Un adulte qui demande pardon à un enfant : savez-vous que cela peut exister ? Cette attitude n’est pas courante dans la société actuelle. Voilà pourquoi j’ai admiré mon amie Virginie. Elle est enseignante dans le primaire. Les enfants sont durs et ils ont le don de mettre les nerfs de leurs enseignants à bout, m’a-t-elle raconté. Et ce jour-là, le petit (appelons-le) Martin l’a particulièrement énervée. Elle, habituellement si placide, a perdu patience et l’a rudement admonesté. La journée a passé, les nerfs à fleur de peau. Bien sûr, Virginie n’était pas trop contente d’elle. La réaction habituelle est, bien souvent, de refouler ce malaise intérieur. Virginie, au contraire, s’est remémorée la situation et a pensé à l’enfant, m’a-t-elle dit. « Je n’aime pas penser qu’un enfant vienne à l’école, la peur au ventre, dans la crainte de se voir à nouveau rejeté dans ses réactions ». Et, geste que j’ai trouvé admirable, elle a demandé pardon à l’enfant devant sa maman. Celle-ci a été choquée que cette maîtresse « s’abaisse » ainsi devant un enfant. Elle n’avait pas compris que ce n’était pas perdre son autorité que de reconnaître ses torts et de montrer que l’adulte n’est pas parfait. Au contraire, l’enfant se sent d’autant plus en confiance qu’il n’est pas soumis à une pression autoritaire. Tout enfant est sensible à la justice et il reconnaît la vraie autorité. Reconnaître ses erreurs est une attitude de force et non de faiblesse. Cette maman, sans le formuler ainsi, a dû le ressentir, car, d’après mon amie Virginie, elle est partie contente. S’est-elle, elle-même, sentie valorisée à travers son enfant ? C’est probable.
J’ai connu un père qui demandait ainsi pardon à son fils lorsqu’il s’énervait ou se trompait. J’ai constaté qu’un grand courant de confiance et d’affection passait entre eux. Et j’ai apprécié ce sentiment de joie chez l’enfant, déjà adolescent, le jour où il s’est exclamé : « C’est bien de se disputer. Après on est content de se réconcilier ». Une sorte de connivence s’était établie entre eux.
Tout geste positif entraîne d’abondantes bénédictions. Cela me rappelle la recommandation de Paul aux chrétiens de Galates (6.1..). « Frères, si quelqu’un s’est laissé surprendre par une faute , vous, qui vous laissez conduire par l’Esprit, ramenez-le dans le droit chemin avec affection et douceur, en évitant tout sentiment de supériorité. Et toi qui interviens, fais attention de ne pas tomber toi-même dans l’erreur. ». Jésus a montré beaucoup de sollicitude et de respect pour les enfants. Les mots bibliques de douceur et humilité sont peu employés de nos jours dans la vie courante. Par contre, le respect est fréquemment invoqué et il est souvent réclamé par des jeunes et des moins jeunes. N’est-ce pas là une attitude préalable à toute relation vraie et à un véritable amour pour le prochain ?
Cette histoire a été pour moi une source de réflexion que je partage ici, comme un éveil à la beauté qui se dégage d’une relation vécue dans l’amour et la vérité. Merci, Virginie, de m’avoir raconté ta mésaventure avec tant de simplicité.
Ce récit nous « éveille à la beauté qui se dégage d’une relation vécue dans l’amour et la vérité ». Mais il appelle aussi au respect de l ‘enfant. On peut se réjouir que cette conscience s’étende et s’affirme aujourd’hui. C’est le cas dans l’approche Montessorienne qui se diffuse aujourd’hui sur différents modes et notamment dans l’expérience et la pensée de Céline Alvarez : « Pour une éducation nouvelle, vague après vague » : https://vivreetesperer.com/pour-une-education-nouvelle-vague-apres-vague/
C’est aussi le cas dans l’éducation bienveillante qui peut s’appuyer sur la Communication Non Violente (CNV) . A cet égard, on pourra consulter le blog de Coralie Garnier :les6doigtsdelamain, qui nous présente une approche de « parentalité positive ». On pourra y lire le récit de l’entretien de Coralie avec le professeur de sa fille qui avait injustement rabroué celle-ci. Dans une inspiration de communication non violente, une finesse et sa compréhension qui engendrent la réussite du dialogue, l’attitude de Coralie et la description de la conversation nous paraissent exemplaires. Respect de l’enfant, respect de l’adulte : « Mon entretien délicat avec le professeur de ma fille » : https://les6doigtsdelamain.com/mon-entretien-delicat-avec-la-professeur-de-ma-fille/
La communication non violente, avec Thomas d’Ansembourg
Nous sommes confrontés à la violence. C’est une réalité qui nous environne : violence dans les rapports sociaux, mais aussi violence perçue dans les réactions de tel ou tel. Nous savons comment la violence peut être dévastatrice. Alors comment lui résister ?
Les approches non violentes dans des conflits politiques et sociaux telles que celles de Gandhi et de Martin Luther King sont aujourd’hui bien connues. Plus récemment, un psychologue américain, Marshall B Rosenberg a développé un ensemble de pratiques sous le terme de « Communication non violente ». « La communication non violente, c’est la combinaison d’un langage, d’une façon de penser, d’un savoir faire de communication et de moyens d’influence qui servent mon désir de faire trois choses : me libérer du conditionnement culturel qui est en discordance avec la manière de vivre ma vie ; acquérir le pouvoir de me mettre en lien avec moi-même et autrui d’une façon qui me permette de donner naturellement à partir de mon cœur ; acquérir le pouvoir de créer des structures qui entretiennent cette façon de donner » (1).
A plusieurs reprises sur ce blog (2), nous avons présenté l’enseignement de Thomas d’Ansembourg sur la relation et communication dans la vie sociale. A un moment de sa vie, Thomas a vécu comme animateur avec des jeunes de la rue. C’est à partir de cette expérience qu’il a décidé de se former à la communication non violente avec Marshall Rosenberg. Puis il a continué son parcours comme psychothérapeute. Ainsi est-il bien placé pour nous aider à comprendre la violence et à la dépasser. Dans cette vidéo : « La paix, ça s’apprend ! » (3), Thomas d’Ansembourg nous raconte brièvement son parcours et répond aux questions qui lui sont posées. Il y a là des réponses à nos propres questionnements. Voici donc, en notes, quelques extraits de ses propos.
La paix, ça s’apprend !
La paix, ça s’apprend ! Oui, mais « curieusement, nous sommes tout à fait prêts à apprendre la guerre, et, depuis l’époque des romains, nous connaissons l’adage : « Si tu veux la paix, prépares la guerre ! ». Et forcément, comme on prépare la guerre, on a pour cela des budgets, de l’organisation, des responsables, des formations, des spécialisations. C’est extraordinaire comme on est habitué à préparer la guerre, à y consacrer du temps et de l’argent ». Et, en regard, il y a bien peu d’efforts pour engager notre énergie en faveur de la paix et nous former en ce sens. « Pour la paix, il n’y a pas de budgets, pas de formations, pas de responsables… Je me suis intéressé à faire le parallèle. Si nous mettions autant d’attention à préparer la paix, est-ce que nous n’aurions pas quelque chance d’en avoir davantage parce qu’on y serait davantage préparé ».
Un parcours de formation et d’action
Thomas nous raconte comment il a été amené à s’intéresser à cette question. « Quand j’ai commencé mon travail comme avocat, je me suis rendu compte que beaucoup de conflits étaient le fruit de malentendus. Si nous apprenions à mieux nous exprimer et à mieux écouter l’autre, il y aurait beaucoup moins de malentendus. Nous aurions intérêt à apprendre qui nous sommes, à gérer nos émotions, à nous aligner sur notre élan de vie, aussi apprendre à exprimer ce que nous sommes et nos ressentis d’une façon adéquate, sensible et, de même, à écouter ce que l’autre ressent ».
Puis, deuxième expérience, Thomas a commencé à s’occuper de jeunes de la rue. « Je me suis aperçu que la violence était souvent liée à un manque de discernement, de conscience, de capacité d’expression de ce que nous vivons. Un peu d’apprentissage de soi, de connaissance de soi, éviterait à beaucoup de ces jeunes d’entrer dans des mécanismes de violence ».
Thomas a ensuite décidé de suivre une psychothérapie qui a été également source de prise de conscience. « Quand je suis entré moi-même en thérapie, je me suis aperçu du temps que je mettais à démanteler des attitudes, des automatismes, des conditionnements. Il faut du temps pour défaire ce qui empêche, avant de construire.
« Quand je suis devenu moi-même thérapeute », poursuit Thomas, « j’ai fait moi-même la même constatation et combien nous manquions d’apprentissages de base ».
Au cours de son service militaire, Thomas d’Ansembourg s’est engagé comme officier dans l’arme des paracommandos. Dans ce cadre, il a été soumis à un entrainement particulièrement rigoureux et vigoureux. Cet apprentissage a été pour lui « une expérience humaine de rencontre avec soi, de confrontation avec les limites du corps, de la volonté, des émotions ». Il en est resté une découverte : ces limites peuvent être dépassées. « Nous avons un potentiel pour aller bien au delà des limites que nous connaissons. Nous avons des ressources exceptionnelles pour aller au delà de ce que nous croyons ».
Thomas d’Ansembourg a trouvé en Marshall Rosenberg un formateur et un accompagnateur qui lui a permis de s’engager dans la voie de la communication non violente. « C’est un apprentissage systématique pour entraîner notre esprit à écouter autrement, à regarder autrement ». Ce n’est « pas seulement un outil relationnel, mais aussi un outil de connaissance de soi ».
Outils pour la connaissance de soi
« Il y a aujourd’hui des outils de connaissance de soi extrêmement performant. Ils ont fait leur preuve pendant de nombreuses années. Ils sont généreux. Ils sont pertinents. Ils se vivent dans le respect de toutes les traditions. Il est grand temps que nous les fassions connaître. Ne pas les connaître serait comme une non assistance à personnes en danger ». Mais quels sont ces outils ? demande un auditeur. Il y a bien cette approche de la communication non violente qui a tant apporté et apporte tant à Thomas. Mais il y en a beaucoup d’autres. Thomas cite notamment la PNL, l’analyse transactionnelle, la gestalt, la sophrologie, des approches plus physiques : le yoga, le qi gong…
Autour de l’agacement
En réponse aux questions des auditeurs, Thomas d’Ansembourg ouvre pour nous des portes de compréhension, des approches pour un changement intérieur.
« Comment éviter d’être agacé ? Lui demande-t-on. « On ne l’évitera pas. Ce qui est important, c’est de savoir pourquoi nous sommes agacés, peut-être régulièrement agacés. Qu’est ce qui est récurrent là dedans ? Comment anticiper pour ne pas se retrouver dans une situation d’agacement ? Beaucoup de nos contemporains vivent de l’agacement à répétition sans jamais sonder pourquoi ils se trouvent agacés et sans savoir qu’est-ce qui est en leur pouvoir pour transformer cette situation. J’ai pu voir moi-même dans mes propres agacements et aussi dans l’accompagnement des personnes que nous sommes beaucoup plus puissants que nous croyons dans notre capacité non pas de changer l’autre ou les circonstances, mais dans celle de changer notre manière de vivre par rapport à l’autre et aux circonstances ». Il y a des pistes pour sortir de ces impasses. « Tu es peut-être agacé, énervé. Tu te sens seul. Qu’est-ce que cela dit de toi ? Qu’est-ce que tu as besoin de développer, de transformer ? Tu as peut-être besoin de demander de l’aide. Il est bon de pouvoir tirer parti d’une friction ou d’un agacement pour tenter d’éviter que cela ne se représente ».
Changer le monde ?
Quel peut être l’impact de cette approche dans la vie du monde ? Thomas d’Ansembourg répond prudemment. « On ne peut pas changer le monde. Mais on peut changer sa façon d’être au monde » et par suite influer sur le monde. « Imaginez que chaque citoyen sur la planète prenne du temps chaque jour pour se pacifier, réconcilier ses tensions, comprendre ce qu’elles veulent dire, vérifier qu’elles s’alignent sur son élan intérieur… » Thomas d’Ansembourg croit au pouvoir de la non violence. « Nous créons un nouveau climat et cela demande une vision à long terme… ». « C’est particulièrement précieux d’avoir ces clés de pacification aujourd’hui puisque des tensions considérables viennent autour de nous sur nos territoires en Europe et que cela nous demande une vigilance pour ne pas être dans l’action-réaction qui est toujours une façon de gérer ce genre de choses ».
Face au terrorisme
Comment réagir devant l’horreur du terrorisme ? D’abord en accueillant bien sûr la colère, la tristesse, le dépit. Evidemment on ne peut pas être indifférent par rapport à ces évènements. En quoi cela nous subjugue par rapport à nos critères ? En même temps, manifestement, nous avons à faire aux symptômes tragiques d’une société extrêmement malade. Il me semble que nos gouvernants se préoccupent surtout des symptômes sans tenter de comprendre la cause. Certains l’ont bien identifiée. Elle vient d’un monde que nous avons créé qui se révèle un monde centrifuge. Ceux qui n’arrivent pas à rester au centre, à s’accrocher à l’axe, sont jetés au dehors et forcément, ceux qui n’ont plus rien à gagner n’ont plus rien à perdre. Et ils nous le font cruellement sentir. Je souhaiterais qu’un peu plus de nos contemporains mesurent qu’il s’agit parallèlement de remettre en question notre système socio-économique. Notre système capitaliste patriarcal est à bout de souffle et il est grand temps d’inventer une autre façon de générer et de partager les biens et les ressources ». Thomas évoque une réflexion d’Albert Jacquard, un scientifique engagé. : « La présence d’une prison dans une ville est le signe qu’il y a un problème dans la société toute entière ». Les mesures de sécurité ne suffisent pas. « Je me dis qu’on oublie de s’intéresser aux problèmes qui affectent la société toute entière et qui continuent de générer des poches de frustration ».
Face à la violence
Mais d’où vient la violence ? Est-ce une fatalité biologique selon laquelle « l’homme serait un loup pour l’homme » ? « La violence n’est pas l’expression de notre nature. La violence est l’expression des frustrations de notre nature » répond Thomas. « C’est lorsque notre nature est frustrée que nous pouvons être violent. Un être humain qui a reçu de l’amour, de l’attention, de la valorisation de ses talents, de l’encouragement dans ses faiblesses, pourquoi cet individu utiliserait-il une stratégie violente pour se sentir vivre ? ».
Autre question : comment fait-on par rapport à la violence des autres ? La solution n’est-elle pas de développer notre paix, notre propre bienveillance ? Effectivement, Thomas nous invite à nous tourner vers nous-même. « Ce sera très difficile de comprendre la violence des autres si on refuse de voir la notre. Et beaucoup de nos contemporains refusent de voir la leur. La plupart des gens n’imaginent pas de quelle violence subtile il s’agit : le jugement sur soi, la condamnation, les systèmes de pensée qui nous forment, la culpabilité qui déchire. La plupart de nos contemporains n’imaginent pas la violence qu’ils exercent sur eux-mêmes et ils se trouvent encagés en tenant bien la clé en main pour ne pas se libérer. Nous avons besoin d’apprendre à démembrer cette violence sur nous-même. C’est la condition pour accueillir la violence de l’autre, sinon la violence de l’autre nous rappelle la violence que nous exerçons sur nous-même. Lorsque l’autre nous juge, cela interpelle la partie de nous-même qui nous juge aussi. Je ne puis pas écouter l’autre me traiter d’égoïste si il y a une partie de moi qui me dit : « Je suis un égoïste. Je ne pense qu’à moi. C’est inadmissible ».
Le pouvoir de l’empathie
Thomas nous appelle à reconnaître et à développer notre empathie. « Je suis de plus en plus surpris par le pouvoir de l’empathie. L’empathie, c’est la capacité de me relier à ce que l’autre ressent et à ce qu’il aimerait, même si on n’est pas d’accord. L’empathie ne veut pas dire qu’on est d’accord, qu’on souscrit, qu’on est prêt à faire ce que l’autre demande. L’empathie, c’est comprendre ce que l’autre ressent, mais sans être forcé d’y souscrire. Je suis impressionné par la puissance de l’empathie. Beaucoup de nos besoins de violence, d’agressivité viennent du besoin d’être compris, d’être rejoint, du désir que notre manière d’être soit entendue. Si nous arrivons à créer un climat d’écoute et d’empathie pendant un certain temps, j’ai la conviction qu’il y aura du changement ».
Pardon…réconciliation…
Un auditeur demande à Thomas d’Ansembourg ce qu’il pense du pardon. « J’ai grandi dans la tradition catholique. Comme enfant et jeune homme encore, on m’a beaucoup parlé du pardon. Intellectuellement ces paroles me paraissaient belles et nécessaires, mais je n’ai pas ressenti un déclic dans mon cœur. Par la suite, quand j’ai appris ce qu’était l’empathie, l’empathie pour soi et l’empathie pour l’autre, j’ai tout à coup ressenti ce « tilt » : aller jusqu’à comprendre l’autre même si on a souffert de lui. Or c’est un effet que je n’avais pas perçu en disant : « Je te pardonne. Ce n’est pas grave ». Je gardais quand même le souvenir d’une tristesse, d’un agacement. Maintenant, je sais qu’on peut appendre à se réconcilier et je préfère la démarche de réconciliation. Comprendre ce que l’autre a ressenti et le découvrir dans son humanité et dans son dénuement, cela demande que nous ayons accepté nous-même de nous voir dans notre humanité, dans notre pauvreté, dans notre dénuement, par moment dans notre impuissance. Plus nous porterons de l’humanité envers nous-même, plus nous développerons de l’humanité pour l’humain devant nous. C’est une démarche. C’est un travail. Si on comprend ainsi le mot pardon, j’y souscris.
Que penser des religions ?
Un auditeur pose une grande question à Thomas d’Ansembourg : « Que penses-tu des religions ? »
« J’ai de l’estime pour les religions qui aident les personnes à mieux vivre, qui leur donnent des outils de compassion pour les autres, d’entraide et d’éveil au meilleur de soi. Il se trouve que j’ai perçu des limites dans la façon dont la religion m’été enseignée. J’ai grandi dans une tradition catholique très pratiquante. J’ai exploré ces ressources et, à un moment, elles ne me servaient plus. Il a fallu que je cherche autre chose qui n’était pas en contradiction avec la pratique religieuse, mais qui ne s’y trouvait pas, notamment la connaissance de soi. Le fait d’entrer en thérapie n’était pas cautionné par la religion. Les religieux me disaient : « Mais priez ! Allez faire une retraite spirituelle et tout ira bien… » Et bien non ! Dans le climat que j’ai vécu, je sentais plutôt un étouffoir, une limite, un empêchement à me mettre moi-même dan une perspective d’expansion et de mettre ainsi le meilleur de moi-même au service des autres. Si la religion aide à grandir et à être plus joyeux et plus généreux, alors c’est une appartenance magnifique. Je serais toutefois vigilant en constatant qu’il peut arriver en thérapie beaucoup de personnes ayant été « obscurcies » par une pratique religieuse qui les empêche d’être elles-mêmes. Elles étaient juste des copies conformes de leurs parents, de leurs milieux. Or, on est sur terre pour transformer le monde et apporter de la nouveauté. Et la nouveauté vient lorsqu’on est créateur et quand on a appris à se connaître et à se confronter avec son ombre. Et pour se confronter avec son ombre, il faut l’avoir rencontrée. La plupart des religions disent : « N’allez pas voir votre ombre ! » Comment voulez-vous dépasser quelque chose que vous ne connaissez pas ? Cette religion me tirait hors de moi. Je n’avais pas un creuset d’intériorité transformante où je pouvais nettoyer mes tristesses, mes désarrois. Il me manquait ce petit laboratoire intérieur. J’ai pu voir par la suite qu’on peut vivre une religion très stricte sans espace d’intériorité, sans aucun recul. Je vous engage donc à développer une vie intérieure profonde qui peut bien se vivre dans un cadre religieux, mais aussi dans un autre cadre.
Une conscience de la respiration
A la fin de la session, un auditeur demande à Thomas d’Ansembourg, un exercice, « une petite pratique pour une éducation à la paix, un entrainement à la paix ». En réponse, Thomas propose un exercice simple et porteur de sens. « Vous pouvez commencer votre journée par 3 ou 4 minutes de présence. Vous posez votre main sur votre poitrine en constatant que vous respirez et vous prenez deux ou trois respirations dans cette conscience. Je respire. Cela respire en moi. Goutez cette conscience que c’est la Vie qui respire en vous. Il n’y a rien à faire. Et puis, à côté de cette conscience de la Vie qui est en vous, qui est là constamment, ajoutez une petite visualisation de ce qui se passe. Entrez dans l’intime de vos poumons. Visualisez ce qui se passe à chaque instant dans vos poumons : un échange entre oxygène et gaz carbonique. La vie est échange. Sans échange, il n’y a pas de vie. Ajoutez un sentiment, ne serait-ce que de la gratitude pour cela. Mesurez l’âge que vous avez, le nombre de respirations que vous avez prises depuis la toute première à la sortie du sein maternel et combien votre respiration est fidèle depuis tant d’années et elle le sera indéfectiblement jusqu’à votre dernier souffle. Fidélité de la vie. Portez de la gratitude, de la reconnaissance à la fois pour le souffle physique, et, pour ceux qui partagent cette perspective, pour le souffle de l’Esprit qui souffle à travers toute personne et tout être, quelque soient les mots que vous mettiez sur cette réalité. Un petit exercice de quelques secondes qui vous relie à la sensation d’être vivant, à la merveille de l’organisation biologique de la vie, à l’appartenance au souffle que ce soit simplement le souffle physique qui est le même pour tous les êtres vivants et nous relie au Cosmos et à la totalité, mais également au souffle qui nous relie à la dimension spirituelle, le souffle qui inspire notre humanité depuis des millénaires au delà de ce que nous voyons.
Interprétations
Comment ne pas nous interroger sur la violence qui nous environne ? La conférence questions-réponses de Thomas d’Ansembourg nous apporte un éclairage précieux. Cette approche nous aide à comprendre, mais elle nous ouvre aussi des pistes pour des prises de conscience débouchant sur un changement personnel. Et ce changement personnel contribue à une pacification collective : « Un citoyen pacifié est un citoyen pacifiant ». Cet enseignement est le fruit de l’expérience de Thomas qui nous fait le cadeau de nous la partager. Mais elle est donc également associée à un parcours personnel dans un contexte spécifique. Aussi, sur certains points, notre interprétation peut être différente. Nous ouvrons ici quelques pistes de réflexion complémentaires.
Pour une théologie de la vie
Thomas d’Ansembourg a été apparemment confronté à un catholicisme traditionnel dont il s’est éloigné parce qu’il en percevait les limites et les empêchements qui en résultaient dans son évolution personnelle. Cependant, il y a aujourd’hui plusieurs manières d’envisager et de vivre la foi chrétienne. Dans son oeuvre théologique, Jürgen Moltmann nous montre l’influence que la philosophie platonicienne a exercée dans une part du christianisme associée à une société traditionnelle. La terre était perçue comme « une vallée de larmes ». Le salut était associé à un détachement du corps et une échappée de l’âme vers l’au delà. En réponse, Moltmann nous propose une théologie de la vie. Ainsi écrit-il, dans son tout récent livre : « Theliving God and the fullness of life » (4) : « Le christianisme naissant a conquis le monde ancien avec son message au sujet du Christ : « Il est la résurrection et la vie ». C’est le Christ qui vient en ce monde et c’est cette vie avant la mort qui est éternelle parce qu’elle est remplie de Dieu dans la joie. Car, en Christ, le Dieu vivant est venu sur cette terre pour « qu’ils puissent avoir la vie et l’avoir en abondance » (p IX)… Dans la résurrection du Christ, une vie entre dans le présent qui ne peut être qu’aimée et vécue joyeusement… Je désire présenter une transcendance qui ne supprime, ni n’aliène notre vie présente, mais qui libère et donne à la vie une transcendance dont nous n’ayons pas besoin de nous détourner, mais qui nous remplisse d’une joie de vivre » (p X). N’est-ce pas cette dynamique de vie qui manquait dans l’univers religieux que Thomas a rencontré dans son enfance et sa jeunesse ? Dans cette perspective, Moltmann accorde une grande importance à la présence et à l’œuvre de l’Esprit Saint, un Esprit créateur et qui donne la vie (5). Nous percevons cette présence de l’Esprit dans la dimension du Souffle à laquelle Thomas d’Ansembourg fait allusion en commentant l’exercice de la respiration.
Face à la peur : le témoignage de Barack Obama
L’approche développée à travers cette conférence peut aider des gens très différents. « Ces outils de connaissance de soi se vivent dans le respect de toutes les traditions ». Dans une perspective chrétienne, ils s’inscrivent dans une vision de foi qui engendre la confiance et donne la force. Elle apporte un soutien face à l’adversité. A cet égard, le récent témoignage (6) du Président des Etats-Unis, Barack Obama, nous paraît particulièrement éloquent. On imagine autant la responsabilité qu’il assume que les drames et les menaces auxquels il peut être confronté. Dans une rencontre nationale autour de la prière (« National prayer breakfast »), Barack Obama a choisi de commenter un verset biblique (2 Timothée 7) : « Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de peur, mais un esprit de puissance, d’amour et de sagesse ». Ainsi nous parle-t-il de la peur : « La peur peut nous amener à nous en prendre violemment à ceux qui sont différents de nous… Elle peut nous entrainer vers le désespoir, la paralysie ou le cynisme. La peur peut susciter nos impulsions les plus égoïstes et briser les liens communautaires. La peur est une émotion primaire que nous éprouvons tous. Et elle peut être contagieuse se répandant à travers les sociétés et les nations.
Pour moi, et je le sais pour beaucoup d’entre vous, la foi est le grand remède à la peur. Jésus est un grand remède à la peur. Dieu donne aux croyants la puissance, l’amour, la sagesse qui sont requis pour surmonter toute peur… La foi m’aide à faire face aux craintes quotidiennes auxquelles nous sommes tous confrontés… Elle m’aide à affronter quelques unes des tâches spécifiques de ma fonction… Nelson Mandela a dit : « J’ai appris que le courage n’était pas l’absence de peur, mais le fait de la surmonter… »… Et certainement, il y a des moments où je dois me répéter cela à moi-même dans ma fonction… Et comme président, comme chaque leader, chaque personne, j’ai connu la peur, mais ma foi m’a dit que je n’avais pas à craindre la mort, que l’acceptation du Christ promet le vie éternelle… Dans la force de Dieu, je puis résister, faire face aux aléas, me préparer à l’action… ». Barack Obama ajoute longuement combien, dans ces épreuves, il a été encouragé par la foi des autres.
Face à la violence : compréhension et changement intérieur
A plusieurs reprises dans ses propos, Thomas d’Ansembourg indique le registre dans lequel il se situe : « Je vous engage à développer une vie intérieure profonde » qui peut se vivre dans différents cadres. Nous venons d’ajouter ici en regard quelques pistes de réflexions personnelles. A plusieurs reprises, nous avons présenté sur ce blog l’apport de Thomas d’Ansembourg qui nous paraît apporter un éclairage précieux pour nous situer personnellement dans le monde d’aujourd’hui et évoluer en conséquence. Le problème de la violence se pose à nous aujourd’hui avec acuité, mais il nous interroge aussi par rapport à certains comportements que nous rencontrons dans la vie quotidienne, et, comme Thomas l’a bien montré, par rapport à certaines de nos réactions. C’est pourquoi, rencontrant cette vidéo : « La paix, ça s’apprend » à un détour d’internet, nous avons immédiatement choisi de la mettre ici en évidence. Voici un éclairage qui ne nous apporte pas seulement une compréhension, mais qui nous ouvre un chemin.
(4) Moltmann (Jürgen). The living God and the fullness of life ». World Council of churches, 2016 Sur ce blog : voir aussi : « Dieu vivant. Dieu présent. Dieu avec nous dans un monde où tout se tient » : https://vivreetesperer.com/?p=2267
(5) Moltmann (Jürgen). L’Esprit qui donne la vie. Cerf, 1999. « l’Esprit de Dieu s’appelle l’Esprit Saint parce qu’Il vivifie notre vie présente et non parce qu’Il lui est étranger et en est éloigné. Il place cette vie dans la présence du Dieu vivant et dans le courant de l’amour éternel. Pour marquer l’unité entre expérience de Dieu et expérience vitale, je parle dans le présent ouvrage de « l’Esprit qui donne la vie ». Voir aussi une introduction à la pensée théologique de Jürgen Moltmann sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : http://www.lespritquidonnelavie.com
Dans une brève vidéo de la série : « Pasteur du dimanche » (1), Ingrid Prat nous dit, avec les paroles du cœur, comment elle ressent et vit le psaume 139 (2). Dieu n’a pas sur nous un regard intrusif. « Dans la Bible, connaître c’est rencontrer. Ce psaume nous parle d’un Dieu qui connaît, qui entre en relation, qui partage une existence. Oui, Dieu nous connaît. Il veut nous accompagner, nous rencontrer pour de vrai….
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Ide a regardé cette vidéo et entendu ce commentaire. Et cela a éveillé en elle une mémoire joyeuse de tout ce qu’elle a reçu à travers ce psaume 139. Elle partage avec nous son expérience :
« Pour moi, la psaume 139 a été très, très important.
En 1981, j’ai suivi une retraite à la Roche d’or. J’étais à la chapelle et j’ai reçu cette parole intérieure : « Va et ne pèche plus. Et moi, je t’aime telle que tu es et je serai avec toi tous les jours de ta vie ». Je suis allé en parler avec le conseiller de la retraite et il m’a suggéré de méditer le psaume 139 dans la chapelle. J’ai reçu plusieurs éclairages : remettre de l’ordre dans ma vie, mais aussi la certitude que, même si j’étais handicapée, j’avais du prix aux yeux de Dieu. Je comptais pour lui et il avait besoin de moi.. Il m’avait accompagné depuis le début « en me tissant dans le ventre de ma mère » et je n’avais plus à me révolter contre mon handicap et la manière dont celui-ci avait été reçu dans ma famille.
Ce psaume a continué son œuvre. Quand je suis venu accompagner ma mère malade et âgée à partir de 2002, il y avait encore chez moi un peu de ressentiment vis-à-vis de mes parents. A cette époque, je suivais régulièrement des retraites et, à l’une d’elle, j’ai eu la conviction que je devais entièrement pardonner à mes parents. J’ai rencontré à nouveau le psaume 139 : « Si je dis : « Que l’obscurité m’engloutisse, qu’autour de moi, le jour se fasse nuit », pour toi, l’obscurité devient lumière et la nuit, claire comme le jour ; ténèbres et lumière, pour toi, c’est pareil » (traduction en français courant). En lisant et en relisant ces versets, mon amertume a complètement disparu.
Quelques années plus tard, à l’occasion d’une maladie, ce psaume m’a à nouveau parlé : « O Dieu, regarde jusqu’au fond de mon cœur et sache tout de moi. Mets moi à l’épreuve. Reconnais mes préoccupations profondes. Vois bien que je n’ai pas adoré de faux dieux et conduis moi sur le chemin qui a toujours été le tien ». J’avais subi un examen et on ne voulait pas me donner les résultats en mains propres. Je me suis douté que mon problème de santé était sérieux. C’était effectivement un cancer. A partir de là parole de ce verset, j’ai ressenti une protection et je me suis senti protégée et portée pendant toute la période critique jusqu’à la guérison complète.
En écoutant aujourd’hui ce psaume 139 et le commentaire d’Ingrid Prat en vidéo, la mémoire de tout ce que j’ai reçu à travers ce psaume est remontée. Ce psaume m’a rappelé que Dieu m’aimait et m’avait créée telle que je suis, handicapée, limitée, mais sous son aile protectrice. J’ai du prix à ses yeux. Ingrid Prat nous dit très justement que Dieu est toujours là, et qu’en nous connaissant, il partage notre existence et veut nous rencontrer pour de vrai. C’est bien ainsi qu’on choisit la vie… »
Sur ce blog : présentation d’une autre méditation vidéo de la chaine : Pasteur du dimanche : « Face à la détresse du monde » (« Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » par Nadine Heller) : https://vivreetesperer.com/?p=1643
Sur ce blog, voir aussi d’autres contributions de Ide :
Le livre de Ségolène Royal : « Cette belle idée du courage ».
Si elle attire enthousiasme ou contradiction, Ségolène Royal a effectué en France un parcours politique qui ne peut être ignoré (1). Dans cette entrée en matière, nous n’avons donc pas à le rappeler. A la suite d’autres livres qui ont ponctué son itinéraire politique, elle vient d’écrire un nouvel ouvrage : « Cette belle idée du courage » (2).
Pourquoi ce livre ?
Et elle nous dit pourquoi : « L’idée de ce livre est née de la question qu’on m’ont tant de fois posée des proches comme des inconnus, des militants et des citoyens, en France et hors de France. « Comment faites-vous pour continuer malgré tout ? » (p 13). Ce« malgré tout » nous rappelle les épreuves que Ségolène Royal a vécu au cours de ces dernières années : un déchirement dans sa vie privée et des déboires politiques qui se sont succédés, mais qui ne l’ont pas empêché de poursuivre son parcours comme présidente de la Région Poitou-Charentes (3), vice-présidente de l’Internationale Socialiste et aujourd’hui vice-présidente de la Banque publique d’investissement. Le titre même de son chapitre introductif est explicite : « Panser sesplaies et repartir ».
Oui, « pourquoi continuer ? » « La défaite est une violence dont on ne se relève pas par un déni… Accuser le coup n’oblige pas à en rester là. L’effet décapant d’une défaite peut éroder jusqu’aux raisons de se battre, ou, au contraire, les fortifier et aider à faire le tri entre l’essentiel et l’accessoire, permettre d’inscrire le moment douloureux dans une perspective plus large, en cherchant à faire primer le destin collectif sur la mésaventure personnelle et en regardant la part qui nous incombe (p 17).
Et, dans ce chemin, Ségolène Royal nous dit combien elle a été aidée par de grands témoins de pays divers et d’époques différentes. Elle s’est ainsi nourrie « de rencontres, de révoltes partagées et de combats menés » auxquels elle déclare « devoir une bonne part de l’endurance et de la persévérance dont on la crédite ». « Ce livre », nous dit-elle, « exprime une reconnaissance à l’égard des « passeurs de courage ». Leurs leçons sont universelles. Elles peuvent servir à d’autres qui pourront, je l’espère, y puiser, elles et eux aussi, des raisons de tenir bon face à l’adversité, car c’est ainsi qu’on se relève et qu’on avance » (p 18).
Les formes de courage sont multiples et elle en énumère quelques unes :
° « Le courage de dire non, cet acte inaugural dont tous les autre procèdent.
° Le courage de penser à rebours des conformismes ambiants.
° Le courage de vouloir la vérité et celui de briser, à ses risques et périls, les omertas tenaces.
° Le courage du quotidien aussi, le courage de tenir bon et de se tenir droit quand la vie est rude et nous malmène…
° Le courage de vaincre la peur.
° Le courage de se risquer sur des piste inédites et d’oser des réponses neuves » (p 18-19).
Quelles intentions ?
Dans une interview à « Femme actuelle » (4), Ségolène Royal nous éclaire sur ses intentions.
Oui, elle a choisi des « personnes capables d’agir et de se mettre en harmonie entre leur comportement et la recherche d’un idéal.
Et, quand on lui demande pourquoi elle apparaît « si sereine, presque hilare, les yeux fermés » sur la photo qui illustre la couverture, elle répond : « J’ai voulu un livre profond, mais aussi plein d’espoir et de gaîté. En effet, on ne peut qu’être frappé par un point commun, à ces différents portraits que je propose, cette capacité à être joyeux malgré des épreuves très fortes, Que ce soit Nelson Mandela, Louise Michel ou Stéphane Hessel etc, ils ont conservé malgré de terribles épreuves, cette aptitude au bonheur, cette capacité à capter la sensibilité des gens,à se régaler d’un paysage, d’une musique, d’un moment de paix. Ils y puisent aussi leurs forces.
Quels sont ses espoirs ? « Mon espoir, c’est que justement les gens retrouvent de l’espoir et ne cèdent pas au découragement. Le livre n’est pas une projection personnelle. C’est la transmission deleçons de vie enthousiasmantes ».
Ainsi, dans le climat de morosité qui est si répandu aujourd’hui, Ségolène Royal nous offre un livre qui transmet une expérience de vie positive et qui témoigne de valeurs.
Une vision politique.
Ségolène Royal nous présente ainsi une galerie de portraits. Ces personnalités sont certes exemplaires par leur courage, mais le choix qui en est fait, témoigne également d’une vision politique.
Dans cette période où l’unification du mode s’accélère, dans quelle mesure la France est-elle capable d’entrer pleinement dans ce mouvement ? Manifestement, ici, la vision est résolument internationale. La plupart des chapitres témoignent de cet horizon ; Des personnalités d’autres pays, d’autres continents : Nelson Mandela, Dilma Rousseff, Franklin Roosevelt y rayonnent, mais aussi les personnalités françaises citées sont, pour la plupart, très impliquées, à un titre ou un autre, dans la vie internationale. Jaurès n’est pas seulement un grand républicain engagé dans les luttes sociales, il est aussi l’homme de la paix, assassiné parce qu’il a lutté de toutes ses forces contre la guerre de 1914-1918 qui va plonger l’Europe dans le malheur et le chaos. François Mitterrand peut être rangé dans les constructeurs de l’Europe. Aimé Césaire, StéphaneHessel, Sœur Emmanuel sont des acteurs à l’échelle internationale.
Le choix des personnalités témoigne également de leur engagement dans un mouvement qui, dans différents domaines, œuvre pour une libération, pour la reconnaissance de la dignité humaine et de la justice.
Un premier aspect est la lutte contre ce qui a été l’esclavage et ladomination vis-à-vis des peuples d’autres couleurs : Nelson Mandela, André Césaire, Olympe de Gouges, Lincoln.
Un deuxième aspect est la lutte pour la justice sociale couplée éventuellement avec une politique économique orientée dans le même sens : Lula, Dilma Rousseff, Franklin D Roosevelt, François Mitterrand, Jaurès. Et puis, il y a les actions menées par les ouvriersd’Heuliez et les ouvrières de la confection,avec le soutien de la présidente de la Région Poitou-Charentes.
Enfin, la présence des femmes en politique et la lutte pour la reconnaissance de la place et de la dignité de la femme dans notre société est fortement représentées comme il se doit quand on pense à l’itinéraire de Ségolène Royal , très consciente des oppositions qu’elle a, elle-même, rencontrées : Leyla Zana, Dilma Rousseff, Sœur Emmanuel, Louise Michel, Olympe de Gouges, Jeanne d’Arc,Ariane Mnouchkine.
Cette action politique est fondée sur des valeurs explicitées et assumées qui proclament la dignité et le respect de l’être humain dans toutes ses dimensions, à la fois personnelle et sociale. L’homme n’est pas un moyen, mais une fin. Il a droit à la considération,à la justice. Au Brésil, Lula émet un slogan : « Lula, paix et amour » (p 63). En Afrique du Sud, Nelson Mandela remportant la victoire après trente ans de pénible détention, ne cède pas à l’esprit de vengeance. « Il ose l’espoir d’un pays fraternel. Il y engage tout son prestige moral et tout son poids politique, tout son pouvoir de conviction » (p 27). « Etre libre », écrit-il, « ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes.C’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres » (p 21). Dans une dynamique de vie, il y a le geste de pardon. Affreusement torturée pendant la période de la dictature militaire, des années plus tard, lorsqu’elle accède à la présidence du Brésil, Dilma Rousseff écrit : « J’ai enduré les souffrances les plus extrêmes. Je ne garde aucun regret, aucune rancune ». Voilà un état d’esprit qui fait contraste avec l’engrenage de la vengeance et de la mort qui caractérise d’autres épisodes de l’histoire. Ce respect porté à l’être humain est une exigence qui s’inscrit dans la vie quotidienne. Comme Ministre de l’enseignement scolaire, Ségolène Royal a eu le courage d’engager la lutte contre le bizutage, une pratique dégradante implantée dans de nombreux établissements ou les bas instincts trouvaient à se manifester avec la complicité active ou passive des autorités. Face aux préjugés, aux habitudes, aux traditions, on imagine les résistances auxquelles Ségolène Royal s’est heurtée. Ainsi consacre-t-elle un chapitre à l’audience de la Cour de justice de la République, le 15 mai 2000, qui l’a lavée d’une accusation calomnieuse (p 281-304). Oui, déterminée, elle l’a été face à « des rituels répugnants d’avilissement et de domination infligés à des jeunes sous les prétextes fallacieux de la tradition et de l’intégration au groupe » (p 285).
Finalement, cette lutte partout engagée pour la libération des êtres humains par rapport au mal qui leur est infligé par des structures et des forces sociales dominatrices, trouve son fondement dans un sens de la justicequi, lui-même, s’enracine dans une capacitéd’empathie, dans une capacité d’amour. La conclusion du chapitre sur Jaurès nous le dit excellemment : « Jaurès était un ami du peuple, sincère, sans postures ni facilités. Les gens, les pauvres gens l’aimaient, car ils le sentaient du côté de ceux qui souffrent. Personne ne l’a mieux dit que Jacques Brel :
« Ils étaient usés à quinze ans
Ils finissaient en débutant
Les douze mois s’appelaient décembre
Quelle vie ont eue nos grands-parents…
Ils étaient vieux avant que d’être
Quinze heures par jour, le corps en laisse
Laissent au visage un teint de cendre.
Oui, notre monsieur, notre bon maître
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? » (p 192).
La France en chemin
Ce livre ne traite pas de la conjoncture politique actuelle en France. Il témoigne d’un état d’esprit qui a pris de la hauteur en se situant dans la durée et dans le vaste espace du monde. La seule référence à des actions présentes concerne les luttes pour l’emploi entreprises par les ouvriers et les ouvrières d’Heuliez et d’Aubade en Poitou, soutenues par Ségolène Royal, présidente de la région. Mais celle-ci n’a pas oublié tous ceux qui l’ont accompagnée dans son itinéraire politique et particulièrement dans la campagne présidentielle de 2007. « Merci à toutes et à tous, correspondants amicaux, épistoliers fraternels. Ensemble, osons le courage. Voici l’urgence du temps présent… » (p 305-310).
Dans le cadre de ce blog, nous n’entrons pas dans les péripéties politiques. Comme dans ce livre, notre regard se porte sur les fondements et cherche à s’inscrire dans la durée. Mais il y a une relation profonde entre ressenti et compréhension. Et c’est pourquoi nous ne pouvons pas passer sous silence la manière dont nous avons vécu la campagne présidentielle de 2007. Des expressions comme « ordre juste, démocratie participative, intelligence collective, politique par la preuve… » continuent aujourd’hui à nous inspirer. L’appellation donnée à l’association qui a soutenu Ségolène Royal : « Désirs d’avenir » (5) a été pour nous extrêmement évocatrice. En effet, elle exprime bien ce qui monte dans les consciences, une aspiration à un avenir meilleur. Ce n’est pas une idéologie qui descend d’en haut, c’est une parole qui naît en chacun.Et, de surcroît, cette approche a su s’appuyer sur les sciences humaines pour prendre en compte la réalité (6). Ainsi, nous avons perçu dans cette campagne un enthousiasme qui répondait à la capacité d’empathie de la candidate. Ce n’est pas un hasard si les quartiers populaires, où les cultures du Sud sont bien représentées, ont voté pour elle en masse. La fraternité, la convivialité,des réalités humaines dont la France a bien besoin, s’éveillaient et devenaient tangibles. Des amis chers ont pu s’inquiéter de cette veine émotionnelle et s’en détourner, mais il y avait là une dynamique qui ne peut être oubliée. On pourrait formuler l’appel qui a été formulé à cette époque dans les termes suivants : Français, entrons ensemble dans le monde d’aujourd’hui dans un esprit de solidarité et de justice. Ségolène Royal regarde vers l’avenir, hors des réflexes sécuritaires.Les avant-gardes ne sont pas toujours bien reçues, mais, dans la durée, la culture nouvelle parvient à se frayer un chemin.
Des sociologues, des économistes nous appellent aujourd’hui à prendre conscience d’un héritage du passé qui handicape notre pays. Michel Crozier a écrit autrefois un livre sur « La sociétébloquée » (7). Aujourd’hui, un économiste Yann Algan nous avertit en publiant un livre : « La fabrique de la défiance » (8). Il y a dans notre histoire et la manière dont elle pèse encore sur nos institutions, en particulier le système scolaire, une empreinte de hiérarchisation et d’uniformité. Les enquêtes internationales montrent combien la France est en retard en terme de confiance. Bien sûr, ce n’est pas une fatalité. Et c’est là que le message de ce livre peut exercer une influence. Car une vision originale contribue à modifier et à réorienter les représentations. Et il est possible d’agir à différents niveaux. En une décennie, grâce à des dirigeants hors pair, le Brésil est sorti du sous-développement pour entrer dans le concert des pays économiquement dynamiques. Et dans un plus lointain passé, Franklin D. Roosevelt, malgré un grave handicap physique, a permis aux Etats-Unis de faire face à une grande crise. Ces exemples témoignent de l’impact du politique. Ce livre porte une dynamique.
Un idéal de vie
Si ce livre s’applique surtout à l’expression du courage dans la vie publique, il n’oublie pas les épreuves de la vie privée : « Je comprends le courage qu’il faut pour surmonter les accidents de la vie, cette impression douloureuse d’amputation dans les ruptures affectives, la cassure due à la perte d’emploi ou encore ce sentiment de diminution sans retour causé par la maladie ou le décès d’un être cher, un toboggan sans fin. Tout cela appelle une résilience, une force à aller chercher pour repartir ». « Se sentir « haï par la vie sans haïr à son tour », continuer à « lutter et se défendre » sans devenir « sceptique ou destructeur » pour reprendre Rudyard Kipling (dont le texte : « Tu seras un homme, mon fils » est présenté en introduction) et, sans dire un seul mot, se mettre à rebâtir », si un peu de tout cela est transmis au lecteur qui souffre, alors cet ouvrage n’aura pas été inutile » (p 14-15).
Pour Ségolène Royal, le courage trouve son inspiration dans la participation à un mouvement qui nous dépasse. Elle l’exprime en ces termes : « Réussir sa vie d’homme ou de femme n’est pas le but ultime, il y a des idéaux qui nous transcendent, des luttes qu’on se doit de mener en mémoire de ceux qui crurent. Il faut avoir confiance dans l’homme, et ne pas le croire seulement rationnel, calculateur, court-termiste, car nous avons un labeur qui n’attend pas : le progrès, solidaire et fraternel de tous » (p 192).
Chez Ségolène Royal, cette conscience est si affirmée que les sacrifices consentis dans cette marche ne s’accompagnent pas d’une expression de tristesse, de mélancolie. Et, dans les personnalités qu’elle décrit, elle met l’accent sur leur goût de vivre et leur bonheur d’être. Quelque part, il y a tout au long de ce livre une forme de joie. Rappelons son interview à « Femme actuelle » : « On ne peut qu’être frappé par un point commun à ces différents portraits que je propose, cette capacité à être joyeux malgré des épreuves très fortes ».
Et, dans bien des cas, cette ouverture s’accompagne de bonté envers les autres. Ainsi, Nelson Mandela, depuis sa prison, écrit en 1981 : « C’est une vertu précieuse que de rendre les hommes heureux et de leur faire oublier leurs soucis ». Et ce conseil à retenir : « Prenez sur vous, ou que vous viviez, de donner de la joie et de l’espoir autourde vous » (p 29).
En chemin
Il y a dans ce livre, un souffle, un mouvement. C’est un ouvrage qui dissipe le pessimisme, un livre tonique. A cet égard, on peut le comparer au livre de Jean-Claude Guillebaud : « Une autre vie estpossible » (9). Les genres sont différents.Mais, dans les deux cas, le lecteur est appelé à aller de l’avant. Dans son livre, Jean-Claude Guillebaud analyse les origines du pessimisme actuel. Et, à juste titre, il évoque les grands massacres qui ont accompagné les deux grandes guerres du XXè siècle. L’histoire nous rappelle ainsi de temps à autre la fragilité de la société humaine.
En s’adressant à un vaste public, Ségolène Royal s’exprime sur un registre de parole qu’elle souhaite pouvoir être reçu par tous les lecteurs. Elle prend même des précautions puisque, lorsqu’elle parle de Jeanne d’Arc, elle écrit sur le ton de l’humour : « Moi, je n’ai pas le droit de vous parler de Jeanne d’Arc, car, si je le fais, je sais bien qu’aussitôt on parlera de « religiosité », de « foi », d’évangélisme »… Ségolène Royal nous invite au courage. Quand on sait les épreuves qu’elle a affrontées, on reçoit ses paroles avec humilité. Oui, ce sont là des paroles authentiques. Elle peut nous parler sur le registre de l’expérience, et ce qu’elle dit, porte. Chacun donc reçoit son message selon son itinéraire et en fonction de son cheminement. Pour nous, si nous recevons pleinement cette expérience communicative, nos questionnements nous appellent à aller plus loin dans la recherche de sens.
Sur ce blog, dans une contribution : « les malheurs de l’histoire. Mort et résurrection » (10), un poème exprime ces interrogations.
« O, temps de l’avenir, brillante cité terrestre
A quoi te servirait-il que nous te connaissions
Si nos yeux devaient à jamais mourir
Et dans les cimetières, nos corps pourrir…
A quoi serviraient-ils les lendemains qui chantent
Si tous nos cimetières recouvraient la terre… »
Ainsi, pour nous, le courage, pour s’exercer sereinement a besoin de s’ancrer dans un espoir, dans une espérance. Il a besoin de s’inscrire dans la conviction que la mort n’a pas le dernier mot, c’est à dire l’anéantissement des êtres et des collectivités humaines, et qu’il y a,par delà, une réussite ultime de la vie.
Dans de grands tourments, c’est plus que de courage que nous avons besoin, mais de confiance, comme l’écrit Odile Hassenforder dans son histoire de vie (11). Jürgen Moltmann, un théologien auquel nous avons souvent recours sur ce blog inscrit sa réflexion sur la dynamique de la libération dans une théologie de l’espérance, la vision d’une nouvelle création qui se prépare dans l’œuvre du Christ ressuscité et le souffle de l’Esprit (12). Ce n’est plus une religion statique qui s’adresse aux seuls individus et légitime un statu-quo social et politique. C’est une dynamique de vie et d’espérance qui concerne tout l’homme et tous les hommes et qui nous inspire en nous permettant d’aller « De commencements en recommencements » (13).
En confiant ainsi au lecteur ce cheminement de pensée, nous apportons notre contribution personnelle à la réflexion sur la vie et sur l’humanité, ou plutôt pour la vie et pour l’humanité à laquelle Ségolène Royal nous convie dans son beau livre sur le courage. Oui, il y a dans cet ouvrage, un souffle, une dynamique de vie pour la vie. Elle nous appelle à persévérer, à poursuivre notre action « dans des idéaux qui nous transcendent », et plus simplement dans cette empathie, cet amour en acte qui transparaît dans son message et qu’elle évoque si bien lorsqu’elle nous fait entrer dans la vie de personnalités comme Nelson Mandela, Louise Michel ou Jaurès. Avec Ségolène Royal, écoutons ces « passeurs de courage » qui sont aussi des « passeurs d’énergie ».
JH
(1)On pourra s’informer sur le parcours politique de Ségolène Royal dans un article sur Wikipedia . Ce texte bien documenté nous montre l’ampleur et la fécondité de son parcours, tout en mentionnant les critiques et les reproches qui ont pu être exprimés vis-à-vis de cette personnalité. Une information récente montre que la rédaction de cet article cristallise les tensionsentre partisans et adversaires. http://fr.wikipedia.org/wiki/Ségolène_Royal
(2)Royal (Ségolène). Cette belle idée du courage. Grasset, 2013.
(3)Présidente de la Région Poitou-Charentes, Ségolène Royal y a entrepris une action innovante dans de nombreux domaines, notamment la politique écologique et la transition énergétique. http://www.presidente.poitou-charentes.fr/
(6)Ainsi a-t-elle dialogué avec de grands chercheurs comme Edgar Morin et Alain Touraine. Elle a même écrit un livre avec ce dernier : Royal (Ségolène), Touraine (Alain). Si la gauche veut des idées. Grasset, 2008
(7)Michel Crozier est l’auteur d’une œuvre sociologique particulièrement éclairante pour comprendre la société française : http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_CrozierOn pourra lire notamment: Crozier (Michel) ; la société bloquée. Le Seuil, 1971
(8)Algan (Yann), Cahuc (Pierre), Zylbergerg (André). La fabrique de la défiance, Grasset, 2012. Voir sur ce blog une mise en perspective : « Promouvoir la confiance dans unesociété de défiance » https://vivreetesperer.com/?p=1306
(9)Guillebaud (Jean-Claude). Une autre vie est possible.Comment retrouver l’espérance ? L’iconoclaste, 2012. Voir sur ce blog une mise en perspective : « Quel avenir pour la France et pour le monde ? » https://vivreetesperer.com/?p=937
(12)Un blog : « L’Esprit qui donne la vie » est destiné à faire connaître la pensée de Jürgen Moltmann aux lecteurs francophone. http://www.lespritquidonnelavie.com/On y trouvera notamment une mise en perspective de son livre de synthèse : Moltmann (Jürgen.) Sun of rightneousness. Arise ! God’s future for humanity and earth. Fortress Press, 2010 : « L’avenir de Dieu pour l’humanité et la terre » http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=798 . Une réflexion sur notre rôle dans l’histoire : « En marche. Dans le chemin de l’histoire, un processus de résurrection » http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=848
Comment, dans un climat d’écoute, la vie divine peut être reconnue, se manifester et s’exprimer dans l’amour et dans la paix.
Le message de Frère Roger à Taizé .
Nos itinéraires spirituels sont divers. Les étapes et les lieux varient selon chacun. Mais, dans l’inspiration de l’Esprit de Dieu, nous sommes en marche. Aujourd’hui, à la suite d’un échange sur internet, nous avons découvert quelques vidéos qui nous communiquent de brefs, mais lumineux messages de Frère Roger. Roger Schutz, né en Suisse en 1915, a été, dans les années 40, le fondateur de la communauté de Taizé. Et, ensuite, pendant des années, devenu Frère Roger, il en a été l’inspirateur et le responsable jusqu’à sa mort, assassiné le 12 mai 2005 (1).
En regardant les deux vidéos que nous présentons ici, nous avons été ému et touché par la bonté et l’amour émanant de cet homme, une foi simple, humble et bienfaisante.
Les vidéos retenues ici : « Ce que nous ne savions pas » et « La beauté de l’écoute » se rejoignent pour nous dire que l’écoute et la compréhension dans la confiance qu’elle engendre, ouvre la voie à l’expression et la libération d’un potentiel spirituel : «Que se libère en nous et en tout être humain dans cette écoute, cette compréhension qui est amour, que se découvre peu à peu ce que nous ne savions pas : c’est que nous prions ». L’Esprit de Dieu est déjà là. Un processus se met en route dans lequel un vécu nouveau apparaît : prière, libération de la culpabilité, foi. « La foi est une réalité très humble qui ne demande pas des efforts surhumains, non, pas du tout ! Mais beaucoup plus une attitude de simplicité pour comprendre ce que Dieu a déposé en nous ». Et, dans cette émergence, nous nous rendons compte alors « qu’il y a un don, un cadeau, comme une offrande de Dieu qui est la paix, la paix intérieure, la paix du cœur ». L’écoute permet à ce qui est le plus profond en nous de s’exprimer. Ainsi, à travers un climat d’écoute, la vie divine peut être reconnue, se manifester et s’exprimer dans l’amour et dans la paix.
Ce que nous ne savions pas
« Qu’est ce que nous souhaitons le plus pour ceux qui viennent ici à Taizé ?
Nous souhaitons qu’ils soient écoutés, qu’ils soient entendus. Non pas qu’ils viennent recevoir des conseils, des directives… Rien de tout cela ! Mais qu’ils soient entendus . Et puis quese libère en nous et en tout être humain dans cette écoute, dans cette compréhension qui est amour, que se découvre peu à peu ce que nous ne savions pas. C’est que nous prions. Même quand nos lèvres sont fermées, le Christ prie en nous.
Ce que nous ne savions pas, alors que nous avons tendance à être souvent sévères envers nous-mêmes, jamais Dieu ne vient comme peser sur l’être. C’est la Parole du Christ en Saint Jean : « Quand ton cœur te condamne, Dieu est plus grand que ton cœur » (2). Et il sait tout. Il connaît tout…Une grande découverte, cette réalité d’évangile…
Ce que nous souhaitons ! Dans cette première démarche dans une semaine à Taizé : peu à peu, se rendre compte qu’il y a un don, un cadeau, comme une offrande de Dieu à nous tous qui est la paix,la paix intérieure, la paix du cœur ».
« La beauté de cette vocation qui est d’écouter l’autre. Elle est peut-être rendue possible parce qu’on a eu soi-même le besoin d’être écouté. On a compris ce que cela signifiait de ne pas être écouté.
Il y a plus ou moins le don d’écoute chez une multitude. Beaucoup d’hommes et de femmes en vieillissant saisissent ce qui leur est confié : être proche de l’autre ; le libérer ; le décharger du poids qui repose sur ses épaules, lui enlever ces mille kilos qu’il ne peut pas soulever, qu’il ne pourra jamais soulever.
Et cela passe surtout par l’écoute qui ouvre le chemin de la confiance, de l’humble confiance : la foi. Le chemin de la foi, ce n’est pas une autre voie que celle qu’on a peu à peu saisie, que la foiest une réalité très humble qui ne demande pas des efforts surhumains. Non, pas du tout. Mais beaucoup plus une attitude intérieure de simplicité pour comprendre ce que Dieu a déposé ennous ».