spirituel, une nouvelle dimension. Dans la relation avec Dieu, en Jésus-Christ, je suis assurée de sa sollicitude jusque dans l’éternité » (« Libre parole sur la venue du Dalaï Lama »).

A partir de cette expérience fondatrice, la vie d’Odile va prendre un nouveau cours. En effet, elle s’investit dans un groupe de prière interconfessionnel, « le Sénevé » où elle transmet son inspiration. Elle développe une activité de partage autour de la Bible. Elle allie formation psychologique, expérience spirituelle et un sens du dialogue empreint d’amour et de respect pour apporter une aide à des personnes en difficulté. Dans une position de responsabilité, elle participe également à l’animation de « Témoins », association chrétienne interconfessionnelle et à la production de son magazine. Sa vie familiale continue à se dérouler dans l’amour qu’elle porte aux siens. Ses petits-enfants étaient chers à son cœur. Elle poursuit une activité intellectuelle et culturelle dans une vaste gamme de centres d’intérêt comme en témoigne « Mosaïque itinéraire de lecture » qui exprime aussi sa recherche spirituelle. Elle manifeste également un penchant pour l’expression poétique. Durant les années 80 et 90, cette « vie en mouvement » s’exprime dans des textes qui manifestent ces orientations et aussi un approfondissement de sa vie spirituelle.

Dans la dernière décennie, la santé d’Odile fut attaquée sur plusieurs fronts. Face à la remontée de souvenirs traumatisants issus de son enfance et de son adolescence, elle s’engage dans une psychothérapie dont elle percevra les bienfaits. Bénéficiant d’une entraide spirituelle chaleureuse constamment présente et d’un suivi médical personnalisé, entre autres celui d’un médecin ami, jusqu’aux tout derniers mois, elle parvient à mener une vie presque normale malgré les angoisses liées aux poussées cancéreuses et à  l’appréhension des examens et des traitements lourds. C’est dans ce contexte qu’Odile tient un journal spirituel et écrit de nombreux textes concernant son expérience et sa vision de la « vie en Christ », de la « vie en Dieu ». C’est à partir de ces écrits personnels, expression de sa pensée en mouvement, sans qu’elle ait pu leur apporter une validation définitive, que de nombreux textes ont été extraits dans les mois qui ont suivi son départ, en l’occurrence par son mari.

Dans ce contexte difficile, « la force et la joie de vivre » qui s’y expriment témoignent à la fois de la profondeur et de la justesse de toute une vie et de la puissance de l’Esprit. Il y a là aussi une expression d’expériences nouvelles qui s’expriment avec une particulière intensité comme la conscience d’exister, vécue comme une grâce. Les proches et les amis qui ont entouré Odile durant ces années sont témoins de cette qualité d’être, inspirée par la vie divine. Plusieurs de ces textes exprimant « une confiance dans l’épreuve » viendront réconforter celles et ceux traversant des difficultés.

Le lecteur de ce livre découvrira par lui-même les accents majeurs de la spiritualité d’Odile. Il pourra suivre le développement de sa pensée, nourrie par les différentes cultures auxquelles elle a participé. Elle se présente d’ailleurs comme « une chrétienne interconfessionnelle quelque soit l’institution à laquelle je me rattache à tel ou tel moment » (« Ce que je crois »). En rapport avec son expérience initiale, un fil conducteur se déroule à travers tous ces textes : une expression, un ressenti de l’amour et de la bonté de Dieu qui se manifestent à notre intention (« Qui est Dieu ? »). Loin du volontarisme, du légalisme, du fondamentalisme, de tout ce qui entraîne culpabilité et agressivité, Odile plaide pour l’accueil de la grâce de Dieu : « Dire que je suis chrétienne, c’est dire que Christ est toute ma vie. Non pas un modèle que je m’efforce d’imiter, mais une relation constante à Dieu, par Christ ressuscité : il est la vie, la puissance de vie en moi quand je l’accueille par l’Esprit pour me conduire selon la justesse des lois de vie… » (« Ce que je crois »). Dans un autre texte, elle précise : « Notre attitude juste est celle de l’accueil de l’œuvre de Jésus en nous, décision qu’elle se fasse en nous par l’Esprit dans l’espérance, dans notre marche vers… » (« Accueillir l’œuvre de Christ en nous »). Cette attitude se nourrit d’une prière confiante et de la méditation de la Parole biblique (« Vivre en Christ. Vivre en Dieu »). Il y a là une dynamique personnelle qui s’inscrit dans un mouvement d’ensemble. «Dans la résurrection, une nouvelle ère est ouverte. Ce plan, que Dieu achèvera à la fin des temps, consiste à réunir tout ce qui est dans les cieux et sur la terre sous un seul chef : le Christ. Ainsi Jésus devient le Christ cosmique. (…) Son œuvre se réalise pour moi quand je la reçois : pardon et guérison pour une vie nouvelle dans la relation au Père et au Fils qui font leur demeure en moi, qui devient le temple de l’Esprit » (« Il est ressuscité! »).

Certaines formulations d’Odile peuvent paraître approximatives pour des théologiens professionnels. Elle n’a pas suivi d’études de théologie, mais sa pensée s’est formée en alliant expérience spirituelle, méditation quotidienne de la Bible et lecture de nombreux livres en rapport avec ses questionnements. Son expérience et sa réflexion sont étroitement reliées. Dans son parcours, elle a trouvé une inspiration féconde chez deux théologiens : Eloi Leclerc, auteur de Le Royaume caché, et, dans les dernières années, Jürgen Moltmann. On pourra voir dans la pensée de ce dernier un fondement théologique à la démarche d’Odile et à certaines de ses expressions.

La spiritualité a pu être définie comme « une conscience relationnelle avec Dieu, avec la nature, avec les êtres humains et avec soi-même ». Odile a toujours vécu en relation avec ceux qui l’entouraient et, plus généralement, elle a été attentive à la dimension sociale. Son amour de la nature et sa capacité d’y percevoir l’animation divine sont présents dans de nombreux textes. A maintes reprises, elle s’émerveille du spectacle de la nature à travers les fenêtres de son appartement, des arbres et du ciel. A la suite d’une visite, elle décrit avec une émotion sensible une grange restaurée et le jardin qui l’environne : «Au fur et à mesure de la visite, je me laissais imprégner par la joie profonde que suscite la reconnaissance pour l’harmonie de la vie perçue par-delà le visible ». Et elle conclut par cette parole qui va droit au cœur : « Bien sûr, il y a bien des malheurs dans le monde, mais il y a toujours des jardins avec des roses. Ces jardins sont une porte vers la vie » (« Quand tout s’agence »).

Elle exprime une vision que l’on peut résumer en ces mots : « Tout se tient. Unité et harmonie en Dieu ». Elle poursuit : « Assez curieusement ma foi en notre Dieu qui est puissance de vie, s’est développée à travers la découverte des nouvelles approches scientifiques qui transforment notre représentation du monde. Dans cette nouvelle perspective, j’ai compris que tout se relie à tout et que chaque chose influence l’ensemble. Tout se tient, tout se relie. Pour moi, l’action de Dieu s’exerce dans ces interrelations ». (« Dieu, puissance de vie »). Ainsi désire-t-elle s’inscrire positivement dans la création : « J’ai été secouée au plus profond de mon être, le jour où j’ai réalisé que Dieu m’appelait à participer à la gérance de sa création, à commencer par ma personnalité. Qui suis-je pour être ainsi « collaboratrice » du créateur ? (Psaume 8). Dieu continue à créer avec chacun de nous et avec moi. « Le Père céleste agit sans cesse », dit Jésus et il m’invite à participer à la nouvelle création mise en route dans sa résurrection… » (« Vers une personnalité unifiée »).

Dans la communion divine qui nous relie, ce livre exprime  un chemin de vie.

La construction de cet ouvrage traduit à la fois le mouvement de la vie d’Odile, son itinéraire au long des années, et l’expression de son vécu, de son ressenti, de sa pensée. De fait, ce livre n’est pas un récit en continu. C’est un recueil de textes dont chacun a son originalité et contient un message. Il pourra donc alimenter notre méditation, jour après jour, selon notre besoin ou notre aspiration du moment. A de nombreuses reprises, Odile exprime  son amour de la vie. Elle nous dit la source de cette attitude : « toi qui me donnes vie », « imprégnée de ta présence, puissance de vie en moi ». Ainsi ce livre a reçu pour titre : « Sa présence dans ma vie ».

Un témoignage vivant

Odile a quitté la vie terrestre le 11 mars 2009. Aujourd’hui, à travers ce livre, nous l’entendons encore nous parler et nous participons à ce dialogue. La communication, qui se poursuit ainsi, s’inscrit dans le cadre d’une communion qui, sur un autre registre, unit les vivants et les morts en Christ ressuscité. Avec le théologien Jürgen Moltmann (4), nous croyons que Jésus Christ, par sa résurrection, a brisé le pouvoir de la mort. En Christ ressuscité, il n’y a plus de mur de séparation entre les vivants et les morts. Dans la communion en Christ, les morts n’ont pas disparu. Ils ne sont pas « morts ». Ils manifestent une présence. Plus nous nous approchons du Christ, plus nous nous rapprochons aussi de ceux qui ont quitté la vie terrestre (5). Dans cet esprit, dans la communion en Christ ressuscité, dans l’inspiration de l’Esprit qui porte ce livre, Odile nous accompagne. Ce livre est un témoignage vivant.

J H

 

(1)            Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte. Temps présent, 2011. Ce livre est en vente sur Amazon et à la Librairie 7ici. Nous reproduisons ici l’introduction de ce livre : « Odile Hassenforder : sa vie et sa pensée », p 11-17. Sur ce blog : Vivre et espérer, la pensée d’Odile est présente à travers la mise en ligne d’extraits de ce livre et de textes inédits : https://vivreetesperer.com/?s=Odile+hassenforder

(2)            « Confiance ! Le message est passé » : https://vivreetesperer.com/?p=1246

(3)            « Dame confiance » : https://vivreetesperer.com/?p=677

(4)            Jürgen Moltmann. Sa vie et sa pensée : « Une théologie pour notre temps » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=695

(5)            Cette courte réflexion est textuellement inspirée par un chapitre de Jürgen Moltmann dans son livre : « In the end… The beginning » (Fortress Press, 2004), aujourd’hui traduit et publié en français : « De commencements en recommencements » (Empreinte Temps présent, 2012) : « The community of the Living and the Dead » p 135 : « When he « descended into hell » (the realm of the dead), as the creed puts it, Christ broke the power of the death and took the dead in his fellowship. So the community of Christ is in him a community of the living with the dead, and of the dead with the living. In the risen Christ, the wall of death has been broken down. So, in this community with Christ, the dead are not « dead » in the modern sense. They « have a presence »… The closer we come in Christ, the closer the dead come to us… ».

Sur ce blog, à plusieurs reprises, nous avons mis en ligne des articles à ce sujet : « Sur la terre comme au ciel » : https://vivreetesperer.com/?p=338

« Une vie qui ne disparaît pas » : https://vivreetesperer.com/?p=336

« Une théologie pour la vie » : https://vivreetesperer.com/?p=1917

« Vivants et morts, ensemble en Christ ressuscité » : https://vivreetesperer.com/?p=2221

« Par delà la séparation. Un témoignage de Jürgen Moltmann » : https://vivreetesperer.com/?p=2209

Vers un nouveau climat de travail dans des entreprises humanistes et conviviales : un parcours de recherche avec Jacques Lecomte.

Sens et bonheur au travail : malgré tout, c’est possible

 La situation du travail en France est préoccupante. Le taux de chômage est particulièrement élevé. C’est un poids qui pèse sur la jeunesse. Dans la grande mutation en cours, des métiers disparaissent et d’autres naissent. La reconversion des perdants est bien souvent difficile. Les relations entre employés et employeurs continue à souffrir d’un effet de domination. Et, de plus, l’accélération technologique entraine un accroissement du stress dans divers secteurs. On peut donc entretenir une sombre image de la situation du travail en France.

Cependant, si on poursuit l’investigation, on constate que cette image ne rend pas compte entièrement de la réalité. Il y a aussi actuellement des changements en cours qui sont porteurs d’une amélioration sensible dans les conditions de travail. Mais ces changements sont souvent encore à leurs débuts et donc peu visibles. Par suite d’un état d’esprit négatif, ils sont également sous-estimés. Cette méconnaissance ralentit le mouvement innovant qui s’esquisse aujourd’hui.

Cette évolution du travail s’inscrit dans une grande mutation de l’économie dont on commence à percevoir les orientations telles que par exemple Jérémy Rifkin les présente dans son livre : « La Troisième révolution industrielle » (1). Et parallèlement, on observe une avancée d’un état d’esprit nouveau. Le même Jérémie Rifkin montre, dans un autre ouvrage, une émergence de l’empathie (2). La collaboration, la  convivialité correspondent à des aspirations montantes est se traduisent par des pratiques nouvelles comme en témoigne l’essor de l’économie collaborative (3) ou le développement d’espaces nouveaux, « tiers lieu » pour une cordialité informelle (4). Ces changements, ces tendances sont particulièrement visibles à l’échelle internationale. En France, on peut s’interroger sur les freins qui interviennent dans les mentalités comme, par exemple, un manque de confiance, particulièrement prononcé (5).

Mais il y a aussi des voix nombreuses qui indiquent et balisent les voies d’une évolution positive. Ainsi, Jean Staune, bien connu pour son action innovante pour développer une vision du monde nourrie par le dialogue entre foi et science (6), est impliqué professionnellement dans l’enseignement du management. A partir d’une culture pluridisciplinaire, il a écrit un livre : « Les clés du futur » (7) qui tient son pari de « réinventer ensemble la société, l’économie et la science ». Cet ouvrage, qui nous ouvre les portes du monde de demain, ne peut manquer d’envisager le rôle nouveau des entreprises : « C’est quoi une entreprise vraiment responsable ? » (p 611). Aujourd’hui, Jacques Lecomte, un des principaux experts de la psychologie positive (8), auteur du livre sur « La bonté humaine » que nous avons présenté sur ce blog (9), vient de publier un livre sur « les entreprises humanistes » (10). Ces entreprises portent une conception nouvelle du travail. Voici donc, là aussi, un courant encore peu connu, voire méconnu, qui est en train de se développer et de changer la donne. Des personnalités emblématiques ont salué les ouvrages de Jean Staune et de Jacques Lecomte. Jacques Attali a préfacé « Les clés du futur ». Edgar Morin évoque l’étude sur « les entreprises humanistes » comme « une contribution importante à l’humanisation du travail et au travail de l’humanisation ».

 

Un livre-ressource pour une vision nouvelle de l’entreprise

 L’énoncé des grandes sections du livre de Jacques Lecomte sur les entreprise humanistes, nous permet de saisir l’ampleur et l’importance du projet : « L’épanouissement de la personne au travail. Des relations d’équipe harmonieuses. L’entreprise au service de la société. Les réponses aux défis environnementaux. Repenser les raisons d’être des entreprises ».

Cet ouvrage conjugue des savoirs issus de la recherche et une présentation particulièrement accessible. Vingt chapitres bien ciblés se succèdent avec des titres attirants. A chaque fois, l’auteur nous communique « une synthèse des travaux scientifiques et présente de multiples expériences concrètes », à l’échelle internationale, cela va de soi. La démonstration est rigoureuse, mais elle est aussi clairement et agréablement présentée. Chaque chapitre est précédé de quelques citations signifiantes et se termine par une brève synthèse : « Résumons-nous ». Ainsi, ce livre de 500 pages qui est une véritable « somme » sur ce thème, n’est en rien pesant. Il est percutant car il met à mal de nombreux préjugés, et, en même temps, il est enthousiasmant, car il met en évidence l’apparition d’un nouvel état d’esprit, la montée de nouvelles pratiques.

Pour écrire ce livre, l’auteur nous dit s’être inspiré de trois sources complémentaires d’inspiration : « la psychologie positive, le convivialisme et une vision optimiste de l’être humain » (p 10-13). Ces conceptions sont elles-mêmes récentes et innovantes. Ainsi ce livre conjugue un regard neuf et la mise en évidence d’une réalité émergente. Manifestement, il est en phase avec les aspirations nouvelles qui montent tout particulièrement dans les jeunes générations. Ce livre est ainsi remarquablement tissé.

Mais quelles sont plus précisément les intentions de l’auteur ? Jacques Lecomte nous les expose dans le prologue. Il part d’une expérience : celle du redressement et de la réussite de l’entreprise française Armor, spécialisée dans les technologies d’impression. Deux postulats majeurs ont été à l’origine de cette évolution victorieuse : « Une sensibilité humaine et la confiance accordée à chacun des employés de l’entreprise ; un engagement en faveur de l’environnement ». « Cette histoire illustre remarquablement la plupart des valeurs qui sont présentes dans ce livre : la motivation par le sens donné au travail, la confiance dans les collaborateurs, le leadership serviteur, le sentiment de la justice organisationnelle, la finalité humaniste de l’entreprise, sa responsabilité sociétale et environnementale, y compris dans des moments difficiles » (p 9). Si ces valeurs ont fondé la réussite de cette histoire, la recherche de Jacques Lecomte montre qu’effectivement « certaines valeurs et attitudes fondamentales (confiance en l’autre, empathie, respect, coopération, bienveillance, esprit de service, etc.) peuvent avoir un impact positif au sein des organisations… La pertinence de ces valeurs se vérifie aussi dans les relations entre les entreprises et le monde extérieur, les rapports entre industriels et militants humanitaires ou environnementaux aboutissant à de bien meilleurs résultats lorsqu’ils sont marqués par une confiance réciproque lucide, un pari sur la bonne volonté et la sincérité d’autrui, plutôt que lorsqu’ils sont caractérisés par la suspicion et la dénonciation mutuelle… Ceci invite à une perspective élargie. La dernière partie de ce livre reconsidère radicalement la raison d’être des entreprises… Plutôt que d’être orientées vers la recherche d’une augmentation du profit au bénéfice des actionnaires, elles devraient être des communautés de femmes et d’hommes qui agissent ensemble au service du bien commun » (p 10).

 

L’optimisme,  un levier pour changer le monde

          Jacques Lecomte conclut son livre par un appel à l’optimisme comme levier pour changer le monde. Et il invoque au départ une magnifique pensée d’Helen Keller, une jeune fille aveugle et sourde, qui a été délivrée de son enfermement : « L’optimisme est la foi qui conduit à la réussite. Rien ne peut être fait sans espoir » (p 462).

Avec Jacques Lecomte, nous pensons que de bonnes pratiques, des pratiques positives peuvent se répandre aujourd’hui. Et, dans ce domaine, l’auteur nous donne quelques exemples de changements rapides dans les représentations. « Tout change très vite, souvent positivement, même si les médias ont tendance à relayer les mauvaises nouvelles. Il y a vingt ans, un individu qui aurait parlé de bienveillance et d’empathie en entreprise serait passé pour un doux rêveur. De nos jours, ces attitudes paraissent d’une évidente nécessité. Il y a vingt ans, peu d’industriels s’impliquaient dans une démarche de responsabilité environnementale. C’est aujourd’hui une pratique courante. Ce qui était exception est maintenant devenu la règle » (p 463).

 

Un processus ouvert vers l’avenir

Dans le monde d’aujourd’hui, sachons ne pas voir seulement les décompositions et les déconstructions, mais aussi les recompositions et les reconstructions. Bien plus, il y a dans ce livre un air de nouveauté. Un nouveau paysage est en train d’apparaître. A ce point, on pouvait ne pas s’y attendre, mais ce nouveau regard est en phase avec une analyse rigoureuse des pratiques innovantes et la mise en évidence des changements dans les mentalités. Dans notre propre démarche interprétative, nous voyons là une émergence dans laquelle nous reconnaissons une inspiration de l’Esprit. Dans l’espérance, nous sommes enclins à regarder vers l’avenir (11).

Dans une situation de crise où les difficultés abondent, ce livre vient ouvrir un horizon. Certes, pour certains qui subissent de plein fouet les intempéries économiques, cet ouvrage peut paraître décalé. Mais, pour une bonne partie d’entre nous, il n’indique pas seulement une perspective à long terme, mais aussi un processus qui a déjà commencé. Il nous invite à oeuvrer en ce sens là où nous sommes et déjà en communiquant à ce sujet. Ce livre est un excellent outil pour permettre cette communication, car il encourage et légitime tous ceux qui veulent travailler dans cet esprit.

J H

 

(1)            Rifkin (Jérémie). La troisième révolution industrielle. Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde. LLL Les liens qui libèrent, 2012. Sur ce blog : « Face à la crise, un avenir pour l’économie » : https://vivreetesperer.com/?p=354

Voir aussi : « Rifkin (Jérémie). La nouvelle société du coût marginal zéro. Les liens qui libèrent, 2014

(2)            Rifkin (Jérémie). Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie. Les liens qui libèrent, 2011. Sur ce blog : « La force de l’empathie » : https://vivreetesperer.com/?p=137

(3)            Voir sur ce blog : « Une révolution de l’« être ensemble » (présentation du livre : « Vive la co-révolution. Pour une société collaborative) : https://vivreetesperer.com/?p=1394

« Société collaborative. La fin des hiérarchies » : https://vivreetesperer.com/?p=2205

(4)            Sur ce blog : « Appel à la fraternité. Pour un nouveau vivre ensemble » : https://vivreetesperer.com/?p=2086

(5)            Sur ce blog : « Promouvoir la confiance dans une société de défiance. Les pistes ouvertes par Yves Algan » » : https://vivreetesperer.com/?p=1306

(6)            Jean Staune est, entre autres, le co-fondateur de l’Université interdisciplinaire de Paris et l’auteur d’un livre signifiant : « Notre existence a-t-elle un sens ? Une enquête scientifique et philosophique » (2007).

(7)            Staune (Jean). Les clés du futur. Réinventer ensemble la société, l’économie et la science. Plon, 2015

(8)            Jacques Lecomte est responsable du site : http://www.psychologie-positive.net

(9)            Lecomte (Jacques). La bonté humaine. Altruisme, empathie, générosité. Odile Jacob, 2012. Sur ce blog : « La bonté humaine » : https://vivreetesperer.com/?p=674

(10)      Lecomte (Jacques). Les entreprises humanistes. les Arènes, 2016

(11)      « Espérer et agir. Agir est espérer. L’espérance comme motivation et accompagnement de l’action » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=900 « Nous devenons actif pour autant que nous espérions. Nous espérons pour autant que nous puissions entrevoir des possibilités futures. Nous entreprenons ce que nous pensons être possible ». Introduction à la pensée de Jürgen Moltmann, théologien de l’espérance  et auteur d’un livre sur « L’Esprit qui donne la vie », sur le blog : http://www.lespritquidonnelavie.com

 

Voir aussi sur ce blog :

« Pour une intelligence collective. Eviter des décisions absurdes et promouvoir des choix pertinents » : https://vivreetesperer.com/?p=763

« Bienveillance Humaine. Bienveillance divine. Une harmonie qui se répand » : https://vivreetesperer.com/?p=1842

D’un esprit de jugement à un esprit de bienveillance

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Bien connue, n’est-ce pas la  parole de Jésus,  rapportée dans l’évangile de Matthieu (7.1-5) : « Pourquoi regardes-tu la paille dans l’oeil de ton frère et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans le tien ? » C’est un appel à ne pas juger, à ne pas condamner l’autre. Mais dans quel esprit allons-nous entendre cette parole ? Avec quelle grille de lecture ? Dans un milieu porté lui-même à juger, à condamner, cette parole pourra  engendre un transfert : passer de la condamnation de l’autre à sa propre condamnation. Et, comment enlever soi-même la poutre de son œil ?

 

En écoutant le commentaire de Luc Olivier Bosset (1), la situation s’éclaire. Parce que cette parole est entendue dans un esprit d’amour et de bienveillance, elle nous ôte toute culpabilisation et nous engage dans une relation constructive. Ainsi, nous dit-il, ôter la poutre qui est dans notre œil, c’est sortir de ce qui nous pèse, de notre propre malaise : « Prend le temps de sortir de ton malaise, de ton agacement, alors tu seras dans de bonnes dispositions d’esprit pour aider l’autre à sortir de sa paille ». Et puis pour comprendre l’autre, n’a-t-on pas besoin d’être soi-même empli de bienveillance, une bienveillance  encouragée et nourrie par la bienveillance qui nous est portée et que l’on reçoit. « Lorsqu’on se sent aimé, nous sommes prêt à accueillir différemment les aspérités, les défauts du caractère de l’autre ».

Dans l’amour de Dieu, « remplis ton réservoir ! », nous dit Luc Olivier Bosset…

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J H

 

(1)            « Remplis ton réservoir ! » : https://www.youtube.com/watch?v=pVcrIOItUw0&feature=youtu.be

 

Voir aussi sur le blog : Vivre et espérer

« Se sentir aimé pour s’accepter » (Luc Olivier Bosset) : https://vivreetesperer.com/?p=2100

« Un citoyen pacifié devient un citoyen pacifiant » (Thomas d’Ansembourg) : https://vivreetesperer.com/?p=2156

« Voir, dire et recevoir le bien » (Cécile de Broissia) https://vivreetesperer.com/?p=1860

« Des petits rien de grande portée : la bienveillance au quotidien » (Odile Hassenforder » https://vivreetesperer.com/?p=1849

« Bienveillance humaine. Bienveillance divine. Une harmonie qui se répand » (Lytta Basset) https://vivreetesperer.com/?p=1849

 

Evénement symbolique et promesse d’avenir

 La création de la « Chan Zuckerberg Initiative »

 Dans un monde où les menaces abondent, ne perdons pas confiance. Sachons reconnaître les évolutions positives et les promesses d’avenir dans une multitude de signes encore peu visibles. C’est regarder au bien plutôt qu’au mal. C’est accepter des nouveautés, des surprises. C’est aller au delà de nos conventions et de nos habitudes de pensée, et parfois à l’encontre d’une pensée dominante dans certains cercles. Ce préalable est-il nécessaire pour saluer la toute récente création de la « Chan Zuckerberg Initiative » par Mark Zuckerberg, inventeur et directeur de Facebook et son épouse, Priscilla Chan à l’occasion de la naissance de leur fille Max ?

Peut-être parce que des esprits chagrins peuvent voir là une manifestation spectaculaire de la richesse… Il est vrai qu’actuellement les inégalités se creusent en fonction d’un capitalisme non régulé. Mais, les choses étant ce qu’elles sont, il y a toute la différence entre un riche patron qui thésaurise et celui qui met une fortune au service des gens.

Ainsi, le 1er décembre 2015, Mark Zuckerberg annonçait la création, avec son épouse Priscilla Chan, de la « Chan Zuckerberg Initiative » (CZI) (1). Cette organisation caritative sera à terme dotée de 99% des actions de Facebook détenues par le couple, soit une somme estimée aujourd’hui à 45 milliard de dollars (42 milliards d’euros). Elle a pour ambition de « faire avancer le potentiel humain et de promouvoir l’égalité » avec un intérêt majeur pour l’enfance et l’éducation.

Pourquoi évoquer ici une initiative, qui, dans le contexte français, peut paraître lointaine, décalée, voire suspecte ? Parce que justement elle s’inscrit dans les signes positifs qui apparaissent dans un monde en pleine transformation. Dans une recherche commune, sachons reconnaître les avant-garde où qu’elles soient.

Et, dans ce cas, le berceau des nouvelles technologies de la communication, la « Silicone valley » est en train d’engendrer une nouvelle philanthropie, qui, ici, tient ses ressources du talent et du travail de ses promoteurs. Et, à l’exemple de la fondation Bill Gates, on peut voir là un outil puissant, parce que souple et efficace, pour promouvoir des pratiques au service de la vie.

Et puis, dans cette initiative, il y aussi une dimension émotionnelle qui nous touche profondément. Un jeune couple et la naissance de sa petite fille.  Ce n’est pas rien qu’à l’occasion de cette naissance, les parents choisissent d’engager leur vie au service de l’humanité.  Dans ces circonstances, ce geste donateur de parents fortunés nous rappelle certains contes d’autrefois. Mais, dans ce cas, la vision d’avenir n’est pas la poursuite d’une dynastie régnant sur un peuple, mais un engagement au service du progrès de l’humanité.

Cet événement advient dans un pays qui est devenu un creuset de toutes les populations du monde. Priscilla Chan est fille de parents sino-vietnamiens arrivés aux Etats-Unis après la chute de Saigon en 1978 (2).  Et elle a fait de brillantes études médicales. Aujourd’hui, à 30 ans, elle est créatrice et directrice d’une  école privée à but non lucratif qui se propose d’offrir à des élèves de condition modeste, un enseignement ainsi qu’un suivi de santé, jusqu’à l’obtention de leur diplôme. Facebook, l’œuvre de Mark Zuckerberg s’inscrit dans le processus actuel de globalisation. Nous sommes là au cœur d’une dynamique internationale.

Ainsi, la création de cette nouvelle organisation humanitaire nous apparaît à la fois comme un événement symbolique et une promesse d’avenir.

Pour annoncer leur engagement, Mark Zuckenberg et Priscilla Cham publient une lettre dans laquelle ils s’adressent à la petite fille qui vient de naitre : « Lettre à notre fille » (3).

« Ta mère et moi, nous n’avons pas encore les mots pour décrire l’espoir que tu nous donnes pour l’avenir. Ta vie nouvelle est pleine de promesses et nous espérons que tu seras heureuse et en bonne santé pour pouvoir explorer cet avenir. Tu nous donnes déjà une raison pour réfléchir au monde dans  lequel nous espérons que tu vas vivre. Alors que les grands titres de la presse se concentrent sur ce qui mal, de bien des manières, ce monde est en train d’aller mieux. La santé s’améliore.  La pauvreté recule. Le savoir grandit. Les gens se connectent. Dans chaque domaine, le progrès des technologies implique que ta vie devrait être bien meilleure que la notre aujourd’hui ».

Cette lettre se caractérise par un parti pris d’optimisme. Les auteurs attendent de nouvelles découvertes scientifiques et techniques à même de changer les conditions de vie. On peut s’interroger, mais ils sont certainement bien placés pour apprécier le potentiel qui se développe actuellement. Ainsi, il nous est dit que l’ouverture d’un accès à internet a des conséquences remarquables en terme de condition de vie et d’emploi. Or, plus de la moitié de la population mondiale n’a pas encore accès à internet. La progression de cet outil devrait permettre à des centaines de millions de personnes de sortir de leur enfermement. « Notre espoir pour cette génération se concentre sur deux idées : faire progresser le potentiel humain et promouvoir l’égalité »

 

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Dans une perspective optimiste, Mark et Priscilla manifestent une grande confiance dans les progrès de la médecine. Et ils préconisent des investissements massifs dans ce domaine. Cependant, Mark et Priscilla décrivent la mise en œuvre d’une dynamique de progrès dans tous les domaines qui régissent les conditions de vie. C’est le cas en particulier dans le domaine de l’enseignement.

« Notre génération a grandi dans des classes où nous apprenions tous la même chose à la même vitesse sans tenir compte des intérêts et des dons de chacun. Votre génération traduira en objectifs ce que vous désirerez devenir : ingénieur, professionnels de santé, écrivain, leader de communauté…Vous aurez la technologie qui comprendra comment vous pouvez le mieux apprendre et sur quoi vous avez besoin de vous concentrer…Dans le monde entier, les étudiants auront accès à travers internet à des aides d’apprentissage personnalisé… ». C’est une vision mobilisatrice. « Nous ferons tout pour que cela arrive non seulement parce que nous t’aimons, mais parce que nous avons une responsabilité morale envers tous les enfants de la prochaine génération ».

En considérant le monde d’aujourd’hui,, nous y voyons bien des malheurs, guerres, maladies, famines. Des politiques essaient d’y faire face. Des organisations humanitaires se confrontent à ces souffrances pour essayer d’en limiter l’impact. Cependant, nous devons prendre en compte les différents aspects de la réalité non seulement dans le court terme, mais aussi dans le long terme. Dans la durée, sur certains points, on peut observer des améliorations sensibles. Dans le paysage actuel, il y a bien des orages, bien des nuages, mais aussi des ciels plus lumineux. Sachons apprécier les lumières qui apparaissent et rendent le monde meilleur. Bienvenue à la « Chan Zuckerberg Initiative ».

 

J H

 

(1)            « Mark Zuckerberg, symbole d’une nouvelle génération de philanthropes ». Sur le site du « Monde », propos recueillis par Morgane Tual auprès d’Antoine Vaccario, président du Centre d’étude et de recherche sur la philanthropie. Un éclairage bien informé et inscrivant le phénomène dans sa dimension historique et culturelle. http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/12/03/mark-zuckerberg-symbole-d-une-nouvelle-generation-de-philanthropes_4823502_4408996.html

(2)            « Qui est Priscilla Chan, l’épouse de Mark Zuckerberg ? » : http://www.lexpress.fr/styles/vip/qui-est-priscilla-chan-l-epouse-de-mark-zuckerberg_1741830.html

(3)            « A letter to our daughter » : https://www.facebook.com/notes/mark-zuckerberg/a-letter-to-our-daughter/10153375081581634

(4)            Sur ce blog :  « Une révolution en éducation. L’impact d’internet pour un nouveau paradigme en éducation » : https://vivreetesperer.com/?p=1565  « Sugata Mitra : un avenir pédagogique prometteur à partir d’une expérience d’autoapprentissage d’enfants indiens en contact avec un ordinateur » : https://vivreetesperer.com/?p=2165