Bienveillance humaine. Bienveillance divine : une harmonie qui se répand

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Lytta Basset : Oser la bienveillance

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         Nous avons en mémoire ou dans notre vécu immédiat, la présence d’une personne bienveillante. Et quand nous y pensons, nous ressentons paix et joie. Cette présence transforme notre perception des situations. Ainsi, lors d’un enterrement, j’ai souvenir d’un prêtre âgé qui accueillant chacun avec bonté, dans une conversation toute simple, a suscité un ressenti positif de la célébration. Je me rappelle une directrice de mon institut qui savait reconnaître et encourager le travail de chacun par des petits mots à l’occasion de telle ou telle production. Respectée par tous, elle facilitait le développement d’un climat de collaboration. Et, en famille, j’ai tant reçu de la bienveillance d’êtres chers qui m’ont permis de vivre et de me transformer. La bienveillance peut également se manifester dans des figures publiques et elle entraîne alors une ouverture des coeurs au delà des barrières sociales et religieuses. La bienveillance est communicative. Elle se répand. Contrairement à ce que peuvent penser ceux qui, pour des raisons religieuses ou philosophiques, ont une vision très sombre de la nature humaine, elle est reconnue par un grand nombre de gens, car elle correspond à une attente de leurs cœurs. Dans l’Evangile, Jésus ne dit-il pas ? : « Que votre lumière luise devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mat 5.16).

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Lytta Basset : Oser la bienveillance

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         Une théologienne, Lytta Basset, vient de publier un livre : « Oser la bienveillance » (1). Il y a eu en effet dans la culture de la chrétienté, une représentation pervertie de la nature humaine dans la doctrine du péché originel. « Lytta Basset écrit la généalogie et l’impact de cette notion profondément nocive qui remonte à Saint Augustin et qui contredit les premiers Pères de l’Eglise. Elle montre comment ce pessimisme radical est totalement étranger à l’Evangile. Tout au contraire, les gestes et les paroles de Jésus nous appellent à développer un autre regard sur l’être humain, fondé sur la certitude que nous sommes bénis dès le départ et le resterons toujours. Appuyé sur le socle de cette bienveillance originelle, chacun de nous peut oser la bienveillance envers lui-même et envers autrui, et passer ainsi de la culpabilité à la responsabilité ».          Le livre de Lytta Basset ouvre de nombreuses pistes de réflexion sur notre héritage religieux, sur le problème du mal, sur la culpabilité et le péché, et sur la réalité de la bienveillance. Dans cette contribution, nous évoquerons l’approche de Lytta Basset dans sa description de la bienveillance et dans son commentaire d’épisodes de la vie de Jésus dans lesquels la bienveillance s’exprime et se répand.

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Lytta Basset : un chemin

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         Lytta Basset nous parle à partir de son histoire personnelle où elle a vécu, pendant des années, un enfermement : au départ, hantise de la question de la culpabilité, de la faute et du péché, et puis, à la suite d’« une violente irruption et invasion du mal jadis souffert », la préoccupation lancinante du mal commis ». « Autre préoccupation qui appartient à la préhistoire de ce livre : dans les déclarations publiques comme dans les accompagnements spirituels, je suis frappée par l’image négative que les gens ont d’eux-mêmes et des humains en général » (p 9). « Ma réflexion a donc eu pour point de départ mon propre malaise par rapport à la question du péché et à l’image désastreuse qu’elle nous avait donné de nous-mêmes » (p 9). « Nos contemporains ont un besoin brûlant d’être valorisés pour qui ils sont. Mais si la voix qu’ils entendent n’est pas celle d’un Dieu inconditionnellement bienveillant, faut-il s’en étonner ? J’ai trouvé utile de chercher du côté de ce qui, trop longtemps, a parasité la ligne. Je veux parler de ce dogme du péché originel qui, adopté au Vè siècle grâce à Saint Augustin, a « plombé » l’Occident de manière ininterrompue jusqu’au XXè siècle avec sa vision catastrophique de la nature humaine » (p 11) (2).

         Il y a dans ce livre un parcours particulièrement utile pour engager un processus de libération par rapport à des représentations qui emprisonnent et détruisent. A partir de cette perspective, Lytta Basset propose ensuite une vision nouvelle fondée sur son expérience de la relation humaine et sur sa lecture de l’Evangile.

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         Ainsi Lytta Basset nous invite à examiner les paroles et les comportements de Jésus. « Avec cette personne, je peux être moi-même… elle me voit comme quelqu’un de précieux et se réjouis que j’existe… Tel était le regard de Jésus sur chaque personne qu’il rencontrait, adulte ou enfant. Un regard tout à fait insolite, en ce qui concerne les enfants. C’est à cela, entre autres, que je le vois incarner la Bienveillance. A rebours de la mentalité de son époque, il les bénissait et les présentait comme les êtres les plus proches de Dieu, ceux dont l’image divine est la plus perceptible à qui sait regarder » (p 313) (3). Et, à contre-courant de l’état d’esprit dominant, Jésus porte également « un regard inconditionnellement bienveillant sur l’adulte dysfonctionnant en rupture de relation, « pécheur » (p 316).

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Vivre et reconnaître la bienveillance.

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         Mais comment Lytta Basset envisage-t-elle la bienveillance ? « Etre bien-veillant, c’est veiller sur quelqu’un dans une bonne intention, lui vouloir du bien sans lui imposer quoique ce soit ».

« Jamais une abstraction… la Bienveillance s’expérimente entre nous bien avant que nous en ayons conscience. Et sans avoir besoin que nous nous déclarions croyants. Elle se contente de nous pousser chaque jour à être attentifs à cette bienveillance que nous vivons de la part d’autrui et/ou à l’égard d’autrui » (p 317). De fait, lorsqu’elle parle de la Bienveillance avec un grand B, Lytta Basset y voit une manifestation de Dieu : « Je mets la majuscule quand je désire me laisser habiter et traverser par le regard du Tout-Autre. Sans m’imaginer que j’en suis l’initiatrice… Il me saute aux yeux qu’elle vient d’ailleurs en ces occasions où je ne l’attendais pas du tout : quand je m’entends et me perçoit bienveillante envers une personne qui m’avait contrariée, mise hors de moi, traitée en ennemie » (p 317-318). Dans les moments difficiles, « un bon entraînement est à notre portée : être attentif à la bienveillance qui circule entre les autres, y compris les inconnus, et dont nous sommes témoins tous les jours, dans la rue, le train, se réjouir de cette Bienveillance qui s’immisce dans nos relations incognito, suppléant inlassablement à nos carences individuelles… » (p 319)

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La Bienveillance : Jésus dans les évangiles.

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         C’est ainsi que Lytta Basset est amenée à nous présenter un commentaire éclairant de plusieurs textes des évangiles : Luc 19, 1-10 ; Luc 5, 17-26 ; Jean 8, 1-11.

         Elle nous montre la Bienveillance à l’oeuvre et cette vision renouvelle notre lecture. Ainsi commente-t-elle la rencontre « fortuite » de Jésus avec Zachée : à elle seule, la Bienveillance dont Jésus est porteur va inciter son vis-à-vis à reprendre le chemin de la relation et devenir responsable de ses actes !

         Le récit fait partie d’une section qu’on a appelé « l’Evangile des exclus », de toutes ces personnes considérées comme irresponsables… » (p 319) (4). « Cela se passe à Jéricho. Jésus vient de guérir un aveugle qui l’a appelé au secours. Juste après, « voilà qu’un autre homme : Zachée, cherche aussi à voir Jésus. La similitude me frappe : tous les deux sont des exclus, parce que des « pécheurs »… or tous les deux sont en demande, plus ou moins consciente, plus ou moins explicite, de relation » (p 319-320). « La Bienveillance qui traverse la ville, ce jour là, va faire fond sur le désir d’un homme Zachée, qui « cherchait (simplement) à voir qui était Jésus » (p 320).

         Lytta Basset nous invite donc à reconnaître dans cette rencontre différents aspects de la bienveillance : « La bienveillance à l’affût du désir d’autrui. Une bienveillance qui traite d’égal à égal. Une bienveillance désireuse de relations qui durent. Une bienveillance qui pousse à des actes responsables. Une bienveillance qui accueille autrui dans les limites du moment. Une bienveillance qui rend clairvoyant. Une bienveillance qui réveille en l’humain sa capacité relationnelle. Une bienveillance qui fait lâcher culpabilité et perfectionnisme. Une bienveillance restauratrice du tissu social… » (p 321-335) ». Ces titres évocateurs balisent le commentaire du texte de Luc qui décrit la rencontre entre Jésus et Zachée. A travers cette grille de lecture que nous pouvons nous aussi appliquer à ce texte, Lytta Basset excelle à nous montrer les éclairages qu’on peut y découvrir. Ecoutons par exemple ce qu’elle écrit à propos de « la bienveillance qui traite d’égal à égal ». Dans sa rencontre avec Zachée, elle voit en Jésus une parfaite humilité « comme pour mieux nous encourager à nous identifier avec lui : n’importe quel être humain, marqué dans sa plus grande humanité du sceau de la Bienveillance, peut offrir à un semblable, aussi emmuré soit-il, son propre désir de lien, peut se mettre à la « recherche » en lui, de « ce qui était perdu » pour la relation, le sauver du repli mortel sur lui-même. Quand nous faisons cela, nous ne faisons que laisser la Bienveillance agir à travers nous : plus nous sommes humains (fils et fille de l’humain) et tendons la perche aux autres, plus nous incarnons ce Dieu qui est en démarche constante de relation » (p 323).

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Un livre pionnier

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         Ce livre ouvre notre regard. En phase avec le tournant des sciences humaines qui découvrent en l’homme un potentiel positif (5), dans une période où un changement profond intervient dans les mentalités, où la prégnance des enfermements du passé est en voie de décrue, Lytta Basset prend appui sur son expérience spirituelle et sur une lecture renouvelée des textes bibliques pour mettre en valeur la bienveillance, une manière d’être, de sentir et d’agir, qui a toujours existé, mais qui, aujourd’hui, répond à une aspiration nouvelle telle qu’on peut l’entendre aujourd’hui dans des expressions de convivialité ou des démarches collaboratives (6).

         Il y a aussi aujourd’hui une quête spirituelle de plus en plus répandue (7). En regard, le livre aborde très concrètement des questions existentielles majeures. La réponse se situe dans une approche relationnelle (8). « Ce qui concerne par dessus tout les auteurs bibliques, c’est d’être en lien avec le Vivant, de l’écouter et de l’entendre pour s’orienter dans la vie » (p 230). La relation avec Dieu va de pair avec la relation avec les humains. Le mal se trouve là où la relation est en péril ou interrompue, dans des situations énoncées par Lytta Basset en terme « d’enfermement, d’errance, d’aveuglement, de maladie, de division, d’exclusion, d’idolâtrie, de dette.. ». L’exigence, c’est de « ne pas nous couper les uns des autres »  (p258).

         Ce livre embrasse un champ très vaste. L’auteur a donc effectué un grand travail de documentation et de synthèse. Certains points peuvent parfois être discutés, mais ce qui compte ici, c’est le mouvement et l’état d’esprit. Ce livre ne parle pas seulement à notre intelligence,  il parle également à notre cœur. Et en élargissant notre vision, il nous libère de nos limites et de nos enfermements. C’est une ressource dans laquelle on peut venir et revenir puiser.

         Nous avons orienté cette contribution sur un des aspects du livre qui en est aussi l’inspiration directrice : la bienveillance. Quand nous interrogeons notre mémoire, il nous vient de multiples échos d’une bienveillance reçue qui a engendré et engendre encore aujourd’hui paix et joie. Au cœur de nous même, nous savons en vérité qu’accueillir la Bienveillance, la manifester envers ceux qui nous entourent dans un regard, dans un sourire, dans un geste, c’est nous sentir en harmonie avec Dieu, avec les humains, avec nous-même et percevoir le bonheur d’être qui réside dans cette harmonie.

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J.H.

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(1)            Basset (Lytta). Oser la bienveillance. Albin  Michel, 2014

Présentation du livre par Lytta Basset en vidéo : http://www.albin-michel.fr/Oser-la-bienveillance-EAN=9782226253880

Lytta Basset est une théologienne réputée qui ouvre de nouveaux horizons : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lytta_Basset

(2)            Dans un livre sur la post chrétienté, Stuart Murray décrit bien le tournant intervenu au Vè siècle à la suite de la théologie d’Augustin d’Hippone (doctrine du péché originel et conception très sombre de l’humanité) et aussi le devenir de l’Eglise comme pouvoir. Sur le site de Témoins, voir : http://www.temoins.com/etudes/faire-eglise-en-post-chretiente.html

(3)            « Découvrir la spiritualité des enfants. Un signe des temps ? » : http://www.temoins.com/etudes/decouvrir-la-spiritualite-des-enfants.-un-signe-des-temps/toutes-les-pages.html  Depuis une quinzaine d’années, on constate un tournant dans le regard concernant la spiritualité des enfants. La recherche met en évidence la dimension spirituelle de l’enfant, ainsi la recherche de Rebecca Nye : Nye (Rebecca). Children’s spirituality. Church House publishing, 2004. Des théologiens trouvent une inspiration dans les paroles de Jésus sur les enfants. Sur ce blog : « L’enfant : un être spirituel » https://vivreetesperer.com/?p=340

(4)            Sur ce blog : « Dedans…dehors ! Face à l’exclusion, vivre une commune humanité ! ». Entre autres, une réflexion sur Jésus et le phénomène de l’exclusion, par le théologien : Jürgen Moltmann. https://vivreetesperer.com/?p=439

(5)            En février 2011, le magazine : « Sciences Humaines » publie un dossier sur le « Retour de la solidarité, empathie, altruisme, entraide ». Sur ce blog : « Quel regard sur la société et sur le monde. Un changement de perspective » : https://vivreetesperer.com/?p=191 Un livre de Jérémie Rifkin : Rifkin (Jérémie). Vers une civilisation de l’empathie. Les liens qui libèrent, 2011. Après une critique sévère et utile des thèses opposées, comme celle de Freud, Jérémie Rifkin met en évidence des tendances convergentes vers une montée de l’empathie. Sur le site de Témoins, une mise en perspective : http://www.temoins.com/etudes/vers-une-civilisation-de-l-empathie.-a-propos-du-livre-de-jeremie-rifkin.apports-questionnements-et-enjeux.html Le livre de Jacques Lecomte sur la bonté humaine est plusieurs fois cité par Lytta Basset : Lecomte (Jacques). La bonté humaine. Altruisme, empathie, générosité. Odile Jacob, 2012. https://vivreetesperer.com/?p=674

(6)            Novel (Anne-Sophie), Riot (Stéphane). Vive la CO-révolution. Pour une société collaborative. Alternatives, 2012. Mise en perspective sur ce blog : « Une révolution de l’être ensemble » : https://vivreetesperer.com/?p=1394

Sur le site de Témoins : « Emergence d’espace conviviaux et aspirations contemporaines : http://www.temoins.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1012&catid=4

(7)            La manière dont la quête spirituelle se développe et s’oriente aujourd’hui est mise en évidence par Frédéric Lenoir dans son livre : « Chemin de guérison ». Mise en perspective sur ce blog : « Un chemin de guérison pour l’humanité. La fin d’un monde. L’aube d’une renaissance » : https://vivreetesperer.com/?p=1048

A travers une recherche méthodique, Davif Hay met en évidence la dimension spirituelle de l’homme : Hay (David). Something there. The biology of human spirit. Darton, Longman and Todd, 2006. « La vie spirituelle comme une conscience relationnelle » : mise en perspective sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/etudes/la-vie-spirituelle-comme-une-conscience-relationnelle-.-une-recherche-de-david-hay-sur-la-spiritualite-aujourd-hui./toutes-les-pages.html. Sur ce blog: « Les expériences spirituelles » : https://vivreetesperer.com/?p=670

(8)            Cette approche relationnelle est également développée dans la pensée théologique de Jürgen Moltmann. Sur ce blog : « Dieu suscite la communion » : https://vivreetesperer.com/?p=564

« Amitié ouverte » : https://vivreetesperer.com/?p=14 Voir une présentation de la pensée de Jürgen Moltmann sur le blog : L’Esprit qui donne la vie : http://www.lespritquidonnelavie.com/

Pour poursuivre notre méditation sur la bienveillance, on pourra se reporter à plusieurs contributions sur ce blog, entre autres :

« Développer la bonté en nous : « un habitus de bonté » ».

https://vivreetesperer.com/?p=1838

« Comme les petits enfants ».

https://vivreetesperer.com/?p=1640

« Entrer dans la bénédiction ».

https://vivreetesperer.com/?p=1420

« La beauté de l’écoute ».

https://vivreetesperer.com/?p=1219

« Geste d’amour ».

https://vivreetesperer.com/?p=1204

Développer la bonté en nous, un « habitus de bonté »

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Du bon grain et de l’ivraie.

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Quel est notre regard sur nous-même tel qu’il est influencé par notre parcours psychologique et notre héritage religieux (1) ? Comment recevons nous la parabole du bon  grain et de l’ivraie rapportée par l’évangile de Matthieu ? Le commentaire de Michèle Jeunet, Sœur Michèle au Cénacle de Versailles (2) nous invite à choisir la bonté : « bonté du grain, bonté de la terre, bonté du monde, bonté de l’homme qui sème, bonté de Dieu ».

         « Nous sommes dans le fondamental de la création. « Dieu vit que cela était bon » (Genèse 1). Et nous sommes dans le fondamental d’une création en histoire. Non pas un monde tout fait, statique, immobile. Ce qui est semé est pour une croissance, une création  continuée        Croire en ce qui est bon en nous, croire que ce qui a été semé par Dieu en nous est bon et le développer au maximum, en y mettant toute notre énergie, notre créativité. « C’est le développement de la bonté en nous, un « habitus » de bonté qui fera se  dessécher l’ivraie ».

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J H

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Évangile de Matthieu au chapitre 13 verset 24 à 30

Il en va du Royaume des Cieux comme d’un homme qui a semé du bon grain dans son champ.

Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi est venu, il a semé à son tour de l’ivraie, au beau milieu du blé, et il s’en est allé.

Quand le blé est monté en herbe, puis en épis, alors l’ivraie est apparue aussi.

S’approchant, les serviteurs du propriétaire lui dirent :

« Maître, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il s’y trouve de l’ivraie ? »

Il leur dit :

« C’est quelque ennemi qui a fait cela ».

Les serviteurs lui disent :

« Veux-tu donc que nous allions la ramasser ?

Non, dit-il, vous risqueriez, en ramassant l’ivraie, d’arracher en même temps le blé.

Laissez l’un et l’autre croître ensemble jusqu’à la moisson ; et au moment de la moisson je dirai aux moissonneurs : Ramassez d’abord l’ivraie et liez-la en bottes que l’on fera brûler ; quant au blé, recueillez-le dans mon grenier. »

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Développer la bonté en nous

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« Il est des titres qui sont trompeurs. Est-ce vraiment la parabole de l’ivraie ?

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         Cette parabole est d’abord en continuité de celle du semeur. Le semeur a semé du bon grain dans un terrain qui est bon. S’il sème ce qui est bon, c’est que lui-même est bon. Une sainte,  Thérèse Couderc,  disait de lui : « il est bon, il est plus que bon, il est la bonté ». Bonté du grain, bonté de la terre, bonté du monde, bonté de l’homme qui sème, bonté de Dieu. Nous sommes dans le fondamental de la création : « Dieu vit que cela était bon » Gn 1. Et nous sommes dans le fondamental d’une création en histoire. Non pas un monde créé tout fait, statique, immobile. Ce qui est semé est pour une croissance, une création continuée : grain puis épi, puis blé. Entre semailles et moisson, il y a le temps de l’histoire, le temps de la liberté de veiller à la croissance de ce qui est bon. Responsabilité qui est nôtre. Etre veilleur pour que la vie semée par Dieu vienne à maturité. Ce n’est pas du tout fait de toute éternité, immobile mais c’est une semence riche d’avenir, un don à faire qui périrait s’il ne peut s’épanouir grâce à la bonne terre de nos vies, de nos réponses humaines, don et accueil qui vont ensemble porter à maturité la nouveauté de l’épi.

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         Ce titre trompeur est en cohérence avec la réaction des serviteurs qui se focalisent sur l’ivraie, leur question sur son origine et surtout leur doute : « N’est-ce pas du bon grain que tu as semé ? ». Leur doute qui frise le soupçon.  Mais leur question n’est-elle pas la nôtre ? Leur doute et leur soupçon ne sont-ils pas les nôtres ? Cette question du mal qui nous taraude tous, qui est souvent un obstacle à la foi. La réponse du propriétaire est la même que celle de la Genèse. C’est un ennemi qui a semé de l’ivraie. La Genèse parle d’un serpent qui insinue le doute sur le don qui est fait, qui insinue le doute sur la bonté du donateur.

Que faut-il donc faire ? Arracher au risque de détruire la bonté des épis de blé ? Ce serait faire le jeu de l’ennemi.

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         Le propriétaire fait une autre option. Celle de la confiance dans le blé semé et dans la terre qui participe à la nouveauté de l’épi. Confiance dans l’épi assez fort pour ne pas se laisser étouffer par l’ivraie. Dans nos vies, il y a du bon grain et de l’ivraie. N’est-ce pas une erreur de se focaliser sur l’ivraie ? L’homme de cette parabole nous conseille un autre chemin. Croire en ce qui est bon en nous, croire que ce qui a été semé en nous par Dieu est bon et le développer au maximum, en y mettant toute notre énergie, notre créativité. C’est le développement de la bonté en nous, un « habitus » de bonté qui fera se dessécher l’ivraie. Et non un arrachage volontariste qui risque de dessécher la vie en nous.

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Michèle Jeunet

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(1)            Nos représentations sont influencées encore aujourd’hui par notre héritage religieux qui, pour une part, laisse des traces de peur par rapport à Dieu et de condamnation par rapport aux hommes. C’est le contraire de la bonne nouvelle de l’Evangile. Dans un livre récent : « Oser la bienveillance » (Albin Michel, 2014), la théologienne Lytta Basset met en évidence les effets négatifs de la conception du péché originel. Elle décrit « la généalogie et l’impact de cette notion profondément nocive qui remonte à Saint Augustin et qui  contredit les premiers Pères de l’Eglise. Elle montre comment ce pessimisme radical est totalement étranger à l’Evangile. Tout au contraire, les gestes et paroles de Jésus nous appelle à développer un autre regard sur l’être humain, fondé sur la certitude que nous sommes bénis dès le départ et le resterons toujours. Appuyé sur le socle de cette Bienveillance originelle, chacun de nous peut oser la bienveillance, envers lui-même et envers autrui et passer ainsi de la culpabilité à la responsabilité » (texte en couverture). On pourra lire aussi sur ce blog une mise en perspective d’un livre de Jacques Lecomte : La bonté humaine, altruisme, empathie, générosité. Odile Jacob, 2012 https://vivreetesperer.com/?p=674

(2)            Homélie de Sœur Michèle : le bon grain et l’ivraie (9 décembre 2013).  Sur le blog : aubonheurdedieu-soeurmichele : http://aubonheurdedieu-soeurmichele.over-blog.com/article-homelie-de-soeur-michele-le-bon-grain-et-l-ivraie-mt-13-24-30-121518838.html

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Voir aussi sur ce blog : « geste d’amour » (Odile Hassenforder) : https://vivreetesperer.com/?p=1204

Dans le livre d’Odile Hassenforder : « Sa présence dans ma vie », on pourra lire un chapitre : La bonté de Dieu (p 87-91)

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Sur ce blog, deux autres contributions de Michèle Jeunet :

Quelle est notre image de Dieu ? https://vivreetesperer.com/?p=1509

Se sentir aimé de Dieu https://vivreetesperer.com/?p=1752

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De bonnes ressources dans le recueil de textes rassemblés par Michèle Jeunet dans un livre récemment paru : Michèle Jeunet. Méditer une Parole de liberté. Catéchèses bibliques et lectio divina. Editions Croix du Salut, 2013. « Il s’agit pour moi d’aider les gens à ouvrir la Bible pour qu’elle soit vraiment un lieu de méditation qui éclaire leur vie et leur fasse découvrir un Dieu Ami de leur vie, présent au cœur de leur existence ».

 

Se sentir aimé de Dieu

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         Se sentir aimé, c’est une des conditions du bonheur.

Dans un article sur « psychologies.com » (1) : « Etre aimé pour être heureux », Hélène Fresnel énonce ce que nous savons déjà dans notre expérience intime : « Etre aimé, c’est une nécessité, un fondement de notre identité… Parce que nous sommes incapables de nous aimer, l’amour de l’autre justifie notre existence »… « Le fait d’être aimé entretient un sentiment de continuité dans l’existence… Nous sommes menacés de nous désintégrer face aux difficultés et à la dureté du monde. L’amour de l’autre nous permet de ne pas nous dissocier, de ne pas nous défaire…C’est un besoin existentiel qui évolue et perdure parce qu’il justifie plus que n’importe quoi d’autre la nécessité de notre existence. Nous n’avons plus à nous interroger : « Pourquoi suis-je là ? ». Et de citer le philosophe Maurice Merleau-Ponty : « C’est l’autre qui me donne mon visage. L’autre nous a reconnus pour ce que nous sommes… ». Mais, en même temps, on le sait, en fonction d’un passé douloureux, des obstacles comme la crainte et la peur de l’abandon, peuvent faire obstacle.

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         A travers la parole de Jésus, Dieu s’adresse à nous. Jésus vit en relation à Dieu comme celle d’un fils à un père aimé, un papa (« abba »), et il peut donc nous parler de Dieu comme Celui qui est constamment présent, en qui on peut avoir une totale confiance (Luc 6. 25-34), un Dieu qui nous aime et vient à notre rencontre. Et d’ailleurs, Jésus lui-même incarne cet amour divin et nous appelle à aimer les autres, répondant ainsi au grand besoin d’être aimé qui est inscrit au cœur de l’homme.

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         Cette expression de l’amour de Dieu peut rencontrer des obstacles tant dans notre psychisme que dans une représentation de Dieu (2), qui s’est écartée de l’Evangile et fait barrage à travers un inconscient collectif. Ainsi, pour lever ces obstacles, nous avons parfois besoin d’être aidé à percevoir les empêchements qui s’interposent.

Dans son blog : « Au bonheur de Dieu » (3),  Michèle Jeunet,  Sœur Michèle au Centre spirituel Notre-Dame du Cénacle à Versailles, sait apporter les éclairages et poser les bonnes questions qui permettent de dissoudre les obstacles et d’ouvrir notre compréhension. Ainsi dans ce texte à propos de l’Evangile de Luc (15.1-9) : « La conversion, est un changement de regard » (4), elle nous aide à recevoir personnellement le message de Jésus.

« L’Evangile est porteur de bonnes nouvelles pour notre vie ». Ce n’est pas rien d’entendre et de ressentir que nous sommes vraiment aimé par Dieu. « Je suis sa brebis préférée, sa pièce précieuse, son enfant bien aimé et il n’a de cesse de me chercher, de me trouver, de me retrouver ».

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J H

La conversion est un changement de regard.

Dans l’Evangile selon Luc au Chapitre 15, verset 1 à 9

1 Cependant tous les publicains et les pécheurs s’approchaient de lui pour l’entendre.

2 Et les pharisiens et les scribes de murmurer : « Cet homme, disaient-ils, fait bon accueil aux pécheurs et mangent avec eux.

3 Il leur dit alors cette parabole :

4 « Lequel d’entre vous, s’il a cent brebis, et vient à en perdre une, n’abandonne les 99 autres dans le désert pour s’en aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée ?

5 Et quand il l’a retrouvée, il la met, tout joyeux sur ses épaules

6 et, de retour chez lui, il assemble amis et voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue !

7 C’est ainsi, je vous le dis, qu’il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes ; qui n’ont pas besoin de repentir.

8 « Ou bien, quelle est la femme qui, si elle a dix drachmes et vient à en perdre une, n’allume une lampe, ne balaie la maison et ne cherche avec soin, jusqu’à ce qu’elle l’ait retrouvée,

9 Et , quand elle l’a retrouvée, elle assemble amis et voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, la drachme que j’avais perdue !

Quelle joie de pouvoir être auditeurs de l’Evangile comme nous le sommes !

Quelle  joie de pouvoir nous glisser dans ce groupe de publicains et de pécheurs et comme eux s’approcher et écouter une parole où Jésus nous dit la valeur du prix que nous avons aux yeux de Dieu.

Et oui, ces deux paraboles, comme la troisième bien connue, dite du « fils retrouvé », nous disent d’abord le prix que nous avons aux yeux de Dieu.

 

Elles nous comparent à une brebis, une pièce d’argent et un enfant.

Ces comparaisons disent toutes les trois, à leur manière, une richesse et ue valeur qui ne doivent pas se perdre et qui demandent de tout mettre en œuvre pour être retrouvées.

Et, à chaque fois, cette valeur ou richesse est unique, car pour Dieu, chacun, chacune de nous est sa brebis préférée, sa pièce précieuse, son enfant bien aimé !

Qu’il est meilleur le regard de Dieu sur nous si nous le comparons à celui que nous avons sur nous même !

C’est pourquoi l’Evangile est une bonne nouvelle. C’est pourquoi l’appel à la conversion est un appel à changer notre regard. En fait, c’est faire un échange : renoncer au nôtre et accueillir celui de Dieu. Je suis sa brebis préférée, sa pièce précieuse, son enfant bien aimé et il n’a de cesse de me chercher, de me trouver, de me retrouver.

 

L’autre lieu de conversion est donc aussi un appel à transformer nos images de Dieu. Sont-elles en coïncidence avec ce qui nous est révélé ici de Dieu ?

Dieu comme un berger qui court à ma recherche, qui me met sur ses épaules.

Dieu comme une femme qui allume une lampe pour me chercher sans se lasser.

Dieu comme un père qui fait la fête à l’enfant retrouvé que je suis.

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Oui, c’est bien de bonnes nouvelles pour notre vie dont l’Evangile est porteur. Laissons-nous libérer par elles. Ce sont elles qui peuvent dilater notre cœur et transformer quelque chose en nos vies.

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Michèle Jeunet . Sœur Michèle, Centre spirituel Notre-Dame du Cénacle.

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(1)            Sur le site : « psychologies.com » : Hélène Fresnel. Etre aimé pour être heureux http://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Bonheur/Articles-et-Dossiers/De-quoi-avons-nous-besoin-pour-etre-heureux/Etre-aime-pour-etre-heureux

(2)            Sur ce blog : « Quelle est notre image de Dieu ? ». Réflexion de Michèle Jeunet à propos d’une intervention de Thierry Bizot, éditeur du livre : « Catholiques anonymes » d’où a été tiré le film »Qui a envie d’être aimé ? » https://vivreetesperer.com/?p=1509

(3)            aubonheurdedieu-soeurmichele : http://aubonheurdedieu-soeurmichele.over-blog.com/

(4)            Le texte : « La conversion  est un changement de regard » est emprunté au blog de Sœur Michèle : http://aubonheurdedieu-soeurmichele.over-blog.com/article-la-conversion-est-un-changement-de-regard-100069508.html

On pourra lire aussi sur ce blog :

« Geste d’amour » (Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie) https://vivreetesperer.com/?p=1204

« Lorsque Dieu nous parle de bonheur » (Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie) https://vivreetesperer.com/?p=205

« La beauté de l’écoute » https://vivreetesperer.com/?p=1219

« Dieu suscite la communion » https://vivreetesperer.com/?p=564

Face à la détresse du monde

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Veiller et guetter.

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Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?

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         Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? Dans un conte de Charles Perrault (1), c’est la question désespérée que la femme de Barbe bleue attendant du secours pose à sa sœur Anne alors que son mari s’apprête à l’exécuter. Et cette question figure aujourd’hui dans notre mémoire collective.

         Quel avenir existe-t-il encore pour nous lorsque nous vivons dans la tourmente ? Nous pouvons nous poser cette question à un moment particulièrement difficile de l’histoire, mais c’est aussi une question existentielle pour tous ceux d’entre nous qui se sentent menacés. Peut-on attendre un secours, lequel et quand va-t-il venir ?

         Dans une courte vidéo (2) intitulée : « Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? », Nadine Heller répond à notre attente dans l’esprit des évangiles. Dieu nous appelle à veiller et guetter. Il nous appelle à une espérance active. En phase avec nos sentiments, nos questionnements, nos aspirations, avec une grande justesse de ton et beaucoup de simplicité, Nadine Heller nous invite à regarder au loin « pour voir l’aube qui pointe » et « être des semeurs de vie, des porteurs de vie, pour choisir la vie (3) ».

         Dans ce message, Nadine Heller partage avec nous un passage de l’Apocalypse qui ouvre une dynamique d’espérance et de vie. Nous voyons bien aujourd’hui quelle est la puissance du mal et de la mort. Mais Dieu  nous offre un horizon qui va au delà. Ecoutons les propos de Nadine.

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         « Vous entendez cette rumeur qui enfle. Toutes ces voix que le monde entier court à sa perte, que tout fout le camp, que l’être humain est devenu fou. Oui, bien sûr, nous les entendons ces voix. Et si, dans nos moments de silence, nous entendions tous les cris de détresse qui, de par le monde entier, montent vers le ciel,  nous deviendrions fou.

         Alors que faire ? est-ce qu’il faut nous boucher les oreilles ? Est-ce qu’il faut-il fermer les yeux ? Est-ce qu’il faut-il s’isoler ? Les  évangiles eux nous invitent à tout autre chose. Dieu nous invite à veiller et à guetter. Un peu comme si nous étions appelés à être des sentinelles qui doivent monter sur une tour de guet pour regarder au loin, non pas pour regarder les catastrophes qui vont arriver, mais pour regarder au loin l’aube qui pointe. Un peu comme ce que nous pouvons lire dans le livre de l’Apocalypse au Chapitre 21 : « Oui, voici ce que je vois. Un ciel nouveau, une terre nouvelle. J’entend une voix forte qui vient du siège et qui dit : Maintenant, la maison de Dieu est au milieu des hommes. Il va habiter avec eux. Ils seront ses peuples. Dieu lui-même sera avec eux et Il sera leur Dieu. Il essuiera toutes les larmes de leurs yeux. La mort n’existera plus. Il n’y aura plus ni deuil, ni larmes, ni souffrance ».

         Quelle espérance ! Mais cette espérance ne fait pas de nous des utopistes ou des doux rêveurs. Au contraire, c’est une espérance qui nous invite à être actifs comme des guetteurs qui guetteraient le moindre signe de lumière dans ce monde. Et aussi une espérance active qui nous invite, vous, moi, à être des porteurs de lumière, à être de ceux qui sèment sans compter la paix, l’amour, la justice au nom du Christ…qui les fait vivre, à être des semeurs de vie, à être des porteurs de vie, à choisir la vie, car, vous et moi, nous sommes invités à choisir la vie et à ensemble porter l’espérance ».

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         Dans cette conversation, Nadine Heller a partagé avec nous un passage de l’Apocalypse qui ouvre pour nous un horizon de vie . Nous voyons bien  aujourd’hui quelle est la puissance du mal et de la mort. Mais Dieu nous ouvre un horizon qui va au delà.

         « Puisse le Dieu de l’Espérance vous remplir de toute joie et de toute paix dans la foi de telle manière que, par la puissance du Saint Esprit, vous puissiez abonder en espérance, écrit Paul aux Romains (Romains 15.13). Un grand théologien, Jürgen Moltmann (4),  nous montre combien cet accent est original, unique, parmi les différentes religions. « Nulle part ailleurs dans le monde des religions, Dieu est ainsi associé à un espoir humain pour l’avenir. Le futur est un élément essentiel de la la foi de Pâques. La foi signifie vivre dans la présence de Christ ressuscité et nous nous mouvons dans le Royaume de Dieu qui vient. Notre expérience de la vie quotidienne prend place dans une attente créative de Christ en train de venir. Nous attendons et nous avançons, nous espérons et nous endurons, nous prions et nous observons. Nous sommes à la fois curieux et patients » (5) . 

         Cette approche rejoint celle qui nous est proposée par Nadine Heller, pasteure de l’Eglise protestante Unie de Saint-Chamond, dans le cadre de la chaine : « Pasteur du dimanche » (6). Avec   des mots justes, elle aussi nous invite à vivre  dans une espérance active, une dynamique de vie. Ensemble et chacun de nous, choisissons la Vie.

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J H

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(1)            « Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? », une adjuration célèbre issue d’un conte de Charles Perrault : La Barbe Bleue paru dans « les contes de ma mère l’Oye » en 1697. Voir Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sœur_Anne  Le texte : http://www.alalettre.com/perrault-oeuvres-barbe-bleue.php

(2)            Vidéo de Nadine Heller : « Soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? » dans la chaine : pasteurdudimanche » ( décembre 2013) sur You Tube : http://www.youtube.com/watch?v=mYV_UUujPQ4&feature=youtu.be

(3)            « J’ai mis devant toi la vie et la mort. Choisis la vie afin que tu vives » (Deutéronome 30.19) . Cette parole biblique va droit à l’essentiel pour notre vie. Il y a dans ce monde, y compris l’héritage religieux, tant de déformations qui peuvent nous éloigner de la vie. Aussi, on se  réjouit de voir que l’équipe de « pasteurs du dimanche » ait pris comme devise  : « Choisis la vie ».

(4)            Jürgen Moltmann figure parmi les plus grand théologien de notre temps . En phase avec les grands questionnements de notre époque, il a commencé par écrire une théologie de l’espérance. On trouvera une mise en perspective de son itinéraire et de son œuvre dans une présentation de son autobiographie : « Une théologie pour notre temps » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=695. Un blog : « L’Esprit qui donne la vie », présente sa pensée au public francophone : http://www.lespritquidonnelavie.com/

(5)            Sur ce blog : « Quelle espérance ? Un espoir pour l’avenir humain. Le Royaume de Dieu en train de venir » : https://vivreetesperer.com/?p=890 ? Le passage sur l’espérance ici mentionné est issu du livre : « Jürgen Moltmann. In the end…the beginning. Fortress Press, 2004. Récemment traduit en français : Jürgen Moltmann. De commencements en recommencements. Une dynamique d’espérance. Empreinte temps présent, 2012 (Voir le chapitre : la force vitale de l’espérance). Présentation de  ce livre sur ce blog : « Une dynamique de vie et d’espérance » : https://vivreetesperer.com/?p=572. Bien sûr, en ce temps de Noël, la naissance de Jésus manifeste le début du processus de libération.

(6)            Quelques pasteurs de l’Eglise Protestante Unie ont choisi de s’entendre pour proposer chaque dimanche une courte vidéo (2 à 3 minutes) qui s’adressent à nous dans une parole d’ouverture, de partage et de conviction en alliant une réflexion sur la vie et l’actualité et l’éclairage d’un passage biblique dans son originalité pour aujourd’hui. « L’objectif de « pasteurdudimanche.fr » est de proposer une parole courte sur une actualité et un texte biblique qui invite à aller plus loin ».Il y a là le désir manifeste de s’adresser à un public qui dépasse de loin les seuls pratiquants protestants. La première vidéo a été réalisée par Joël Dahan en octobre 2011. Aujourd’hui, le site : « pasteurdudimanche.fr » renvoie à plus de 90 vidéos !  Naturellement, certains messages nous touchent plus que d’autres, mais un désir de convivialité et d’authenticité se manifeste dans chaque vidéo. Ce site est devenue une ressource importante pour la vie et l’expression chrétienne. http://www.youtube.com/playlist?list=PL6F0WgMatbJUxPNorU-tyfYon2NQBXsRG

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Sur ce blog, d’autres textes sur ce thème :

« Confiance. Le message est passé ! Le livre d’Odile Hassenforder : « Sa présence dans ma vie ». http://www.youtube.com/playlist?list=PL6F0WgMatbJUxPNorU-tyfYon2NQBXsRG

« Espérer, c’est voir l’amour divin à l’oeuvre ». https://vivreetesperer.com/?p=870

« Les malheurs de l’histoire. Mort et résurrection ». https://vivreetesperer.com/?p=744

« En eau profonde ». https://vivreetesperer.com/?p=409

« Sur la terre comme au ciel » http:/www.vivreetesperer.com/p=338

Comme les petits enfants

Accueil, confiance et émerveillement

Odile Hassenforder : Sa présence dans ma vie.

Lieu ordinaire : dans la banlieue sud de la région parisienne, au troisième étage d’un petit immeuble, un angle de vue sur un mélange de végétation et de constructions et un  vaste espace de ciel. Mais, à partir de ce lieu ordinaire, dans une méditation quotidienne, Odile sait s’émerveiller. Elle apprend à recevoir. Elle découvre une harmonie. « Une atmosphère de confiance germe en moi. Je pense à l’enfant qui accueille la vie…Je deviens de plus en plus attentive à la semence intérieure qui germe, à l’écoute de l’intuition spirituelle,  à l’éveil de tout ce qui est bien-beau-bon autour de moi ». (1)

Mon fauteuil de méditation matinale est orienté à l’est.

J’aime admirer le lever de soleil, ces nuages qui s’éclairent, se colorent, passent du gris au rosé, avancent plus ou moins vite selon le vent… La vie est mouvement. La vie est énergie. Elle n’est pas statique comme l’expriment des pessimistes aveugles à ce renouvellement perpétuel.

Pour ma part, de tels spectacles de la nature, de la simple pâquerette au coucher du soleil et au ciel étoilé, m’émerveillent. Je sens mon cœur se dilater. J’appartiens à cet univers visible, mais  aussi invisible…Quelle magnificence. Emerveillement qui suscite l’adoration du Créateur : « L’homme a-t-il tant d’importance pour que tu t’occupes de lui ? » (Psaume 8/5). Et moi, je me sens toute petite, et pourtant je suis une créature merveilleuse (Psaume 139/14).

Un contentement intérieur s’établit peu à peu en moi. Comme les pièces d’un puzzle s’ajustant les uns aux autres, je découvre peu à peu un magnifique tableau. Cette vision et ce ressenti de bien-être m’envahissent. Et ma respiration devient le lieu de mon corps à mon mental s’épanouissant dans cet univers spirituel qui me dépasse. Alors s’éveille en moi une joie paisible, reliée à l’être suprême, mon Dieu, qui m’habite. Problèmes, inquiétudes, angoisses s’éloignent, se rapetissent comme les objets dans l’image d’un appareil de photo lorsque le focus agrandit le champ de vision. Une atmosphère de confiance germe en moi. Je pense à l’enfant qui accueille la Vie. Les paroles de Jésus me reviennent à l’esprit : « Le Royaume de Dieu appartient à ceux qui ressemblent à ces enfants » (Matt 19/14).

En moi, je connais cette conversion progressive de mon attention : de volontaire qui cherche le « bon modèle » chrétien à reproduire, je deviens de plus en plus attentive à la semence intérieure qui germe, à l’écoute de l’intuition spirituelle en moi et aussi à l’éveil à tout ce qui est bien-beau-bon autour de moi.

Odile Hassenforder

Écrit personnel 2007

 

(1) Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte Temps présent. 2011 (p 213-214)

Sur ce blog : autres textes d’Odile  Hassenforder : https://vivreetesperer.com/?tag=odile-hassenforder

Partager un ressourcement

Une expérience d’accueil et d’accompagnement partagée par Cécile Entremont, psychologue, animatrice et théologienne.

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         Pendant plus de trente ans, en Savoie, dans la région de Chambéry, Cécile Entremont a exercé la profession de psychologue . Peu à peu,  elle en est venue à souhaiter élargir sa relation d’aide dans une dimension d’accueil. C’est pourquoi, elle s’est installée aujourd’hui en Bourgogne du sud, entre Châlon-sur-Saône et Lons-le-Saunier, où avec son mari, elle a pu acquérir et restaurer une grande maison bressanne pour en faire un gîte d’accueil capable de recevoir une quinzaine de personnes.

Cette maison est située en pleine campagne parsemée de bois et d’étangs où on trouve la nature authentique et le silence. La maison est connue sous le nom de « La Reure » et est située sur la commune de La Chapelle Saint-Sauveur. Au long des années, parallèlement à l’exercice de sa profession de psychologue, Cécile est entrée de plus en plus dans un champ spirituel et théologique. Elle a soutenu une thèse en théologie à Strasbourg sur le thème : apprendre la fraternité (1).  Et, par ailleurs, elle anime des sessions dans le domaine de  l’accompagnement spirituel.

          A partir du lieu d’accueil qui s’est ainsi développé à la Reure, deux activités majeures se sont mises en place : réception et organisation de sessions (2).

         Pour le moment, il y a ainsi un accueil régulier de vacanciers à la semaine ou pour des week-ends prolongés. « Les gens viennent beaucoup par l’intermédiaire des Gîtes de France et ils nous choisissent pour le cadre naturel, la qualité de l’hébergement et notre position centrale au milieu de la France ». Par ailleurs, il y a également trois appartements qui permettent d’accueillir,  pendant  une période de une à plusieurs semaines, des personnes qui y viennent pour un suivi d’ordre psychologique et  spirituel. Ces personnes participent au réseau que Cécile entretient à travers ses activités professionnelles ou militantes.

         Parmi les sessions organisées par Cécile, certaines sont animées par des professionnelles amies, par exemple dans le domaine du yoga, du qi gong et de la peinture. Cécile anime deux types de sessions. Il y a des sessions de thérapie de groupe et d’autres, à visée plus spirituelle, telles qu’une session de jeûne, une session de pleine conscience,  une session de ressourcement à partir des éléments de la nature et de la symbolique biblique correspondante (Jardiniers de l’âme). Cécile pense s’orienter de plus en plus vers des propositions qui associent la méditation en pleine conscience et des temps de partage sur le ressenti. Les sessions de thérapie de groupe ne sont pas seulement centrées sur la parole, mais proposent des expériences corporelles et émotionnelles pour prendre en compte la globalité de la personne.  Au total, chaque année, Cécile anime une dizaine de sessions auxquelles participent, à chaque fois, une dizaine de personnes d’horizons variés.

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         « Les personnes cherchent aujourd’hui de plus en plus une voie leur permettant de se recentrer, en prenant en compte les différents aspects de leur histoire et en associant corps et esprit. La méditation en pleine conscience permet ce recentrage dans l’expérience vécue de l’ici et maintenant, et une meilleure présence au monde, un meilleur équilibre mental face aux stress et aux angoisses générées par la société actuelle.  La pratique de la pleine conscience en sessions de groupe permet aussi de développer un sens du vivre ensemble, de la convivialité et même de la fraternité ».

         « Les gens qui viennent sont en recherche de profondeur, d’intériorité et d’authenticité. Leur chemin d’évolution commence souvent par une recherche de développement personnel pour continuer dans un approfondissement spirituel ». Dans le dialogue correspondant, Cécile explicite ses références parmi lesquelles figurent son identité chrétienne et sa formation de théologienne.   « Si j’accompagne quelqu’un qui est chrétien, je prie avec lui, relie ce qu’il vit à des textes bibliques. Pour les autres, en respectant la voie de chacun, il est tout à fait possible pour moi de méditer avec lui sur un texte du trésor spirituel de l’humanité ».

         Quelles sont les évolutions et les découvertes des participants au cours de ce temps partagé ?  « Chez beaucoup, il se produit une réconciliation avec l’intérieur de soi, l’ouverture aux autres et un  désir de continuer ce chemin d’ouverture, y compris dans la vie quotidienne ».

          « En faisant des études de théologie, je me suis sentie interpellée par le fait que la plupart des institutions chrétiennes n’offrent pas de ressources spirituelles en phase avec l’attente de nos contemporains. Je ressens la distance, et même le fossé qui existe entre beaucoup de personnes et ce qu’elles ont vécu ou ce qu’elles perçoivent dans les institutions religieuses. Aussi, ma réponse se situe sur un plan plus personnel, et pour les chrétiens sur le plan de la spiritualité chrétienne. Dans les sessions que j’anime, j’essaie de répondre à la demande de ressourcement et de sens que je peux percevoir. Le lieu d’accueil que nous avons ouvert, mon mari et moi,se veut un  espace d’accueil et de respiration où tout soit en harmonie, y compris la prise en compte de la dimension écologique ».

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Propos recueillis auprès de Cécile Entremont

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(1)            Thèse de doctorat soutenue par Cécile Entremont : De l’intériorité à l’altérité. Evolution de petits groupes d’adultes aux frontières de l’Eglise. http://www.temoins.com/enqu-tes/de-l-interiorite-a-l-alterite-evolution-de-petits-groupes-d-adultes-aux-frontieres-de-l-eglise.html

(2)            http://amisdelareure.fr

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On pourra lire également sur ce blog :

Des expériences de transcendance, cela peut s’explorer. https://vivreetesperer.com/?p=1505

Et si je tentais d’exposer ce que je ressens par la peinture ou le graphisme pour y voir plus clair !

https://vivreetesperer.com/?p=1428

Vivant dans un monde vivant !

https://vivreetesperer.com/?p=1371

Accéder au fondement de son existence.

https://vivreetesperer.com/?p=1295

Apprendre à écouter son monde intérieur et à le déchiffrer.

https://vivreetesperer.com/?p=959