par jean | Juil 6, 2021 | ARTICLES, Société et culture en mouvement, Vision et sens |
 Si la pression de la pandĂ©mie se relĂąche actuellement, elle nous a profondĂ©ment marquĂ© et nous gardons une saine vigilance. Dans la menace omniprĂ©sente et les bouleversements nĂ©cessaires de nos habitudes sociales pour y faire face, nous avons vĂ©cu un vĂ©ritable cauchemar. Et si , aujourdâhui, nous commençons Ă nous rĂ©veiller, notre regard a changĂ©. Nous voyons le monde diffĂ©remment, mais en quoi au juste ? DâoĂč venons nous ? OĂč en sommes nous ? OĂč allons nous ? VoilĂ des questions auxquelles Jean Viard nous aide Ă rĂ©pondre dans un livre rĂ©cent : « La rĂ©volution que lâon attendait est arrivĂ©e » (1).
Nous avons dĂ©jĂ rencontrĂ© Jean Viard sur ce blog (2). Câest un sociologue qui allie hauteur de vue et regard concret nourri par lâobservation de la vie quotidienne. Lui mĂȘme est enracinĂ© dans un pays, en Provence et, en mĂȘme temps, comme sociologue, comme Ă©diteur, il est constamment en phase avec lâĂ©volution de notre sociĂ©tĂ©. Il sait donner une signification aux donnĂ©es chiffrĂ©es et aborder les rĂ©alitĂ©s sociales dans leurs proportions. Jean Viard a Ă©galement le grand mĂ©rite de ne pas se contenter de dĂ©crire la rĂ©alitĂ©, mais de dĂ©gager Ă©galement des voies dâavenir. Cette sociologie sâallie Ă une dynamique de lâespoir.
Alors, dans le contexte actuel, encore hĂ©sitant, ce livre vient Ă point. Il est particuliĂšrement Ă©clairant comme les prĂ©cĂ©dents livres de Jean Viard. Il foisonne en rĂ©flexions originales. Aussi, nous nous bornerons Ă nâen prĂ©senter que quelques points forts, des visions qui Ă©clairent nos maniĂšres de voir. Ce livre se lit de bout en bout. Et comme aujourdâhui nous avons besoin dây voir plus clair, câest un livre qui appelle la lecture de tous, une lecture citoyenne parce quâelle encourage et Ă©claire le vivre ensemble.
Comment le dĂ©sastre a-t-il pu ĂȘtre limitĂ©Â ?
Chacun a pu frĂ©mir en voyant la menace se manifester en des milliers et des milliers de morts. Cependant, est-ce quâau total nous nâavons pas Ă©chappĂ© au pire ? Est-ce que le dĂ©sastre nâa pas Ă©tĂ© contenu ? Jean Viard nous aide Ă voir le positif dans le nĂ©gatif.
Face Ă cette Ă©pidĂ©mie, il y a eu un choix qui tĂ©moigne dâune prioritĂ© accordĂ©e Ă la vie humaine. Ce choix a Ă©tĂ© politique : accepter de « casser lâĂ©conomie pour « sauver les vieux » pourtant improductifs » (p 26).
Cette solidaritĂ© sâest manifestĂ©e Ă©galement sur le plan social : « TĂ©lescopage des gĂ©nĂ©rations et immenses phĂ©nomĂšnes de solidaritĂ©. Des jeunes ont Ă©tĂ© fantastiques. Ils se sont hyperprotĂ©gĂ©s pour prĂ©server les plus ĂągĂ©s. Ils ont remplacĂ© au pied levĂ© les retraitĂ©s qui agissaient dans des associations de solidaritĂ©. Câest une force. Dans les milieux populaires, ça sâest relativement bien passĂ©, car ce sont les familles qui gardent le plus leurs anciens Ă la maisonâŠÂ » (p 33).
Cette solidaritĂ© sâest manifestĂ©e Ă tous les niveaux. « LâexpĂ©rience fut tragique et extraordinaire : familiale, locale, nationale, continentale et planĂ©taire. Des humains unis dans un mĂȘme combat, une mĂȘme incertitude. La France fit corps, lâEurope fit corps. Le monde fit corps. Les familles firent corps autour de leurs anciens » (p 14). Jean Viard discerne ainsi du positif dans une rĂ©action disparate. Nous ne reviendrons pas ici sur les erreurs et les fautes des dispositifs sanitaires. Lâauteur pointe les lourdeurs de lâorganisation administratives.
Sur un autre registre, Jean Viard met lâaccent sur les progrĂšs de la science. « La science a fait des pas de gĂ©ant. Deux cent soixante laboratoires ont travaillĂ© en parallĂšle. Des centaines de milliards ont Ă©tĂ© engagĂ©s. La science a repris sa place historique de porteuse de progrĂšs et de soin » (p 14).
Au total, le dĂ©sastre a Ă©tĂ© limitĂ©. En regard, la grippe espagnole a Ă©tĂ© beaucoup plus dĂ©vastatrice. Elle a pris « de cinquante Ă cent millions de vies dans une humanitĂ© deux fois moins nombreuse et beaucoup moins mobile. RĂ©jouissons-nous que la vie humaine ne soit plus une variable dâajustement, mais soit devenue pour le monde entier, une valeur cardinale » (p 16). Aujourdâhui, il y a eu « des millions de morts et de malades », mais « le combat sauva sans doute de cinquante Ă cent millions de vies » (p 26).
Une transformation profonde
Cette Ă©preuve a engendrĂ© une rĂ©flexion profonde, une remise en cause. Les mentalitĂ©s et les comportements ont changĂ©. Et si nous entrons dans une rĂ©trospective historique, nous pouvons dĂ©couvrir que notre sociĂ©tĂ© a changĂ© de cap. Jean Viard met en Ă©vidence cette transformation. « Nous avons changĂ© de monde » (p 11). « Le fond de lâair nâest plus le mĂȘme. La hiĂ©rarchie de lâimportance des choses et des mĂ©tiers a Ă©tĂ© comme bousculĂ©e » (p 14). En voici un indice : « 10% des français disent vouloir changer de vie. Ils ne le feront pas tous, mais ils le dĂ©sirent. Câest un mouvement puissant » (p 34).
Jean Viard nous dĂ©crit quelques lignes de force de la transformation actuelle. « Le retour dâun commun â cette fois-ci planĂ©taire et simultanĂ©ment â ouvre une nouvelle Ă©poque, comme la rĂ©volution industrielle lâavait fait au XIXĂš siĂšcle. Mais alors seulement pour une part de lâhumanitĂ©. Aujourdâhui, nous sommes tous acteurs dans le mĂȘme temps planĂ©taire » (p 28). Une nouvelle civilisation sâannonce : Ă©cologique et numĂ©rique. « Nous sommes en train de nous dĂ©crocher des sociĂ©tĂ©s industrielles et post-industrielles pour basculer dans des sociĂ©tĂ©s numĂ©riques et Ă©cologiques.
La vie, y compris celle de la nature, a repris le pas sur la matiĂšre transformĂ©e et lâobjetâŠÂ » (p 22). La pandĂ©mie actuelle nous rappelle que nous appartenons au monde du vivant. Elle nous apprend que nous sommes capables de faire face au rĂ©chauffement climatique Ă travers un changement de nos prioritĂ©s et de nos comportements. « Cette pandĂ©mie va servir pendant des dĂ©cennies de justification Ă la lutte contre le dĂ©rĂšglement climatique. De cette tragĂ©die, peut, et doit, naĂźtre un nouvel impĂ©ratif existentiel au nom de ceux qui ont souffert et qui sont morts » (p 94).
La crise sanitaire a pu ĂȘtre affrontĂ©e grĂące Ă la prĂ©sence du numĂ©rique. « Sans internet, le confinement aurait Ă©tĂ© invivable » (p 56). Aujourdâhui, le numĂ©rique est partout disponible. « Ce nâest que depuis 1945 que la sociĂ©tĂ© du pĂ©trole dirige nos dĂ©placements et nos rencontres. La Grande PandĂ©mie marque une rupture de mĂȘme nature. Le numĂ©rique a pris la main. On ne va Ă©videmment pas supprimer le lien physique. Il faudra toujours se voir, mais dorĂ©navant, la premiĂšre question quâon se posera, sera : Peut-on le faire par Zoom, Skype ou autre⊠Bien sĂ»r, les deux modes de rencontre vont se complĂ©ter » (p 45-46). Aujourdâhui, le tĂ©lĂ©travail est devenu une rĂ©alitĂ© majeure. Ainsi partout, le numĂ©rique est en train de sâimposer. « MĂȘme au sein de la famille, on se verra par zoom. Amazon Ă©crasera alors les trĂšs grandes surfaces. Le tĂ©lĂ©travail – du moins Ă temps partiel- deviendra la rĂšgle pour ceux qui le peuvent. Les enseignants eux-mĂȘmes utiliseront plus souvent les outils numĂ©riquesâŠÂ » (p 46).
Et, en mĂȘme temps, il y a aujourdâhui un grand dĂ©sir dâun nouveau genre de vie : donner un sens Ă sa vie, vivre en relation, se trouver Ă proximitĂ© de la nature, rechercher le beau. DĂšs lors, on veut repenser nos lieux de vie. Jean Viard Ă©voque les laideurs de la modernisation de lâaprĂšs-guerre. « Demain, peu Ă peu, la prioritĂ© va ĂȘtre donnĂ© Ă la mise en scĂšne du patrimoine, du beau, de lâart, des forĂȘts, des bocages. Câest ce que jâappelle lâesprit des lieux » (p 62).
« Aujourdâhui, nous changeons de rĂ©cit commun. La modernitĂ©, câest Ă dire lâĂ©loignement progressif du passĂ© et de son principe dâautoritĂ© laisse la place Ă une nouvelle alliance entre passĂ© et rĂ©volution numĂ©rique et technologique⊠Câest pour cela que lâesprit des lieux devient primordial, car si le premier lien est numĂ©rique, il se passe en grande partie Ă partir ou autour de lĂ oĂč jâhabite. Le numĂ©rique, comme la tĂ©lĂ©vision hier, renforce la place du domicile comme caverne centrale. Mais une caverne faite pour la vie, lâamour, la culture, le travail, la famille, le lien avec la nature par le jardinage et lâanimal domestique » (p 62).
Câest aussi la promotion du local. « Soutenue par une quĂȘte de vie locale, de ville du quart dâheure, du marchĂ© du soir et du week-end, de vente directe, le bio a gagnĂ© 15% de nouveaux consommateurs pendant la pandĂ©mie en particulier chez les jeunes et dans les milieux populaires- mais hors grandes surfaces. Du lien donc avec lâautre et avec le sol » (p 70).
Une nouvelle géographie sociale
AprĂšs avoir rappelĂ© la gĂ©ographie sociale de lâaprĂšs-guerre et notamment les bastions communistes, Jean Viard nous dĂ©crit un nouveau paysage. LĂ aussi, la crise est Ă lâĆuvre et joue parfois un rĂŽle dâaccĂ©lĂ©rateur.
Le peuple ouvrier a changĂ©. Au cours des derniĂšres dĂ©cennies, « la France des ouvriers sâest rapprochĂ©e des petites villes, des lotissements et des paysans du vaste pĂ©riurbain » (p 114). « La France ouvriĂšre existe toujours, pour partie dans le monde des ouvriers dâentretien, pour partie dans lâindustrie qui pĂšse encore 13% du PIB » (p 115). « La pandĂ©mie a contribuĂ© Ă redonner des lettres de noblesse Ă lâindustrie et a montrĂ© lâabsurditĂ© de certaines localisations lointaines » (p 115).
Jean Viard distingue un second groupe : Les travailleurs du care et des services. Les travailleurs du care habitent les banlieues et ceux des services, la grande pĂ©riphĂ©rie, le pĂ©riurbain, parmi ces derniers, certains dâentre eux ayant participĂ© aux manifestations des gilets jaunes. Notons deux suggestions en leur faveur : une politique de logement social pour les premiers, une politique du foncier pour les seconds.
Et puis, Il y a un troisiĂšme groupe, « celui dont le monde professionnel est numĂ©risĂ©Â : 30% Ă 40% des emplois, certaines Ă©tudes disent 60%, au moins pour une partie du temps ». Câest un monde en expansion. « Si il est socialement homogĂšne, il ne lâest pas gĂ©ographiquement. Il sâagit ainsi dâabord du monde des mĂ©tropoles, mais plus uniquement, car certains dâentre eux, avant mĂȘme la pandĂ©mie avaient commencĂ© Ă rĂ©investir les villes moyennes, les petites villes et la campagne. Des nĂ©o-ruraux qui sâĂ©loignent de la ville, non par nĂ©cessitĂ©, mais par choix » (p 123). « Ainsi on note une congruence entre le monde des rĂ©sidences secondaires et celui du tĂ©lĂ©travail qui se chevauchent » (p 124). La pandĂ©mie a accru ce mouvement. « 20% des parisiens au moins ont quittĂ© la ville au dĂ©but du premier confinement, soit 450 000 personnes » (p 127).
Il y a enfin le monde des fermes ancré dans les terre arables.
Jean Viard nous décrit les rapports entre les différents milieux en mouvement. « Car il y a un désir massif des populations de travailler dans les grandes métropoles ou en lien avec elle, mais de ne pas y habiter toujours » (p 129).
Cette analyse a une portée internationale. « Aux Etats-Unis, une partie de la société rurale ou en partie périurbaine se vit comme « scotchée» et une autre partie, métropolitaine et péri métropolitaine, se vit comme emportée par un flux » (p 132). « Ce décalage stock flux se retrouve dans toutes nos grandes démocraties » (p 133).
Le réenchantement du territoire
Le rĂ©enchantement du territoire, câest le sous-titre du livre de Jean Viard. Lâauteur y met lâaccent sur « lâesprit des lieux ». Câest le renouveau du local dans la mise en valeur de sa culture et de son patrimoine. « Comment rĂ©investir les lieux patrimoniaux qui donnent du sens Ă lâaventure dây vivre avec nos modes de vie et nos usages contemporains. La pandĂ©mie va accentuer cette double demande de mĂ©moire et dâart de vivre. Le patrimoine, les fermes, la nature sont devenus la toile de fond dâune vie mobile oĂč les logements grandissent et sâouvrent sur lâextĂ©rieur » (p 150). Jean Viard nous montre comment nous sommes passĂ© de la France paysanne, incarnĂ©e dans la IIIĂš RĂ©publique Ă la nouvelle gĂ©ographie dâaujourdâhui en passant par « lâĂ©popĂ©e des trente glorieuses » et son maillage territorial : « Quartiers rouges, quartiers bourgeois, campagne et rural profond » (p 106). Jean Viard Ă©voque le dĂ©sarroi rĂ©cent de la sociĂ©tĂ© française : « Le rĂ©cit national ne rassemble plus, les appartenances de classe sur lesquelles reposaient le champ politique nâintĂ©ressent plus. La sociĂ©tĂ© est devenue mobile, et la figure de lâarrivant devient notre angoisse » (p 109). « Peu Ă peu, lâĂ©cole, les maires, les petites et moyennes entreprises, Ă Ă©galitĂ© avec la justice et la police, paraissent aux citoyens les plus protecteurs des valeurs rĂ©publicaines » (p 109).
Cet Ă©quilibre Ă©tait prĂ©caire et menacĂ© par une Ă©conomie mondialisĂ©e galopante. « Or la civilisation Ă©cologique et numĂ©rique oĂč nous entrons, me paraĂźt permettre de reterritorialiser les liens sociaux. Ce mouvement Ă©tait dĂ©jĂ en cours. Le local Ă©tait une prĂ©occupation de plus en plus forte. Paris se dĂ©peuplait. Les villes pensaient forĂȘts et fermes urbaines, vĂ©lo, marche Ă pied⊠Puis la grande pandĂ©mie a fonctionnĂ© comme une loupe grossissant tous les traits, parfois peu visibles, de notre sociĂ©tĂ© (p 110-111). On a vu Ă©merger une nouvelle classification du social, une nouvelle spatialisation sociale renforcĂ©e par la numĂ©risation des liens » (p 111).
Ce livre Ă©claire nos situations de vie. Nous nous y reconnaissons. Il ouvre des pistes et fourmille de propositions innovantes (chapitre 4). Il est inspirĂ© par une vision positive et une dynamique dâespoir, par exemple « lorsquâil parle de lâintime conviction que si lâhumanitĂ© a pu dĂ©rĂ©gler le climat, cela veut dire que la puissance humaine est aussi apte Ă le rerĂ©guler » (p 66). Bien sĂ»r, rien nâest gagnĂ© dâavance. La pandĂ©mie nâest pas terminĂ©e. « Nul ne sait la date oĂč nous sortirons de la pandĂ©mie, ni si il faut dĂ©jĂ annoncer les suivantes » (p 87). De mĂȘme, la menace dâun totalitarisme politique peut resurgir. A nous dây faire face. Ce livre a, entre autres, une vertu. Il nous montre quâĂ travers cette Ă©pidĂ©mie nous avons beaucoup appris. Nous pouvons Ă©galement tirer des leçons de nos Ă©checs. Ce livre nous apporte une remarquable analyse, mais il nous offre aussi le dynamisme dâune vision :
« Il faut replanter la vieille rĂ©publique paysanne dans une sociĂ©tĂ© de jardins, de parcs, mais aussi de terres arables, de forets, de rivages. Toujours. La replanter dans cette nature dont nous sommes membres, qui nous environne et qui est en nous. Prendre soin de la Terre et de lâhumanitĂ©. Avec la puissance du numĂ©rique et de la science. De la RĂ©volution mentale, Ă©cologique et culturelle que nous venons de vivre. Mai 68 puissance cent » (p 220).
Voici une lecture indispensable, une lecture citoyenne.
J H
(1) Jean Viard. La rĂ©volution que lâon attendait est arrivĂ©e. Le rĂ©enchantement du territoire. Edition de lâAube, Fondation Jean Jaures, 2021 Une interview vidĂ©o de Jean Viard sur ce livre : https://www.youtube.com/watch?v=WvgeXWpURJQ
(2) Articles sur Vivre et espérer concernant des livres de Jean Viard : Une société si vivante (2018) : https://vivreetesperer.com/une-societe-si-vivante/
Penser Ă lâavenir (2016)Â : https://vivreetesperer.com/penser-a-lavenir-selon-jean-viard/
Emergence en France de la « société des modes de vie » : initiative, autonomie, mobilité (2012) : https://vivreetesperer.com/emergence-en-france-de-la-societe-des-modes-de-vie-autonomie-initiative-mobilite/
par jean | Mai 6, 2019 | ARTICLES, Beauté et émerveillement |
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« La nature porte toujours les couleurs de lâesprit »
Ralph Waldo Emerson
Les sites de photo regroupĂ©s dans le rĂ©seau Flickr (1) nous offre une multitude de merveilles pour rĂ©jouir nos yeux et nourrir notre esprit. Câest comme un grand jardin oĂč nous pouvons nous promener. Et nous pouvons y dĂ©couvrir les beaux paysages de ce vaste monde.
En phase avec telle ou telle image, notre regard sây arrĂȘte et nous admirons. Câest le temps de lâadmiration. Câest le temps du regard.
Bertrand Vergely, philosophe et thĂ©ologien, nous en parle. : « Comme son Ă©tymologie lâindique, « admirer veut dire : « mirer avec », autrement dit tourner son regard afin de regarder » (2a). Aimer regarder, apprendre Ă regarder, câest abandonner les choses futiles. Câest aller Ă lâessentiel . Câest savoir reconnaĂźtre la beautĂ©. Ce peut ĂȘtre une impression forte : « Devant lâĆuvre belle, nous naissons Ă la plĂ©nitude sans quâil soit possible de dire autre chose », nous rapporte Marie-Magdeleine Davy de la pensĂ©e de Simone Weil (3). Bertrand Vergely nous parle ainsi de la beautĂ© du monde : « BeautĂ© du monde. Les anciens voyaient la nature comme « Logos ». LâĂ©merveillement nous fait remonter Ă cette intention premiĂšre, source de toute vitalitĂ©. On ne vit pas dans un univers vide et mort, on vit parce que lâunivers est saisissant » (2b) . Ainsi, ces images de la nature porte un renouveau. Comme nous le dit Paula W, en citant Emerson, Ă propos de lâune de ces photos : « La nature porte toujours les couleurs de lâesprit ».  Avec reconnaissance pour tous ceux qui prennent ces photos ou participent en les commentant ou les partageant, goĂ»tons la beautĂ© de la nature au printemps
J H
Pour dĂ©couvrir lâĆuvre de chaque auteur, merci de cliquer sur les images.
- Présentation du réseau Flickr sur Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Flickr
- Bertrand Vergely. Retour Ă lâĂ©merveillement. Albin Michel, 2010 (espaces libres) 2a p 201 2b p 10
- Marie-Magdeleine Davy. Simone Weil, 1956
Aux couleurs du printemps
« Wallflower » Â
« Nature always wear the colors of the spirit » Ralph Rando Emerson « Le nature porte toujours les couleurs de lâesprit »
Photo de Paula WÂ Angleterre 25 avril 2019
« Everything you can imagine is real » Pablo Picasso
Une tulipe. « Tout ce que vous pouvez imaginer est réel »
Photo de johnshlau Hong kong 15 mars 2019
« Belle et douce glycine »
Photo de josettegoyer 17 avril 2019
« El viejo olivo » Le vieil olivier
Photo de gloria castro Province de Valencia Espagne 3 avril 2019
« New life » Vie nouvelle
Photo de Sandra Bartocha Postdam Allemagne 3 avril 2019
« Donât worry Be happy »  Ne vous inquiĂ©tez pas Soyez heureux
Photo de hitohira 6 avril 2019
https://www.flickr.com/photos/tanioto/
« Delicious color tulip » Couleur délicieuse de la tulipe
Photo de Tomo MÂ 21 avril 2019
Voir aussi sur ce blog :
« Un regard lumineux dans un pays lumineux »
(le site Flickr de Gloria Castro)
https://vivreetesperer.com/un-regard-lumineux-dans-un-pays-lumineux/
« Le jardin de Paula »
(le site Flickr de Paula W)
https://vivreetesperer.com/le-jardin-de-paula/
« Effets de lumiÚre dans une campagne bocagÚre »
(Le site Flickr de Julie Falk)
https://vivreetesperer.com/effets-de-lumiere-dans-une-campagne-bocagere/
par jean | Mai 15, 2016 | ARTICLES, Vision et sens |
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Participons Ă la communion de lâEsprit saint
La PentecĂŽte⊠à la suite de PĂąques, câest lâĂ©mergence dâun monde nouveau, câest le partage dâun Ă©merveillement, câest une communion qui fait tomber les barriĂšres⊠Voici un message qui nous dit : Oui, câest possible. En Christ ressuscitĂ©, un autrement se prĂ©pare et, dĂšs maintenant, lâEsprit de Dieu est Ă lâĆuvre et nous participons Ă la communion divine.
Dieu nous ouvre Ă sa communion
« La communion du saint Esprit soit avec vous tous », tels sont les termes dâune formule chrĂ©tienne de bĂ©nĂ©diction trĂšs ancienne (2 Cor 13.13) (p 295). JĂŒrgen Moltmann nous montre comment cette parole nous Ă©claire sur la dimension et la portĂ©e de cette communion (1).
« Cette communion de lâEsprit saint « avec vous tous » correspond Ă sa communion avec le PĂšre et le fils. Elle nâest pas un lien extĂ©rieur seulement avec la nature humaine, mais provient de la vie de communion intime du Dieu tri-un riche en relations et elle lâouvre aux hommes en sorte que ces hommes et toutes les autres crĂ©atures soient accueillis afin dây trouver la vie Ă©ternelle.
LâEsprit Ćuvre dans la communautĂ© humaine
A une Ă©poque qui commence Ă prendre conscience des excĂšs de lâindividualisme, Moltmann exprime lâimportance du lien social.  « LâexpĂ©rience de la communautĂ© est expĂ©rience de vie, car toute vie consiste en Ă©changes mutuels de moyens de subsistances et dâĂ©nergie, et en relations de rĂ©ciprocité » (p 297). La vie de lâĂȘtre humain dĂ©pend de son accomplissement comme ĂȘtre en relation. « Une vie isolĂ©e et sans relations, câest Ă dire individuelle au sens littĂ©ral du terme et qui ne peut pas ĂȘtre partagĂ©e, est une rĂ©alitĂ© contradictoire en elle-mĂȘme. Elle nâest pas viable et elle meurt. Câest pourquoi la « communion de lâEsprit saint » nâest quâune autre expression pour dĂ©signer « lâEsprit qui donne la vie ». Par ses Ă©nergies crĂ©atrices, Dieu-Esprit crĂ©e dans la communion avec lui, le rĂ©seau des relations de communion dans lesquelles la vie surgit, sâĂ©panouit et devient fĂ©conde. De ce point de vue, la « communion de lâEsprit saint » est lâactivitĂ© de lâEsprit crĂ©atrice de communautĂ©. La vie naĂźt de la communautĂ©, et lĂ oĂč naissent des communautĂ©s qui rendent la vie possible et la promeuvent, lĂ lâEsprit de Dieu est Ă lâĆuvre. LĂ oĂč nait une communautĂ© de vie, il y a Ă©galement communion avec lâEsprit de Dieu qui donne la vie » (p 298).
Amour et liberté
Cette vie communautaire requiert la prise en compte de la diversitĂ©. « Le concept trinitaire de la communion considĂšre dâemblĂ©e la multiplicitĂ© dans lâunitĂ© ⊠La vraie communautĂ© ouvre les possibilitĂ©s individuelles dans la plus grande des multiplicité⊠Les crĂ©atures concernĂ©es font lâexpĂ©rience de la « communion de lâEsprit saint » aussi bien sous la forme de lâamour qui unit que sous celle de la libertĂ© qui permet Ă chacune dâadvenir Ă elle-mĂȘme selon son individualitĂ© propre⊠La communion qui est au service de la vie ne peut ĂȘtre comprise que comme une communion qui intĂšgre et qui rĂ©alise lâunitĂ© comme la multiplicitĂ©, et qui, en mĂȘme temps, diffĂ©rencie et fait accĂ©der Ă la multiplicitĂ© dans lâunité » (p 299).
ExpĂ©rience de soi-mĂȘme et expĂ©rience sociale
A partir dâune recherche auprĂšs dâenfants, la spiritualitĂ© a pu ĂȘtre dĂ©finie comme « une conscience relationnelle » (2). La pensĂ©e thĂ©ologique de Moltmann sâoriente dans la mĂȘme direction. « Les expĂ©riences de Dieu ne sont pas faites seulement de façon individuelle dans la rencontre de lâĂąme solitaire, propre Ă chacun, avec elle-mĂȘme. Elles sont faites aussi et en mĂȘme temps, sur le plan social, dans la rencontre avec les autres⊠Dans lâexpĂ©rience de la bienveillance des autres, nous faisons lâexpĂ©rience de Dieu. Dans le fait dâĂȘtre aimĂ©s, nous ressentons la proximitĂ© de Dieu⊠LâexpĂ©rience de Dieu dans lâexpĂ©rience sociale et lâexpĂ©rience de Dieu dans lâexpĂ©rience de soi-mĂȘme, ne doivent pas ĂȘtre opposĂ©es sous la forme dâune alternative. Il sâagit en vĂ©ritĂ© de deux faces de la mĂȘme expĂ©rience de la vie, au sein de laquelle nous faisons lâexpĂ©rience des autres et de nous-mĂȘmes » (p 300).
Une expĂ©rience de la natureÂ
« Au delĂ de lâexpĂ©rience de soi-mĂȘme et de lâexpĂ©rience sociale, lâexpĂ©rience de Dieu devient aussi, grĂące notamment Ă la communion de lâEsprit, une expĂ©rience de la nature, puisque lâEsprit est celui qui crĂ©e et qui renouvelle toutes chosesâŠ. LâexpĂ©rience de lâEsprit qui donne vie, qui est faite dans la foi du cĆur et dans la communion de lâamour, conduit dâelle-mĂȘme au delĂ des frontiĂšres de lâEglise, vers la redĂ©couverte de ce mĂȘme Esprit dans la nature, les plantes, les animaux et dans les Ă©cosystĂšmes de la terre » (p 28).
Un chant vient à notre mémoire :
« Dans le monde entier, le Saint Esprit agitâŠ
Au fond de mon cĆur, le Saint Esprit agitâŠÂ »
Cette action est la manifestation et lâexpression dâune communion.
Participer Ă cette communion, câest aussi mieux la reconnaĂźtre dans ses diffĂ©rents aspects. Dieu est vivant et nous appelle Ă vivre pleinement (3).
J H
(1)           Moltmann (JĂŒrgen). LâEsprit qui donne la vie. Cerf, 1999. Lâarticle renvoie aux paginations de ce livre.                             Introduction Ă la pensĂ©e thĂ©ologique de JĂŒrgen Moltmann : http://www.lespritquidonnelavie.com
Le blog : « Vivre et espérer » renvoie fréquemment à la pensée de Moltmann : https://vivreetesperer.com/?s=Moltmann
(2)           Hay (David). Something there. The biology of the human spirit. Darton, Longman and Todd, 2006 (Voir p 139). Voir sur ce blog : « Les expériences spirituelles » : https://vivreetesperer.com/?p=670
(3)           Moltmann (JĂŒrgen). The living God and the fullness of life. World Council of Churches, 2016. Voir sur ce blog : « Dieu vivant. Dieu PrĂ©sent. Dieu avec nous dans un monde oĂč tout se tient » : https://vivreetesperer.com/?p=2267
par jean | Nov 3, 2021 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Hstoires et projets de vie, Vision et sens |
Avec Diana Butler Bass, auteure du livre : « Freing Jesus » (Libérer Jésus)
Peut-ĂȘtre avons nous vĂ©cu un moment, et, en tout cas, pouvons nous lâimaginer, un enfermement religieux ou idĂ©ologique ? Peut-ĂȘtre aujourdâhui mĂȘme ressentons-nous une insatisfaction dans une situation oĂč nous ne trouvons pas Ă lâaise, mais dont nous ne savons pas comment sortir parce que nous sommes attachĂ©s Ă des idĂ©es reçues ? Il est bon alors de pouvoir nous rendre compte quâil y a dâautres situations dâenfermement, et, en regard, des processus de libĂ©ration.
Bien sur, les contextes sociaux et culturels sont trĂšs diffĂ©rents. Ici, nous prĂ©sentons un exemple issu du livre de Diana Butler Bass : « Freing JĂ©sus » : LibĂ©rer JĂ©sus (1). Dans le contexte amĂ©ricain, dans certains milieux, il y a, on le sait, des pulsions religieuses avec toutes leur consĂ©quences psychologiques et thĂ©ologiques. A travers son livre, Diana Butler Bass nous montre combien le visage et le message de JĂ©sus peuvent ĂȘtre dĂ©figurĂ©s. Alors, regardant sa vie et son parcours, Diana partage « dans sa prose la plus intime et la plus incisive, comment son expĂ©rience de JĂ©sus a changĂ© Ă travers les annĂ©es, en le voyant, Ă diffĂ©rents moments, comme ami, enseignant, sauveur, seigneur, voie (way) et prĂ©sence » (page de couverture). Câest un guide pour embrasser tous « les prismes de la nature de JĂ©sus et renouveler notre espĂ©rance en lui ».
Naturellement, lâexpĂ©rience de Diana Butler Bass sâinscrit dans une culture diffĂ©rente de la notre, mais ce livre nous aide Ă mieux approcher la personne de JĂ©sus Ă travers lâexpĂ©rience et la thĂ©ologie. Cependant, nous avons choisi ici un angle de vue particulier, car, principalement dans le chapitre : la voie, Diana Butler Bass nous raconte comment, dans sa jeunesse, elle a Ă©tĂ© soumise Ă une emprise religieuse mortifĂšre et comment elle en est sortie.
Une enfance et une adolescence contrastée
Le livre de Diana Butler Bass prend appui sur son histoire de vie. Et celle-ci sâenracine dans une enfance et une adolescence contrastĂ©e. Ainsi elle raconte une enfance heureuse et pieuse dans un environnement mĂ©thodiste. Dans cette Ă©glise, pas de fondamentalisme. JĂ©sus est prĂ©sentĂ© comme un  « enseignant modĂšle » (p 57). Lâaccent est mis sur « la rĂšgle dâor, le commandement de lâamour, les paraboles, le Nouveau Testament ».
Cependant, quand elle a treize ans, en 1972, sa famille dĂ©mĂ©nage quittant le Maryland pour lâArizona. Câest un grand dĂ©paysement. Les Ă©glises sont trĂšs diverses. Les parents de Diana sâĂ©loignent de la pratique religieuse. Elle Ă©prouve un besoin de sĂ©curitĂ©. Ainsi, peu Ă peu, elle rejoint une Ă©glise Ă©vangĂ©lique. Câest une nouvelle mentalitĂ© qui sâimpose. « Dans le cercle des jeunes Ă©vangĂ©liques, JĂ©sus nâĂ©tait plus un tendre ami ou un enseignant moral, il Ă©tait leur Sauveur et le Sauveur du monde, celui qui les rĂ©compenserait par le ciel et punirait tous ceux qui ne croient pas en lui. Il Ă©tait mort sur la croix pour les purifier de leurs pĂ©chĂ©s, pour prendre leur place quand Dieu jugerait justement les pĂ©cheurs. Ils lui faisaient confiance. Ils croyaient en lui. Ils mettaient leur vie entre ses mains. Et ils seraient avec lui pour toujours dans le ciel, Ă©chappant au nĂ©ant Ă©ternel » (p 49). Dans cette Ă©glise, la clĂ© de tout Ă©tait le pĂ©chĂ©. « Cette Ă©glise aimait parler du pĂ©chĂ©, sâinquiĂ©ter du pĂ©chĂ©, lutter contre le pĂ©chĂ©, confesser le pĂ©chĂ© et pardonner le pĂ©ché » (p 80). Certes, Diana Ă©tait rĂ©ticente Ă confesser ses pĂ©chĂ©s, car elle nâen percevait pas lâimportance. Ce qui Ă©tait important pour elle, câĂ©tait son dĂ©sarroi : « DisloquĂ©e, sĂ©parĂ©e de tout ce quâelle connaissait et aimait, coupĂ©e de ses racinesâŠÂ » (p 75), Diana trouva dans ce nouvel entourage et ce nouveau message, la sĂ©curitĂ© dont elle avait besoin. « Perdue, trouvĂ©e, sauvĂ©e, je passais dâune adolescence triste et solitaire, dâun foyer manquant, Ă une condition nouvelle : ĂȘtre une fille de JĂ©sus (« A Jesus girl ») (p 78). A partir de ces annĂ©es dâadolescence, Diana va ensuite sâengager dans des Ă©tudes supĂ©rieures, au collĂšge dâabord, puis Ă lâuniversitĂ©.
Inclusion ou exclusion
A la sortie du collĂšge, Diana va sâengager dans des Ă©tudes thĂ©ologiques. « Le but Ă©tait dâobtenir un diplĂŽme en thĂ©ologie et en histoire et ensuite de chercher un poste dâenseignante dans une Ă©cole chrĂ©tienne outre mer ». Elle est donc entrĂ©e au sĂ©minaire thĂ©ologique de Gordon-Conwell au nord de Boston. Et « câest lĂ que jâai commencĂ© Ă me sentir perdue » (p 171). Dans son chapitre sur « la voie » (way), Diana nous dĂ©crit comment elle est tombĂ©e dans une ambiance mortifĂšre, et puis comment elle est parvenue Ă Ă©chapper Ă cette emprise.
Elle commente dâabord le verset : « Je suis la voie, la vĂ©ritĂ©, la vie » (Jean 14.6) (2). A travers le Nouveau Testament, JĂ©sus invite les gens Ă le suivre, Ă entreprendre un voyage (a journey) avec lui. Et lĂ , il va plus loin puisquâil se dit le chemin, la route vers la libĂ©ration. Cependant, dans certains milieux, lâaccent est dĂ©placĂ© sur le passage suivant : « Nul ne vient au PĂšre que par moi ». Ce verset est interprĂ©tĂ© par certains comme une parole dâexclusion vis Ă vis de ceux qui nâadhĂ©rent pas au Christ aveuglĂ©ment. Alors comme le dit Diana, « Le chemin nâest pas un chemin du tout. Câest un chemin dedans (in). Lâautre chemin au dehors (out), câest lâenfer » (p 106). Et ensuite, Diana nous explique comment Ă©viter le piĂšge de lâenfermement. Ce verset doit ĂȘtre entendu en termes relationnels et en aboutissement des quatre prĂ©cĂ©dents chapitres de cet Ă©vangile oĂč JĂ©sus prĂ©pare ses amis Ă son dĂ©part. Câest lâexpĂ©rience de la relation avec JĂ©sus qui va les garder.
Ce dĂ©but de chapitre nous introduit ainsi Ă la mentalitĂ© dâexclusion telle quâelle va ĂȘtre dĂ©crite dans la suite du chapitre. Cette mentalitĂ© va ĂȘtre de plus en plus ressentie par Diana comme un enfermement au point que cela va se rĂ©percuter jusque dans sa santĂ©.
Une emprise mortifĂšre
Dans le sĂ©minaire frĂ©quentĂ©e par Diana, il y avait deux groupes : le premier ouvert au changement dans la culture amĂ©ricaine et se posant des questions nouvelles, le second inquiet de cette menace de sĂ©cularisation et redoutant une compromission avec le pĂ©chĂ©. Tous Ă©taient cultivĂ©s, mais, pour le second groupe, les vĂ©ritables hĂ©ros Ă©taient des thĂ©ologiens protestants du XIXĂš siĂšcle et des penseurs du Sud qui, avant la guerre civile, dĂ©fendaient lâesclavage » (p 173). Les deux groupes sâopposaient, mais finalement, les rĂ©formĂ©s calvinistes orthodoxes ont pris le dessus (p 173). Durant ces annĂ©es, il y a plus gĂ©nĂ©ralement, un remontĂ©e conservatrice.
A lâĂ©poque, on pouvait sây mĂ©prendre. Il pouvait y avoir « quelque chose dâexaltant Ă faire partie dâune nouvelle rĂ©forme pour faire revenir le christianisme occidental Ă son grand Ăąge de foi et de vĂ©ritĂ© thĂ©ologique » (p 174). « Jâavais obtenu des rĂ©sultats brillants au sĂ©minaire et je disparaissais dans lâordre et dans lâorthodoxie en trouvant mon rĂŽle comme une femme thĂ©ologiquement conservatrice dans un monde dâautoritĂ©s mĂąles ».
Diana nous dĂ©crit le climat dominant. « Câest lâenseignement dâune orthodoxie vigoureusement calviniste ». On ne nous enseignait « pas seulement la soumission et les hiĂ©rarchies, mais nous Ă©tions formatĂ©s en ce sens si nous dĂ©sirions des emplois »⊠Finalement, la tonalitĂ© principale Ă©tait une vision de plus en plus sombre de lâhumanitĂ©. Les humains Ă©taient considĂ©rĂ©s comme de misĂ©rables pĂ©cheurs. Il y avait dĂ©sormais « un fossĂ© entre la dĂ©pravation de lâhumanitĂ© et la saintetĂ© divine » (p 182). Le culte devenait un exercice « de rĂ©affirmer le pĂ©chĂ© et dâimplorer le pardon. Jâentendais un sermon doctrinalement correct et on chantait des cantique Ă un Dieu tout puissant daignant vous sauver ». « Je mâeffondrais dans lâobscuritĂ©, intellectuellement convaincue que lâhumanitĂ© Ă©tait mauvaise, tombĂ©e si bas quâil ne restait plus rien de bien en nous, entiĂšrement dĂ©pendant dâun Dieu qui pouvait, dans sa sagesse, choisir de sauver quelques uns parmi lesquels je priais ave ferveur de figurer » (p 181). Diana avait Ă©pousĂ© un homme baignant dans cette orthodoxie presbytĂ©rienne (p 180). Mais au bout de quelques mois de mariage, elle sâest sentie misĂ©rable. Ce mariage ne dura pas plus de trois ans.
Un profond malaise
Diana Ă©touffait. Une mĂ©moire remontait Ă lâencontre de la thĂ©ologie dominante. Elle se souvenait des derniers mots dâAnne Franck : « En dĂ©pit de tout, je crois que les gens sont bons au fond » (p 181). Et elle avait toujours envisagĂ© la vie chrĂ©tienne comme un voyage. (« journey »). Ainsi elle se souvenait du livre de Louisa Mary Alcott : « Little women », un plaidoyer pour que les filles comprennent leur vie comme « un voyage vers la bontĂ© et vers Dieu ». Elle avait lu ensuite de nombreux livres envisageant la vie comme un voyage spirituel.
Oui, mais aujourdâhui, « plus ma doctrine se resserrait, plus mon cĆur se sentait contraint » (p 182). Diana Ă©tait constamment dĂ©primĂ©e. « La petite fille dans les bois, qui avait connu JĂ©sus comme ami, avait Ă©tĂ© domestiquĂ©e par des dogmes et rĂšgles imposĂ©s de lâextĂ©rieur et renforcĂ©s par ses propres peurs « (p 186).
Un chemin de libération
Finalement dans ses Ă©tudes, Diana a optĂ© pour lâhistoire de lâĂ©glise. Elle percevait les historiens comme plus sages et irĂ©niques. CâĂ©tait une voie plus sure. « Il ne mâĂ©tait pas venu Ă lâesprit quâĂ©tudier le passĂ© pourrait bouleverser le prĂ©sent ». En Ă©coutant une historienne, elle a dĂ©couvert lâextraordinaire diversitĂ© du christianisme dans lâempire romain. Cette diversitĂ© thĂ©ologique lui enseignait un nouveau regard au delĂ de « vrai et de faux » (p 196). Lâhistoire lui apprenait comment les doctrines sâĂ©taient formĂ©es et le rĂŽle du pouvoir politique dans lâhistoire de ces doctrines. Cet enseignement permettait Ă Diana de dĂ©construire une « certitude thĂ©ologique ».
Diana a pu reconnaĂźtre alors que la voie de JĂ©sus Ă©tait lâamour. « Le christianisme nâest pas une sĂ©rie dâenseignement, mais un chemin de vie « a way of life ». Lâamour de Dieu est toujours prĂ©sent, toujours actif. Rentrant en Californie, aprĂšs ses Ă©tudes universitaires, le mouvement de libĂ©ration sâest poursuivi. Ayant un poste dâenseignement, Diana a acceptĂ© de donner un cours sur la thĂ©ologie fĂ©ministe dans un collĂšge Ă©vangĂ©lique. Cela lâa amenĂ© Ă des nouvelles lectures. Cet enseignement a Ă©tĂ© comme un dĂ©clic. « LĂ oĂč est lâEsprit de Dieu, lĂ est la liberté ». (Corinthiens 3.17).
Un vécu de crise et une vie nouvelle.
Ainsi, Diana a connu une crise sĂ©vĂšre. « Elle se sentait si malheureuse, allant son chemin sans plus dâespoir. Elle ne pouvait plus manger. Elle avait perdu trente livres » (p 193). Elle sâĂ©tait beaucoup interrogĂ©e. Comment en Ă©tait-elle arrivĂ©e lĂ Â ? Oui, en parlant avec un conseiller, elle sâĂ©tait dit enfermĂ©e dans une prison, dans une cage (p 161). Et ce conseiller lâavait interpellĂ© « Oui, peut ĂȘtre avez vous construit une case, mais quâest-ce qui vous y retient ? Sortez en. La porte est ouverte » (p 164). Une prise de conscience sâĂ©tait effectuĂ©e. « Jâavais intĂ©riorisĂ© une sombre histoire de lâhumanitĂ©, me jugeant ainsi sans valeur et indigne dâĂȘtre aimĂ©e » (p 204). Cette image nĂ©gative de lâhistoire du monde sâĂ©tait associĂ©e Ă des Ă©vĂšnements malheureux et Ă une dĂ©prĂ©ciation de la condition fĂ©minine.
Diana a Ă©tĂ© conduite par une recherche spirituelle. « Le pĂ©chĂ© comme Ă©chec de lâamour, cela faisait sens pour moi. JĂ©sus est venu ouvrir une voie dâamour. Cela mâaidait Ă comprendre que je nâĂ©tais pas rĂ©ellement sans valeur » (p 207). Diana raconte comment elle a peu Ă peu Ă©mergĂ©. « Lentement, mois aprĂšs mois, jâai avancĂ©, sauvĂ©e par les choses les plus inattendues ». Citant Norman Wirba : « Le dĂ©sir de lâamour est toujours que toutes les crĂ©atures soient bien et atteignent la plĂ©nitude de leur ĂȘtre⊠Câest pourquoi quand les crĂ©atures sont blessĂ©es, lâamour sâactive pour leur apporter la guĂ©rison » (p 211). En regard de ce qui est mort, quelque chose de nouveau arrive Ă lâexistence. « La rĂ©surrection commença Ă ĂȘtre rĂ©elle » (p 211). « Si le grain de blĂ© tombĂ© en terre, ne meurt aprĂšs quâon lây a jetĂ©, il demeure seul, mais sâil meurt, il porte beaucoup de fruits » (Jean 12.24). LâactivitĂ© de Diana reprit. Elle se mit Ă Ă©crire, trouva une Ă©glise qui prenait au sĂ©rieux lâamour de Dieu pour guĂ©rir et renouveler le monde. Elle lut de nouveaux livres et trouva de nouveaux amis. « JâĂ©tais libre. Et plus, je sortais de la cage, plus je savais que JĂ©sus Ă©tait avec moi ». En fĂ©vrier 1996, elle rencontra, en pleine affinitĂ©, un homme avec lequel elle sâest mariĂ©, onze mois plus tard. « Le chemin se fait en marchant ». « Quelque soit ce qui sâĂ©tait conjuguĂ© pour crĂ©er ma cage, jâai choisi diffĂ©remment. Jâai perdu beaucoup. Jâai gagnĂ© davantage. Et JĂ©sus Ă©tait avec moi. Le chemin nous a amenĂ© ici » (p 214).
Cette histoire dâemprise, puis de libĂ©ration, nâest quâune facette du livre : « Freing Jesus ». Lâimage de JĂ©sus est souvent dĂ©formĂ©e par des interprĂ©tations sociales et religieuses. « LibĂ©rer JĂ©sus » est un service bienvenu. Certes, dans un contexte culturel particulier, elle allie une expĂ©rience personnelle, une inspiration spirituelle, un savoir thĂ©ologique et historique et un talent dâĂ©crivain.
Si nous avons choisi de nâen retenir quâun aspect, la maniĂšre dont on peut ĂȘtre entrainĂ© dans une emprise religieuse, puis en ĂȘtre libĂ©rĂ©, câest parce que ce rĂ©cit nous aide Ă comprendre et ainsi aider ceux qui y sont confrontĂ©s. Ce phĂ©nomĂšne dâemprise peut se manifester dans diffĂ©rents domaines de la religion et de la politique. Il prospĂšre dans des situations dâinsĂ©curitĂ© (3) oĂč telle idĂ©ologie apparaĂźt comme un refuge. Il apparaĂźt, bien sur, dans les « dĂ©rives sectaires ».
Ce rĂ©cit montre comment des certitudes peuvent dĂ©boucher sur un univers mental qui vous sĂ©pare du monde extĂ©rieur et vous enferme. Pour faire face Ă lâemprise, si les Ă©motions jouent un rĂŽle majeur, il faut prendre en compte les idĂ©es auxquelles les gens adhĂšrent et rĂ©pondre Ă leurs questionnements souvent inavouĂ©s et souterrains. Câest Ă travers une Ă©volution des idĂ©es et des reprĂ©sentations quâun chemin de libĂ©ration peut sâouvrir. Diana se sentait mal Ă lâaise. Elle disposait dâune ressource intĂ©rieure, celle de sa mĂ©moire dâun autre vĂ©cu. Elle a trouvĂ© une ouverture dans la rĂ©flexion historique. Elle a Ă©tĂ© aidĂ©e par des accompagnements.
Certaines croyances sont directement mortifĂšres. On le voit dans ce rĂ©cit. Sâattacher Ă la perception du mal engendre le mal. Le remĂšde, câest lâamour comme JĂ©sus nous y invite. Lâamour libĂšre des exclusions et des sĂ©parations. « Le chemin de JĂ©sus est le chemin de lâamour », écrit Diana Butler Bass.
J H
- Diana Butler Bass. Freing Jesus. Rediscovering Jesus as Friend, Teacher, Saviour, Lord and Presence. Harper One, 2021
- Ce verset : « Je suis la voie, le vérité et la vie » porte une libération spirituelle. Comme le montre Monique Hébrard, il résonne chez beaucoup de nos contemporains : https://www.la-croix.com/Archives/1995-10-11/Je-suis-la-voie-la-verite-la-vie-_NP_-1995-10-11-398498
- LâinsĂ©curitĂ© abrite Ă©galement le ressentiment qui se traduit par des enfermements et des emprises. Le livre De Cynthia Fleury : « Ci-git lâamer », nous Ă©claire Ă ce sujet : https://vivreetesperer.com/face-au-ressentiment-un-mal-individuel-et-collectif-aujourdhui-repandu/
Diana Butler Bass est lâauteur de plusieurs livres innovants et Ă©clairants sur lâĂ©volution du christianisme et la recherche spirituelle aujourdâhui.
Voir ici :
Une nouvelle maniÚre de croire. Selon Diana Butler Bass dans son livre : Grounded : https://vivreetesperer.com/une-nouvelle-maniere-de-croire/
Dieu vivant, Dieu prĂ©sent, Dieu avec nous dans un monde oĂč tout se tient : https://vivreetesperer.com/dieu-vivant-dieu-present-dieu-avec-nous-dans-un-univers-interrelationnel-holistique-anime/
par jean | Mar 6, 2019 | ARTICLES, Expérience de vie et relation |
Une institutrice témoigne.
Savoir demander pardon !
Un adulte qui demande pardon Ă un enfant : savez-vous que cela peut exister ? Cette attitude nâest pas courante dans la sociĂ©tĂ© actuelle. VoilĂ pourquoi jâai admirĂ© mon amie Virginie. Elle est enseignante dans le primaire. Les enfants sont durs et ils ont le don de mettre les nerfs de leurs enseignants Ă bout, mâa-t-elle racontĂ©. Et ce jour-lĂ , le petit (appelons-le) Martin lâa particuliĂšrement Ă©nervĂ©e. Elle, habituellement si placide, a perdu patience et lâa rudement admonestĂ©. La journĂ©e a passĂ©, les nerfs Ă fleur de peau. Bien sĂ»r, Virginie nâĂ©tait pas trop contente dâelle. La rĂ©action habituelle est, bien souvent, de refouler ce malaise intĂ©rieur. Virginie, au contraire, sâest remĂ©morĂ©e la situation et a pensĂ© Ă lâenfant, mâa-t-elle dit. « Je nâaime pas penser quâun enfant vienne Ă lâĂ©cole, la peur au ventre, dans la crainte de se voir Ă nouveau rejetĂ© dans ses rĂ©actions ». Et, geste que jâai trouvĂ© admirable, elle a demandĂ© pardon Ă lâenfant devant sa maman. Celle-ci a Ă©tĂ© choquĂ©e que cette maĂźtresse « sâabaisse » ainsi devant un enfant. Elle nâavait pas compris que ce nâĂ©tait pas perdre son autoritĂ© que de reconnaĂźtre ses torts et de montrer que lâadulte nâest pas parfait. Au contraire, lâenfant se sent dâautant plus en confiance quâil nâest pas soumis Ă une pression autoritaire. Tout enfant est sensible Ă la justice et il reconnaĂźt la vraie autoritĂ©. ReconnaĂźtre ses erreurs est une attitude de force et non de faiblesse. Cette maman, sans le formuler ainsi, a dĂ» le ressentir, car, dâaprĂšs mon amie Virginie, elle est partie contente. Sâest-elle, elle-mĂȘme, sentie valorisĂ©e Ă travers son enfant ? Câest probable.
Jâai connu un pĂšre qui demandait ainsi pardon Ă son fils lorsquâil sâĂ©nervait ou se trompait. Jâai constatĂ© quâun grand courant de confiance et dâaffection passait entre eux. Et jâai apprĂ©ciĂ© ce sentiment de joie chez lâenfant, dĂ©jĂ adolescent, le jour oĂč il sâest exclamĂ©Â : « Câest bien de se disputer. AprĂšs on est content de se rĂ©concilier ». Une sorte de connivence sâĂ©tait Ă©tablie entre eux.
Tout geste positif entraĂźne dâabondantes bĂ©nĂ©dictions. Cela me rappelle la recommandation de Paul aux chrĂ©tiens de Galates (6.1..). « FrĂšres, si quelquâun sâest laissĂ© surprendre par une faute , vous, qui vous laissez conduire par lâEsprit, ramenez-le dans le droit chemin avec affection et douceur, en Ă©vitant tout sentiment de supĂ©rioritĂ©. Et toi qui interviens, fais attention de ne pas tomber toi-mĂȘme dans lâerreur. ». JĂ©sus a montrĂ© beaucoup de sollicitude et de respect pour les enfants. Les mots bibliques de douceur et humilitĂ© sont peu employĂ©s de nos jours dans la vie courante. Par contre, le respect est frĂ©quemment invoquĂ© et il est souvent rĂ©clamĂ© par des jeunes et des moins jeunes. Nâest-ce pas lĂ une attitude prĂ©alable Ă toute relation vraie et Ă un vĂ©ritable amour pour le prochain ?
Cette histoire a Ă©tĂ© pour moi une source de rĂ©flexion que je partage ici,  comme un Ă©veil Ă la beautĂ© qui se dĂ©gage dâune relation vĂ©cue dans lâamour et la vĂ©ritĂ©. Merci, Virginie, de mâavoir racontĂ© ta mĂ©saventure avec tant de simplicitĂ©.
Odile Hassenforder
Dix ans aprĂšs son dĂ©part en mars 2009, ce blog continue Ă sâinspirer de la pensĂ©e dâOdile et de son livre : « Sa prĂ©sence dans ma vie » dont des extraits sont rĂ©guliĂšrement publiĂ©s sur ce site : https://vivreetesperer.com/odile-hassenforder-sa-presence-dans-ma-vie-un-temoignage-vivant/
Cet article, mis en ligne en mars 2007 sur le site : Témoins, avait échappé à la recension du livre, et nous le publions ici. Dans sa version initiale, il est suivi par le témoignage de Virginie auquel on pourra se reporter : http://www.temoins.com/lenfant-une-personne-a-respecter-une-institutrice-temoigne/
Ce rĂ©cit nous « éveille Ă la beautĂ©Â qui se dĂ©gage dâune relation vĂ©cue dans lâamour et la vĂ©rité ». Mais il appelle aussi au respect de l âenfant. On peut se rĂ©jouir que cette conscience sâĂ©tende et sâaffirme aujourdâhui. Câest le cas dans lâapproche Montessorienne qui se diffuse aujourdâhui sur diffĂ©rents modes et notamment dans lâexpĂ©rience et la pensĂ©e de CĂ©line Alvarez : « Pour une Ă©ducation nouvelle, vague aprĂšs vague » : https://vivreetesperer.com/pour-une-education-nouvelle-vague-apres-vague/
Câest aussi le cas dans lâĂ©ducation bienveillante qui peut sâappuyer sur la Communication Non Violente (CNV) . A cet Ă©gard, on pourra consulter le blog de Coralie Garnier :les6doigtsdelamain, qui nous prĂ©sente une approche de « parentalitĂ© positive ». On pourra y lire le rĂ©cit de lâentretien de Coralie avec le professeur de sa fille qui avait injustement rabrouĂ© celle-ci. Dans une inspiration de communication non violente, une finesse et sa comprĂ©hension qui engendrent la rĂ©ussite du dialogue, lâattitude de Coralie et la description de la conversation nous paraissent exemplaires. Respect de lâenfant, respect de lâadulte : « Mon entretien dĂ©licat avec le professeur de ma fille » : https://les6doigtsdelamain.com/mon-entretien-delicat-avec-la-professeur-de-ma-fille/