par jean | Déc 27, 2011 | ARTICLES, Beauté et émerveillement, Expérience de vie et relation, Vision et sens |
Nous nous trouvons souvent confrontés à une ambiance où l’expression du négatif l’emporte. Différents sentiments s’y manifestent. Ce peut être la crainte lorsqu’on se décharge, sans contrepartie de mauvaises nouvelles et, parfois, avec force détails. C’est une absence d’horizon, un avenir bouché. Tous les maux de la terre, certes bien réels, affluent. Parfois on regrette le passé. Tout va mal. Tout va plus mal. Et puis, chacun pour soi. Cela se dit rarement, mais cela se pratique : égoïsme et cynisme. Bien sûr, là où une foi ou un idéal se manifestent, l’ambiance est autre. Mais, même là, on observe parfois un repli sur son propre milieu : le bien au dedans, le mal et le danger au dehors.
Ce propos est caricatural. Et d’ailleurs, le mal existe. Il est là et bien là. Cette réalité appelle mise en garde, lutte et pour les chrétiens, intercession. Simplement, partout où nous constatons une expression commune d’empathie, de sympathie et de paix, nous pouvons dire qu’il y a là ce qui permet aux gens de vivre et à la société d’être humaine, au bon sens du mot. Et d’ailleurs, qui ne verrait pas le positif, non seulement dans l’attention que tant de gens se portent dans la vie quotidienne, mais aussi dans des mouvements qui s’expriment à grande échelle dans notre société : l’entraide qui se déploie dans un grand nombre d’associations humanitaires, le désir de beauté qui fait le succès des expositions, une nouvelle sociabilité qui s’esquisse notamment sur internet, et bien d’autres tendances positives. Apprenons à voir le positif dans l’offre « mélangée » des médias. Mais n’y aurait-il pas aussi des lieux de rencontre où on puisse, à certains moments, partager ce qui est bon et beau et s’en réjouir ensemble ?
Nous rapportons ici une expérience. Pendant quelques années, dans une association, des rencontres ont été organisées pour permettre un partage des expériences positives de chacun. Ainsi, les participants exprimaient des expériences de tout genre, ce qu ‘ils avaient vécu de beau et de bon. Ce pouvait être l’émotion ressentie à la vue d’une peinture, l’appréciation d’un livre ou d’un film, l’harmonie perçue à travers tel chant ou telle musique, la joie d’une compréhension nouvelle de la société ou de la nature, mais aussi un moment de bonheur au quotidien, l’émotion ressentie en présence d’un paysage, une expérience spirituelle ou l’expression d’un vécu relationnel bienfaisant. Et cette énumération n’a pas de limites.
Chacun pouvait donc participer selon son désir en exprimant ainsi ce qui lui tenait à cœur, mais aussi en écoutant tout simplement et en goûtant le bonheur de ce partage. Chacun avait son chemin, son itinéraire. Chacun était respecté dans son mouvement et sa recherche.
Explicitement , cette rencontre était organisée par des chrétiens, si bien qu’il était reconnu qu’à certains moments, dans un chant ou dans une prière, une louange s’exprimait. C’était une expression de reconnaissance envers « l’Esprit qui donne la vie » et en « Celui en qui nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Actes 17.27). Et ce Dieu là ne fait pas de forcing et respecte le cheminement de chacun.
Il y avait là une ambiance conviviale et joyeuse qui faisait écho à ce que, dans les premiers temps du christianisme, un apôtre a exprimé en considérant ce qui était positif dans la société de son temps, elle aussi aux prises avec bien des déformations et même des dépravations. Paul écrivait ainsi aux chrétiens : « Que tout ce qui est bon et digne de louange, tout ce qui est vrai, respectable, juste, pur et honorable soit l’objet de vos pensées » (Epitre aux Philippiens 4.8).
Ce que nous vivons déjà sur un certain registre, pourquoi ne pas le partager dans des rencontres comme celles que nous venons de décrire ? La situation peut varier. Elle est peut être très informelle, par exemple une soirée entre amis où on prend plaisir à partager de belles et bonnes choses. Le cadre lui-même peut comporter de nombreuses variantes en particulier dans le degré de l’expression de foi qui pourrait aller jusqu’à la mise en œuvre d’un culte où l’Esprit s’exprime à partir de l’expérience apportée et partagée comme des paroles bibliques qui se présentent. Comme dans une oeuvre musicale, il y a des notes multiples. On peut aussi prendre part à des processus analogues dans des contextes purement séculiers. Quoiqu’il en soit, sachons être attentif. « L’essence de la création dans l’Esprit est la collaboration » (Jürgen Moltmann). « Tout ce qui monte, converge » (Teilhard de Chardin).
JH
Sur ce blog : Vivre en harmonie
Sur le site de Témoins, la vie d’un groupe de partage : Un air de liberté. Conversation avec Frédérique. https://www.temoins.com/un-air-de-liberte-entretien-entre-frederique-ivulski-et-jean-hassenforder/
par | Déc 27, 2011 | ARTICLES, Expérience de vie et relation |
Nous ne sommes pas seuls.
Après deux décès dans ma famille proche, j’ai senti s’en aller une partie de moi. Partie que je savais ne pas pouvoir remplacer mais j’ai senti le besoin d’ouvrir mon coeur à plus de personnes, pour être plus entouré et pouvoir parler de ce qui m’arrivait.
J’ai profité d’un site permettant d’organiser des sorties paris.onvasortir.com. Adepte de course à pied, qui m’a toujours aidé pour penser à autre chose, me ressourcer, j’ai organisé un jogging. Le site propose donc la sortie à ceux qui veulent s’y joindre. Quelques personnes sont venues s’y ajouter et je reprogrammais la sortie chaque semaine.
De semaine en semaine, quelle ne fut pas ma joie de voir des personnes de toutes origines qui se rassemblaient pour le plaisir de courir ensemble… mais aussi pour le plaisir d’échanger avec d’autres.
Ce groupe qui s’est constitué est vraiment un groupe vivant : les personnes viennent… ou pas et crée plus de relation… ou pas avec d’autres personnes.
Voilà un tout cas un moyen très simple d’accéder aux autres : partager une sortie ensemble et se découvrir une affinité, une passion commune ou simplement partager un moment de convivialité.
Alain
par jean | Oct 27, 2011 | ARTICLES, Beauté et émerveillement, Vision et sens |
Lorsque je suis sensible à la beauté de la nature, j’entre dans un état d’esprit où je perçois en elle une réalité qui me dépasse, un mouvement qui m’inspire. A ce moment, je ne suis plus un observateur détaché. Je reconnais un mouvement de vie dans les êtres qui m’entourent. Je participe à un mystère. On peut citer Einstein : « Il y a deux manière de vivre la vie : l’une, c’est comme si il n’y avait de miracle nulle part. L’autre, c’est comme si tout était miracle ». Sans doute, les positions sont moins tranchées . Il y a place pour des registres de regard différents, mais pas incompatibles entre eux. Mais la pensée d’Einstein nous invite à aller plus loin : « La plus belle émotion que nous puissions éprouver, c’est le sentiment du mystère. C’est une émotion fondamentale qui est au berceau de tout art , de toute science véritables ». Dans mon évolution personnelle, j’ai pris de plus en plus conscience que l’on pouvait percevoir Dieu à l’œuvre dans la nature.

Dieu dans la création
Jürgen Moltmann m’a aidé dans cette prise de conscience (Dieu dans la création (Cerf 1988). « Le Dieu trinitaire inspire sans cesse la création. Tout ce qui est, existe et vit grâce à l’affluence permanente des énergies… Ainsi il nous faut comprendre toute réalité créée de façon énergétique, comme possibilité réalisée de l’Esprit divin. Grâce aux possibilités et énergies de l’Esprit, le Créateur lui-même est présent dans sa création. Il ne s’oppose pas seulement à elle par sa transcendance, mais entre en elle et lui demeure en même temps immanent » (p 23).
« Tu ouvres ton souffle, ils sont créés. Tu renouvelles la face de la terre » (Psaume 104/29-30).
« L’Esprit saint est « répandu » sur toutes les créatures. La source de vie est présente dans tout ce qui existe et qui est vivant. Tout ce qui existe et vit, manifeste la présence de cette source de vie divine » (p 24).

Dieu à l’œuvre. Un regard concret et émerveillé
Comment notre regard peut-il alors s’exercer. Scientifique, philosophe et théologien, Roy Abraham Varghese nous aide à voir ce monde comme une merveille et à percevoir Dieu à travers cette merveille. (The wonder of the world. Fountain Hills, 2003).
« Nous pouvons reconnaître l’existence de Dieu et en devenir conscient simplement en percevant les choses autour de nous. C’est l’acte de voir les choses comme créées, comme nécessitant l’existence de Dieu pour expliquer leur existence, comme dépendant de lui et finalement comme manifestant l’infini ici et maintenant. Juste comme nous voyons un poème comme un poème, et pas comme des signes imprimés, et ne pouvons le voir comme autre chose qu’un poème, de la même façon, nous ne pouvons voir les choses autour de nous seulement comme un ensemble d’atomes. mais comme des réalités qui manifestent et reflètent Dieu ». (p 62) ;
« Les senteurs et les couleurs d’une belle rose nous viennent de Dieu, manifestant sa divine présence. Naturellement, la rose n’est pas Dieu ou une partie de Dieu. Mais la rose, dans sa totalité, non seulement reflète la gloire de Dieu comme une magnifique œuvre littéraire manifeste l’esprit de son auteur, mais aussi elle nous rend Dieu présent comme une manifestation immédiate et constante de :
– la puissance divine qui la tient en existence et soutient ses activités
– L’infinie intelligence qui l’a conçue.
– La beauté ineffable à partir de laquelle ses couleurs et ses senteurs rayonnent…
Voir une rose, c’est voir une manifestation immédiate et concrète de la créativité, de l’intelligence et de l’énergie infinie. C’est voir Dieu ici et maintenant » (p 64-65)

Alors en présentant quelques photos de fleurs, non seulement nous suscitons un émerveillement, mais nous pouvons en même temps nous ouvrir à une méditation en y percevant la présence de Dieu à travers sa création.




Partageons ensemble notre regard sur la nature, la manière dont nous y percevons la présence de Dieu.
JH
plus de photos de Catpiper et Ecstaticist sur flickr
par jean | Oct 27, 2011 | ARTICLES, Vision et sens |
L’association de ces deux mots : Dieu et bonheur est sans doute différemment reçue selon l’histoire de chacun, la manière dont il a vécu dans tel ou tel milieu, les représentations qu’il a de Dieu. Dans l’Evangile, nous découvrons la personnalité de Dieu à travers Jésus et sa relation avec un père proche et aimant. Un texte de l’Evangile de Matthieu, souvent connu sous les termes de « béatitudes » nous rapporte ce que Jésus nous dit du bonheur.
Parce qu’à travers une guérison, Odile Hassenforder a reçu en même temps l’amour et la bonté de Dieu pour vivre ensuite, au long des années, dans le même esprit, elle a toujours aimé se rappeler et nous rappeler que « Dieu fait pour nous des projets de bonheur et non de malheur » (Jérémie 29.11). Dans son livre : « Sa présence dans ma vie » (1), elle nous parle de la manière dont elle perçoit les béatitudes : « Les béatitudes « à ma façon » (p 113-116) . Ses paroles sont l’expression de son ressenti, de son observation et de sa réflexion. En voici quelques extraits :
« Joie pour les doux, les humbles
Il s’agit de ceux qui ne revendiquent pas. Ils possèdent une force intérieure, une autorité calme. Ils vivent, goûtent la vie dans la justesse des choses, dans le calme, la tranquillité, la confiance… Alors ils peuvent accueillir tous les bienfaits de Dieu et en jouir sur cette terre. En cela, ils héritent (possèdent) de toute la création à leur disposition alors que les violents essaient d’arracher ce qui leur manque au lieu d’accueillir, recevoir, voir au-delà.
Purs, droits, sincères
Ceux-là réaliseront la nature de Dieu, car vivre de la justice de Dieu signifie qu’en soi coule la sève de la vigne. Même chez ceux qui ne connaissent pas Dieu, mais ressentent en eux ce qui est juste, conforme à une vie juste, sans le savoir, circule en eux la vie divine. A plus forte raison… ceux qui ont la révélation du Dieu vivant, réalisent, discernent de plus en plus qui est Dieu, car la vie divine circule en eux et ils désirent de plus en plus demeurer en Dieu, recevoir la présence de Dieu qui transforme leur vie comme le soleil illumine la nature.
Heureux ceux qui répandent la paix autour d’eux.
J’aime cette traduction avec les mots : « répandre autour d’eux ». En effet, pour moi, toute personne peut être atmosphère de paix…C’est son attitude, sa manière d’être que l’entourage ressent comme une atmosphère paisible qui fait du bien…
Ces béatitudes sont le reflet de la nature de Dieu, révélée par Jésus. Créée à l’image de Dieu, toute personne y aspire. C’est par grâce que nous pouvons y accéder si nous le décidons. Ceux qui ne connaissent pas Dieu et cherchent à le faire reçoivent cette grâce de Dieu et connaissent aussi cette joie, sans doute à moindre dose, car ne connaissant pas la source, ils ne peuvent remercier, louer Dieu, ce qui a un effet multiplicateur.»
Partageons nos expériences sur la manière dont nous ressentons le bonheur intérieur et comment nous le percevons dans ceux qui nous entourent.
JH
(1) Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Empreinte, 2011. www.editions-empreinte.com. Présentation sur le site de Témoins : Sa présence dans ma vie.
par | Oct 27, 2011 | ARTICLES, Expérience de vie et relation |
Dans des registres variés, il y a des relations qui apportent la vie à des personnes en difficulté. Et parfois cette intervention fait la différence entre la vie et … la survie. C’est pourquoi certaines expériences sont belles et réconfortantes.
Claude est aujourd’hui cadre dans une société de services. Marié, il a deux grandes filles. Il se rappelle son enfance comme fils unique : « J’étais seul et dès lors tous les espoirs de mes parents pesaient sur moi ». Leurs personnalités très différentes étaient souvent source de divergences. Claude a connu une bonne relation avec son père, traducteur-lexicographe, reconnu par la presse spécialisée et passionné par son travail.Comme il exerce en libéral, Claude est témoin de son activité. « Il a su me communiquer en partie sa passion pour l’anglais grâce à son sens pédagogique et son don de l’observation des détails ». Il participe à ses centres d’intérêt : les voyages, la musique classique. « On aimait bien écouter des œuvres ensemble ou en découvrir de nouvelles ».
La mère de Claude, malade pendant dix ans, décède en 2005. « Mon père s’est occupé d’elle jusqu’au bout, refusant toute aide, estimant que cela relevait de sa responsabilité. Il s’est épuisé à la prendre en charge. Peu de temps après, il est lui-même tombé malade ». Affecté par une dépression et des pertes cognitives, le père de Claude, hospitalisé pendant quelques mois, entre ensuite dans une maison de retraite médicalisée. L’environnement de cette maison est plutôt positif, mais son père, précédemment très autonome sur tous les plans, a du mal à s’y habituer. « Je suis content que tu viennes me voir, je n’ai personne d’autre ».
Claude le rencontre deux à trois fois par semaine. Dans sa conversation, il s’appuie sur les centres d’intérêt de son père. Connaissant ses goûts, il écoute avec lui de la musique classique. Il a même ravivé chez lui le jeu de l’harmonica. Bien plus, certains week-ends, il l’emmène rencontrer d’anciens amis au pays Basque, en Angleterre,dans la Sarthe ou simplement l’invite à un concert local. Et il l’entraîne parfois dans un week-end touristique. Cela devient un sujet de conversation : « On parle de notre prochain voyage, ce que l’on envisage de faire, qui nous allons voir, au le retour nous regardons les photos faisons le point sur ce qui lui a plu ou pas ».
Pour le père de Claude, c’est vraiment un lien vital. Affecté par des pertes de mémoire, des troubles neurologiques et d’orientation qui entravent sa mobilité et l’empêchent d’avoir une activité intellectuelle normale, ce père trouve dans son fils une présence active qui éveille en lui une motivation ciblée et entretient, remet en route parfois des processus cognitifs. Claude nous dit comment il a conçu ces activités. « Pour moi, le plus important c’est de valoriser mon père par rapport à ce qu’il était et ce qu’il peut encore faire, positiver en quelque sorte et réanimer le lien social qu’il avait avant dans ses relations ». « Ce que j’essaye de faire est simple : réanimer des choses qui étaient en sommeil, réveiller des motivations, apporter des stimulations. Ainsi a-t-il pu communiquer avec une amie aux USA grâce au système Skype et la voir sur l’écran d’ordinateur, ce qui était absolument inédit pour lui ».« Mon père aimait l’humour et les jeux de mots, les histoires dérisoires qui font rire … dans les prétoires, alors, de temps en temps à travers une histoire ou une allusion de ma part, il arrive encore à rire ou sourire ». Lorsqu’il raconte ses déplacements avec son père, à travers son récit, on perçoit chez Claude beaucoup de sollicitude : intégrer les limites de son père qui se déplace principalement en chaise roulante, tenir compte des intempéries et … des contretemps périlleux… Il l’encourage à prendre des initiatives et doit aussi être parfois directif avec lui, en particulier dans les transports pour des aspects de sécurité.
L’expérience de Claude s’adresse à tous ceux qui sont confrontés à des situations analogues : « Lorsqu’en 2009, mon père a constaté lui-même, en fonction de son état, qu’il n’y avait guère d’autre choix que de rechercher une maison de retraite médicalisée, j’ai été perturbé.J’ai découvert ensuite que ce n’est pas nécessairement la fin mais le commencement d’une autre nature de relation qui s’appuie sur son vécu, sa culture, sa personnalité et tient compte des limites du présent ». Le récit de cette expérience pourra aider d’autres personnes et leur redonner espoir.
« Voir son père se dégrader est évidemment une souffrance; « Je dis souvent qu’il descend l’escalier par étapes, à chaque marche il faut se réadapter mutuellement ! » En l’aidant, je « bénéficie » aussi d’un retour, une sorte de feed-back, cela me fait du bien de participer à cet accompagnement et de voir mon père content. « Subsidiairement je ne veux pas risquer de cultiver demain le regret posthume d’avoir omis de mettre en œuvre à son égard ce qui était raisonnablement envisageable… ». Claude évoque un verset de la Bible, le cinquième commandement : « Honore ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent et que tu sois heureux » (Deutéronome 5.16). Il participe concrètement à cette inspiration. Comme d’autres personnes qui prennent soin de leurs proches ou de leurs relations, il est source de vie pour des personnes fragiles et isolées. C’est un message d’espoir.
Contribution de Claude à partir d’un entretien retranscrit sous la forme d’un récit (JH).
par jean | Oct 27, 2011 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Société et culture en mouvement |
Un changement de perspective.
Il y a un va-et-vient entre la réalité sociale et les représentations que nous nous en faisons. Selon l’orientation de notre pensée, nous nous attachons plus particulièrement à tel ou tel aspect de cette réalité. Les angles de vue varient. Nos représentations à leur tour influent sur la situation. De la même façon que notre regard sur nous même oriente notre comportement, la manière dont nous percevons le monde et l’humanité exerce une grande influence sur nos attitudes et nos modes d’action dans la société et la culture.
Economiquement, socialement, politiquement, nous nous sentons confrontés aujourd’hui à de nombreuses menaces, mais face aux défis auquel actuellement fait face l’humanité, on observe dans la durée une multiplication des initiatives. Et parallèlement une conscience collective apparaît.
Ainsi, en février 2011, le magazine : Sciences Humaines, a consacré un dossier au : « Retour de la solidarité : empathie, altruisme, entraide… » (1).
Que se passe-t-il ? Dans la crise économique et financière actuelle, il y a des mouvements d’indignation, mais à plus long terme, en regard des fléaux sociaux, qu’ils soient installés de longue date ou prenant une forme récente, il y a également de plus en plus de gens engagés dans des actions d’entraide et de solidarité. « Sur une planète mondialisée, l’altruisme s’étend à tous les malheureux de la terre en bas de notre immeuble ou à des milliers de kilomètres ». Et, parallèlement, les chercheurs, les philosophes transcrivent dans le domaine de la pensée cette attention pour ceux qui souffrent en mettant en évidence les mouvements qui cherchent à porter remède au mal social, mais aussi en fondant cette action en terme de valeurs. Quelles sont les exigences qui viennent à la conscience ? Quelles sont les motivations qui orientent les comportements ? On connaît par exemple le courant de pratique et de recherche qui s’est développé en France autour du « Care », mouvement et notion d’origine anglophone qui met en valeur le fait de prendre soin d’autrui.
La coordinatrice du dossier paru dans Sciences Humaines, Martine Fournier, nous présente cette évolution comme un rejet de « l’idéologie de « l’homo oeconomicus » à la recherche de son intérêt égoïste, des vertus de la société libérale et de la compétition ». « Ce que montrent les travaux récents, qu’ils viennent des sociologues, ou des psychologues, des tenants du culturalisme ou de la psychologie évolutionniste, c’est que les émotions ont une grande part dans les conduites humaines. La multiplicité des formes de solidarité apparaît comme une preuve que « l’homo oeconomicus » ne saurait suffire à définir l’être humain dans sa totalité ». Une nouvelle forme de lien social est en train de se tisser. La participation à une communauté humanitaire contribue également à fortifier l’estime de soi. Mais, s’il en est ainsi, à notre sens, c’est bien parce qu’il y a un changement profond dans les aspirations profondes de l’homme.
Cette évolution nous interpelle d’autant plus qu’elle s’étend dans un regard qui, au delà de l’humain, se tourne également vers la nature. Ainsi, écrit Martine Fournier, « L’empathie et la solidarité seraient-elles devenues un paradigme dominant qui traverse les représentations collectives ? De l’individualisme et du libéralisme triomphant passerait-on à une vision portant sur l’attention aux autres. Ce basculement s’observe effectivement aussi bien dans le domaine des sciences humaines et sociales qu’à celles de la nature (p 34). En fait, dans ce domaine comme dans tout autre, tout dépend de notre regard. Pour une part, les découvertes dépendent des questions posées. Ainsi, « alors que la théorie de l’évolution était massivement ancrée dans un paradigme darwinien « individualiste » centré sur la notion de compétition et de gène égoïste, depuis quelques années, un nouveau visage de la nature s’impose. La prise en compte des phénomènes de mutualisme, symbiose et coévolution entre organismes tendent à montrer que l’entraide et la coopération seraient des conditions favorables de survie et d’évolution des espèces vivantes, à toutes les étapes de la vie » (p 34).
Si nous vivons aujourd’hui dans la menace d’une crise économique et financière de grande ampleur et s’il faut chercher des voies pour y faire face, nous devons également considérer le changement culturel à plus long terme. A notre sens, la transformation en cours de la vision de l’homme, de l’humanité, de la nature, s’inscrit dans l’émergence d’une conscience spirituelle qui nous paraît à la fois un signe des temps et un appel à une avancée de la pensée théologique, notamment dans une prise en compte de l’œuvre de l’Esprit (2).
Comment participons-nous à ce nouveau regard ?
JH
(1) Le retour de la solidarité. Dossier animé par Martine Fournier, p. 32-51, in : Sciences Humaines, N° 223, février 2011. Après une mise en perspective de Martine Fournier, ce dossier présente des articles portant sur diverses facettes de la question et une bibliographie des livres récents. www.scienceshumaines.com
(2) Voir le site : www.lespritquidonnelavie.com