par jean | Mai 15, 2016 | ARTICLES, Vision et sens |
Participons à la communion de l’Esprit saint
La Pentecôte… à la suite de Pâques, c’est l’émergence d’un monde nouveau, c’est le partage d’un émerveillement, c’est une communion qui fait tomber les barrières… Voici un message qui nous dit : Oui, c’est possible. En Christ ressuscité, un autrement se prépare et, dès maintenant, l’Esprit de Dieu est à l’œuvre et nous participons à la communion divine.
Dieu nous ouvre à sa communion
« La communion du saint Esprit soit avec vous tous », tels sont les termes d’une formule chrétienne de bénédiction très ancienne (2 Cor 13.13) (p 295). Jürgen Moltmann nous montre comment cette parole nous éclaire sur la dimension et la portée de cette communion (1).
« Cette communion de l’Esprit saint « avec vous tous » correspond à sa communion avec le Père et le fils. Elle n’est pas un lien extérieur seulement avec la nature humaine, mais provient de la vie de communion intime du Dieu tri-un riche en relations et elle l’ouvre aux hommes en sorte que ces hommes et toutes les autres créatures soient accueillis afin d’y trouver la vie éternelle.
L’Esprit œuvre dans la communauté humaine
A une époque qui commence à prendre conscience des excès de l’individualisme, Moltmann exprime l’importance du lien social. « L’expérience de la communauté est expérience de vie, car toute vie consiste en échanges mutuels de moyens de subsistances et d’énergie, et en relations de réciprocité » (p 297). La vie de l’être humain dépend de son accomplissement comme être en relation. « Une vie isolée et sans relations, c’est à dire individuelle au sens littéral du terme et qui ne peut pas être partagée, est une réalité contradictoire en elle-même. Elle n’est pas viable et elle meurt. C’est pourquoi la « communion de l’Esprit saint » n’est qu’une autre expression pour désigner « l’Esprit qui donne la vie ». Par ses énergies créatrices, Dieu-Esprit crée dans la communion avec lui, le réseau des relations de communion dans lesquelles la vie surgit, s’épanouit et devient féconde. De ce point de vue, la « communion de l’Esprit saint » est l’activité de l’Esprit créatrice de communauté. La vie naît de la communauté, et là où naissent des communautés qui rendent la vie possible et la promeuvent, là l’Esprit de Dieu est à l’œuvre. Là où nait une communauté de vie, il y a également communion avec l’Esprit de Dieu qui donne la vie » (p 298).
Amour et liberté
Cette vie communautaire requiert la prise en compte de la diversité. « Le concept trinitaire de la communion considère d’emblée la multiplicité dans l’unité … La vraie communauté ouvre les possibilités individuelles dans la plus grande des multiplicité… Les créatures concernées font l’expérience de la « communion de l’Esprit saint » aussi bien sous la forme de l’amour qui unit que sous celle de la liberté qui permet à chacune d’advenir à elle-même selon son individualité propre… La communion qui est au service de la vie ne peut être comprise que comme une communion qui intègre et qui réalise l’unité comme la multiplicité, et qui, en même temps, différencie et fait accéder à la multiplicité dans l’unité » (p 299).
Expérience de soi-même et expérience sociale
A partir d’une recherche auprès d’enfants, la spiritualité a pu être définie comme « une conscience relationnelle » (2). La pensée théologique de Moltmann s’oriente dans la même direction. « Les expériences de Dieu ne sont pas faites seulement de façon individuelle dans la rencontre de l’âme solitaire, propre à chacun, avec elle-même. Elles sont faites aussi et en même temps, sur le plan social, dans la rencontre avec les autres… Dans l’expérience de la bienveillance des autres, nous faisons l’expérience de Dieu. Dans le fait d’être aimés, nous ressentons la proximité de Dieu… L’expérience de Dieu dans l’expérience sociale et l’expérience de Dieu dans l’expérience de soi-même, ne doivent pas être opposées sous la forme d’une alternative. Il s’agit en vérité de deux faces de la même expérience de la vie, au sein de laquelle nous faisons l’expérience des autres et de nous-mêmes » (p 300).
Une expérience de la nature
« Au delà de l’expérience de soi-même et de l’expérience sociale, l’expérience de Dieu devient aussi, grâce notamment à la communion de l’Esprit, une expérience de la nature, puisque l’Esprit est celui qui crée et qui renouvelle toutes choses…. L’expérience de l’Esprit qui donne vie, qui est faite dans la foi du cœur et dans la communion de l’amour, conduit d’elle-même au delà des frontières de l’Eglise, vers la redécouverte de ce même Esprit dans la nature, les plantes, les animaux et dans les écosystèmes de la terre » (p 28).
Un chant vient à notre mémoire :
« Dans le monde entier, le Saint Esprit agit…
Au fond de mon cœur, le Saint Esprit agit… »
Cette action est la manifestation et l’expression d’une communion.
Participer à cette communion, c’est aussi mieux la reconnaître dans ses différents aspects. Dieu est vivant et nous appelle à vivre pleinement (3).
J H
(1) Moltmann (Jürgen). L’Esprit qui donne la vie. Cerf, 1999. L’article renvoie aux paginations de ce livre. Introduction à la pensée théologique de Jürgen Moltmann : http://www.lespritquidonnelavie.com
Le blog : « Vivre et espérer » renvoie fréquemment à la pensée de Moltmann : https://vivreetesperer.com/?s=Moltmann
(2) Hay (David). Something there. The biology of the human spirit. Darton, Longman and Todd, 2006 (Voir p 139). Voir sur ce blog : « Les expériences spirituelles » : https://vivreetesperer.com/?p=670
(3) Moltmann (Jürgen). The living God and the fullness of life. World Council of Churches, 2016. Voir sur ce blog : « Dieu vivant. Dieu Présent. Dieu avec nous dans un monde où tout se tient » : https://vivreetesperer.com/?p=2267
par jean | Mai 11, 2016 | ARTICLES, Beauté et émerveillement |
Merci à Neal Fowler qui nous offre sa galerie Flickr en « creative commons » : https://www.flickr.com/photos/31878512@N06/
Photographe professionnel, Neal Fowler a aussi un site personnel : « Neal Fowler photography » où il expose ses productions : http://www.nealfowler.co.uk
Neal nous y parle de son parcours. « J’ai étudié l’art au College d’Edimbourg (Ecosse) où j’ai obtenu un BA (Honours). J’aime la photographie. Depuis longtemps, la création, j’ai ça dans le sang !
Mon approche principale est la macrophotographie ».

La macrophotographie est une photographie de sujets en général très petits, dans laquelle la taille du sujet dans la photographie est plus grande que la taille du sujet dans la vie
Wikipedia. The free encyclopedia : https://en.wikipedia.org/wiki/Macro_photography

Les sujets adoptés par Neal sont divers, d’éléments vivants à des figurines imaginatives. Nous présentons ici quelques photos en rapport avec la scène végétale : graine de pissenlit, cactus, gouttes d’eau.
Neal Fowler nous dit chercher la nouveauté et s’inspirer du travail des autres. « Si je peux inspirer quelques uns d’entre vous, même un petit peu, alors ma journée sera comblée ». De nombreux commentaires viennent répondre à ce désir de partage et se pressent pour admirer : Couleurs fabuleuses…image somptueuse… travail fantastique… Merveilleux, à couper le souffle… Nous partageons cet enthousiasme. Voilà une expression de la création : quel émerveillement !
J.H.

par jean | Mai 11, 2016 | ARTICLES, Emergence écologique, Société et culture en mouvement |
La nouvelle conjoncture, selon Jean Staune.
Dans l’inquiétude et l’incertitude actuelle concernant l’évolution de notre société, nous sentons bien que nous vivons à une époque de grandes mutations. Et d’ailleurs, nous sommes éclairés à ce sujet par des auteurs capables d’analyser cette évolution historique (1). Plus nous nous situons dans ce mouvement, plus nous voyons en regard émerger de nouvelles pensées et de nouvelles pratiques, plus nous sommes à même de nous diriger. Et comme le nouveau monde qui apparaît est aussi un puzzle dans lequel des éléments très variés viennent prendre place, nous avons avantage à recourir à des œuvres de synthèse. A cet égard, le livre de Jean Staune : « les clés du futur. Réinventer ensemble la société, l’économie et la science » (2) est particulièrement éclairant.
En effet, son auteur met ici en œuvre une culture fondée sur une observation et une recherche qui se développent dans des champs différents. Ainsi, le texte de quatrième de couverture, présente Jean Staune comme philosophe des sciences, diplômé en économie, management, philosophie, mathématiques, informatique et paléontologie. Jean Staune est enseignant dans la MBA du groupe HEC et expert de l’Association Progrès du Management (APM). Il est notamment l’auteur d’un best-seller : « Notre existence a-t-elle un sens ? (Presses de la Renaissance, 2007) ». Ce livre témoigne du rôle pionnier de l’auteur dans l’exploration des nouveaux rapports entre sciences, religions et spiritualités. A travers la démarche internationale de l’Université Interdisciplinaire de Paris (3), Jean Staune a fait connaître en France une vision nouvelle des implications philosophiques et métaphysiques de la révolution scientifique. Cette culture a inspiré la rédaction des « Clés du futur » qui nous invite à « réinventer ensemble la société, l’économie et la science ».
Et effectivement, l’auteur tient son engagement. Dans un livre de 700 pages, préfacé par Jacques Attali, il nous emmène à la découverte de la mutation en cours en une quinzaine de chapitres particulièrement accessibles si bien, que d’un bout à l’autre, on entre ainsi dans un grand mouvement qui se déroule en cinq parties : « Les deux révolutions qui vont changer notre vie. Aux racines de la crise. Les germes d’une nouvelle société. Les bases d’une nouvelle économie. De nouveaux types d’entreprises, piliers du monde de demain ». A travers une immense information qui s’exprime dans une multitudes d’exemples et d’études de cas, ce livre se lit avec une joie d’apprendre constamment renouvelée. Devant la richesse de ces données et de ces analyses originales, on ne peut procéder à un compte-rendu détaillé. Nous donnerons un bref aperçu des principaux mouvements de ce livre pour encourager la lecture de ce qui nous apparaît non seulement comme un livre ressource, mais aussi comme un livre clé.
Les deux révolutions qui vont changer notre vie
Dans la mutation en cours, comment Jean Staune envisage-t-il le moteur du changement ? « Deux grandes révolutions vont changer notre vie ». Il y a « une révolution fulgurante » : la révolution internet que constituent les « quatre internets ». L’auteur sait dégager les évènements significatifs qui ponctuent cette histoire. Cependant, si nous sommes tous plus ou moins conscients de cette transformation accélérée, il y a également une évolution plus profonde, plus discrète qui est souvent sous-estimée, voire inaperçue : un changement de paradigme scientifique et une nouvelle vision du monde qui commencent à influencer nos manières de penser. Jean Staune est bien placé pour nous parler des effets de cette révolution scientifique : « Cette révolution silencieuse, c’est celle qui nous fait passer du monde de la science classique, déterministe, mécaniste et réductionniste qui s’est développée après les travaux de Galilée, Copernic et Newton, et sur laquelle reposent les fondements de la modernité à un monde beaucoup plus complexe, subtil et profond lié à la physique quantique, à la théorie du chaos, à la relativité générale, à la théorie du Big Bang et aux découvertes que l’on peut prédire dans le monde des sciences de la vie et de la conscience… Comme toute civilisation dépend pour son organisation sociale et économique, de la vision du monde qui domine parmi ses membres, les changements de vision du monde sont les évènements les plus importants de l’histoire humaine. Cette révolution, malgré son caractère théorique est porteuse de profonds changements sociétaux que viendront renforcer à terme ceux issus de la révolution fulgurante » (p 180).
Aux racines de la crise.
Si Jean Staune nous aide ainsi à percevoir les grands mouvements dans lesquels nous sommes engagés, il nous éclaire aussi sur les racines de la crise financière et économique qui a ravagé le monde au cours de ces dernières années et sur les attendus idéologiques des menaces qui pèsent encore sur nous aujourd’hui.
Pendant toute une période, le capitalisme a réussi à élever notre niveau de vie. Mais, constate Jean Staune, « Aujourd’hui, c’est un véritable champ de ruines qui se dresse sous nos yeux … Nous sommes passés très près d’un effondrement général du système en 2008, et si celui-ci a pu être rafistolé, les solutions adoptées dans l’urgence ne sont à l’évidence que provisoires » (p196). L’auteur nous fait comprendre de l’intérieur les mécanismes qui ont entraîné en 2008, la chute du système économique. De fait, les mécanismes financiers secrétés peu à peu par les banques étaient devenus des « armes financières de destruction massive ». En analysant ainsi l’apparition de la crise et son déroulement, Jean Staune nous montre en quoi elle est le produit d’une pensée sur l’économie alors devenue dominante. Il évoque deux erreurs fondamentales. « La première est une erreur idéologique qui consiste à affirmer de façon répétitive : « le marché le sait mieux que nous… », ce que le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz a appelé « le fanatisme du marché »…L’autre est une erreur théorique qui amène à sous estimer de façon systématique le risque que prennent réellement les acteurs économiques et financiers dans un monde globalisé… » (p 237). L’absence croissante de régulation a mené l’économie financière américaine à sa perte. De nombreux exemples montrent les dangers d’une déréglementation irréfléchie.
En bref, « comme la crise des « subprimes » l’a parfaitement démontré, la recherche de l’intérêt économique d’un petit nombre d’acteurs peut aller à l’encontre des intérêts de quasiment tous les acteurs économiques et gravement menacer l’équilibre de la société… Nous avons ensuite fait une grande erreur théorique, celle qui a conduit à minimiser les évènements extrêmes et les risques qu’ils représentent dans le monde économique et financier… enfin, par avidité, pour mieux multiplier les profits grâce aux effets de levier et parfois tout simplement pour pouvoir mieux soustraire les risques potentiels aux yeux des acheteurs, nous avons créé volontairement de l’hypercomplexité dans un monde déjà complexe… » (p 304)
Les bases d’une nouvelle économie
Face à la décomposition actuelle, une recomposition s’impose et s’esquisse. Le diagnostic de la crise du capitalisme ayant été posé, Jean Staune peut reprendre sa marche en avant en étudiant les bases de la nouvelle économie qui s’annonce. Ainsi il décrit l’essor d’une économie du savoir qui ouvre l’ère du postcapitalisme. Il plaide pour l’intégration du bien commun au cœur des processus économiques et montre en quoi des innovations positives commencent à apparaître en ce domaine. Oui, une évolution morale est possible ! Enfin il fait le point sur l’impact de la prise de conscience écologique et les transformations qui en résultent. Certains d’entre nous sont déjà avertis des évolutions en cours (4), mais, comme pour le reste du livre, on découvre sans cesse dans ces chapitres des innovations percutantes et des points de vue originaux. Oui aujourd’hui, « nos pratiques économiques connaissent une triple évolution, conceptuelle, écologique et éthique » (p 527).
De nouveaux types d’entreprises, piliers du monde de demain
Dans cette évolution, les entreprises peuvent être des vecteurs privilégiés de changement. Déjà certaines montrent le chemin. Expert en management, bien informé sur toutes les innovations significatives au plan international, dans la dernière partie du livre, l’auteur traite « des nouveaux types d’entreprise, pilier du monde de demain ».
Ces innovations sont en phase avec un changement en profondeur des aspirations sociales et culturelles, le refus d’une imposition hiérarchique et le désir de participation et de collaboration, une créativité et un élan d’initiative, le développement d’attitude empathiques qui débouchent sur un climat de confiance. On retrouve ici l’inspiration positive qui irrigue le livre de Jacques Lecomte : « Les entreprises humanistes » (5) dans sa démonstration des effets bénéfiques de « la motivation par le sens donné au travail, la confiance dans la collaboration, le leadership serviteur, le sentiment de la justice organisationnelle, la finalité humaniste de l’entreprise, sa responsabilité sociétale, et environnementale , y compris dans des moments difficiles ».
Jean Staune nous montre dans quelles directions la finalité de l’entreprise commence à être repensée : « Il existe deux grands mouvements qu’il faut pousser les entreprises à adopter et à développer : la mise en place de processus pouvant permettre aux salariés de mieux se réaliser et une série de pratiques incitant les entreprises à travailler pour le bien commun et non pas seulement pour celui des actionnaires » (p 649). Dans un monde plus complexe, et donc selon la théorie du chaos, plus incertain, pour s’adapter, l’entreprise est appelée à devenir plus flexible, moins hiérarchique, mieux insérée dans son environnement et moins tournée vers le profit d’un petit groupe.
Les germes d’une nouvelle société
Les « germes d’une nouvelle société » sont déjà apparus. Jean Staune nous présente ce phénomène en faisant appel aux concepts aujourd’hui de plus en plus répandus de « modernité, postmodernité et transmodernité ». Aujourd’hui, après le rejet des cadres rigides de la modernité dans la révolution culturelle de la postmodernité, une nouvelle phase apparaît : celle de la transmodernité « susceptibles de reconstruire une nouvelle société avec de nouvelles valeurs et d’autres modes de fonctionnement ».
Un groupe moteur apparaît comme le fer de lance de cette transformation, celui des « culturels créatifs ». A plusieurs reprises, nous avons déjà présenté ce groupe socio-culturel, identifié pour la première fois aux Etats-Unis à la fin des années 1990, et aujourd’hui en pleine croissance dans les pays occidentaux et au Japon (6). Jean Staune nous présente en ces termes le nouvel état d’esprit qui se développe chez les créatifs culturels : « Ils se définissent par un intérêt pour l’écologie, la préservation de la nature, les médecines douces et les civilisations traditionnelles. Ils pratiquent au quotidien des gestes qui contribuent au développement durable, achètent des produits de l’agriculture biologique ou du commerce équitable, voire investissent dans des produits éthiques…. Ces personnes recherchent une dimension spirituelle, mais pas forcément dans le cadre des grandes religions constituées, ont une morale qui implique le retour à la fidélité, mais pas forcément dans le mariage, la sincérité et la transparence, valeurs qui s’accompagnent d’une ouverture à l’autre, aux autres civilisation, aux autres religions et au rejet du dogmatisme » (p 383).
Ainsi s’organise une société nouvelle : « Même si les contours de cette nouvelle société sont encore flous, on voit bien qu’une grande partie de nos pratiques et de nos attitudes vont en être – et en sont déjà – profondément bouleversés ». Cela vaut dans tous les domaines, y compris dans le champ religieux. Ainsi, dans le chapitre : « Les métamorphoses de Dieu » (p 370-382), l’auteur met en évidence une puissante expression personnalisée des aspirations spirituelles qui interpelle les modes hiérarchisées et structurés des religions traditionnelles (7).
Jean Staune nous propose une vue globale sur l’évolution actuelle du monde en montrant les interrelations entre « cinq révolutions quasiment simultanées dont les effets se renforcent : une révolution technologique, une révolution conceptuelle, une révolution sociétale, une révolution économique, une révolution managériale ». Mais grâce à son expertise dans le domaine scientifique, il peut nous montrer l’influence majeure exercée par la révolution conceptuelle : « L’ambition de cet ouvrage est de vous donner des clés pour comprendre non seulement comment le monde change, mais aussi pourquoi. Et c’est ici qu’il faut se tourner vers la révolution scientifique et conceptuelle qui a commencé il y a plus d’un siècle » (p 661). De fait, à partir d’un ensemble d’observations que nous avons rapporté de temps à autre, tant sur notre manière d’agir que sur notre manière d’être, Jean Staune affirme que « la courbe de l’évolution de la société et, de façon souterraine et indirecte, dirigée par la courbe de l’évolution des idées scientifiques » (p 655). Si on peut s’interroger sur le caractère causal de certains rapports, l’analyse de l’auteur nous paraît éclairante et on abonde dans son sens lorsqu’il proclame que « la vision du monde est première ».
Quelles sont les incidences majeures de cette approche sur notre manière de voir et de penser aujourd’hui ? « Ce monde d’incertitude, d’incomplétude, d’imprédictibilité est certes un monde qui peut être angoissant, mais aussi un monde plein d’opportunités. Mais c’est surtout, sur le plan spirituel, un monde ouvert » (p 687). Tout est dit là. Nous voyons dans cette conjoncture une invitation à reconnaître l’œuvre de l’Esprit, une ouverture à ce qui advient (8). A tous égards, ce livre nous paraît une lecture indispensable. Il nous éclaire dans la compréhension du nouveau monde qui est en train d’apparaître. Il nous montre les voies des potentialités positives. Il nous invite à un dépassement.
J H
(1) « Quel avenir pour le monde et pour la France ? » (Jean-Claude Guillebaud. Une autre vie est possible) : https://vivreetesperer.com/?p=937 « Un chemin de guérison pour l’humanité. La fin d’un monde. L’aube d’une renaissance » (Frédéric Lenoir. La guérison du monde) : https://vivreetesperer.com/?p=1048
(2) Staune (Jean). Les clés du futur. Réinventer ensemble la société, l’économie et la science. Préface de Jacques Attali. Plon, 2015
(3) Université interdisciplinaire de Paris : http://uip.edu. L’UIP a tenu, en janvier 2016, un colloque : Science et Connaissance. De la matière à l’Esprit. Sur ce blog, nous avons rapporté l’intervention de Mario Beauregard : pour une approche intégrale de la conscience : https://vivreetesperer.com/?p=2341
(4) « Face à la crise : un avenir pour l’économie » (La troisième révolution industrielle. Jérémie Rifkin) : https://vivreetesperer.com/?p=354 « Une révolution de « l’être ensemble » (Vive la co-révolution. Pour une société collaborative. Anne-Sophie Novel et Stéphane Riot) : https://vivreetesperer.com/?p=1394 « L’ère numérique » (Gilles Babinet) : https://vivreetesperer.com/?p=1812
« La société collaborative. La fin des hiérarchies » (OuiShare) https://vivreetesperer.com/?p=2205
(5) « Vers un nouveau climat de travail dans des entreprises humanistes et conviviales » (les entreprises humanistes. Jacques Leconte) : https://vivreetesperer.com/?p=2318
(6) Sur le site de Témoins : « Les créatifs culturels. Un courant émergent dans la société française »
(7) Dans son livre : « La guerre des civilisations n’aura pas lieu », Raphaël Liogier met en évidence un courant religieux ascendant qui allie souci de soi et conscience du monde. « Dynamique culturelle et vivre ensemble dans un monde globalisé » : https://vivreetesperer.com/?p=2296
(8) La pensée théologique de Jürgen Moltmann nous apprend à regarder vers le nouvel univers que Dieu prépare en Christ ressuscité et à en reconnaître les manifestations. « Vivre dans l’espérance de la parousie… C’est vivre dans l’anticipation de ce qui vient, dans l’attente créatrice (Jésus. Le messie de Dieu, p 462). Introduction à la pensée de Jürgen Moltmann sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : http://www.lespritquidonnelavie.com Notamment : « L’avenir de Dieu pour l’humanité et la terre » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=798
par jean | Mar 13, 2016 | ARTICLES, Hstoires et projets de vie, Vision et sens |
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#Il y a cinq ans, en 2011, les Editions « Empreinte Temps présent » publient un recueil de textes d’Odile Hassenforder : « Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel » (1). L’éditeur présente ce livre en ces termes :
« Comment Dieu se rend-il présent à nos vies ? Comment garder confiance malgré les épreuves ? Odile Hassenforder nous guide dans cette recherche de plénitude et partage avec nous une expérience qui a changé sa vie, nous offrant ainsi un véritable condensé d’espérance.
Le livre alterne témoignage d’un riche vécu de foi-guérisons, groupes de prière, accompagnement spirituel-et méditations de textes bibliques. L’auteure y transmet avec talent ses compétences psychologiques et son expérience spirituelle. Elle nous convie à une dimension extra-ordinaire, qui donnera une nouvelle saveur à nos existences ».
Un livre qui parle au cœur et à l’esprit
Depuis sa parution, ce livre a fait l’objet de commentaires qui témoignent de la manière dont il parle au cœur et à l’esprit. En voici quelques uns :
Paul. Un ami médecin
« J’ai beaucoup apprécié la présentation de la vie et de la pensée d’Odile.
Oui, Odile a été une vraie témoin de l’amour de Dieu.
A aucun moment de sa maladie qui a été un très long chemin, je ne l’ai jamais sentie en révolte.
Elle puisait la Vie directement dans la Vie éternelle.
Elle reste pour moi un être qui a su vivre sa foi en pleine lumière ».
Anne. Professeur. Expérience charismatique
« Ayant eu le privilège de voir Odile juste avant son voyage vers le Père, moment où la vérité profonde de l’être se fait dense, je trouve que les pages que j’ai lues, donnent à ce moment un sceau d’éternité.
Pour moi, la parole prophétique qu’elle a prononcée en ma présence, se déroule sous mes yeux : « Le Seigneur continue son œuvre » à travers elle en nous la laissant proche de nous, sur notre table de chevet. Quel cadeau ! »
Véronique. Une amie d’une famille amie. Musicienne
« Merci d’avoir ouvert la malle aux trésors !
A la lecture de ces textes, j’ai été profondément touchée. Ils sont pour moi un enseignement précieux. Ils m’éclairent sur le chemin.
Beaucoup sont des témoignages magnifiques qu’Odile nous laisse comme des cadeaux de vie. Ils sont basés sur du concret, sur des faits de vie toujours à la lumière de la Parole de Dieu et débouchant sur une vraie réflexion qui ne cesse de m’interpeller, car je les lis, je les relis tranquillement ; la plupart se lisent facilement, parlant à la fois au cœur et à l’esprit.
Je pense que beaucoup de gens peuvent être touchés à travers ces écrits ».
Henri. Cadre. Institution sociale.
« Très ressourçant. Source de méditation. Un livre qui invite à la louange. Un ouvrage bien présenté, facilement accessible. Superbe. Bien pour des tas de gens ».
Evelyne. Théologienne.
« Ce livre va être mon livre de chevet spi pour le mois à venir.
Je suis vraiment heureuse de partager cela. C’est vraiment bien que cet échange puisse être continué avec d’autres et fécond au delà de la séparation et de la transformation des liens ».
Fred. Animateur
« Ce livre nous permet de prendre conscience de la profondeur de la vie. Une œuvre qui donne à réfléchir, mais aussi qui incite à l’admiration et à la contemplation de la création. Un hymne à l’espoir. Un cri d’amour pour la vie ».
Françoise. Retraitée. Culture philosophique
« C’est avec beaucoup d’empathie, d’admiration et de reconnaissance que j’ai lu ce témoignage.
Ce qui me frappe, c’est l’intelligence de l’écriture ciselée par la vie, ciselée par la foi et comme tissées ensemble ».
Elisabeth. Cadre. Institution sociale
« J’ai lu ce livre à plusieurs reprises et je reprends des passages régulièrement. Ce livre est fascinant et admirablement bien écrit. Les remarques sont profondes et pleines d’éternité. On sent qu’Odile a vraiment vécu les différents passages, car c’est exprimé avec simplicité et vérité. J’y trouve tous les jours des encouragements. Cet ouvrage est pour moi une exhortation quotidienne ».
Un message qui passe à travers des rencontres
Il venait de passer une consultation d’oto-rhino, lorsque de retour auprès de l’assistante, celle-ci l’interrogea en évoquant le livre de Madame Hassenforder. Et, à sa grande surprise et à son grand bonheur, elle lui dit combien ce livre l’avait touchée (2). Une brève conversation en résulta. « Grande lectrice », et même dans le passé, engagée dans des travaux d’édition, elle avait découvert « Sa présence dans ma vie » à la librairie « La Procure », en regardant les ouvrages présentés au public.
A la lecture de ce livre, elle a été touchée par la « sincérité » de son auteure : Odile Hassenforder. Ce livre l’a impressionnée parce qu’il invitait le lecteur à entrer dans « une autre dimension ». Il y a un chapitre dans cet ouvrage : « Dame confiance » qui apporte un témoignage concernant la confiance (3). Mais cet état d’esprit est présent dans la dynamique qui se manifeste dans la plupart des textes. Aussi, c’est bien ce terme que la lectrice a « mémorisé ». « J’ai compris qu’il suffisait d’un mot pour que la situation change de plan ».
Aujourd’hui, nous dit-elle, maintenant, j’hésite à dire « courage » aux gens. Mais aux personnes en difficulté, je dis : « bonne confiance ». Et « j’utilise cette expression au moment de la nouvelle année » et aussi aux anniversaires. Je souhaite « bonne confiance » dans les situations où il y a un mouvement de « bascule ». « Les personnes y sont extrêmement sensibles. Je sais que j’ai touché à quelque chose de beaucoup plus profond. Cette expression aide à prendre de la hauteur par rapport à la situation ». La confiance nous permet d’entrer dans une double dimension : « Se sentir en lien, et aussi pouvoir relire la situation avec un autre regard ».
Ainsi, ce livre, découvert sur un présentoir de librairie, a produit du fruit. « Je ne crois pas au hasard. Je crois aux rencontres. J’ai mémorisé ce livre. J’en ai extrait l’essentiel ». Et voyant combien j’étais concerné par ce livre, elle me dit une parole qui m’est allée droit au cœur : « Le message est passé ».
La vie et la pensée d’Odile Hassenforder
Ce livre nous présente des expériences de vie, des témoignages, des réflexions, des méditations. Mais quel a été le chemin de vie d’Odile Hassenforder. Pourquoi et comment a-t-elle écrit ? Comment ses textes ont-ils été rassemblés et publiés dans la forme de ce livre ? Voici l’introduction du livre qui répond à ces questions.
Odile Hassenforder a quitté la vie terrestre le 11 mars 2009. La célébration qui a suivi a manifesté l’amour et la reconnaissance qui lui étaient portés de toute part. Au long des années, non seulement elle a activement participé à des groupes et associations, mais elle a été en relation avec de nombreuses personnes dans une démarche d’entraide psychologique et spirituelle. Plusieurs d’entre elles ont ainsi témoigné comment Odile leur a permis de sortir d’une impasse, voire d’un gouffre. Cette attention, cet esprit d’entraide étaient fondés sur une expérience spirituelle enracinée de longue date, au cœur même de sa personnalité. Sa conscience de l’amour et de la bonté de Dieu se traduisait dans l’amour et l’attention qu’elle portait à tous ceux qui l’entouraient : sa famille, ses ami(e)s, de nombreuses relations. Son expérience de la grâce de Dieu et de sa puissance de vie lui a également permis de faire face, durant les dernières années, à une atteinte cancéreuse, dans un contexte où elle a bénéficié en retour de l’aide de nombreux amis et soignants. Dans les derniers jours, ils ont été témoins du rayonnement qui se dégageait de sa personnalité. Ses dernières paroles ont été des expressions de foi et d’amour.
Ces quelques observations ont simplement pour but de présenter celle qui vient aujourd’hui s’entretenir avec vous. En effet, dans les dernières années de sa vie, Odile a manifesté à plusieurs reprises son désir de transmettre une expérience et une réflexion qui se sont développées au cours de toute son existence. Ainsi a-t-elle exprimé dans plusieurs écrits un grand désir de communiquer un message d’amour et de vie. Sont repris ici quelques passages de ces textes que vous allez découvrir au fil des pages. «Ce que j’ai la joie de partager aujourd’hui est la découverte des bienfaits de Dieu : manifestation de sa bonté infinie que j’ai pu ressentir, de sa magnificence que j’ai pu reconnaître dans sa création, de sa présence dans l’énergie vitale de tout ce qui existe. (…) Cette joie de reconnaissance explose en moi. J’ai envie de la partager. La vie vaut la peine d’être vécue ! » (« Désir de partage »). Quelques années plus tôt, elle avait déjà exprimé la même intention et elle s’adressait ainsi à nous: « En pensant au lecteur qui parcourra ces lignes, mon souhait le plus profond, c’est qu’à travers cette lecture, il puisse, à son tour, louer Dieu pour les merveilles qu’il découvre en lui et dans sa vie » (« Être reconnaissant »). Ces mots ont été écrits dans les dernières années de la vie d’Odile, au moment où elle faisait face à la menace de la maladie. C’est dire la force de sa conviction. Mais comme on pourra le voir dans ce recueil, le cœur de ce message s’est affirmé très tôt à partir d’une expérience fondatrice et s’est ensuite décliné à travers toute une existence dans des expressions très variées.
Il importe de donner ici quelques points de repère à propos de la vie d’Odile. Début 2008, préparant une session œcuménique d’exercices spirituels ignaciens, Odile a indiqué elle-même quelques jalons de son itinéraire spirituel (« Parcours spirituel »). Elle exprime un événement capital en ces termes : « 1973. Rencontre de notre petit groupe de partage spirituel avec le renouveau charismatique catholique. Au même moment, un pasteur pentecôtiste « spirituel au delà des doctrines » prie avec son église pour ma guérison. Huit jours après ma première démarche, le dernier jeudi d’octobre 1973, à 23 heures, après une réunion de prière dans la crypte de Saint Suplice, je sors d’une seconde à l’autre d’une dissociation de personnalité. Baptême dans l’Esprit… Depuis ce jour, méditation quotidienne de la Bible ». Il y a là une expérience fondatrice qui a suscité une transformation majeure dans la vie d’Odile et qu’elle a décrite dans plusieurs textes publiés dans ce livre (« Expérience fondatrice »). Trente ans plus tard, elle s’y réfère encore dans ces quelques lignes : « Je ne me crois pas meilleure que les autres. Depuis le jour où Dieu s’est révélé à moi à travers une prière exaucée et où j’ai découvert que je recevais de lui une paix et une plénitude, je suis entrée dans un univers spirituel, une nouvelle dimension. Dans la relation avec Dieu, en Jésus-Christ, je suis assurée de sa sollicitude jusque dans l’éternité » (« Libre parole sur la venue du Dalaï Lama »).
A partir de cette expérience fondatrice, la vie d’Odile va prendre un nouveau cours. En effet, elle s’investit dans un groupe de prière interconfessionnel, « le Sénevé » où elle transmet son inspiration. Elle développe une activité de partage autour de la Bible. Elle allie formation psychologique, expérience spirituelle et un sens du dialogue empreint d’amour et de respect pour apporter une aide à des personnes en difficulté. Dans une position de responsabilité, elle participe également à l’animation de « Témoins », association chrétienne interconfessionnelle et à la production de son magazine. Sa vie familiale continue à se dérouler dans l’amour qu’elle porte aux siens. Ses petits-enfants étaient chers à son cœur. Elle poursuit une activité intellectuelle et culturelle dans une vaste gamme de centres d’intérêt comme en témoigne « Mosaïque itinéraire de lecture » qui exprime aussi sa recherche spirituelle. Elle manifeste également un penchant pour l’expression poétique. Durant les années 80 et 90, cette « vie en mouvement » s’exprime dans des textes qui manifestent ces orientations et aussi un approfondissement de sa vie spirituelle.
Dans la dernière décennie, la santé d’Odile fut attaquée sur plusieurs fronts. Face à la remontée de souvenirs traumatisants issus de son enfance et de son adolescence, elle s’engage dans une psychothérapie dont elle percevra les bienfaits. Bénéficiant d’une entraide spirituelle chaleureuse constamment présente et d’un suivi médical personnalisé, entre autres celui d’un médecin ami, jusqu’aux tout derniers mois, elle parvient à mener une vie presque normale malgré les angoisses liées aux poussées cancéreuses et à l’appréhension des examens et des traitements lourds. C’est dans ce contexte qu’Odile tient un journal spirituel et écrit de nombreux textes concernant son expérience et sa vision de la « vie en Christ », de la « vie en Dieu ». C’est à partir de ces écrits personnels, expression de sa pensée en mouvement, sans qu’elle ait pu leur apporter une validation définitive, que de nombreux textes ont été extraits dans les mois qui ont suivi son départ, en l’occurrence par son mari.
Dans ce contexte difficile, « la force et la joie de vivre » qui s’y expriment témoignent à la fois de la profondeur et de la justesse de toute une vie et de la puissance de l’Esprit. Il y a là aussi une expression d’expériences nouvelles qui s’expriment avec une particulière intensité comme la conscience d’exister, vécue comme une grâce. Les proches et les amis qui ont entouré Odile durant ces années sont témoins de cette qualité d’être, inspirée par la vie divine. Plusieurs de ces textes exprimant « une confiance dans l’épreuve » viendront réconforter celles et ceux traversant des difficultés.
Le lecteur de ce livre découvrira par lui-même les accents majeurs de la spiritualité d’Odile. Il pourra suivre le développement de sa pensée, nourrie par les différentes cultures auxquelles elle a participé. Elle se présente d’ailleurs comme « une chrétienne interconfessionnelle quelque soit l’institution à laquelle je me rattache à tel ou tel moment » (« Ce que je crois »). En rapport avec son expérience initiale, un fil conducteur se déroule à travers tous ces textes : une expression, un ressenti de l’amour et de la bonté de Dieu qui se manifestent à notre intention (« Qui est Dieu ? »). Loin du volontarisme, du légalisme, du fondamentalisme, de tout ce qui entraîne culpabilité et agressivité, Odile plaide pour l’accueil de la grâce de Dieu : « Dire que je suis chrétienne, c’est dire que Christ est toute ma vie. Non pas un modèle que je m’efforce d’imiter, mais une relation constante à Dieu, par Christ ressuscité : il est la vie, la puissance de vie en moi quand je l’accueille par l’Esprit pour me conduire selon la justesse des lois de vie… » (« Ce que je crois »). Dans un autre texte, elle précise : « Notre attitude juste est celle de l’accueil de l’œuvre de Jésus en nous, décision qu’elle se fasse en nous par l’Esprit dans l’espérance, dans notre marche vers… » (« Accueillir l’œuvre de Christ en nous »). Cette attitude se nourrit d’une prière confiante et de la méditation de la Parole biblique (« Vivre en Christ. Vivre en Dieu »). Il y a là une dynamique personnelle qui s’inscrit dans un mouvement d’ensemble. «Dans la résurrection, une nouvelle ère est ouverte. Ce plan, que Dieu achèvera à la fin des temps, consiste à réunir tout ce qui est dans les cieux et sur la terre sous un seul chef : le Christ. Ainsi Jésus devient le Christ cosmique. (…) Son œuvre se réalise pour moi quand je la reçois : pardon et guérison pour une vie nouvelle dans la relation au Père et au Fils qui font leur demeure en moi, qui devient le temple de l’Esprit » (« Il est ressuscité! »).
Certaines formulations d’Odile peuvent paraître approximatives pour des théologiens professionnels. Elle n’a pas suivi d’études de théologie, mais sa pensée s’est formée en alliant expérience spirituelle, méditation quotidienne de la Bible et lecture de nombreux livres en rapport avec ses questionnements. Son expérience et sa réflexion sont étroitement reliées. Dans son parcours, elle a trouvé une inspiration féconde chez deux théologiens : Eloi Leclerc, auteur de Le Royaume caché, et, dans les dernières années, Jürgen Moltmann. On pourra voir dans la pensée de ce dernier un fondement théologique à la démarche d’Odile et à certaines de ses expressions.
La spiritualité a pu être définie comme « une conscience relationnelle avec Dieu, avec la nature, avec les êtres humains et avec soi-même ». Odile a toujours vécu en relation avec ceux qui l’entouraient et, plus généralement, elle a été attentive à la dimension sociale. Son amour de la nature et sa capacité d’y percevoir l’animation divine sont présents dans de nombreux textes. A maintes reprises, elle s’émerveille du spectacle de la nature à travers les fenêtres de son appartement, des arbres et du ciel. A la suite d’une visite, elle décrit avec une émotion sensible une grange restaurée et le jardin qui l’environne : «Au fur et à mesure de la visite, je me laissais imprégner par la joie profonde que suscite la reconnaissance pour l’harmonie de la vie perçue par-delà le visible ». Et elle conclut par cette parole qui va droit au cœur : « Bien sûr, il y a bien des malheurs dans le monde, mais il y a toujours des jardins avec des roses. Ces jardins sont une porte vers la vie » (« Quand tout s’agence »).
Elle exprime une vision que l’on peut résumer en ces mots : « Tout se tient. Unité et harmonie en Dieu ». Elle poursuit : « Assez curieusement ma foi en notre Dieu qui est puissance de vie, s’est développée à travers la découverte des nouvelles approches scientifiques qui transforment notre représentation du monde. Dans cette nouvelle perspective, j’ai compris que tout se relie à tout et que chaque chose influence l’ensemble. Tout se tient, tout se relie. Pour moi, l’action de Dieu s’exerce dans ces interrelations ». (« Dieu, puissance de vie »). Ainsi désire-t-elle s’inscrire positivement dans la création : « J’ai été secouée au plus profond de mon être, le jour où j’ai réalisé que Dieu m’appelait à participer à la gérance de sa création, à commencer par ma personnalité. Qui suis-je pour être ainsi « collaboratrice » du créateur ? (Psaume 8). Dieu continue à créer avec chacun de nous et avec moi. « Le Père céleste agit sans cesse », dit Jésus et il m’invite à participer à la nouvelle création mise en route dans sa résurrection… » (« Vers une personnalité unifiée »).
Dans la communion divine qui nous relie, ce livre exprime un chemin de vie.
La construction de cet ouvrage traduit à la fois le mouvement de la vie d’Odile, son itinéraire au long des années, et l’expression de son vécu, de son ressenti, de sa pensée. De fait, ce livre n’est pas un récit en continu. C’est un recueil de textes dont chacun a son originalité et contient un message. Il pourra donc alimenter notre méditation, jour après jour, selon notre besoin ou notre aspiration du moment. A de nombreuses reprises, Odile exprime son amour de la vie. Elle nous dit la source de cette attitude : « toi qui me donnes vie », « imprégnée de ta présence, puissance de vie en moi ». Ainsi ce livre a reçu pour titre : « Sa présence dans ma vie ».
Un témoignage vivant
Odile a quitté la vie terrestre le 11 mars 2009. Aujourd’hui, à travers ce livre, nous l’entendons encore nous parler et nous participons à ce dialogue. La communication, qui se poursuit ainsi, s’inscrit dans le cadre d’une communion qui, sur un autre registre, unit les vivants et les morts en Christ ressuscité. Avec le théologien Jürgen Moltmann (4), nous croyons que Jésus Christ, par sa résurrection, a brisé le pouvoir de la mort. En Christ ressuscité, il n’y a plus de mur de séparation entre les vivants et les morts. Dans la communion en Christ, les morts n’ont pas disparu. Ils ne sont pas « morts ». Ils manifestent une présence. Plus nous nous approchons du Christ, plus nous nous rapprochons aussi de ceux qui ont quitté la vie terrestre (5). Dans cet esprit, dans la communion en Christ ressuscité, dans l’inspiration de l’Esprit qui porte ce livre, Odile nous accompagne. Ce livre est un témoignage vivant.
J H
(1) Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte. Temps présent, 2011. Ce livre est en vente sur Amazon et à la Librairie 7ici. Nous reproduisons ici l’introduction de ce livre : « Odile Hassenforder : sa vie et sa pensée », p 11-17. Sur ce blog : Vivre et espérer, la pensée d’Odile est présente à travers la mise en ligne d’extraits de ce livre et de textes inédits : https://vivreetesperer.com/?s=Odile+hassenforder
(2) « Confiance ! Le message est passé » : https://vivreetesperer.com/?p=1246
(3) « Dame confiance » : https://vivreetesperer.com/?p=677
(4) Jürgen Moltmann. Sa vie et sa pensée : « Une théologie pour notre temps » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=695
(5) Cette courte réflexion est textuellement inspirée par un chapitre de Jürgen Moltmann dans son livre : « In the end… The beginning » (Fortress Press, 2004), aujourd’hui traduit et publié en français : « De commencements en recommencements » (Empreinte Temps présent, 2012) : « The community of the Living and the Dead » p 135 : « When he « descended into hell » (the realm of the dead), as the creed puts it, Christ broke the power of the death and took the dead in his fellowship. So the community of Christ is in him a community of the living with the dead, and of the dead with the living. In the risen Christ, the wall of death has been broken down. So, in this community with Christ, the dead are not « dead » in the modern sense. They « have a presence »… The closer we come in Christ, the closer the dead come to us… ».
Sur ce blog, à plusieurs reprises, nous avons mis en ligne des articles à ce sujet : « Sur la terre comme au ciel » : https://vivreetesperer.com/?p=338
« Une vie qui ne disparaît pas » : https://vivreetesperer.com/?p=336
« Une théologie pour la vie » : https://vivreetesperer.com/?p=1917
« Vivants et morts, ensemble en Christ ressuscité » : https://vivreetesperer.com/?p=2221
« Par delà la séparation. Un témoignage de Jürgen Moltmann » : https://vivreetesperer.com/?p=2209
par jean | Jan 2, 2016 | ARTICLES, Vision et sens |
Deux approches convergentes : Jürgen Moltmann et Diana Butler Bass
A partir d’une approche scientifique, technique ou sociale, on découvre de plus en plus aujourd’hui que nous vivons dans un univers en interaction, un univers où tout se tient. Pour certains, cela ne va pas de soi, car c’est une nouveauté qui bouleverse un héritage intellectuel ou religieux. Où est Dieu ? Ce mouvement appelle une réflexion théologique.
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La communauté de la création
Dans les années 1980 déjà, dans son livre : « Dieu dans la création » (1), Jürgen Moltmann pouvait écrire : « Si l’Esprit Saint est répandu sur toute la création, il fait de la communauté entre toutes les créatures avec Dieu et entre elles, cette communauté de la création dans laquelle toutes les créatures communiquent chacune à sa manière entre elles et avec Dieu… L’existence, la vie et le réseau des relations réciproques ont lieu dans l’Esprit. « En Lui, nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Actes des apôtres 1.28) (p 24)… Dieu le créateur du ciel et de la terre est présent par son Esprit cosmique dans chacune de ses créatures et dans leur communauté créée. Dieu n’est pas seulement le créateur du monde, mais aussi l’Esprit de l’univers. Grace aux forces et aux possibilités de l’Esprit, le créateur demeure auprès de ses créatures, les vivifie, les maintient dans l’existence et les mène dans son royaume futur » (p 28). Dieu est à la fois transcendant et immanent.
Le Dieu vivant
Aujourd’hui, dans la lignée de ses nombreux ouvrages (2), le nouveau livre de Jürgen Moltmann, publié par le Conseil Mondial des Eglises, s’intitule : « The living God and the fullness of life » (Le Dieu vivant et la plénitude de vie » (3). L’auteur s’adresse en premier à un public marqué par une culture moderne qui ferait appel à « des concepts humanistes et matérialistes » de la vie, une culture dans laquelle Dieu serait absent. Cette vie sans transcendance engendre un manque et induit ce que Moltmann appelle une « vie diminuée ».
Si une forme de christianisme a pu apparaître comme un renoncement à une vie pleinement vécue dans le monde, Moltmann nous présente au contraire un Dieu vivant qui suscite une plénitude de vie. Dieu n’est pas lointain. Il est présent et agissant. « Avec Christ, le Dieu vivant est venu sur cette terre pour que les humains puissent avoir la vie et l’avoir en abondance (Jean 10.10). Moltmann nous propose une spiritualité dans laquelle « la vie terrestre est sanctifiée » et qui se fonde sur la résurrection du Christ. Dans la dynamique de cette résurrection, « l’horizon de l’avenir, aujourd’hui assombri par le terrorisme, la menace nucléaire et la catastrophe environnementale, peut s’éclairer. Une lumière nouvelle est projetée sur le passé et ceux qui sont morts. La vie entre dans le présent pour qu’on puisse l’aimer et en jouir… Ce que je désire, écrit Moltmann, c’est de présenter ici une transcendance qui ne supprime, ni n’aliène notre vie présente, mais qui libère et donne vie, une transcendance par rapport à laquelle nous ne ressentions pas l’envie de lui tourner le dos, mais qui nous remplisse d’une joie de vivre » (p X-XI).
Une vie divine
Jürgen Moltmann consacre un chapitre à la vie éternelle. Cette vie ne tourne pas le dos à la condition terrestre de l’homme, mais elle l’anime. Elle ne s’adresse pas à des individus qui seraient polarisés sur le salut de leur âme. Elle s’inscrit dans un univers interrelationnel. « L’être humain n’est pas un individu, mais un être social… Il meurt socialement lorsqu’il n’a pas de relations ». Ainsi, selon Moltmann, la vie éternelle s’inscrit dans trois dimensions : « Comme enfants de Dieu, les êtres humains vivent une vie divine. Comme parents et enfants, ils s’inscrivent dans la séquence des générations humaines. Comme créatures terrestres, ils vivent dans la communauté de la terre » (p 73). Dès lors, le chapitre s’articule en trois parties : « In the fellowship of the divine life » (Dans la communion de la vie divine) ; « In the fellowship of the living and of the dead » (Dans la communion entre les vivants et les morts) ; « In the fellowship of the earth » (dans la communion avec la terre).
« On entend dire que la vie sur terre n’est rien qu’une vie mortelle et finie. Dire cela, c’est accepter la domination de la mort sur la vie humaine. Alors cette vie est bien diminuée. Dans la communion avec le Dieu vivant, cette vie mortelle et finie, ici et maintenant, est une vie interconnectée, pénétrée par Dieu et ainsi, elle devient immédiatement une vie qui est divine et éternelle » (p 73). « La vie humaine est enveloppée et acceptée par le divin et le fini prend part à l’infini. La vie éternelle est ici et maintenant. Cette vie présente, joyeuse et douloureuse, aimée et souffrante, réussie ou non, est vie éternelle. Dans l’incarnation du Christ, Dieu accepté cette vie humaine. Il l’interpénètre, la réconcilie, la guérit et la qualifie pour l’immortalité. Nous ne vivons pas simplement une vie terrestre, ni seulement une vie humaine, mais nous vivons aussi simultanément une vie qui est remplie par Dieu, une vie dans l’abondance (Jean 10.10)… Ce n’est pas la foi humaine qui procure la vie éternelle. La vie éternelle est donnée par Dieu et elle est présente dans chaque vie humaine, mais c’est le croyant qui en a conscience. On la reconnaît objectivement et subjectivement, on l’intègre dans sa vie comme la vérité. La foi est une joie vécue dans la plénitude divine de cette vie. Cette participation à la vie divine présuppose deux mouvements qui traversent les frontières : l’incarnation de Dieu dans la vie humaine et la transcendance de cette vie humaine dans la vie divine… » (p 74).
Reconnaître Dieu dans le monde
Au contact de la vie des gens au plus près de leur expérience à travers ses rencontres, mais aussi à même d’interpréter les évolutions grâce à une culture d’historienne et de théologienne, Diana Butler Bass a publié, il y a quelques années, un livre intitulé « Christianity after religion » (4). Dans cet ouvrage, elle situe l’éveil spirituel (« spiritual awakening ») qui a lieu actuellement aux Etats-Unis, dans une rétrospective historique qui montre à la fois les continuités et les émergences. Diana Butler Bass vient de publier un nouveau livre intitulé : « Grounded. Finding God in the world. A spiritual revolution » (5). « Ce qui apparaît comme un déclin de la religion organisée indique en fait une transformation majeure dans la manière dont les gens comprennent Dieu et en font l’expérience. Le Dieu distant de la religion conventionnelle cède la place à un sens plus intime du sacré qui irrigue le monde. Ce glissement d’un Dieu vertical vers un Dieu qui se trouve à travers la nature et la communauté humaine est le cœur de la révolution spirituelle qui nous environne et qui interpelle non seulement les institutions religieuses, mais aussi les institutions politiques et sociales… Ce livre observe et rapporte un changement radical dans la manière dont beaucoup de gens situent Dieu et pratiquent leur foi. L’auteur invite ainsi les lecteurs à rejoindre cette révolution spirituelle en cours d’émergence, à trouver une expression revitalisée de la foi et à changer le monde » (6).
Dieu avec nous
Dans un article paru sur le blog du Hutchinson Post (7), Diana Butler Bass indique les grandes orientations de sa recherche.
« Où est Dieu ? Pendant des siècles, la plupart des religions ont enseigné que Dieu était au ciel et qu’il existait un univers à trois étages avec Dieu au sommet dans le ciel avec les anges, puis nous les hommes embrouillés sur la terre, et, en dessous de nous, Satan et les démons en enfer avec la menace d’une punition éternelle. Le ciel était très éloignés et le Dieu qui vivait là haut apparaissait comme une divinité inaccessible : Roi, Gouverneur, Maître, Juge et Père. Pour atteindre ce Dieu là, il y avait toute une gamme de médiateurs et de médiations… ». Jürgen Moltmann, lui aussi, a décrit la manière dont ce Dieu transcendant opérait en montrant combien cette représentation était en contradiction avec la vie et l’enseignement de Jésus.
Diana Butler Bass montre comment cette conception de la divinité a été remise en cause au cours des dernières décennies. Elle a suscité le développement de l’agnosticisme et de l’athéisme, mais globalement, la plupart des gens qui ont rompu avec les églises continuent à croire en Dieu. En fait, « ce qu’ils rejettent, c’est une certaine conception de la divinité tandis que, dans le même mouvement, ils essaient de resituer Dieu dans leur vie… Où est Dieu ? Plus là-haut dans le ciel. Dieu est avec nous. Souvent inaperçue ou mal comprise par les commentateurs et même quelques leaders religieux, un glissement théologique est en train d’advenir parmi nous : une révolution dans la manifestation de la proximité divine… C’est un Dieu qui est totalement présent dans le chaos, la souffrance et la confusion qui nous environne, l’Esprit qui nous invite à sauver la planète et à faire la paix avec la famille humaine toute entière et qui est un compagnon et un partenaire pour créer un avenir rempli d’espérance. Le seul Dieu qui fait sens est un Dieu de compassion et d’empathie qui partage la vie du monde ».
La théologie de Jürgen Moltmann nous éclaire sur ce Dieu là. C’est un Dieu qui ne réside pas loin de nous, mais qui est engagé dans la création, engagé dans l’humanité. « Le message du Christ annonçant la résurrection et la vie, a libéré une puissance de vie parmi les premiers chrétiens, une force qui a rendu possible de nouveaux commencements et un changement qui a permis à des hommes et à des femmes de créer ce qui avait été jusque là inconnu. Je crois que cette force peut se déployer également dans le monde moderne et qu’elle porte en elle-même la plénitude de vie à laquelle beaucoup de gens aspirent. Ceux qui croient, ceux qui aiment, ceux qui espèrent, tirent leur force du Dieu vivant et, dans leur proximité avec Dieu, ils font l’expérience d’une vie dans sa plénitude » ( p IX).
Nous vivons dans une période de grandes mutations qui induit et appelle des changements profonds dans les mentalités. Parce que, depuis plusieurs décennies, Jürgen Moltmann est à l’écoute des aspirations et des questionnements des gens de notre époque, dans la mouvance de l’Esprit et une approche renouvelée de la Parole, il a développé une pensée théologique qui inspire notamment les chrétiens engagés dans le courant de l’Eglise émergente (8).
Diana Butler Bass participe, elle aussi, à la recherche d’une manière nouvelle de penser et de vivre la foi chrétienne. Dans son livre (p 277-278), elle nous raconte son cheminement ponctué par des conversions successives, d’abord à la vision protestante évangélique, puis à un christianisme libéral dans l’expression de l’Eglise épiscopale, et enfin, en 2001, la prise de conscience qu’il lui fallait dépasser la conception d’« un Dieu vertical ». « Ma troisième conversion n’a pas été le rejet de l’Eglise (comme l’expression vivante de Jésus dans le monde), ni celui du christianisme ou de la foi… Mon mouvement a été de quitter une conception verticale de Dieu et de me tourner vers un Dieu-avec-nous et une espérance dans une foi communautaire… ».
Dans ce monde en mutation, les parcours de foi sont divers. Mais, dans le même mouvement, des tendances communes apparaissent. La pensée théologique de Jürgen Moltmann fait appel à des apports de différents milieux chrétiens, comme, par exemple l’orthodoxie ou le pentecôtisme, et aussi du judaïsme. Et, dans le champ écologique, on note une convergente évidente entre la vision de Moltmann et celle du pape François (9) dont, en exergue de son livre, Diana Butler Bass cite un passage de son encyclique Laudato Si : « Tout est en relation, et nous êtres humains, nous sommes unis comme des frères et des sœurs en marche dans un merveilleux pèlerinage, entrelacés ensemble par l’amour que Dieu a pour chacun… et qui nous unit aussi dans une tendre affection pour notre frère soleil, notre sœur lune, notre frère rivière et notre mère terre ».
Oui, ensemble, nous voulons accueillir et suivre le Dieu vivant.
J H
(1) Moltmann (Jürgen). Dieu dans la création. Traité écologique de la création. Cerf, 1988
(2) On trouvera une introduction à la pensée théologique de Jürgen Moltmann sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : http://www.lespritquidonnelavie.com. Dans une autobiographie : « The broad place », Moltmann relate sa vie et l’évolution de son œuvre. Ce livre est présenté dans un article : « Une théologie pour notre temps » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=695
(3) Moltmann (Jürgen). The living God and the fullness of life. World Council of churches, 2016
(4) Butler Bass (Diana). Christianity after religion. The end of the church and the birth of a new spiritual awakening. Harper one, 2012. Sur le site de Témoins, une mise en perspective : « La montée d’une nouvelle conscience spirituelle » : http://www.temoins.com/etudes/recherche-et-innovation/etudes/la-montee-dune-nouvelle-conscience-spirituelle-dapres-le-livre-de-diana-butler-bass-l-christianity-after-religion-r
(5) Butler Bass (Diana). Grounded. Finding God in the world. A spiritual evolution. Harper one, 2015. Ce livre est salué par des personnalités chrétiennes comme Brian Mc Laren, une des voix de l’Eglise émergente aux Etats-Unis : « Il n’y a rien de pire que de dormir lorsqu’il y a une révolution » écrit Diana Butler Bass. Ce livre nous aidera à nous éveiller. Il nous équipera pour être un participant enthousiaste dans ce que je crois être le mouvement le plus profond et le plus important qui prend forme à notre époque »
(6) Présentation du livre en couverture
(7) Sur le blog du Huff Post : « Where is God ? » par Diana Butler Bass : http://www.huffingtonpost.com/diana-butler-bass/grounded-where-is-god_b_8251022.html
(8) « L’Eglise émergente en conversation avec Jürgen Moltmann. L’Eglise transformationnelle. Interview de Patrick Oden » : http://www.temoins.com/etudes/recherche-et-innovation/etudes/leglise-emergente-en-conversation-avec-juergen-moltmann-leglise-transformationnelle-interview-de-patrick-oden
(9) « Convergences écologiques : Jean Bastaire, Jürgen Moltmann, Pape François, Edgar Morin » : https://vivreetesperer.com/?p=2151
Sur le même sujet, sur le blog : Vivre et espérer :
« Une théologie pour la vie » : https://vivreetesperer.com/?p=1917
« Reconnaître la présence de Dieu à travers l’expérience » : https://vivreetesperer.com/?p=1008
« Vivre en harmonie avec la nature » : https://vivreetesperer.com/?p=757