Une révolution culturelle, selon Jean Viard

 Si la pression de la pandĂ©mie se relĂąche actuellement, elle nous a profondĂ©ment marquĂ© et nous gardons une saine vigilance. Dans la menace omniprĂ©sente et les bouleversements nĂ©cessaires de nos habitudes sociales pour y faire face, nous avons vĂ©cu un vĂ©ritable cauchemar. Et si , aujourd’hui, nous commençons Ă  nous rĂ©veiller, notre regard a changĂ©. Nous voyons le monde diffĂ©remment, mais en quoi au juste ? D’oĂč venons nous ? OĂč en sommes nous ? OĂč allons nous ? VoilĂ  des questions auxquelles Jean Viard nous aide Ă  rĂ©pondre dans un livre rĂ©cent : « La rĂ©volution que l’on attendait est arrivĂ©e » (1).

Nous avons dĂ©jĂ  rencontrĂ© Jean Viard sur ce blog (2). C’est un sociologue qui allie hauteur de vue et regard concret nourri par l’observation de la vie quotidienne. Lui mĂȘme est enracinĂ© dans un pays, en Provence et, en mĂȘme temps, comme sociologue, comme Ă©diteur, il est constamment en phase avec l’évolution de notre sociĂ©tĂ©. Il sait donner une signification aux donnĂ©es chiffrĂ©es et aborder les rĂ©alitĂ©s sociales dans leurs proportions. Jean Viard a Ă©galement le grand mĂ©rite de ne pas se contenter de dĂ©crire la rĂ©alitĂ©, mais de dĂ©gager Ă©galement des voies d’avenir. Cette sociologie s’allie Ă  une dynamique de l’espoir.

Alors, dans le contexte actuel, encore hĂ©sitant, ce livre vient Ă  point. Il est particuliĂšrement Ă©clairant comme les prĂ©cĂ©dents livres de Jean Viard. Il foisonne en rĂ©flexions originales. Aussi, nous nous bornerons Ă  n’en prĂ©senter que quelques points forts, des visions qui Ă©clairent nos maniĂšres de voir. Ce livre se lit de bout en bout. Et comme aujourd’hui nous avons besoin d’y voir plus clair, c’est un livre qui appelle la lecture de tous, une lecture citoyenne parce qu’elle encourage et Ă©claire le vivre ensemble.

 

Comment le dĂ©sastre a-t-il pu ĂȘtre limité ?

Chacun a pu frĂ©mir en voyant la menace se manifester en des milliers et des milliers de morts. Cependant, est-ce qu’au total nous n’avons pas Ă©chappĂ© au pire ? Est-ce que le dĂ©sastre n’a pas Ă©tĂ© contenu ? Jean Viard nous aide Ă  voir le positif dans le nĂ©gatif.

Face Ă  cette Ă©pidĂ©mie, il y a eu un choix qui tĂ©moigne d’une prioritĂ© accordĂ©e Ă  la vie humaine. Ce choix a Ă©tĂ© politique : accepter de « casser l’économie pour « sauver les vieux » pourtant improductifs » (p 26).

Cette solidaritĂ© s’est manifestĂ©e Ă©galement sur le plan social : «  TĂ©lescopage des gĂ©nĂ©rations et immenses phĂ©nomĂšnes de solidaritĂ©. Des jeunes ont Ă©tĂ© fantastiques. Ils se sont hyperprotĂ©gĂ©s pour prĂ©server les plus ĂągĂ©s. Ils ont remplacĂ© au pied levĂ© les retraitĂ©s qui agissaient dans des associations de solidaritĂ©. C’est une force. Dans les milieux populaires, ça s’est relativement bien passĂ©, car ce sont les familles qui gardent le plus leurs anciens Ă  la maison  » (p 33).

Cette solidaritĂ© s’est manifestĂ©e Ă  tous les niveaux. « L’expĂ©rience fut tragique et extraordinaire : familiale, locale, nationale, continentale et planĂ©taire. Des humains unis dans un mĂȘme combat, une mĂȘme incertitude. La France fit corps, l’Europe fit corps. Le monde fit corps. Les familles firent corps autour de leurs anciens » (p 14). Jean Viard discerne ainsi du positif dans une rĂ©action disparate. Nous ne reviendrons pas ici sur les erreurs et les fautes des dispositifs sanitaires. L’auteur pointe les lourdeurs de l’organisation administratives.

Sur un autre registre, Jean Viard met l’accent sur les progrĂšs de la science. « La science a fait des pas de gĂ©ant. Deux cent soixante laboratoires ont travaillĂ© en parallĂšle. Des centaines de milliards ont Ă©tĂ© engagĂ©s. La science a repris sa place historique de porteuse de progrĂšs et de soin » (p 14).

Au total, le dĂ©sastre a Ă©tĂ© limitĂ©. En regard, la grippe espagnole a Ă©tĂ© beaucoup plus dĂ©vastatrice. Elle a pris « de cinquante Ă  cent millions de vies dans une humanitĂ© deux fois moins nombreuse et beaucoup moins mobile. RĂ©jouissons-nous que la vie humaine ne soit plus une variable d’ajustement, mais soit devenue pour le monde entier, une valeur cardinale » (p 16). Aujourd’hui, il y a eu « des millions de morts et de malades », mais « le combat sauva sans doute de cinquante Ă  cent millions de vies » (p 26).

 

Une transformation profonde

Cette Ă©preuve a engendrĂ© une rĂ©flexion profonde, une remise en cause. Les mentalitĂ©s et les comportements ont changĂ©. Et si nous entrons dans une rĂ©trospective historique, nous pouvons dĂ©couvrir que notre sociĂ©tĂ© a changĂ© de cap. Jean Viard met en Ă©vidence cette transformation. « Nous avons changĂ© de monde » (p 11). « Le fond de l’air n’est plus le mĂȘme. La hiĂ©rarchie de l’importance des choses et des mĂ©tiers a Ă©tĂ© comme bousculĂ©e » (p 14). En voici un indice : « 10% des français disent vouloir changer de vie. Ils ne le feront pas tous, mais ils le dĂ©sirent. C’est un mouvement puissant » (p 34).

Jean Viard nous dĂ©crit quelques lignes de force de la transformation actuelle. « Le retour d’un commun – cette fois-ci planĂ©taire et simultanĂ©ment – ouvre une nouvelle Ă©poque, comme la rĂ©volution industrielle l’avait fait au XIXĂš siĂšcle. Mais alors seulement pour une part de l’humanitĂ©. Aujourd’hui, nous sommes tous acteurs dans le mĂȘme temps planĂ©taire » (p 28). Une nouvelle civilisation s’annonce : Ă©cologique et numĂ©rique. « Nous sommes en train de nous dĂ©crocher des sociĂ©tĂ©s industrielles et post-industrielles pour basculer dans des sociĂ©tĂ©s numĂ©riques et Ă©cologiques.

La vie, y compris celle de la nature, a repris le pas sur la matiĂšre transformĂ©e et l’objet  » (p 22). La pandĂ©mie actuelle nous rappelle que nous appartenons au monde du vivant. Elle nous apprend que nous sommes capables de faire face au rĂ©chauffement climatique Ă  travers un changement de nos prioritĂ©s et de nos comportements. « Cette pandĂ©mie va servir pendant des dĂ©cennies de justification Ă  la lutte contre le dĂ©rĂšglement climatique. De cette tragĂ©die, peut, et doit, naĂźtre un nouvel impĂ©ratif existentiel au nom de ceux qui ont souffert et qui sont morts » (p 94).

La crise sanitaire a pu ĂȘtre affrontĂ©e grĂące Ă  la prĂ©sence du numĂ©rique. « Sans internet, le confinement aurait Ă©tĂ© invivable » (p 56). Aujourd’hui, le numĂ©rique est partout disponible.  « Ce n’est que depuis 1945 que la sociĂ©tĂ© du pĂ©trole dirige nos dĂ©placements et nos rencontres. La Grande PandĂ©mie marque une rupture de mĂȘme nature. Le numĂ©rique a pris la main. On ne va Ă©videmment pas supprimer le lien physique. Il faudra toujours se voir, mais dorĂ©navant, la premiĂšre question qu’on se posera, sera : Peut-on le faire par Zoom, Skype ou autre
 Bien sĂ»r, les deux modes de rencontre vont se complĂ©ter » (p 45-46). Aujourd’hui, le tĂ©lĂ©travail est devenu une rĂ©alitĂ© majeure. Ainsi partout, le numĂ©rique est en train de s’imposer. « MĂȘme au sein de la famille, on se verra par zoom. Amazon Ă©crasera alors les trĂšs grandes surfaces. Le tĂ©lĂ©travail – du moins Ă  temps partiel- deviendra la rĂšgle pour ceux qui le peuvent. Les enseignants eux-mĂȘmes utiliseront plus souvent les outils  numĂ©riques  » (p 46).

Et, en mĂȘme temps, il y a aujourd’hui un grand dĂ©sir d’un nouveau genre de vie : donner un sens Ă  sa vie, vivre en relation, se trouver Ă  proximitĂ© de la nature, rechercher le beau. DĂšs lors, on veut repenser nos lieux de vie. Jean Viard Ă©voque les laideurs de la modernisation de l’aprĂšs-guerre. « Demain, peu Ă  peu, la prioritĂ© va ĂȘtre donnĂ© Ă  la mise en scĂšne du patrimoine, du beau, de l’art, des forĂȘts, des bocages. C’est ce que j’appelle l’esprit des lieux » (p 62).

« Aujourd’hui, nous changeons de rĂ©cit commun. La modernitĂ©, c’est Ă  dire l’éloignement progressif du passĂ© et de son principe d’autoritĂ© laisse la place Ă  une nouvelle alliance entre passĂ© et rĂ©volution numĂ©rique et technologique
 C’est pour cela que l’esprit des lieux devient primordial, car si le premier lien est numĂ©rique, il se passe en grande partie Ă  partir ou autour de lĂ  oĂč j’habite. Le numĂ©rique, comme la tĂ©lĂ©vision hier, renforce la place du domicile comme caverne centrale. Mais une caverne faite pour la vie, l’amour, la culture, le travail, la famille, le lien avec la nature par le jardinage et l’animal domestique » (p 62).

C’est aussi la promotion du local. « Soutenue par une quĂȘte de vie locale, de ville du quart d’heure, du marchĂ© du soir et du week-end, de vente directe, le bio a gagnĂ© 15% de nouveaux consommateurs pendant la pandĂ©mie en particulier chez les jeunes et dans les milieux populaires- mais hors grandes surfaces. Du lien donc avec l’autre et avec le sol » (p 70).

 

Une nouvelle géographie sociale

AprĂšs avoir rappelĂ© la gĂ©ographie sociale de l’aprĂšs-guerre et notamment les bastions communistes, Jean Viard nous dĂ©crit un nouveau paysage. LĂ  aussi, la crise est Ă  l’Ɠuvre et joue parfois un rĂŽle d’accĂ©lĂ©rateur.

Le peuple ouvrier a changĂ©. Au cours des derniĂšres dĂ©cennies, « la France des ouvriers s’est rapprochĂ©e des petites villes, des lotissements et des paysans du vaste pĂ©riurbain » (p 114). « La France ouvriĂšre existe toujours, pour partie dans le monde des ouvriers d’entretien, pour partie dans l’industrie qui pĂšse encore 13% du PIB » (p 115). « La pandĂ©mie a contribuĂ© Ă  redonner des lettres de noblesse Ă  l’industrie et a montrĂ© l’absurditĂ© de certaines localisations lointaines » (p 115).

Jean Viard distingue un second groupe : Les travailleurs du care et des services. Les travailleurs du care habitent les banlieues et ceux des services, la grande pĂ©riphĂ©rie, le pĂ©riurbain, parmi ces derniers, certains d’entre eux ayant participĂ© aux manifestations des gilets jaunes. Notons deux suggestions en leur faveur : une politique de logement social pour les premiers, une politique du foncier pour les seconds.

Et puis, Il y a un troisiĂšme groupe, « celui dont le monde professionnel est numĂ©risé : 30% Ă  40% des emplois, certaines Ă©tudes disent 60%, au moins pour une partie du temps ». C’est un monde en expansion. « Si il est socialement homogĂšne, il ne l’est pas gĂ©ographiquement. Il s’agit ainsi d’abord du monde des mĂ©tropoles, mais plus uniquement, car certains d’entre eux, avant mĂȘme la pandĂ©mie avaient commencĂ© Ă  rĂ©investir les villes moyennes, les petites villes et la campagne. Des nĂ©o-ruraux qui s’éloignent de la ville, non par nĂ©cessitĂ©, mais par choix » (p 123). « Ainsi on note une congruence entre le monde des rĂ©sidences secondaires et celui du tĂ©lĂ©travail qui se chevauchent » (p 124). La pandĂ©mie a accru ce mouvement. « 20% des parisiens au moins ont quittĂ© la ville au dĂ©but du premier confinement, soit 450 000 personnes » (p 127).

Il y a enfin le monde des fermes ancré dans les terre arables.

Jean Viard nous décrit les rapports entre les différents milieux en mouvement. « Car il y a un désir massif des populations de travailler dans les grandes métropoles ou en lien avec elle, mais de ne pas y habiter toujours » (p 129).

Cette analyse a une portée internationale. « Aux Etats-Unis, une partie de la société rurale ou en partie périurbaine se vit comme « scotchée» et une autre partie, métropolitaine et péri métropolitaine, se vit comme emportée par un flux » (p 132). « Ce décalage stock flux se retrouve dans toutes nos grandes démocraties » (p 133).

 

Le réenchantement du territoire

Le rĂ©enchantement du territoire, c’est le sous-titre du livre de Jean Viard. L’auteur y met l’accent sur « l’esprit des lieux ». C’est le renouveau du local dans la mise en valeur de sa culture et de son patrimoine. « Comment rĂ©investir les lieux patrimoniaux qui donnent du sens Ă  l’aventure d’y vivre avec nos modes de vie et nos usages contemporains. La pandĂ©mie va accentuer cette double demande de mĂ©moire et d’art de vivre. Le patrimoine, les fermes, la nature sont devenus la toile de fond d’une vie mobile oĂč les logements grandissent et s’ouvrent sur l’extĂ©rieur » (p 150). Jean Viard nous montre comment nous sommes passĂ© de la France paysanne, incarnĂ©e dans la IIIĂš RĂ©publique Ă  la nouvelle gĂ©ographie d’aujourd’hui en passant par « l’épopĂ©e des trente glorieuses » et son maillage territorial : « Quartiers rouges, quartiers bourgeois, campagne et rural profond » (p 106). Jean Viard Ă©voque le dĂ©sarroi rĂ©cent de la sociĂ©tĂ© française : « Le rĂ©cit national ne rassemble plus, les appartenances de classe sur lesquelles reposaient le champ politique n’intĂ©ressent plus. La sociĂ©tĂ© est devenue mobile, et la figure de l’arrivant devient notre angoisse » (p 109). « Peu Ă  peu, l’école, les maires, les petites et moyennes entreprises, Ă  Ă©galitĂ© avec la justice et la police, paraissent aux citoyens les plus protecteurs des valeurs rĂ©publicaines » (p 109).

Cet Ă©quilibre Ă©tait prĂ©caire et menacĂ© par une Ă©conomie mondialisĂ©e galopante. « Or la civilisation Ă©cologique et numĂ©rique oĂč nous entrons, me paraĂźt permettre de reterritorialiser les liens sociaux. Ce mouvement Ă©tait dĂ©jĂ  en cours. Le local Ă©tait une prĂ©occupation de plus en plus forte. Paris se dĂ©peuplait. Les villes pensaient forĂȘts et fermes urbaines, vĂ©lo, marche Ă  pied
 Puis la grande pandĂ©mie a fonctionnĂ© comme une loupe grossissant tous les traits, parfois peu visibles, de notre sociĂ©tĂ© (p 110-111). On a vu Ă©merger une nouvelle classification du social, une nouvelle spatialisation sociale renforcĂ©e par la numĂ©risation des liens » (p 111).

Ce livre Ă©claire nos situations de vie. Nous nous y reconnaissons. Il ouvre des pistes et fourmille de propositions innovantes (chapitre 4). Il est inspirĂ© par une vision positive et une dynamique d’espoir, par exemple « lorsqu’il parle de l’intime conviction que si l’humanitĂ© a pu dĂ©rĂ©gler le climat, cela veut dire que la puissance humaine est aussi apte Ă  le rerĂ©guler » (p 66). Bien sĂ»r, rien n’est gagnĂ© d’avance. La pandĂ©mie n’est pas terminĂ©e. « Nul ne sait la date oĂč nous sortirons de la pandĂ©mie, ni si il faut dĂ©jĂ  annoncer les suivantes » (p 87). De mĂȘme, la menace d’un totalitarisme politique peut resurgir. A nous d’y faire face. Ce livre a, entre autres, une vertu. Il nous montre qu’à travers cette Ă©pidĂ©mie nous avons beaucoup appris. Nous pouvons Ă©galement tirer des leçons de nos Ă©checs. Ce livre nous apporte une remarquable analyse, mais il nous offre aussi le dynamisme d’une vision :

« Il faut replanter la vieille rĂ©publique paysanne dans une sociĂ©tĂ© de jardins, de parcs, mais aussi de terres arables, de forets, de rivages. Toujours. La replanter dans cette nature dont nous sommes membres, qui nous environne et qui est en nous. Prendre soin de la Terre et de l’humanitĂ©. Avec la puissance du numĂ©rique et de la science. De la RĂ©volution mentale, Ă©cologique et culturelle que nous venons de vivre. Mai 68 puissance cent » (p 220).

Voici une lecture indispensable, une lecture citoyenne.

J H

(1) Jean Viard. La rĂ©volution que l’on attendait est arrivĂ©e. Le rĂ©enchantement du territoire. Edition de l’Aube, Fondation Jean Jaures, 2021 Une interview vidĂ©o de Jean Viard sur ce livre : https://www.youtube.com/watch?v=WvgeXWpURJQ
(2) Articles sur Vivre et espérer concernant des livres de Jean Viard : Une société si vivante (2018) : https://vivreetesperer.com/une-societe-si-vivante/
Penser à l’avenir (2016) : https://vivreetesperer.com/penser-a-lavenir-selon-jean-viard/
Emergence en France de la « société des modes de vie » : initiative, autonomie, mobilité (2012) : https://vivreetesperer.com/emergence-en-france-de-la-societe-des-modes-de-vie-autonomie-initiative-mobilite/

Aux couleurs du printemps avec les sites Flickr

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« La nature porte toujours les couleurs de l’esprit »
Ralph Waldo Emerson

Les sites de photo regroupĂ©s dans le rĂ©seau Flickr (1) nous offre une multitude de merveilles pour rĂ©jouir nos yeux et nourrir notre esprit. C’est comme un grand jardin oĂč nous pouvons nous promener. Et nous pouvons y dĂ©couvrir les beaux paysages de ce vaste monde.

En phase avec telle ou telle image, notre regard s’y arrĂȘte et nous admirons. C’est le temps de l’admiration. C’est le temps du regard.

Bertrand Vergely, philosophe et thĂ©ologien, nous en parle. : « Comme son Ă©tymologie l’indique, « admirer veut dire : « mirer avec », autrement dit tourner son regard afin de regarder » (2a). Aimer regarder, apprendre Ă  regarder, c’est abandonner les choses futiles. C’est aller Ă  l’essentiel .  C’est savoir reconnaĂźtre la beautĂ©.  Ce peut ĂȘtre une impression forte : « Devant l’Ɠuvre belle, nous naissons Ă  la plĂ©nitude sans qu’il soit possible de dire autre chose », nous rapporte Marie-Magdeleine Davy de la pensĂ©e de Simone Weil (3). Bertrand Vergely nous parle ainsi  de la beautĂ© du monde : « BeautĂ© du monde. Les anciens voyaient la nature comme « Logos ». L’émerveillement nous fait remonter Ă  cette intention premiĂšre, source de toute vitalitĂ©. On ne vit pas dans un univers vide et mort, on vit parce que l’univers est saisissant » (2b) . Ainsi, ces images de la nature porte un renouveau. Comme nous le dit Paula W, en citant Emerson, Ă  propos de l’une de ces photos : « La nature porte toujours les couleurs de l’esprit ».  Avec reconnaissance pour tous ceux qui prennent ces photos ou participent en les commentant ou les partageant, goĂ»tons la beautĂ© de la nature au printemps

J H

Pour dĂ©couvrir l’Ɠuvre de chaque auteur, merci de cliquer sur les images.

  1. Présentation du réseau Flickr sur Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Flickr
  2. Bertrand Vergely. Retour Ă  l’émerveillement. Albin Michel, 2010 (espaces libres) 2a p 201  2b p 10
  3. Marie-Magdeleine Davy. Simone Weil, 1956

 

Aux couleurs du printemps

 

« Wallflower »  
« Nature always wear the colors of the spirit » Ralph Rando Emerson  « Le nature porte toujours les couleurs de l’esprit »
Photo de Paula W  Angleterre 25 avril 2019

Wallflower - Paula W

 

« Everything you can imagine is real » Pablo Picasso
Une tulipe. « Tout ce que vous pouvez imaginer est réel »
Photo de johnshlau  Hong kong 15 mars 2019

Photo-de--johnshlau-Hong-kong

 

« Belle et douce glycine »
Photo de josettegoyer  17 avril 2019

Photo-de-josettegoyer

 

« El viejo olivo »  Le vieil olivier
Photo de gloria castro  Province de Valencia Espagne 3 avril 2019

Photo-de-gloria-castro

 

« New life »  Vie nouvelle
Photo de Sandra Bartocha  Postdam Allemagne 3 avril 2019

Photo-de-Sandra-Bartocha

 

« Don’t worry Be happy »   Ne vous inquiĂ©tez pas  Soyez heureux
Photo de hitohira  6 avril 2019
https://www.flickr.com/photos/tanioto/

Photo de hitohira

 

« Delicious color tulip » Couleur délicieuse de la tulipe
Photo de Tomo M  21 avril 2019

Photo-de-Tomo-M

 

Voir aussi sur ce blog :

« Un regard lumineux dans un pays lumineux »
(le site Flickr de Gloria Castro)
https://vivreetesperer.com/un-regard-lumineux-dans-un-pays-lumineux/

« Le jardin de Paula »
(le site Flickr de Paula W)
https://vivreetesperer.com/le-jardin-de-paula/

« Effets de lumiÚre dans une campagne bocagÚre »
(Le site Flickr de Julie Falk)
https://vivreetesperer.com/effets-de-lumiere-dans-une-campagne-bocagere/

La PentecĂŽte, une communion qui fait tomber les barriĂšres

 

Participons à la communion de l’Esprit saint

La PentecĂŽte
 Ă  la suite de PĂąques, c’est l’émergence d’un monde nouveau, c’est le partage d’un Ă©merveillement, c’est une communion qui fait tomber les barriĂšres
 Voici un message qui nous dit : Oui, c’est possible. En Christ ressuscitĂ©, un autrement se prĂ©pare et, dĂšs maintenant, l’Esprit de Dieu est Ă  l’Ɠuvre et nous participons Ă  la communion divine.

 

Dieu nous ouvre Ă  sa communion

« La communion du saint Esprit soit avec vous tous », tels sont les termes d’une formule chrĂ©tienne de bĂ©nĂ©diction trĂšs ancienne (2 Cor 13.13) (p 295). JĂŒrgen Moltmann nous montre comment cette parole nous Ă©claire sur la dimension et la portĂ©e de cette communion (1).

« Cette communion de l’Esprit saint « avec vous tous » correspond Ă  sa communion avec le PĂšre et le fils. Elle n’est pas un lien extĂ©rieur seulement avec la nature humaine, mais provient de la vie de communion intime du Dieu tri-un riche en relations et elle l’ouvre aux hommes en sorte que ces hommes et toutes les autres crĂ©atures soient accueillis afin d’y trouver la vie Ă©ternelle.

 

L’Esprit Ɠuvre dans la communautĂ© humaine

A une Ă©poque qui commence Ă  prendre conscience des excĂšs de l’individualisme, Moltmann exprime l’importance du lien social.  « L’expĂ©rience de la communautĂ© est expĂ©rience de vie, car toute vie consiste en Ă©changes mutuels de moyens de subsistances et d’énergie, et en relations de rĂ©ciprocité » (p 297). La vie de l’ĂȘtre humain dĂ©pend de son accomplissement comme ĂȘtre en relation. « Une vie isolĂ©e et sans relations, c’est Ă  dire individuelle au sens littĂ©ral du terme et qui ne peut pas ĂȘtre partagĂ©e, est une rĂ©alitĂ© contradictoire en elle-mĂȘme. Elle n’est pas viable et elle meurt. C’est pourquoi la « communion de l’Esprit saint » n’est qu’une autre expression pour dĂ©signer « l’Esprit qui donne la vie ». Par ses Ă©nergies crĂ©atrices, Dieu-Esprit crĂ©e dans la communion avec lui, le rĂ©seau des relations de communion dans lesquelles la vie surgit, s’épanouit et devient fĂ©conde. De ce point de vue, la « communion de l’Esprit saint » est l’activitĂ© de l’Esprit crĂ©atrice de communautĂ©. La vie naĂźt de la communautĂ©, et lĂ  oĂč naissent des communautĂ©s qui rendent la vie possible et la promeuvent, lĂ  l’Esprit de Dieu est Ă  l’Ɠuvre. LĂ  oĂč nait une communautĂ© de vie, il y a Ă©galement communion avec l’Esprit de Dieu qui donne la vie » (p 298).

 

Amour et liberté

Cette vie communautaire requiert la prise en compte de la diversitĂ©. « Le concept trinitaire de la communion considĂšre d’emblĂ©e la multiplicitĂ© dans l’unitĂ© 
 La vraie communautĂ© ouvre les possibilitĂ©s individuelles dans la plus grande des multiplicité  Les crĂ©atures concernĂ©es font l’expĂ©rience de la « communion de l’Esprit saint » aussi bien sous la forme de l’amour qui unit que sous celle de la libertĂ© qui permet Ă  chacune d’advenir Ă  elle-mĂȘme selon son individualitĂ© propre
 La communion qui est au service de la vie ne peut ĂȘtre comprise que comme une communion qui intĂšgre et qui rĂ©alise l’unitĂ© comme la multiplicitĂ©, et qui, en mĂȘme temps, diffĂ©rencie et fait accĂ©der Ă  la multiplicitĂ© dans l’unité » (p 299).

 

ExpĂ©rience de soi-mĂȘme et expĂ©rience sociale

A partir d’une recherche auprĂšs d’enfants, la spiritualitĂ© a pu ĂȘtre dĂ©finie comme « une conscience relationnelle » (2). La pensĂ©e thĂ©ologique de Moltmann s’oriente dans la mĂȘme direction. « Les expĂ©riences de Dieu ne sont pas faites seulement de façon individuelle dans la rencontre de l’ñme solitaire, propre Ă  chacun, avec elle-mĂȘme. Elles sont faites aussi et en mĂȘme temps, sur le plan social, dans la rencontre avec les autres
 Dans l’expĂ©rience de la bienveillance des autres, nous faisons l’expĂ©rience de Dieu. Dans le fait d’ĂȘtre aimĂ©s, nous ressentons la proximitĂ© de Dieu
 L’expĂ©rience de Dieu dans l’expĂ©rience sociale et l’expĂ©rience de Dieu dans l’expĂ©rience de soi-mĂȘme, ne doivent pas ĂȘtre opposĂ©es sous la forme d’une alternative. Il s’agit en vĂ©ritĂ© de deux faces de la mĂȘme expĂ©rience de la vie, au sein de laquelle nous faisons l’expĂ©rience des autres et de nous-mĂȘmes » (p 300).

 

Une expérience de la nature 

« Au delĂ  de l’expĂ©rience de soi-mĂȘme et de l’expĂ©rience sociale, l’expĂ©rience de Dieu devient aussi, grĂące notamment Ă  la communion de l’Esprit, une expĂ©rience de la nature, puisque l’Esprit est celui qui crĂ©e  et qui renouvelle toutes choses
. L’expĂ©rience de l’Esprit qui donne vie, qui est faite dans la foi du cƓur et dans la communion de l’amour, conduit d’elle-mĂȘme au delĂ  des frontiĂšres de l’Eglise, vers la redĂ©couverte de ce mĂȘme Esprit dans la nature, les plantes, les animaux et dans les Ă©cosystĂšmes de la terre » (p 28).

 

Un chant vient à notre mémoire :

« Dans le monde entier, le Saint Esprit agit


Au fond de mon cƓur, le Saint Esprit agit  »

Cette action est la manifestation et l’expression d’une communion.

Participer Ă  cette communion, c’est aussi mieux la reconnaĂźtre dans ses diffĂ©rents aspects. Dieu est vivant et nous appelle Ă  vivre pleinement (3).

 

J H

 

(1)            Moltmann (JĂŒrgen). L’Esprit qui donne la vie. Cerf, 1999. L’article renvoie aux paginations de ce livre.                              Introduction Ă  la pensĂ©e thĂ©ologique de JĂŒrgen Moltmann : http://www.lespritquidonnelavie.com

Le blog : « Vivre et espérer » renvoie fréquemment à la pensée de Moltmann : https://vivreetesperer.com/?s=Moltmann

(2)            Hay (David). Something there. The biology of the human spirit. Darton, Longman and Todd, 2006 (Voir p 139). Voir sur ce blog : « Les expériences spirituelles » : https://vivreetesperer.com/?p=670

(3)            Moltmann (JĂŒrgen). The living God and the fullness of life. World Council of Churches, 2016.  Voir sur ce blog : « Dieu vivant. Dieu PrĂ©sent. Dieu avec nous dans un monde oĂč tout se tient » : https://vivreetesperer.com/?p=2267

 

LibĂ©rĂ©e d’une emprise religieuse

Avec Diana Butler Bass, auteure du livre : « Freing Jesus » (Libérer Jésus)

Growing with Jesus

Peut-ĂȘtre avons nous vĂ©cu un moment, et, en tout cas, pouvons nous l’imaginer, un enfermement religieux ou idĂ©ologique ? Peut-ĂȘtre aujourd’hui mĂȘme ressentons-nous une insatisfaction dans une situation oĂč nous ne trouvons pas Ă  l’aise, mais dont nous ne savons pas comment sortir parce que nous sommes attachĂ©s Ă  des idĂ©es reçues ? Il est bon alors de pouvoir nous rendre compte qu’il y a d’autres situations d’enfermement, et, en regard, des processus de libĂ©ration.

Bien sur, les contextes sociaux et culturels sont trĂšs diffĂ©rents. Ici, nous prĂ©sentons un exemple issu du livre de Diana Butler Bass : « Freing JĂ©sus » : LibĂ©rer JĂ©sus (1). Dans le contexte amĂ©ricain, dans certains milieux, il y a, on le sait, des pulsions religieuses avec toutes leur consĂ©quences psychologiques et thĂ©ologiques. A travers son livre, Diana Butler Bass nous montre combien le visage et le message de JĂ©sus peuvent ĂȘtre dĂ©figurĂ©s. Alors, regardant sa vie et son parcours, Diana partage « dans sa prose la plus intime et la plus incisive, comment son expĂ©rience de JĂ©sus a changĂ© Ă  travers les annĂ©es, en le voyant, Ă  diffĂ©rents moments, comme ami, enseignant, sauveur, seigneur, voie (way) et prĂ©sence » (page de couverture). C’est un guide pour embrasser tous « les prismes de la nature de JĂ©sus et renouveler notre espĂ©rance en lui ».

Naturellement, l’expĂ©rience de Diana Butler Bass s’inscrit dans une culture diffĂ©rente de la notre, mais ce livre nous aide Ă  mieux approcher la personne de JĂ©sus Ă  travers l’expĂ©rience et la thĂ©ologie. Cependant, nous avons choisi ici un angle de vue particulier, car, principalement dans le chapitre : la voie, Diana Butler Bass nous raconte comment, dans sa jeunesse, elle a Ă©tĂ© soumise Ă  une emprise religieuse mortifĂšre et comment elle en est sortie.

 

Une enfance et une adolescence contrastée

Le livre de Diana Butler Bass prend appui sur son histoire de vie. Et celle-ci s’enracine dans une enfance et une adolescence contrastĂ©e. Ainsi elle raconte une enfance heureuse et pieuse dans un environnement mĂ©thodiste. Dans cette Ă©glise, pas de fondamentalisme. JĂ©sus est prĂ©sentĂ© comme un  « enseignant modĂšle » (p 57). L’accent est mis sur « la rĂšgle d’or, le commandement de l’amour, les paraboles, le Nouveau Testament ».

Cependant, quand elle a treize ans, en 1972, sa famille dĂ©mĂ©nage quittant le Maryland pour l’Arizona. C’est un grand dĂ©paysement. Les Ă©glises sont trĂšs diverses. Les parents de Diana s’éloignent de la pratique religieuse. Elle Ă©prouve un besoin de sĂ©curitĂ©. Ainsi, peu Ă  peu, elle rejoint une Ă©glise Ă©vangĂ©lique. C’est une nouvelle mentalitĂ© qui s’impose. « Dans le cercle des jeunes Ă©vangĂ©liques, JĂ©sus n’était plus un tendre ami ou un enseignant moral, il Ă©tait leur Sauveur et le Sauveur du monde, celui qui les rĂ©compenserait par le ciel et punirait tous ceux qui ne croient pas en lui. Il Ă©tait mort sur la croix pour les purifier de leurs pĂ©chĂ©s, pour prendre leur place quand Dieu jugerait justement les pĂ©cheurs. Ils lui faisaient confiance. Ils croyaient en lui. Ils mettaient leur vie entre ses mains. Et ils seraient avec lui pour toujours dans le ciel, Ă©chappant au nĂ©ant Ă©ternel » (p 49). Dans cette Ă©glise, la clĂ© de tout Ă©tait le pĂ©chĂ©. « Cette Ă©glise aimait parler du pĂ©chĂ©, s’inquiĂ©ter du pĂ©chĂ©, lutter contre le pĂ©chĂ©, confesser le pĂ©chĂ© et pardonner le pĂ©ché » (p 80). Certes, Diana Ă©tait rĂ©ticente Ă  confesser ses pĂ©chĂ©s, car elle n’en percevait pas l’importance. Ce qui Ă©tait important pour elle, c’était son dĂ©sarroi : « DisloquĂ©e, sĂ©parĂ©e de tout ce qu’elle connaissait et aimait, coupĂ©e de ses racines  » (p 75), Diana trouva dans ce nouvel entourage et ce nouveau message, la sĂ©curitĂ© dont elle avait besoin. « Perdue, trouvĂ©e, sauvĂ©e, je passais d’une adolescence triste et solitaire, d’un foyer manquant, Ă  une condition nouvelle : ĂȘtre une fille de JĂ©sus (« A Jesus girl ») (p 78). A partir de ces annĂ©es d’adolescence, Diana va ensuite s’engager dans des Ă©tudes supĂ©rieures, au collĂšge d’abord, puis Ă  l’universitĂ©.

 

Inclusion ou exclusion

A la sortie du collĂšge, Diana va s’engager dans des Ă©tudes thĂ©ologiques. « Le but Ă©tait d’obtenir un diplĂŽme en thĂ©ologie et en histoire et ensuite de chercher un poste d’enseignante dans une Ă©cole chrĂ©tienne outre mer ». Elle est donc entrĂ©e au sĂ©minaire thĂ©ologique de Gordon-Conwell au nord de Boston. Et « c’est lĂ  que j’ai commencĂ© Ă  me sentir perdue » (p 171). Dans son chapitre sur « la voie » (way), Diana nous dĂ©crit comment elle est tombĂ©e dans une ambiance mortifĂšre, et puis comment elle est parvenue Ă  Ă©chapper Ă  cette emprise.

Elle commente d’abord le verset : « Je suis la voie, la vĂ©ritĂ©, la vie » (Jean 14.6) (2). A travers le Nouveau Testament, JĂ©sus invite les gens Ă  le suivre, Ă  entreprendre un voyage (a journey) avec lui. Et lĂ , il va plus loin puisqu’il se dit le chemin, la route vers la libĂ©ration. Cependant, dans certains milieux, l’accent est dĂ©placĂ© sur le passage suivant : « Nul ne vient au PĂšre que par moi ». Ce verset est interprĂ©tĂ© par certains comme une parole d’exclusion vis Ă  vis de ceux qui n’adhĂ©rent pas au Christ aveuglĂ©ment. Alors comme le dit Diana, « Le chemin n’est pas un chemin du tout. C’est un chemin dedans (in). L’autre chemin au dehors (out), c’est l’enfer » (p 106). Et ensuite, Diana nous explique comment Ă©viter le piĂšge de l’enfermement. Ce verset doit ĂȘtre entendu en termes relationnels et en aboutissement des quatre prĂ©cĂ©dents chapitres de cet Ă©vangile oĂč JĂ©sus prĂ©pare ses amis Ă  son dĂ©part. C’est l’expĂ©rience de la relation avec JĂ©sus qui va les garder.

Ce dĂ©but de chapitre nous introduit ainsi Ă  la mentalitĂ© d’exclusion telle qu’elle va ĂȘtre dĂ©crite dans la suite du chapitre. Cette mentalitĂ© va ĂȘtre de plus en plus ressentie par Diana comme un enfermement au point que cela va se rĂ©percuter jusque dans sa santĂ©.

 

Une emprise mortifĂšre

Dans le sĂ©minaire frĂ©quentĂ©e par Diana, il y avait deux groupes : le premier ouvert au changement dans la culture amĂ©ricaine et se posant des questions nouvelles, le second inquiet de cette menace de sĂ©cularisation et redoutant une compromission avec le pĂ©chĂ©. Tous Ă©taient cultivĂ©s, mais, pour le second groupe, les vĂ©ritables hĂ©ros Ă©taient des thĂ©ologiens protestants du XIXĂš siĂšcle et des penseurs du Sud qui, avant la guerre civile, dĂ©fendaient l’esclavage » (p 173). Les deux groupes s’opposaient, mais finalement, les rĂ©formĂ©s calvinistes orthodoxes ont pris le dessus (p 173). Durant ces annĂ©es, il y a plus gĂ©nĂ©ralement, un remontĂ©e conservatrice.

A l’époque, on pouvait s’y mĂ©prendre. Il pouvait y avoir « quelque chose d’exaltant Ă  faire partie d’une nouvelle rĂ©forme pour faire revenir le christianisme occidental Ă  son grand Ăąge de foi et de vĂ©ritĂ© thĂ©ologique » (p 174). « J’avais obtenu des rĂ©sultats brillants au sĂ©minaire et je disparaissais dans l’ordre et dans l’orthodoxie en trouvant mon rĂŽle comme une femme thĂ©ologiquement conservatrice dans un monde d’autoritĂ©s mĂąles ».

Diana nous dĂ©crit le climat dominant. « C’est l’enseignement d’une orthodoxie vigoureusement calviniste ». On ne nous enseignait « pas seulement la soumission et les hiĂ©rarchies, mais nous Ă©tions formatĂ©s en ce sens si nous dĂ©sirions des emplois »  Finalement, la tonalitĂ© principale Ă©tait une vision de plus en plus sombre de l’humanitĂ©. Les humains Ă©taient considĂ©rĂ©s comme de misĂ©rables pĂ©cheurs. Il y avait dĂ©sormais « un fossĂ© entre la dĂ©pravation de l’humanitĂ© et la saintetĂ© divine » (p 182). Le culte devenait un exercice « de rĂ©affirmer le pĂ©chĂ© et d’implorer le pardon. J’entendais un sermon doctrinalement correct et on chantait des cantique Ă  un Dieu tout puissant daignant vous sauver ». « Je m’effondrais dans l’obscuritĂ©, intellectuellement convaincue que l’humanitĂ© Ă©tait mauvaise, tombĂ©e si bas qu’il ne restait plus rien de bien en nous, entiĂšrement dĂ©pendant d’un Dieu qui pouvait, dans sa sagesse, choisir de sauver quelques uns parmi lesquels je priais ave ferveur de figurer » (p 181). Diana avait Ă©pousĂ© un homme baignant dans cette orthodoxie presbytĂ©rienne (p 180). Mais au bout de quelques mois de mariage, elle s’est sentie misĂ©rable. Ce mariage ne dura pas plus de trois ans.

 

Un profond malaise

Diana Ă©touffait. Une mĂ©moire remontait Ă  l’encontre de la thĂ©ologie dominante. Elle se souvenait des derniers mots d’Anne Franck : « En dĂ©pit de tout, je crois que les gens sont bons au fond » (p 181). Et elle avait toujours envisagĂ© la vie chrĂ©tienne comme un voyage. (« journey »). Ainsi elle se souvenait du livre de Louisa Mary Alcott : « Little women », un plaidoyer pour que les filles comprennent leur vie comme « un voyage vers la bontĂ© et vers Dieu ». Elle avait lu ensuite de nombreux livres envisageant la vie comme un voyage spirituel.

Oui, mais aujourd’hui, « plus ma doctrine se resserrait, plus mon cƓur se sentait contraint » (p 182). Diana Ă©tait constamment dĂ©primĂ©e. « La petite fille dans les bois, qui avait connu JĂ©sus comme ami, avait Ă©tĂ© domestiquĂ©e par des dogmes et rĂšgles imposĂ©s de l’extĂ©rieur et renforcĂ©s par ses propres peurs « (p 186).

 

Un chemin de libération

Finalement dans ses Ă©tudes, Diana a optĂ© pour l’histoire de l’église. Elle percevait les historiens comme plus sages et irĂ©niques. C’était une voie plus sure. « Il ne m’était pas venu Ă  l’esprit qu’étudier le passĂ© pourrait bouleverser le prĂ©sent ». En Ă©coutant une historienne, elle a dĂ©couvert l’extraordinaire diversitĂ© du christianisme dans l’empire romain. Cette diversitĂ© thĂ©ologique lui enseignait un nouveau regard au delĂ  de « vrai et de faux » (p 196). L’histoire lui apprenait comment les doctrines s’étaient formĂ©es et le rĂŽle du pouvoir politique dans l’histoire de ces doctrines. Cet enseignement permettait Ă  Diana de dĂ©construire une « certitude thĂ©ologique ».

Diana a pu reconnaĂźtre alors que la voie de JĂ©sus Ă©tait l’amour. « Le christianisme n’est  pas une sĂ©rie d’enseignement, mais un chemin de vie « a way of life ». L’amour de Dieu est toujours prĂ©sent, toujours actif. Rentrant en Californie, aprĂšs ses Ă©tudes universitaires, le mouvement de libĂ©ration s’est poursuivi. Ayant un poste d’enseignement, Diana a acceptĂ© de donner un cours sur la thĂ©ologie fĂ©ministe dans un collĂšge Ă©vangĂ©lique. Cela l’a amenĂ© Ă  des nouvelles lectures. Cet enseignement a Ă©tĂ© comme un dĂ©clic. « LĂ  oĂč est l’Esprit de Dieu, lĂ  est la liberté ». (Corinthiens 3.17).

 

Un vécu de crise et une vie nouvelle.

Ainsi, Diana a connu une crise sĂ©vĂšre. « Elle se sentait si malheureuse, allant son chemin sans plus d’espoir. Elle ne pouvait plus manger. Elle avait perdu  trente livres » (p 193). Elle s’était beaucoup interrogĂ©e. Comment en Ă©tait-elle arrivĂ©e là ? Oui, en parlant avec un conseiller, elle s’était dit enfermĂ©e dans une prison, dans une cage (p 161). Et ce conseiller l’avait interpellĂ© « Oui, peut ĂȘtre avez vous construit une case, mais qu’est-ce qui vous y retient ? Sortez en. La porte est ouverte » (p 164). Une prise de conscience s’était effectuĂ©e. « J’avais intĂ©riorisĂ© une sombre histoire de l’humanitĂ©, me jugeant ainsi sans valeur et indigne d’ĂȘtre aimĂ©e » (p 204). Cette image nĂ©gative de l’histoire du monde s’était associĂ©e Ă  des Ă©vĂšnements malheureux et Ă  une dĂ©prĂ©ciation de la condition fĂ©minine.

Diana a Ă©tĂ© conduite par une recherche spirituelle. « Le pĂ©chĂ© comme Ă©chec de l’amour, cela faisait sens pour moi. JĂ©sus est venu ouvrir une voie d’amour. Cela m’aidait Ă  comprendre que je n’étais pas rĂ©ellement sans valeur » (p 207). Diana raconte comment elle a peu Ă  peu Ă©mergĂ©. « Lentement, mois aprĂšs mois, j’ai avancĂ©, sauvĂ©e par les choses les plus inattendues ». Citant  Norman Wirba : « Le dĂ©sir de l’amour est toujours que toutes les crĂ©atures soient bien et atteignent la plĂ©nitude de leur ĂȘtre
 C’est pourquoi quand les crĂ©atures sont blessĂ©es, l’amour s’active pour leur apporter la guĂ©rison » (p 211). En regard de ce qui est mort, quelque chose de nouveau arrive Ă  l’existence. « La rĂ©surrection commença Ă  ĂȘtre rĂ©elle » (p 211). « Si le grain de blĂ© tombĂ© en terre, ne meurt aprĂšs qu’on l’y a jetĂ©, il demeure seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits » (Jean 12.24). L’activitĂ© de Diana reprit. Elle se mit Ă  Ă©crire, trouva une Ă©glise qui prenait au sĂ©rieux l’amour de Dieu pour guĂ©rir et renouveler le monde. Elle lut de nouveaux livres et trouva de nouveaux amis. « J’étais libre. Et plus, je sortais de la cage, plus je savais que JĂ©sus Ă©tait avec moi ». En fĂ©vrier 1996, elle rencontra, en pleine affinitĂ©, un homme avec lequel elle s’est mariĂ©, onze mois plus tard. « Le chemin se fait en marchant ». « Quelque soit ce qui s’était conjuguĂ© pour crĂ©er ma cage, j’ai choisi diffĂ©remment. J’ai perdu beaucoup. J’ai gagnĂ© davantage. Et JĂ©sus Ă©tait avec moi. Le chemin nous a amenĂ© ici » (p 214).

Cette histoire d’emprise, puis de libĂ©ration, n’est qu’une facette du livre : « Freing Jesus ». L’image de JĂ©sus est souvent dĂ©formĂ©e par des interprĂ©tations sociales et religieuses. « LibĂ©rer JĂ©sus » est un service bienvenu. Certes, dans un contexte culturel particulier, elle allie une expĂ©rience personnelle, une inspiration spirituelle, un savoir thĂ©ologique et historique et un talent d’écrivain.

Si nous avons choisi de n’en retenir qu’un aspect, la maniĂšre dont on peut ĂȘtre entrainĂ© dans une emprise religieuse, puis en ĂȘtre libĂ©rĂ©, c’est parce que ce rĂ©cit nous aide Ă  comprendre et ainsi aider ceux qui y sont confrontĂ©s. Ce phĂ©nomĂšne d’emprise peut se manifester dans diffĂ©rents domaines de la religion et de la politique. Il prospĂšre dans des situations d’insĂ©curitĂ© (3) oĂč telle idĂ©ologie apparaĂźt comme un refuge. Il apparaĂźt, bien sur, dans les « dĂ©rives sectaires ».

Ce rĂ©cit montre comment des certitudes peuvent dĂ©boucher sur un univers mental qui vous sĂ©pare du monde extĂ©rieur et vous enferme. Pour faire face Ă  l’emprise, si les Ă©motions jouent un rĂŽle majeur, il faut prendre en compte les idĂ©es auxquelles les gens adhĂšrent et rĂ©pondre Ă  leurs questionnements souvent inavouĂ©s et souterrains. C’est Ă  travers une Ă©volution des idĂ©es et des reprĂ©sentations qu’un chemin de libĂ©ration peut s’ouvrir. Diana se sentait mal Ă  l’aise. Elle disposait d’une ressource intĂ©rieure, celle de sa mĂ©moire d’un autre vĂ©cu. Elle a trouvĂ© une ouverture dans la rĂ©flexion historique. Elle a Ă©tĂ© aidĂ©e par des accompagnements.

Certaines croyances sont directement mortifĂšres. On le voit dans ce rĂ©cit. S’attacher Ă  la perception du mal engendre le mal. Le remĂšde, c’est l’amour comme JĂ©sus nous y invite. L’amour libĂšre des exclusions et des sĂ©parations. « Le chemin de JĂ©sus est le chemin de l’amour », écrit Diana Butler Bass.

J H

  1. Diana Butler Bass. Freing Jesus. Rediscovering Jesus as Friend, Teacher, Saviour, Lord and Presence. Harper One, 2021
  2. Ce verset : « Je suis la voie, le vérité et la vie » porte une libération spirituelle. Comme le montre Monique Hébrard, il résonne chez beaucoup de nos contemporains : https://www.la-croix.com/Archives/1995-10-11/Je-suis-la-voie-la-verite-la-vie-_NP_-1995-10-11-398498
  3. L’insĂ©curitĂ© abrite Ă©galement le ressentiment qui se traduit par des enfermements et des emprises. Le livre De Cynthia Fleury : « Ci-git l’amer », nous Ă©claire Ă  ce sujet : https://vivreetesperer.com/face-au-ressentiment-un-mal-individuel-et-collectif-aujourdhui-repandu/

Diana Butler Bass est l’auteur de plusieurs livres innovants et Ă©clairants sur l’évolution du christianisme et la recherche spirituelle aujourd’hui.
Voir ici :
Une nouvelle maniÚre de croire. Selon Diana Butler Bass dans son livre : Grounded : https://vivreetesperer.com/une-nouvelle-maniere-de-croire/
Dieu vivant, Dieu prĂ©sent, Dieu avec nous dans un monde oĂč tout se tient : https://vivreetesperer.com/dieu-vivant-dieu-present-dieu-avec-nous-dans-un-univers-interrelationnel-holistique-anime/

L’enfant : une personne à respecter

Une institutrice  témoigne.

Savoir demander pardon !

Un adulte qui demande pardon Ă  un enfant : savez-vous que cela peut exister ? Cette attitude n’est pas courante dans la sociĂ©tĂ© actuelle. VoilĂ  pourquoi j’ai admirĂ© mon amie Virginie. Elle est enseignante dans le primaire. Les enfants sont durs et ils ont le don de mettre les nerfs de leurs enseignants Ă  bout, m’a-t-elle racontĂ©. Et ce jour-lĂ , le petit (appelons-le) Martin l’a particuliĂšrement Ă©nervĂ©e. Elle, habituellement si placide, a perdu patience et l’a rudement admonestĂ©. La journĂ©e a passĂ©, les nerfs Ă  fleur de peau. Bien sĂ»r,  Virginie n’était pas trop contente d’elle. La rĂ©action habituelle est, bien souvent, de refouler ce malaise intĂ©rieur. Virginie, au contraire, s’est remĂ©morĂ©e la situation et a pensĂ© Ă  l’enfant, m’a-t-elle dit. « Je n’aime pas penser qu’un enfant vienne Ă  l’école, la peur au ventre, dans la crainte de se voir Ă  nouveau rejetĂ© dans ses rĂ©actions ». Et, geste que j’ai trouvĂ© admirable, elle a demandĂ© pardon Ă  l’enfant devant sa maman. Celle-ci a Ă©tĂ© choquĂ©e que cette maĂźtresse  « s’abaisse » ainsi devant un enfant. Elle n’avait pas compris que ce n’était pas perdre son autoritĂ© que de reconnaĂźtre ses torts et de montrer que l’adulte n’est pas parfait. Au contraire, l’enfant se sent d’autant plus en confiance qu’il n’est pas soumis Ă  une pression autoritaire. Tout enfant est sensible Ă  la justice et il reconnaĂźt la vraie autoritĂ©. ReconnaĂźtre ses erreurs est une attitude de force et non de faiblesse. Cette maman, sans le formuler ainsi, a dĂ» le ressentir, car, d’aprĂšs mon amie Virginie, elle est partie contente. S’est-elle, elle-mĂȘme, sentie valorisĂ©e Ă  travers son enfant ? C’est probable.

J’ai connu un pĂšre qui demandait ainsi pardon Ă  son fils lorsqu’il s’énervait ou  se trompait. J’ai constatĂ© qu’un grand courant de confiance et d’affection passait entre eux. Et j’ai apprĂ©ciĂ© ce sentiment de joie chez l’enfant, dĂ©jĂ  adolescent, le jour oĂč il s’est exclamé : « C’est bien de se disputer. AprĂšs on est content de se rĂ©concilier ». Une sorte de connivence s’était Ă©tablie entre eux.

Tout geste positif entraĂźne d’abondantes bĂ©nĂ©dictions. Cela me rappelle la recommandation de Paul aux chrĂ©tiens de Galates (6.1..). « FrĂšres, si quelqu’un s’est laissĂ© surprendre par une faute ,  vous, qui vous laissez conduire par l’Esprit, ramenez-le dans le droit chemin avec affection et douceur, en Ă©vitant tout sentiment de supĂ©rioritĂ©. Et toi qui interviens, fais attention de ne pas tomber toi-mĂȘme dans l’erreur. ».  JĂ©sus a montrĂ© beaucoup de sollicitude et de respect pour les enfants. Les mots bibliques de douceur et humilitĂ© sont peu employĂ©s de nos jours dans la vie courante. Par contre, le respect est frĂ©quemment invoquĂ© et il est souvent rĂ©clamĂ© par des jeunes et des moins jeunes. N’est-ce pas lĂ  une attitude prĂ©alable Ă  toute relation vraie et Ă  un vĂ©ritable amour pour le prochain ?

Cette histoire a Ă©tĂ© pour moi une source de rĂ©flexion que je partage ici,  comme un Ă©veil Ă  la beautĂ© qui se dĂ©gage d’une relation vĂ©cue dans l’amour et la vĂ©ritĂ©.  Merci, Virginie, de m’avoir racontĂ© ta mĂ©saventure avec tant de simplicitĂ©.

Odile Hassenforder

 

Dix ans aprĂšs son dĂ©part en mars 2009, ce blog continue Ă  s’inspirer  de la pensĂ©e d’Odile et de son livre : « Sa prĂ©sence dans ma vie » dont des extraits sont  rĂ©guliĂšrement publiĂ©s sur ce site : https://vivreetesperer.com/odile-hassenforder-sa-presence-dans-ma-vie-un-temoignage-vivant/

Cet article, mis en ligne en mars 2007 sur le site : Témoins, avait échappé à la recension du livre, et nous le publions ici. Dans sa version initiale, il est suivi par le témoignage de Virginie auquel on pourra se reporter : http://www.temoins.com/lenfant-une-personne-a-respecter-une-institutrice-temoigne/

Ce rĂ©cit nous « éveille Ă  la beauté qui se dĂ©gage d’une relation vĂ©cue dans l’amour et la vĂ©rité ». Mais il appelle aussi au respect de l ‘enfant. On peut se rĂ©jouir que cette conscience s’étende et s’affirme aujourd’hui. C’est le cas dans l’approche Montessorienne qui se diffuse aujourd’hui sur diffĂ©rents modes et notamment dans l’expĂ©rience et la pensĂ©e de CĂ©line Alvarez : « Pour une Ă©ducation nouvelle, vague aprĂšs vague » : https://vivreetesperer.com/pour-une-education-nouvelle-vague-apres-vague/

C’est aussi le cas dans l’éducation bienveillante qui peut s’appuyer sur la Communication Non Violente (CNV) . A cet Ă©gard, on pourra consulter le blog de Coralie Garnier :les6doigtsdelamain, qui nous prĂ©sente une approche de « parentalitĂ© positive ». On pourra y lire le rĂ©cit de l’entretien de Coralie avec le professeur de sa fille qui avait injustement rabrouĂ© celle-ci. Dans une inspiration de communication non violente, une finesse et sa comprĂ©hension qui engendrent la rĂ©ussite du dialogue, l’attitude de Coralie  et la description de la conversation nous paraissent exemplaires. Respect de l’enfant, respect de l’adulte : « Mon entretien dĂ©licat avec le professeur de ma fille » : https://les6doigtsdelamain.com/mon-entretien-delicat-avec-la-professeur-de-ma-fille/