par jean | Nov 2, 2015 | ARTICLES , Expérience de vie et relation , Hstoires et projets de vie , Vision et sens |
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Un tĂ©moignage de JĂŒrgen Moltmann
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Parce que nous croyons que le principe de la vie, câest lâamour comme le cĆur de ce que nous vivons et de ce Ă quoi nous sommes appelĂ©s, tel que JĂ©sus lâexprime en une parole magistrale (Mat 22.37-40), nous entrons pleinement dans une conception dâun univers prĂ©disposĂ© Ă la relation, un univers oĂč tout se tient, oĂč tout se relie et interagit, un univers oĂč nous sommes appelĂ© Ă rejeter tout ce qui sĂ©pare : les exclusions, les Ă©gocentrismes, la dissolution des liens. Oui, la spiritualitĂ© est bien « une conscience relationnelle  » (1). Nous croyons que cette relation ne sâarrĂȘte pas au monde prĂ©sent, mais quâen Dieu, communion dâamour, les ĂȘtres humains ne « disparaissent » pas corps et bien. Comme lâĂ©crit JĂŒrgen Moltmann, on peut Ă©voquer « une communion des vivants et des morts » (2) qui sâinscrit dans le mouvement oĂč Dieu prĂ©pare en Christ ressuscitĂ© une nouvelle crĂ©ation, un monde dans lequel Il sera « tout en tous » (1 Corinthiens 15.28) .
Dans une autobiographie qui relate les Ă©tapes de son oeuvre thĂ©ologique (3), JĂŒrgen Moltmann a Ă©crit une page Ă©mouvante qui dĂ©crit la nouvelle forme de la relation avec son pĂšre aprĂšs la mort de celui-ci. Cette expĂ©rience, vĂ©cue dans une profonde humanitĂ©, et Ă©clairĂ©e par la foi, est, pour nous, une lumiĂšre qui peut nous Ă©clairer dans des passages de deuil. Câest pourquoi, nous en partageons ici quelques extraits (4). En 1982, ĂągĂ© de 85 ans, le pĂšre de JĂŒrgen est mort brusquement dâune crise cardiaque. JĂŒrgen Moltmann nous rapporte ce quâil a Ă©crit dans les semaines qui ont suivi ce dĂ©part :
« PĂšre, oĂč es-tu ? Jusquâici, cela allait de soi. Je savais que tu Ă©tais Ă Hambourg assis Ă ton bureau⊠Je savais que tu devenais plus ĂągĂ©, plus faible. Mais tu Ă©tais toujours lĂ , fiable et toujours attentif : mon pĂšre.  Maintenant, je ne peux plus te trouver, mais tu ne tâes pas Ă©vanoui. Tu nâas pas disparu. Tu es plus prĂ©sent que jamais pour moi. Tu as Ă©chappĂ© aux limitations de lâespace et du temps. Quand je pense Ă toi, je ne te vois pas seulement comme tu as Ă©tĂ© dans ta vieillesse, mais aussi comme tu Ă©tais au sommet de ta force, comme tu Ă©tais quand jâĂ©tais un petit enfant et que, juchĂ© sur tes Ă©paules, je cachais mes yeux avec mes mains, et aussi, quand tu Ă©tais jeune homme et quâĂ lâĂąge de 17 ans, tu es parti Ă la guerre en 1914⊠Je tâentends, je te vois, je sens ta proximitĂ©. Es-tu parti ainsi pour que tu puisses venir Ă moi de cette maniĂšre. Tu est mort corporellement pour ĂȘtre prĂ©sent Ă nous dans lâesprit »âŠ. « Câest le miracle de la transformation des morts que jâai expĂ©rimentĂ© aprĂšs la mort de mon pĂšre avec toute cette intensité ». Moltmann poursuit ensuite sa mĂ©ditation dans une rĂ©flexion thĂ©ologique : « Les morts ne sont pas « morts », trĂšs loin de nous, dĂ©pourvus de sens pour nous si bien que nous puissions les oublier rapidement. Ils sont Ă cĂŽtĂ© de nous et en nous, et notre vie est en dialogue continuel avec eux. Nous vivons dans leur passĂ© qui est maintenant prĂ©sent et ils existent dans notre prĂ©sent. Nous vivons avec ce que les morts nous doivent et ce que nous leur devonsâŠÂ ». JĂŒrgen nous parle aussi de sa mĂšre : « Dans le cas de ma mĂšre, je nâai pas eu de problĂšme avec sa mort :  Comme si câĂ©tait une Ă©vidence, elle Ă©tait et elle est prĂ©sente Ă moi dans tout ce que fais et que jâexpĂ©rimente dans le registre dâune confiance fondamentale ».
Bien sĂ»r, les ressentis personnels sont diffĂ©rents selon chacun. Câest lĂ une expĂ©rience intime et toute personnelle. Elle peut ĂȘtre interprĂ©tĂ©e dans le contexte de la pensĂ©e thĂ©ologique de Moltmann. Ainsi a-t-il beaucoup Ă©crit Ă ce sujet. On pourra accĂ©der facilement Ă son approche Ă travers le livre : « De commencements en recommencements » (2). « Plus nous nous approchons du Christ, plus les morts nous sont proches. Dans les cultes qui se tiennent dans les communautĂ©s ecclĂ©siales en AmĂ©rique latine, on appelle souvent le nom des « disparus », de ceux qui ont Ă©tĂ© assassinĂ©s par la dictature militaire, et la communautĂ© rĂ©pond : « PrĂ©sent » Ils nâont pas disparu. Ils ne sont pas morts. Ils sont prĂ©sents en Christ et parmi nous ». (p 164).
Bien entendu, au moment de leur dĂ©part, les personnes dĂ©cĂ©dĂ©es peuvent Ă©veiller des sentiments divers. JĂŒrgen Moltmann exprime lĂ avec Ă©motion, une affection paisible, qui, dans le contexte de sa pensĂ©e thĂ©ologique, permet dâaller au delĂ .
Voici une prĂ©cieuse ressource pour ceux qui sâinterrogent sur le sens de lâexistence.
J H
(1)           « La vie spirituelle comme une « conscience relationnelle ». Une recherche de David Hay sur la spiritualité » : http://www.temoins.com/etudes/recherche-et-innovation/etudes/la-vie-spirituelle-comme-une-l-conscience-relationnelle-r/all-pages.html
(2)           Moltmann (JĂŒrgen). De commencements en recommencements. Une dynamique dâespĂ©rance. Empreinte Temps prĂ©sent, 2012 (Chapitre : la communion des vivants et des morts : p 159-167). Sur ce blog : prĂ©sentation de lâouvrage : « Une dynamique de vie et dâespĂ©rance » : https://vivreetesperer.com/?p=572
(3)           Moltmann (JĂŒrgen). A broad place. An autobiography. SCM Press, 2007. Mise en perspective sur le blog : « LâEsprit qui donne la vie » : « Une thĂ©ologie pour notre temps » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=695
(4)           Les extraits concernant lâexpĂ©rience de JĂŒrgen Moltmann dans la poursuite de la relation avec son pĂšre, sont empruntĂ©s au chapitre : « My parents die » (p 321-323)
Sur ce blog, voir aussi :
« Sur la terre comme au ciel » : https://vivreetesperer.com/?p=338
« Une vie qui ne disparaßt pas » :
https://vivreetesperer.com/?p=336
« Une théologie pour la vie » :
https://vivreetesperer.com/?p=1917
par jean | Nov 30, 2014 | ARTICLES , Emergence Ă©cologique , Hstoires et projets de vie |
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Chercher et communiquer pour agir
Dans son « talk » en 2014 Ă Ted x Nantes (1) , Anne-Sophie Novel retrace son parcours de militante Ă©cologiste et de pionniĂšre de lâĂ©conomie collaborative . A travers un travail soutenu de communication et dâexpression sur internet, elle a contribuĂ© efficacement Ă lâavancement des causes dans lesquelles elle est engagĂ©e. Son influence sâexerce Ă travers la relation et le partage, aussi a-t-elle pu intituler son intervention : « Cultiver son pouvoir dâagir  ». Anne-Sophie Novel Ă©crit aussi des livres. Et, sur ce blog, nous avons rendu compte de son livre pionnier : « Vive la COrĂ©volution. Pour une sociĂ©tĂ© collaborative » (2). Ainsi, nous sommes heureux de retrouver Anne-Sophie Novel dans ce talk oĂč nous dĂ©couvrons son parcours et les convictions qui lâaniment.
A la suite de lâattentat contre le World Trade Center Ă New-York en 2001, observant la rapide rĂ©ouverture de Wall Street, elle sâinterroge sur les rapports entre lâĂ©conomie et le terrorisme et entreprend une thĂšse sur ce sujet. Au cours de ce travail, deux conclusions lui viennent Ă lâesprit : « La majoritĂ© des attentats sont liĂ©s Ă des conflits autour des ressources naturelles. La menace terroriste nâest rien au regard de la menace Ă©cologique ».
En 2007, elle sâengage davantage dans la promotion de lâĂ©cologie avec « lâAlliance pour la planĂšte » et la rĂ©alisation dâun blog : « A lâĂ©vidence ». et dâun site connectant lâinformation dans ce domaine : « Ecolo info ». En 2009, dans le milieu de lâinformation, elle participe activement Ă la ConfĂ©rence de Copenhague. Dans la dĂ©ception engendrĂ©e par les blocages qui ont entravĂ© cette confĂ©rence, elle est amenĂ©e Ă exprimer deux convictions : « Le changement ne viendra pas du haut, mais du bas Ă des Ă©chelles ultralocales, au niveau des villes et des territoires. Le changement est dĂ©jĂ en marche. La sociĂ©tĂ© civile et les citoyens agissent de partout. Parce que cela va mal et parce quâils veulent aussi rĂ©inventer leur quotidien ».
« Jâai envie dâen parler, donc je mâintĂ©resse et jâexplore lâidĂ©e selon laquelle le partage va changer le monde. Je commence Ă faire une veille sur la coopĂ©ration ». Les termes varient selon les pays : « collaboration radicale » aux Etats-Unis, « co-opportunité » en Grande-Bretagne. En France, on commence Ă parler de « consommation collaborative ». « Et lĂ , cela fait tilt. Je rĂ©alise quâon nâest pas en train de vivre une simple crise. Nous sommes dans une transition. Chaque jour, des pans entiers de notre Ă©conomie sont en train de se fissurer. Des failles bĂ©antes laissent sâimmiscer des jalons dâune nouvelle Ă©conomie. On a appris avec le web et le numĂ©rique Ă partager de lâinformation et maintenant on partage bien plus que de lâinformation » dans des aspects trĂšs divers de notre vie quotidienne. « Nous sommes interconnectĂ©s en permanence. Sous couvert de crise Ă©conomique, nous sommes en train de retisser du lien social et cela a un effet positif pour la planĂšte. En rĂ©alitĂ©, nous sommes en train de court-circuiter lâĂ©conomie classique. La consommation, la production, la distribution, la finance, lâĂ©ducation, la politique sont en train de se fissurer et vont devoir se rĂ©inventer de lâintĂ©rieur . Les ONG, avec de nouveaux pouvoirs dâagir, ont une force supplĂ©mentaire. Les organisations vieillissantes, hiĂ©rarchiques, descendantes vont devoir sâhorizontaliser et, finalement, on ne devra plus manager, mais faciliter les Ă©changes dans les organisations. Câest ce que jâai appelĂ© une « Co-rĂ©volution ». De fait, le livre dâAnne-Sophie Novel et StĂ©phane Riot Ă©claire pour nous le nouveau monde qui est en train de naĂźtre.
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Dans cette vidéo, en annonçant des points de vigilance, Anne Sophie-Novel nous propose des pistes pour comprendre le changement et pour avancer.
« Le monde, dans lequel nous vivons, sâaccĂ©lĂšre. Il se complexifie. Il crĂ©e des crispations. Il crĂ©e une montĂ©e des extrĂȘmes. Mais je crois quâon doit quand mĂȘme abandonner les idĂ©es provinciales. Changer nâest pas facile, mais cela se travaille ». Câest un temps de crise et on ne retrouvera pas la situation antĂ©rieure. « On va passer par des zones de turbulence quâon a jamais connu jusque lĂ . Il vaut mieux anticiper pour imaginer de nouveaux possibles ».
« LâĂ©conomie collaborative ou la co-rĂ©volution sont parmi ces possibles. Mais Ă quoi bon rĂ©fĂ©rencer ses biens en ligne si câest pour marchandiser la plus petite intimitĂ© de notre vie. Il nous faut promouvoir beaucoup de transparence et de logique ouverte. Lâinnovation ne sert de rien si on ne dĂ©veloppe pas Ă©galement une vision plus adaptĂ©e aux enjeux dâaujourdâhui ».
Aujourdâhui, on dispose de toutes les solutions, de tous les rapports. « Ce qui nous manque bien souvent, câest une vision et des dirigeants qui ont le courage de sâengager dans cette vision. Mais nous, avec notre pouvoir dâagir, nous avons tout pour les y mener. Letâs go  ! »
Dans ce talk, Anne-Sophie Novel nous invite Ă cultiver « notre pouvoir dâagir ». Tout au long de son parcours, elle a rĂ©alisĂ© des outils de communication pour partager : des blogs (3), des livres (4)⊠Elle associe recherche, expertise et communication.
DâexpĂ©rience, nous savons que le changement passe par une Ă©volution des reprĂ©sentations, car celles-ci induisent nos comportements. Notre pouvoir dâagir, câest bien de contribuer Ă cette Ă©volution.  Ensemble, nous pouvons partager la vision et lâenthousiasme quâAnne-Sophie Novel nous communique.
J H
(1)           « Cultiver son pouvoir dâagir » : Anne-Sophie Novel Ă TEDx Nantes : http://tedxnantes.fr/?p=396
(2)           Novel (Anne-Sophie) Riot (StĂ©phane). Vive la COrĂ©volution ! Pour une sociĂ©tĂ© collaborative. Alternatives, 2012 (ManifestĂŽ)      Mise en perspective sur ce blog : « Une rĂ©volution de « lâĂȘtre ensemble » : https://vivreetesperer.com/?p=1394
(3)           Blogs : « De moins en mieux » : http://www.demoinsenmieux.com/   « MĂȘme pas mal. Partage dâinitiatives pour mode de vie en temps de crise » : http://alternatives.blog.lemonde.fr/a-propos/
(4)           Novel (Anne-Sophie). La Vie Share. Mode dâemploi. Alternatives, 2013 . En automne 2014, vient de paraĂźtre un recueil de 10 entretiens Ă©ditĂ© par Olivier Le Naire : Le Naire (Olivier) ed. Nos voies dâespĂ©rance. Entretiens avec dix grands tĂ©moins pour retrouver la confiance. Actes Sud/ Les liens qui libĂšrent. Contribution de Anne-Sophie Novel : « Apprendre Ă partager. Humaniser lâĂ©conomie. De la lucidité » p 59-80. Le point sur la pensĂ©e de Anne-Sophie Novel. Voir Ă ce sujet en vidĂ©o, une courte intervention de lâauteure. http://www.dailymotion.com/video/x25a3u7_anne-sophie-novel-2-nve_webcam
Sur ce blog, voir aussi :
« Pour une sociĂ©tĂ© collaborative ! Un avenir pour lâhumanitĂ© dans lâinspiration de lâEsprit » https://vivreetesperer.com/?p=1534
« LâĂ©re numĂ©rique. Glles Babinet, un guide pour entrer dans ce nouveau monde » https://vivreetesperer.com/?p=1812
« Un mouvement Ă©mergent pour le partage, la collaboration et lâouverture. OuiShare : une communautĂ© leader dans le champ de lâĂ©conomie collaborative » https://vivreetesperer.com/?p=1866
par jean | Août 7, 2023 | ARTICLES , Emergence écologique |
Ecothéologie et pentecÎtisme
Dans la prise de conscience Ă©cologique, une nouvelle vision thĂ©ologique est apparue au point de porter un nom : Ă©cothĂ©ologie. Michel Maxime Egger nous en a montrĂ© les diffĂ©rents visages (1). Nous savons aussi comment le thĂ©ologien JĂŒrgen Moltmann a sous-titrĂ© son livre : « Dieu dans la crĂ©ation » paru dĂšs 1988 : « TraitĂ© Ă©cologique de la crĂ©ation » et poursuivi ensuite constamment son Ćuvre en ce domaine (2). En 2015, le pape François publie dans ce domaine une encyclique retentissante : « Laudato siâ » (3). Dans la derniĂšre dĂ©cennie, ce mouvement est Ă©galement apparu dans le champs pentecĂŽtiste, du moins chez certains thĂ©ologiens anglophones. Sachant lâexpansion actuelle du pentecĂŽtisme dans le monde, ce fait est important dâautant que certaines manifestations politiques du pentecĂŽtisme dans certains pays ont pu ĂȘtre contestĂ©es. A J Swoboda est pasteur et professeur de thĂ©ologie, notamment Ă la facultĂ© Fuller (4). Il se dĂ©clare un environnementaliste pentecĂŽtiste : « Le soin portĂ© Ă la crĂ©ation est un aspect intĂ©gral de lâĆuvre relationnelle du Saint Esprit dans le monde » (5). A J Swoboda a Ă©crit sur cette questions plusieurs livres qui font rĂ©fĂ©rence : « Tongues and trees. Towards a Pentcostal Ecological Theology » (6) ; « Introducing Evangelical Ecotheology. Foundations in Scripture, Theology, History and Praxi s ». Aussi a-t-il Ă©ditĂ© un recueil dâĂ©crits thĂ©ologiques : « Blood cries out. Pentecostals, Ecology and the Groans of Creation  » (Pentecostals, Peacemaking and Social Justice) (7).
Le âJour de la Terreâ
Lâinstauration dâun âJour de la Terreâ aux Etats-Unis en 1970, initiative suivie internationalement, tĂ©moigne dâune Ă©closion de la prise de conscience Ă©cologique. CâĂ©tait un jour de mĂ©ditation et dâaction pour restaurer la relation humaine avec la terre. Le fondateur et le visionnaire du âjour de la Terreâ fut John McConnell Jr . Dans son livre : « Blood cries out », (7) A J Swoboda nous dĂ©crit cette personnalitĂ© dans son parcours spirituel, nous signifiant par lĂ que la prĂ©occupation Ă©cologique a pu ĂȘtre prĂ©sente en quelquâun fortement marquĂ©e par une inscription familiale pentecĂŽtiste. Les parents de McConnell ont Ă©tĂ© membres fondateurs de la charte des assemblĂ©es de Dieu en 1914. Son propre grand-pĂšre fut mĂȘme un participant au grand rĂ©veil de la Rue Azuza Ă Los Angeles en 1906. Ainsi le âJour de la Terreâ a commencĂ© avec de fortes convictions religieuses. McConnell ,voyant la crise Ă©cologique Ă travers sa culture religieuse, « envisageait un jour oĂč les chrĂ©tiens pourraient montrer la puissance de la priĂšre, la valeur de leur charitĂ© et leur prĂ©occupation pratique pour la vie et les gens de la terre ». Ce rappel historique est une entrĂ©e en matiĂšre qui lĂ©gitime une approche thĂ©ologique pentecĂŽtiste de lâĂ©cologie.
Univers écologique et univers pentecÎtiste : tout est relation
Brandon Rhodes Ă©tait Ă©tudiant Ă lâuniversitĂ© dâOregon (Etats-Unis) et il y frĂ©quentait deux univers : lâĂ©cologie et le pentecĂŽtisme (6). Dans la communautĂ© pentecĂŽtiste, il se voit proclamer lâimportance de la relation : « Le Royaume de Dieu porte entiĂšrement sur les relations ». A travers leur vie ensemble, les Ă©tudiants pentecĂŽtistes « apprenaient Ă voir et Ă nommer lâĆuvre de lâEsprit dans leur vie et dans leurs relations quotidiennes ». Cependant, dans ses Ă©tudes en Ă©cologie, Brandon Rhodes sâĂ©veillait à « lâinterconnexion de toutes choses , comme les champignons qui sâemploient Ă constituer un rĂ©seau relai entre les arbres de la forĂȘt. Quand un feu, une sĂ©cheresse ou une tronçonneuse frappe un arbre, la forĂȘt entiĂšre en frisonne de conscience. En Ă©cologie, la relation, câest tout. Cette prise de conscience a profondĂ©ment influencĂ© la maniĂšre dont je voyais la terre ». « La CrĂ©ation brille de vie, de relation et dĂ©borde dâun saint mystĂšre ». « Avec le temps, cette rĂ©sonance entre lâĂ©cologie et le pentecĂŽtisme me devint tout-Ă -fait Ă©vidente. Le Royaume de Dieu porte entiĂšrement sur la relation et il en va de mĂȘme pour lâĂ©cologie. Le royaume de Dieu dans lâEsprit est Ă©cologique et vice versa. Je le ressentais dâune maniĂšre palpable dans cet environnement verdoyant des montagnes de lâOregon ».
A la recherche dâune rencontre entre la rĂ©flexion thĂ©ologique et lâexpĂ©rience
Brandon Rhodes constata pourtant que le pastorat pentecĂŽtiste percevait rarement la connexion entre les deux approches, et plus gĂ©nĂ©ralement la valeur de lâĂ©cologie. Ce fut donc avec joie quâil accueillit la parution du livre de A J Swoboda, un ouvrage qui Ă©tablissait un pont par dessus la division entre Ă©cologie et pentecĂŽtisme . Et, encore mieux, il rencontra lâauteur habitant dans le mĂȘme voisinage. Le livre de Swoboda : « Tongues and trees : toward a pentecostal ecological theology » formule sa thĂšse de doctorat pour un public plus large. Cependant, Brandon Rhodes sâinterroge sur le format acadĂ©mique qui peut donner lâimpression que le message descend dâen haut vers des rĂ©alitĂ©s sociales qui montent dâen bas. « Le dĂ©fi majeur pour Swoboda est de transmettre des idĂ©es acadĂ©miques de haut en bas vers une tribu Ă la base, celle de lâĂ©glise pentecĂŽtiste. A J Swoboda trace bien quelques pistes comme « imposer les mains Ă la terre pour sa guĂ©rison, ou bien prĂȘcher des eschatologies crĂ©ationnelles ». Mais Brandon Rhodes reste en partie sur sa faim.
« Un Ă©pilogue plus dĂ©veloppĂ© en terme de pratiques pentecĂŽtistes, expĂ©riences Ă©cologiques, incursions liturgiques, comportements mystiques Ă lâintention de lâĂ©glise locale aurait idĂ©alement arrondi ce travail ».
Un témoignage et un parcours de recherche
 Brandon Rhodes partage avec nous sa vision de foi. « Le pentecĂŽtisme, ce nâest pas seulement une maniĂšre de prĂȘcher, chanter, se rassembler et prier. Câest fondamentalement dĂ©velopper des cĆurs ouverts Ă lâactivitĂ© de lâEsprit. Câest une imagination active se demandant oĂč JĂ©sus peut ĂȘtre Ă lâĆuvre Ă travers lâEsprit ».
« Cependant ce comportement pentecĂŽtiste tournĂ© vers lâEsprit refuse dâĂȘtre commodĂ©ment institutionnalisĂ©, planifiĂ©, prĂ©emballĂ© pour une consommation ecclĂ©siale ».
« Swoboda semble appeler lâĂ©cothĂ©ologie Ă nourrir notre capacitĂ© de voir la crĂ©ation comme une arĂšne oĂč se montre la vie de Dieu. Si je le lis fidĂšlement en pentecĂŽtiste, il dĂ©sire nous amener Ă devenir des magiciens verts plutĂŽt que des Ă©cothĂ©ologiens â des guides mystiques Ă mĂȘme de nous faire voir la magie dont ce monde est abreuvĂ© par le Saint Esprit. LâEsprit holistique, baptisant la crĂ©ation, vers oĂč « Tongues and Trees » dirige le pentecĂŽtisme, est vivant et actif dans le monde ». Brandon Rhodes nous appelle « Ă avoir des yeux pour le voir et Ă rĂ©pondre dans la repentance ».
Aperçus
 Suite à son analyse, Brandon Rhodes présente un résumé détaillé du livre : « Tongues and Trees ». En voici quelques extraits.
Swoboda prĂ©sente les apports des diffĂ©rentes dĂ©nominations Ă lâĂ©cothĂ©ologie. En ce qui concerne le pentecĂŽtisme, il perçoit certaines dispositions favorables. « Dâabord, le pentecĂŽtisme met lâaccent sur ce que Miroslav Wolf appelle : « la matĂ©rialitĂ© du salut » ce qui historiquement sâest prĂȘtĂ© Ă une attention pour des questions de justice sociale â une disposition qui sâouvre tout naturellement Ă honorer le monde matĂ©riel et, dans de nombreux cas, lĂ oĂč la dĂ©gradation Ă©cologique accroit les injustices existantes. DeuxiĂšmement, lâaccent pentecĂŽtiste sur lâEsprit se prĂȘte au tĂ©moignage biblique de lâEsprit de Dieu vivifiant et mĂȘme baptisant toute la crĂ©ation. Ainsi nous devons attendre les charismes non seulement de lâĂ©glise charismatique, mais du reste du royaume de la crĂ©ation.
Swoboda rĂ©sume son bilan des Ă©cothĂ©ologies charismatiques en deux points majeurs : « Dâabord si lâEsprit de Dieu crĂ©e et vit dans la crĂ©ation et le peuple de Dieu, les deux sont en voie de restauration Ă la relationalitĂ©. La relationalitĂ© est la force mĂȘme de la thĂ©ologie et de la pratique pentecĂŽtiste. Ultimement, câest la force des thĂ©ologies Esprit/crĂ©ation. Lâaccent pentecĂŽtiste sur une Ă©glise interconnectĂ©e â par â lâEsprit, nous enjoint de joindre la âconversationâ. Jâai trouvĂ© dans mon enseignement de lâĂ©cologie lâinterconnexion de la terre elle-mĂȘme. DeuxiĂšmement, Swoboda conclut de cette recherche que notre tĂąche future est de nourrir une imagination pneumatologique concernant le « care » Ă©cologique.
Le dĂ©veloppement de lâapproche Ă©cologique transforme notre vision du monde. Elle nous incite Ă considĂ©rer quâil y plus grand que nous et que nous nous inscrivons dans un tissu de relations. Cette vision nous invite Ă entrer dans une vision spirituelle oĂč la PentecĂŽte apparaĂźt comme une figure privilĂ©giĂ©e. On comprend quâun thĂ©ologien pentecĂŽtiste assume lâapproche Ă©cologique en espĂ©rant que cette attitude se rĂ©pande dans sa dĂ©nomination comme elle sâĂ©tend dans dâautres Ă©glises.
Rapporté par J H
Ecospiritualité : https://vivreetesperer.com/ecospiritualite/
Dieu dans la création : https://lire-moltmann.com/dieu-dans-la-creation/
Convergences Ă©cologiques :Jean Bastaire, JĂŒrgen Moltmann, pape François et Edgar Morin : https://vivreetesperer.com/convergences-ecologiques-jean-bastaire-jurgen-moltmann-pape-francois-et-edgar-morin/
A J Swoboda Ph DÂ : https://www.bushnell.edu/faculty/a-j-swoboda/
A J Swoboda : I am a pentecostal environmentalist : https://faithandleadership.com/aj-swoboda-im-pentecostal-environmentalist
Book Review, Tongues and trees. Toward a pentecostal ecological theology : https://christandcascadia.com/2014/08/01/book-review-tongues-and-trees-toward-a-pentecostal-ecological-theology/
A J Swoboda. Blood cries out : https://www.amazon.com/Blood-Cries-Out-Pentecostals-Peacemaking/dp/1625644620
par jean | Nov 1, 2023 | Vision et sens |
Tout se tient. Nous sommes reliĂ©s, interconnectĂ©s. DĂšs 2006, dans son livre : âSomething there â (1), David Hay Ă©voque la spiritualitĂ© en terme de âConscience relationnelle â. Ainsi, dans la part de cette recherche consacrĂ©e Ă la vie enfantine, lâanalyse des conversations avec les enfants montrait combien ils se sentaient reliĂ©s Ă la nature, aux autre personnes, Ă eux-mĂȘmes et Ă Dieu .
Depuis la fin du XXe siĂšcle, la reconnaissance de cette reliance transparait dans la thĂ©ologie chrĂ©tienne avec lâapparition de la nouvelle thĂ©ologie trinitaire de JĂŒrgen Moltmann. Dieu est communion (2). De mĂȘme, Richard Rohr Ă©voque constamment la rĂ©alitĂ© dâune interconnexion (3). Cette prise de conscience de lâimportance de la relation est Ă©galement un phĂ©nomĂšne culturel : âRelions-nous  !â (4). Ce livre prĂ©sente un mouvement de pensĂ©e. Et voici quâun âManuel de transition intĂ©rieure â, un livre qui vient nous introduire dans le changement personnel requis par lâentrĂ©e dans un nouvel Ăąge, un Ăąge Ă©cologique, un Ăąge du vivant, sâaffiche dans le titre de âRelianceâ (5). Pour rĂ©pondre au dĂ©rĂšglement planĂ©taire, un vĂ©ritable âchangement de paradigmeâ sâimpose et requiert âune transition tant intĂ©rieure quâextĂ©rieure â. « Cette mĂ©tamorphose de notre âĂȘtre-au-mondeâ appelle un rĂ©veil de lâimaginaire, un dĂ©passement des dualismes, et une ouverture Ă la spiritualité ». Cet ouvrage a pour auteurs, Tylie Grosjean, Elie Wattelet et Michel Maxime Egger, souvent Ă©voquĂ© sur ce site (6). A lâintention du vaste public auquel ce livre est destinĂ©, un chapitre est consacrĂ© Ă une âouverture Ă la spiritualitĂ© â et câest dans ce chapitre que nous avons puisĂ© les Ă©lĂ©ments dâune rĂ©flexion sur la ârelianceâ.
Reliance au plus grand que soi
Les auteurs mettent en Ă©vidence un « regain de spiritualitĂ© , en lien en particulier avec des engagements Ă©cologiques et sociĂ©taux ». « Ce nâest pas quâun effet de mode. Il constitue une tendance de fond dans le monde occidental . En toute rigueur intellectuelle, il convient de le prendre en compte dans une approche de la transition qui se veut holistique et dynamique » (p 102-103).
Mais quâest-ce que la spiritualitĂ©  ? Peut-on en approcher une dĂ©finition ? En fait, « le mot renvoie Ă des expĂ©riences plurielles qui ressortent notamment dans une large enquĂȘte menĂ©e en 2013 auprĂšs de personnes frĂ©quentant le forum 104, carrefour parisien entre spiritualitĂ© et transition. A la question : quâest-ce que la spiritualitĂ©Â ? on peut lire des rĂ©ponses trĂšs diverses : la rencontre de lâĂȘtre humain avec son Ăąme ; la quĂȘte de la rĂ©alitĂ© de ce que nous sommes au-delĂ des apparences ; ce qui donne sens Ă ma vie ; ĂȘtre reliĂ© au divin qui est en chacun de nous⊠une rĂ©alitĂ© invisible, mais qui existe, porteuse de valeurs et dâidĂ©aux pour lâhumanitĂ© ; un chemin de connaissance de soi et un Ă©veil Ă lâau-delĂ âŠÂ ». Les auteurs avancent cette proposition : « la spiritualitĂ© dĂ©signe la relation Ă un autre plan du rĂ©el de la vie et de la conscience : âle plus grand que soiâ  ». Comme lâĂ©tymologie du mot renvoie Ă âlâespritâ, « dans notre perspective, ce nâest pas seulement la vie de lâesprit (avec une minuscule), mais la vie de ou dans lâEsprit (avec une majuscule) comme expression justement du âplus grand que soiâ » (p 103). DiffĂ©rentes versions sont ensuite Ă©voquĂ©es : immanence, transcendance, immanence et transcendance (panenthĂ©isme ).
« Pour une spiritualitĂ© de la transition qui ne peut ĂȘtre que non dogmatique, ouverte et sans exclusive, le âplus grand que soiâ est un mystĂšre ineffable qui nous dĂ©passe et fait partie inhĂ©rente de la vie sur Terre . Or un mystĂšre ne sâexplique pas et ne se rĂ©sout pas comme une Ă©nigme, il se vit et se cĂ©lĂšbre. Ainsi quâen tĂ©moignent les mystiques, on nây accĂšde quâen participant Ă sa vie mĂȘme. Il Ă©chappe Ă notre comprĂ©hension, excĂšde tous les noms et images dont on lâaffuble⊠Quelles que soient la forme et la dĂ©nomination, pour paraphraser le thĂ©ologien Jean-Yves Leloup , il renvoie Ă lâĂtre, la Conscience, la Vie, la Relation et lâAmour qui est Ă la source de tout ĂȘtre, de toute conscience, de tout vie, de toute relation et de tout amour  » (p 104). « On peut donc entendre la spiritualitĂ© comme une vie reliĂ©e au âplus grand que soi â, lequel est la source secrĂšte, humble, puissante, et fĂ©conde du vivant ».
Cette approche est illustrĂ©e ici par un tĂ©moignage . « Pour Michel Maxime comme pour beaucoup dâautres, une telle expĂ©rience dâĂ©veil a constituĂ© un tournant radical dans sa vie, un moment fondateur et sans retour : « CâĂ©tait en 1984, pendant lâannĂ©e que jâai passĂ© en Inde  ». Il raconte le contexte de son expĂ©rience : « Le corps limĂ© et lâĂąme polie par la route, jâĂ©tais descendu au petit matin au bord dâun Ă©tang dans lequel se mirait un temple. LĂ , dans le silence et la solitude de lâaube, la transparence cristalline de lâeau, jâai Ă©tĂ© soudain submergĂ© par une vague de paix et de lumiĂšre . Les larmes abondantes coulaient san raison et sans fin. Entre le monde et moi, tout soudain Ă©tait communion, amour, harmonie . Rien ne manquait plus, plus rien nâĂ©tait Ă attendre et Ă espĂ©rer. Il y avait juste la vie dans son abondance et sa puissance, lâĂȘtre dans sa plĂ©nitude et sa puretĂ©. A partir de cet instant, rien nâĂ©tait plus comme avant et ne le serait jamais plus ». Cette expĂ©rience de plĂ©nitude rejoint celles dĂ©crites par David Hay dans son livre âSomething thereâ (1). « Une autre dimension de la conscience sâĂ©tait ouverte Ă moi », poursuit Michel Maxime. « Oui, il y a au plus profond de lâĂȘtre et du monde un Esprit, un Souffle, une PrĂ©sence infinie, au-delĂ du temps et de lâespace, qui transcende le rĂ©el et qui le fondeâŠÂ ». Cette vision sâest prĂ©cisĂ©e par la suite : « A cet instant lĂ , ce RĂ©el ultime Ă©tait encore impersonnel ; il nâavait ni nom, ni visage, mais il Ă©tait â il prendra plus tard la forme du Christ. Toute la suite de ma vie jusquâĂ aujourdâhui, a Ă©tĂ© de cultiver les fruits de cette expĂ©rienceâŠÂ » (p 105).
Un sacré relationnel
 « De la refondation spirituelle du cosmos dĂ©coule un art de la reliance . Ătre et vivre, câest ĂȘtre et vivre avec. Cela revient Ă crĂ©er des âĂ©cosystĂšmes de vie bien reliĂ©eâ Ă travers la culture dâun quadruple lien . A soi – au-delĂ de lâego – dans une dĂ©marche de connaissance, dâaccomplissement et dâalignement entre notre ĂȘtre profond, nos aspirations et ce que nous faisons. Aux autres â au-delĂ des frontiĂšres et des identitĂ©s – dans la compassion et lâamour⊠Au vivant – au-delĂ de toutes les sĂ©parations – dans la conscience de nos interdĂ©pendances, la reconnexion profonde avec les autres formes de vie, humaines et autres quâhumaines. A « plus grand que soi » – au-delĂ de tous les dogmes – Ă travers lâaccĂšs Ă des Ă©tats de conscience plus larges, plus profonds et Ă©levĂ©s oĂč nous rĂ©pondons Ă lâappel de lâinfini et accueillons le Souffle qui se donne » (p 111).
Ce sera la relation qui sera au cĆur de notre existence tant pour rĂ©parer des liens que pour en Ă©tablir de nouveaux. Ici les auteurs sâinspirent du philosophe juif Martin Buber . Selon lui, le but est dâĂ©tablir des relations âje-tuâ plutĂŽt que âje-celaâ . « Ce dernier est superficiel, unilatĂ©ral, instrumental . Lâautre⊠y devient un objet au service de lâego sĂ©parĂ© et sĂ©parant. Le âje-tuâ au contraire est profond, rĂ©ciproque et dialogal ⊠Lâautre est rencontrĂ©, accueilli et reconnu sans jugement, dans sa libertĂ©, sa singularitĂ© et sa dimension divine. La dualitĂ© devient communion dâamour, union sans fusion et confusion » (p 112). Le âje-tuâ est le fondement pour construire un ânousâ authentique â si important dans les collectifs de transition – qui permet de dĂ©passer le culture du âmoi-jeâ dans le respect de lâunicitĂ© et de lâaltĂ©ritĂ© de chaque personne. âJe suis parce que nous sommesâ affirme la sagesse traditionnelle bantoue. Et, estime Martin Buber, « à partir dâun certain degrĂ© de vĂ©ritĂ© et de profondeur, un espace sâouvre dans le âje-tuâ oĂč se manifeste un âTu majusculeâ dâessence spirituelle  : le âTu Ă©ternel et divinâ qui par essence ne peut jamais devenir un âcelaâ et constitue lâorigine et la sĂšve de lâamour inconditionnel ». « Cette mĂ©tamorphose revient Ă rĂ©aliser ce que plusieurs traditions de sagesse considĂšrent comme la vocation de lâĂȘtre humain : devenir un pont â Ă lâintĂ©rieur et lâextĂ©rieur de soi – entre la Terre et le Ciel, le matĂ©riel et le spirituel, le fini et lâinfini, le temps et lâĂ©ternité ».
« Dans cette dynamique, nous passons alors de la connaissance sur Ă la connaissance de . Une connaissance qui est co-naissance (naissance avec), directe, intuitive, globale, paradoxale, au-delĂ de la dualitĂ© sujet-objet, dan une saisie immĂ©diate par-delĂ les mots et les images. Le langage de cette connaissance est celui du mythe et du symbole , ses moteurs sont lâĂ©merveillement et lâamour. » (p 112)
Nous entrons ici dans le royaume du sacrĂ© . « ForgĂ© par lâanthropologie culturelle, le âsacrĂ©â est une notion complexe, lourde dâhĂ©ritages divers . Ătymologiquement, il dĂ©signe ce qui est (mis) Ă part, sĂ©parĂ© de lâimpur et du profane. Câest traditionnellement le domaine du âTout Autreâ, tissĂ© de rĂšgles et dâinterdits ».
Aujourdâhui, le sacrĂ© change de visage, dans une nouvelle conscience et un nouveau type dâexpĂ©rience spirituelle (7). Il nâest pas rĂ©ductible au religieux instituĂ© qui nâen est quâune des expressions. Il nâest plus assignĂ© Ă un lieu, mais est potentiellement partout. Il ne sĂ©pare plus, mais relie . Il nâexiste plus en soi, mais Ă©merge Ă travers une relation « je-tu ». Cette expĂ©rience du sacrĂ©, personnelle et intime, croise souvent la mystique religieuse et la mystique sauvage . Elle peut survenir de maniĂšre circonstancielle , Ă la faveur dâune connexion profonde avec le vivant, dâune extase amoureuse, dâune lecture ou dâun rite. Elle peut aussi ĂȘtre le fruit dâun cheminement spirituel oĂč lâon cultive un Ă©tat intĂ©rieur dâalignement entre « plus grand que soi, le vivant et soi-mĂȘme » (p 113).
Dans la foi chrĂ©tienne, une dimension personnelle vient sâinscrire dans la reliance. Elle se manifeste concrĂštement Ă travers la venue de JĂ©sus, lâincarnation divine et la rĂ©surrection du Christ. Comme cela a Ă©tĂ© le cas dans le cheminement de Michel Maxime, ce message pourra ĂȘtre entendu dans le nouveau paysage spirituel qui se manifeste aujourdâhui, tel que ce livre vient le prĂ©senter Ă un vaste public en recherche de sens.
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La vie spirituelle comme âune conscience relationnelleâ. Une recherche de David Hay : https://www.temoins.com/la-vie-spirituelle-comme-une-l-conscience-relationnelle-r/
Dieu, communion dâamour : https://lire-moltmann.com/dieu-communion-damour/
La grande connexion : https://vivreetesperer.com/la-grande-connexion/
Tout se tient. âRelions-nousâ : un livre et un mouvement de pensĂ©e. https://vivreetesperer.com/tout-se-tient/
Michel Maxime Egger, Tylie Grosjean, Elie Wattelet. Reliance. Manuel de la transition intérieure. Actes Sud / Colibris (Domain du possible)
Ecospiritualité : https://vivreetesperer.com/ecospiritualite/ Réenchanter notre relation au vivant : https://vivreetesperer.com/reenchanter-notre-relation-au-vivant/
Comment la reconnaissance et la manifestation de lâadmiration et de lâĂ©merveillement exprimĂ©es par le terme : âaweâ, peut transformer nos vies : https://vivreetesperer.com/comment-la-reconnaissance-et-la-manifestation-de-ladmiration-et-de-lemerveillement-exprimees-par-le-terme-awe-peut-transformer-nos-vies/
par jean | Juin 8, 2015 | ARTICLES , Expérience de vie et relation , Vision et sens |
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Une vulnĂ©rabilitĂ© enveloppĂ©e dâamour
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Lorsquâon a vĂ©cu enfant dans un environnement contraint, il peut nous arriver dâintĂ©rioriser ultĂ©rieurement ces contraintes. La norme reçue se poursuit dans un idĂ©al volontariste. Les conflits engendrĂ©s par des impositions excessives, sâils sont eux-mĂȘmes brimĂ©s, peuvent aussi se retourner en auto-agressivitĂ©. Et celle-ci engendre une recherche de modĂšle pour Ă©viter les tensions intĂ©rieures et Ă©chapper Ă la culpabilisation. Ainsi, pour certains dâentre nous, nous avons, plus ou moins, des difficultĂ©s Ă nous reconnaĂźtre et Ă nous accepter tel que nous sommes. Si le contexte religieux suscite une culpabilisation, il en rĂ©sulte un vĂ©ritable enfermement. Cependant, la psychologie peut nous aider Ă percevoir lâĂ©tendue de nos blocages. Et, par exemple, la non acceptation de soi, peut se traduire dans la mĂ©connaissance du corps. Elle peut aussi engendrer une peur de nos vulnĂ©rabilitĂ©s comme de tout ce qui Ă©chappe Ă notre contrĂŽle puisquâil y quelque chose en nous qui nous inquiĂšte.
Cette attitude ne facilite pas non plus une relation ouverte et dĂ©tendue avec les autres. On manque de libertĂ©. Mais, câest aussi par la relation que la dĂ©livrance peut venir. Bien souvent, on voit des ĂȘtres se transformer parce quâils se sentent aimĂ©s. Ils dĂ©couvrent le bonheur. Ils abandonnent leurs protections et leurs dĂ©fenses. Quelle image avons-nous de Dieu ? Lâenseignement de JĂ©sus manifeste lâamour que Dieu a pour nous. Et cet amour est opĂ©rant. Câest ce que Luc-Olivier Bosset nous fait admirablement dĂ©couvrir dans cette vidĂ©o : « Une vulnĂ©rabilitĂ© enveloppĂ©e dâamour » (1). En lavant les pieds de ses disciples, quelques heures avant son arrestation et sa passion, JĂ©sus manifeste un amour pour ces hommes tels quâils sont, et pour nous aussi⊠Cette mĂ©ditation touche le cĆur et peut se rĂ©Ă©couter Ă plusieurs reprises. En accompagnement, nous proposons ces quelques notes issues de lâexposĂ©. « Le dernier mot sur la vulnĂ©rabilitĂ© est donnĂ© par lâamour de JĂ©sus qui lave tout, qui soigne tout, qui guĂ©rit tout ».
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Le lavement des pieds : un geste dâune profonde douceur.
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« Il fut un temps oĂč lorsquâon dĂ©couvrait quâun enfant Ă©tait gaucher, au lieu de lui permettre dâĂȘtre ce quâil Ă©tait, on le forçait Ă entrer dans un moule, mĂȘme si cela nâĂ©tait pas dans sa nature. Il fallait que cet enfant apprenne Ă Ă©crire avec la main droite, car câĂ©tait la normalitĂ©.
Dans lâEvangile, Ă un moment donnĂ© (Jean 13), on nous raconte que JĂ©sus lave les pieds de ses disciples. Quand il accomplit ce geste, JĂ©sus sait pertinemment que ses disciples ne sont pas des superhĂ©ros. Dans les heures qui vont suivre, quand la tension avec les autoritĂ©s politiques et religieuses va ĂȘtre Ă son comble, JĂ©sus sait trĂšs bien que ses disciples vont se sentir vulnĂ©rables, quâils vont lâabandonner. Câest pourquoi, sentant toute cette fragilitĂ©, le Christ aurait pu profiter des derniĂšres heures quâil passait avec eux pour les faire entrer, ces gens un peu gauches, pour les faire entrer dans le moule du superdisciple parfait, invulnĂ©rable, solide et vaillant.
Or, au lieu de cela, il accomplit un geste dâune profonde douceur. Il leur lave les pieds. Il prend le temps de les toucher Ă un endroit de leur corps qui est exposĂ©, qui est vulnĂ©rable, le pied qui est souvent sali, blessĂ©, meurtri par les cailloux de la route. Ce faisant, câest comme si JĂ©sus leur disait : Et bien, cette vulnĂ©rabilitĂ© qui te traverse, ne passe pas ton temps Ă vouloir la nier, la bannir, lâarracher comme si câĂ©tait une mauvaise herbe, mais apprend plutĂŽt Ă lâaimer, Ă lâenvelopper dâamour. Ne te rĂȘve pas comme une personnalitĂ© sans talon dâAchille, comme un super hĂ©ros, mais avance plutĂŽt dans lâexistence en vivant tout ce que tu es, mĂȘme ces parties vulnĂ©rables. Ces parties vulnĂ©rables peut-ĂȘtre te font souffrir, car elles sont exposĂ©es, mais, en mĂȘme temps, ce sont des points de contact qui te mettent en relation avec le monde qui tâentoure. Regarde, au travers de tes failles, parfois la vie peut te rejoindre, te nourrir et te porter.
Alors, accepte ta vulnĂ©rabilitĂ©, en sachant que parfois, au travers dâelle, jaillit mon amour. Car le dernier mot sur ta vulnĂ©rabilitĂ© ce ne sera pas la condamnation, la moquerie ou lâhumiliation des autres, mais ce dernier mot sur ta vulnĂ©rabilitĂ© sera donnĂ© par mon amour qui lave tout, qui soigne tout, qui guĂ©rit tout. Vois, si je me suis mis Ă genoux devant toi, dit JĂ©sus, câest pour que tu puisses te relever et que tu puisses, chaque jour, choisir la vie.
Notes Ă partir des propos de Luc-Olivier Bosset
(1)           « Une vulnĂ©rabilitĂ© enveloppĂ©e dâamour » : Chaine « Pasteur du dimanche » sur You Tube : https://www.youtube.com/playlist?list=PL6F0WgMatbJUxPNorU-tyfYon2NQBXsRG                                                      Sur ce blog : autres mĂ©ditations empruntĂ©es à « Pasteur du dimanche » : « Face Ă la dĂ©tresse du monde » : https://vivreetesperer.com/?p=1643  « Tu regardes au fond de mon cĆur et tu me connais » : https://vivreetesperer.com/?p=2047
Sur ce blog, articles concernant la bontĂ© de Dieu et lâamour de JĂ©sus :                                                          « La beautĂ© de lâĂ©coute » : https://vivreetesperer.com/?p=1219  « Se sentir aimĂ© de Dieu » : https://vivreetesperer.com/?p=1752   « Dieu, puissance de vie » : https://vivreetesperer.com/?p=1405
« Bienveillance humaine. Bienveillance divine. Une harmonie qui se répand » : https://vivreetesperer.com/?p=1842