Une grande manifestation pour le climat à Montréal

Tous mes enfants et petits-enfants ont participé à la marche pour le climat le vendredi 27 septembre, la majorité d’entre nous à Montréal, mais aussi à Sherbrooke, en Estrie. J’y étais avec ma femme, Alice. Malgré la solennité que provoque le sujet du climat, l’esprit qui régnait en était un de bonne humeur, de fraternité et de solidarité sous un soleil radieux. Voici quelques-unes de mes premières réflexions.

En tout premier lieu, il s’agit vraisemblablement de la plus grande manifestation dans l’histoire du Québec, et peut-être même du Canada. La foule étant estimée à 500 000, le huitième des citoyens du Grand Montréal y aurait participé ! La majorité des marcheurs étaient jeunes, mais il y eut aussi de nombreuses familles ainsi que des grands-parents soucieux de l’avenir laissez en héritage à leur descendance. C’est ici la source de l’espérance que ce mouvement international semble susciter, ici comme ailleurs dans le monde. Ce sont des jeunes qui, à l’instar de Greta Thunberg qui était présente avec nous, prennent conscience de la réalité troublante et précaire du monde et qui, sans attendre, cherchent à prendre en main et à se porter responsable pour la santé de la terre. Non seulement revendiquent-ils des changements auprès des gouvernements et des grandes entreprises, mais plusieurs assument de nouvelles disciplines personnelles en ce qui concerne leurs propres habitudes de consommation (notre plus jeune et sa petite famille ne remplisse qu’un pot en verre de déchets aux deux mois). Le plein potentiel de la créativité humaine n’est qu’à ses débuts pour ce qui est de la recherche scientifique et économique et de la mise en application par la volonté politique et entrepreneuriale de cette nouvelle génération.

En termes théologiques, l’image de Dieu au cœur de l’humanité se concrétise dans sa relation à la terre que Dieu a soumise à la gouvernance, l’intendance et l’administration des êtres humains (Gn 1,28). Les responsabilités transmises à l’Adam sont celles de cultiver et de garder le jardin (Gn 2,15), et de nommer les animaux qui y habite (Gn 2,20). Il lui est aussi défendu d’en abuser (Gn 2,17). La rédemption holistique (qui comprend toutes les relations possibles aux êtres humains : avec Dieu, avec soi, avec son prochain et avec la nature) et cosmique (la réconciliation universelle des cieux et de la terre) promue par Paul a aussi trait à la relation des hommes régénérés, les « fils de Dieu », avec la terre (Rm 8,19-23), sans parler de la vision apocalyptique de Jean qui se termine avec la promesse d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre (Ap 21-22). L’Église qui émerge aujourd’hui ne peut outrepasser la dimension écologique de son message. Elle doit chercher et trouver sa place et sa voix au sein de ce mouvement qui est aujourd’hui irréversible.

Le combat pour la planète est pourtant loin d’être gagné. Changer les mentalités et les comportements de la majorité de l’humanité est une énorme et presque irréalisable tâche. Sans la participation de la masse critique nécessaire d’êtres humains, de gouvernements et d’entreprises engagés dans une volonté commune de transformation du monde, nous courrons tous vers notre perte. Cette transformation se veut spirituelle, morale et pragmatique. Comme point de départ, je propose que nous renoncions tous à voir la vie comme une possession, mais plutôt comme ce qu’elle est vraiment, un don, autant par sa beauté que par sa bonté, qui nous a été légué. « Ce pourrait être le début d’une nouvelle façon de gouverner, d’une toute nouvelle économie, fondée sur la reconnaissance, le contentement, le partage et, encore mieux, le don de soi. Il est encore temps d’espérer. »

Pierre LeBel

Qui est Pierre LeBel ? Une interview de Pierre LeBel sur le site de Témoins (2012)

https://www.temoins.com/attentes-et-cheminements-pour-de-nouvelles-expressions-chretiennes-au-quebec-interview-de-pierre-lebel-coordinateur-de-jeunesse-en-mission-a-montreal/

 

Libérer le potentiel du jeune enfant dans un environnement relationnel

Une année pour changer l’école

Avec Céline Alvarez

« Après une expérience pilote dans une zone d’éducation prioritaire en France, Céline Alvarez a été invitée par la ministre belge de l’Enseignement à accompagner 750 enseignants pendant une année scolaire. Ils ont réaménagé leur classe, trié les activités et individualisé la transmission, et ce, sans moyens supplémentaires. En quelques semaines, les enfants sont devenus autonomes, confiants et sereins. Dès la maternelle, ils sont entrés spontanément dans la lecture ». Cette notice, en quatrième de couverture, décrit brièvement l’expérience relatée dans un livre, au titre énigmatique au premier abord : « Une année pour tout changer et permettre à l’enfant de se révéler » (1). Et la notice se poursuit en ouvrant l’horizon : « Ce livre montre que nous pouvons susciter un changement à grande échelle, basculer de l’ennui à la motivation, de l’indiscipline au calme, du manque de persévérance à la créativité ». Ainsi la confiance peut s’affirmer : « Permettre à l’enfant de se révéler, c’est possible. Une année peut tout changer ».

En initiant et en accompagnant cette expérience à grande échelle, Céline Alvarez est effectivement en mesure, à partir d’observations, de dialogues et de témoignages de nous montrer très concrètement les changements qui sont intervenus dans les attitudes et les pratiques, le processus de changement jusque dans le moindre de ses aspects.

Cette expérience n’est pas advenue par hasard. Elle est l’aboutissement d’un parcours de recherche, d’un engagement. Céline Alvarez, munie d’un master de sciences du langage, s’est formée ensuite à la méthode Montessori. En 2009, elle passe le concours de professeur de écoles. Ayant obtenu l’accord du Ministère de l’Education Nationale, de 2011 à 2014, elle réalise une expérimentation pédagogique auprès d’enfants issus d’une zone d’éducation prioritaire dans une école maternelle à Gennevilliers. Elle se fonde sur les travaux scientifiques des docteurs Seguin et Montessori enrichis par l’apport des neurosciences grâce à l’équipe de Stanislas Dehaene. Cette expérience s’avère une grande réussite. Les enfants sont plus autonomes, font preuve de remarquables aptitudes sociales, savent mieux lire. Cependant, après ces trois années d’expérimentation, l’Education Nationale ne renouvelle pas le contrat. Céline Alvarez démissionne et va tirer tous les enseignements de cette expérience en développant des formations et les outils correspondants et en publiant un livre : « Les lois naturelles de l’enfant » (2). Ce livre va répondre aux aspirations et aux questions d’un grand nombre puisqu’il s’est vendu à 220 000 exemplaires. Nous en avons présenté une mise en perspective sur ce blog (3). On lira ce nouvel ouvrage : « Une année pour changer » à l’éclairage du précédent, car il est entièrement centré sur l’expérience qu’il relate, cette fois une expérimentation à grande échelle.

« Dans le cadre de la lutte menée contre le redoublement et l’échec scolaire, Madame Martine Schyns, ministre de l’enseignement de la Fédération Wallonie Bruxelles, m’a sollicitée pour accompagner 750 enseignants volontaires, désireux de transformer leurs pratiques. En Belgique, 4 enfants sur 5 n’ont pas les compétences minimales en lecture à la sortie du CM2. L’accompagnement a pris la forme de 8 journées de rassemblement à Namur. L’objectif était de créer des environnements adaptés au fonctionnement et aux besoins de l’enfant en faisant davantage place aux grands invariants de l’apprentissage tels que l’autonomie, le sens, le challenge, la rencontre et la joie. De cette manière, nous avons pu soutenir le développement de ce que l’on appelle les fonctions exécutives, identifiées par la recherche comme centrales pour l’épanouissement humain » (p 13).

 

Les fondations de l’intelligence

 Ce que des chercheurs, amis de l’enfance, comme Maria Montessori, avaient découvert, il y a un siècle, des recherches en neurosciences le confirment aujourd’hui : l’extraordinaire potentiel du tout petit. Ici, Céline Alvarez s’appuie sur les travaux du « Center on the developing child » de l’Université Harvard. La question éducative se pose en ces termes : ne pas contrarier, ne pas freiner le développement et les apprentissages du tout petit, mais, au contraire, les faciliter et les encourager. « Lorsque l’enfant nait, tout est possible. Il est dépositaire de tous les potentiels humains. Ses circuits sont déjà là, préesquissés. Il est prédisposé à être et à faire tout ce que nous cherchons à lui inculquer : développer un langage élaboré, penser de manière complexe, agir de façon contrôlée, créer, etc, mais il n’est pas déterminé à le faire. Il nait avec ces potentiels, mais ce qui détermine leur développement ou non, c’est nous : notre capacité individuelle, familiale, sociale, institutionnelle , à fournir à l’enfant des environnements appropriés, pensés dans le rapport et le soutien de ses lois universelles de développement » (p 9).

De fait, au départ, il nous faut permettre à l’enfant, de réaliser, par lui-même, les activités de la vie quotidienne qui se présentent à lui. « Si le jeune enfant, dès sa première année de vie, peut s’engager dans des tâches qui mettent son intelligence au défi, le niveau de maitrise de ses compétences exécutives augmentera rapidement entre 3 et 5 ans. L’enfant sera de plus en plus capable de se contrôler, de différer une envie et d’attendre pour parler… il saura prendre du recul, analyser la situation avant d’agir. Il grandira en prenant confiance en lui, en ses capacités » (p 26).

Céline Alvarez met ainsi l’accent sur le développement des « fonctions exécutives » de l’enfant. « Les fonctions exécutives sont des compétences cognitives qui nous permettent d’agir de façon organisée pour atteindre nos objectifs. Elles regroupent trois compétences : la mémoire de travail (capacité de garder une information en mémoire sur un temps court), le contrôle inhibiteur (capacité à se contrôler, à se concentrer et à inhiber les distractions), la flexibilité cognitive (capacité à détecter ses erreurs, à les corriger, à persévérer et à se montrer créatif) (p 23). Ces compétences exécutives sont « les fondations biologiques » des apprentissages scolaires. « Sans ces comportements, les enfants ne peuvent apprendre ».

Alors, le développement des compétences exécutives a été au cœur de la transformation des pratiques pédagogiques engagée en Belgique. « Lors de l’accompagnement, les enseignants ont été invités à focaliser toute leur réflexion et leurs pratiques sur l’exercice des fonctions exécutives en renforçant les éléments favorables… et, en veillant dans la mesure du possible, à réduire les éléments entravant. Le fonctionnement des classes s’est ainsi peu à peu transformé : les enfants ont été accompagnés individuellement à devenir autonomes au quotidien, et, dans les classes, à choisir eux-mêmes des activités qui les motivent, parmi une sélection ambitieuse et pleine de sens soigneusement réalisée par l’adulte. Les enfants étaient aidés à les mener à leur terme seul ou en tout petit groupe de deux ou trois enfants, à patienter, à s’entraider, à s’exprimer clairement etc » (p 45).

 

Une année pour tout changer

Si l’accompagnement mis en ouvre par Céline Alvarez a été collectif, elle a également suivi l’évolution sur le terrain dans une relation privilégiée avec 3 enseignantes : Marie, dans une classe de CP ; Vania et Vanessa en deuxième année de maternelle. « Tout au long de l’année, Marie, Vania et Vanessa m’ont accueilli plusieurs journées dans leur classe. J’ai pu ainsi filmer leurs avancées et les retransmettre aux enseignants qui participaient à l’accompagnement au cours des huit journées de partage et de formation. Les séquences filmées dans les classes de Maria, Vania et Vanessa ont alors été au cœur des échanges (p 50). De même, dans le livre, en analysant les différentes étapes du processus, Céline Alvarez s’appuie sur la relation constante qu’elle a entretenue avec Marie, Vania et Vanessa. Elle se réfère à une expérience quotidienne au sein des classes en rapportant les faits significatifs et les expressions des participants. Ce suivi est illustré par de nombreuses photos. Très concrètement, nous sommes introduits au cœur de l’expérimentation.

Et nous voici engagés dans les étapes successives du processus où des priorités s’affichent : Relever le niveau des activités proposées parce que les enfants ont besoin d’aller plus loin ; optimiser l’espace parce que l’espace de la classe habituelle est insuffisant et mal organisé pour répondre au besoin de mobilité ; trier les activités en développant celles qui suscitent la joie des enfants…

Et, au fil des mois, il y a une tâche essentielle : « installer l’autonomie ». Tant individuelle que collective, l’autonomie requiert un apprentissage, mais celui-ci répond aux besoins profonds de l’enfant. Avec empathie et une grande compréhension de l’évolution de l’enfant, Céline Alvarez sait induire cette éducation. Celle-ci a des effets positifs plus généraux encore : « En s’efforçant à faire seuls et à respecter les règles de la classe (y compris l’ordre), continuellement toute la journée, les enfants Le processus traverse des phases différentes. Ainsi Céline Alvarez nous parle de la grâce des premiers jours. C’est la joie des enfants. « Un système rigide, étouffant venait d’être ôté. Ils pouvaient respirer, circuler, bouger, échanger, choisir eux-mêmes leurs activités, et créer un tout autre lien avec leurs enseignants totalement disponibles aux échanges individuels avec chacun d’entre eux « (p 123). Et les parents eux-mêmes constatent que leurs enfants aiment désormais aller à l’école.

Et puis, on s’est rendu compte qu’il fallait traiter en profondeur les vraies problématiques. « Après une première bouffée d’oxygène, l’atmosphère studieuse et apaisée laisse souvent la place au désordre » (p 131). Céline Alvarez nous parle du « désordre fécond des jours suivants ». Alors l’environnement doit se réajuster. Le vrai travail commence : apprendre aux enfants à être autonomes, à patienter, à persévérer, à tenir une conversation…

Dans ce contexte, l’entrée dans la lecture se fait naturellement dès la maternelle : reconnaissance des lettres et des digrammes (ch, ou, etc), association des sons correspondants, composition et reconnaissance des mots, écriture. « Lorsque les enfants lisent avec plus de fluidité, ils s’emparent spontanément des petits albums adaptés à leur âge » (p 226). Et, au CP, nous dit Marie, « j’ai vu des progrès phénoménaux chez la plupart de mes élèves. Ils lisaient des histoires dès le mois de décembre. Dans notre école, ce n’est pas du tout courant ».

 

Un changement en profondeur

En conclusion, Céline Alvarez rappelle les acquis de l’expérience réalisée à l’école maternelle de Gennevilliers en 2011-2014. « Le passage de l’état de « désordre » à une personnalité sereine, enthousiaste, épanouie, empathique, confiante, mature, semblait être une conséquence, inattendue mais directe, de l’exercice soutenue de la fonction cognitive… Je ne doutais pas que nous puissions, en Belgique, aider les enfants à entrer plus facilement dans les apprentissages scolaires, mais le développement de cette personnalité rayonnante était-il reproductible ? Ce fut la grande surprise de cet accompagnement. Il y a eu chez les enfants une vraie transformation. Ils étaient plus motivés, plus souriants, plus confiants et plus sereins » (p 225). Les témoignages l’expriment abondamment. Celui-ci, en provenance d’une directrice d’école communale est représentatif : « Dans les classes, il y a désormais une place de choix pour tous, que chaque enfant s’est autorisé à prendre sans craindre le regard de l’adulte ou de ses pairs. L’humain a repris sa place. Cette priorité acquise, le champ était libre pour l’épanouissement et des apprentissages de haut vol. Le témoignage des parents est venu confirmer notre ressenti tout au long de l’année. Ils voyaient, eux aussi, à travers ce grand chamboulement, des enfants s’apaiser, être fiers d’eux, devenir autonomes et avoir une soif insatiable d’apprendre » (p 236).

Ainsi, oui, un changement en profondeur est possible. Et, par rapport à nos attentes, c’est une vraie révolution. Cécile Alvarez ouvre un chemin : « Rassemblons nos forces et allons y. Il nous faudra alors changer radicalement de posture, déposer l’habit de l’enseignant et revêtir celui de « soignant », de « réparateur de l’esprit ». Nous ne visons plus en premier l’assimilation de concepts culturels. Nous visons d’abord la réhabilitation des fonctions cognitives supérieures, autrement appelées fonctions exécutives. Nous visons d’abord la créativité, la persévérance, la confiance et l’entraide. Nous visons, avant toute chose, l’épanouissement de la personne, de sa pleine singularité, de sa dignité. Le reste suivra » (p 239).

C’est une nouvelle vision où nous retrouvons des accents montessoriens. « L’âme humaine a ceci de remarquable qu’elle cherche le perfectionnement ardemment. Elle s’épuise, se fane dans la stagnation, le manque de sens, la médiocrité. Elle doit s’élever. Les enfants ressentent instantanément les adultes qui Alors une joie s’éveille. « Quand les enfants se réveillent jusqu’à ce qu’ils reviennent à eux-mêmes, alors la classe devient une symphonie aux tonalités différentes, puissantes, inspirantes. Les changements nous remplissent d’une joie et d’une satisfaction que l’on ne peut imaginer. Je peux essayer de vous la décrire. Je peux essayer de vous en parler. Mais, comme le dit un proverbe chinois : « J’entends et j’oublie. Je vois et je retiens. Je fais et je comprends. « Faites. Vivez-le. Jamais plus vous ne reviendrez en arrière » (p 340).

 

Un livre important

 Ce livre est important. Il montre que l’échec scolaire peut être efficacement combattu. Ce n’est pas un vœu pieux. Ici, c’est une démonstration par l’expérience. La réussite est là. Certes, on entend aujourd’hui des critiques malveillantes (4). Il y en eut déjà à propos de l’expérience de Gennevilliers. La personnalité enthousiaste de Céline Alvarez dérange. Son entreprise s’appuie sur des fondements scientifiques affirmés et des valeurs qui vont de pair. C’est aussi une pédagogie exigeante. Il y a donc des mentalités rétives. Les valeurs portées par cette expériences peuvent susciter des réserves. D’après des données sociologiques, on sait, par exemple, que la confiance interpersonnelle (5) est minoritaire dans la population adulte française. Rien n’est acquis. Mais cette expérience prouve que la réussite est possible là où la vision est active et la motivation présente. Quand on voit le courant de sympathie qui porte la transformation pédagogique engagée par Céline Alvarez, le grand succès de son livre : « Les lois naturelles de l’enfant », on peut se dire que cette transformation répond à une puissante aspiration. Il y a là un terrain favorable pour le développement de cette nouvelle approche éducative. Et nous avons tous à en apprendre…

Ce livre est important également sur un registre plus vaste. Ce livre, comme le précédent du même auteur, est un jalon dans le mouvement historique pour la reconnaissance de la personne enfantine. On sait, que la lumière reconnue par Jésus, chez le jeune enfant (6), a été longtemps méconnue par la suite. Au siècle dernier, des éducateurs se sont levés pour promouvoir le potentiel de l’enfant. Ainsi, dans ce livre, comme dans le précédent, on reconnaît l’état d’esprit qui a animé Maria Montessori qui voyait en l’enfant « un embryon spirituel » (7). C’est le même élan vital qui est reconnu ici.

Les neurosciences confirment aujourd’hui l’immense potentiel du petit enfant. Sur un autre registre, des recherches ont mis en évidence la dimension spirituelle du jeune enfant en terme d’une dynamique relationnelle (8). Dans un livre comme celui-ci, nous voyons se dessiner une conjonction entre science et spiritualité.

En conclusion, nous pouvons reprendre ici l’approche de Céline Alvarez dans son livre précédent : « les lois naturelles de l’enfant ». Céline Alvarez attache une grande importance à la « reliance », l’acte de relier ou de se relier, ou le résultat de cet acte. Lorsqu’une attitude généreuse, chaleureuse, empathique, se manifeste, elle a partout des effets bénéfiques. Et, notamment, elle permet l’expression des tendances empathiques et altruistes des enfants. « Le jeune enfant est un être d’amour… Les enfants sont fondamentalement mus par des élans altruistes, généreux » (p 396). Alors Céline Alvarez ose affirmer : « Le secret, c’est l’amour ». « L’amour n’est pas le premier mot qui vient à l’esprit lorsqu’on aborde le sujet de l’apprentissage et il s’agit là d’une erreur fondamentale. L’amour est le levier de l’âme humaine. Nous sommes câblés pour la rencontre chaleureuse et empathique avec l’autre, et, lorsque nous obéissons à cette grande loi dictée par notre intelligence, alors tout devient possible » (p 392).

Cet état d’esprit, vécu par Céline Alvarez, a participé à la mise en œuvre de l’approche pédagogique qui a entrainé un changement profond dans les écoles belges. Ainsi, comme elle nous le dit : « Le changement radical est possible, il est réel, à portée de la main. Mais il ne se fera pas sans effort. Une véritable révolution intérieure nous est nécessaire » (p 239).

Dans les ombres de notre temps, il y a aussi des évènements lumineux. En voici un.

J H

  1. Céline Alvarez. Une année pour tout changer et permettre à l’enfant de se révéler. Les Arènes, 2019. A l’occasion de cette parution, Céline a été interviewée plusieurs fois à propos de son livre . Ainsi : https://www.youtube.com/watch?v=bKLsOW4E274

https://www.youtube.com/watch?v=kIZcHEFYUG8

  1. Céline Alvarez. Les lois naturelles de l’enfant. Les Arènes, 2016
  2. «  Présentation du livre de Céline Alvarez : « Les lois naturelles de l’enfant ». Pour une éducation nouvelle, vague après vague » : https://vivreetesperer.com/pour-une-education-nouvelle-vague-apres-vague/
  3. En réponse à un article malveillant paru dans Libération, 335 enseignants belges ont immédiatement répondu pour soutenir Céline Alvarez : https://medium.com/@vniacaao/et-si-lon-écoutait-les-enseignants-qui-ont-travaillé-avec-céline-alvarez-334aeb4c0d65
  4. Des données sur l’état de la confiance interpersonnelle en France (p 53-62) dans :Yann Algan, Elisabeth Beasley, Daniel Cohen, Martial Foucault. Les origines du populisme. Seuil, 2019 Et : « Promouvoir la confiance dans une société de défiance » : https://vivreetesperer.com/promouvoir-la-confiance-dans-une-societe-de-defiance/
  5. « Le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent », déclare Jésus en parlant des jeunes enfants (Marc 10. 13-16)
  6. Dans son livre : «L’enfant », publié en 1935 et constamment réédité depuis lors, Maria Montessori nous communique sa vision du jeune enfant et de l’éducation qui en découle. A propos de Montessori  https://fr.wikipedia.org/wiki/Maria_Montessori
  7. « La vie spirituelle comme une conscience relationnelle : une recherche de David Hay » : https://www.temoins.com/la-vie-spirituelle-comme-une-l-conscience-relationnelle-r/ « L’enfant, un être spirituel » (D’après le livre de Rebecca Nye. Children’spirituality. What it is and why it matters ? 2009) : https://vivreetesperer.com/lenfant-un-etre-spirituel/

Voir aussi

« Et si nous éduquions nos enfants à la joie ? Pour un printemps de l’éducation ! » : https://vivreetesperer.com/et-si-nous-eduquions-nos-enfants-a-la-joie-pour-un-printemps-de-leducation/

 

L’écologie nous appelle à regarder vers l’avenir

L’écologie nous appelle à regarder vers l’avenir

France vit depuis des années dans une vallée alpine, attentive à la beauté de la création et aux menaces du dérèglement climatique. Elle est consciente des enjeux de notre civilisation.  Et si aujourd’hui un souffle nouveau s’élevait ? Quelques paroles ainsi recueillies…

Voici que l’écologie vient réparer les failles humaines du temps et diverses situations et irresponsabilités.

L’avenir occupe à nouveau le temps présent, délivré des instantanéités, sans passé, ni avenir…

En contact avec des jeunes, j’ai constaté que certains étaient focalisés sur le temps présent, sans intérêt pour le passé et sans grand souci de l’avenir. Or la grande question du dérèglement climatique les invite à repenser leur avenir. Seule l’écologie peut leur répondre. La mobilisation actuelle signe leur engagement.

Une civilisation est en marche, retrouvée symboliquement, soit l’écologie soucieuse de l’être : humain, animal, nature…

Une utopie à réaliser qui concerne le Ciel et la Terre, l’Humain et la Création (Le Créateur pour certains)

Autrement dit, prendre le soin de l’Etre  (Philon d’Alexandrie)

France

La course pour la terre

L’enjeu américain

Le réchauffement climatique induit aujourd’hui une conscience de l’urgence de la réduction du CO2, dans l’atmosphère c’est à dire une transformation de tout ce qui engendre cette émission, un changement technique, économique et social. De fait, nous prenons conscience que l’écosystème de la vie, notre « planète bleue », sont en en danger. Les données scientifiques se pressent pour nous dire ce danger. Des mobilisations citoyennes se mettent en route.

Cependant, nous savons en même temps que le problème est mondial. Nous sommes tous concernés. L’aveuglement d’un président induit un retard qui nous affecte tous. C’est le cas du président actuel des Etats-Unis. C’est pourquoi nous rapportons ici un article de Thomas Friedman paru dans le New York Times (1). Journaliste dans ce quotidien , Thomas Friedman, au fil des années, est devenu un expert des questions techniques, économiques et sociales à l’échelle du monde. Ses livres successifs nous ont permis de comprendre la transformation accéléré du monde actuel. Nous avons rapporté sur ce blog les analyses et les conclusions de son dernier livre : « Thank you for being late. An optimist’s guide to thriving in the age of accelérations » (2).

Chroniqueur au New York Times (3), Thomas Friedman écrit chaque semaine un article de fond sur la politique internationale (3). Conscient de l’enjeu écologique, il vient d’alerter l’opinion américaine dans un article où il place cet enjeu au cœur de la prochaine élection présidentielle américaine. Ce sujet ne nous paraît pas anecdotique. C’est pourquoi nous croyons bon de rapporter ici son analyse.

Dans une campagne électorale, il y, bien sûr, une diversité dans les questions abordées. Face à l’inconscience du président actuel, Thomas Friedman appelle le pari démocrate à mettre l’enjeu écologique au centre du débat. Il montre combien les décisions qui ont été prises par ce président sont dangereuses et contreproductives au point que cela peut apparaître clairement aux yeux des électeurs ; « Dans les années 1960, John F Kennedy dynamisa le pays dans une « course pour l’espace ». Les démocrates doivent faire campagne contre Donald Trump dans une « course pour la terre » (Earth race)

Le président actuel « a aboli plus de 80 règles et normes protégeant l’air pur, l’eau, le climat, les parcs nationaux.. ». Qui pourrait l’approuver ? « Notre mère terre s’impose dans ce débat ». la mobilisation en cours dans le monde entier commence à s’étendre aux Etats-Unis. La course pour la terre apparaît désormais comme un enjeu central, car il y a là « une opportunité économique, un impératif de la sécurité nationale, un besoin majeur de la santé, une urgence environnementale et une obligation morale ».

« Trump nous parle de rendre sa grandeur à l’Amérique… C’est ridicule puisqu’il ne prête aucune attention à l’industrie automobile et à ses filières d’approvisionnement. Il essaie de forcer la Californie et d’autres états à affaiblir les règles concernant la consommation kilométrique et la pollution si bien que nos entreprises – qui ne réclament même pas ces mesures –  pourront fabriquer des gouffres d’essence et ne plus produire de voitures qui réduisent la consommation d’essence aussi bien que ce qui se fait au Japon et aussi en Chine à travers le développement de voitures électriques … La dernière fois où notre industrie s’est laissé aller vers le bas dans le domaine des normes de consommation et de pollution, cela a été catastrophique… Aujourd’hui, il y a 42 grandes entreprises chinoises qui fabriquent et vendent des voitures électriques . En Chine, à Shenzhen, une grande ville de 12 millions d’habitants, 18000 bus électriques circulent aujourd’hui. 99% des taxis fonctionnent avec des batteries électriques »

« Donald Trump nous dit qu’il est probusiness. C’est ridicule parce qu’il essaie de développer l’usage d’un charbon polluant alors que, en beaucoup de lieux, l’énergie éolienne et l’énergie solaire sont maintenant meilleur marché. Le Los Angeles Time rapporte que le  prix de l’énergie éolienne a baissé de 50% et celui de l’énergie solaire de 85% depuis 2010. Selon l’agence de recherche Bloomberg NEF, dans les 2/3 du monde, ces énergies sont maintenant meilleur marché que celles issues des nouvelles centrales à charbon ou à gaz ».

 Malgré l’aveuglement présidentiel, les Etats-Unis sont cependant déjà en marche. C’est une bonne nouvelle ! Une nouvelle politique ne requiert donc pas un effort démesuré. Elle demande d’encourager et de généraliser ce qui est déjà en route. En effet, il y a déjà 24 états, de la Californie au Nouveau Mexique, qui ont déjà mis en place, à des degrés divers, des normes concernant les voitures, les maisons et les immeubles, des normes en train de progresser. On en mesure déjà l’impact. « A cause de normes comme celles-là, l’usage global des ressources est maintenant en train de diminuer alors que notre économie continue à grandir ». « Il suffirait donc d’inviter l’ensemble des états, les 50 états à imposer des normes dans ce vaste domaine. Alors l’économie de marché produirait des solutions innovantes . Ce serait une explosion d’innovations qui créeraient des milliers de produits nouveaux disponibles aussi pour l’exportation… »

Ce serait une victoire  dans la lutte contre le réchauffement climatique à l’échelle mondiale. Thomas Friedman a également écrit, il y a quelques années, un livre de fond sur la question écologique : « Hot, flat and crowded » (4).  En regard, notre analyse ne porte ici que sur un article ponctuel. Alors pourquoi lui accorder cette attention ? Dans ses limites, ce texte nous apporte deux informations importantes. Conjoncturellement, une nouvelle politique peut l’emporter. Mais il y a déjà une évolution en cours qui s’avère favorable au changement. Le monde entier commence à bouger. Les Etats-Unis participe à ce processus

J H.

 

 

 

Comment dimension écologique et égalité hommes-femmes vont de pair et appellent une nouvelle vision théologique

Une approche de Jürgen Moltmann

La crise actuelle va de pair avec une crise sociale et écologique. De fait, on prend conscience qu’elle révèle l’inadéquation croissante d’un ordre établi de longue date. C’est un changement de civilisation qui s’annonce et se dessine. L’ordre patriarcal ancien est en train de s’affaisser. Or, au cours des derniers siècles, cet ordre avait privilégié un modèle mécanique autour de la fabrication des biens. Aujourd’hui, on prend conscience que ce monde allait de pair avec la conception d’un Dieu éminemment transcendant et dominant. Très tôt, dans les années 1980, Jürgen Moltmann, à travers un livre : « Dieu dans la création » (1), a su analyser cette situation et proposer un traité écologique de la création » . Nous reprenons brièvement ici un aspect éclairant de la prise de conscience qui nous est proposée (2) avec les conséquences libératrices qui en découlent.

 

La manière de se représenter le monde.

« Le monde , nous dit Jürgen Moltmann, a été perçu à travers un certain nombre de symboles. La pensée biblique, la pensée théologique sont entrées en dialogue avec ces symboles en intégrant certains éléments. Jürgen Moltmann énumère ainsi différents symboles advenus au cours du temps : la mère du monde ; la terre mère ; les symboles de la fête, de la danse, du théâtre, de la musique et du jeu ; le symbole du monde comme ouvrage et comme machine.

Lorsque le monde est conçu comme ouvrage et comme machine, Dieu est envisagé comme un maitre d’ouvrage. « L’imaginaire de ce  symbole comprend le monde de l’action, du travail et des œuvres. C’est, avant tout, le monde de l’homme au sens masculin ». « Un enfant surgit dans le ventre de sa mère et est enfanté par elle. Mais l’homme travaille sur quelque chose qui est extérieur et crée une œuvre qui subsiste en dehors de lui. Il connaît la distance qui le sépare de « l’œuvre de ses mains »…Le « monde comme ouvrage divin » reflète, malgré toute la différence, la vision du monde de l’homme travailleur. Là où cette vision s’impose… elle repousse les mythes humains de la mère du monde, de la terre mère et de la fête du ciel et de la terre » (p 387-398). A partir du symbole du monde comme ouvrage divin, se sont développés à l’époque des Lumières, les symboles modernes du monde :  le monde comme machine, le monde comme atelier, le monde comme expérience » ( p 398).

 

Les impasses d’une théologie fondée sur une représentation du monde comme ouvrage et comme machine

A partir d’une analyse historique, Jürgen Moltmann peut mettre en évidence l’impasse où nous a entrainé un monothéisme étroit, une pensée théologique fondée sur une vision du monde comme ouvrage et comme machine. « Au terme d’une longue histoire de la culture et de l’esprit, la vision du monde comme  « entente secrète », la métaphysique des puissances vitales, de leurs accords et de leurs désaccords, a été détruite, et cela, d’une part, par le monothéisme, et, d’autre part, par le mécanisme scientifico-technique, par lequel, d’ailleurs, le monothéisme a conquis la place, en désacralisant et en désenchantant la nature. Dieu et la machine ont survécu au monde archaïque et se rencontrent maintenant seuls » (A Gehlen). Si ceci devait être le but du développement, ce serait aussi, en raison de la destruction de la nature, la fin de l’homme » ( p  401). En regard, Moltmann nous propose une autre vision théologique. « La foi chrétienne de la création est la foi messianique en la création. La foi messianique en la création est une connaissance du monde et de l’homme dans la lumière messianique de leur avenir de salut »  (p 402).  Nous sommes engagés dans « une histoire cosmique inachevée » (p 254).

Les différents symboles du monde  énumérés par Moltmann peuvent nous permettre d’y percevoir la présence d’un Dieu immanent. Seul, le symbole du monde comme ouvrage et comme machine, débouche sur une transcendance de Dieu sans partage. « Le monothéisme du Dieu transcendant et  la mécanisation du monde suppriment toutes les représentations d’une immanence divine. Avec ce développement , a commencé le démembrement du divin du monde de l’homme. Le  déisme a fait de Dieu un Dieu lointain. L’athéisme devait suivre, car il faut que cette machine du monde fonctionne aussi par elle-même sans Dieu » (p 403)

Le déclin du patriarcat

« Une seconde comparaison s’attache aux intérêts et aux expériences humaines qui sont liés à ces symboles du monde. C’est pourquoi on peut reconnaître dans leur histoire le passage du matriarcat des civilisations primitives au patriarcat des civilisations historiques.  A l’apparition des symboles patriarcaux du monde est liée la prise de pouvoir et de possession par les hommes » (p 404).

En regard de la domination patriarcale, « est né le messianisme, c’est à dire le messianisme de l’enfant .« En vérité, je vous le dis, si vous ne retournez à l’état d’enfant,  vous ne pourrez entrer dans le royaume des cieux » (Matthieu 18.3). Les visions messianiques de l’avenir surmontent la puissance des symboles archaïque et rendent les hommes libres » (p 405). «  Le don messianique de l’Esprit, qui surmontent la primauté religieuse de l’homme ou de la femme, est symbolisé, en christianisme, par le  baptême des hommes et des femmes, qui remplacent la circoncision purement masculine d’Israël ». ( p 406).

 

Vers une civilisation nouvelle : écologie et égalité des genres 

Nous assistons aujourd’hui à une transformation profonde de la société qui peut être interprétée en terme d’un mouvement vers une civilisation écologique. La pression des évènements va dans ce sens et les mentalités évoluent en profondeur. Or, au  même moment, d’autres changements interviennent. Ainsi se manifeste un mouvement en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. On pourrait se demander en quoi ce mouvement a-t-il un lien avec la mobilisation écologique. L’analyse de Moltmann nous apporte une réponse.

« Il paraît raisonnable de chercher à remplacer la vision mécaniste du monde, car c’est image marquée d’une façon unilatérale par le patriarcat. Le passage à une vision écologique du monde fait davantage justice, non seulement aux environnements naturels du monde humain, mais au caractère naturel de ce monde humain lui-même – hommes et femmes.  C’est pourquoi il implique de nouvelles formes égalitaires de communauté, dans laquelle la domination patriarcale est abolie et une communauté fraternelle est construite. Les centralisations de la conception mécaniste du monde cèdent le pas à des ententes dans le réseau des relations réciproques… » (p 409).

 

Une nouvelle expression chrétienne

Un changement de civilisation induit de nouvelles exigences, de nouvelles attentes, de nouvelles aspirations. Il appelle en regard une nouvelle dimension spirituelle. Ici, la reconnaissance du Vivant évoque respect, émerveillement, dépassement. Nous voici en demande  d’un renouvellement des pratiques et des représentations religieuses.

Les églises qui s’attarderont dans un style patriarcal, en subiront les conséquences. Cependant, l’enjeu majeur, c’est bien une transformation de la vision théologique. Dès les années 1980, Jürgen Moltmann a esquissé une réponse : une théologie écologique. Son livre : « Dieu dans la création » est présenté en ces termes : « Dans ce traité écologique de la création, Jürgen Moltmann formule, de façon nouvelle, la foi chrétienne en la création de telle sorte que celle-ci ne continue pas à être elle-même  un facteur de la crise, mais devienne un facteur de paix avec la nature.  Il s’agit d’une doctrine chrétienne de la création, c’est à dire qu’elle prend au sérieux le temps messianique qui a commencé avec Jésus et qui tend vers la libération des hommes, la pacification de la nature et la délivrance de notre environnement à l’égard des puissances du négatif et de la mort. Il s’agit d’une doctrine trinitaire de la création (un Dieu communion). L’insistance sur la création dans l’Esprit et pas seulement par la parole, nous invite à dépasser une conception typiquement moderne de la subjectivité  et de la domination mécanique du monde. Ecologie signifie le monde de la « maison » (oikos). Une telle doctrine de la création est une théologie de l’inhabitation de Dieu par son Esprit dans l’ensemble de la création ». Si la récente encyclique du pape François : « Laudato si’ » converge (3), il reste du chemin à faire : reconnaitre et accompagner l’œuvre de l’Esprit dans cette sortie de la civilisation patriarcale, l’entrée dans la dimension écologique, la confrontation avec les menaces assorties au changement,  le chemin vers une nouveauté de vie .

J H

  1. Jürgen Moltmann. Dieu dans la création. Traité écologique de la création . Traduit de l’allemand par Morand Kleiber. Cerf, 1988 (édition originale en 1985).   Voir aussi sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : « Dieu dans la création » : https://lire-moltmann.com/dieu-dans-la-creation/                 Sur ce blog, la pensée de Jürgen Moltmann est très présente : https://vivreetesperer.com/?s=Moltmann+&et_pb_searchform_submit=et_search_proccess&et_pb_include_posts=yes&et_pb_include_pages=yes
  2. L’analyse de la succession des symboles du monde n’est qu’un aspect de l’évolution générale de la manière de concevoir les rapports entre l’homme et la nature dans le contexte de la relation entre science et théologie. Jürgen Moltmann met en évidence l’évolution de la représentation de Dieu depuis la Renaissance : « L’omnipotence est devenu un attribut prééminent de la Divinité… Comme image de Dieu sur terre, l’être humain a été amené à se voir lui-même en correspondance comme maître et seigneur et à s’élever au dessus du monde et à le subjuguer ». https://vivreetesperer.com/vivre-en-harmonie-avec-la-nature/ La remise en cause de cette domination se poursuit aujourd’hui. Ainsi, au « Center for action and contemplation », Richard Rohr rapporte qu’au Moyen Age, l’univers était perçu comme centré autour de l’homme et de la terre. C’était une conception anthropocentrique. Dieu comme le monde était envisagé dans un ordre stable et hiérarchique. Evidemment, notre représentation de l’univers a complètement changé. « Nous ne sommes plus au centre de rien . Nous avons besoin d’une cosmologie et d’une vision du monde entièrement nouvelle »  ( 26 août 2019)                     https://cac.org/a-new-cosmology-2019-08-26/
  3. « Convergences écologiques : Jean Bastaire, Jürgen Moltmann, pape François et Edgar Morin » : https://vivreetesperer.com/convergences-ecologiques-jean-bastaire-jurgen-moltmann-pape-francois-et-edgar-morin/

Voir aussi
« Comment entendre les principes de la vie cosmique pour entrer en harmonie »
https://vivreetesperer.com/comment-entendre-les-principes-de-la-vie-cosmique-pour-entrer-en-harmonie/

« Vers une économie symbiotique »
https://vivreetesperer.com/vers-une-economie-symbiotique/

Une approche spirituelle de l’écologie

Selon Christine Kristof-Lardet

Manifestement, la transition écologique implique une transformation profonde dans notre genre de vie et, en conséquence, dans nos mentalités. Ce changement, intervenant dans des habitudes séculaires, ne va pas de soi. Il peut entrainer un ressenti de perte et un bouleversement des repères. Le coût est élevé. Face à ce coût, nous avons besoin d’une force motrice qui induise une nouvelle manière de voir, mais aussi de sentir, si bien que les comportements émergents puissent être assortis de satisfactions nouvelles. Par exemple, la « sobriété heureuse » ne peut l’être que si l’on y trouve des satisfactions morales, psychologiques et matérielles permettant de quitter la posture de consommateur traditionnel. La transition écologique implique des transformations sociales et économiques. Elle requiert en conséquence une vision éclairant ces transformations.

Aujourd’hui, à partir même des changements en cours, nous commençons à comprendre que tout se tient et à voir le vivant et le monde dans leurs interrelations, dans une approche globale, dans une perspective holistique. L’ampleur du changement requis requiert un dépassement. On rencontre ici une approche spirituelle si tant est qu’on puisse la définir, avec David Hay (1), comme « une conscience relationnelle » dans une relation avec les autres et avec soi-même, avec la nature, avec la présence divine… Et, de plus, en se référant à un chercheur anglais, Alister Hardy, le même David Hay perçoit le potentiel spirituel de l’homme comme une faculté qui s’inscrit dans l’évolution des êtres vivants. Si, la transition écologique nous achemine vers une civilisation nouvelle, ce processus requiert une vision spirituelle qui puisse éclairer les acteurs. Cette vision est déjà en cours. Elle est exprimée par des théologiens et par des sages (2). Elle inspire des pratiques nouvelles. On assiste à des émergences et à des convergences. Nous avons besoin de reconnaître ce mouvement et d’en percevoir toutes les dimensions. Comment mobilise-t-il déjà de nombreuses ressources en terme d’initiatives et de communautés ?         A ce stade, le récent livre de Christine Kristof-Lardet : « Sur la Terre comme au Ciel » (3), est une contribution particulièrement importante puisqu’elle nous fait connaître « les lieux spirituels engagés en écologie ». « Nombre de communautés spirituelles intègrent aujourd’hui la dimension écologique dans leur mode de vie et leurs structures, puisant à la source de leur sagesse les raisons de leur engagement pour la terre et le vivant. En même temps, elles sont des laboratoires où s’inventent et s’expriment des « possibles » qui peuvent nourrir notre société en quête de sens, de valeurs et de repères. Cette ouverture favorise l’émergence d’une approche spirituelle de l’écologie au sein de laquelle les postures du « méditant » et du « militant » se fécondent mutuellement » (page de couverture).

 

Approche spirituelle de l’écologie

Christinde Kristof-Lardet nous présente ainsi « une approche spirituelle de l’écologie ». C’est la poursuite d’un cheminement que Christine accomplit depuis une vingtaine d’années. « Ecojournaliste, écrivain, voyageur, militante écologiste à les heures, j’ai vu, pleuré et défendu la beauté de la Terre. Je me suis parfois posée dans des monastères retirés du monde et me suis laissé questionner. Comment, devant tant de splendeur, ne pas avoir le cœur chaviré ? Comment trouver la paix intérieure au sein du chaos que mes reportages me donnaient à voir ? Comment concilier ma quête écologique et ma quête spirituelle ? c’est lors d’une grande rencontre organisée au centre bouddhiste Karma Ling en Savoie que la jonction s’est opérée et que j’ai compris qu’écologie et spiritualité n’étaient en fait qu’une seule et même réalité. Cette prise de conscience a signé le début de mon exploration » (p 9). Dans une inspiration chrétienne et dans une dimension interreligieuse, Christine Kristof Lardet a donc suivi cette voie, la voie d’une convergence entre écologie et spiritualité. Journaliste, spécialiste des questions écologiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef de la revue Présence (4). Dans la continuité d’un travail jadis engagé par le WWF en direction des spiritualités, elle a poursuivi cette tâche en créant avec d’autres personnes de diverses traditions, un « Réseau des écosites sacrés ». « La vocation de ce réseau est de mettre en lumière les initiations écologiques inspirantes au sein des centres spirituels et de favoriser le dialogue entre ces lieux ».

Il s’agit bien de mettre en évidence la montée d’une approche spirituelle de l’écologie. « S’interroger sur les causes profondes de la destruction de la nature et de la crise écologique conduit à comprendre que celles-ci s’enracinent en grande partie dans notre cœur, notre culture et notre façon de « penser le monde ». C’est donc là, dans notre esprit et notre cœur que nous devons aussi chercher les solutions. La perspective de l’effondrement ne relèvent pas de la crise à résoudre ; elle nous appelle à une transformation intérieure qui seule permettra une véritable mutation de notre société… Il nous faut accomplir « un saut quantique » de la conscience. Pour cela, il convient de sortir de la séparation – perçue ou vécue comme telle – entre le monde de l’écologie et celui de la spiritualité. Développer une approche spirituelle de l’écologie, au sein  de laquelle la posture du « méditant » vient nourrir celle du « militant » – et inversement – ouvre des perspectives de réconciliation et d’espérance » (p 11).

 

Un réseau d’écosites sacrés

Nous découvrons à travers ce livre de nombreuses communautés qui s’inscrivent dans des cheminements religieux différents, du christianisme, aux religions orientales et aussi à des spiritualités émergentes et qui, chacune, s’ouvrent à la conscience écologique. On pourrait dire que, d’une certaine manière, leurs pratiques spirituelles les prédisposent à un éveil écologique, mais que c’est justement cet éveil qui engendre une dynamique commune. « L’écologie se pose de façon transversale au cœur des traditions spirituelles et inspire chacun de nous, « habitants de la maison commune », croyants et non croyants confondus : « Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous », écrit le pape François dans l’encyclique « Laudato si’ » consacrée à l’écologie. Découvrir quelles sont les visions et les ressources cultivées au sein des centres spirituels, les mettre en lumière et montrer leur pertinence est un des buts de cet ouvrage » (p 11-12). Quelque soient les manques et les dysfonctionnements éventuels, ces communautés participent à une évolution générale. Elles innovent. « Toutes ces communautés, aussi imparfaites soient-elles, peuvent être également vues comme des laboratoires ou s’expérimente en miniature et de manière concentrée tout ce que notre humanité traverse à une plus grande échelle. Ce qui se joue dans notre société, notamment la transition écologique, se joue également en microcosme au sein des centres spirituels. Dans ce sens, il n’est peut-être pas vain d’imaginer que tous les trésors d’amour, de courage et de perspicacité mis en œuvre par ces communautés puissent être profitables au plus grand nombre » (p 12-13).

Ainsi, l’auteure nous introduit ici dans la vie d’une trentaine de communautés à travers « des reportages, réalisés en plusieurs années et actualisés en permanence, pensés dans une perspective de découverte et de partage et témoignages vécus »… Notre posture de base s’inscrit dans une neutralité bienveillante et lucide ». Le lecteur que nous sommes, trouve que cet objectif a été bien rempli. Chaque communauté est l’objet d’une monographie qui nous permet de la situer dans son histoire et d’en découvrir la vie quotidienne dans ses différents aspects. En 200 pages, il y a là un ensemble d’études de cas particulièrement éclairantes.

Nous voici en voyage : Des communautés chrétiennes anciennes ou nouvelles, des communautés de tradition orientale, des « communautés spirituelles intentionnelles »…

 

Quelques exemples en empruntant un tout petit bout de descriptif :

Le Centre Amma de Pontgoin 

« Le Centre Amma de Pontgoin, teinté d’Orient et d’Occident, est tout d’abord un lieu pour vivre les enseignements d’Amma… la sainte indienne qui serre les foules dans ses bras. Il s’inscrit dans la lignée des ashrams indiens par sa philosophie, les rituels et la discipline qui y est pratiquée. En même temps, cet ashram est un écosite qui expérimente et promeut un vivre-ensemble écologique en harmonie avec la nature… Au Centre Amma où l’on s’exerce aussi bien à la méditation, qu’à la permaculture, à la gouvernance partagée ou à l’art du compostage, la pratique spirituelle et l’engagement écologique se nourrissent mutuellement » ( p 21).

 

L’Arche de Saint-Antoine

« Dans cette ancienne abbaye, lovée au pied du Vercors, s’expérimente, depuis une trentaine d’années, une vie profonde de fraternité et de partage dans l’esprit de Lanza del Vasto, un disciple chrétien de Gandhi, à mi-chemin entre la vie monastique et la vie laïque. Cette communauté se compose aujourd’hui d’une cinquantaine de personnes qui expérimentent un mode de vie simple fondé sur la non-violence et la spiritualité, et sous-tendu par la recherche d’une harmonie avec soi, les autres et la nature. Ces valeurs constituent la trame d’une écologie intégrale qui se décline dans tous les aspects de la vie » (p 39).

 

Le Village des Pruniers

Fondé au cœur de la Dordogne par le vénérable moine, Thich Nhat Han en 1982, ce centre spirituel incarne le rêve de son fondateur de développer, dans un lieu de nature préservé et nourrissant, une communauté conjuguant la pratique de la pleine conscience et le vivre-ensemble fraternel… Puisant aux fondements de la tradition bouddhiste zen, cette communauté internationale propose aux multiples retraitants d’expérimenter la pratique de la méditation dans ses différentes formes et de vivre un chemin de réconciliation avec soi, avec les autres et avec la Terre » (p 59).

 

L’écohameau de La Chaux en Côte d’or

« Loin du tout-conformisme comme du tout-confort, Marie et Alexande Sokolovtch posent leur sac en juin 2009 à la ferme de La Chaux en Bourgogne après des années de nomadisme alternatif au service de jeunes démunis. Leur désir : prendre le temps, à la suite de Jésus, de vivre une simplicité volontaire et évangélique dans la cohérence entre engagement social, écologique et spirituel… Les Evangiles, c’est notre base et notre nourriture… Aujourd’hui, trois familles sont installées à La Chaux et forment avec sept enfants et un célibataire, une communauté d’une quinzaine d’habitants fixes. Inspirée des communautés de l’Arche de Lanza del Vasto, le ferme de La Chaux est aujourd’hui un bastion de la sobriété et de la débrouille, mais aussi un lieu où s’expérimente de façon atypique, le partage, l’accueil inconditionnel du prochain et la relation à la terre. Par son mode de vie et sa pratique, la ferme de La Chaux explore les différentes dimensions de l’écologie : la sobriété, l’usage du troc, la relation à la terre avec la réalisation de zones de maraichages ouvertes à tous et des cultures de variétés anciennes de blé en agroforesterie… , le partage et le don » (p 139-140)

 

Le monastère de Taulignan

« Onze sœurs vivent aujourd’hui dans ce monastère perdu au milieu de la Drome provençale. Elles cultivent des plantes aromatiques servant à créer des huiles essentielles ou des hydrolats dans la distillerie qu’elles ont fait construire en 2014. Cette activité est née de la nécessité de trouver une activité pouvant assurer leur subsistance en accord avec la vie monastique. C’est un parcours écologique qui a été encouragé par le paysan philosophe Pierre Rabbi. Au cœur de leur vie communautaire et de prière, ces pionnières cherchent à explorer entre Terre et Ciel la ligne de crête entre foi et écologie » (p 105).

 

Le monastère Orthodoxe de Solan dans le Gard

« Le monastère de Solan abrite aujourd’hui 17 moniales de tradition orthodoxe qui vivent principalement de la production de vin et des produits de leurs récoltes au potager ou au verger » . « La rencontre avec l’agroécologiste Pierre Rabbi dans les années 1990 a été décisive ». Elles ont accompli un beau parcours écologique. « Aujourd’hui, elles mettent en pratique ces principes écologiques d’autant plus naturellement qu’elles les vivent aussi de l’intérieur par la prière… la liturgie… une ascèse et l’eucharistie partagée dans une conscience ouverte au cosmos ». « Dans notre tradition, nous n’avons pas la dichotomie habituelle entre le spirituel et le matériel, le Créateur et la Création, entre l’homme et la nature… Nous nous sentons vraiment faire partie de la Création… » (p 136-131)

 

L’écovillage de Findhorn en Ecosse

« Le rôle de Findhorn depuis sa création a été de démontrer l’expérience pratique de la communion et de la coopération avec la nature fondée sur une vision de la vie et de l’intelligence organisée qui lui est inhérente » ( David Spangler). Au départ, en 1962 ,dans le nord de l’Ecosse, « c’est un groupe de trois adultes et six enfants, poussés par le « destin », qui s’installe sur un terrain de caravaning et qui développe une vie en harmonie avec le divin et la nature. Aujourd’hui, c’est une communauté composée d’environ 600 personnes qui propose un modèle de vie cohérente fondée sur trois principes : la spiritualité (par l’écoute intérieure), le service à autrui (par l’amour en action), et l’écologie globale (par l’intelligence au cœur de la nature) »… « La communauté de Findhorn s’illustre pas sa longévité et son développement exceptionnel… Elle a su conjuguer la spiritualité, la relation à la nature et le service au monde. Ces bases solides ont permis l’émergence de nouveaux paradigmes et de chemins jusque là inexplorés, en particulier la coopération avec l’intelligence de la nature… Dans ce creuset, s’est développée non seulement une conscience forte de l’unité de toutes choses, mais aussi la nécessité d’inscrire notre humanité dans le cercle beaucoup plus vaste de la communauté du vivant, avec laquelle nous partageons une fraternité ontologique » (p 177 et 198).

A travers ces quelques exemples, une grande émergence apparait et des convergences sensibles se manifestent.

A partir de cette recherche, Christine Kristof-Lardet met en évidence un dynamique spirituelle, communautaire, écologique. « Dépositaires de sagesse, ces communautés peuvent contribuer à soutenir et à nourrir l’évolution du monde, sa conversion vers un authentique respect de la planète et de tous les êtres qui l’habitent. Ce n’est que dans une approche globale, écosystémique, transdisciplinaire que nous pouvons répondre aux défis de notre temps » (p 235-236).

Ce livre bien écrit, bien construit rend compte au plus près de la démarche des communautés où la spiritualité et l’écologie s’allient. Il tient bien l’objectif annoncé : être « une ressource qui peut inspirer chacun dans sa quête d’harmonie et ouvrir des perspectives pertinentes pour notre monde en transition » .Comme l’écrit Sabish Kumar : « La transition nous appelle à passer à une vision holistique du monde, où physique et métaphysique, engagement et spiritualité dansent ensemble comme les deux faces d’une même médaille : Transition extérieure et transition intérieure vont de pair » (p 9)

J H

  1. David Hay. La vie spirituelle comme une conscience relationnelle. La recherche de David Hay sur la spiritualité d’aujourd’hui (« Something there. The biology of the human spirit ») : https://www.temoins.com/la-vie-spirituelle-comme-une-l-conscience-relationnelle-r/
  2. Une vision exprimée par des théologiens et des sages. Ce livre comprend une bibliographie étendue (p 267-273) ; L’auteure note l’influence des spiritualités bouddhiste, hindouistes et plus largement orientales . « Ces spiritualités qui, pour la plupart s’ancrent dans une approche écosystémique et holistique, ont permis d’élargir les perspectives de nos cultures souvent cartésiennes, réductionnistes et largement anthropocentriques… Les résonnances étonnantes entre les textes récents du dalaï-lama autour de la responsabilité universelle par exemple et ceux du pape François dans l’encyclique « Laudato si’» sur l’écologie intégrale, révèlent une complémentarité de points de vue » (p 81), Dans le champ de la théologie chrétienne, Jürgen Moltmann a accompli un travail pionnier puisque son livre : « Dieu dans la création » et avec pour sous-titre : « Traité écologique de la création » est paru au Cerf en 1988. Courte présentation : https://lire-moltmann.com/dieu-dans-la-creation/ La pensée théologique de Jürgen Moltmann est très présente sur ce blog : « Convergences écologiques : Jean Bastaire, Jürgen Moltmann, pape François, Edgar Morin » : https://vivreetesperer.com/convergences-ecologiques-jean-bastaire-jurgen-moltmann-pape-francois-et-edgar-morin/ Nous mettons également en évidence le courant écologique outre-Atlantique inspiré par le théologien : Thomas Berry : « Comment entendre les principes de la vie cosmique pour entrer en harmonie » : https://vivreetesperer.com/comment-entendre-les-principes-de-la-vie-cosmique-pour-entrer-en-harmonie/ Dans son « Center for action and contemplation », Richard Rohr développe également une spiritualité écologique. Nous avons rapporté certains de ses thèmes : « L’homme, la nature et Dieu » : https://vivreetesperer.com/lhomme-la-nature-et-dieu/
  3. Christine Kristof-Lardet. Sur la Terre comme au Ciel. Lieux spirituels engagés en écologie. Labor et Fides, 2019
  4. Présence. La revue des chercheurs de sens : https://revuepresence-leblog.com