Pour une conscience planétaire

« Blueturn » : la terre vue du ciel
Selon Jean-Pierre Goux

Nous avons de plus en plus conscience du caractĂšre exceptionnel de cette terre qui accueille notre humanitĂ© et qui est maintenant notre « maison commune » (1). Les photos de la terre vue du ciel participent au dĂ©veloppement de cette vision. Dans une intervention Ă  la rencontre FED X Vaugirard Road 2016 sur le thĂšme : « Penser l’invisible », Jean-Pierre Goux nous prĂ©sente un parcours de prĂšs de vingt ans dans lequel il a militĂ© pour une meilleure visibilitĂ© de ces photos : « Voir la terre comme vous ne l’avez jamais vue » (2). En dĂ©couvrant combien le regard sur cette planĂšte peut ĂȘtre chargĂ© d’émotion et porter un potentiel de grĂące et d’amour, on suit avec passion l’aventure de Jean-Pierre Goux d’autant plus que celui-ci la retrace avec beaucoup d’humour et d’émotion.

Pour commencer, Jean-Pierre Goux nous prĂ©sente une photo de la terre vue du ciel dans sa globalitĂ©. « Vous avez tous vu cette photographie au moins sur la couverture de vos livres d’histoire, et sans doute bien ailleurs, car cette photo est la plus reproduite de toute l’histoire de l’humanitĂ©. Pourquoi ? Elle est unique. C’est la seule qu’on ait de la terre toute Ă©clairĂ©e ». Ou, du moins, c’est la seule qu’on avait jusqu’à l’annĂ©e derniĂšre. « En effet, elle a Ă©tĂ© prise en 1972 par les astronautes de la mission Apollo 17, la derniĂšre des missions Apollo. Dans les missions prĂ©cĂ©dentes, la terre n’était jamais complĂštement Ă©clairĂ©e. Elle s’appelle : « Blue marble ». Donc c’est la premiĂšre photo qu’on a eu, mais c’est aussi la derniĂšre ».

C’est une photo qui a tout changĂ©, nous dit Jean-Pierre Goux. « Pour la premiĂšre fois , l’humanitĂ© voyait sa maison. Elle dĂ©couvrait que la terre Ă©tait ronde. On le savait. On nous l’avait dit. On en qavait la preuve. Cette photo nous a aussi fait comprendre que notre planĂšte Ă©tait magnifique, mais qu’elle Ă©tait aussi fragile, perdue dans une identitĂ© noire et lugubre. Elle nous adonnĂ© envie de la protĂ©ger. Cette photo a dĂ©marrĂ© un mouvement qu’on appelle la conscience planĂ©taire. Elle est intervenue en 1972 quand les problĂšmes environnementaux devenaient globaux et a contribuĂ© au dĂ©veloppement du mouvement Ă©cologiste. Malheureusement, les effets de cette photo se sont estompĂ©s avec les dĂ©cennies ».

J P Goux nous raconte alors comment il en est venu Ă  s’interroger personnellement sur cette photo. « Mon histoire avec la terre a dĂ©marrĂ©, il y a une vingtaine d’annĂ©es, en 1996. Un ami d’école d’ingĂ©nieurs, qui faisait un stage Ă  l’aĂ©rospatiale, m’offre un livre qui a changĂ© ma vie. Je n’imaginais pas Ă  l’époque qu’il allait m’emmener aussi loin. Ce livre, il s’appelait : « Clairs de terre ». Il a Ă©tĂ© Ă©ditĂ© par l’association des « explorateurs de l’espace » (une association des anciens astronautes). En feuilletant ce livre, j’ai vu des photos de la terre vue de l’espace, Ă  couper le souffle. Mais ce qui m’a surtout intriguĂ©, c’étaient les textes qui Ă©taient Ă  cĂŽtĂ© de ces photos. C’étaient des citations d’astronautes d’une poĂ©sie extraordinaire qui semblaient avoir Ă©tĂ© saisis par la grĂące, mais surtout par un amour que je n’avais jamais autant vu pour la terre. Je me suis dit qu’il y avait lĂ  quelque chose Ă  exploiter pour changer les choses et rendre le monde meilleur  ». Ainsi, pendant des dizaines et des dizaines de citations, on voit des hommes et des femmes de toutes nationalitĂ©s manifester un amour incommensurable pour la terre.       Quelque chose paraissait les avoir touchĂ©. Cet effet a Ă©tĂ© Ă©tudié  et porte le nom d’ « overview effect » (3). Il a Ă©tĂ© montrĂ© scientifiquement que l’effet combinĂ© de l’apesanteur, de la peur, du silence, et de l’exposition au grand large de la terre tournant avec un rythme lancinant, crĂ©e toutes les conditions pour une expĂ©rience mystique, extatique, une expĂ©rience qui a marquĂ© Ă  vie ceux qui l’ont vĂ©cue. Ces astronautes Ă©taient persuadĂ©s que la terre est un ĂȘtre vivant, interconnectĂ© et qu’il fallait absolument le prĂ©server
 Le seul problĂšme, c’est qu’il n’y avait que 500 personnes qui avaient vĂ©cu cette transformation !!!

 

 

A cette Ă©poque, Al Gore Ă©tait vice-prĂ©sident des Etats-Unis, trĂšs investi dans l’écologie. En 1998, deux mois aprĂšs le protocole de Kyoto, et se demandant comment sensibiliser les gens au dĂ©fi du changement climatique, « Une nuit, inspirĂ© par « Blue marble » et ce que cette photo avait changĂ© quand il Ă©tait plus jeune, il eut le rĂȘve d’envoyer une sonde dans l’espace pour filmer la terre en temps rĂ©el et diffuser les images sur internet pour que les gens voient le visage illuminĂ© de GaĂŻa ». En rĂ©ponse, la Nasa s’engagea dans ce projet.

« Le problĂšme, c’est que pour avoir ces images, c’est trĂšs compliquĂ© parce que, si vous voulez avoir en temps rĂ©el des images de la terre complĂštement Ă©clairĂ©e, il faut ĂȘtre sur l’axe terre-soleil, parce que c’est le seul axe oĂč la terre est complĂštement Ă©clairĂ©e. Si vous ĂȘtes trop prĂšs du soleil, la force du soleil vous attire. Si vous ĂȘtes trop prĂšs de la terre, la force de la terre vous attire. En fait, il n’y a qu’un point qui correspond entre les deux, le point de Lagrange L1 oĂč les deux forces s’annulent. Mais il est Ă  1,5 million kilomĂštres de la terre. La Nasa a relevĂ© le dĂ©fi et construit un satellite adĂ©quat. Cependant Al Gore ayant Ă©tĂ© dĂ©fait aux Ă©lections prĂ©sidentielles amĂ©ricaines en 2000, le projet fut interrompu par le nouveau pouvoir politique. Jean-Pierre Gout, alors chercheur mathĂ©maticien aux Etats-Unis, fut profondĂ©ment déçu, car il attendait de cette initiative un renouveau de la sensibilisation Ă  la conscience planĂ©taire. Mais il ne perdit pas confiance et continua Ă  suivre les Ă©vĂšnements. En 2013, il dĂ©couvre que l’administration Obama relance le projet sous une autre forme. C’est le projet « Discovr ». L’exĂ©cution est confiĂ©e Ă  la firme « Space X ». En juin 2015, le satellite atteint sa destination.  Et, en septembre 2015, un site web commence Ă  diffuser des photos de la terre au rythme de 10 Ă  20 photos par jour. Cependant cette performance n’est pas vraiment mise en valeur. « Personne n’a parlĂ© de ces photos. Personne ne les a utilisĂ©es. Aucun « overview effect » n’a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©. Un grand dĂ©sarroi m’a habitĂ©. Tout ça pour ça ! ».

 

Et puis, Ă  nouveau, Jean-Pierre Goux est inspirĂ©. Il prend contact avec un ami, le mĂȘme qui lui avait passĂ© le livre : « Clairs de Terre ». Cet ami accepte de travailler avec lui, via internet « On a passĂ© des nuits Ă  voir ce qu’on pouvait faire avec ces images , via internet. Un soir : eurĂȘka ! Si on disposait plusieurs images de la terre prises sous diffĂ©rents angles et qu’on les projetait sur une sphĂšre en les interpolant, on devrait pouvoir crĂ©er cette fameuse vidĂ©o Ă  laquelle j’aspirais. On y a travaillĂ© plusieurs nuits et, un soir, on a vu la terre tourner pour la premiĂšre fois devant nos yeux. On Ă©tait Ă©merveillé ! ».

Les deux chercheurs ont dĂ©cidĂ© de tester les rĂ©actions des gens. Ils ont mis la vidĂ©o sur internet et ils l’ont taggĂ©e : la  Nasa. « Quelques heures aprĂšs, on a reçu un mail de la Nasa qui nous fĂ©licitait en nous demandant comment on avait rĂ©alisĂ© cette vidĂ©o : Quand on a Ă©tĂ© en contact avec le responsable de la mission « Discovr », cela a Ă©tĂ© pour nous un des moments les plus forts de notre parcours  ».

Jean Pierre-Goux a rĂ©alisĂ© son rĂȘve et nous le communique. « Ce rĂȘve, c’est qu’on s’approprie tous ces images en partageant le sentiment d’un bien collectif qu’on doit protĂ©ger. On a crĂ©Ă© un projet : « Blueturn » (le tournant bleu) et sur le site : blueturn.earth (4), on peut trouver toutes ces images, toutes ces vidĂ©os. Avec ces images, on espĂšre gĂ©nĂ©rer un nouvel enthousiasme autour de cette planĂšte et surtout des projets artistiques, mĂ©ditatifs et Ă©ducatifs inĂ©dits. On espĂšre que ces projets pourront plonger chacun de nous dans un « overview effect » et nous amener au prochain niveau de conscience planĂ©taire. Quand les astronautes de la mission Apollo 17 ont pris la photo « Blue marble », ils ne savaient pas ce qui allait se passer. Nous non plus. Ces images sont les vĂŽtres. A vous de jouer ! ». Nous participons Ă  ce mouvement.

 

J H

 

(1)            « Convergences Ă©cologiques : Jean Bastaire, JĂŒrgen Moltmann, Pape François et Edgar Morin » : https://vivreetesperer.com/?p=2151

(2)            « Voir la terre comme vous ne l’avez jamais vue ». Talk de Jean-Pierre Goux au colloque : « Penser l’invisible » organisĂ© par Ted X Vaugirard Road. 13 juillet 2016                                https://www.youtube.com/watch?v=Boe8F09OvWI

(3)            Overview effect : Description sur Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Overview_effect  On pourra Ă©galement consulter des vidĂ©os exprimant l’expĂ©rience d’acteurs anglophones : https://www.youtube.com/watch?v=CHMIfOecrlo

(4)            Blueturn.earth : Blueturn : the whole earth experience : http://blueturn.earth

 


En route pour l’autonomie alimentaire

Une nouvelle maniĂšre de vivre en harmonie avec le vivant

« En route pour l’autonomie alimentaire » (1), tel est le titre d’un livre rĂ©cent de François Rouillay et de Sabine Becker. Prendre ce chemin,  c’est rĂ©pondre au dĂ©sĂ©quilibre d’une existence humaine oĂč le contact s’est rompu entre la terre nourriciĂšre et l’assiette de nos repas  et oĂč la continuitĂ© de notre alimentation est soumise Ă  la menace d’une rupture dans nos chaines d’approvisionnement Ă©clatĂ©es dans la distance gĂ©ographique et soumises aux alĂ©as de la spĂ©culation.

Cependant, ce livre nous dit bien plus. Car emprunter le chemin de l’autonomie alimentaire, c’est Ă©galement s’engager dans un nouveau genre de vie , une vie en phase avec la nature nourriciĂšre. Et tout ceci implique une nouvelle Ă©thique qui fonde une approche collaborative : « prendre soin de soi, de l’autre et de la terre ». (p 62)

Ainsi ce livre : « En route pour l’autonomie alimentaire » est ambitieux, mais il est aussi rĂ©aliste. Le sous-titre nous en informe : « Guide pratique Ă  l’usage des familles, villes et territoires » .  En effet, nous n’avançons pas dans l’inconnu. Le chemin est dĂ©jĂ  reconnu et balisĂ© par de nombreuses initiatives collaboratives. Et ceux qui sont dĂ©jĂ  impliquĂ©s dans ces initiatives oĂč la prĂ©sence du vivant engendre du bonheur  peuvent accĂ©der Ă  une joie que les auteurs mettent en lumiĂšre : « Lorsque nous sommes connectĂ©s par le partage, cette Ă©nergie, ce carburant, cette essence qui rĂ©sident en nous nous permet d’avancer, dÂ â€˜Ă©voluer, de faire tomber nos barriĂšres, nos zones d’ombre. La joie est une immense force qui nous conduit vers l’amour libĂ©rĂ© de nos peurs et autres pollutions psychiques, vers l’amour semblable Ă  celui de l’enfant
. » (p 195).

Ce livre nous permet d’entrer dans une recherche oĂč la vie se reconstruit diffĂ©remment : un volet participatif, un volet Ă©ducatif, un volet coopĂ©ratif  et un volet rĂ©gĂ©nĂ©ratif. A chaque fois, nous dĂ©couvrons de belles expĂ©riences dans une grande variĂ©tĂ© d’approches du « permis de vĂ©gĂ©taliser la ville en paysage nourricier », aux « poulaillers participatifs », aux « ateliers de cuisine » et aux « zones d’activitĂ© nourriciĂšre ». C’est une collaboration inventive.

Les auteurs : une approche pionniÚre

Auteur du livre avec Sabine Becker , François Rouillay a Ă©tĂ© un pionnier de cette approche au cours de la derniĂšre dĂ©cennie. Il raconte comment, Ă  un moment propice, oĂč, consultant en politiques publiques, il s’interrogeait Ă  leur sujet, il a dĂ©couvert une approche innovante qui dĂ©bute dans une petite ville anglaise. Effectivement, elle est nĂ©e Ă  Todmorden quand deux mĂšres de famille, subissant le dĂ©clin Ă©conomique et social du nord de l’Angleterre, ont dĂ©cidĂ© de rĂ©agir et de crĂ©er un mouvement pour planter lĂ©gumes et fruits dans la ville en vue d’offrir une nourriture Ă  partager . François Rouillay s’est engagĂ© pour dĂ©velopper cette expĂ©rience en France en suscitant un mouvement : « Les incroyables comestibles » . « Il s’agissait de fabriquer des bacs de nourriture Ă  partager sur un domaine privĂ© ouvert au public ou visible depuis la rue qui enverrait un signal trĂšs fort d’offrande de nourriture que l’on aurait  soi-mĂȘme mise en terre » (p 19). Pendant trois ans, François Rouillay a Ă©tĂ© l’animateur de ce mouvement , travaillant « dans la foi absolue que celui-ci aurait un effet transformateur dans les quartiers et dans les villes. Et ce fut le cas » (p 19). Le mouvement s’est alors rĂ©pandu Ă  vive allure. En trois ans, il s’est propagĂ© en France et Ă  l’international dans plus de 800 villes et 30 pays. A l’époque, nous avons rapportĂ© sur Vivre et espĂ©rer une interview de François Rouillay en pleine action :

https://vivreetesperer.com/incroyable-mais-vrai-comment-les-incroyables-comestibles-se-sont-developpes-en-france/ Ce fut une vĂ©ritable Ă©popĂ©e. François Rouillay a ainsi « accompagnĂ© des centaines et  des centaines de groupes ». Malheureusement, cette activitĂ© s’est rĂ©vĂ©lĂ©e Ă©puisante et a portĂ© atteinte Ă  la vie privĂ©e de François.  En mars 2015, « il dĂ©cide de passer la main aprĂšs trois annĂ©es de bĂ©nĂ©volat ». Une nouvelle Ă©tape commence pour François Rouillay. Il rencontre Sabine Becker. La perspective s’élargit. En conjuguant la compĂ©tence de chacun, ils induisent le dĂ©veloppement d’un mouvement pour l’autonomie alimentaire.

Sabine Becker a exercĂ©, pendant trente-deux ans, la profession d’ingĂ©nieure urbaniste dans diffĂ©rentes collectivitĂ©s publiques. Au vu des obstacles rencontrĂ©s, elle  a pris conscience que son activitĂ© professionnelle « n’était pas juste » et « elle a cherchĂ© Ă  comprendre pourquoi ». « Une grande quĂȘte s’en est suivie qui m’a conduite Ă  Ă©tudier le fonctionnement de l’ĂȘtre humain dans les diffĂ©rentes dimensions qui le composent. Je me suis Ă©galement formĂ©e Ă  la connaissance des Ă©nergies dans le monde vivant des humains, mais aussi des rĂšgnes vĂ©gĂ©tal, animal et minĂ©ral » (p 23). « Ma vision est devenue holistique et mon regard est appliquĂ© au travail sur soi, au travail collectif et aux territoires » (p 24).

François Rouillay et Sabine Becker se sont ainsi rejoints, « lui dans le domaine de la participation citoyenne au service de l’autonomie alimentaire et donc de la restauration de la santĂ© des personnes, des sols et de la biodiversitĂ©, et, elle, dans le domaine holistique du fonctionnement humain en matiĂšre comportemental sur les plans Ă©motionnel et mental (p 24). Ensemble, Ă  la suite des expĂ©riences passĂ©es, ils ont dĂ©gagĂ© une vision du retour Ă  l’autonomie alimentaire et Ă©laborĂ© des stratĂ©gies pour  sa mise en Ɠuvre. « Il s’agissait pour nous de diffuser la connaissance Ă  partir de mĂ©thodes pĂ©dagogiques accessibles au plus grand nombre, d’expĂ©rimenter des techniques de fabrication de sol nourricier en milieu urbain et pĂ©riurbain  et d’animer des rĂ©seaux de personnes volontaires  engagĂ©es dans l’agriculture urbaine et la transition alimentaire sur les territoires » (p 24).

C’est dans ce but que François Rouillay et Sabine Becker ont crĂ©Ă© « L’UniversitĂ© francophone de l’autonomie alimentaire » et le site francophone qui en est l’expression : http://www.autonomiealimentaire.info

Et c’est ainsi qu’ils en sont venus Ă  publier ce livre : « En route vers l’autonomie alimentaire ». Cet ouvrage prĂ©sente la feuille  de route de 21 actions rĂ©sultant de nombreuses expĂ©riences et rĂ©flexions et permettant le retour Ă  l’autonomie alimentaire de maniĂšre individuelle et collective.

 

Pour des paysages nourriciers

DĂ©velopper l’autonomie alimentaire, c’est non seulement faire face Ă  des dĂ©sĂ©quilibres insĂ©curisant, c’est Ă©tablir une relation bienfaisante avec la nature pourvoyeuse de nourriture . Comment envisager cette autonomie ? C’est « la capacitĂ© d’un territoire urbain Ă  produire une nourriture saine permettant de rĂ©pondre aux besoins quotidiens primordiaux des habitants 
. Il s’agit d’obtenir, Ă  travers une production locale constituĂ©e de  fruits, de lĂ©gumes, de lĂ©gumineuses, de noix, de diverses cĂ©rĂ©ales, d’Ɠufs et de viandes, si nous sommes loin de la mer, de poissons  d’élevage en eau douce,  ainsi que de produits laitiers et d’huiles vĂ©gĂ©tales ; le tout Ă©tant rĂ©coltĂ©, voire transformĂ© sur ce territoire, ou situĂ© dans une proche pĂ©riphĂ©rie (moins d’une heure de trajet), Ă©levĂ© et cultivĂ© selon des mĂ©thodes respectueuse de la santĂ© et de l’environnement » (p 37).

Or, une telle politique requiert un nouvel amĂ©nagement de l’espace. Et cet amĂ©nagement dĂ©pend lui-mĂȘme de notre niveau de conscience. Les auteurs mettent en Ă©vidence les dĂ©viations qui sont intervenues au cours  des derniĂšres dĂ©cennies. «  Comment se fait-il qu’au cours des cinquante derniĂšres annĂ©es nous soyons passĂ©s des espaces nourriciers aux espaces verts d’ornement ? » . Et, par ailleurs, « les entrĂ©es de nos villes forment des espaces pĂ©riurbains vouĂ©s invariablement aux zones commerciales avec leurs parkings et leurs ronds points » (p 47). En regard, le dĂ©veloppement de l’autonomie alimentaire requiert une conscience collective. « Et l’un des moyens pour y contribuer est tout simplement de rendre les paysages nourriciers
.. ». « A plus grande Ă©chelle que celle des bacs de nourriture, cela permettrait de mettre en Ă©vidence le lien entre le sol et l’assiette et nous en redonnerait le goĂ»t » (p 68). Tout au long de ce livre, nous voyons comment des paysages nourriciers peuvent apparaĂźtre et se dĂ©velopper. Et, par exemple, une des premiĂšres actions recommandĂ©es, c’est d’obtenir l’autorisation de planter lĂ©gumes et fruitiers dans la ville auprĂšs des collectivitĂ©s publiques. C’est « le permis de vĂ©gĂ©taliser la ville en  espace nourricier » (p 17). « Le  permis de vĂ©gĂ©taliser est une pratique rĂ©cente que le mouvement international : « Incredible edible » (Incroyables comestibles ) a grandement contribuĂ© Ă  gĂ©nĂ©raliser. Il exprime avant tout une volontĂ© politique d’ouvrir l’espace public Ă  la participation citoyenne pour l’agriculture urbaine. Pour des questions de sĂ©curitĂ© et de responsabilitĂ©, il a progressivement Ă©tĂ© accompagnĂ© de protocoles (conventions simplifiĂ©es entre des citoyens dĂ©sireux de jardiner la ville et les services techniques de la collectivitĂ©) et d’une procĂ©dure administrative (p 67) . En France, de nombreuses villes ont maintenant officialisĂ© leur permis de vĂ©gĂ©taliser .

 

Une dynamique associative

Ce livre nous indique un chemin : en route vers l’autonomie alimentaire. Mais le mouvement en ce sens est dĂ©jà  bien engagĂ©. Et il manifeste une dynamique associative. Celle-ci s’est dĂ©jĂ  rĂ©vĂ©lĂ©e dans la rapide expansion du mouvement des « Incroyables comestibles » qui a gagnĂ© ville aprĂšs ville. La mĂȘme force anime les nombreuses et diverses initiatives qui apparaissent dans ce livre. C’est le commun dĂ©nominateur des volets « participatif, Ă©ducatif, coopĂ©ratif, rĂ©gĂ©nĂ©ratif » de la feuille de route  (p 6-7). Et ainsi les maĂźtres-mots sont bien : collaboration, coopĂ©ration, participation, partage. Ainsi parle-t-on de « vergers et de jardins partagĂ©s », de « pĂ©piniĂšres citoyennes participatives » et mĂȘme de « poulaillers participatifs ». Ainsi cette collaboration s’exerce en divers domaines et Ă  des Ă©chelles diffĂ©rentes. François Rouillay nous rapporte le fonctionnement d’un poulailler participatif  au QuĂ©bec. « Sept familles s’y impliquent en intervenant Ă  tour de rĂŽle pendant une semaine pour prĂ©parer la moulĂ©e, donner Ă  manger, nettoyer et « cueillir » les Ɠufs. Le service revient toutes les sept semaines » ( p 110).

Tout ce mouvement, si divers dans ses expressions, s’inscrit dans « une vision commune partagĂ©e » : «  Nous ne sommes absolument pas dans une dĂ©marche autarcique d’individualitĂ©s en repli
 La logique cosmique des choses nous indique que nous sommes interdĂ©pendants les uns des autres 
. Nous avons besoin les uns des autres pour rendre possible l’expression d’une intelligence collective autour d’une vision commune partagĂ©e » (p 193).

Ce livre tĂ©moigne d’une vision. Elle s’exprime notamment dans l’épilogue : « Voir les choses dans leur ensemble ; les fondements : eau, sol, semences, arbres ; l’homme est le gardien des Ă©quilibres ; l’univers est un lieu de crĂ©ation et d’abondance » (p 197-199). Ce sont des pensĂ©es directrices qui orientent notre marche vers une sociĂ©tĂ© nouvelle, un nouveau genre de vie, une Ă©thique.

En mĂȘme temps, Ă  travers ce livre, on reconnaĂźt le levain dans la pĂąte d’aujourd’hui comme l’écrit le prĂ©facier, Fabien Tournan : «  Le fil conducteur de ce guide porte sur l’émersion de ce qui existe dĂ©jĂ , qui est lĂ  partout dans le monde, expĂ©rimentĂ©, enseignĂ©, mais masquĂ© par le vacarme du modĂšle marchand qui domine
. Il nous conduit Ă  nous reconnecter Ă  la terre, Ă  celle qui nous nourrit, que nous devons prĂ©server, entretenir, celle dont nous devons prendre soin. C’est un livre qui nous invite ainsi Ă  rencontrer la paix » (p 10) . Avec François Rouillay et Sabine Becker, entrons dans ce beau voyage.

(1) François Rouillay et Sabine Becker . En route pour l’autonomie alimentaire. Guide pratique à l’usage des familles, villes et territoires  Terre vivante, 2020

Aujourd’hui, le 12 juin 2020, François Rouillay fait le point dans une vidĂ©o : « Autonomie alimentaire. Comment s’impliquer ? » :

https://www.youtube.com/watch?v=nE9kU0d93YA&feature=youtu.be&fbclid=IwAR1Xx0IHD6Tu9QKn-RltCDF1F_XGdutACjK2qKiTE0jMPp3BUaKQu78NTTI

J H

 

Voir aussi :

« Vers une économie symbiotique » : https://vivreetesperer.com/vers-une-economie-symbiotique/

 

 

Changer de regard

 

Nos comportements, nos actions dĂ©pendent de nos reprĂ©sentations, de notre maniĂšre de voir. Et de mĂȘme, nos engagements dĂ©pendent de notre capacitĂ© d’avoir confiance et d’espĂ©rer, de voir le positif (1). Ainsi,  ce que nous vivons et ce que nous faisons dĂ©pendent pour une bonne part de notre regard. A cet Ă©gard, dans cette vidĂ©o du CCFD-Terre Solidaire pour une collecte de dons Ă  l’occasion de NoĂ«l (2), la courte mĂ©ditation de Guy Aurenche : « Changer de regard » nous paraĂźt particuliĂšrement propice Ă  la rĂ©flexion sur l’importance de notre maniĂšre de voir.

 

« L’humanitĂ© toute entiĂšre s’est-elle Ă©chouĂ©e sur une plage de Turquie ?

Dans l’information qui nous arrive, difficile de voir des lueurs d’espoir.

Cette information nous enferme dans la fatalité et nous aveugle.

 

Pourtant, changer de regard, c’est dĂ©jĂ  changer le monde.

Voir que la misùre et la faim ont des causes structurelles et qu’on peut donc les combattre

Voir pour rendre la dignité à ceux et à celles qui se battent et qui ne sont pas que des  victimes

Voir pour soutenir ceux et celles qui inventent leur moyen de vivre : une coopérative, une banque de semences, des formations pour les jeunes

 

Voir qu’un autre monde est possible, qu’il existe dĂ©jà


Un monde oĂč nous sommes tous humains contre la faim.

 

La parole de Guy Aurenche nous appelle Ă  dĂ©placer notre attention, Ă  passer d’une focalisation sur les catastrophes et de l’accablement correspondant, à  une entrĂ©e dans un mouvement de solidaritĂ© et de libĂ©ration

 

Ici, changer de regard, c’est entrer dans une vision nouvelle.  Cette vision n’est pas seulement mobilisatrice, elle est crĂ©atrice. Un nouveau monde apparaĂźt.  « Changer de regard, c’est dĂ©jĂ  changer le monde
 Voir qu’un autre monde est possible, qu’il existe dĂ©jà  »

 

Capture

 

J H

 

(1)            Sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : « Agir et espĂ©rer. EspĂ©rer et agir ». L’espĂ©rance comme motivation et accompagnement de l’action : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=900

(2)            Une vidéo du CCFD-Terre solidaire : « Noël contre la faim » : http://noelcontrelafaim.org/changerderegard/?url=player&utm_medium=EMAIL&utm_source=CCFD&utm_campaign=avent&utm_term=noel

Guy Aurenche est président du CCFD-Terre solidaire. Sur ce blog, une contribution de Guy Aurenche : « Briser la solitude » : https://vivreetesperer.com/?p=716               Voir aussi sur le site de Témoins : « la fraternité sauvera le monde » : http://www.temoins.com/societe/culture-et-societe/societe/la-fraternite-sauvera-le-monde.html

Vivre en harmonie avec la nature

Écologie, thĂ©ologie et spiritualitĂ©

 

Face aux menaces qui pĂšsent aujourd’hui sur la nature, une conscience Ă©cologique est apparue et se dĂ©veloppe aujourd’hui. Ce mouvement appelle et comporte une dimension spirituelle. Car la crise que connaĂźt la nature est liĂ©e aux comportements humains et donc aux reprĂ©sentations qui en sont l’origine.

 

Dans un entretien entre le DalaĂŻ Lama et StĂ©phane Hessel rĂ©cemment publiĂ© sous le titre : « DĂ©clarons la paix ! Pour un progrĂšs de l’esprit. » (1), le problĂšme est abordĂ© d’emblĂ©e. StĂ©phane Hessel exprime le malaise occidental dans une interprĂ©tation du facteur religieux : « Dans la foi chrĂ©tienne et juive, Dieu a donnĂ© pour mission aux ĂȘtres humains de nommer les objets de la nature, de dire : ceci est une forĂȘt, cela est un arbre
 Je ne crois pas que ce soit la bonne approche. L’homme n’est pas le maĂźtre de la nature. Il en est seulement une composante. Et, à  partir de lĂ , on peut penser que l’esprit qui prĂ©vaut dans le monde n’est pas seulement l’esprit de l’homme. L’homme peut le capter en partie, mais l’esprit ne lui appartient pas Ă  lui seul » (p 11).

Ce questionnement nous amĂšne Ă  nous interroger sur la maniĂšre dont les textes bibliques ont Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©s Ă  travers le temps et quelle est leur vĂ©ritable signification. C’est la tĂąche qui a Ă©tĂ© entreprise depuis plusieurs dĂ©cennies par le thĂ©ologien JĂŒrgen Moltmann (2) qui a trouvĂ© en France un « passeur » et un mĂ©diateur, en la personne d’un Ă©cologiste chrĂ©tien, Jean Bastaire, Ă  travers la publication d’une anthologie de textes intitulĂ©e : « Le rire de l’Univers. TraitĂ© de christianisme Ă©cologique » (3).

Comment vivre en harmonie avec la nature ? Dans un livre rĂ©cent : « Ethik der Hoffnung » (2010), traduit et publiĂ© en anglais en 2012 sous le titre : « Ethics of hope » (4) (Éthique de l’EspĂ©rance), JĂŒrgen Moltmann nous prĂ©sente une rĂ©flexion Ă©thique dans la vision de l’EspĂ©rance chrĂ©tienne. Ce livre consacre trois grandes sections Ă  l’éthique de la vie, Ă  l’éthique de la terre et Ă  l’éthique de la paix.

Dans son approche des rapports de l’homme et de la nature, il nous appelle Ă  passer « de la domination Ă  la communauté » (p 66-69).

 

Sortir de la domination.

        

         « La crise que nous vivons n’est pas seulement une crise Ă©cologique. Elle ne peut ĂȘtre rĂ©solue seulement par la technologie. Une inversion dans nos convictions et nos valeurs fondamentales est nĂ©cessaire tout comme une inversion dans notre maniĂšre de vivre ».

Il importe d’examiner et de corriger les dĂ©viations qui sont intervenues dans nos reprĂ©sentations religieuses en provoquant des effets nĂ©fastes sur nos maniĂšres de vivre et sur nos comportements.

En effet, « En Europe occidentale, depuis la Renaissance, Dieu a Ă©tĂ© envisagĂ© de plus en plus Ă  sens unique comme le « Tout puissant ». L’omnipotence est devenue un attribut prĂ©Ă©minent de la DivinitĂ©. Dieu est le Seigneur et maĂźtre, le monde est sa propriĂ©tĂ© et Dieu peut y faire tout ce qu’il lui plait. Dans la tradition occidentale, Dieu est entrĂ© de plus en plus dans la sphĂšre de la transcendance et le monde a alors Ă©tĂ© perçu comme purement immanent et terrestre. Le monde a perdu le mystĂšre qui entoure la crĂ©ation divine
 Cette rĂ©volution a entraĂźnĂ© la sĂ©cularisation du monde et de la nature ».

Ce changement dans la reprĂ©sentation dominante de Dieu a engendrĂ© une transformation de la reprĂ©sentation de l’homme dans son rapport avec la nature : « Comme image de Dieu sur la terre, l’ĂȘtre humain a Ă©tĂ© amenĂ© Ă  se voir lui-mĂȘme en correspondance comme maĂźtre et seigneur, Ă  s’élever au dessus du monde devenu un objet passif et Ă  le subjuguer ».

Or, de fait, l’humanitĂ© fait partie de la crĂ©ation. Le monde humain s’inscrit dans une dimension cosmique plus large dont la vie sur la terre dĂ©pend et dans l’évolution de tous les ĂȘtres vivants » (p 139).

Notre apprĂ©ciation des rapports entre l’humanitĂ© et la nature dĂ©pend ainsi pour une large part de la reprĂ©sentation que nous avons de Dieu.

 

Entrer dans une communauté.

 

JĂŒrgen Moltmann nous appelle Ă  entrer dans une reprĂ©sentation de Dieu « trois en un » (« triune ». « Ce Dieu lĂ  n’est pas un Dieu solitaire et dominateur qui assujettit toute chose. C’est un Dieu relationnel et capable d’entrer en relation, un Dieu en communion (« fellowship God »). Comme dit la Parole : « Dieu est amour ». L’ancienne doctrine de la TrinitĂ© Ă©tait une interprĂ©tation de cette expĂ©rience

Dans cette perspective, les comportements humains vont changer en consĂ©quence : « Les ĂȘtres humains vont Ă©galement entrer en communion (« fellowship »). L’image de Dieu sur terre n’est plus un individu solitaire, mais une vraie communautĂ© humaine. Ce ne sont plus des Ă©lĂ©ments de la crĂ©ation pris individuellement qui reflĂštent la sagesse et la beautĂ© de Dieu. C’est la communautĂ© de la crĂ©ation dans son ensemble ».

Dans son livre : « L’Esprit qui donne la vie » (5), JĂŒrgen Moltmann a montrĂ© l’Ɠuvre crĂ©atrice accomplie par l’Esprit de Dieu. « La perception de l’Esprit divin en toutes choses engendre une vision nouvelle du monde. Si l’Esprit de Dieu est engagĂ© dans toute la crĂ©ation, alors l’Esprit divin oeuvre en faveur de l’unitĂ© et de la communautĂ© de toutes  les crĂ©atures entre elle et avec Dieu. La vie est communautĂ©. La trame des relations mutuelles est suscitĂ©e par l’Esprit divin qui, Ă  cet Ă©gard, peut aussi ĂȘtre appelĂ© l’ « Esprit cosmique ».

Nous voici devant une comprĂ©hension renouvelĂ©e de la nature, une comprĂ©hension Ă©cologique. « C’est un paradigme nouveau de la communautĂ©, de la culture et de la nature dans une communication caractĂ©risĂ©e par la rĂ©ciprocité ». « Dans l’eschatologie chrĂ©tienne, telle que nous la trouvons dans l’épĂźtre aux ÉphĂ©siens et l’épĂźtre aux Corinthiens, l’Ɠuvre de Dieu en Christ, la christologie unit ensemble le destin de l’humanitĂ© avec le destin du cosmos dans la vision de la nouvelle crĂ©ation ».

 

Ainsi, tel que JĂŒrgen Moltmann l’expose dans le chapitre 9 de « Ethics of hope », consacrĂ© Ă  la dimension Ă©cologique, nos combats actuels pour la protection de la nature (6) et pour le dĂ©veloppement de l’écologie s’inscrivent dans une grande perspective et dans une grande vision. Apprenons Ă  vivre en harmonie avec la nature.

J H

 

(1)            DalaĂŻ-Lama,  StĂ©phane Hessel. DĂ©clarons la pais ! Pour un progrĂšs de l’Esprit. IndigĂšne Ă©ditions, avril 2012.

(2)            On trouvera une prĂ©sentation de la vie et de la pensĂ©e de JĂŒrgen Moltmann, ainsi que des textes introduisant Ă  certains aspects de cette pensĂ©e sur le site : « L’Esprit qui donne la vie » http://www.lespritquidonnelavie.com/

(3)            Moltmann (JĂŒrgen). Le rire de l’univers. TraitĂ© de christianisme Ă©cologique. Anthologie rĂ©alisĂ©e et prĂ©sentĂ©e par Jean Bastaire. Cerf, 2004. Les textes sont issus de grandes Ɠuvres de Moltmann parues au Cerf : Dieu dans la crĂ©ation ; TrinitĂ© et Royaume de Dieu ; JĂ©sus, le Messie de Dieu ; La venue de Dieu.  Voir sur le site : l’Esprit qui donne la vie, une prĂ©sentation de la pensĂ©e de Moltmann sur la crĂ©ation : « Dieu dans la crĂ©ation » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=766

(4)            Moltmann (JĂŒrgen). Ethics of hope. Fortress Press, 2012

(5)            Moltmann (JĂŒrgen). L’Esprit qui donne la vie. Cerf, 1999 « La possibilitĂ© de reconnaĂźtre l’Ɠuvre de Dieu en toutes choses et toutes choses en Dieu a pour fondement thĂ©ologique la comprĂ©hension de l’Esprit de Dieu comme puissance de crĂ©ation et comme source de vie. « C’est le souffle de Dieu qui m’a fait, l’inspiration du Puissant qui me fait vivre » dit Job (Job 33.4). (p 60)

Sur le blog : Vivre et espérer : « Pour une conscience écologique. Une expérience de terrain » https://vivreetesperer.com/?p=694

Au cƓur de nous, il y a un espace !

vb#J’aime cet espace, il est particulier ; il est un foyer vivant de ma personne !
Dans ce lieu de moi, je sens inscrites des choses fondamentales, des paroles de vie, des intuitions profondes pour  ma vie, mes dĂ©sirs les plus essentiels ; les prendre en compte ne m’a pas trompĂ©e ! Bien plutĂŽt conduite vers des chemins de vie, de santĂ©, de bonheur !
J’aime cet espace ; il  est en nous, au plus profond de nous ! Alors que souvent nous cherchons tous azimuts, jusqu’à nous perdre, nous dissoudre, nous avilir, nous dĂ©truire.
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Dans cet espace, je goûte un repos, un rafraßchissement ; je refais mes forces !
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Il n’est pas Ă  confondre avec ma bulle oĂč je me protĂšgerais des autres, du monde

Au contraire, il me relance toujours Ă  nouveau vers les autres, mais aprĂšs m’y ĂȘtre revigorĂ©e ! C’est mĂȘme de lĂ  que j’accueille les intuitions pour poursuivre ma route !
#
Comment trouver ce lieu en nous quand l’au-dedans de nous est si souffrant ou n’est que souffrance, pour certains ?
#

 Au plus « grave » en moi c’est lĂ  que je peux ĂȘtre surpris par un  « malgrĂ© tout » :
une soif, malgré tout,
un espoir malgré tout,
un désir, malgré tout !
#
Au cƓur de nous, il y a un espace ;
Au cƓur de nous, il y a un espace, malgrĂ© tout !
il y a un espace oĂč pulse de la vie, malgrĂ© tout !
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RĂ©sonnent en moi ces paroles de Christiane SINGER :
« L’espoir ne doit plus ĂȘtre tournĂ© vers l’avenir, mais vers l’invisible.
Seul celui qui se penche vers son cƓur comme vers un puits profond
retrouve la trace perdue. »

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Valérie Bitz


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Valérie Bitz est formatrice agréée PRH.

 Nous la remercions pour cette contribution qui a été également publiée sur le blog prh, le 22 février 2014. Consulter le site de PRH Personnalité et relations humaines : http://www.prh-france.fr/

 Coordonnées de Valérie Bitz :

valerie.bitz@prh-france.fr

Tél : 03 89 76 73 62 / 06 89 06 77 10

 

Du 10 au 16 août, à Colmar (68), Valérie Bitz anime un stage PRH :

« Chemin de l’ĂȘtre, chemin de Dieu »

L’ĂȘtre, lieu de l’ouverture Ă  plus grand que nous, en nous.

 

Contributions de Valérie Bitz sur ce blog :

 « Exprimer ce qu’il y a de plus profond en moi ». https://vivreetesperer.com/exprimer-ce-quil-y-a-de-plus-profond-en-moi

 « Apprendre à écouter son monde intérieur et à le déchiffrer. Pourquoi ? pour qui ? ».  https://vivreetesperer.com/apprendre-a-ecouter-son-monde-interieur-et-a-le-dechiffrer-pour-quoi-pour-qui/

 « Et si je tentais d’exprimer ce que je ressens par la peinture ou le graphisme pour y voir plus clair ! » https://vivreetesperer.com/et-si-je-tentais-dexprimer-ce-que-je-ressens-par-la-peinture-ou-le-graphisme-pour-y-voir-plus-clair/

 « Des expĂ©riences de transcendance : cela peut s’explorer ! »  https://vivreetesperer.com/des-experience-de-transcendance-cela-peut-sexplorer/