Mandela et Gandhi, acteurs de libération et de réconciliation
Selon Eric et Sophie Vinson
Vaincre une oppression à travers une action non-violente, est-ce possible ? Comment une telle lutte peut-elle l’emporter face à un grand pouvoir ? Lorsqu’on visite l’histoire du XXé siècle, on y rencontre de grands malheurs, mais aussi de grands mouvements de libération, qui ont remporté la victoire sans recourir à la violence. De grandes figures jalonnent ce parcours : Gandhi, Mandela, MartinLuther King (1). Sur un registre plus discret, d’autres mouvements ont œuvré pour la paix et la réconciliation à travers des rencontres bienveillantes. Ce fut le cas du Réarmement moral suscité par FrankBuchman, qui, après la seconde guerre mondiale a agi en faveur de la réconciliation franco-allemande et pour une transition pacifique vers l’indépendance dans certains pays d’Afrique (2). Aujourd’hui, l’aspiration à résoudre pacifiquement les conflits se poursuit. Ainsi se développe actuellement une approche de « Communication non-violente » (CNV), telle qu’elle a été conçue par un pionnier, Marshall Rosenberg (3). Cette approche peut s’appliquer dans diverses situations. Aujourd’hui, on prend conscience que « La paix, ças’apprend », comme nous y invite un livre récent de Thomasd’Ansembourg (4).
Face à la violence, ce qui compte en premier, c’est un état d’esprit : un choix de paix, une volonté de bienveillance. Cette disposition est source de courage, de patience et de créativité. Elle transforme les relations. Gandhi et Mandela se rejoignent dans l’histoire par la manière dont ils ont remporté la victoire sur des forces d’oppression. Eric Vinson et Sophie Viguier-Vinson ont consacré un livre à cette dynamique de paix : « Mandela et Gandhi. La sagesse peut-elle changer le monde ? » (5). Effectivement, ces deux hommes, aujourd’hui célèbres, ne sont pas sans rapport. En effet, si l’engagement de Gandhi est chronologiquement antérieur à celui de Mandela, il y a entre eux une forte interconnexion à travers un champ commun : l’Afrique australe, un adversaire semblable : l’impérialisme colonial occidental, des modes d’action comparables : le primat de la non-violence avec une part d’inspiration chrétienne. Voici deux personnalités qui ont marqué le XXè siècle dans des séquences historiques différentes.
Itinéraires
Rappelons brièvement les itinéraires.
Gandhi demeure aujourd’hui encore une source d’inspiration. Car s’il s’inscrit dans un univers culturel spécifique, il anticipe également à travers une conscience de la non-violence et de l’écologie. Sa culture s’enracine dans un entre-deux entre l’Inde et l’Angleterre à la fin du XIXè siècle. Et lorsqu’il rejoint la communauté indienne de l’Afrique Australe, il y découvre la sujétion à laquelle cette communauté est soumise par le pouvoir local. A partir de 1906, à travers sa profession d’avocat, il s’engage dans des campagnes de « désobéissance civile » contre les discriminations. De retour en Inde à partir de 1915, son action pour libérer le pays du pouvoir colonial va se dérouler pendant plusieurs décennies jusqu’aux années de l’après-guerre où l’indépendance l’emporte et où Gandhi est assassiné en 1948. Et pendant toutes ces années, Gandhi a mené la lutte en conjuguant plusieurs orientations : spirituelles, sociales, politiques et écologiques.
Né en 1918, Nelson Mandela grandit dans l’ambiance très libre d’une communauté rurale africaine. Lorsqu’il arrive en ville, il achève ses études d’avocat et commence à participer à la lutte contre l’apartheid menée par le Congrès national africain (ANC). Il prend une place grandissante dans ce combat et, en 1962, il est condamné à un emprisonnement de longue durée. Il va ainsi resté prisonnier pendant 27 ans, d’abord au pénitencier de Robben Island, puis bien plus tard, dans une condition plus libérale, jusqu’à sa libération en 1990. Dans sa négociation avec le pouvoir dominant, il parvient à imposer la fin de l’apartheid et à initier un processus politique non- violent à travers lequel, en 1994, il accède à la présidence par des élections démocratiques. Comme président, il va assurer la transition démocratique jusqu’en 1999. Les auteurs du livre écrivent à ce sujet : « C’est un immense et incomparable changement. Multiséculaire, le régime fondé sur la discrimination raciale a donc pris fin, avec sa version la plus achevée : l’apartheid en place depuis 45 ans. Pas à pas, ce dernier va être remplacé par une démocratie représentative, égalitaire en droits.Le tout sans une guerre civiletotale » (p 171) .
Ces notations très schématiques sur l’itinéraire de ces deux grandes personnalités, des géants de l’histoire, vont nous permettre d’aborder maintenant les caractéristiques de l’action non-violente et une initiative de réconciliation sans égale : la Commission Vérité etRéconciliation organisée sous l’impulsion de l’archevêque Desmond Tutu. Au passage nous observerons les ressources spirituelles, morales et intellectuelles qui ont permis la victoire de cette action non-violente.
Une lutte non-violente
Dans la lutte menée contre la domination coloniale, Gandhi et Mandela ont mis en œuvre une action non-violente.
Gandhi a ouvert la voie. Pourquoi et comment Gandhi a-t-il choisi ce mode d’action ? Ce livre nous explique son cheminement. C’est tout d’abord une attitude d’inspiration spirituelle qui s’est développée dans son milieu familial et culturel. « C’est dans son cadre domestique que Gandhi est sensibilisé à la notion centrale dans le jaïnisme, d’ « ahima » qui revient à « ne léser aucune vie », signifiant littéralement « non-nuisance » en sanskrit. Ce terme essentiel chez Gandhi, est le plus souvent rendu dans les langues occidentales par le terme de « non-violence ». Norme éthique et spirituelle, ce principe caractérise la voie mystique et ascétique, née du sous-continent indien… ». D’action en réaction, « la violence conduit à la souffrance de tous ». « La non-nuisance, et à fortiori l’altruisme aimant et compatissant permettent de rompre un cercle vicieux pour conduire à terme tous les êtres à la sagesse et au bonheur » (p 34). C’est dans cet état d’esprit : « un idéal de maitrise de soi bienveillante » qu’en 1888, Gandhi quitte sa patrie pour venir à Londres étudier le droit. Et, dans cette capitale-monde, il va poursuivre son cheminement spirituel dans la rencontre de différents courants religieux et philosophiques occidentaux, mais aussi orientaux. Ainsi raconte-t-il que le « Sermon sur la Montagne » lui alla droit au cœur. « Et moi, je vous dis de ne pas résister à celui qui vous maltraite… ». Ma jeune intelligence s’efforça d’unir dans un même enseignement la Gitâ, la Lumière de l’Asie et le Sermon sur la Montagne » ( p 47). Et lorsque, avocat diplômé, il rejoint l’Afrique du Sud, en 1893, il va poursuivre ses lectures et trouver une inspiration chez des auteurs comme H.D. Thoreau, Ruskin et Tolstoï.
En Afrique du Sud, Gandhi subit quelques expériences humiliantes de discrimination. Cependant, la communauté indienne est prospère et ce n’est qu’au début du XXè siècle qu’elle se trouve menacée. En 1906, face à un projet de discrimination des asiatiques, Gandhi s’engage dans une action non-violente. Cette lutte va se poursuivre dans les années suivantes : marches de protestation, emprisonnements. Gandhi exprime cette désobéissance civile dans un terme indien : « satyagraha » : « idée de fermeté-vérité », de « force de la vérité ». Les auteurs notent la capacité de Gandhi de négocier en accordant une confiance qui a été parfois trahie . « Un satyagrahi » n’a jamais peur de faire confiance à son adversaire… au nom de la confiance implicite dans la nature humaine qui fait partie de sa philosophie…Une logique comparable à celle de Mandela toujours soucieux de maintenir ou de rétablir un lien d’humanité, par delà les antagonismes politiques (p 98). De retour en Inde en 1915, Gandhi, accueilli en héro et baptisé Mahatma (la grande âme) s’engage sur plusieurs fronts : « Parallèlement aux actions non-violentes, il met en œuvre de multiples leviers économiques, éducatifs, sanitaires, culturels, permettant aux personnes et communautés de véritablement rompre à long terme avec un système injuste » (p 103).
Le leadership de Gandhi dans les campagnes d’action non-violente menées par la communauté indiennes au début du XXè siècle en Afrique du Sud a exercé une grande influence à long terme et ce mode d’action a été repris par le Congrès National Africain et par Mandela après la seconde guerre mondiale dans la lutte contre l’apartheid institué en 1948.
Mandela a grandi en liberté dans un milieu rural inspiré par une spiritualité traditionnelle et par une foi chrétienne méthodiste. Puis il rejoint Johannesburg, la grande ville, en 1941 et ses études débouchent sur une profession d’avocat. Ses lectures sont variées et incluent des oeuvres marxistes. Son engagement dans la lutte menée par le Congrès National Africain (ANC) contre l’apartheid est de plus en plus marqué. Cette action s’exerce dans une pratique non violente telle qu’elle a été inaugurée par Gandhi dans ce pays et qu’elle a continué ensuite à inspirer l’organisation africaine. En 1952, une vaste mobilisation défiant le gouvernement emprunte ce mode d’action. Mandela expérimente pour la première fois la répression et l’incarcération. « Il subit la brutalité des gardiens, mais goute aussi la camaraderie des codétenus. Alors que nous allions en prison, les voix des volontaires qui chantaient : « Nkosi sikelel iAfrika » (« Dieu bénisse l’Afrique ») faisaient vibrer les camions » (p 107). Mandela sort transformé de la campagne de 1952. « Elle m’avait libéré de tout sentiment de doute ou d’infériorité que je pouvaisavoir… » (p 107).
Au début des années 60, dans un climat de grande tension, un débat s’ouvre où Mandela en vient à préconiser la création d’une branche militaire au sein de l’ANC. Il s’en explique par la suite en ces termes : « j’ai suivi la stratégie Gandhienne autant que j’ai pu, mais notre lutte arrive à un point où la force brutale de l’oppresseur ne pouvait plus être contrée par la seule résistance passive. Nous avons donc fondé une branche militaire. Mais, même alors, nous avons choisi le sabotage parce qu’il n’impliquait pas mort d’homme, et que cela ménageait le meilleur espoir pour les relations raciales à venir » (p 124). Mais très vite, il est arrêté à la fin de1962. Il est condamné à la prison à perpétuité. Il va rester en détention plus de 27 ans. Dès le début, il décide de résister et d’imposer le respect à ses surveillants. C’est une résistance non violente qui prend des formes multiples. Ses armes sont d’abord le droit. La fraternité, l’étude, l’autodiscipline s’inscrivent dans cette voie militante. Pour Mandela, cette détention est aussi une expérience intérieure. Et, « capitaine de son âme », Mandela va aussi le rester intellectuellement en lisant et en apprenant (p 131). Cependant, au fil des années, ses rapports avec l’administration pénitentiaire vont évoluer. Ce livre nous décrit l’influence d’une attitude non violente par rapport aux gardiens et l’évolution intérieure de Mandela. « La métamorphose du prisonnier Mandela a permis une humanisation contagieuse dont il a ensuite bénéficié. Il a lâché prise, s’est apaisé, a puisé au plus profond et s’est renforcé jusqu’à pouvoir s’ouvrir à ses ennemis dont il partageait alors la vie. Et les regarder avec compassion, ce qui a déclenché en eux… un processus mimétique. Devenu plus attentif à son humanité, à son intériorité, en les cultivant, il a modifié ses qualités de présence et de relation, et, à long terme, cela a fait la différence comme si les autres cœurs environnants s’étaient mis peu à peu au diapason » (p 152).
Réconciliation, justice, réparation, pacification
La Commission Vérité et Réconciliation
A travers une lutte non violente, Gandhi et Mandela sont parvenus à obtenir la libération de peuples opprimés. Sous la direction de Mandela, l’Afrique du Sud a également évité les affres de la guerre civile. Cependant, issu des souffrances du passé, un mal intérieur profond demeurait. « La politique d’apartheid a créé une blessure profonde dans mon pays et dans mon peuple. Il nous faudra des années et peut-être des générations pour guérir de ce mal terrible » écrit Mandela à la fin de ses mémoires ( p 177). Ici encore Mandela va jouer un rôle décisif : dépasser l’alternative tragique du maitre et de l’esclave théorisée par Hegel, selon le commentaire des auteurs du livre. C’est un humanisme spirituel. Barack Obama l’a souligné : Mandela « comprenait les liens qui unissent l’esprit humain… « l’ubuntu » incarne son plus grand don : celui d’avoir reconnu que nous sommes tous unis par des liens invisibles, que l’humanité repose sur un même fondement, que nous nous réalisons en donnant de nous-mêmes aux autres. Non seulement, il incarnait l’ubuntu, mais il avait aussi appris à des millions d’autres à découvrir cette vérité en eux. Il fallut un homme comme Mandela pour libérer non seulement le prisonnier, mais aussi le geôlier » ( p 178).
Dans ce contexte, une innovation va apparaître : la création de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) sous l’impulsion de l’archevêque anglican Desmond Tutu. C’est la mise en œuvre d’un processus de réconciliation et de guérison collective. Dans un contexte de médiation, puissamment porté par une dimension spirituelle et religieuse d’inspiration chrétienne, une expression concrète des victimes et des bourreaux va pouvoir advenir. « Les victimes sud-africaines pourront dire à haute voix les coups reçus, les peines vécues, et les bourreaux d’hier, le mal qu’ils ont fait, en tant qu’agents institutionnels du régime » (p 184). « La commission recueille les récits des forfaits subis entre 1960 et 1994 dans le cadre de l’apartheid et elle écoute leurs auteurs (perpetrators) sur la base du volontariat. De quoi établir la vérité des faits en permettant à ceux qui les ont perpétrés d’avouer publiquement pour les aider à se libérer de leur culpabilité » (p 185), cette confession pouvant déboucher sur une amnistie. Le processus va effectivement assainir le climat. « L’amnistie publique accordée d’un commun accord… et la « réconciliation » refondent l’Afrique du Sud d’après l’apartheid, constate le spécialiste du pays, PJ Salazar » (p 188).
Cette innovation spécifique est aussi un exemple pour l’humanité d’aujourd’hui. Dans un certain contexte, une forme de réparation, une réconciliation peut advenir dans un processus social de médiation. Les auteurs du livre ont une formule heureuse pour caractériser les fruits de ce processus : « C’est la refondation éthico-spirituelle d’une nation » (p 188). Ils nous aident également à en comprendre les ressorts.
La composante chrétienne, et plus généralement religieuse, de ce processus est évidente. Elle se manifeste notamment à travers le rôle majeur joué par Desmond Tutu, un pasteur-prêtre anglican, engagé de longue date, dans la lutte non violente contre l’apartheid et dans une vision spirituelle imprégnée d’œcuménisme et de dialogue interreligieux. Ainsi, au cours de l’histoire, si la religion a pu être un outil de domination suscitant le rejet, elle a été et elle est également une force de libération.
Un des fruits de ce processus est aussi l’éclosion d’une « justiceréparative ». « Cette forme de justice cherche à mobiliser tous et chacun, dans la quête de solutions pragmatiques permettant la réponse d’une vie commune apaisée… Elle résulte d’une combinaison de droit et de politique, de droit et d’anthropologie, de droit et de psychologie » explique le magistrat Garapon (p 191).
Ainsi, l’œuvre de la Commission Vérité et Réconciliation se situe à un confluent. Différents apports s’y croisent et s’y enrichissent mutuellement et des fruits diversifiés en résultent. En cette terre africaine, la sagesse locale de l’ubuntu, c’est la reconnaissance de l’interdépendance entre les hommes qui s’inscrit dans une transcendance. C’est une approche dans laquelle Mandela et Gandhi se rejoignent et que Desmond Tutu a pu exprimer en termes théologiques. C’est bien là aussi un apport à toute l’humanité.
Ainsi ce livre d’Eric et de Sophie Vinson se révèle une précieuse contribution. Il nous éclaire sur un aspect significatif de l’histoire du XXè siècle, un registre de lumière en regard des ravages engendrés par des idéologies totalitaires. Il nous montre le caractère réaliste d’une approche encore souvent méconnue : la non violence. Cette approche exigeante requiert une inspiration qui s’appuie sur des ressources spirituelles, religieuses, philosophiques. A travers une analyse historique fortement documentée, ce livre nous en fait part. Enfin cet ouvrage nous permet d’apprécier le rôle des personnalités ; la part des hommes dans l’histoire. Le leadership de Gandhi et de Mandela a permis à des peuples entiers d’accéder à une libération et d’échapper à des grands malheurs. En croisant les itinéraires de ces deux leaders, les auteurs nous permettent de mieux comprendre les ressorts de leur action. Et ils nous introduisent dans la dimension spirituelle de la politique. « Chacun à leur façon, Gandhi et Mandela manifestent une certaine manière de vivre et de faire de la politique. Ils s’imposent comme des figures singulières, en ce qu’ils connectent le débat démocratique avec une autre dimension de l’existence à la fois personnelle, universelle et transcendante ». ( p 249) (6). « D’autres figures historiques se sont inscrites dans cette démarche et forment une même famille, celle des démocrates spirituels, qui articulent démocratie et intériorité, intime et collectif, tradition et modernité. Ces hommes mobilisent le champ sémantique et pratique du spirituel » (p 250). Voici un livre qui appelle une large audience.
(2) La riche histoire du Réarmement moral et de son fondateur Frank Buchman est relatée sur la « free wikipedia ». C’est l’appel au changement personnel pour contribuer au changement du monde. En 2001, le mouvement prend un nouveau nom : « Initiatives et changement » : https://en.wikipedia.org/wiki/Moral_Re-Armament Acteur d’Initiatives et changement, Frédéric Chavanne œuvre pour la réconciliation des peuples, notamment dans la relation France-Maghreb. Sur ce blog : « Construire une société ou chacun se sentira reconnu et aura sa place » : https://vivreetesperer.com/?p=1240
(4) « Une bonne nouvelle : la paix, ça s’apprend » : Présentation du livre de Thomas d’Ansembourg et de David Reybroucq : La paix, ça s’apprend. Guérir de la violence et du terrorisme. https://vivreetesperer.com/?p=2596
(6) Ce rapprochement entre Mandela et Gandhi apparaît à bien des gens sensibilisés à leur engagement. Des vidéos sur You Tube en témoignent. En 2017, aux Pays-Bas, une exposition : « We have a dream » a réuni Martin Luther King, Mandela et Gandhi : https://www.youtube.com/watch?v=48AzHI9_wrk
Apprendre à s’aimer. S’aimer soi-même. S’aimer toi et moi. S’aimer entre nous, ensemble.
Si on ne s’aime pas soi-même, comment peut-on recevoir le flux de l’amour et le répandre autour de soi ? C’est une étape majeure, mais elle ne va pas de soi. Parce qu’elle peut rencontrer des oppositions dans un héritage psychologique, et parce que, culturellement et religieusement, cette étape peut être sous-estimée, voire déniée.
Comment apprendre à s’aimer ? Au fond de notre cœur, nous savons bien que l’amour partagé est la source qui porte la vie et qui fonde la communauté humaine. Alors, quels chemins pouvons nous emprunter ? Quel bonheur lorsque, à ce sujet, nous pouvons entendre une parole authentique fondée sur une expérience personnelle ! Et justement, c’est ce que nous apprécions dans l’intervention de Camille Syren, en octobre 2017, à TED X La Rochelle (1). Comment fait-on pour s’aimer soi-même, toi et moi et tous ensemble ? C’est une question qui a été et qui est au cœur de Camille. Il y a, dans ses paroles, non seulement une expérience murie et une réflexion construite, mais aussi un engagement affectif. Et, dans cette expression d’un amour vécu, il y a un courant qui passe. Accompagnons l’écoute de cette vidéo par des notes qui vont nous permettre de méditer doublement à partir de cette contribution.
Un chemin
« S’aimer (m’aimer), S’aimer (toi et moi). S’aimer (les uns les autres), c’est pareil. Et je crois que dans la vie, c’est pareil ». C’est tout un chemin. Pour Camille Syren, « Cela fait 43 ans de recherche appliquée. Le voyage certainement le plus intéressant et le plus utile que j’ai jamais fait. Ce qui m’amène à vous dire aujourd’hui que le bien le plus utile et le plus précieux que j’ai, c’est justement mon aptitude à aimer. Et la bonne nouvelle, c’est que cette aptitude s’apprend. Il n’y a pas ceux qui naissent avec et ceux qui naissent sans… Apprendre à tisser des relations de qualité, c’est de l’or en barre. On n’y croit pas assez. C’est puissant. Si il y avait une seule chose à cultiver, c’est bien celle-ci ».
Dans la vie de Camille, il y a eu un déclic et puis, tout un processus s’est mis en marche. « Quand j’avais 14 ans, j’ai reçu de son auteur, un autocollant : « Déclaration des droits à l’amour ». Quand j’ai lu cela, je me suis dit : « Ouah, je rêve ! Si un jour, j’arrive à faire cela ! ». Et du coup, je me suis dit : Si quelqu’un l’a écrit, donc c’est possible. Et je décide d’y croire. Je me suis dit aussi : je décide d’y avoir droit. Même moi, qui avait été abimée, pour bien savoir aimer ou me laisser aimer. Et puis, troisième chose que je me suis dit : je veux savoir comment on fait. Et, depuis, je n’ai jamais arrêté de chercher… ».
«La cabane à gratter » : une association de quartier
Camille nous donne un premier exemple de l’esprit qui l’anime : sa participation à une association de quartier.
« La cabane à gratter », c’est une petite association dans mon quartier que j’ai rencontré pour la première fois, il y a quelques années. Installée sur le trottoir, une petite cahute en bois de toutes les couleurs. Quand j’ai fait connaissance, elle était tenue par Gervais, un grand « black » avec un cœur d’or, qui savait très bien s’y prendre pour faire de la place à chacun, qui qu’il soit, d’où qu’il vienne. Cette rencontre a accroché mon cœur. Moi qui ai toujours eu à cœur de mettre de la diversité dans ma vie, déjà pour mourir moins bête, car la réalité est toujours complexe. Alors, moi aussi, j’ai commencé à fréquenter la cabane comme ces gens isolés du quartier, comme les personnes déracinées, en transition, loin de chez elle, comme il peut y en avoir dans un quartier de la gare.
Ce que j’ai aimé dans « la cabane à gratter », ce sont deux choses. Une petite phrase d’une habituée de la cabane : « Quand onne gratte pas, on ne peut pas savoir ». Et bien, je trouve que c’est vrai pour tout. Nejamais se contenter des apparences. En ce qui me concerne, en ce qui te concerne, en ce qui nous concerne. Toujours gratter un peu derrière. On y trouve des pépites… A la fin d’une fête de Noël, une des plus belles fêtes de Noël que j’ai passé, je rentre chez moi à la maison avec mes enfants qui vont à l’école, qui sont au chaud… Depuis ma place à moi, il n’est pas si simple d’être à parité, de passer une fête de Noël avec quelqu’un qui a une histoire à coucher dehors, pour de vrai, avec quelqu’un qui n’a plus rien, avec quelqu’un qui n’a personne autour de lui pour l’aimer… Cette capacité d’être profondément connecté d’humain à humain, quelque soient les statuts, être ensemble, c’est un plaisir profond. Des moments comme cela, il devrait y en avoir plus souvent ».
Apprendre à vivre la rencontre
Cependant, si on peut être prédisposé à cette expérience de la rencontre, on a besoin aussi de s’y familiariser, de développer en nous cette aptitude, car « cette aptitude là, elle se cultive ». Camille nous fait part de son apprentissage. Comment a-t-elle appris à s’aimer, à se rencontrer, à rencontrer l’autre ?
« Je parle de traversée. Il ne suffit pas d’avoir des bottes de sept lieues. Il y a quelques passages obligés. Et la première rencontre àfaire, c’est soi. Cela tombe bien, car pour se rencontrer, on a la matière première la plus infinie qui existe, renouvelable, gratuite, hyperperformante, disponible tout le temps et chez tout le monde. Tout est là et tout est juste. C’est ma sensibilité. C’est votre sensibilité. Réapprendre à sentir. Apprendre quelque chose que je sens. Comprendre quelque chose que je sens et agir.
Mais il y a deux idées reçues qui me révoltent.
La première, c’est qu’il y aurait des émotions négatives. Or, toutes les émotions sont importantes. Cela rappelle le petit jeu pour guider une recherche : « Tu brûles. Tu refroidis ». Si on ne disais que « tu brûles » à celui qui cherche, il pourrait chercher longtemps ! De même, dans la vie, on a besoin des autres indications : traces de peur, de colère, de tristesse. Toutes ces indications sont juste celles dont on a besoin pour aller vers la satisfaction suffisante de nos besoins. Et là est le plaisir. On appelle cela le plaisir chez les humains. Pas d’émotions négatives. Elles sont toutes bonnes à prendre.Et quand cela prend le tour d’une émotion destructrice, voire violente, que ce soit pour soi-même ou pour les autres, ce n’est pas une émotion, c’est un mécanisme de défense. Ce n’est pas la même chose. Et en général, cela nous vient de loin et même de très loin. Et les mécanismes de défense, on en a tous. C’est un court-circuit. Et cette zone d’ombre vulnérable, nous devons être capable de la respecter, de la regarder avec tendresse, car il n’y a que comme cela qu’elle nous délivrera l’information dont on a besoin pour pouvoir faire différemment.
Deuxième idée reçue : Cela ne peut pas changer. Entendre cela medésespère. Quand j’entendais dire, à 14 ans, on ne peut pas changer, quelle bonne excuse pour ne pas bouger les lignes. Et les siennes d’abord ! »
Toi et moi
Apprendre à s’aimer, c’est un processus. C’est s’aimer soi, mais c’est aussi s’aimer, toi et moi.
« Une seconde rencontre à faire : toi et moi. Que ce soit mon conjoint, mon voisin, mon boss, ma boulangère… Or, parfois, la diversité nous agace. Je ne sais pas si vous avez déjà rempli le coffre d’une voiture avec votre compagne, votre compagnon… On n’a pas la même façon ! Cette deuxième rencontre, c’est dépasser le « ou toi, ou moi » pour penser : « tout moi et tout toi ». Cela m’émerveille, car je vois que cela marche. Quand je suis « tout moi » et que je ne lâche pas ce moi, cela me laisse assez tranquille pour permettre à l’autre d’être « tout toi ». Il y a quelque chose qui arrive que jamais je n’aurais inventé tout seul et qu’il (elle) n’aurait jamais inventé tout seul. C’est encore mieux qu’on aurait pu l’imaginer. Bienvenue dans la vraie vie, mais en mieux. C’est la réalité augmentée.
Assumer la diversité. Mais se rencontrer comme cela, c’est du courage. La première chose dont vous devez vous équiper, c’est la sensibilité. Et puis, pour moi, j’aime quand cela marche et j’aime les gens. Et quand je décide d’aimer quelqu’un, et bien, je décide de ne pas lâcher si facilement. Et, du coup, je m’occupe du « entre » en mettant de l’énergie dans le courage d’aller au contact et dire lebien. Quand vous voyez quelque chose de bon et que vous ne le dites pas, un compliment que vous retenez, il manque à l’univers. C’est quelque chose de perdu pour l’univers.
Et puis, bien sûr, il y a toujours des choses qui restent en touche, des tensions dont on ne s’est pas occupé parce que : pas de temps, parce que : pas si important, parce que : autre chose à faire. Et bien, quand cela reste en travers, c’est qu’il y a quelque chose à faire. Sinon, cela pourrait bien se mettre en travers de ma santé, en travers de notre relation, mettre à distance »
Se rencontrer entre nous, ensemble
Cette dynamique interpersonnelle débouche sur un mouvement de convivialité, de vie commune, un vrai savoir-faire pour le vivre ensemble
« Se rencontrer, c’est se rencontrer soi-même, se rencontrer toi et moi, se rencontrer entre nous. Quand on sait faire cela de mieux en mieux, cela se pratique, cela se décide, cela se tisse. Se rencontrer entre nous, c’est plus complexe encore, car il y a un lien entre plusieurs personnes, toutes celles qui participent au collectif. Il va falloir s’occuper de chaque personne et s’occuper du « entre ». Si on sait bien faire cela, le résultat dépasse nos espérances.
Pourquoi cela se complique au moment où on devient un collectif ? Parce qu’on vit là avec une question. On vient au monde avec une question. Quelle est ma place ? Trouver ma place dans ma famille même si elle est toute petite, trouver ma place dans mon collectif d’amis, dans mon job, dans mon entreprise, dans mon association… Et dès que j’ai peur pour ma place, dès que je ne suis pas sûr d’en avoir une, les choses se crispent. Quand chacun dans un groupe ose prendre sa place, s’occupe du « entre » pour que chacun ait la permission réelle de prendre sa place, alors il y a un espace, un « truc magique » qui se passe, qui est : « il y a de la place pour tout le monde ».
A partir de cette intelligence là, à la fois émotionnelle, relationnelle, mais aussi une forme de saut dans le vide, ne pas avoir de plan préétabli au départ, quand on mise sur ce qu’on a,sur ce chacun aime, ses limites, ses handicaps, ses « pas possible », la complémentarité fera forcément quelque chose de bien. C’est un sacré lâcher prise par rapport à notre envie de contrôler, de savoir à l’avance. Et cette attitude est valable aussi bien quand je pilote la campagne à gratter que quand j’élabore ma stratégie d’entreprise : faire de la place à chacun et, pour le reste, laisser faire l’univers. Et bien, ces choses là, jamais l’intelligence artificielle ne pourra le faire à notre place.
Savoir s’aimer, cela s’apprend, c’est notre bien le plus précieux, alors cultivons-le ! ».
Un message émouvant, éclairant, mobilisateur
En rapportant les propos de Camille Syren dans les termes familiers où elle nous communique son expérience personnelle, nous accompagnons ici sa parole par un écrit pour nous permettre de mieux en apprécier la portée. Apprendre à s’aimer dans tous les registres de la rencontre : s’aimer soi-même, s’aimer toi et moi, s’aimer entre nous ensemble, pour Camille, cette visée se réalise à travers un engagement personnel qui allie émotion, observation et réflexion. C’est une dynamique qui se répand, car si on apprend à s’aimer, l’affection reçue peut y contribuer.
Nous sentons bien qu’il y a dans l’expérience de l’amour une dimension qui nous dépasse et que nous pouvons évoquer en des termes différents, par exemple, cet « univers » que Camille Syren nous invite à « laisser faire » ou bien nous le présente comme « nous appelant à exprimer tout ce qui est bon ». Pour nous, nous nous reconnaissons dans la vision du monde du théologien Jürgen Moltmann lorsqu’il nous parle de « l’Esprit qui donne la Vie » : « L’essence de la création dans l’Esprit est « la collaboration » et les structures manifestent la présence de l’Esprit dans la mesure où elles font connaître « l’accord général ». « Au commencement était la relation » (Martin Buber) (2). L’amour est au coeur du message de Jésus.
Cette intervention nous instruit sur bien des obstacles dont nous n’avons pas toujours conscience. Sans se référer directement à des savoirs, comme des connaissances psychologiques ou l’approche de la communication non violente, Camille nous éclaire par une réflexion à partir de son expérience personnelle, une réflexion que nous recevons d’emblée. Il y a dans ce témoignage l’expression d’une émotion qui éveille la nôtre et nous met en mouvement. En suivant le chemin de l’amour vécu : s’aimer, toi et moi, s’aimer entre nous, nous entrons dans une dynamique. C’est un souffle de vie.
(2) Dans ce blog, nous faisons souvent appel à l’éclairage de Jürgen Moltmann. Citation p 25 (Dieu dans l’Univers, Cerf, 1988). Jürgen Moltmann. L’Esprit qui donne la vie. Cerf, 1999
Devenir plus humain. Une culture de l’amour, de l’accueil de l’autre, d’acceptation de la différence (Jean Vanier) : https://vivreetesperer.com/?p=2105
Dans ses activités professionnelles, engagée au fil des années pour la promotion d’une bibliothèque pour enfants innovante (1), Geneviève Patte a vécu et vit constamment dans la relation et la rencontre. Nous avons recueilli auprès d’elle des propos sur la manière dont elle vit également la relation dans son environnement quotidien
J H
Tous les jours, lorsque je suis dans le métro, je pense aux gens qui m’entourent. Certains ont peut-être appris qu’ils avaient une maladie grave. D’autres, au contraire, sont tout heureux d’être ensemble. Mais, selon des sondages, il y a aussi toutes ces personnes, parmi les plus modestes, qui n’ont pas l’occasion d’échanger avec d’autres personnes. Face à l’isolement, il y a des rencontres qui se font tout naturellement si on ose sortir de soi même.
Je me rappelle cet ouvrier marocain assis près de moi dans le métro avec qui je suis amené à parler et qui me dit combien il est heureux d’être en France, mais qui ne cache pas sa souffrance de la solitude. Il préfère la semaine où il travaille sur le chantier au week-end où il se sent très seul. Et nous parlons ensemble de la beauté de son pays, le Maroc. Je lui ai dit que j’étais invité à un mariage au Maroc et il m’a dit combien les mariages au Maroc sont beaux. Effectivement, dans ces pays-là, ils savent faire la fête.
Dans le métro où je passe en général un moment à lire, je regarde aussi la lecture de ceux qui me côtoient et je leur demande s’ils me recommanderaient les livres qu’ils sont en train de lire et ainsi s’engage toute une conversation sur leur expérience de lecture. C’est ainsi que j’ai beaucoup parlé, avec une voisine qui était assise dans le métro, d’un livre de Véronique Olmi : Bakhita, une femme qui fut esclave en Afrique
Je pense aussi à cet homme qui m’a aidé à porter mes bagages à Roissy. C’était un Malien. il se trouve que j’ai travaillé avec le Mali. Il me demande pourquoi je voyage vers l’Amérique Latine et je lui répond que c’est pour une forme de travail avec les enfants autour de la lecture. Il me raconte toutes les difficultés qu’il a eues à l’école en France. Sa famille était trop nombreuse, trop d’enfants et personne pour s’occuper de lui. Il a été obligé de repasser trois fois le cours préparatoire sans succès. Il a été mis dans un centre d’apprentissage et il a décidé de s’en échapper pour aller au Québec. Et là, il découvre la poésie qui change sa vie. Il est devenu un lecteur passionné, fréquente les bibliothèques et souhaite devenir instituteur.
Dans un voyage à New York en avion, j’engage une conversation avec mon voisin qui fait une recherche sur Pascal et Port-Royal. Il me demande de l’aider à trouver une bibliothèque spécialisée sur cette question à Paris. Depuis quinze ans maintenant, nous sommes devenus d’excellents amis.
Je pense aussi à certains commerçants dans mon quartier. Là où je vais m’approvisionner en vin, je parle beaucoup à la femme qui dirige cette petite boutique appelée Nicolas. Je la trouve tellement ouverte que je lui donne le livre que je viens d’écrire : « Mais qu’est ce qui les fait lire comme ça ? ». Elle est enthousiaste et le fait connaître autour d’elle. Tout récemment, se trouve dans la même boutique un homme auquel elle me présente. Il me parle d’un film d’animation qui l’a enthousiasmé : « Persépolis ». Il se propose tout de suite de me prêter ce DVD, et, quelques jours après, la vendeuse du magasin me remet ce DVD pour que nous en parlions ensemble.
Je pense toujours aux enquêtes qui ont eu lieu sur l’isolement social. Pour moi, j’ai toujours extrêmement de plaisir à entrer en relation avec les gens qui se trouvent sur mon chemin, car je vois la richesse de leur personnalité. J’aime cette relation avec l’autre qui toujours m’enrichit.
Propos de Geneviève Patte
(1) Présentation du dernier livre de Geneviève : « Mais qu’est ce qui les fait lire comme ça ? » : « De rencontre en rencontre. L’histoire de la femme qui a fait lire des millions d’enfants » : https://vivreetesperer.com/?p=2234
Il y eu des années d’activité, de vie intense, et puis, tout s’est effondré. C’est le marasme. Ce peut être une situation individuelle ou collective. Et bien souvent, les deux à la fois. C’est l’impasse. On se résigne. On s’installe ou bien tout continue à se dégrader. Où aller ? Comment rebondir ?
Mais pour aller de l’avant, on a besoin de changer de regard. C’est une nouvelle manière de voir. C’est pouvoir apercevoir les signes d’un renouveau, des pistes qui apparaissent et jalonnent les nouvelles orientations. Jean-François Caron nous raconte l’histoire du renouveau du pays minier dans le Pas de Calais. Il en est un des principaux acteurs. Cette histoire est émouvante parce qu’elle nous parle d’un peuple courageux qui, à l’arrêt des houillères, avait perdu sa raison de vivre. Cette histoire est exemplaire parce qu’elle nous montre qu’un nouvel espoir peut grandir et un nouvel horizon apparaître. Ici, la mutation écologique est le moteur de la grande mutation à laquelle nous assistons. Dans cette intervention à TED x Vaugirard Road (1), Jean-François Caron nous raconte cette histoire.
Un pays en souffrance
« Je viens d’un pays où il n’y avait plus de futur et j’ai passé 25 années de ma vie à construire un cheminement de reconversion. Ce pays, ce petit pays, ça s’appelle le pays minier dans le Pas de Calais ». Ce pays a beaucoup souffert dans le travail des mines. « Dans ma commune, le sol a baissé de quinze mètres à cause des affaissements miniers. Les réseaux d’eau sont fracturés. Et les hommes mourraient à quarante ans à cause de la silicose. C’était normal de donner sa vie pour ses enfants. C’était la règle. Un de mes grands oncles est mort à 34 ans de la silicose, cette maladie qui ronge les poumons. Voilà. C’était assez pénible… ».
L’oiseau de l’espérance. Un « traquet motteux » s’installe sur un terril.
Et voici que Jean-François Caron nous parle des oiseaux. C’est une image de vie. Et c’est aussi un objet d’attention pour les écologistes. « Les oiseaux étaient partis. Je vous parle des oiseaux parce qu’un oiseau est revenu et qu’il a tout changé… Figurez-vous que, chez nous, à l’arrière, il y a quelques montagnes noires ; on appelait cela les terrils. Les terrils, c’est ce qui a été extrait du fond jusqu’à moins mille mètres dans notre commune. C’est du schiste, de la pierre, de la poutrelle. On appelle cela des crassiers, des tas de déchets. Et puis, parce que je suis ornithologue, un jour j’observe un « traquet motteux » avec un petit croupion blanc, admirable, étincelant. C’est un oiseau qui vit en montagne. Il a besoin de pierres pour nicher sous la pelouse alpine. Il vit dans les Alpes et en Scandinavie. Cet oiseau, qui remontait en migration prénuptiale, a trouvé dans les terrils un milieu qui lui convenait. Et mon terril hébergeait un oiseau rare. Cela a complètement changé mon regard sur les terrils que je voyais là depuis que j’allais à l’école et qui faisait partie du paysage ».
Un regard nouveau sur les terrils.
« J’ai donc commencé à changer de lunettes sur ce terril qui hébergeait un oiseau rare. A ce sujet, j’ai rencontré des gens qui sont devenus mes amis. J’ai rencontré, par exemple, des urbanistes qui disaient que, dans ce pays plat du Nord, les terrils, ce sont nos points de repère, ce sont nos beffrois. Ils structurent le territoire. J’ai rencontré des artistes qui sont devenus mes amis. Ils me disaient : regarde ces triangles merveilleux qui montent au ciel, tout noirs, tout purs. Il fallait y penser. Mais c’est vrai que c’était beau. J’ai rencontré des mineurs, bien sûr. Ils disaient : « Les terrils, c’est passé dans nos mains. C’est plein de sueur. C’est plein de notre sang. C’est nous, les terrils ». Et donc, avec ces pionniers, nous avons changé de lunettes. Nous avons décidé de nous organiser. Nous avons créé une association qui s’appelle : « la chaine des terrils ». Parce qu’on en avait marre qu’en plus de nous imposer le chômage, on nous dise que ces terrils n’étaient pas beau et parce qu’à l’époque, tout me monde disait : « il faut raser tout ça ». C’était terrible, cette volonté de négation. Alors que 29 nationalités étaient venues travailler chez nous, qu’on avait un système de valeurs extraordinaire, que la vie dans les cités minières était mille fois plus joyeuse et agréable.
Le bassin minier recélait plein de systèmes de valeurs et donc, on s’est organisé et quand on a remonté la dernière gaillette (morceau de charbon) à la fosse de Oignies, France III a organisé un débat avec le grand patron de l’empire des Houillères, un monsieur qui avait des tas de diplômes, qui faisait son job pour faire gagner des sous à sa boite. Et, pour lui, les terrils, c’était des tas de matériaux. Ça se vendait. Et moi, j’étais en face parce que j’étais un peu le représentant du monde qui va venir. On ne savait pas quoi, mais on avait créé « la chaine des terrils ». On avait un regard. On avait une idée de ce que pouvait être ce monde à venir. Donc, on fait ce débat.
Je n’était pas seul. Avec moi, il y avait mon arrière grand-père qui avait été délégué mineur durant les grandes grèves de 1900. Et j’avais le traquet motteux, la nature avec moi. Finalement, on a gagné. Le ministre de l’intérieur (1995) a imposé à Charbonnages de France, l’institution par excellence, une partition entre les terrils qu’on allait garder pour la nature, les terrils qu’on allait garder pour la fonction symbolique comme par exemple le terril Renard à Denain que Zola avait décrit dans Germinal, et puis, quand même, les terrils pour les matériaux. Et, à partir de là, on a commencé à regagner un peu de dignité et de fierté, tout simplement. Nous nous sommes organisé. Et on a commencé à avoir un certain nombre de résultats. J’ai créé une école de parapente. On a développé une action culturelle. Des mineurs qui jouaient leur propre rôle. Des sons et lumières participatifs. On a fait du « land art » sur les terrils ».
Un projet collectif pour transformer le territoire
« Entre temps, j’ai été élu au Conseil régional parce que les gens ont estimé que tous ces combats là avaient de l’importance. Et puis, je suis devenu élu local. Et là, j’ai eu à m’occuper de l’urbanisme, du plan d’occupation des sols et, très vite, il m’est apparu qu’on ne pourrait pas faire un plan d’occupation des sols sans un vrai projet de ville. Comme au Far West, quand on a abandonné les mines et que tout est resté dans l’état, on n’avait plus de futur. Mais où voulez-vous mettre un million de personnes ? Un petit peu à Dunkerque, au Havre, à Paris ? Ce n’était pas possible. Et donc, très vite, il m’est apparu qu’on ne pourrait plus faire un véritable plan d’occupation des sols, de l’agriculture et des usines, là où on pouvait construire, donc sans un vrai projet de ville. Dans notre représentation, cette ville nouvelle ne pouvait s’édifier que dans une œuvre collaborative. Ce ne pouvait pas être à dire d’expert. Même si nous en avions besoin, ce n’est pas un expert qui pouvait nous dire notre futur. Ce n’étaient pas non plus les élus, même si j’en faisais partie. Ce ne pouvait se faire que dans un processus collectif. C’est comme cela qu’on a installé le rôle d’habitant acteur, qu’on a mis les gens en situation de coproduire la ville. Et nos premières expérimentations ont découlé de là. On avait une eau absolument catastrophique, le double de la dose de nitrate. Alors, dans le plan d’occupation des sols et dans les actions de ville, il fallait être draconien sur la protection de l’eau. Les maisons de mineurs avaient eu du charbon gratuit pour le chauffage. Thermiquement, elles étaient comme des passoires. Alors l’écoconstruction et la réhabilitation thermique devenaient absolument stratégiques et c’est comme cela que nos premières expérimentations sont sorties et que, progressivement, on a commencé à dessiner une vision ».
Inventer une transition
« C’était la vision d’un nouveau modèle de développement, même à travers des signaux faibles. Comme on dirait aujourd’hui : sortir de la société du gaspillage. On voit bien que le nouveau modèle de développement ira plutôt vers la sobriété et le recyclage en prenant le contre pied de nos pratiques actuelles. Ce nouveau modèle de développement n’était pas encore apparu, mais nous avions vu l’homme et la nature martyrisés et on se rendait compte de ce que ce modèle pourrait devenir progressivement. On doit en même temps construire la transition. Et c’est très compliqué d’emmener une communauté, un collectif et de dire : on va changer le monde, mais on ne sait pas vers quel monde on va.
Progressivement, la confiance s’est installée par la qualité des collectifs qu’on avait monté, par le travail qu’on faisait ensemble, par la façon dont on posait des actes sur la manière de reconquérir notre espace. Et puis, j’ai beaucoup insisté sur cette idée qu’il fallait libérer les initiatives. On sortait d’une société encadrée. Quand vous devez inventer un monde, il faut faire des innovations. Et une innovation, c’est une désobéissance qui a réussi, mais c’est d’abord une désobéissance. Et donc, on travaille la question du droit à l’erreur parce que, si vous n’avez pas le droit de vous tromper, je vous garantis que jamais vous ne ferez quelque chose. On a travaillé ces questions. On a multiplié les processus et les initiatives et on est progressivement devenu une ville pilote du développement durable ».
En marche
Jean-François Caron nous rapporte les excellents résultats de son action municipale : un maire réélu avec 82% des voix. Et, comme il dit avec humour : « un écolo au pays des gueules noires ». C’est un parcours significatif.
« Nous, on était dans le gouffre, pas au bord du gouffre, dans le gouffre. Il y a vingt cinq ans, on n’avait pas le choix. On avait l’épée dans les reins. Paradoxalement, on avait de la chance.
On est parti de nos valeurs : l’homme et la nature ne sont pas des variables d’ajustement. On a choisi un nouveau regard. Ça nous a changé nous-mêmes. On a retrouvé de la confiance, de la vision, une place pour chacun dans l’effort collectif d’inventer un nouveau modèle, et puis surtout, on a inventé du désir, du désir de développement durable, parce que si le développement durable, c’est une addition de contraintes et des grands discours de morale, jamais le développement durable ne s’imposera. Alors que si on se remet en perspective et de considérer que de dire bonjour à son voisin plutôt que de lui faire la gueule ou faire une haie de trois mètres de haut, aimer la nature et reprendre nous-même notre destin, c’est tout simplement joyeux. Cela nous redonne prise. Et donc, aujourd’hui, tout n’est pas réglé à Loos-en-Gohelle. Loin s’en faut ! On est à notre petite échelle. On est en train de travailler au changement d’échelle. Chaque histoire est unique. La notre est unique. Chacune des vôtres est unique. Mais, souvenez-vous, si vous changez de regard, alors vous pourrez soulever des montagnes. Pas seulement des terrils ! »
Changer de regard !
Jean-François Caron nous rapporte une longue marche nourrie par une vision qui s’est précisée peu à peu. C’est la sortie d’une déshérence et le parcours d’un chemin vers une vie nouvelle. Le récit de Jean-François Caron s’entend comme celui d’une émergence, d’un renouveau et même comme celui d’une libération par rapport au vieux monde. Ce pays reprend vie et des signes successifs en témoignent : l’arrivée d’un oiseau, la transformation des terrils, une dynamique sociale et écologique.
L’homme qui raconte cette histoire éveille notre sympathie travers la force tranquille que nous percevons en lui : honnêteté, authenticité, confiance et les valeurs qu’il évoque : « l’homme et la nature ne sont pas des variables d’ajustement ». Nous voyons dans son parcours une dynamique d’espérance et de foi.
Dans l’histoire de l’humanité, nous avons vu des groupes se débiliter parce qu’ils avaient perdu une vision de l’avenir. Pour agir, nous avons besoin de croire que notre action peut s’exercer avec profit. « Nous devenons actifs pour autant que nous espérons. Nous espérons pour autant que nous pouvons entrevoir des possibilités futures. Nous entreprenons ce que nous pensons du possible » (Jürgen Moltmann) (2). De fait, nos représentations sont opérantes. « La foi déplace les montagnes ». « Si quelqu’un dit à cette montagne : « Soulèves-toi ! Jette-toi dans la mer ! », et si il n’hésite pas dans son cœur, mais croit que ce qu’il dit va arriver, cela lui sera accordé » (3). Importance de nos représentations, de nos intentions, telles qu’elles s’expriment dans notre regard.
La dynamique de transformation suscitée par Jean-François Caron s’est réalisée à travers une longue marche d’étape en étape. Elle témoigne de la puissance d’une vision. C’est un témoignage encourageant, car comme nous le dit Jean-François Caron : « Chaque histoire est unique. Chacune des vôtres est unique. Mais souvenez-vous, si vous changez de regard, alors vous pourrez soulever des montagnes, pas seulement des terrils ».
Je suis entré à facebook, il y a quelques années, en 2011. Comment cette activité s’est-elle développée et comment se déroule-t-elle aujourd’hui ? Quel rôle joue-t-elle actuellement dans mon existence quotidienne ? Quelles sont les convictions et les valeurs qui m’inspirent dans la participation à ce réseau ? Quel bilan puis-je établir aujourd’hui ? C’est un essai d’observation en vue de partager mon expérience.
Qu’est ce qui m’a incité à m’inscrire à facebook ? Il y avait un désir de relation. Et, comme je venais de créer un blog : Vivre et espérer, j’avais le désir d’en partager les expressions. Bref, ma motivation, c’était un désir de dialogue et de partage. Ma pratique facebook a-t-elle répondu à ce besoin ?
Aujourd’hui, en septembre 2017, avec qui suis-je en contact ? Si je compte 220 « amis », je puis répartir en trois groupes l’origine des messages que je reçois.
Dans un premier groupe, il y a des relations qui s’expriment plus familièrement et qui communiquent facilement au sujet des évènements de leur vie quotidienne. Dans ce groupe, il y a quelques personnes que je connais personnellement. Il y aussi des relations qui se sont ajoutées au cours du temps. L’implication est plus ou moins directe. Ces expressions portent sur le ressenti de la vie quotidienne. Elles apportent de la fraicheur et éveillent la sympathie. On peut parfois y percevoir un appel. Ce sont souvent de belles et bonnes choses qui sont partagées : la vie de famille, des goûts de nature, des intérêts artistiques, et plus avant, des convictions. Facebook appelle à souhaiter les anniversaires. Ce peut être un geste conventionnel. Pour ma part, par rapport aux amis que je connais personnellement, j’essaie, à chaque fois, d’exprimer ce que je ressens en profondeur. Au total, il y a là une forme de convivialité à partir de laquelle le terme ambitieux d’ « ami » peut se trouver plus ou moins validé.
Le deuxième groupe est composé de relations qui interviennent dans le champ social, politique, intellectuel et religieux, pour moi, chrétien en l’occurrence. La communication qui en résulte m’apporte des réflexions et des informations qui sont très précieuses pour mon entendement.
Au cours du temps, il s’y est ajouté un ensemble de médias très variés qui forment un troisième groupe. Il s’y ajoute le partage d’articles et de vidéos par des personnes avec qui je suis en relation. Ces ressources couvrent de nombreux domaines, entre autres, l’actualité politique. C’est à travers facebook et, plus généralement, sur internet que j’ai suivi la campagne présidentielle en allant directement aux sources. Cette information a également une dimension internationale et j’ai pu suivre ainsi des évènements de la vie politique anglaise et américaine. En fonction de mon inclination, je suis également bien informé des pratiques innovantes dans le domaine écologique.
Au total, on apprend beaucoup. Il ne se passe pas une semaine sans que je trouve sur facebook plusieurs textes ou vidéos qui sont pour moi des apports originaux auquel je n’aurais pas eu accès sans cette fréquentation. Ces apports peuvent être à l’origine d’articles sur mon blog (1). Et pour d’autres, moins conséquents, je les partage sur mon journal pour en accroitre la diffusion et les mémoriser. C’est un choix qui se reproduit plusieurs fois par semaine (2). Cependant, en contrepartie, on doit prendre garde de ne pas se laisser fasciner par cette proposition incessante, par ce flux abondant, constamment renouvelé.
Pour ma part, je suis venu et je viens sur facebook dans un désir de participation et non de consommation. Alors qu’est-ce que je partage sur mon journal ? J’y partage des textes renvoyant aux articles sur les blogs et sites où j’interviens : Vivre et espérer ; L’Esprit qui donne la vie ; Témoins. Je reprends fréquemment, pour les partager des vidéos et des textes appréciés dans la fréquentation de mon mur. Et, par ailleurs, je me suis constitué une collection de photos issues de sites flickr. J’y puise régulièrement pour partager une photo belle et signifiante.
Je viens à Facebook dans le désir d’apporter une contribution positive qui est aussi l’expression d’une conviction profonde, une contribution positive exprimant un désir de partage. De la même façon, tout en veillant à l’authenticité de mon expression, je clique abondamment sur la mention : j’aime, et parfois même j’adore. Et bien sûr, je m’attriste parfois aussi. Je joins également des commentaires exprimant approbation, sympathie et encouragement. Manifester de l’empathie, exprimer de la bienveillance, c’est contribuer à un état d’esprit positif, à un climat de confiance. Par les uns et par les autres, à travers Facebook, nous pouvons également accéder à des campagnes pour peser en faveur de causes sociales ou écologiques. Je participe à certaines.
Sur Facebook, des opinions différentes s’expriment. Parfois j’entre en dialogue. Mais je ressens les limites pour la réalisation d’un dialogue construit. La dimension des commentaires rend difficile l’expression d’un point de vue nuancé. Et l’on rencontre parfois des opinions abruptes et passionnées. Aller plus avant demanderait beaucoup de temps. Par ailleurs, il y a des lieux où la violence affleure. Je cherche à ne pas entrer dans ces confrontations. Lorsqu’il me semble que la réception est possible, j’essaie un commentaire réfléchi.
Je ne suis pas expert dans l’usage d’internet. Je n’utilise pas pleinement le potentiel de facebook, et, par exemple, la messagerie. Je sais aussi l’existence de groupes. Depuis peu, je fréquente : « La paix, ça s’apprend » et « TranscendArts ». J’y découvre positivement une réception accueillante. Des contacts peuvent se présenter. Je vais poursuivre mon exploration. J’ai donc beaucoup à apprendre.
Si maintenant, je fais le point sur la manière dont j’ai pu réaliser mes intentions initiales, le bilan est mitigé . Si il y a parfois de nouvelles rencontres, globalement, je ne me suis pas engagé en profondeur dans des relations amicales nouvelles. Les affinités ne sont pas là nécessairement. Mes limites m’incitent à la prudence. Mais je n’ai pas non plus trouvé une grande audience pour les productions du blog que j’anime. Si mon public est assez nombreux et varié, il m’arrive de m’interroger sur la capacité d’écoute de mes « amis ». Ne vient-on pas parfois sur facebook pour s’exprimer plutôt que pour entendre ce que les autres ont à vous dire ? Je puis m’interroger moi aussi sur mon attitude. Certes il faut compter sur le souhait de chacun de ne pas s’engager dans une pratique trop couteuse en temps dans le rapport avec des propositions qui paraissent trop éloignées des vôtres. Mais pourquoi y a-t-il parfois si peu d’écho pour de simples expressions de beauté et de bonté ? Les chemins se croisent sans toujours se rencontrer. Cela peut être ressenti comme une source de frustration.
Cependant, il y a un autre aspect du bilan qui lui, est très, trèspositif. J’ai beaucoup appris à travers facebook. Aujourd’hui, c’est pour moi une source d’information essentielle. A travers facebook, je peux non seulement suivre l’actualité, mais trouver des ressources originales auxquelles je n’aurais pas accès sans ce potentiel qui s’offre à moi. Et puis, je bénéficie de la tonalité positive que me renvoie en général cet ensemble d’ « amis » avec lesquels je suis associé. Cette tonalité tient pour beaucoup au cadre bienveillant que Facebook nous propose avec l’intention de susciter sympathie et dialogue comme en témoigne les mentions mises à notre disposition. C’est le choix dominant entre le « j’aime » et l’abstention. En dehors des commentaires où une hostilité peut s’exprimer , les promoteurs ont exclu toute réaction exprimant un rejet. J’apprends aussi la diversité des réactions pour les prendre en considération et y réfléchir. Au total, c’est une éthique dupositif. J’apprécie ce choix de la bienveillance (3). Ainsi globalement, Facebook induit de la convivialité, une convivialité qui se traduit parfois uniquement par un voisinage, mais un bon voisinage.
Quoiqu’il en soit, grâce à Facebook, je puis être « citoyen » du net, témoin de mon espérance. Je puis adopter une attitude qui se veut empathique, bienveillante, encourageante ; et mon désir, c’est d’aller plus loin dans le partage. Au total, plus je fréquente Facebook, plus je me rend compte combien ce réseau compte pour moi.
(2) Quelques messages issus de facebook retransmis en partage à travers mon journal facebook : °15 septembre 2017. Une prière formulée par Pierre LeBel lors d’un concert organisé pour célébrer le 10è anniversaire de la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. °14 sept. Une approche pour aider les couples à vivre unis. Avec Vincent Hulin, Imago au Bénin (vidéo). °13 sept. Michèle Jeunet sur la douceur de Jésus dans l’Evangile de Matthieu (11.28-30). 9 sept. °Jean Viard, sociologue engagé, présente l’économie circulaire (Vidéo). ° 9 sept. Jean-Michel Blanquer assure une aide aux devoirs au sein même des établissements scolaires (vidéo). ° 9 sept. A Bogota, le pape François met en valeur la culture de la rencontre familière aux jeunes. _° 8 Sept. Magnificence des fleurs poussant dans le désert d’Atacama (vidéo). ° 6 sept. Cantique à Ouagadougou (vidéo). ° 6 sept. La ferme du Bec Hellouin, pionnière en permaculture (vidéo). ° 6 sept. Une vision de la nouvelle économie par Nicolas Hulot (vidéo)… Lien avec mon journal facebook : https://www.facebook.com/jean.hassenforder?ref=tn_tnmn