Se sentir aimé de Dieu

#

         Se sentir aimé, c’est une des conditions du bonheur.

Dans un article sur « psychologies.com » (1) : « Etre aimé pour être heureux », Hélène Fresnel énonce ce que nous savons déjà dans notre expérience intime : « Etre aimé, c’est une nécessité, un fondement de notre identité… Parce que nous sommes incapables de nous aimer, l’amour de l’autre justifie notre existence »… « Le fait d’être aimé entretient un sentiment de continuité dans l’existence… Nous sommes menacés de nous désintégrer face aux difficultés et à la dureté du monde. L’amour de l’autre nous permet de ne pas nous dissocier, de ne pas nous défaire…C’est un besoin existentiel qui évolue et perdure parce qu’il justifie plus que n’importe quoi d’autre la nécessité de notre existence. Nous n’avons plus à nous interroger : « Pourquoi suis-je là ? ». Et de citer le philosophe Maurice Merleau-Ponty : « C’est l’autre qui me donne mon visage. L’autre nous a reconnus pour ce que nous sommes… ». Mais, en même temps, on le sait, en fonction d’un passé douloureux, des obstacles comme la crainte et la peur de l’abandon, peuvent faire obstacle.

 #

         A travers la parole de Jésus, Dieu s’adresse à nous. Jésus vit en relation à Dieu comme celle d’un fils à un père aimé, un papa (« abba »), et il peut donc nous parler de Dieu comme Celui qui est constamment présent, en qui on peut avoir une totale confiance (Luc 6. 25-34), un Dieu qui nous aime et vient à notre rencontre. Et d’ailleurs, Jésus lui-même incarne cet amour divin et nous appelle à aimer les autres, répondant ainsi au grand besoin d’être aimé qui est inscrit au cœur de l’homme.

 #

         Cette expression de l’amour de Dieu peut rencontrer des obstacles tant dans notre psychisme que dans une représentation de Dieu (2), qui s’est écartée de l’Evangile et fait barrage à travers un inconscient collectif. Ainsi, pour lever ces obstacles, nous avons parfois besoin d’être aidé à percevoir les empêchements qui s’interposent.

Dans son blog : « Au bonheur de Dieu » (3),  Michèle Jeunet,  Sœur Michèle au Centre spirituel Notre-Dame du Cénacle à Versailles, sait apporter les éclairages et poser les bonnes questions qui permettent de dissoudre les obstacles et d’ouvrir notre compréhension. Ainsi dans ce texte à propos de l’Evangile de Luc (15.1-9) : « La conversion, est un changement de regard » (4), elle nous aide à recevoir personnellement le message de Jésus.

« L’Evangile est porteur de bonnes nouvelles pour notre vie ». Ce n’est pas rien d’entendre et de ressentir que nous sommes vraiment aimé par Dieu. « Je suis sa brebis préférée, sa pièce précieuse, son enfant bien aimé et il n’a de cesse de me chercher, de me trouver, de me retrouver ».

 #

J H

La conversion est un changement de regard.

Dans l’Evangile selon Luc au Chapitre 15, verset 1 à 9

1 Cependant tous les publicains et les pécheurs s’approchaient de lui pour l’entendre.

2 Et les pharisiens et les scribes de murmurer : « Cet homme, disaient-ils, fait bon accueil aux pécheurs et mangent avec eux.

3 Il leur dit alors cette parabole :

4 « Lequel d’entre vous, s’il a cent brebis, et vient à en perdre une, n’abandonne les 99 autres dans le désert pour s’en aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée ?

5 Et quand il l’a retrouvée, il la met, tout joyeux sur ses épaules

6 et, de retour chez lui, il assemble amis et voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue !

7 C’est ainsi, je vous le dis, qu’il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes ; qui n’ont pas besoin de repentir.

8 « Ou bien, quelle est la femme qui, si elle a dix drachmes et vient à en perdre une, n’allume une lampe, ne balaie la maison et ne cherche avec soin, jusqu’à ce qu’elle l’ait retrouvée,

9 Et , quand elle l’a retrouvée, elle assemble amis et voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, la drachme que j’avais perdue !

Quelle joie de pouvoir être auditeurs de l’Evangile comme nous le sommes !

Quelle  joie de pouvoir nous glisser dans ce groupe de publicains et de pécheurs et comme eux s’approcher et écouter une parole où Jésus nous dit la valeur du prix que nous avons aux yeux de Dieu.

Et oui, ces deux paraboles, comme la troisième bien connue, dite du « fils retrouvé », nous disent d’abord le prix que nous avons aux yeux de Dieu.

 

Elles nous comparent à une brebis, une pièce d’argent et un enfant.

Ces comparaisons disent toutes les trois, à leur manière, une richesse et ue valeur qui ne doivent pas se perdre et qui demandent de tout mettre en œuvre pour être retrouvées.

Et, à chaque fois, cette valeur ou richesse est unique, car pour Dieu, chacun, chacune de nous est sa brebis préférée, sa pièce précieuse, son enfant bien aimé !

Qu’il est meilleur le regard de Dieu sur nous si nous le comparons à celui que nous avons sur nous même !

C’est pourquoi l’Evangile est une bonne nouvelle. C’est pourquoi l’appel à la conversion est un appel à changer notre regard. En fait, c’est faire un échange : renoncer au nôtre et accueillir celui de Dieu. Je suis sa brebis préférée, sa pièce précieuse, son enfant bien aimé et il n’a de cesse de me chercher, de me trouver, de me retrouver.

 

L’autre lieu de conversion est donc aussi un appel à transformer nos images de Dieu. Sont-elles en coïncidence avec ce qui nous est révélé ici de Dieu ?

Dieu comme un berger qui court à ma recherche, qui me met sur ses épaules.

Dieu comme une femme qui allume une lampe pour me chercher sans se lasser.

Dieu comme un père qui fait la fête à l’enfant retrouvé que je suis.

 #

Oui, c’est bien de bonnes nouvelles pour notre vie dont l’Evangile est porteur. Laissons-nous libérer par elles. Ce sont elles qui peuvent dilater notre cœur et transformer quelque chose en nos vies.

 #

Michèle Jeunet . Sœur Michèle, Centre spirituel Notre-Dame du Cénacle.

 #

(1)            Sur le site : « psychologies.com » : Hélène Fresnel. Etre aimé pour être heureux http://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Bonheur/Articles-et-Dossiers/De-quoi-avons-nous-besoin-pour-etre-heureux/Etre-aime-pour-etre-heureux

(2)            Sur ce blog : « Quelle est notre image de Dieu ? ». Réflexion de Michèle Jeunet à propos d’une intervention de Thierry Bizot, éditeur du livre : « Catholiques anonymes » d’où a été tiré le film »Qui a envie d’être aimé ? » https://vivreetesperer.com/?p=1509

(3)            aubonheurdedieu-soeurmichele : http://aubonheurdedieu-soeurmichele.over-blog.com/

(4)            Le texte : « La conversion  est un changement de regard » est emprunté au blog de Sœur Michèle : http://aubonheurdedieu-soeurmichele.over-blog.com/article-la-conversion-est-un-changement-de-regard-100069508.html

On pourra lire aussi sur ce blog :

« Geste d’amour » (Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie) https://vivreetesperer.com/?p=1204

« Lorsque Dieu nous parle de bonheur » (Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie) https://vivreetesperer.com/?p=205

« La beauté de l’écoute » https://vivreetesperer.com/?p=1219

« Dieu suscite la communion » https://vivreetesperer.com/?p=564

Face à la détresse du monde

#

Veiller et guetter.

#

Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?

#

         Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? Dans un conte de Charles Perrault (1), c’est la question désespérée que la femme de Barbe bleue attendant du secours pose à sa sœur Anne alors que son mari s’apprête à l’exécuter. Et cette question figure aujourd’hui dans notre mémoire collective.

         Quel avenir existe-t-il encore pour nous lorsque nous vivons dans la tourmente ? Nous pouvons nous poser cette question à un moment particulièrement difficile de l’histoire, mais c’est aussi une question existentielle pour tous ceux d’entre nous qui se sentent menacés. Peut-on attendre un secours, lequel et quand va-t-il venir ?

         Dans une courte vidéo (2) intitulée : « Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? », Nadine Heller répond à notre attente dans l’esprit des évangiles. Dieu nous appelle à veiller et guetter. Il nous appelle à une espérance active. En phase avec nos sentiments, nos questionnements, nos aspirations, avec une grande justesse de ton et beaucoup de simplicité, Nadine Heller nous invite à regarder au loin « pour voir l’aube qui pointe » et « être des semeurs de vie, des porteurs de vie, pour choisir la vie (3) ».

         Dans ce message, Nadine Heller partage avec nous un passage de l’Apocalypse qui ouvre une dynamique d’espérance et de vie. Nous voyons bien aujourd’hui quelle est la puissance du mal et de la mort. Mais Dieu  nous offre un horizon qui va au delà. Ecoutons les propos de Nadine.

#

         « Vous entendez cette rumeur qui enfle. Toutes ces voix que le monde entier court à sa perte, que tout fout le camp, que l’être humain est devenu fou. Oui, bien sûr, nous les entendons ces voix. Et si, dans nos moments de silence, nous entendions tous les cris de détresse qui, de par le monde entier, montent vers le ciel,  nous deviendrions fou.

         Alors que faire ? est-ce qu’il faut nous boucher les oreilles ? Est-ce qu’il faut-il fermer les yeux ? Est-ce qu’il faut-il s’isoler ? Les  évangiles eux nous invitent à tout autre chose. Dieu nous invite à veiller et à guetter. Un peu comme si nous étions appelés à être des sentinelles qui doivent monter sur une tour de guet pour regarder au loin, non pas pour regarder les catastrophes qui vont arriver, mais pour regarder au loin l’aube qui pointe. Un peu comme ce que nous pouvons lire dans le livre de l’Apocalypse au Chapitre 21 : « Oui, voici ce que je vois. Un ciel nouveau, une terre nouvelle. J’entend une voix forte qui vient du siège et qui dit : Maintenant, la maison de Dieu est au milieu des hommes. Il va habiter avec eux. Ils seront ses peuples. Dieu lui-même sera avec eux et Il sera leur Dieu. Il essuiera toutes les larmes de leurs yeux. La mort n’existera plus. Il n’y aura plus ni deuil, ni larmes, ni souffrance ».

         Quelle espérance ! Mais cette espérance ne fait pas de nous des utopistes ou des doux rêveurs. Au contraire, c’est une espérance qui nous invite à être actifs comme des guetteurs qui guetteraient le moindre signe de lumière dans ce monde. Et aussi une espérance active qui nous invite, vous, moi, à être des porteurs de lumière, à être de ceux qui sèment sans compter la paix, l’amour, la justice au nom du Christ…qui les fait vivre, à être des semeurs de vie, à être des porteurs de vie, à choisir la vie, car, vous et moi, nous sommes invités à choisir la vie et à ensemble porter l’espérance ».

#

#

         Dans cette conversation, Nadine Heller a partagé avec nous un passage de l’Apocalypse qui ouvre pour nous un horizon de vie . Nous voyons bien  aujourd’hui quelle est la puissance du mal et de la mort. Mais Dieu nous ouvre un horizon qui va au delà.

         « Puisse le Dieu de l’Espérance vous remplir de toute joie et de toute paix dans la foi de telle manière que, par la puissance du Saint Esprit, vous puissiez abonder en espérance, écrit Paul aux Romains (Romains 15.13). Un grand théologien, Jürgen Moltmann (4),  nous montre combien cet accent est original, unique, parmi les différentes religions. « Nulle part ailleurs dans le monde des religions, Dieu est ainsi associé à un espoir humain pour l’avenir. Le futur est un élément essentiel de la la foi de Pâques. La foi signifie vivre dans la présence de Christ ressuscité et nous nous mouvons dans le Royaume de Dieu qui vient. Notre expérience de la vie quotidienne prend place dans une attente créative de Christ en train de venir. Nous attendons et nous avançons, nous espérons et nous endurons, nous prions et nous observons. Nous sommes à la fois curieux et patients » (5) . 

         Cette approche rejoint celle qui nous est proposée par Nadine Heller, pasteure de l’Eglise protestante Unie de Saint-Chamond, dans le cadre de la chaine : « Pasteur du dimanche » (6). Avec   des mots justes, elle aussi nous invite à vivre  dans une espérance active, une dynamique de vie. Ensemble et chacun de nous, choisissons la Vie.

#

J H

#

(1)            « Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? », une adjuration célèbre issue d’un conte de Charles Perrault : La Barbe Bleue paru dans « les contes de ma mère l’Oye » en 1697. Voir Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sœur_Anne  Le texte : http://www.alalettre.com/perrault-oeuvres-barbe-bleue.php

(2)            Vidéo de Nadine Heller : « Soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? » dans la chaine : pasteurdudimanche » ( décembre 2013) sur You Tube : http://www.youtube.com/watch?v=mYV_UUujPQ4&feature=youtu.be

(3)            « J’ai mis devant toi la vie et la mort. Choisis la vie afin que tu vives » (Deutéronome 30.19) . Cette parole biblique va droit à l’essentiel pour notre vie. Il y a dans ce monde, y compris l’héritage religieux, tant de déformations qui peuvent nous éloigner de la vie. Aussi, on se  réjouit de voir que l’équipe de « pasteurs du dimanche » ait pris comme devise  : « Choisis la vie ».

(4)            Jürgen Moltmann figure parmi les plus grand théologien de notre temps . En phase avec les grands questionnements de notre époque, il a commencé par écrire une théologie de l’espérance. On trouvera une mise en perspective de son itinéraire et de son œuvre dans une présentation de son autobiographie : « Une théologie pour notre temps » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=695. Un blog : « L’Esprit qui donne la vie », présente sa pensée au public francophone : http://www.lespritquidonnelavie.com/

(5)            Sur ce blog : « Quelle espérance ? Un espoir pour l’avenir humain. Le Royaume de Dieu en train de venir » : https://vivreetesperer.com/?p=890 ? Le passage sur l’espérance ici mentionné est issu du livre : « Jürgen Moltmann. In the end…the beginning. Fortress Press, 2004. Récemment traduit en français : Jürgen Moltmann. De commencements en recommencements. Une dynamique d’espérance. Empreinte temps présent, 2012 (Voir le chapitre : la force vitale de l’espérance). Présentation de  ce livre sur ce blog : « Une dynamique de vie et d’espérance » : https://vivreetesperer.com/?p=572. Bien sûr, en ce temps de Noël, la naissance de Jésus manifeste le début du processus de libération.

(6)            Quelques pasteurs de l’Eglise Protestante Unie ont choisi de s’entendre pour proposer chaque dimanche une courte vidéo (2 à 3 minutes) qui s’adressent à nous dans une parole d’ouverture, de partage et de conviction en alliant une réflexion sur la vie et l’actualité et l’éclairage d’un passage biblique dans son originalité pour aujourd’hui. « L’objectif de « pasteurdudimanche.fr » est de proposer une parole courte sur une actualité et un texte biblique qui invite à aller plus loin ».Il y a là le désir manifeste de s’adresser à un public qui dépasse de loin les seuls pratiquants protestants. La première vidéo a été réalisée par Joël Dahan en octobre 2011. Aujourd’hui, le site : « pasteurdudimanche.fr » renvoie à plus de 90 vidéos !  Naturellement, certains messages nous touchent plus que d’autres, mais un désir de convivialité et d’authenticité se manifeste dans chaque vidéo. Ce site est devenue une ressource importante pour la vie et l’expression chrétienne. http://www.youtube.com/playlist?list=PL6F0WgMatbJUxPNorU-tyfYon2NQBXsRG

#

Sur ce blog, d’autres textes sur ce thème :

« Confiance. Le message est passé ! Le livre d’Odile Hassenforder : « Sa présence dans ma vie ». http://www.youtube.com/playlist?list=PL6F0WgMatbJUxPNorU-tyfYon2NQBXsRG

« Espérer, c’est voir l’amour divin à l’oeuvre ». https://vivreetesperer.com/?p=870

« Les malheurs de l’histoire. Mort et résurrection ». https://vivreetesperer.com/?p=744

« En eau profonde ». https://vivreetesperer.com/?p=409

« Sur la terre comme au ciel » http:/www.vivreetesperer.com/p=338

Comme les petits enfants

Accueil, confiance et émerveillement

Odile Hassenforder : Sa présence dans ma vie.

Lieu ordinaire : dans la banlieue sud de la région parisienne, au troisième étage d’un petit immeuble, un angle de vue sur un mélange de végétation et de constructions et un  vaste espace de ciel. Mais, à partir de ce lieu ordinaire, dans une méditation quotidienne, Odile sait s’émerveiller. Elle apprend à recevoir. Elle découvre une harmonie. « Une atmosphère de confiance germe en moi. Je pense à l’enfant qui accueille la vie…Je deviens de plus en plus attentive à la semence intérieure qui germe, à l’écoute de l’intuition spirituelle,  à l’éveil de tout ce qui est bien-beau-bon autour de moi ». (1)

Mon fauteuil de méditation matinale est orienté à l’est.

J’aime admirer le lever de soleil, ces nuages qui s’éclairent, se colorent, passent du gris au rosé, avancent plus ou moins vite selon le vent… La vie est mouvement. La vie est énergie. Elle n’est pas statique comme l’expriment des pessimistes aveugles à ce renouvellement perpétuel.

Pour ma part, de tels spectacles de la nature, de la simple pâquerette au coucher du soleil et au ciel étoilé, m’émerveillent. Je sens mon cœur se dilater. J’appartiens à cet univers visible, mais  aussi invisible…Quelle magnificence. Emerveillement qui suscite l’adoration du Créateur : « L’homme a-t-il tant d’importance pour que tu t’occupes de lui ? » (Psaume 8/5). Et moi, je me sens toute petite, et pourtant je suis une créature merveilleuse (Psaume 139/14).

Un contentement intérieur s’établit peu à peu en moi. Comme les pièces d’un puzzle s’ajustant les uns aux autres, je découvre peu à peu un magnifique tableau. Cette vision et ce ressenti de bien-être m’envahissent. Et ma respiration devient le lieu de mon corps à mon mental s’épanouissant dans cet univers spirituel qui me dépasse. Alors s’éveille en moi une joie paisible, reliée à l’être suprême, mon Dieu, qui m’habite. Problèmes, inquiétudes, angoisses s’éloignent, se rapetissent comme les objets dans l’image d’un appareil de photo lorsque le focus agrandit le champ de vision. Une atmosphère de confiance germe en moi. Je pense à l’enfant qui accueille la Vie. Les paroles de Jésus me reviennent à l’esprit : « Le Royaume de Dieu appartient à ceux qui ressemblent à ces enfants » (Matt 19/14).

En moi, je connais cette conversion progressive de mon attention : de volontaire qui cherche le « bon modèle » chrétien à reproduire, je deviens de plus en plus attentive à la semence intérieure qui germe, à l’écoute de l’intuition spirituelle en moi et aussi à l’éveil à tout ce qui est bien-beau-bon autour de moi.

Odile Hassenforder

Écrit personnel 2007

 

(1) Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte Temps présent. 2011 (p 213-214)

Sur ce blog : autres textes d’Odile  Hassenforder : https://vivreetesperer.com/?tag=odile-hassenforder

Sur le chemin de l’école

Des enfants en marche : beauté et grandeur d’âme.

#

         « Sur le chemin de l’école » (1) : un film qui nous parle en termes épiques de la démarche d’enfants du « tiers monde » animés par le désir d’apprendre et bravanttoutes les difficultés pour aller à l’école.

         Le film nous est ainsi présenté. « Ces enfants vivent aux quatre coins du globe, mais partagent la même soif d’apprendre. Ils ont compris que seule l’instruction leur permettra d’améliorer leur vie, et c’est pour cela que chaque jour, dans des paysages incroyables, ils se lancent dans un périple à haut risque qui les conduira vers le savoir. Jackson, 11 ans, vit au Kenya et parcourt, matin et soir, quinze kilomètres avec sa petite sœur au milieu des savanes et des animaux sauvages… Zahira, 12 ans, habite dans les montagnes escarpées de l’Atlas marocain, et c’est une journée de marche exténuante qui l’attend pour rejoindre son internat avec ses deux amies… Samuel, 13 ans, vit en Inde et, chaque jour, les quatre kilomètres qu’il doit accomplir sont une épreuve parce qu’il n’a pas l’usage de ses jambes. Ses deux jeunes frères poussent pendant plus d’une heure son fauteuil roulant bricolé jusqu’à l’école… C’est sur un cheval que Carlos, 11 ans, traverse les plaines de Patagonie sur plus de dix-huit kilomètres. Emmenant sa petite sœur avec lui, il accomplit cet exploit deux fois par jour, quelque soit le temps… ».

#

#

         Geneviève Patte est une pionnière des bibliothèques enfantines  Elle est témoin du désir d’apprendre, de connaître qui est présent en chaque enfant et qui se manifeste dans la lecture. Là où des adultes suscitent un environnement favorable, alors une dynamique apparaît. Une dynamique à respecter : « Laissez les lire » (2). On comprend que Geneviève puisse nous parler avec enthousiasme du film « Sur le chemin  de l’école », car, dans un contexte différent, et dans des conditions plus difficiles, ce film exprime la dynamique qui se manifeste chez des enfants désireux d’apprendre et de connaître.

         « J’avais entendu parler de ce film par une amie, elle-même illustratrice de livres pour enfants ». Geneviève partage avec cette amie une attention pour l’enfant : ne pas lui imposer nos propres intérêts, mais être à son écoute dans une relation réciproque. Cette amie lui avait dit : « Va voir ce film. Tu verras comment ces enfants ont un désir de connaître qui leur fait franchir des montagnes. Au sens propre… ».

         Geneviève a admiré ce dynamisme. Elle a ressenti dans ce film la dimension du temps et de l’espace. « Ce film fait très bien sentir le temps. Le rythme du film fait ressortir la durée des déplacements. Aller à l’école, coûte que coûte… ».

         Il y a là un grand courage. « On brave toutes les difficultés. Les parents acceptent de se séparer de leurs enfants pour qu’ils aillent à l’école avec les dangers que cela suppose. Ainsi un père met en garde ses enfants : comment se comporter quand on rencontre un troupeau d’éléphants… Face au danger, les enfants ont du beaucoup courir. Ils se sont cachés… Ce qui me frappe, c’est l’intelligence des enfants »

         L’école est revêtue de prestige. « Ainsi, un des enfants est content d’arriver à l’heure au moment où on salue le drapeau. L’enfant respecte les adultes. Les adultes respectent l’enfant ».

         « Ce film nous révèle un monde d’une grande beauté. Tous les paysages sont magnifiques. Mais cette nature est quand même très dure. Là, c’est un désert. Les enfants affrontent le désert parce qu’ils ont envie de connaître ».

         « Les enfants ne sont pas encombrés de richesses ou saturés par une hyperconsommation. On va vraiment à l’essentiel ».

         Ce film communique la beauté : « Beauté de ces univers. Beauté de ces enfants. Beauté de ces familles… C’est très beau. Tout est très beau… ». « La solidarité entre les enfants est magnifique ». Ainsi ce film nous comble de beauté : « Le monde est beau aussi bien dans les êtres que dans le monde qui nous est donné ». « C’est un film  qui stimule ma foi ».

         Les paroles de Geneviève font écho à ce que J H a lui aussi ressenti en voyant sur le web un condensé du film présenté à des enfants français (3). Il y a, dans ce film, un mouvement, un  souffle, une dimension épique. La démarche de ces enfants est admirable et l’attitude de leurs parents l’est tout autant. Ils acceptent un risque pour leurs enfants  dans un esprit de foi : « Je vous bénis. Que vous arriviez sains et saufs à l’école… Que Dieu soit avec toi… ». On découvre aujourd’hui la dimension spirituelle qui se manifeste dans la vie des enfants (4). Il y a dans ce film une dynamique de vie qui nous émerveille. Nous sommes impressionné par une beauté et une grandeur d’âme qui nous dépassent. Comme l’exprime  Geneviève Patte : « Ce monde est beau aussi bien dans les êtres que dans le monde qui nous est donné ».

#

#


#

#

(1)            Sur le chemin de l’école : film documentaire de Pascal Plisson. Bande annonce sur You Tube : http://www.youtube.com/watch?v=jsyDtye0B7E Les histoires de chaque enfant, présentées dans une courte vidéo, :  sont très belles : Jackson, 11 ans, Kenya http://www.youtube.com/watch?v=Ayhyzp67kFY Zahira, 12 ans, Maroc : http://www.youtube.com/watch?v=1l_4oGdVj5g  Carlos, 11 ans, Argentine : http://www.youtube.com/watch?v=wJa3nUM8NVg    Samuel, 13 ans, Inde : http://www.youtube.com/watch?v=Z23rQFFzzw8 Commentaire sur le site des Cahiers Pédagogiques. Edito, cinéma. « Emmenez vos élèves sur le chemin de l’école » : http://www.cahiers-pedagogiques.com/Emmenez-vos-eleves-sur-le-chemin-de-l-ecole

(2)            Patte (Geneviève). Laissez les lire ! Mission lecture. Gallimard, 2012. Mise en perspective sur ce blog : »Une dynamique relationnelle et éducative » https://vivreetesperer.com/?p=523

(3)            Une vidéo réalisée par la Croix : des extraits significatifs du film présentés à des enfants français. http://www.la-croix.com/Famille/Parents-Enfants/Dossiers/Sur-le-Chemin-de-l-ecole-on-sent-la-joie-d-aller-en-classe.-C-est-rare-!-2013-09-24-1023698

(4)            Nye (Rebecca). Children’s spirituality. What it is and why it matters. Church House Publishing, 2009. « La spiritualité des enfants est une capacité initialement naturelle pour une conscience de ce qui est sacré dans les expériences de vie. Dans l’enfance, la spiritualité porte principalement sur le fait d’être en relation, de répondre à un appel, de se relier à plus que moi-même, c’est à dire aux autres, à Dieu, à la création, ou à un profond sens de l’être intérieur ». Voir sur ce blog : « L’enfant, un être spirituel » : https://vivreetesperer.com/?p=340

Pour une société collaborative

 

Un avenir pour l’humanité  dans l’inspiration de l’Esprit.

#Pippa Soundy est une amie anglaise qui, au long des années, a effectué un parcours spirituel qu’elle poursuit actuellement comme pasteure-prêtre dans l’Eglise anglicane, constamment en recherche des émergences positives. Pippa a pris connaissance du livre de Anne-Sophie Novel et Stéphane Riot : « Vive la Co-révolution. Pour une société collaborative », en lisant, sur ce blog, la présentation de cet ouvrage (1). Dans une dimension internationale, elle en perçoit toute l’originalité. Pour elle, cette perspective prend tout son sens dans la vision d’un Dieu lui-même communion. Elle répond ici à quelques questions.

#Pippa, peux-tu nous décrire brièvement ton parcours ?

#J’ai été une enfant studieuse et c’est au cours de mes années d’études à l’université d’Oxford que j’ai connu le Christ comme personne vivante. Depuis lors, j’ai été membre de plusieurs églises et cela fait six ans que j’exerce un ministère. Au départ, je considérais l’Église comme la « société alternative » inaugurée par Jésus, un peu à part de la société en général. Mais ces dernières années, je suis devenue plus consciente que l’Esprit de Dieu agit à travers toutes sortes de personnes et d’institutions et, aujourd’hui, je me considère moins comme ‘leader d’église’ que comme facilitateur de communauté et je pense que le partenariat est la clé d’une transformation de la société.

#Pourquoi t’intéresses-tu particulièrement aujourd’hui aux changements culturels et aux innovations sociales ?

#Le monde change plus vite aujourd’hui qu’à tout autre moment de l’histoire de l’humanité et la culture change aussi, à la fois au niveau mondial et local. Il est urgent que nous trouvions des solutions innovantes et créatives aux problèmes rencontrés sur toute la planète et cela m’intéresse de réfléchir à la façon dont nous, chrétiens, permettons à notre relation avec Dieu de donner forme à notre engagement dans ce processus de changement. Je pense que c’est un « impératif évangélique » et je suis donc partie prenante pour tenter « d’éveiller » l’Église aux mouvements de changement culturel et d’innovation sociale. En termes de mission, nous vivons un moment extrêmement favorable.

#Tu connais bien aujourd’hui la littérature internationale. Ce livre : « Pour une société collaborative » te paraît apporter une contribution originale. En quoi ?

#Je pense que ce qui met ce livre à part, c’est la reconnaissance d’une science intuitive et communautaire – « soyons davantage en prise avec notre cœur ». Cela va au-delà de l’utilitarisme et suggère l’émergence d’un « sens du bien commun » qui transcende l’individualisme et la compétition. La plupart des ouvrages séculiers que j’ai lus présument que nous ne pourrons jamais sortir de nos tendances individualistes et donc que toutes les solutions devront en fin de compte faire appel à notre désir de gain personnel, laissant beaucoup moins d’espoir pour une vraie collaboration.

#Quelle avancée vois-tu dans le mouvement vers une société collaborative ?

#Je le vois d’abord dans l’attitude de la génération montante. J’observe que les jeunes qui grandissent dans ce monde émergent attachent de l’importance à l’amitié au-delà des frontières nationales, raciales, religieuses et économiques, et cette amitié est facilitée par les média sociaux. Il en ressort que tandis que ma génération d’Occidentaux cherchait « comment puis-je améliorer ma vie », la génération montante semble comprendre que la façon d’améliorer notre propre vie est de chercher à améliorer celle des autres. Peut-être cette prise de conscience augmente-t-elle du fait que nous acceptons que notre être-même a besoin des autres. Un article récent du Huffington Post était intitulé « Comment améliorer votre vie (Petit tuyau : Cela commence par améliorer la vie des autres » (http://huff.to/1fSfsn5).

La révolution de l’information nous met davantage au courant des problèmes du monde qu’auparavant (spécialement les problèmes de justice). La popularité des campagnes internationales lancées sur la toile par des mouvements comme Avaaz (http://avaaz.org) montrent que les gens ne sont pas indifférents à la souffrance des autres, mais ont une approche instinctive de la façon dont le monde pourrait et devrait marcher, dans une optique de collaboration. On pense de plus en plus qu’il est important de faire preuve « d’intelligence du cœur » autant que « d’intelligence de la raison », même si je ne suis pas sûre que notre système éducatif ait encore pris ce tournant.

De la même façon, les mouvements concernant l’environnement, qui ont été tant marginalisés au XXe siècle, prennent de l’importance sur le terrain, même si nos leaders politiques continuent à se battre sur les accords internationaux. Certains de ces mouvements proposent avec succès une collaboration directe – ainsi l’Alliance Pachamama (http://www.pachamama.org) qui a commencé avec comme objectif les forêts primaires d’Amazonie et tente d’aider les gens à comprendre l’interconnexion de la vie sur notre planète et à prendre des mesures concrètes pour le changement.

Nous observons aussi l’effondrement des hiérarchies intellectuelles. Les gens n’ont plus peur des « experts » et l’expertise concerne de plus en plus l’expérience plus que le savoir. Cela fournit une excellente base pour la collaboration, avec des échanges qui s’opèrent sur un fond de connaissances communes et porteurs d’idées créatives plus que d’information pure. Au niveau universitaire, l’école Martin à Oxford (http://www.oxfordmartin.ox.ac.uk) met en oeuvre une approche interdisciplinaire pour essayer de s’attaquer aux problèmes les plus importants de ce XXIe siècle, dans l’espoir d’une fertilisation croisée des idées, d’une collaboration concernant des scientifiques de haut niveau, mais aussi le grand public. On y fait l’hypothèse que chacun peut apporter une contribution valable au débat, quel que soit son niveau de formation.

Si l’on considère la société du Royaume uni aujourd’hui, la crise économique (avec la réduction significative des budgets publics) entraîne une meilleure collaboration entre les secteurs salariés et bénévoles et des partenariats sans précédents, par exemple entre les pouvoirs locaux (les institutions locales) et les églises. Nous le voyons dans la création de toutes sortes de services communautaires, y compris l’éducation, les bibliothèques, les refuges pour les sans abris et les banques alimentaires et, à l’occasion de toutes ces opportunités nouvelles, les églises et différents groupes de fidèles commencent à collaborer comme jamais ils ne l’avaient fait.

#Pour toi, comment cette perspective fait-elle écho à ta manière de te représenter Dieu et son œuvre ?

#h bien, à partir de mes 33 ans d’expérience comme chrétienne et spécialement de mon étude de la Trinité ces dernières années, j’ai compris que Dieu était une relation d’amour mutuel et que les êtres humains avaient le privilège de participer à cet amour. Nous ne vivons à l’image de Dieu que si nous sommes en relation avec Dieu et les autres et nous sommes tellement faits pour la relation, la vie ensemble, que nous sommes incapables de refléter Dieu en étant des individus séparés. En d’autres termes, une société collaborative commence à refléter un Dieu qui est Collaboration dès avant le Commencement. J’ai montré le Dieu Trinité comme Celui qui prend soin, l’Incarné et l’Esprit co-créateur et notre collaboration à l’image de ce Dieu comprend le renouveau de notre pensée, de notre corps et de notre esprit dans l’aide que nous nous apportons mutuellement de tant de façons.

De même que la Trinité a exprimé son amour dans la Création, nous sommes aussi invités à participer ensemble au renouveau de notre environnement et, bien que nous puissions chacun faire quelque chose, la taille même de notre monde implique que nous travaillions ensemble de plus en plus. L’importance croissante des mouvements environnementaux témoigne du fait que nous et notre monde sommes sauvés ensemble. Le salut est un exercice de collaboration ! Depuis que l’Esprit du Christ a été répandu sur tous, une invitation a été lancée à tous de se joindre à l’œuvre divine de re-Création et je considère que ce mouvement de collaboration est une preuve de l’Esprit dans le monde d’aujourd’hui.

#Comme chrétienne, quelle inspiration reçois-tu en ce sens ?

#D’abord je reçois l’espérance. Au cœur de la bonne nouvelle du Christ il y a la restauration des relations et la fin du besoin de nous détruire mutuellement (ou notre monde) psychologiquement, économiquement ou corporellement. Lorsque je vois des gens qui vivent à l’image de Dieu dans une société collaborative, je me souviens que le Royaume de Dieu est là et que je n’ai pas à attendre la mort pour commencer à jouir de la Terre nouvelle que Jésus est venu inaugurer.

#Interview de Pippa Soundy

Traduction par Edith Bernard

 #(1) Sur ce blog : « Une révolution de « l’être ensemble ». La société collaborative : un nouveau mode de vie »

https://vivreetesperer.com/?p=1394

Voir aussi le livre publié sous la direction de Carine Dartiguepeyrou : « La nouvelle avant-garde. Vers un changement de culture » où se manifeste un nouveau courant de pensée qui allie : sciences, arts et spiritualité. Sur le site de Témoins (sept. 2013) : « Emergence d’une vision du monde « évolutionnaire ». Un changement de culture au Club de Budapest » http://www.temoins.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1029&catid=4

Sur ce blog, on pourra lire aussi : « Une vision de la liberté » : https://vivreetesperer.com/?p=1343