Dans ses activités professionnelles, engagée au fil des années pour la promotion d’une bibliothèque pour enfants innovante (1), Geneviève Patte a vécu et vit constamment dans la relation et la rencontre. Nous avons recueilli auprès d’elle des propos sur la manière dont elle vit également la relation dans son environnement quotidien
J H
Tous les jours, lorsque je suis dans le métro, je pense aux gens qui m’entourent. Certains ont peut-être appris qu’ils avaient une maladie grave. D’autres, au contraire, sont tout heureux d’être ensemble. Mais, selon des sondages, il y a aussi toutes ces personnes, parmi les plus modestes, qui n’ont pas l’occasion d’échanger avec d’autres personnes. Face à l’isolement, il y a des rencontres qui se font tout naturellement si on ose sortir de soi même.
Je me rappelle cet ouvrier marocain assis près de moi dans le métro avec qui je suis amené à parler et qui me dit combien il est heureux d’être en France, mais qui ne cache pas sa souffrance de la solitude. Il préfère la semaine où il travaille sur le chantier au week-end où il se sent très seul. Et nous parlons ensemble de la beauté de son pays, le Maroc. Je lui ai dit que j’étais invité à un mariage au Maroc et il m’a dit combien les mariages au Maroc sont beaux. Effectivement, dans ces pays-là, ils savent faire la fête.
Dans le métro où je passe en général un moment à lire, je regarde aussi la lecture de ceux qui me côtoient et je leur demande s’ils me recommanderaient les livres qu’ils sont en train de lire et ainsi s’engage toute une conversation sur leur expérience de lecture. C’est ainsi que j’ai beaucoup parlé, avec une voisine qui était assise dans le métro, d’un livre de Véronique Olmi : Bakhita, une femme qui fut esclave en Afrique
Je pense aussi à cet homme qui m’a aidé à porter mes bagages à Roissy. C’était un Malien. il se trouve que j’ai travaillé avec le Mali. Il me demande pourquoi je voyage vers l’Amérique Latine et je lui répond que c’est pour une forme de travail avec les enfants autour de la lecture. Il me raconte toutes les difficultés qu’il a eues à l’école en France. Sa famille était trop nombreuse, trop d’enfants et personne pour s’occuper de lui. Il a été obligé de repasser trois fois le cours préparatoire sans succès. Il a été mis dans un centre d’apprentissage et il a décidé de s’en échapper pour aller au Québec. Et là, il découvre la poésie qui change sa vie. Il est devenu un lecteur passionné, fréquente les bibliothèques et souhaite devenir instituteur.
Dans un voyage à New York en avion, j’engage une conversation avec mon voisin qui fait une recherche sur Pascal et Port-Royal. Il me demande de l’aider à trouver une bibliothèque spécialisée sur cette question à Paris. Depuis quinze ans maintenant, nous sommes devenus d’excellents amis.
Je pense aussi à certains commerçants dans mon quartier. Là où je vais m’approvisionner en vin, je parle beaucoup à la femme qui dirige cette petite boutique appelée Nicolas. Je la trouve tellement ouverte que je lui donne le livre que je viens d’écrire : « Mais qu’est ce qui les fait lire comme ça ? ». Elle est enthousiaste et le fait connaître autour d’elle. Tout récemment, se trouve dans la même boutique un homme auquel elle me présente. Il me parle d’un film d’animation qui l’a enthousiasmé : « Persépolis ». Il se propose tout de suite de me prêter ce DVD, et, quelques jours après, la vendeuse du magasin me remet ce DVD pour que nous en parlions ensemble.
Je pense toujours aux enquêtes qui ont eu lieu sur l’isolement social. Pour moi, j’ai toujours extrêmement de plaisir à entrer en relation avec les gens qui se trouvent sur mon chemin, car je vois la richesse de leur personnalité. J’aime cette relation avec l’autre qui toujours m’enrichit.
Propos de Geneviève Patte
(1) Présentation du dernier livre de Geneviève : « Mais qu’est ce qui les fait lire comme ça ? » : « De rencontre en rencontre. L’histoire de la femme qui a fait lire des millions d’enfants » : https://vivreetesperer.com/?p=2234
Il y eu des années d’activité, de vie intense, et puis, tout s’est effondré. C’est le marasme. Ce peut être une situation individuelle ou collective. Et bien souvent, les deux à la fois. C’est l’impasse. On se résigne. On s’installe ou bien tout continue à se dégrader. Où aller ? Comment rebondir ?
Mais pour aller de l’avant, on a besoin de changer de regard. C’est une nouvelle manière de voir. C’est pouvoir apercevoir les signes d’un renouveau, des pistes qui apparaissent et jalonnent les nouvelles orientations. Jean-François Caron nous raconte l’histoire du renouveau du pays minier dans le Pas de Calais. Il en est un des principaux acteurs. Cette histoire est émouvante parce qu’elle nous parle d’un peuple courageux qui, à l’arrêt des houillères, avait perdu sa raison de vivre. Cette histoire est exemplaire parce qu’elle nous montre qu’un nouvel espoir peut grandir et un nouvel horizon apparaître. Ici, la mutation écologique est le moteur de la grande mutation à laquelle nous assistons. Dans cette intervention à TED x Vaugirard Road (1), Jean-François Caron nous raconte cette histoire.
Un pays en souffrance
« Je viens d’un pays où il n’y avait plus de futur et j’ai passé 25 années de ma vie à construire un cheminement de reconversion. Ce pays, ce petit pays, ça s’appelle le pays minier dans le Pas de Calais ». Ce pays a beaucoup souffert dans le travail des mines. « Dans ma commune, le sol a baissé de quinze mètres à cause des affaissements miniers. Les réseaux d’eau sont fracturés. Et les hommes mourraient à quarante ans à cause de la silicose. C’était normal de donner sa vie pour ses enfants. C’était la règle. Un de mes grands oncles est mort à 34 ans de la silicose, cette maladie qui ronge les poumons. Voilà. C’était assez pénible… ».
L’oiseau de l’espérance. Un « traquet motteux » s’installe sur un terril.
Et voici que Jean-François Caron nous parle des oiseaux. C’est une image de vie. Et c’est aussi un objet d’attention pour les écologistes. « Les oiseaux étaient partis. Je vous parle des oiseaux parce qu’un oiseau est revenu et qu’il a tout changé… Figurez-vous que, chez nous, à l’arrière, il y a quelques montagnes noires ; on appelait cela les terrils. Les terrils, c’est ce qui a été extrait du fond jusqu’à moins mille mètres dans notre commune. C’est du schiste, de la pierre, de la poutrelle. On appelle cela des crassiers, des tas de déchets. Et puis, parce que je suis ornithologue, un jour j’observe un « traquet motteux » avec un petit croupion blanc, admirable, étincelant. C’est un oiseau qui vit en montagne. Il a besoin de pierres pour nicher sous la pelouse alpine. Il vit dans les Alpes et en Scandinavie. Cet oiseau, qui remontait en migration prénuptiale, a trouvé dans les terrils un milieu qui lui convenait. Et mon terril hébergeait un oiseau rare. Cela a complètement changé mon regard sur les terrils que je voyais là depuis que j’allais à l’école et qui faisait partie du paysage ».
Un regard nouveau sur les terrils.
« J’ai donc commencé à changer de lunettes sur ce terril qui hébergeait un oiseau rare. A ce sujet, j’ai rencontré des gens qui sont devenus mes amis. J’ai rencontré, par exemple, des urbanistes qui disaient que, dans ce pays plat du Nord, les terrils, ce sont nos points de repère, ce sont nos beffrois. Ils structurent le territoire. J’ai rencontré des artistes qui sont devenus mes amis. Ils me disaient : regarde ces triangles merveilleux qui montent au ciel, tout noirs, tout purs. Il fallait y penser. Mais c’est vrai que c’était beau. J’ai rencontré des mineurs, bien sûr. Ils disaient : « Les terrils, c’est passé dans nos mains. C’est plein de sueur. C’est plein de notre sang. C’est nous, les terrils ». Et donc, avec ces pionniers, nous avons changé de lunettes. Nous avons décidé de nous organiser. Nous avons créé une association qui s’appelle : « la chaine des terrils ». Parce qu’on en avait marre qu’en plus de nous imposer le chômage, on nous dise que ces terrils n’étaient pas beau et parce qu’à l’époque, tout me monde disait : « il faut raser tout ça ». C’était terrible, cette volonté de négation. Alors que 29 nationalités étaient venues travailler chez nous, qu’on avait un système de valeurs extraordinaire, que la vie dans les cités minières était mille fois plus joyeuse et agréable.
Le bassin minier recélait plein de systèmes de valeurs et donc, on s’est organisé et quand on a remonté la dernière gaillette (morceau de charbon) à la fosse de Oignies, France III a organisé un débat avec le grand patron de l’empire des Houillères, un monsieur qui avait des tas de diplômes, qui faisait son job pour faire gagner des sous à sa boite. Et, pour lui, les terrils, c’était des tas de matériaux. Ça se vendait. Et moi, j’étais en face parce que j’étais un peu le représentant du monde qui va venir. On ne savait pas quoi, mais on avait créé « la chaine des terrils ». On avait un regard. On avait une idée de ce que pouvait être ce monde à venir. Donc, on fait ce débat.
Je n’était pas seul. Avec moi, il y avait mon arrière grand-père qui avait été délégué mineur durant les grandes grèves de 1900. Et j’avais le traquet motteux, la nature avec moi. Finalement, on a gagné. Le ministre de l’intérieur (1995) a imposé à Charbonnages de France, l’institution par excellence, une partition entre les terrils qu’on allait garder pour la nature, les terrils qu’on allait garder pour la fonction symbolique comme par exemple le terril Renard à Denain que Zola avait décrit dans Germinal, et puis, quand même, les terrils pour les matériaux. Et, à partir de là, on a commencé à regagner un peu de dignité et de fierté, tout simplement. Nous nous sommes organisé. Et on a commencé à avoir un certain nombre de résultats. J’ai créé une école de parapente. On a développé une action culturelle. Des mineurs qui jouaient leur propre rôle. Des sons et lumières participatifs. On a fait du « land art » sur les terrils ».
Un projet collectif pour transformer le territoire
« Entre temps, j’ai été élu au Conseil régional parce que les gens ont estimé que tous ces combats là avaient de l’importance. Et puis, je suis devenu élu local. Et là, j’ai eu à m’occuper de l’urbanisme, du plan d’occupation des sols et, très vite, il m’est apparu qu’on ne pourrait pas faire un plan d’occupation des sols sans un vrai projet de ville. Comme au Far West, quand on a abandonné les mines et que tout est resté dans l’état, on n’avait plus de futur. Mais où voulez-vous mettre un million de personnes ? Un petit peu à Dunkerque, au Havre, à Paris ? Ce n’était pas possible. Et donc, très vite, il m’est apparu qu’on ne pourrait plus faire un véritable plan d’occupation des sols, de l’agriculture et des usines, là où on pouvait construire, donc sans un vrai projet de ville. Dans notre représentation, cette ville nouvelle ne pouvait s’édifier que dans une œuvre collaborative. Ce ne pouvait pas être à dire d’expert. Même si nous en avions besoin, ce n’est pas un expert qui pouvait nous dire notre futur. Ce n’étaient pas non plus les élus, même si j’en faisais partie. Ce ne pouvait se faire que dans un processus collectif. C’est comme cela qu’on a installé le rôle d’habitant acteur, qu’on a mis les gens en situation de coproduire la ville. Et nos premières expérimentations ont découlé de là. On avait une eau absolument catastrophique, le double de la dose de nitrate. Alors, dans le plan d’occupation des sols et dans les actions de ville, il fallait être draconien sur la protection de l’eau. Les maisons de mineurs avaient eu du charbon gratuit pour le chauffage. Thermiquement, elles étaient comme des passoires. Alors l’écoconstruction et la réhabilitation thermique devenaient absolument stratégiques et c’est comme cela que nos premières expérimentations sont sorties et que, progressivement, on a commencé à dessiner une vision ».
Inventer une transition
« C’était la vision d’un nouveau modèle de développement, même à travers des signaux faibles. Comme on dirait aujourd’hui : sortir de la société du gaspillage. On voit bien que le nouveau modèle de développement ira plutôt vers la sobriété et le recyclage en prenant le contre pied de nos pratiques actuelles. Ce nouveau modèle de développement n’était pas encore apparu, mais nous avions vu l’homme et la nature martyrisés et on se rendait compte de ce que ce modèle pourrait devenir progressivement. On doit en même temps construire la transition. Et c’est très compliqué d’emmener une communauté, un collectif et de dire : on va changer le monde, mais on ne sait pas vers quel monde on va.
Progressivement, la confiance s’est installée par la qualité des collectifs qu’on avait monté, par le travail qu’on faisait ensemble, par la façon dont on posait des actes sur la manière de reconquérir notre espace. Et puis, j’ai beaucoup insisté sur cette idée qu’il fallait libérer les initiatives. On sortait d’une société encadrée. Quand vous devez inventer un monde, il faut faire des innovations. Et une innovation, c’est une désobéissance qui a réussi, mais c’est d’abord une désobéissance. Et donc, on travaille la question du droit à l’erreur parce que, si vous n’avez pas le droit de vous tromper, je vous garantis que jamais vous ne ferez quelque chose. On a travaillé ces questions. On a multiplié les processus et les initiatives et on est progressivement devenu une ville pilote du développement durable ».
En marche
Jean-François Caron nous rapporte les excellents résultats de son action municipale : un maire réélu avec 82% des voix. Et, comme il dit avec humour : « un écolo au pays des gueules noires ». C’est un parcours significatif.
« Nous, on était dans le gouffre, pas au bord du gouffre, dans le gouffre. Il y a vingt cinq ans, on n’avait pas le choix. On avait l’épée dans les reins. Paradoxalement, on avait de la chance.
On est parti de nos valeurs : l’homme et la nature ne sont pas des variables d’ajustement. On a choisi un nouveau regard. Ça nous a changé nous-mêmes. On a retrouvé de la confiance, de la vision, une place pour chacun dans l’effort collectif d’inventer un nouveau modèle, et puis surtout, on a inventé du désir, du désir de développement durable, parce que si le développement durable, c’est une addition de contraintes et des grands discours de morale, jamais le développement durable ne s’imposera. Alors que si on se remet en perspective et de considérer que de dire bonjour à son voisin plutôt que de lui faire la gueule ou faire une haie de trois mètres de haut, aimer la nature et reprendre nous-même notre destin, c’est tout simplement joyeux. Cela nous redonne prise. Et donc, aujourd’hui, tout n’est pas réglé à Loos-en-Gohelle. Loin s’en faut ! On est à notre petite échelle. On est en train de travailler au changement d’échelle. Chaque histoire est unique. La notre est unique. Chacune des vôtres est unique. Mais, souvenez-vous, si vous changez de regard, alors vous pourrez soulever des montagnes. Pas seulement des terrils ! »
Changer de regard !
Jean-François Caron nous rapporte une longue marche nourrie par une vision qui s’est précisée peu à peu. C’est la sortie d’une déshérence et le parcours d’un chemin vers une vie nouvelle. Le récit de Jean-François Caron s’entend comme celui d’une émergence, d’un renouveau et même comme celui d’une libération par rapport au vieux monde. Ce pays reprend vie et des signes successifs en témoignent : l’arrivée d’un oiseau, la transformation des terrils, une dynamique sociale et écologique.
L’homme qui raconte cette histoire éveille notre sympathie travers la force tranquille que nous percevons en lui : honnêteté, authenticité, confiance et les valeurs qu’il évoque : « l’homme et la nature ne sont pas des variables d’ajustement ». Nous voyons dans son parcours une dynamique d’espérance et de foi.
Dans l’histoire de l’humanité, nous avons vu des groupes se débiliter parce qu’ils avaient perdu une vision de l’avenir. Pour agir, nous avons besoin de croire que notre action peut s’exercer avec profit. « Nous devenons actifs pour autant que nous espérons. Nous espérons pour autant que nous pouvons entrevoir des possibilités futures. Nous entreprenons ce que nous pensons du possible » (Jürgen Moltmann) (2). De fait, nos représentations sont opérantes. « La foi déplace les montagnes ». « Si quelqu’un dit à cette montagne : « Soulèves-toi ! Jette-toi dans la mer ! », et si il n’hésite pas dans son cœur, mais croit que ce qu’il dit va arriver, cela lui sera accordé » (3). Importance de nos représentations, de nos intentions, telles qu’elles s’expriment dans notre regard.
La dynamique de transformation suscitée par Jean-François Caron s’est réalisée à travers une longue marche d’étape en étape. Elle témoigne de la puissance d’une vision. C’est un témoignage encourageant, car comme nous le dit Jean-François Caron : « Chaque histoire est unique. Chacune des vôtres est unique. Mais souvenez-vous, si vous changez de regard, alors vous pourrez soulever des montagnes, pas seulement des terrils ».
Je suis entré à facebook, il y a quelques années, en 2011. Comment cette activité s’est-elle développée et comment se déroule-t-elle aujourd’hui ? Quel rôle joue-t-elle actuellement dans mon existence quotidienne ? Quelles sont les convictions et les valeurs qui m’inspirent dans la participation à ce réseau ? Quel bilan puis-je établir aujourd’hui ? C’est un essai d’observation en vue de partager mon expérience.
Qu’est ce qui m’a incité à m’inscrire à facebook ? Il y avait un désir de relation. Et, comme je venais de créer un blog : Vivre et espérer, j’avais le désir d’en partager les expressions. Bref, ma motivation, c’était un désir de dialogue et de partage. Ma pratique facebook a-t-elle répondu à ce besoin ?
Aujourd’hui, en septembre 2017, avec qui suis-je en contact ? Si je compte 220 « amis », je puis répartir en trois groupes l’origine des messages que je reçois.
Dans un premier groupe, il y a des relations qui s’expriment plus familièrement et qui communiquent facilement au sujet des évènements de leur vie quotidienne. Dans ce groupe, il y a quelques personnes que je connais personnellement. Il y aussi des relations qui se sont ajoutées au cours du temps. L’implication est plus ou moins directe. Ces expressions portent sur le ressenti de la vie quotidienne. Elles apportent de la fraicheur et éveillent la sympathie. On peut parfois y percevoir un appel. Ce sont souvent de belles et bonnes choses qui sont partagées : la vie de famille, des goûts de nature, des intérêts artistiques, et plus avant, des convictions. Facebook appelle à souhaiter les anniversaires. Ce peut être un geste conventionnel. Pour ma part, par rapport aux amis que je connais personnellement, j’essaie, à chaque fois, d’exprimer ce que je ressens en profondeur. Au total, il y a là une forme de convivialité à partir de laquelle le terme ambitieux d’ « ami » peut se trouver plus ou moins validé.
Le deuxième groupe est composé de relations qui interviennent dans le champ social, politique, intellectuel et religieux, pour moi, chrétien en l’occurrence. La communication qui en résulte m’apporte des réflexions et des informations qui sont très précieuses pour mon entendement.
Au cours du temps, il s’y est ajouté un ensemble de médias très variés qui forment un troisième groupe. Il s’y ajoute le partage d’articles et de vidéos par des personnes avec qui je suis en relation. Ces ressources couvrent de nombreux domaines, entre autres, l’actualité politique. C’est à travers facebook et, plus généralement, sur internet que j’ai suivi la campagne présidentielle en allant directement aux sources. Cette information a également une dimension internationale et j’ai pu suivre ainsi des évènements de la vie politique anglaise et américaine. En fonction de mon inclination, je suis également bien informé des pratiques innovantes dans le domaine écologique.
Au total, on apprend beaucoup. Il ne se passe pas une semaine sans que je trouve sur facebook plusieurs textes ou vidéos qui sont pour moi des apports originaux auquel je n’aurais pas eu accès sans cette fréquentation. Ces apports peuvent être à l’origine d’articles sur mon blog (1). Et pour d’autres, moins conséquents, je les partage sur mon journal pour en accroitre la diffusion et les mémoriser. C’est un choix qui se reproduit plusieurs fois par semaine (2). Cependant, en contrepartie, on doit prendre garde de ne pas se laisser fasciner par cette proposition incessante, par ce flux abondant, constamment renouvelé.
Pour ma part, je suis venu et je viens sur facebook dans un désir de participation et non de consommation. Alors qu’est-ce que je partage sur mon journal ? J’y partage des textes renvoyant aux articles sur les blogs et sites où j’interviens : Vivre et espérer ; L’Esprit qui donne la vie ; Témoins. Je reprends fréquemment, pour les partager des vidéos et des textes appréciés dans la fréquentation de mon mur. Et, par ailleurs, je me suis constitué une collection de photos issues de sites flickr. J’y puise régulièrement pour partager une photo belle et signifiante.
Je viens à Facebook dans le désir d’apporter une contribution positive qui est aussi l’expression d’une conviction profonde, une contribution positive exprimant un désir de partage. De la même façon, tout en veillant à l’authenticité de mon expression, je clique abondamment sur la mention : j’aime, et parfois même j’adore. Et bien sûr, je m’attriste parfois aussi. Je joins également des commentaires exprimant approbation, sympathie et encouragement. Manifester de l’empathie, exprimer de la bienveillance, c’est contribuer à un état d’esprit positif, à un climat de confiance. Par les uns et par les autres, à travers Facebook, nous pouvons également accéder à des campagnes pour peser en faveur de causes sociales ou écologiques. Je participe à certaines.
Sur Facebook, des opinions différentes s’expriment. Parfois j’entre en dialogue. Mais je ressens les limites pour la réalisation d’un dialogue construit. La dimension des commentaires rend difficile l’expression d’un point de vue nuancé. Et l’on rencontre parfois des opinions abruptes et passionnées. Aller plus avant demanderait beaucoup de temps. Par ailleurs, il y a des lieux où la violence affleure. Je cherche à ne pas entrer dans ces confrontations. Lorsqu’il me semble que la réception est possible, j’essaie un commentaire réfléchi.
Je ne suis pas expert dans l’usage d’internet. Je n’utilise pas pleinement le potentiel de facebook, et, par exemple, la messagerie. Je sais aussi l’existence de groupes. Depuis peu, je fréquente : « La paix, ça s’apprend » et « TranscendArts ». J’y découvre positivement une réception accueillante. Des contacts peuvent se présenter. Je vais poursuivre mon exploration. J’ai donc beaucoup à apprendre.
Si maintenant, je fais le point sur la manière dont j’ai pu réaliser mes intentions initiales, le bilan est mitigé . Si il y a parfois de nouvelles rencontres, globalement, je ne me suis pas engagé en profondeur dans des relations amicales nouvelles. Les affinités ne sont pas là nécessairement. Mes limites m’incitent à la prudence. Mais je n’ai pas non plus trouvé une grande audience pour les productions du blog que j’anime. Si mon public est assez nombreux et varié, il m’arrive de m’interroger sur la capacité d’écoute de mes « amis ». Ne vient-on pas parfois sur facebook pour s’exprimer plutôt que pour entendre ce que les autres ont à vous dire ? Je puis m’interroger moi aussi sur mon attitude. Certes il faut compter sur le souhait de chacun de ne pas s’engager dans une pratique trop couteuse en temps dans le rapport avec des propositions qui paraissent trop éloignées des vôtres. Mais pourquoi y a-t-il parfois si peu d’écho pour de simples expressions de beauté et de bonté ? Les chemins se croisent sans toujours se rencontrer. Cela peut être ressenti comme une source de frustration.
Cependant, il y a un autre aspect du bilan qui lui, est très, trèspositif. J’ai beaucoup appris à travers facebook. Aujourd’hui, c’est pour moi une source d’information essentielle. A travers facebook, je peux non seulement suivre l’actualité, mais trouver des ressources originales auxquelles je n’aurais pas accès sans ce potentiel qui s’offre à moi. Et puis, je bénéficie de la tonalité positive que me renvoie en général cet ensemble d’ « amis » avec lesquels je suis associé. Cette tonalité tient pour beaucoup au cadre bienveillant que Facebook nous propose avec l’intention de susciter sympathie et dialogue comme en témoigne les mentions mises à notre disposition. C’est le choix dominant entre le « j’aime » et l’abstention. En dehors des commentaires où une hostilité peut s’exprimer , les promoteurs ont exclu toute réaction exprimant un rejet. J’apprends aussi la diversité des réactions pour les prendre en considération et y réfléchir. Au total, c’est une éthique dupositif. J’apprécie ce choix de la bienveillance (3). Ainsi globalement, Facebook induit de la convivialité, une convivialité qui se traduit parfois uniquement par un voisinage, mais un bon voisinage.
Quoiqu’il en soit, grâce à Facebook, je puis être « citoyen » du net, témoin de mon espérance. Je puis adopter une attitude qui se veut empathique, bienveillante, encourageante ; et mon désir, c’est d’aller plus loin dans le partage. Au total, plus je fréquente Facebook, plus je me rend compte combien ce réseau compte pour moi.
(2) Quelques messages issus de facebook retransmis en partage à travers mon journal facebook : °15 septembre 2017. Une prière formulée par Pierre LeBel lors d’un concert organisé pour célébrer le 10è anniversaire de la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. °14 sept. Une approche pour aider les couples à vivre unis. Avec Vincent Hulin, Imago au Bénin (vidéo). °13 sept. Michèle Jeunet sur la douceur de Jésus dans l’Evangile de Matthieu (11.28-30). 9 sept. °Jean Viard, sociologue engagé, présente l’économie circulaire (Vidéo). ° 9 sept. Jean-Michel Blanquer assure une aide aux devoirs au sein même des établissements scolaires (vidéo). ° 9 sept. A Bogota, le pape François met en valeur la culture de la rencontre familière aux jeunes. _° 8 Sept. Magnificence des fleurs poussant dans le désert d’Atacama (vidéo). ° 6 sept. Cantique à Ouagadougou (vidéo). ° 6 sept. La ferme du Bec Hellouin, pionnière en permaculture (vidéo). ° 6 sept. Une vision de la nouvelle économie par Nicolas Hulot (vidéo)… Lien avec mon journal facebook : https://www.facebook.com/jean.hassenforder?ref=tn_tnmn
Notre société se caractérise par une individualisation croissante. C’est un processus de longue durée qui se réalise par étapes. Aujourd’hui, cette individualisation est manifeste dans tous les domaines de la vie. Elle appelle en regard une responsabilité accrue à travers une extension des choix. Dans le même temps, on prend conscience des interrelations qui interviennent à tous les niveaux de notre existence. Ces deux mouvements se traduisent dans des phénomènes différents, mais concomitants : la prise de conscience écologique et la révolution numérique. Cette évolution dans les mentalités influence notre manière de voir dans différents domaines d’activité. C’est le cas, par exemple, dans le domaine de l’éducation. C’est aussi le cas dans le domaine de la médecine. Dans ces deux domaines, les usagers, aspirent à être considérés comme des personnes et à participer à un mouvement de vie. Cependant, cette évolution se heurte à la fois à des représentations anciennes et au poids des appareils. Les organisations peinent à se défaire de la massification héritée de la précédente révolution industrielle. La pensée écologique, dans sa vision holistique, consciente de la complexité et respectueuse de la diversité, se heurte à l’héritage d’une conception dominatrice. Ainsi, la part donnée aux mathématiques dans l’accession aux études de médecine traduit un état d’esprit technocentré. Nous sommes donc engagés dans un changement qui rencontre des oppositions. Mais ce changement peut s’appuyer sur la transformation actuelle des mentalités.
Aujourd’hui, l’apparition d’unemédecine endobiogénique qui s’appuie sur l’usage des plantes médicinales est une innovation pionnière qui s’inscrit dans la transformation de notre culture et de notre société. C’est une médecine personnalisée qui prend en compte la diversité dans une relation participative. C’est une médecine intégrative qui met en œuvre une vision globale, holistique d’un organisme humain en mouvement dans l’exercice des fonctions hormonales et neuro-végétatives. Le recours aux plantes médicinales pour une œuvre de régulation et de remédiation se révèle particulièrement efficace parce qu’il participe au monde du vivant et multiplie, dans une approche scientifique, les acquis d’une expérience traditionnelle. C’est un aspect remarquable de la prise en compte de la biodiversité. Dans son originalité, la médecine endobiogénique est née en France, sous l’impulsion de deux médecins, Christian Duraffour et Jean-Claude Lapraz et elle est portée par une communauté innovante (1), même si elle se heurte encore aujourd’hui à un manque de moyens et un manque de reconnaissance. Dans ce contexte, la publication d’un ouvrage de référence, sous la direction de Jean-Claude Lapraz et d’Alain Carillon : « Plantes médicinales. Phytothérapie clinique intégrative et médecine endobiogénique » (2) est un pôle de ressources qui vient conforter une dynamique scientifique. Pour en situer la portée, il est bon de rappeler quelques jalons permettant d’ouvrir à tous la compréhension de cet apport.
Une médecine personnalisée
En 2012, paraît un livre intitulé : « La médecine personnalisée », écrit par le docteur Jean-Claude Lapraz en collaboration avec une journalise : Marie-Laure de Clermont-Tonnerre (3). Ce livre explique les fondements de la médecine endobiogénique et nous introduit ensuite dans un vécu personnel de sa pratique. Cet ouvrage demeure aujourd’hui la porte d’entrée pour la compréhension de cette médecine. On en trouvera une présentation détaillée sur ce blog (4). Nous renvoyons à cette analyse en rappelant néanmoins les grands principes qui y sont exposés.
Une vision nouvelle de la médecine : la médecine de terrain.
Selon notre constitution, nous réagissons chacun différemment à telle ou telle agression. « Une seule explication possible : l’état de notre terrain : « L’ensemble des facteurs génétiques, physiologiques, tissulaires ou humoraux qui, chez un individu, favorisent la survenue d’une maladie ou en conditionne le pronostic » (Larousse). C’est dans cette perspective que cette nouvelle approche médicale est mise en œuvre : « L’être humain ne se limite pas à un simple assemblage de fonctions ou d’organes sans lien entre eux. Il est un être vivant autonome et complet qui réagit à chaque instant comme un tout cohérent et doit sans cesse s’adapter… La médecine actuelle a fait éclater le corps en ses multiples composants. En négligeant de replacer chacun d’eux dans ses relations complexes avec les autres, elle a perdu la capacité d’établir un diagnostic global de l’état du patient. Il est donc temps aujourd’hui de proposer une approche médicale qui mette en évidence les liens qui unissent le local au global et qui donnent une véritable vision scientifique intégrale du patient. C’est ce que nous désignons comme la conception endobiogénique du terrain » (p 68).
On prend conscience aujourd’hui des limites d’une médecine en miettes pour se diriger vers une médecine globale, « intégrative ».
Effectivement, nous dit-on, « le tout est plus que la somme des parties ». Le corps est perçu comme un ensemble de niveaux : « Chaque niveau, du gêne au chromosome, du chromosome au noyau, du noyau à la cellule, de la cellule à l’organe, de l’organe à l’organisme, possède ses propres mécanismes de fonctionnement, mais ils sont intégrés et sous contrôle du niveau supérieur, et, en fin de compte sous celui de l’ensemble de l’organisme. Si un niveau se dérègle, il est important d’identifier ce qui, en amont, a généré le dérèglement et de comprendre comment celui-ci agira à son tour sur l’aval » (p 68-69).
Tout se tient. « Pour maintenir l’harmonie, il existe nécessairement une communication permanente entre chacun des éléments, chacune des parties qui nous constitue. Il faut donc qu’en notre corps, ensemble vivant infiniment complexe, existe un coordonnateur qui gère en permanence les liens qui unissent la cellule à l’organe, l’organe aux autres organes et les fonctions entre elles (p 70-71)… La vie ne peut se maintenir s’il n’existe pas une cohérence et une finalité qui permette de faire fonctionner de façon harmonieuse les cellules et les organes de notre corps pour qu’ils se maintiennent en équilibre » (p 70-71).
De fait, il existe bien une forme de « chef d’orchestre ». « Si l’organisme est une maison, il a pour architecte, pour coordonnateur, pour régulateur, le système hormonal ». Selon l’endobiogénie, « l’approche endocrinienne du terrain est fondée sur la reconnaissance du rôle primordial et incontournable du système hormonal à tous les niveaux du corps humain. C’est lui qui gère le métabolisme, c’est à dire la succession permanente et dynamique des phénomènes de destruction (catabolisme), de reconstruction et de synthèse (anabolisme) qui se déroulent à chaque seconde en nous… » (p 71).
L’approche endobiogénique s’appuie sur une interprétation nouvelle du fonctionnement du corps humain. Elle propose également de nouveaux outils pour en comprendre concrètement le fonctionnement et pour pouvoir en conséquence intervenir pour corriger et réguler.
« En partant d’une simple prise de sang comportant douze données biologiques (comme la numération formule sanguine, le nombre des plaquettes sanguines, le dosage de deux enzymes…), on peut construire un système établi sur des algorithmes, tous basés sur des données incontestées de la physiologie qui font apparaître de nouveaux chiffres conduisant à une compréhension beaucoup plus large des phénomènes à l’œuvre dans le corps que ne le permet l’approche purement analytique actuellement en vigueur. C’est la biologie des fonctions… Ce système complexe, conçu par le Docteur Christian Duraffourd, a permis d’établir quelques 172 index d’activité endocrine, métabolique, tissulaire, etc (par exemple : nécrose cellulaire, résistance à l’insuline, remodelage osseux, immunité, stress oxydatif, développement anormal cellulaire) (p 81-83). « Dans une goutte de sang, on peut voir l’individu et son terrain ». La production de cet ensemble est un bond en avant impressionnant pour la compréhension de l’état du patient.
Mais, dans la consultation, telle qu’elle est pratiquée par les médecins qui se réclament de cette approche, d’autres données recueillies à travers l’écoute et l’examen clinique, viennent encore s’y ajouter. Ces données viennent s’inscrire en regard de l’interprétation endobiogénique. A partir de là, le médecin peut prescrire un traitement approprié en faisant appel principalement aux plantes médicinales. L’usage de celles-ci permet d’éviter la nocivité des effets secondaires que peuvent entraîner certains médicaments de synthèse. Par ailleurs, la combinaison d’un certain nombre de plantes à activité synergique ou complémentaire induit un effet global important : « La sommation des petits effets que chacun va générer dans l’organisme permet d’apporter une amélioration, puis une vraie guérison ».
Soigner autrement, c’est possible
En 2013, le docteur Jean-Christophe Charrié, médecin généraliste et praticien de l’endobiogénie à la Rochelle explique l’approche de la médecine endobiogénique dans la vidéo d’une intervention TEDx : « Soigner autrement, c’est possible » (5). Jean-Christophe Charrié fait partie du groupe de médecins qui militent pour la progression de l’endobiogénie en France et il a apporté une contribution au livre de fond qui vient de paraître sur les plantes médicinales (6). Cette intervention, alliant beaucoup de compétence et un grand talent pédagogique, nous familiarise avec cette pratique médicale.
Après avoir esquissé une définition de l’endobiogénie (endo : intérieur ; bio : la vie ; génie : organisation) : une science de l’organisation de la vie intérieure », Jean-Christophe Charrié nous expose au préalable les vertus de la plante médicinale :
« Quelque chose qui appartient à toute l’humanité, car elle n’est pas brevetable.
Quelque chose qui est actuellement la seule source de soin pour 4 humains sur 5.
Quelque chose dont l’Organisation Mondiale de la Santé fait la promotion.
Quelque chose qui a été reconnu en France par l’Académie de Médecine, mais qui a été rejeté en 2007 par la Sécurité Sociale.
Cela fait 7 000 ans au moins que l’homme utilise la plante médicinale. C’est un outil aux propriétés multiples, exceptionnelles, qu’il convient d’utiliser à bon escient.
C’est un outil thérapeutique qui répond aux exigences de la politique de santé de demain, en terme de réduction des coûts, en terme d’accessibilité aux soins, en terme de respect de l’individu et de l’environnement. C’est un outil thérapeutique qui prend sa pleine puissance quand il est utilisé dans le cadre de la science médicale qu’est l’endobiogénie ».
Il y a effectivement un potentiel considérable. « Il y a sur terre un peu plus de 500 000 plantes. La moitié a été répertoriée. L’Organisation Mondiale de la Santé a relevé 29 000 plantes comme faisant partie de celles utilisées traditionnellement dans le soin. Un peu plus de 2 500 plantes ont bénéficié d’études approfondies pour savoir comment elles fonctionnent. Et dans ma pratique, j’en utilise un peu plus de 200. Ainsi, nous avons un potentiel énorme de recherche et de développement. L’industrie pharmaceutique l’a bien compris, puisque dans le gros dictionnaire rouge des médecins, le Vidal, 70% des médicaments trouvent leur source dans la plante médicinale ».
Si la plante médicinale est un outil majeur de la médecine endobiogénique, elle est négligée par la médecine dominante. Jean-Christophe Charriè nous apporte un aperçu très éclairant sur la manière dont la médecine s’est développée depuis 150 ans.
Comment en est-on arrivé à la médecine d’aujourd’hui ?
Au milieu du XIXè siècle, « la science médicale était dans une impasse, car elle n’arrivait pas à soigner et guérir les grandes épidémies. En ce temps-là, il y a eu deux montées d’approche théorique de la recherche qui s’incarnent dans deux figures emblématiques : Claude Bernard et Louis Pasteur. Pour ClaudeBernard, qui est médecin, il s’agit d’étudier la fonctionnalité de l’organisme. La maladie est la résultante d’une dysfonction. C’est grâce à ses travaux qu’on peut aujourd’hui interpréter une prise de sang. Pour Louis Pasteur qui est physicien, mais qui n’est pas médecin, la maladie est la conséquence de l’agression de l’organisme par un événement extérieur, que cet événement soit un microbe, un poison et aujourd’hui un gène défectueux. C’est parce que cette approche avait des résultats visibles, reproductibles et finalement très simples : à une maladie correspond un traitement, que la science médicale s’est engouffrée dans cette seule voie de recherche.
Il a fallu créer de nouveaux médicaments, des médicaments à la puissance extrême pour gérer des maladies extrêmes. Et, ainsi ; on a effectivement maitrisé de grandes épidémies telle que la peste, la tuberculose, la variole. Et c’est ainsi qu’on est entré dans la logique des anti : antihypertenseur, anticholestérol, antidiabétique, antibiotique. Avec ces outils à la puissance extrême, pour lutter contre des maladies extrêmes, on a cru qu’on allait tout guérir. Force est de constater, que ce n’est pas le cas.
Aujourd’hui, du fait d’un mésusage en utilisant ces outils extrêmes qui sont là pour prendre la place de l’organisme afin d’entrainer la guérison de celui-ci dans des situations extrêmes, on a utilisé ces outils pour soigner des maladies du quotidien et cela davantage pour l’intérêt de l’industrie pharmaceutique que pour l’intérêt du patient. Par cette stratégie, on a vu apparaître des maladies induites par ces médicaments, on a vu apparaitre une explosion des coûts de santé et, plus grave encore, des maladies qu’on pouvait traiter avec ces médicaments, aujourd’hui ne répondent plus. Par exemple, dans la maladie infectieuse, vous avez des bactéries qui ont développé des résistances aux antibiotiques, c’est à dire que l’antibiotique n’a plus de prise sur la bactérie, ne peut plus la détruire…
Nous sommes donc à nouveau dans une impasse. Avec cette approche médicale qui a résumé l’organisme à un foie malade, un cœur malade, un intestin malade, un cerveau malade, bref avec cette approche qui a éclaté l’homme, comment peut-on recoller les morceaux ? Comment reconsidérer le tout ? L’endobiogénie apporte une réponse. Et comment respecter le tout ? Les plantes médicinales apportent une réponse ».
Jean-Claude Charrié nous raconte ensuite comment, dans son itinéraire médical, il a rencontré l’endobiogénie et comment il la met en œuvre aujourd’hui. « Je suis un médecin généraliste qui, de façon prioritaire, utilise les plantes médicinales quand il est possible d’accompagner l’organisme dans des mécanismes d’autoréparation. Je ne m’interdis pas d’utiliser les médicaments anti dont nous avons parlé, mais je les garde pour des situations exceptionnelles. Et j’utilise la plante médicinale selon l’endobiogénie. L’endobiogénie est une médecine qui vous sort de la masse, qui vous sort de la statistique. C’est une médecine qui s’intéresse à chacun de vous individuellement. Et qui construira pour vous un traitement sur mesure qui est adopté à vous seulement.
L’endobiogénie, c’est une approche qui essaie de comprendre comment fonctionnent les mécanismes de réparation et de restauration. La restauration : par exemple, votre peau. Tous les matins, quand vous faites votre toilette, vous enlevez de la poussière, de la crasse et des cellules mortes. Cette peau, il faut la restaurer en permanence. L’autoréparation : Quand vous avez un petit chat qui vous griffe, vous avez une plaie. Et l’organisme sait réparer. Il fait cela tout seul. Il n’a pas besoin de médecine pour faire cela. Parce que vous êtes vivant. Parfois, il y a des phénomènes qui apparaissent et qui ont du mal à se restaurer et à se réparer. Et là, vous avez besoin du médecin. Le rôle du médecin en endobiogénie est de comprendre comment vous fonctionnez, aller voir ce qu’on peut soutenir et d’étayer votre organisme pour qu’il puisse se réparer lui-même ;
L’endobiogénie est une science. Comme toute science, elle repose sur une théorie. Pour que cette dynamique de réparation et de restauration fonctionne, il faut un gestionnaire et ce gestionnaire repose essentiellement sur le système endocrinien et le système neurovégétatif. Comment vos hormones s’organisent entre elles, comment elles entrent en interrelation pour coordonner cette dynamique ? Et comment votre système nerveux inconscient, celui qui gère votre digestion, votre respiration, le battement de votre cœur, comment ce système là vient aider le premier pour obtenir des phénomènes de réparation ? Quand vous allez voir le médecin en consultation, vous lui parlez. Il vous écoute et il vous examine. Pour le médecin endobiogéniste, ces trois temps là sont fondamentaux, car il va chercher des petits signes qui peuvent paraître infimes, sans sens, mais qui, associés les uns aux autres, peuvent permettre de construire l’histoire de votre vie jusqu’à aujourd’hui, permettre de comprendre les dysfonctionnements qui ont abouti à la maladie que vous exprimez. S’il en a besoin, mieux encore, le médecin peut faire une prise de sang simple. Quand les paramètres sont dans les normes, tout va bien. Quand ils sont hors des normes, il y a un problème. Vous n’avez pas assez de globules rouges, vous avez une anémie. On peut s’arrêter à cela. Mais grâce à la théorie de l’endobiogénie, on peut comprendre que tous ces chiffres ne sont pas liés au hasard. Ces paramètres apportent une sorte de photographie de votre fonctionnement intérieur. Avec l’endobiogénie, on peut relier ces chiffres entre eux, et mesurer, de la façon la plus fine, comment vous fonctionnez. Cela apporte une aide considérable au médecin. Car, pour étayer, il faut avoir les bons étais pour les mettre à une bonne place. Et, pour faire cela, le médecin va utiliser les plantes médicinales. Il va les utiliser en fonction des données de la science moderne qui a démontré que la plante a la capacité de réguler les systèmes endocriniens et neurovégétatifs ».
Plantes médicinales et médecine endobiogénique
Un ouvrage ressource. Un ouvrage de référence
Sur des registres différents, le livre de Jean-Claude Lapraz et Marie-Laure de Clermont-Tonnerre et l’interview en vidéo de Jean-Christophe Charrié introduisent un vaste public dans la prise de conscience du caractère original de l’approche endobiogénique et de son apport précieux et irremplaçable. Et cette approche s’appuie sur l’utilisation des plantes médicinales. C’est dire l’importance et l’utilité d’un ouvrage de référence consacré à cette ressource.
L’ouvrage sur les plantes médicinales récemment publié sous la direction de Jean-Claude Lapraz et Alain Carillon présente effectivement les connaissances correspondantes issues de la pharmacologie et des données de la tradition. Il offre « 45 monographies de plantes médicinales dont l’intérêt thérapeutique est confirmé par de nombreuses publications scientifiques récentes ».
Cependant, « l’originalité et la spécificité de cet ouvrage reposent sur un abord nouveau de l’usage de la plante médicinale fondé sur l’évaluation clinique du patient placé au cœur de la réflexion diagnostique.Cette approche permet l’utilisation intégrative et personnalisée des plantes… La plante médicinale, par la complexité des éléments qui la composent et de leurs effets spécifiques, répond au mieux aux exigences d’une thérapeutique plus physiologique et peut alors devenir un moyen de traitement de premier plan si elle est utilisée selon les règles médicales et prescriptives… La médecine endobiogénique propose une réflexion originale qui permet de mettre en évidence les déséquilibres des systèmes endocriniens gestionnaires de l’organisme. Elle aide le médecin à les identifier et leur permet d’établir un traitement régulateur et physiologiques où la plante médicinale joue un rôle prioritaire afin d’aider l’individu à retrouver l’état d’équilibre antérieur à la maladie : l’état de santé ».
Vers une nouvelle approche médicale
Ce livre sur les plantes médicinales et la médecine endobiogénique prend place dans l’univers scientifique et professionnel. Ainsi cette nouvelle approche médicale progresse sur différents registres. Elle rencontre une opinion plus favorable, comme en témoigne un intérêt croissant pour les médecines alternatives et complémentaires, dans un contexte de plus en plus sensible à la dimension écologique et en demande de participation. Elle est portée par un courant militant : médecins généreux et patients reconnaissants (6). Et ce livre témoigne d’une maturité scientifique.
Tout au long de cet article, on a pu percevoir une vision nouvelle, un nouveau paradigme et a pu apprécier la fécondité de cette approche. On attendrait qu’elle se répande dans le corps médical. En ce sens, des propositions accrues de formation sont nécessaires. Il serait opportun que les pouvoirs publics apportent leur soutien.
Dans un système de santé qui comporte de nombreuses rigidités, comment promouvoir cette nouvelle pratique ? A cet égard, un article paru dans Le Monde, le 14 mars 2012, est toujours pertinent aujourd’hui (8). Sous la signature de Luc Montagnier, prix Nobel demédecine en 2008 et Frédéric Bizard, consultant et maitre de conférences à Sciences-Po, cet article ouvre la voie : « Anticipons le passage d’une médecine curative à une médecine préventive ». On peut y lire : « D’une approche verticale et segmentée, nous devons passer à une vision transversale de la santé. D’une médecine curative du siècle dernier, nous devons passer à la médecine 4p : préventive, prédictive, personnalisée, partipative, ce qui modifie considérablement le logiciel du système. L’approche transversale de la médecine 4p doit s’accompagner d’une rénovation de notre système de santé avec une approche holistique des soins fondée sur la personne et les relations interpersonnelles. D’un système centré sur la maladie, il faut évoluer vers un système centré sur la personne, sur la santé ». La médecine endobiogénique s’inscrit dans cette grande transformation.
J H
(1) Société internationale de médecine endobiogénique et de physiologie intégrative : https://www.simepi.info
(2) Jean-Claude Lapraz. Alain Carillon, dir. Plantes médicinales. Phytothérapie clinique intégratives et médecine endobiogénique. Lavoisier Tec et doc. 2017
(3) Jean-Claude Lapraz. Marie-Laure de Clermont-Tonnerre. La médecine personnalisée. Retrouver er garder la santé. Odile Jacob. 2012
(4) Présentation du livre : « La médecine personnalisée » : « Médecine d’avenir. Médecine d’espoir » : https://vivreetesperer.com/?p=475
(6) Le docteur Jean-Christophe Charrié est un des contributeurs du livre : « Plantes médicinales. Phytothérapie clinique intégrative… » Il a écrit plusieurs livres de conseil médical, dans une perspective endobiogénique, en collaboration avec Marie-Laure de Clermont Tonnerre : « Se soigner toute l’année au naturel » (2017) ; « Objectif santé : à chaque besoin, sa cure » (2017) ; « Soigner au naturel les maux de l’automne et de l’hiver » (2014) ; il vient de publier un livre sur « les clés de l’alimentation anti-cancer et maladies inflammatoires, infectieuses, auto-immunes » (2017). Voir : https://www.amazon.fr/s/ref=nb_sb_noss_2?__mk_fr_FR=ÅMÅŽÕÑ&url=search-alias%3Dstripbooks&field-keywords=Jean-Christophe+Charrié
(8) Texte cité dans l’article présentant le livre : « La médecine personnalisée » (note 4). Ce texte publié en 2012 nous paraît garder toute son actualité.
Dans le contexte de la violence qui sévit entre israéliens et palestiniens, exacerbée par l’appareil répressif d’Israël, un mouvement s’est levé pour proclamer un esprit de paix. Ce mouvement : « Womenwage peace » (Les femmes font campagne pour la paix) est apparu en 2014 à l’occasion du conflit armé à Gaza. Il a pris son essor et a réalisé en 2016 une marche pacifique qui s’est imposée par sa dynamique et sa visibilité.
Le 4 octobre 2016, ce mouvement pour la paix a commencé une marche de l’espérance qui a duré deux semaines. Pendant ces deux semaines, des milliers de femmes juives et arabes israéliennes ont marché du nord d’Israël vers Jérusalem, en réclamant un accord de paix Israël-Palestine qui serait respectueux, non violent et accepté par les deux parties. La marche a culminé le 19 octobre avec plus de 4 000 femmes réalisant une prière conjointe juive et musulmane pour la paix au Qasr el Yahud à l’extrémité nord de la Mer morte. Ce même soir, 15 000 personnes se sont rassemblées pour protester et appeler à l’action devant la résidence du Premier ministre israélien (1).
Un chant de marche : « The prayer of the mothers »
Cette grande manifestation a trouvé son chant de marche dans un hymne : « The prayer of the mothers » (la prière des mères). Ce chant a été réalisé par une jeune et talentueuse musicienne israélienne, Yael Deckelbaum, interprète et compositrice qui s’est engagée dans le mouvement et l’a accompagné dans son action (2). Reconnue dans son pays et à l’étranger comme une artiste d’excellence, fondatrice et membre du légendaire trio : Habanot Nechama, Yael a écrit le chant : « Prayer of the mothers » et l’a enregistré avec des responsables de « Women wage peace ». Yael a travaillé également avec Lehmah Gbowee, une femme libériane qui a reçu le prix Nobel de la paix pour sa mobilisation des femmes en faveur de la paix ayant débouché sur la fin de la seconde guerre civile au Libéria en 2003.
« Prayer of the mothers » est chanté dans des contextes divers et sous des formes différentes (3).
Ses paroles nous entrainent sur le chemin de la fraternité et de la paix comme en témoignent ces quelques extraits.
« Chuchotement du vent de l’océan
Qui souffle très loin
Le linge qui flotte
Contre l’ombre d’un mur
Entre le ciel et la terre
Il y a des gens qui veulent vivre en paix
Ne baisse pas les bras
Continue à rêver
De paix et de prospérité
Quand est-ce que les murs de la peur fondront ?
Quand retournerais-je de l’exil
Et nos portes s’ouvriront
A ce qui est vraiment bon ?
Les murs de la peur fondront un jour
Et je rentrerai de l’exil
Les portes s’ouvriront
A ce qui est vraiment bon
Du Nord au Sud
De l’Ouest à l’Est
Ecoute la prière des mères
Apporte leur la paix
Ce chant a accompagné la marche de la paix. Il porte de bout en bout le clip réalisé par « Women wage Peace » (4) pour communiquer le message et l’esprit de cet événement. Ce clip transmet une symbolique forte à travers ses différentes séquences :
° Des jeunes femmes, de blanc vêtues, se rassemblant dans le désert, et exprimant une convivialité fraternelle dans un chant partagé, expression de paix.
° Dans le même élan et dans le même esprit, des femmes de toutes origines manifestant leur solidarité et leur fraternité en des gestes significatifs de tendresse et de reconnaissance.
° L’intervention de Lehmah Gbowee, prix Nobel de la paix, pour encourager ce mouvement : « Je voulais vous faire savoir que la paix est possible dans le monde où nous vivons quand des femmes intègres et de foi se manifestent pour le futur de leurs enfants ».
° De bout en bout, la dynamique de cette marche commune revêt une dimension épique et nous entraine dans un dépassement de nous-même.
Dans cette démarche, convergent des femmes dans une pleine humanité d’amour, d’empathie, de respect. Pour nous, nous percevons dans cet événement un souffle, le souffle de l’Esprit. L’Esprit abolit les barrières et unifie comme nous l’apprend l’expérience de la Pentecôte (6). Comme en d’autres évènements historiques, l’espérance ouvre les portes de la libération. Nous accueillons ce chant dans un mouvement d’émotion, de sympathie et d’émerveillement.