Comme les oiseaux du ciel


Généreusement ouverte en « creative commons », la galerie de Siddarth Sharma (1), nous présente, entre autres, des images harmonieuses de petits oiseaux voletant parmi des plantes fleuries. « Les colibris », nous dit-on sur le dictionnaire Larousse, « fascinent par leur taille minuscule. Ils passent de fleur en fleur pour trouver le nectar qui constitue l’essentiel de leur alimentation » (2). Ces photos expriment une harmonie colorée entre les oiseaux et les fleurs, et on trouve matière à contemplation dans ces instants où le temps semble suspendu dans la paisible beauté qui s’offre à nous.

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Pierre Rabhi, bien connu de tous ceux qui militent pour une pratique de vie écologique, nous raconte une légende amérindienne (3). Au cours d’un immense incendie qui semble échapper à tout contrôle et à tout remède, un colibri s’active quand même en petit pompier. Les autres animaux sont atterrés, mais, à ses détracteurs qui lui disent : « Ce n’est pas avec ses gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu », il répond : « Je le sais, mais je fais ma part ». La vie, qui refuse la mort, se manifeste ainsi dans la persévérance et dans l’humilité. Et, sur ces photos, dans une apparence de fragilité, ces petits oiseaux s’inscrivent dans une harmonie qui les porte.

Dans l’Evangile de Matthieu (Mat 6. 15-34), Jésus évoque les oiseaux du ciel : « Regardez les oiseaux du ciel.  Ils ne sèment, ni ne moissonnent. Ils n’amassent rien dans les greniers, mais votre Père céleste les nourrit… ». Et, de même, Jésus évoque la beauté des fleurs : « Considérez comment croissent les lis des champs : ils ne travaillent, ni ne filent. Cependant, je vous dis que Salomon, même dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux ». Dans son enseignement connu sous le titre de « Sermon sur la montagne », Jésus nous appelle à sortir de notre égocentrisme et à vivre en harmonie avec Dieu et avec les hommes : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ». Dans la confiance qui inspire et accompagne cette démarche, nous recevrons, en même temps, une réponse à nos besoins.

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Le contexte est bien l’interconnexion entre Dieu, les hommes et la nature. Dans un commentaire (4), un théologien grec nous rappelle d’autres textes bibliques qui mettent en évidence la générosité de Dieu dans la création. Ainsi le psaume 104 est entièrement dédié à cette présence créatrice dans une évocation souvent très poétique : « Il conduit les sources dans des torrents qui coulent entre les montagnes. Elles abreuvent tous les animaux des champs. Les ânes sauvages y étanchent leur soif. Les oiseaux du ciel habitent sur leurs bords et font résonner leur voix parmi les rameaux ». Et, dans la veine prophétique, en Esaïe 65, une nouvelle terre est annoncée dans laquelle on trouvera paix et abondance. Ainsi, sommes nous également invités à regarder en avant dans la vision d’une nouvelle création (5) dont nous pouvons voir des signes d’anticipation.

Lorsqu’elle évoque les oiseaux du ciel et les fleurs des champs, la parole de Jésus, nous appelle à un regard ouvert au mouvement de la bonté et de la générosité de Dieu qui s’illustre aussi dans la beauté de sa création. Les photos d’oiseaux que nous présente Saddarth Sharma dans sa galerie témoignent de cette beauté et nous ouvrent à la contemplation.

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(1)            Galerie de Siddarth Sharma sur Flickr. http://www.flickr.com/photos/33587234@N04/with/6223883919/ Parmi les photos, certaines nous présentent une faune et une  flore évoquant des pays tropicaux, mais elles proviennent du parcours dans un marais en Floride et en Géorgie aux Etats-Unis. La licence : « creative commons » permet la reproduction de ces photos, mais évidemment en précisant que notre commentaire n’engage pas l’auteur de celles-ci.

(2)            Les colibris, d’après l’encyclopédie Larousse en ligne : http://www.larousse.fr/encyclopedie/vie-sauvage/colibri/184040

(3)            Sur le site : agir pour l’environnement : présentation de « Colibris. Mouvement pour la terre et l’humanisme ». http://www.agirpourlenvironnement.org/partenaires/colibris

(4)            Ekarerini G Tsalampouni. Like the birds of the sky and the lilies of the fields. An orthodox eco-exegetical reading of Matthew 6. 25-34 in an age of anxiety. Une approche écologique dans la lecture exégétique du texte de Matthieu https://www.academia.edu/1483642

(5)            Comme en d’autres articles sur ce blog, nous trouvons un éclairage dans la pensée théologique de Jürgen Moltmann qui prend en compte, entre autres la dimension écologique : Voir : « Dieu dans la création » sur le blog : « l’Esprit qui donne la vie » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=766  Et, sur ce blog : « Vivre en harmonie avec la nature. Ecologie, théologie et spiritualité » : https://vivreetesperer.com/?p=757

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Voir aussi sur ce blog : « Voir Dieu dans la nature » : https://vivreetesperer.com/?p=152

Apprendre à accompagner les malades

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Une école de vie

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Depuis quelques années, pasteur de l’Eglise réformée de Suisse romande, Jean-Claude Schwab participe à la formation d’aumôniers d’hôpitaux en République démocratique du Congo. Jean-Claude est également engagé dans le réseau « Expérience et théologie » et anime le site de cette association (1). Au cours d’un entretien, Jean-Claude Schwab a répondu à quelques-unes de nos questions sur l’accompagnement des malades.

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Qu’est-ce qui t’a amené à participer à cette formation d’aumôniers d’hôpitaux en Afrique ? Comment se déroule cette formation ? Avec quels effets ? Qu’est-ce que tu as appris pour toi-même ?

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         Le responsable des aumôneries du Congo s’est adressé à l’aumônerie du Centre hospitalier universitaire de Lausanne (CHUV) pour demander une aide de compétence. J’étais moi-même formateur et, en 2008, l’association de supervision pastorale m’a mandaté pour cette mission. Moi-même, j’avais été aumônier de l’Université de Kinshasa dans les années 1970.

         Cette formation d’aumôniers se fait sous forme de cours en interne dans un hôpital, avec une partie de pratique d’entretiens, de visites, de rencontres avec des malades et des membres du personnel soignant. Ensuite, on retravaille sur ces entretiens (verbatim). Une autre partie, c’est la connaissance de soi-même et de « soi-même en relation », non seulement à partir de l’analyse des visites, mais également à partir des relations dans le groupe.

         Quels sont les effets de cette formation ? Les pasteurs qui suivent cette formation  sont bouleversés par l’implication personnelle que cela représente. Ils voient ce qu’ils font. C’est très souvent la première fois qu’ils ont un regard extérieur, compétent et bienveillant sur eux-mêmes; en effet, ils sont eux-mêmes accompagnés par des formateurs et découvrent avec reconnaissance, par l’expérience, un type d’accompagnement qu’ils ne connaissaient pas. Ils peuvent se percevoir en vérité, dans un climat de pleine acceptation;  ce qui les régénère et leur ouvrent une nouvelle potentialité. L’effet, c’est une ouverture à leurs propres ressources. Ils se découvrent comme ayant plus de possibilités qu’ils ne pensaient. C’est justement ce qu’ils vont pouvoir offrir aux malades: cet accès à leurs propres ressources et à celles que Dieu leur donne.

         J’ai appris moi-même à découvrir et recevoir des ressources inattendues.  J’ai pu me mettre à l’école des personnes d’autres cultures et d’horizons différents. J’ai aussi observé et expérimenté les capacités de guérison qu’il y a dans une écoute authentique. Lorsqu’une personne se sent dans une relation de confiance, elle peut accéder à ses propres douleurs et questionnements, cela la libère pour s’ouvrir à d’autres possibilités d’évolution et d’espérance.

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A partir de cette expérience, comment perçois-tu, dans leur ensemble, les besoins des personnes malades ?

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         Les besoins réels ne sont pas en général ceux qui apparaissent en premier, les plus visibles. Il faut aider les malades à accéder à la conscience de leurs besoins les plus profonds. Ce besoin le plus réel, c’est peut-être de rencontrer quelqu’un qui atteste par son attitude, par sa présence, qu’ils ne sont pas abandonnés, quelqu’un qui entre dans la compréhension de ce qu’ils vivent douloureusement, sans désespérer, ni banaliser. J’évoque ici des besoins qui sont de type relationnel, ceux auxquels on peut répondre par sa qualité de présence. C’est dans ce contexte que l’accompagnement trouve son sens, sa place.

         Comment cet accompagnement peut-il se réaliser ? La base, c’est la sollicitude qui est une des capacités essentielles de chaque humain. Et cela entre dans les pratiques qui sont communément inscrites sous le vocable récent de « care ». La sollicitude, c’est la chaleur humaine qui permet de se relier, d’être reconnu et de répondre à des besoins existentiels.

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Comment les chrétiens participent-ils à cette approche ?

 

         Les chrétiens peuvent accompagner comme tous les êtres humains. Ils ont les mêmes capacités que les autres et rencontrent les mêmes risques, ce qui implique qu’ils se forment au moins autant que les autres à cette pratique. Ceci dit, ils sont appelés à transcrire dans la relation et de façon créative l’amour et l’espérance qui les habitent. Mais, en plus de transcrire, ils sont appelés à voir l’amour et l’espérance surgir au cœur de la relation.

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Jésus nous dit : « J’étais malade et  vous avez pris soin de moi » (Matthieu 25.36).  Comment entends-tu cette parole et sa mise en œuvre ?

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         Cette parole oriente l’accompagnant vers une quête. Elle lui donne le statut d’un chercheur qui s’attend à reconnaître le visage du Christ. Je suis dans une relation fraternelle et pas dans une relation d’aide hiérarchisée. Cela m’ouvre à une attitude de serviteur plutôt que de bienfaiteur. Cette perspective que l’autre est porteur du visage du Christ, nourrit ma relation avec lui. Ainsi, je m’approche des malades comme d’un mystère précieux, saint. La parole de Jésus, au sujet de cette pratique : « Toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25.40), nourrit la motivation du visiteur croyant lorsqu’il visite des malades. Cette perspective nous ouvre l’accès à voir quiconque comme lieu de révélation (« le sacrement de l’autre »).

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Dans l’Evangile, Jésus guérit des malades. L’œuvre de guérison divine se poursuit aujourd’hui. Comment l’accompagnement chrétien participe-t-il à cette œuvre ?

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         Le visiteur chrétien se reconnaît comme un parmi d’autres de ceux qui contribuent à la guérison. Tout progrès vers la guérison peut être perçu comme une action de Dieu. Ceci dit, sa confiance en Dieu le soutient dans son approche du malade et peut fortifier celui-ci et lui permettre de développer sa propre confiance. Il est ouvert au surgissement de vie au cours de l’accompagnement. Par ailleurs, la guérison s’inscrit dans un processus qui trouve sa pleine réalisation dans la résurrection.

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Jésus veut nous communiquer la paix. Comment l’accompagnement y contribue-t-il ?

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         Lorsque Jésus parle de paix, il évoque le « shalom » qui est un terme hébreu beaucoup plus large, beaucoup plus inclusif que le mot : paix. Le « shalom », c’est l’accomplissement du projet divin de restauration de toutes choses. Toute bénédiction non seulement proclame quelque chose, mais aussi communique quelque chose de ce shalom. Un geste de paix, une parole, par exemple, sont porteurs de cette réalité. On peut en observer des effets, que ce soit au niveau immédiat d’un ressenti ou une influence plus diffuse ou à long terme : un apaisement, un soulagement, une réconciliation ou une guérison physique.

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Quel message face au poids des souffrances et des limites ?

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         Pour moi, je ne mets pas l’accent sur le message, mais sur l’attitude qui, elle-même, devient message. Cela me libère de la préoccupation de savoir quoi dire ! Le message ne peut être que spécifique à la situation présente, il surgit au cœur de la rencontre.

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Comment l’accompagnement intervient-il face à la menace de la mort ?

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         C’est ici que le besoin d’expérience et de formation se fait le plus sentir. Les mourants sont nos maîtres parce qu’ils nous précèdent dans l’expérience et c’est d’eux que nous avons à apprendre. Une telle formation implique que nous soyons nous-mêmes confrontés à nos propres limites et à notre mortalité afin qu’on puisse entrer avec l’autre dans sa condition, sans désespérer. Accepter sa propre impuissance qui nous permet de communier avec l’autre, redécouvrir la face d’une simple présence à l’autre qui reflète la présence du Christ : nous sommes nous-même soutenus dans ce processus par notre perspective de la résurrection.

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Dans quelle mesure les accompagnants ont-ils besoin de formation ?

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         Les accompagnants ont besoin d’être eux-mêmes écoutés et accompagnés pour découvrir de l’intérieur le secret d’un tel parcours, se découvrir eux-mêmes et leurs potentialités. Ils acquièrent non seulement des compétences positives, mais découvrent aussi tous les travers dans lesquels ils peuvent tomber et comment ceux-ci peuvent être transformés en ressources.

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Dans quelle mesure l’expérience vécue par des accompagnants professionnalisés peut-elle se manifester dans la vie de tous les jours ?

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Une enquête faite auprès  des stagiaires congolais, une année après cette formation, a mis en évidence chez eux un émerveillement. Ils affirment que ce qu’ils ont appris dans leurs relations avec des malades s’applique dans tous les domaines de leur vie : relation avec leur conjoint, leur famille, leurs paroissiens. Leur nouvelle capacité d’écoute a transformé leurs relations. Ils ont maintenant également davantage conscience de leurs potentialités et de celles des autres. Plutôt que de se tourner vers les manques, ils s’appuient sur leurs possibilités.

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Contribution de Jean-Claude Schwab

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(1)            Jean-Claude Schwab est pasteur. Il participe activement au réseau : « expérience et théologie » et à la responsabilité du site correspondant : http://www.experience-theologie.ch/accueil/

(2)            On pourra lire sur ce blog deux autres contributions de Jean-Claude Schwab :                                                              « Accéder au fondement de son existence » : https://vivreetesperer.com/?p=1295 . « Entrer dans la bénédiction » : https://vivreetesperer.com/?p=1420 .On peut aussi découvrir sur son blog, le témoignage de son activité au Congo:  http://cpt-congo-projet.blogspot.ch/                                                                                                

                                                   

Esprit d’enfance

Amour, humour, émerveillement. Les albums de Peter Spier.

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Avec quelques autres illustrateurs comme Quentin Blake (1), Peter Spier rejoint à travers son oeuvre l’esprit d’enfance : humour et émerveillement. Ayant vécu durant sa jeunesse aux Pays-Bas, Peter Spier émigre aux Etats-Unis où il va illustrer des dizaines de livres pour enfants (2). Et son œuvre se répand dans le monde. Elle nous rencontre, enfants comme adultes, à bien des étapes de notre vie.

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Dans la dynamique de son œuvre créatrice, Peter Spier nous est présenté dans une courte vidéo (4). La vidéo commence par un chant traditionnel issu d’un poème anglais du XVème siècle : « The fox went out on a chilly night » (5). C’est Peter Spier qui fredonne le premier couplet :

« Le renard partit la nuit pour chasser.

Il pria pour que la lune lui donne de la lumière

Car il avait plus d’un mile à faire

A parcourir avant d’atteindre la ville ».

Peter Spier reprend ce chant qui l’a inspiré pour illustrer un de ses premiers albums, d’abord pour partie couleur, pour partie noir et blanc, et puis, aujourd’hui, 53 ans après cette publication, complété par l’auteur à l’aquarelle pour une version e-book.

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Peter Spier a fréquenté une école d’art à Amsterdam avant d’émigrer aux Etats-Unis où il a illustré environ 150 livres.

Le premier livre de Peter Spier mis en exergue par l’attribution d’un prix a été son album sur l’Arche de Noé (Noah’s Ark ) paru en 1977. Puisqu’il n’y a pas de texte, c’est à travers l’illustration que la réalité de l’histoire apparaît. Les détails enchantent. Noé ramasse les œufs de ses poules !

Et la seconde réussite de l’auteur, c’est l’album sur la chanson du renard parti chasser à la ville. Peter Spier a également réalisé un grand album sur les gens dans le monde (« People »), lui aussi très connu. Il nous raconte comment il a utilisé la documentation du National Geographic pour réaliser une illustration pleine de pittoresque et d’humour.

La vidéo se termine sur une image d’avenir. Peter Spier apprécie la qualité des images des ses aquarelles sur les e-books où la lumière illumine les photos.

Des commentaires sur l’auteur parsèment la vidéo. « Il permet à notre imagination de travailler ». Il nous entraîne dans une histoire. Mais c’est Peter Spier qui, avec un grand sourire, exprime le mieux l’esprit qui l’anime : « Je le fais pour les enfants et pour l’enfant qui est en moi ».

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Baba, auteur de l’album « Papa arbre » (3), a découvert très tôt les livres de Peter Spier. Dans sa veine artistique et poétique, il nous dit ici l’inspiration que lui apporte Peter Spier.

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Baba, quand et comment as-tu découvert cet auteur ?

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Je ne sais plus très bien, tout jeune, à la bibliothèque. J’avais aussi reçu certains de ses albums en cadeau d’amis bien inspirés. Mais, à vrai dire, c’est seulement maintenant, réouvrant ces livres avec mes propres enfants, que je mesure combien ils ont jalonné mon enfance, façonné mon imaginaire. Il y a d’abord Sept milliards de visages, qui n’étaient d’ailleurs que quatre à l’époque : un album magnifique, à la rencontre du monde, de l’humanité, de son immense diversité, un dessin florissant, une voix subtile, une vision de l’homme apaisée. Il y a Christmas, Rain… des albums sans paroles, une célébration du quotidien, de ces instants de grâce qui fondent l’existence. Il y a L’histoire de Noé : le récit biblique dévoilé dans toute sa richesse, dans sa chair, avec ses bruits, ses gestes, ses couleurs, ses odeurs, l’arche qui devient le refuge de la vie, de toute la vie.

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Il y a aussi Quand on s’ennuie : l’histoire géniale de deux frères désœuvrés à qui leurs parents reprochent de ne pas savoir s’occuper. Ils découvrent de vieux plans, rassemblent tout ce qu’ils trouvent, démontent la voiture, les haies, les rideaux, pour se fabriquer un avion. Leur envolée leur vaut de belles émotions et une bonne fessée de leurs parents ! Chaque histoire, chaque création de Peter Spier est l’histoire même d’une création, de ce moment où du rien jaillit le plein, où formes et couleurs nous invitent à « cet état d’invention perpétuelle », selon le mot de Paul Valery, qui n’est peut-être autre chose que l’enfance.

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Quels sont les albums de Peter Spier qui te plaisent le plus ?

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Tous. Je crois qu’aucun ne m’a déçu. Dès ses premiers albums, The Cow who fell in the canal, The Fox went out on chilly night, le talent de Spier éclate : l’éloquence de son dessin, son trait inarrêtable, son amour du détail, la tendresse de son regard, sa poésie, son humour. Spier est un héritier des paysagistes hollandais, d’Avercamp, de Van de Velde, de Van Goyen, de Ruysdael, attentifs au dialogue du ciel, de la terre et de l’eau, amoureux des gens, partagés entre le plaisir d’être chez soi, la douceur de l’intimité et l’appel du large, l’ivresse du chemin, l’horizon des navires à l’assaut de la mer.

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Américain d’adoption, il a consacré des albums très beaux à l’histoire des Etats-Unis, aux pionniers, à la naissance de la nation américaine, à la fondation de New-York. Il y a chez lui cet imaginaire du « nouveau monde » qui fait contrepoint avec ses origines néerlandaises. Il a aussi beaucoup travaillé à partir de chansons, des traditionnels – London Bridge is falling down, The Erie Canal, To Market, market, Hurrah, we’re outward bound !, And so my garden grows – dont les paroles scandent ses planches, font courir le regard du lecteur et révèlent toute la musicalité de ses visions.

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Quelle inspiration trouves-tu chez Peter Spier ?

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Ce sont des leçons. Tout chez Spier mérite d’être regardé parce que, lorsqu’il pose son regard sur les choses, rien pour lui n’est indigne d’être regardé. Il y a chez lui un appétit fabuleux, cette envie de faire l’inventaire du monde, de mettre partout ses yeux et ses pinceaux. La trame est toujours assez simple. Il imprime d’abord un mouvement, on suit un personnage, une rivière, un bateau, une voiture, une voix, ou, à l’inverse, on voit le monde, les gens, la nature se déployer, aller, venir, revenir, vivre, mourir, autour d’un même lieu, d’un même édifice, d’un même objet.

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Et puis il y a ces moments où tout s’arrête, où tout cède à la contemplation, à la couleur, à la douceur d’une lune, au parfum d’une prairie, à la fantaisie d’un nuage, à la fragilité d’une goutte d’eau, au fouillis d’un garage, au clair-obscur d’une rue … C’est dans ces moments-là que la nature, l’ouvrage des hommes et le désordre qu’ils sèment se retrouvent pour toucher au sublime.

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(1) Site de Quentin Blake : http://quentinblake.com/

(2) Itinéraire de Peter Spier sur wikipedia anglophone : http://en.wikipedia.org/wiki/Peter_Spier

(3) « Sur ce blog : « Papa arbre. Un album intime » : https://vivreetesperer.com/?p=1031

(4) Peter Speer author video : http://www.youtube.com/watch?v=cnR5u7T9F_c

(5) « The fox went out on a chilly night » : histoire et texte de cette chanson sur Wikipedia anglophone : http://en.wikipedia.org/wiki/The_Fox_(folk song)

 

 

Comme les petits enfants

Accueil, confiance et émerveillement

Odile Hassenforder : Sa présence dans ma vie.

Lieu ordinaire : dans la banlieue sud de la région parisienne, au troisième étage d’un petit immeuble, un angle de vue sur un mélange de végétation et de constructions et un  vaste espace de ciel. Mais, à partir de ce lieu ordinaire, dans une méditation quotidienne, Odile sait s’émerveiller. Elle apprend à recevoir. Elle découvre une harmonie. « Une atmosphère de confiance germe en moi. Je pense à l’enfant qui accueille la vie…Je deviens de plus en plus attentive à la semence intérieure qui germe, à l’écoute de l’intuition spirituelle,  à l’éveil de tout ce qui est bien-beau-bon autour de moi ». (1)

Mon fauteuil de méditation matinale est orienté à l’est.

J’aime admirer le lever de soleil, ces nuages qui s’éclairent, se colorent, passent du gris au rosé, avancent plus ou moins vite selon le vent… La vie est mouvement. La vie est énergie. Elle n’est pas statique comme l’expriment des pessimistes aveugles à ce renouvellement perpétuel.

Pour ma part, de tels spectacles de la nature, de la simple pâquerette au coucher du soleil et au ciel étoilé, m’émerveillent. Je sens mon cœur se dilater. J’appartiens à cet univers visible, mais  aussi invisible…Quelle magnificence. Emerveillement qui suscite l’adoration du Créateur : « L’homme a-t-il tant d’importance pour que tu t’occupes de lui ? » (Psaume 8/5). Et moi, je me sens toute petite, et pourtant je suis une créature merveilleuse (Psaume 139/14).

Un contentement intérieur s’établit peu à peu en moi. Comme les pièces d’un puzzle s’ajustant les uns aux autres, je découvre peu à peu un magnifique tableau. Cette vision et ce ressenti de bien-être m’envahissent. Et ma respiration devient le lieu de mon corps à mon mental s’épanouissant dans cet univers spirituel qui me dépasse. Alors s’éveille en moi une joie paisible, reliée à l’être suprême, mon Dieu, qui m’habite. Problèmes, inquiétudes, angoisses s’éloignent, se rapetissent comme les objets dans l’image d’un appareil de photo lorsque le focus agrandit le champ de vision. Une atmosphère de confiance germe en moi. Je pense à l’enfant qui accueille la Vie. Les paroles de Jésus me reviennent à l’esprit : « Le Royaume de Dieu appartient à ceux qui ressemblent à ces enfants » (Matt 19/14).

En moi, je connais cette conversion progressive de mon attention : de volontaire qui cherche le « bon modèle » chrétien à reproduire, je deviens de plus en plus attentive à la semence intérieure qui germe, à l’écoute de l’intuition spirituelle en moi et aussi à l’éveil à tout ce qui est bien-beau-bon autour de moi.

Odile Hassenforder

Écrit personnel 2007

 

(1) Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte Temps présent. 2011 (p 213-214)

Sur ce blog : autres textes d’Odile  Hassenforder : https://vivreetesperer.com/?tag=odile-hassenforder

Histoires d’enfance

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          France a été infirmière en pédiatrie et ensuite potière. Mariée, elle est mère de quatre fils. Elle a une relation presque « poétique »  avec les enfants. « Les enfants », nous dit-elle, « ont des clefs de connaissance que nous n’avons pas ». Elle nous raconte ici deux histoires.

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         « Un petit garçon de sept ans m’a demandé à faire de la poterie. Un jour, il arrive bouleversé. Sa mère est impossible et méchante. Son père est parti et l’institutrice est peu bienveillante. Il a du mal à lire et à écrire. « On dit que je suis un poète… mais je ne sais pas ce que c’est, un poète » ? Je lui répond : « Un poète, c’est une personne comme toi : la tête dans les étoiles et un cœur grand comme ça ». Lui : « Ah, c’est une bonne définition ! ». Moi : « Sais-tu ce qu’est une définition ? ». Lui : « Oui, c’est quand ce que l’on dit, ça s ‘écrit … ».

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         Dans un service de pédiatrie, un enfant de dix ans, atteint d’une leucémie gravissime, va s’en aller. Il me demande de rester près de lui, cette nuit du 24 au 25 décembre. Le chef de service refusera que je reste. Une psychologue m’a demandé : « Pourquoi voulez-vous rester ? Qu’est ce que la mort de cet enfant peut vous faire ?… » Or, cet enfant avait été complètement abandonné par sa famille. Je suis retourné voir l’enfant pour lui expliquer que je n’avais pas le droit de rester avec lui, mais lui ai-je dit : « Je penserai à toi toute la nuit ». Il m’a répondu : « Je vais aller au Ciel à quatre heures du matin ». « Et il est parti à quatre heures du matin ».

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Histoires émouvantes : une invitation à écouter.

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Contribution de France.

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On pourra lire sur ce blog : « L’enfant : un  être spirituel » : https://vivreetesperer.com/?p=340